Vous êtes frais pour réfléchir ? On y va alors : quel joueur, d’après vous, a le plus marqué l’histoire du football et a le plus participé à des évènements historiques du ballon rond ?
Essayons de deviner quelques-unes de vos propositions : Eugène Maes pour être le premier joueur à avoir inscrit cinq buts en équipe de France ; le Danois Sophus Nielsen pour ses 10 réalisations contre l’équipe de France lors des JO 1908, ce qui a grandement contribué à la plus grande défaite des bleus de toute leur histoire (par le score de 17-1) ; le Français Lucien Laurent pour le premier but de la première Coupe du monde en 1930 ; l’Argentin Guillermo Stábile pour avoir été le meilleur buteur de ce tournoi mondial ; Luis Monti pour avoir joué les deux premières finales de Coupe du monde, l’une perdue avec l’Argentine en 1930 et l’autre gagnée avec l’Italie en 1934 ; l’Autrichien et Tchécoslovaque Josef Bican pour avoir marqué plus de 950 buts en 624 rencontres entre 1930 et 1957 ; Just Fontaine pour le record de 13 buts en Coupe du monde en 1958 ou Michel Platini pour ses neuf réalisations lors de l’Euro 1984 ; l’Espagnol Paco Gento, qui a remporté avec le Real Madrid les cinq premières Coupes des clubs champions entre 1956 et 1960, suivi d’une sixième en 1966 ; le roi Pelé car il est le seul à avoir glané trois Coupes du monde ; Robby Rensenbrink car quelques misérables centimètres lors de la finale de Coupe du monde 1978 lui ont fait perdre trois trophées en même temps : un titre mondial pour les Pays-Bas, celui de meilleur buteur de cette Coupe du monde et le Ballon d’Or 1978 (comment ne pas penser qu’un joueur qui avait été si brillant lors de la victoire en C2 1978 avec Anderlecht n’aurait pas gagné ce Ballon d’Or s’il avait fini meilleur buteur d’une Coupe du monde qu’il aurait grandement contribué à remporter ?) ; Cristiano Ronaldo pour son record de sélections nationales ; Messi pour ses sept Ballons d’Or.
Mais pas du tout les amis. LE joueur historique ne peut être que l’Anglais Billy Wright. Pourquoi, me direz-vous ? Mais pour une multitude de raisons, voyons.
1.Tout d’abord, ce défenseur central né le 6 février 1924, a été le premier à atteindre les 100 sélections en équipe nationale, en plus à une époque où il y avait beaucoup moins de matchs internationaux que maintenant. Il a connu sa centième sélection le 11 avril 1959 contre l’Écosse avec une victoire par un but à zéro. Il avait disputé son premier match avec le maillot anglais à 21 ans, le 19 Janvier 1946, contre la Belgique pour ce qui s’appelle une « Victory international », avec un succès 2-0 à la clé. Son premier match officiel avec l’Angleterre a en fait eu lieu le 28 septembre 1946 contre l’Irlande à Belfast, pour une victoire 7-2. Il effectua son dernier match avec l’Angleterre (son 105e) le 28 mai 1959 avec un autre succès sur le score fleuve de 8-1 contre les USA. Tous ces matchs lui ont permis de jouer avec 137 joueurs différents en équipe d’Angleterre dont deux Ballons d’Or : celui de 1956, Stanley Matthews, surnommé le sorcier du dribble ; et celui de 1966, Bobby Charlton, qui battra son record de 105 sélections en finissant sa carrière internationale avec 106 sélections atteintes lors du quart de finale mémorable de la Coupe du monde 1970 perdu 3-2 contre la RFA de Gerd Müller après prolongation. A noter que Billy Wright finit lui-même deuxième du Ballon d’Or 1957 derrière Di Stefano. En tout, Billy Wright aura été le capitaine de l’Angleterre 90 fois, dont la première fois le 9 octobre 1948 contre l’Irlande (victoire 6-2 à Windson Park) après seulement 16 matchs pour les Three Lions. Il fut en particulier capitaine de l’Angleterre 70 fois de suite entre 1951 et 1959.

2. C’était aussi le capitaine de la première équipe nationale anglaise qui ait daigné participer à une Coupe du monde, en l’occurrence celle de 1950. Lors de cette dernière compétition, l’une des plus grandes surprises de l’histoire du football a donc impliqué Billy Wright : la défaite 1-0 de l’Angleterre contre une équipe des USA composée à la va-vite de joueurs semi-professionnels. Billy Wright joua trois Coupes du monde avec l’Angleterre, celle de 1950 donc mais également celles de 1954 et 1958, pour deux victoires, quatre nuls et quatre défaites.

