Esprits du Colorado et de Betty Robinson : êtes-vous là ?

Je le sais. Vous attendiez tous avec impatience un nouvel article sur le football féminin. Je réponds donc à vos vœux les plus fervents. Mais avant cela, il est indispensable de parler du Colorado et de Betty Robinson.

Commençons donc par le Colorado. État des USA qui possède des endroits et phénomènes magnifiques comme le parc national de Rocky Mountain, l’amphithéâtre de Red Rock, les changements de couleur des arbres à l’automne, les stations de ski d’Aspen et de Vail dans les Rocheuses, etc. Le Colorado est aussi mystique et mystérieux, comme le témoigne le fait que personne ne sait ce qui est arrivé aux Indiens Anasazi qui habitaient à Mesa Verde (autre parc national du Colorado). Ils ont tout simplement et soudainement disparu. Le Colorado peut aussi être empreint de folie à l’instar de Jack Nicholson dans le film Shining, dont les scènes ont été filmées dans un hôtel d’Estes Park, charmante ville qui se trouve aux portes du parc national de Rocky Mountain.

Attardons-nous maintenant sur Betty Robinson, née le 23 août 1911 dans l’état d’Illinois. Un jour d’hiver 1927-1928 et à l’âge de 16 ans, la légende veut qu’elle était en retard pour prendre un train et qu’un professeur de biologie, Charles Price, l’ait alors vu courir avec une vitesse sidérante pour pouvoir monter dans ce train. Comme Charles Price était également l’entraîneur d’athlétisme de son école, il lui alors demandé s’il pouvait la chronométrer le lendemain de cette course effrénée. Impressionné devant le chrono réalisé ce jour-là, Price l’a alors invité non seulement à s’entraîner avec son équipe d’athlétisme uniquement composée de garçons mais également à s’inscrire à des courses de filles. Au mois de mars 1928, Betty Robinson participe alors à sa première course de 100 mètres. Elle finit deuxième derrière Helen Finkley, détentrice du record américain. Lors de sa deuxième course de 100 mètres, en juin 1928, non seulement Betty Robinson prend sa revanche sur Finkley mais elle bat également le record du monde en 12,2 secondes, qui ne sera pourtant pas homologué du fait d’un vent trop fort. Un mois plus tard, Robinson participe aux essais pour sélectionner les athlètes américaines qui participeront aux Jeux olympiques de 1928, pour lesquels les femmes ont le droit pour la toute première fois de s’affronter sur 100 mètres. Robinson gagne sa place en se plaçant deuxième de la finale. Arrivent ensuite ces Jeux d’Amsterdam. Lors de ces JO, Betty Robinson et la Canadienne Bobbie Rosenfeld remportent chacune leur demi-finale en établissant toutes les deux le record olympique en 12,4 secondes. La finale tenue le 31 juillet 1928 est épique : Betty et Bobbie se livrent une lutte acharnée et lèvent toutes les deux les bras, juste avant de franchir la ligne d’arrivée.

Les spectateurs se demandent alors qui a gagné. La décision tombe : c’est Betty Robinson qui devient la première championne olympique du 100 mètres féminin, en égalant en plus le record mondial en 12,2 secondes ! Et dire que Robinson n’avait jamais couru en compétition cinq mois avant cette finale, et qu’elle ne vient pas d’une famille passionnée par l’athlétisme.  Elle est également jusqu’à présent la plus jeune coureuse à avoir gagné le 100 mètres aux JO.

