C’mon and smile!

Rabelais indiquait que « le rire est le propre de l’homme » tandis que Beaumarchais disait : « je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».

Et surtout, Bob Marley, qui aimait tant le football, a chanté :

« And smile!
C’mon and smile!
Get things together, right now!
Get it together, right now! »

dans :

Je t’écoute, mon cher Bob, et propose donc les 11 anecdotes suivantes entendues ou lues sur le foot, dans le but de faire sourire et en espérant qu’elles ne soient pas connues de tous et soient toutes véridiques :

  1. Nereo Rocco était un grand entraîneur italien. Avec l’AC Milan, il a gagné la Coupe d’Europe des clubs champions 1962-1963 et 1968-1969, ainsi que la Coupe des vainqueurs de coupe 1967-1968 et 1972-1973 et la coupe Intercontinentale 1969. C’était un personnage haut en couleur et colérique qui aurait dit à ses joueurs juste avant un match : « Tapez dans tout ce qui bouge ; si c’est le ballon, tant mieux. » Il ferait presque passer Helenio Herrera pour un romantique, non ?

2. Un autre entraîneur légendaire était l’écossais Bill Shankly, surnommé Shanks et qui est à l’origine du grand Liverpool avec qui il a remporté la coupe de l’UEFA 1972-1973. Non seulement il était proche du peuple mais il avait aussi un grand sens de l’humour. Un jour, un recruteur lui a fait observer un jeune joueur que de son côté Shankly ne trouvait pas formidable. Le recruteur lui dit alors : « Ce n’est pas possible. Son grand-père et son père étaient des bons joueurs. Il a le football dans le sang. » Ce à quoi Shanks rétorqua simplement :  « Tu as peut-être raison mais on dirait que le sang n’a pas encore atteint ses jambes. » L’expression « bon sang » serait-elle surfaite ?

3. L’entraîneur anglais Brian Clough a la particularité d’avoir pris deux équipes en deuxième division et d’en avoir ensuite fait des champions d’Angleterre : Derby County en 1972-1973 et Nottingham Forest en 1977-1978. Il a même amené Nottingham sur le toit de l’Europe en remportant la Coupe d’Europe des clubs champions en 1978-1979 et 1979-1980. Un journaliste lui demanda s’il se considérait alors comme le meilleur entraîneur du monde. Clough lui répondit :« Je ne dirais pas que j’étais le meilleur entraîneur. Mais j’étais dans le top 1. » On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

4. Bobby Robson était également un entraîneur anglais à succès. Il était aux commandes d’Ipswich lors de la victoire en coupe de l’UEFA 1980-1981 ainsi qu’à la tête du Barça quand celui-ci remporta la Coupe des vainqueurs de coupe 1996-1997 contre le PSG. Après que son équipe ait perdu contre une formation plus faible sur le papier, il a déclaré : « On ne les a pas sous-estimés. Ils étaient juste meilleurs que ce que l’on pensait. » Pléonasme ou tautologie ?

5. George Best était un joueur nord-irlandais extraordinaire, qui a gagné la Coupe d’Europe des clubs champions avec Manchester United ainsi que le Ballon d’Or en 1968. Cet artiste du ballon rond avait une vie en dehors du football pour le moins agitée et a souvent formulé des citations uniques. Par exemple, il a dit : « J’ai dépensé beaucoup d’argent dans la boisson, les filles et les voitures de sport. Et le reste, je l’ai gaspillé. » ainsi que « Je n’ai pas couché avec sept miss Monde. Seulement quatre, les trois autres je ne suis pas allé au rendez-vous. » Cependant, sa citation que je préfère est la suivante : « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer. » Il y a un hic, toutefois, avec sa mort à 59 ans.

6. Albert Emon était un bon ailier gauche qui a été formé à l’OM, a porté huit fois le maillot de l’équipe de France et a souvent donné des caviars à Delio Onnis quand les deux jouaient à Monaco (ces deux-là ont remporté la Coupe de France 1979-1980, en marquant chacun un but lors de la finale contre Orléans). Il est légitime de penser qu’Emon aurait eu peu de chance de gagner un jour un prix Nobel d’économie.  Il s’était en effet étonné de la différence entre les salaires brut et net lors de la lecture de ­l’une de ses premières fiches de paye. Un coéquipier lui expliqua que c’est à cause du plafond de la Sécu, ce à quoi Emon répondit : « Et pourquoi c’est moi qui doit payer pour la réparation du toit ? » Il a raison Bébert car j’ai aussi souvent l’impression de participer à la restauration de la chapelle Sixtine quand je regarde ce qui est enlevé de mes fiches de paye.