3. Wright, en tant que capitaine des Three Lions, a également pris part à la rencontre amicale surnommée le match du siècle entre l’Angleterre et la Hongrie à Wembley, le 25 novembre 1953. Cette rencontre a consacré au monde entier le talent incroyable des Mighty Magyars, qui l’emportèrent 6-3 avec un triplé de Hidegkuti, un doublé de Puskas et un but de Bozsic pour les hongrois auxquels répondirent seulement Sowell, Mortensen et Ramsey (qui sera le sélectionneur anglais victorieux de la Coupe du monde 1966) pour les joueurs de la perfide Albion. Une deuxième rencontre amicale, avec encore Billy Wright comme capitaine, a eu lieu entre ces deux équipes, mais à Budapest, avec une autre raclée reçue par l’Angleterre : 7-1, avec deux doublés de Puskas et Kocsis ainsi que des buts de Lantos, Hidegkuti et Tóth pour les Magyars contre un seul de Broadis pour sauver l’honneur fortement atteint des anglais (ce match représente encore à ce jour la plus grosse défaite de l’Angleterre).

4. Cependant, Billy Wright, ce n’est pas que des moments importants impliquant l’équipe d’Angleterre. C’est aussi des faits plus ou moins inédits avec son club de Wolverhampton. Il a, par exemple, participé avec les Wolves à toute une série de matchs amicaux contre des équipes étrangères de 1953 à 1958, qui se jouaient au stade Molineux sous des projecteurs (ce qui était rarissime à l’époque). Cette série s’appelle « The Floodlit Friendlies » en anglais. Le premier match de cette série a vu les Wolves l’emporter 3-1 contre une équipe d’Afrique du Sud. D’autres matches ont suivi contre le Racing Club de Avellaneda, Maccabi Tel Aviv, Spartak Moscou, Borussia Dortmund, Valence ou le Real Madrid, avec uniquement des victoires pour Wolverhampton, dont un 10-0 contre Tel-Aviv et 4-0 contre le Spartak Moscou en octobre et novembre 1954.

5. L’un des matchs les plus importants des « Floodlit Friendlies » est celui contre le Honved Budapest de Puskas, Kocsis et Czibor, le 13 décembre 1954. Billy Wright est bien sûr le capitaine de Wolverhampton dirigé par Stan Cullis depuis 1948. Cette rencontre est remportée par les Wolves sur le score de 3-2, alors qu’ils étaient menés 0-2 à la suite deux buts de Kocsis et Macho inscrits avant la 15e minute. Les buts anglais ont tous été marqués en deuxième mi-temps par Hancoks et un doublé de Swinbourne. Mais surtout, cette rencontre prestigieuse est celle qui a ensuite incité la création des coupes d’Europe afin de déterminer quelle était la meilleure équipe du continent.

6. Billy était également capitaine lors des trois premiers, et jusqu’à présent derniers, championnats d’Angleterre gagnés par Wolverhampton en 1954, 1958 et 1959. Wright rajouta également une FA Cup remportée en 1949 contre Leicester, en tant que capitaine des Wolves, à son palmarès et a été élu meilleur joueur du championnat anglais pour la saison 1951-1952. Il porta également le brassard lors du premier tournoi européen de Wolverhampton lors de cette saison 1958-1959. Saison qui a vu le club anglais se faire éliminer au premier tour de la C1 contre les Allemands de Schalke 04 (2-2 en Angleterre pour une victoire des allemands 2-1 au retour).