La vie semble alors être rose pour Betty qui continue ensuite à courir, gagner des courses et battre des records du monde (50 yards, 60 yards, 70 yards et 100 yards) entre 1929 et 1931. Elle finit sa dernière année de lycée avant d’être prise à la prestigieuse université de Northwestern où elle prend des cours d’éducation physique. Robinson est alors fin prête pour défendre son titre de championne olympique du 100 mètres lors des JO 1932, qui se tiennent à Los Angeles. Cependant une terrible catastrophe arrive le 28 juin 1931 : l’avion dans lequel se trouve Betty, et qui est piloté par son cousin, s’écrase. Betty est pensée morte et est transportée à la morgue. Les docteurs s’aperçoivent alors qu’elle n’est pas décédée mais simplement inconsciente. Elle le restera pendant sept semaines et sera opérée de multiples fractures dont une de la jambe. Les docteurs lui annoncent qu’il est impossible pour elle de participer aux JO de 1932 et, qu’en fait, elle ne pourra plus jamais recourir. Betty Robinson reste six mois dans un fauteuil roulant et il faudra attendre deux ans après cet accident pour qu’elle remarche normalement. Elle se remettra ensuite à courir mais ne peut plus s’agenouiller, ce qui l’empêche de prendre part au départ d’un 100 mètres. Elle est cependant sélectionnée pour le relais 4×100 mètres des USA pour les Jeux olympiques de Berlin de 1936. Lors de la finale, les favorites sont les Allemandes chez elles et commencent très fort jusqu’à ce qu’elles fassent tomber le bâton. Betty Robinson prend alors la tête de la course et passe le bâton à Helen Stephens, ce qui permet aux États-Unis de remporter la médaille d’or. Betty Robinson devient alors la première personne à gagner une médaille olympique après avoir été déclarée morte !

Mais quel rapport avec Betty Robinson, le Colorado et le football féminin, me direz-vous ? C’est simple : Betty Robinson, qui est devenue entre-temps Elizabeth Schwartz par son mariage, vivra au Colorado à la fin de sa vie, afin d’être proche de ses deux enfants. Elle portera même, à Denver (la capitale du Colorado) et à l’âge canonique de 84 ans, la flamme olympique en 1996 quand celle-ci parcourra les États-Unis avant de finir à Atlanta. Betty succombe à un cancer et à la maladie d’Alzheimer le 17 mai 1999 à Denver. Étant donné le côté mystique et mystérieux du Colorado, pourquoi ne pas penser que l’esprit de Betty Robinson est resté flotter au-dessus du Colorado en attendant de se réincarner dans une autre championne qui marquera de son empreinte son sport ?

Cette personne pourrait fort bien être Sophia Smith, née le 10 août 2000 dans le Colorado, à Windsor qui est située à moins de 100 kilomètres (et non pas 100 mètres) de Denver. Sophia et Betty partagent exactement la même morphologie :  1,65 m ou 1,66 m sous la toise et entre 55 et 57 kg sur la balance. Sophia Smith est également d’une très grande vélocité et d’une étonnante précocité, comme Betty Robinson. Par exemple, Sophia est la première joueuse à être née dans les années 2000 à avoir porté le maillot de l’équipe de football féminin des USA (USWNT), lors de la rencontre du 27 novembre 2020 contre les Pays-Bas au pays des tulipes (tiens, tiens, ce n’est pas aux Pays-Bas que Betty Robinson a gagné sa première médaille d’or ?). Smith est également la plus jeune joueuse à avoir été élue MVP d’une finale de la National Women’s Soccer League (NWSL), après la victoire de son club, Portland Thorns FC, contre Kansas City en octobre 2022.

A l’instar de Betty Robinson, Sophia Smith a aussi étudié dans une université américaine prestigieuse, qui est Stanford dans son cas et pour laquelle elle remporte le championnat universitaire en 2019. Elle s’est également cassé une jambe (dans le cas de Sophia, c’était avec Stanford contre l’Utah) avant de reprendre son sport préféré quelques temps plus tard. Et sa famille connaît assez peu le sport qu’elle adore car chez les Smith, c‘est le basket qui est roi avec un père qui a joué pour l’Université de Wyoming et une sœur pour l’Université de Northern Colorado. Comme la vidéo suivante l’atteste, je pense sincèrement que Sophia Smith a tout pour dominer le monde du football, comme Betty Robinson l’a fait avec l’athlétisme.