7. Horst Hrubesch était un avant-centre allemand qui a marqué les deux buts de la victoire de la RFA contre la Belgique lors de la finale de l’Euro 1980 et a aussi gagné la coupe des Coupe d’Europe des clubs champions 1982-1983 avec Hambourg. Tant en équipe nationale qu’en club, il avait une relation privilégiée avec l’arrière droit Manfred Kaltz, surnommé Manni, qui lui adressait des centres dits bananes (du fait de la courbe adoptée par le ballon) qu’il convertissait souvent en but de la tête. Hrubesch ne parlait pas anglais mais a voulu un jour expliquer dans la langue de Shakespeare cette association magique. Cela a donné : « Manni banana, I head, goal. » C’est clair. C’est net. Pourquoi vouloir faire des phrases alambiquées quand on peut s’exprimer si simplement et si efficacement ?

8. Diego Maradona a malheureusement fait des séjours en asile psychiatrique. Sa femme Claudia était venue lui rendre visite et lui demanda : « Diego, on dirait que cela ne va pas. Qu’est-ce qu’il se passe ? » Diego lui répondit alors : « Non, cela ne va pas du tout. Mon voisin de droite dit qu’il est Napoléon et tout le monde le croit. Mon voisin de gauche dit qu’il est Jules César et tout le monde le croit aussi. Et moi, je dis que je suis Maradona et personne ne me croit. » Ce n’était pas si facile d’être un Dieu vivant.

9. L’un des joueurs préférés de Maradona était le Salvadorien Mágico González (dont Verano a parlé récemment). Ces deux artistes se sont affrontés lors de la rencontre Argentine-Salvador en Coupe du monde 1982. Maradona avait été tellement impressionné par les dribbles de Mágico qu’il avait demandé que les joueurs de l’équipe d’Argentine essayent de les reproduire lors d’un entraînement qui faisait suite à ce match. Diego expliqua ensuite que beaucoup de joueurs argentins avaient alors trébuché sur le ballon. Lors de l’été 1984, le Barça a invité Mágico González à participer à une tournée aux Etats-Unis avec Maradona. La légende dit que le meilleur joueur du Barça lors de cette tournée n’était pas Diego mais Mágico. Le soir d’un match, Diego a tiré la sonnette d’alarme à l’hôtel afin de faire une blague. Tous les joueurs sont sortis de leur chambre, sauf un :  Mágico González. Ce dernier expliqua qu’il ne pouvait pas sortir car il était très occupé à combler de bonheur une femme rencontrée lors de cette tournée. Le Barça n’embaucha jamais Mágico González car ses dirigeants ont eu très peur que Diego et lui soient absolument ingérables.  Maradona partit peu après à Naples. Le monde du football a quand même raté des troisièmes mi-temps exceptionnelles si Diego et Mágico avaient joué ensemble en club pendant au moins une saison.

10. Histoire racontée par berti.fox sur Mágico González : un jour, il arrive pour jouer un match avec Cadix mais s’endort dans les vestiaires car cela fait plusieurs jours qu’il n’a pas dormi et a fait la fête. Ses coéquipiers le réveillent pour aller au match mais il se rendort sur le terrain. Ses coéquipiers le réveillent encore et lui donnent la balle. Il dribble plusieurs joueurs de l’équipe adverse et marque un but. Il se dirige alors sur le banc de touche et se rendort. Rien de tel qu’une petite sieste pour se requinquer, non ?

11. Lors du tournoi de France en 1997, Roberto Carlos marqua un coup-franc sublime de l’extérieur du pied gauche avec le Brésil et contre la France. L’entraîneur de l’Angleterre, Glenn Hoddle, était tellement impressionné par ce coup-franc qu’il le fait pratiquer aux joueurs de son équipe nationale lors d’une séance à huis clos sur un terrain situé près d’une autoroute. Après cet entraînement, un journaliste demanda alors à un joueur anglais comment la séance s’est passée. Ce joueur dit alors : « Le coach Glenn Hoddle m’interdit de répondre à cette question mais je vais vous donner un indice. Il y a maintenant beaucoup de ballons sur l’autoroute. » Les Anglais et la technique, cela n’a pas toujours été une histoire d’amour.

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22 réflexions sur « C’mon and smile! »

      1. Toni Polster est polymathe. À sa façon. Footballeur, chanteur, philosophe…

        « Je salue mon père, ma mère et tout particulièrement mes parents. »

        En bon viennois, c’est une machine à bons mots. Des Happel et Max Merkel étaient aussi réputés.

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      2. « Je salue mon père, ma mère et tout particulièrement mes parents. » Je crois qu’Altobelli l’a dit avant lui. Spillo dont on sait qu’il n’a pas inventé l’eau chaude.

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      3. Tu commets la même grossière erreur que Berti Vogts, qui un soir de 2008 a essayé de moquer Toni. Et Toni a dégainé le premier le renvoyant à son naufrage de 1978.

        Polster est un peu l’archétype du Viennois des quartiers populaires. Il aime se vanter, raconter des histoires. Alors certains pensent pouvoir se foutre de sa gueule. Sauf qu’à ce petit jeu, c’est toujours le populo qui finit par ridiculiser l’autre.

        « Je ne veux pas être un monument. Les pigeons chient dessus ».

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      4. Oui, celle avec les pigeons, je l’ai vue.
        Elle était bien bonne, pour le coup. Alors, en parfait petit malhonnête, je ne l’ai pas relevée…

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      5. Max Merkel était aussi connu pour sa générosité.