7. Il commença en fait à porter le brassard de Wolverhampton dès la saison 1947-1948. Wolverhampton sera d’ailleurs le seul club de sa carrière (à l’exception de quelques matchs joués avec Leicester pendant la Seconde Guerre mondiale). Son premier match a été disputé à l’âge de 15 ans, contre le rival West Bromwich Albion pour une victoire 5-3 des Wolves. Billy Wright est devenu professionnel à 17 ans. Il joua 111 matchs pour Wolverhampton entre 1939 et 1945, alors que les compétitions officielles anglaises étaient annulées du fait de la Seconde Guerre mondiale. Son premier match officiel a eu lieu le 5 janvier 1946 lors de la FA Cup, avec une victoire 4-2 contre les gallois de Lovells Athletic. Son dernier match a été disputé le 22 avril 1959 contre Leicester (pour une victoire 3-0), 20 ans après sa première rencontre et après avoir porté les couleurs de Wolverhampton entre 535 et 541 fois (les sources diffèrent sur ce chiffre), ce qui est d’autant plus remarquable qu’il fut d’abord rejeté par son club du fait de sa relative petite taille (1,73 m). Billy Wright est décédé le 3 septembre 1994, à l’âge de 70 ans et une statue l’honore devant le stade Molineux. Cette statue a été inauguré en 1996 par sa femme, Joy Beverley (qui faisait partie du groupe de chanteuses, les Beverley Sisters, et avec qui Billy s’est marié en 1958). Deux autres distinctions attribuées à Wright sont le titre de Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique en 1959 et son intronisation dans le Hall of Fame du football anglais en 2002.