On peut toutefois se demander si Sophia Smith est la seule joueuse de l’USWNT originaire du Colorado à avoir été touchée par Betty Robinson et son esprit. La réponse est non, comme vient de le démontrer Mallory Swanson (qui s’appelait Mallory Pugh jusqu’à son mariage récent) lors du tournoi SheBelieves Cup 2023 qu’a malheureusement manqué Sophia Smith du fait d’une blessure. Mallory est née à Littleton au Colorado le 29 avril 1998, quand Robinson vivait à Denver. Elle a été formée au Real Colorado, tout comme Sophia Smith. Elle est surtout connue pour avoir été appelée en sélection dès l’âge de 17 ans, ce qui explique qu’elle compte déjà 87 capes (pour 32 buts) alors qu’elle n’est âgée que de 24 ans. En l’absence de Sophia Smith, elle a récemment fait un grand tournoi SheBelieves Cup 2023 et y a été élue MVP. Les USA ont d’abord gagné 2-0 leur premier match contre les championnes olympiques canadiennes avec deux buts de Swanson ; puis 1-0 leur deuxième match contre les Japonaises, championnes du monde 2011, avec encore un but de Swanson ; avant de remporter 2-1 leur match contre le Brésil, avec Swanson qui marque le deuxième but américain.

Avec des jeunes talents touchés par la grâce comme Sophia Smith et Mallory Swanson, les USA peuvent se permettre de rêver à une troisième couronne mondiale de suite cet été en Australie et Nouvelle-Zélande, même si l’opposition de l’Angleterre ou l’Allemagne, par exemple, sera très forte.  Si cela s’avère être le cas, l’actuelle joueuse lyonnaise, Lindsey Horan, pourra alors soulever cette Coupe du monde en tant que capitaine des USA (Lindsey partage cette fonction avec Becky Sauerbrunn). D’après vous, où est née Horan ? Vous l’avez deviné : c’est au Colorado (dans la sympathique ville de Golden).

Esprits du Colorado et de Betty Robinson : êtes-vous là ?

P.S. : les esprits du Colorado et de Betty Robinson ont également touché d’autres sports. Par exemple, la nageuse Amy Van Dyken, née à Englewood au Colorado, est la première sportive américaine à avoir remporté quatre médailles d’or à des Jeux olympiques ; ceux d’Atlanta en 1996, en l’occurrence. Et la divine skieuse Mikaela Shiffrin, qui vient de battre le record de victoires en coupe du monde aussi bien chez les femmes que chez les hommes, a vu le jour à Vail, au Colorado, en 1995.

35 réflexions sur « Esprits du Colorado et de Betty Robinson : êtes-vous là ? »

  1. Meilleure intro lue à ce jour, j’ai ri, danke!

    Mesa Verde doit être une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne pas rester aux Etats-Unis.

    Sophia Smith? Pied gauche, droit, bel équilibre, vive, inspirée, technique…… Je n’ai pas de référent pour juger, mais elle a l’air très forte en effet.

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    1. Important de rire. L’attaque américaine est vraiment intéressante en ce moment. Au centre, Alex Morgan qui est encore forte et est une leader de l’équipe. Et sur les ailes, deux joueuses jeunes, rapides et techniques, et qui permutent beaucoup : Sophia Smith et Mallory Swanson. C’est le milieu qui a du mal à prendre le jeu à son compte et la défense qui n’est pas toujours rassurante.

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  2. Je déduis de cet article fort bien construit et rédigé que Sophia Smith est sujette à une clause de son contrat qui lui interdit de voyager dans un avion piloté par un membre de sa famille.

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    1. J’espère qu’il ne lui arrivera rien en effet. Elle a un talent pur et très rare. Je vais essayer de retrouver une vidéo de la légende Carli Lloyd (2 fois championne olympique et deux fois championne du monde; 134 buts avec les US) qui indique ce qu’elle pense de Smith toute en l’avertissant pour le futur. Pour l’instant, Sophia Smith a bien la tête sur les épaules.