        « Basler est le parcmètre le plus cher du monde. Il reste planté là et les Bavarois y fourrent de l’argent ».

        « Toute l’intelligence de Bruno Labbadia se trouve dans sa dent de sagesse ».

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    1. Il y en a une semblable mais sur M’Baye Niang qui avait des crêtes pour sa coupe de cheveux quand il jouait au Milan avec Muntari. Ce dernier était parfois effaré de la bêtise de Niang et a dit la phrase suivante : ´´ j’ai l’impression que les crêtes poussent à l’envers et ont touché le cerveau ´´.

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  1. Il y a toutes sortes de bons mots, saillies.. punchlines comme on dit désormais. D’aucuns sont d’un registre « courtisan », acides, dans le rapport de force « politique » et abondent par exemple parmi les pages du « moraliste » Chamfort. J’ai du mal avec ça, je ne goûte absolument pas la méchanceté, de surcroît motivée, intéressée..

    Il y a aussi celles qui relèvent du bon sens et de la gouaille populaires, moins délibérément cruelles, il y est moins question de faire mal, d’humilier. Plutôt remettre à sa place. Ce sont celles qui ont mes faveurs, probablement parce que nous n’eûmes longtemps que cela dans la fort provinciale et prosaïque Belgique.. En voici 3, de tête :

    (bon, je reviens de suite : une fifille veut jouer à puissance 4, ça n’a pas de prix)

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    1. Bon, elle triche, mauvaise perdante.. 3 anecdotes, donc. La première sans doute connue de tous mais illustrative du « bon mot »-vintage.

      Goethals et Cantona.. : https://www.untrucdefoot.fr/anecdotes/video-la-replique-culte-de-raymond-goethals-a-eric-cantona-quand-il-le-met-sur-le-banc-a-lom

      D’un acabit voisin, Guy Thys et Louis Van Gaal.. Quoique estampillé Beerschot, Thys s’employa dans les 70’s à raviver la flamme d’un Antwerp alors tombé très bas..et y parvint, de surcroît en développant un football formidable!

      Parmi ses joueurs, un certain Louis Van Gaal.. Le joueur était techniquement doué mais avait une fâcheuse tendance à attendre le cuir, camper dans sa zone sans guère participer au jeu, bref : un boulet.. Et vu qu’il n’y avait pas d’appareil politico-médiatique pour l’imposer, contrairement par exemple à un Lukaku des années 2010, Thys ne se privait évidemment pas (et à raison) de le laisser sur le banc..

      Alors un jour Van Gaal l’aborde : « Coach, ce n’est pas possible, vous devez me faire jouer! Vous le voyez, vous le savez : c’est moi qui suis le plus doué avec le ballon! »

      Ce à quoi Thys répondit, imperturbable après avoir tiré sur son cigare : « C’est vrai Louis, tu sais faire beaucoup de choses avec un ballon Mais le problème c’est que tu ne le touches jamais ».

      (on va essayer un autre jeu, ma tricheuse revient à de meilleurs sentiments ==> je repasse tantôt)

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      1. Sympa toutes ces anecdotes ! J’ai sûrement déjà raconté qu’en 1982, on avait joué un tournoi de cadets nationaux auquel participait aussi Auxerre, qui était la meilleure équipe en France en jeunes à l’époque (Auxerre a par exemple gagné 3 Gambardella entre 1982 et 1986). Dans cette équipe de cadets d’Auxerre, il y avait 7 joueurs qui étaient en équipe de Bourgogne et 4 joueurs en équipe de France. On avait alors demandé à un entraîneur d’Auxerre qui est le plus fort. Il avait répondu que c’est un attaquant qui vient de Marseille et qui s’appelle Éric Cantona mais avait tout de suite rajouté : ´´ mais il est complètement barjot’’. Des l’âge de 16 ans, Cantona était un cas à part. De façon surprenante, ce n’est pas lui qui m’avait le plus impressionné dans cette équipe cadets d’Auxerre.

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    2. De tête hein!

      Le légendaire Roger Claessen est un jour convoqué dans le bureau de son « Président », Roger Petit, lassé de ses frasques à répétition (nuits régulières en cellule, bolides déclassés, alcoolisme, don de ses primes à des mendiants..) :

      « Roger, maintenant ça suffit de dilapider l’argent comme tu fais.. sinon, à la fin de ta carrière tu n’auras plus rien! Alors désormais je te donnerai la moitié de ton salaire, et l’autre moitié je la donnerai à ta maman. »

      Le joueur acquiesce, prend poliment congé, se dirige vers la porte pour sortir du bureau présidentiel..puis soudain se retourne :

      – Monsieur Petit?
      – Oui, Roger.
      – Vous n’oublierez pas de prévenir ma mère pour le prochain match?
      – Comment ça, Roger?
      – Ben oui, Monsieur Petit : puisque vous lui donnerez la moitié de mon salaire, n’oubliez pas de la prévenir que c’est elle qui jouera la deuxième mi-temps.

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