Je répète donc ma question initiale : quel est le joueur qui a le plus marqué l’histoire du football et a le plus participé à des évènements historiques ? It can only be Wright. Right?
Et vous, quel est votre joueur historique ?
Les longs prologues haletants deviennent ta spécialité.
Sindelar ou l’art consommé d’entretenir le suspense.
J’avoue que j’aurais jamais pensé à Billy Wright. Mais je serais bien en peine de trouver un autre joueur historique.
Question pas facile en fait, avec pleins de possibilités. On peut aussi penser à George Weah pour être le premier africain à gagner le ballon d’or (en venant d’un pays qui ne s’est jamais qualifié pour une coupe du monde en plus). Il y a aussi Tarak Dhiab : plus de 100 sélections en équipe de Tunisie, seul tunisien ballon d’or jusqu’à présent (si je ne me trompe pas), faisait partie de la première équipe africaine à avoir remporté une victoire en coupe du monde (1978) et désigné joueur tunisien du siècle. Un Cha-Bum Ku a aussi une part non négligeable dans l’histoire du foot. Oh punaise, ça fait du bien de parler de foot après plusieurs jours, comment dire, mouvementés.
…noooooooooooooooooooooooooooon pas Tarak 🙂 🙂 🙂
Rien que come joueur tunisien du siècle il est contesté -mais c’est un autre débat.
Sinon, le fait q’uil soit parvenu à jouer comme professionnel me ferait idolâtrer Taribo West, preuve vivante que tout le monde peut y arriver à force de volonté 🙂
Sympa de vous revoir, monsieur Gentile. Trabelsi est trop jeune pour être considéré parmi les meilleurs joueurs tunisiens du 20e siècle. Donc qui peut être comparé à Tarak ? Attouga pour sa carrière ? Naili pour sa coupe du monde 1978 ? Perso, je pense que le plus doué était Témime.
Un autre joueur peu doué techniquement mais plein de volonté (comme West) est Basile Boli. En plus il a ramené la seule C1 à la France.
Merci, je regrette qu’un emploi du temps mal maîtrisé et quelques impondérables m’aient tenu éloigné de la pinte. Où, ailleurs, à part en allant feuilleter « L’Auto » sur Gallica (un péché mignon personnel), relire les noms des frères Abegglen, de Fatton et de Barberis (dans un autre article) ?
Sinon, pour le joueur du siècle en Tunisie, au-delà de tout partisanisme, si la carrière de Tarak Dhiab se défend, si d’autres noms tels Mokhtar Ben Nacef (titré avec l’OGCN), Noureddine Diwa (dit le petit Kopa), Temime Lahzami (aussi brillant que réfractaire à l’effort), Attouga, Agrebi, Tahar Chaïbi, Hatem Trabelsi etc. mériteraient de postuler, pour moi le joueur tunisien emblématique du XXème siècle est : Abdelmajid Chetali.
Technique hors du commun, capable de jouer à tous les postes (y compris gardien de but, remplaçant pour une demi-heure dantesque à Casablanca le titulaire blessé pour une qualification continentale), titré comme joueur, comme entraîneur, en club, en sélection, bref, une pointure, un cador, une épée.
Merci pour les infos. Choix interessant. En regardant sa fiche, on voit que c’est aussi l’entraîneur de l’équipe de Tunisie lors de la coupe du monde 1978.
Ah oui mais Chetali pourrait endosser l’habit du héros de roman, juste sur sa carrière. Avec quelques anecdotes tragiques (la perte d’un enfant un matin de match, la dissolution de son club de toujours par décision politique, le retour au premier plan après chacune de ces épreuves -incomparables l’une à l’autre certes, etc.)
Il a même joué une saison avec un gant blanc à cause des séquelles d’un accident de voiture, ce qui ajoutait à son allure (grand, beaucoup de prestance et dans le style et dans le jeu). Sujet d’article, tiens 🙂
@Claudio Gentile : je pense que les rédacteurs de P2F apprécieraient que vous écriviez un article sur un tel joueur et entraîneur, surtout avec une telle vie. Ce qui est sûr est que je me ferais un plaisir de le lire. En ce qui concerne Naples et Toulouse (sur un autre article), Benoît Tihy avait connu son jour de gloire.
Le choix se défend parfaitement bien. Voici une autre proposition plus originale : le premier joueur (et le seul à ce jour) à avoir joué en pro dans les six confédérations du monde, le gardien allemand Lutz Pfannenstiel.
Impressionnant. Sebastián Abreu aussi avec 32 clubs et 11 pays. Petit faible pour des joueurs qui ont commencé dans des petites divisions (comme 7e division) et sont devenus ensuite internationaux. James Vardy ou Didier Drogba en sont des exemples.
Quoi ?! Encore une uchronie ? Un peu grosses, ces ficelles, tout le monde sait que Wolverhampton est un club de Liga Nos.
Ahah il devrait pouvoir jouer la coupe d’Europe pour le Portugal, l’Europa League car la C1 ils me paraissent en-dessous. Ce n’est pas le cas cette saison mais ils ont souvent eu plus de portugais titulaires que Benfica ou Porto!!
Adama Traoré avait été vraiment fort avec les Wolves il y a quelques années. En ce qui concerne le Portugal, son match contre la Croatie en (September 2020?) lors de la ligue des nations avait été remarquable.
Pour finir, j’avais exprimé ma déception hier que P2F laisse un message qui évoquait certains stéréotypes (surtout d’un récidiviste). La moindre des choses est que j’indique maintenant que je suis vraiment impressionné par le message des modérateurs (qui je le pense s’applique à moi aussi) et que certains messages aient été effacés. Un grand bravo sincère. Un site dirigé par des grands connaisseurs de foot et qui, en plus, a une conscience morale. C’est le jour et la nuit avec d’autres sites. Merci.
P.S. : le fait que mon article sur Wright passe quelques jours après mes réponses à des commentaires n’indique en aucun cas que les rédacteurs de P2F soient d’accord avec ces réponses ou d’autres écrits précédents de ma part. C’est juste que le calendrier de publication est prévu un mois à l’avance.
J’ai l’impression que des embrouilles de SF ont été ramenées ici, je me trompe ? Ça explique sûrement les 2 notations négatives que ton article a reçu… Article très sympa d’ailleurs !
Premier quizz de Cebolinha : https://www.sporcle.com/playlists/cayzel/legendary-football-players-by-club
Deuxième quizz de Cebolinha : https://www.sporcle.com/playlists/cayzel/ligue-1-legends
Oui, j’apprécie aussi les articles de Cebo, j’espère qu’il reviendra et que ce n’est que temporaire… J’irai voir ses quizz, merci !
Il fut de toutes les déroutes (Belo Horizonte, les deux matchs contre les Hongrois) qui démythifièrent enfin le football anglais ! Mais il fut aussi d’une belle équipe des Wolves.
Après Matthews Ballon d’or 1956, le jury fut assez urbain pour placer Wright à la deuxième place en 1957. Si ça, c’était pas suffisant pour attirer les Anglais dans la toute jeune Coupe des clubs champions européens…
Mon joueur historique ? Y a rien au-dessus du Roi. On pourra tourner le problème dans tous les sens, il est au sommet. Néanmoins je garde une profonde tendresse pour ces joueurs, notamment français, des premières décennies du XXe siècle… Particulièrement, je crois que les facéties des ailiers ont mes faveurs : Aston, Devaquez, Dubly, etc.
Difficile de battre Edson Arantes do Nascimento. Si je peux me permettre une liste de joueurs que j’aimerais connaître mieux, en voilà quelques exemples : José Manuel Moreno; Pedro Cea; Paul Nicolas; Jean Nicolas.
Les deux premiers, c’est bon pour Verano ou Ajde.
Les deux autres, j’en parlerai un peu le 21 mai. Patience !