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  3. Nous sachons que les Anasazis ont été enlevés par des extra-terrestres! Mais chut. Le Colorado et Denver, c’est aussi une bonne scène musicale avec notamment DeVotchKa.

    Elle a l’air d’avoir en effet pas mal de qualités, la Sophia Smith. Un petit côté Ramona Bachmann. Et puis, ça nous change des articles sur Rapinoe ou Morgan.

    Sinon, c’était le retour du championnat féminin en Autriche ce WE. Mes petites favorites d’Altach l’ont emporté sur le champ de patates de Bergheim. Red Bull va s’appuyer sur Bergheim (à côté de Salzburg) pour lancer sa section féminine. Altach est 3ème du classement. Peuvent viser la seconde place. En D2, les filles de l’entente FC Lustenau/FC Dornbirn sont largement en tête.

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    1. Connaissais pas, DeVotchKa. De prime abord pas ma came mais j’en suis déjà au quatrième morceau et c’est décidément très bon, tu fis bien de glisser ce nom.

      Je confirme que ça change (très) positivement des trucs ad nauseam sur Rapinoe.

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      1. DeVotchKa est une petite merveille. Ils font partie des groupes que j’ai pu découvrir à la même période comme Beirut ou Calexico, et pour lesquelles j’ai une tendresse particulière.

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    2. C’est bien que le football féminin se développe en Autriche. La suissesse Bachmann est une bonne petite joueuse. Rapinoe joue maintenant généralement les 20 dernières minutes des matchs des US car elle commence à se faire vielle mais je pense que c’est la première joueuse complète du foot féminin (condition physique, technique, vitesse et gros mental)

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      1. Bachmann est plus petite que Smith, je pense, et plus jeune, elle avait aussi ce profil véloce avec une bonne conduite de balle.

        Oui, le foot se développe petit à petit en Autriche. La fédé dans l’ensemble fait du bon travail. Et on voit que la progression passe par les sections féminines de clubs pro. Altach, par exemple, c’est un club de village, mais qui s’est bien structuré en 20 ans. Il a récupéré le club féminin de Vorderland qui avait des moyens très limité et aujourd’hui, c’est l’une des meilleures équipes féminines du pays. Avec en prime, quelques jeunes joueuses du cru aux portes de la sélection. Il y a déjà l’attaquante Eileen Campbell (comme son nom l’indique, c’est bien un pur produit de chez nous), qui est devenue la remplaçante de Nicole Billa en EN. Et dans les jeunes révélations de la saison, il y a une autre attaquante, Linda Natter, et la milieu, Emilia Purtscher.

        Au niveau national, le Rapid et le RB se sont enfin décidés à se lancer dans le foot féminin. Le Rapid a fait le choix de partir d’en bas. Le RB va s’appuyer sur Bergheim. Je ne serais pas surpris si dans 2 ou 3 ans, on retrouvait des Feiersinger ou Zadarazil au club, parce qu’elles sont de la région. Et c’est une bonne chose que RB s’implique. Il manquait un bon club féminin au centre du pays.

        L’équipe nationale a manqué la qualif pour la CdM et c’est vraiment dommage pour l’Autriche comme pour la compet. Sans manquer de respect à l’Irlande (ou l’Ecosse, je sais plus), je pense que l’Autriche leur est qualitativement supérieure. De mon point de vue, depuis l’Euro, elles sont plus ambitieuses dans le jeu, et l’effectif est plus complet.

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      2. En France, il y a avait aussi des bons clubs de foot féminin dans des petites villes (comme Soyaux ou Juvisiy). Il y a peut-être trois explications pour les succès depuis plus de 30 ans de l’équipe des US. Tout d’abord, le nombre de licenciées qui doit être proche de deux millions. Deuxièmement, le dévouement des parents (surtout les soccer moms) qui parcourent des milliers de kilomètres chaque année pour amener leurs filles jouer des tournois. Troisièmement, les opérations de promotion (PR). Par exemple, le nom Shebelieves pour cette coupe, où l’on voit beaucoup de jeunes filles dans les tribunes. Il y a eu aussi Abby Wambach qui était venu parler dans notre université et beaucoup de jeunes filles étaient venues l’écouter.

        Combien de licenciées y-a-t-il en Autriche ?

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      3. De mémoire, il doit avoir environ 11 000 licenciées. En plus, pour suivre régulièrement les équipes nationales de jeunes, il me semble que la proportion de joueuses issues de l’immigration est moindre que chez les garçons. Donc la fédé a encore pas mal de taf pour exploiter au mieux un réservoir limité. Et le fait que l’Autriche a un déficit de culture du haut-niveau est aussi un problème.

        Le centre fédéral féminin est basé à St. Pölten, capitale de la Basse-Autriche. La région a été dirigée par Liese Prokop (née Sykora), ancienne athlète médaillée olympique, épouse d’un certain Gunnar Prokop, mère d’une internationale de hand et tante d’un champion de ski. Ca explique que la région ait souvent investi dans le sport. Et aujourd’hui, le club dominant du foot féminin, c’est le SKN St.Pölten. Avant lui, le principal club, dans la même région d’ailleurs, était Neulengbach. De nos jours, cette équipe se défend encore assez bien, mais parce qu’elle est composée essentiellement de jeunes joueuses fréquentant le centre fédéral. Sinon, les principales équipes du championnat sont des sections féminines de club pro ou des « ententes » (où le gros absorbe le petit) comme celles du Sturm Graz, Altach, Austria Wien, First Vienna… Malheureusement, la section féminine du Wacker Innsbruck est dernière du classement, la faute notamment aux problèmes financiers du club (la section masculine a été rétrogradée dans les tréfonds du foot amateur). Dans ce nouveau paysage, on retrouve dans les dernières places, les petits clubs quasi amateurs comme Bergheim ou Altenmarkt, qui à terme, vont être remplacés ou absorbés.

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      4. Je pense que l’incorporation de minorités dans le football féminin américain a aussi existé il y a un certains temps. Celle qui a fait beaucoup pour changer les mentalités est la gardienne championne du monde 1999, Brianna Scurry. Maintenant, il y a par exemple Crystal Dunn et Naomi Girma (qui est originaire d’Ethiopie). Tu m’as fait creuser la tête avec St Pölten, car il me semblait qu’un grand joueur y avait porté les couleurs. Je me suis finalement rappelé que c’est Mario Kempes.

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      5. Des sportives autrichiennes d’origine étrangères, il y en a pas mal, ne serait-ce que parce que la proportion d’étrangers en Autriche est importante. Une explication possible est que certains centres urbains avec une population immigrée importante sont à la bourre. Et en regardant l’EN, je constate, par exemple, qu’il y a que très peu de joueuses originaires de Vienne (et aucune de Linz). Peut-être y a t-il aussi une dimension culturelle. Bon, je pense qu’avec le temps, ça va évoluer. Faut positiver. Avec un petit réservoir, on se débrouille déjà pas trop mal.

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      6. « déficit de culture du haut-niveau »??

        Mais le truc qui m’interpelle le plus : un centre fédéral différencié pour..les femmes?

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      7. Oui, il y a clairement un problème avec le sport de haut-niveau en Autriche. Déficit de moyens, structurels, de compétences… Dans l’esprit de la IIème république autrichienne. Pépère, satisfaire la masse, mais surtout ne pas trop en faire. Le ski a pu faire exception, mais il y avait derrière toute une industrie du tourisme, des équipements. Mais aujourd’hui, il faut être fou pour pousser son gosse à pratiquer un sport où le risque de blessure est si élevé.

        Jusqu’au début des années 60, le foot autrichien a vécu sur ses acquis. La rue était le centre de formation. Il était relativement facile de trouver des compétences. Mais les clubs étaient déjà à la peine sur le plan financier et structurel. Et pis, les mentalités ont changé. Des Hasil ou Starek en sont de bons exemples. Très doués, mais entre les oreilles… Bref, il a fallu attendre le début des années 2000 pour que l’Autriche se mette enfin à la formation. Je pourrais dresser de belles listes de talents gachés. Le travail commence à payer, mais l’Autriche est devenu un championnat formateur. Il faudrait qu’à côté de Salzburg d’autres clubs aient davantage de moyens et de compétences pour garder les talents quelques années de plus.

        Le centre national féminin est un internat qui accueille et forme parmi les joueuses les plus prometteuses. En fait, son existence s’explique assez bien. En Autriche, la formation se partage entre les clubs qui ont une académie (Salzburg, Rapid, Austria, Admira, Ried…) et les fédés régionales, lorsqu’il n’y a pas de club ayant les structures suffisantes (Vorarlberg, Tyrol, Burgenland…) ou pour de grandes régions. Bon parfois, c’est un peu mixte (club-région), mais passons.

        Jusqu’à l’âge de 14 ans, les meilleurs jeunes évoluent souvent dans les clubs bien structurés. Mais dans les coins où il n’y en a pas, il existe aussi les LAZ (en gros, les gamins s’entraînent la semaine dans des strutures régionales et jouent avec leur club le WE). Après 14 ans, il existe un championnat élite national u15, u16 et u18.

        Depuis quelques années, le centre national féminin de St Pölten a une équipe u17 qui évolue dans un championnat national contre les u14 masculins de gros clubs. Mais la fédé ne communique pas trop dessus parce qu’on se fiche de la compet à cet âge.

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      8. Précision. Le championnat élite u15, u16 et u18, c’est pour les mecs. Chez les filles, il y a la Future League. Le centre fédéral y aligne une équipe.

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      9. C’est limpide, merci!

        Oufti, même le ski……… Cette obsession/illusion (contre-productive) de la maîtrise du risque à tout prix, c’est une chose, ok.. mais de là à affecter une telle institution, chez vous..

        Avec telle « dynamique », il n’y aura bientôt plus que des enfants de réfugiés divers et variés pour oser défendre l’honneur des Pays-Bas au korfball, de la Belgique au billard à trois bandes, de la Finlande au curling (ben oui, que ne parle-t-on davantage des troubles musculo-squelettiques induits par la manipulation du balai?)……… Même le ski en Autriche, lol.. C’est dingue.

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      10. Y a pas très longtemps, on avait comptabilisé dans les équipes de ski alpin autrichiennes une vingtaine de blessures graves au genou en même pas deux saisons. Un exemple, la petite Nina Ortlieb, fille de Patrick, qui a remportè l’argent au WM en est déjà à 19 opérations diverses et variées… à 26 ans.

        Faut être sacrément motivé pour faire du ski de compet de nos jours. On trouve moins de gamins et de parents aujourd’hui qui ont envie de faire des efforts. Et les pratiques de ski changent aussi. Les résultats des équipes d’Autriche sont catastrophiques cette année. Même les championnats du monde junior ont été mauvais. La fédé a aussi sa grosse part de responsabilité. Probablement qu’il faudrait revoir les chose chez les jeunes. En Norvege, il me semble, qu’il n’y a pas vraiment de compet dans les catégories de petits.

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  4. excellent article un peu capilotracté sur les connexions^^ j’ai bien rigolé mais fort bien troussé et aussi un bel hommage a ce magnifique état, un état très « libéral » comme ils disent par chez eux
    si les européennes pouvaient détruire l’hégémonie us se serait bien sympa mais bon elles ont l’experience ces yankees

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    1. L’époque est intéressante car les USA sont en reconstruction avec des grosses stars qui ont arrêté ou ne sont plus appelés ou titulaires (Lloyd, Heath, Press, Rapinoe). Il y a deux autres jeunes qui ont un gros potentiel : Naomi Girma en défense qui s’impose de plus en plus et Ashley Sanchez au milieu qui peut être très forte mais a du mal à s’imposer. Je pense que l’Angleterre est plus forte que les USA actuellement. Le Colorado est en effet libéral. Par exemple, la marijuana est en vente libre, mais l’argent gagné de cette sorte ne peut pas être mis dans des banques car ces dernières suivent les lois fédérales (pour lesquelles la marijuana est interdite). Il y a donc énormément de cash au Colorado dans les endroits qui vendent la marijuana…

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      1. Il n’était pas encore assez libéral pour moi vers 2002-2003!, je t’explique : avec ma compagne de l’époque on loue une bagnole à Las Vegas..il faut préciser dans quels Etats on compte aller, ça ne faisait que trois mois-et-demi qu’on était aux USA (côte Est), sa question me semble absurde et je lui réponds donc ce qui me passe par la tête : « Californie, Nevada, Utah & Arizona », bref.. On fait tout le tralalas, Hoover Dam, Grand Canyon, Monument Valley, gnagnagna.. et, sans trop réfléchir où on allait : on se retrouve +/- à cet endroit où 4 Etats se touchent, le Four Corners.. Et évidemment c’est là que je me rappelle que j’avais toujours rêvé de voir Mesa Verde, au..Colorado comme tu dis si bien.

        Bref : je convainquis ma compagne, plus disciplinée et raisonnable que moi, de faire l’heure de route qui nous séparait de Mesa Verde, fût-ce dans un Etat pour lequel je n’avais pas payé (je ne pigeais vraiment pas le concept)…….. Funeste connerie! On avait quitté l’Arizona depuis 15 ou 20 secondes qu’un signal sonore et lumineux se mettait en branle, dans notre vieux modèle de location..et pas même 3kms plus loin : c’était les flics qui nous arrêtaient 🙂

        Je ne discute pas le principe!, d’ailleurs y a pas eu d’amende et ils furent très pros (et assertifs, euphémisme 🙂 )! Mais je ne pige pas comment ils ont fait……. Si je me fis arrêter, les flics me le dirent spontanément : c’est bel et bien parce que je n’avais commercialement rien à faire au Colorado (ou Nouveau-Mexique, sais plus)…… mais une telle réactivité???? Et la police des routes qui fait le job pour une compagnie de location de voitures?? Je n’ai jamais pigé 🙂 Mais ça m’a un peu (beaucoup) cassé de rester aux Etats-Unis ; l’idée d’être potentiellement et à ce point sous contrôle, bbrrrr.. Ca m’a tellement énervé que je me retrouvai assez vite au..Congo, l’autre extrême on va dire, totale anarchie (et c’est vraiment pas mieux, euphémisme).. 🙂

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      2. Ahaha, le délinquant! J’ai plutôt un bon souvenir des flics aux USA. Bon, faut reconnaître, que je n’ai peut-être pas le profil type de la victime de bavure. Avec mes soeurs, nous nous étions fait contrôler en voiture un matin près d’un petit bled. J’étais au volant et celle qui vivait aux USA à l’époque m’avait quand même suggéré d’éviter de faire l’andouille. Au final, le type (genre sheriff) avait été très cool. Lorsqu’on lui a demandé s’il n’y avait pas un coin sympa pour prendre un petit déj, il nous a dit de le suivre, nous a mené à un petit resto sur la rue principale (dans mes souvenirs larges comme une 4 voies) et a même pris un café.

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      3. Sympa ces anecdotes. Ce que je trouve difficile est de ne pas aller vite sur des routes où il y a peu de monde (comme dans des parties du Colorado, Nouveau Mexique, Arizona ou Utah). Mes parents étaient venus nous rejoindre quand on habitait le Colorado et on avait aussi loué une voiture pour visiter des parcs nationaux (dont Mesa Verde). Un moment, mon père conduisait et a dit: « on va voir ce que cette voiture a sous le capot ». On a vu, en effet. Deux minutes plus tard, une voiture de police nous a arrêté.

        En ce qui concerne l’Afrique, ma femme est née et a grandi à Madagascar. Elle a passé son permis avec un examinateur qui était un grand ami de son père. Cet examinateur lui a dit qu’il était obligé de lui demander de faire un créneau pour qu’elle ait le permis. Il lui alors dit : « tu vois le palmier devant ». Ma femme a dit oui. Il a ensuite dit: « tu vois le palmier derrière ». Et ma femme a dit non car ce palmier était trop loin. L’examinateur lui a dit que ce n’était pas grave et qu’elle devait simplement faire ce créneau entre ces deux palmiers. Cela va sans dire que, 38 ans après, je ne suis toujours pas rassuré quand ma femme prend le volant. C’est encore pire quand sa meilleure amie de Madagascar vient à la maison. Là, c’est Thelma et Louise qui se rejoue.

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      4. Je confirme : horrible de devoir toujours, à ce point, en garder sous la pédale…….alors que tu ne croises parfois rien ni quiconque pendant une bonne heure, voire +.. Et cependant, même au milieu du désert : toujours des flics quelque part pour te choper, incroyable.. D’où ils sortent?? Mais je les ai toujours trouvés très corrects!

        J’ai un moins bon souvenir des aéroports : j’ai une tête de sarrasin, c’était juste après le 11/09..et j’étais donc systématiquement bon pour me retrouver en slip et chaussettes. Mais ça je pouvais comprendre, y avait un contexte. Par contre, le coup de l’interception pour avoir roulé 2 minutes dans un autre Etat, euh??? C’était il y a 20 ans, ce genre de trucs était technologiquement inimaginable en Europe (où j’avais d’ailleurs eu l’habitude de passer d’un pays à l’autre sans visa à travers les Carpathes, bref : une claque).. Ca m’a laissé un drôle de goût..que je retrouve désormais à certains égards en Europe (si j’avais su..).

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      5. La première fois que je me suis fait gauler, j’étais en voiture de loc avec mon permis français sur moi, bien que détenteur d’un permis californien. J’ai pris mon pire accent français, genre « aille âme ze french touriste », et c’est passé crème.

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      6. Le Colorado, républicain et donc rouge sur les cartes électorales US, est en train de basculer à gauche et est donc violet dans la terminologie des médias. Ce n’est pas encore la Californie ou le Massachusetts, États bleu profond : par exemple, la capacité des chargeurs n’y est pas limitée à 10 comme chez nous.

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  5. Deux info supplémentaires. Si vous passez par Colorado Spring, il y a un endroit sympa qui s’appelle The Garden of the Gods (franchement, cela devrait plutôt s’appeler The Garden of The Goddesses étant donné le nombre d’athlètes féminines reliées au Colorado). Deuxièmement, la Concacaf vient de donner il y a trois jours une liste de 6 personnes pour le titre de meilleure joueuse de cette confédération. Il y a une mexicaine (Cervantes), une jamaïcaine (Shaw), une haïtienne (Dumorney), une canadienne (Fleming) et deux américaines : Morgan et…Sophia Smith. Go girl ! Bon je vais aller voter pour Sophia.

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      1. Tout à fait. C’est aussi l’endroit où les athlètes des sports suivants s’entraînent pour les jeux olympiques :
        USA Archery
        USA Artistic Swimming
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        U.S. Figure Skating,
        USA Hockey
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        USA Karate
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        USA Swimming
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        USA Wrestling

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      2. C’est là que Calvin Smith et Evelyn Ashford s’étaient payé un fameux doublé en battant les records du monde des 100 m masculin et féminin le même jour, le 3 juillet 1983.

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  6. bon avec vos récits digne des aventures Sal paradise et Dean Moriarty (ou Cody selon la version^^) ça me conforte dans mon idée de me déplacer en Octobre avec les bus Greyhound entre DC, Boston et Springfield (Massachusetts) ha ha

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