L’Olympique Avignonnais ou la plus grosse descente aux enfers du foot français

Une ascension lente

L’Association sportive avignonnaise voit le jour en 1931. Le club gravit les échelons monte en division 2 en 1942 ce qui lui permet d’avoir le statut professionnel. Le club abandonnera ce statut en 1948 lorsqu’il descendra en Division d’honneur (DH) à l’époque la troisième division française. L’AS Avignon deviendra « Olympique avignonnais » en 1949 après une fusion avec un club de quartier. Après de multiples tentatives, L’OA monte en troisième division en 1963. Le club ne reste que deux années avant de monter en Division 2, renouant ainsi avec le monde professionnel. L’année suivante, en 1966, le club est racheté par un entrepreneur local, Guy Sauget. Il est ambitieux et au mercato de 1975, il sort le chéquier pour s’offrir des joueurs venus de grandes équipes françaises du moment : Pech débarque du FC Nantes, Joly de Valenciennes, Castellan d’Ajaccio et Giordani de Bastia. Sa stratégie fonctionne puisqu’en 1976, l’équipe évoluant dans le nouveau stade de la ville le parc des sports, où se déroulera le film les fous du stade de Claude Zidi depuis 1969 monte en Division 1 après un match de barrage gagné contre le FC Rouen deux ans après avoir été en demi-finale de coupe de France, son meilleur parcours dans la compétition.

Seulement, en Division 1, l’équipe effectue un des pires bilans de l’histoire du championnat : vingtième et dernier avec 38 matches joués, pour 20 points, sept victoires, six nuls, 23 défaites, 30 buts marqués et 80 buts encaissés. L’Olympique Avignonnais arrache tout de même une victoire de prestige contre un autre Olympique : celui de Marseille dans un stade plein lors de la dernière journée.

En 1981, les Bleus doivent abandonner leur statut professionnel à cause de problèmes financiers et sont relégué en Division 3. Deux ans plus tard, ils sont de nouveau relégués. Cependant, cette descente aux enfers n’a pas encore commencé; le club monte la saison suivante puis monte en 1989 en Division 2. Cela marque le retour du statut professionnel et L’OA recrute Laurent Paganelli  qui finira donc sa carrière dans la ville du Vaucluse. Les résultats sont prometteurs (huitième en 1990 et septième en 1991) Cependant en 1991 l’équipe est relégué administrativement en D3 à cause de graves problèmes financiers par la DNCG.

Dépôts de bilan et fusions

En 1992, L’Olympique Avignonnais, alors en D3, descend encore d’une division après avoir fini seizième. Le club change cette année de nom pour devenir le Sporting Club Olympique Avignonnais à la suite d’une fusion avec le Sporting Club Avignonnais. Cela ne changera rien sportivement, puisque la ville des papes descendra en National 3 en 1993 et en DH l’année suivante.
Le club dépose le bilan en 1996 alors qu’il évoluait en National 3 et est rebaptisé Football Club Avignon. Même si le FC Avignon est descendu en PH (huitième échelon), il arrive à se stabiliser et monte même en DHR en 2001. Néanmoins, en descendant précédemment en PH, l’affluence au stade a beaucoup baissé. Il n’y aura d’ailleurs jamais eu de groupes de supporters, puisque le club n’a été stable qu’avant le début du mouvement ultra en France.

En 2003, le FC Avignon fusionne avec la MJC Avignon. Bien que le nom de cette dernière équipe semble peu attrayante, il ne faut pas oublier qu’elle était un des meilleurs clubs amateurs de la région tout en ayant formé plusieurs futurs joueurs professionnels comme Paganelli. Le club est rebaptisé « Avignon Foot 84 ». Sportivement l’équipe arrive à monter en DH et à s’y maintenir. Seulement, le quotidien La Provence révèle en 2010 qu’un trou financier a enflé petit à petit et qu’un dépôt de bilan serait à venir. En effet, l’équipe de la ville au pont célèbre avait 358 000 € de dettes. Les joueurs auraient été payés grassement via de fausses notes de frais, d’où une dette colossale contractée. De plus, la municipalité donnait moins d’argent à cause de la concurrence lié à un nouveau club nommé Athlétic Club Arles-Avignon évoluant en ligue 2. L’Avignon Foot 84 quitte le parc des sports pour revenir dans leur ancien stade à cause de l’équipe arlésienne. Une grande partie des joueurs ne s’entraînaient même plus et l’équipe qui était tout près de monter en CFA2 l’année d’avant finit dernière de DH.
L’Avignon Foot 84 est radié quelques semaines plus tard.

La renaissance

Après qu’Avignon Foot 84 ait été radié, l’Avenir Club Avignonnais prend le relai. Bien que ce ne soit pas le même club administrativement parlant, il a le même staff, les mêmes couleurs le stade historique du club, le stade Léon-Dulcy, anciennement stade des Rotondes, qu’occupait l’équipe première avant 1969 avant d’être celui des équipes de jeunes. L’équipe n’aligne même pas d’équipe sénior jusqu’en 2014, ne laissant place qu’aux équipes de jeunes. Lors de la saison 2014-2015, le club recommence donc en PD2 (douzième échelon). L’ACA finit par se relever. Deux ans après, l’équipe évolue en Départemental 3, soit deux divisions au-dessus de leur division en 2015. Elle monte même en Départemental 2 en 2018. Elle se stabilise mais n’aligne pas d’équipe sénior lors de la saison 2022/2023. Les avignonnais repartent donc au plus bas échelon du district : la Départemental 4. La boucle est bouclée, le club est donc passé en moins de 50 ans de la première à la dernière division, un record en France dont en entend peu parler, l’histoire d’Arles-Avignon lui faisant de l’ombre.

Aujourd’hui, il n’y a aucune équipe à Avignon évoluant au dessus du district. L’équipe féminine en Régional 1 a néanmoins atteint les huitièmes de finale en 2019. D’ailleurs, le FC Avignon Ouest (Départemental 3) aura réussi cette année l’exploit d’atteindre le quatrième tour de la Coupe de France. Lors de ce tour l’équipe aura résisté une heure face à un club historique, l’AS Cannes, avant de perdre 4-1.

S’il y a une chose à retenir de cette histoire, c’est qu’il faut savoir être fier de son club, même s’il est une modeste écurie de Ligue 2 ou de National, et en profiter avant que des problèmes financiers arrivent gâcher la fête, car tout peut basculer en peu de temps, comme cela a été le cas à Sochaux par exemple.

Pichel pour Pinte de Foot !

15 réflexions sur « L’Olympique Avignonnais ou la plus grosse descente aux enfers du foot français »

  1. Bienvenue Pichel ! Après ce fort intéressant article, je sens pointer un « Extrémico » (sur Football Manager ?) entre deux clubs passés de la première à la dernière division : Avenir Club Avignonnais contre Lokomotive Leipzig.

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  2. Bienvenue en effet, du sang frais ne peut jamais faire de tort. Et fameux grand écart, en effet.

    Les fous du stade, lol.. Je me rappelle avoir été fasciné, enfant, par la scène de la statue, mais il va sans dire qu’à la revoyure.. 🙂 Heureusement qu’il y avait Jacques Seiler!

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    1. Depuis pas longtemps, en plus je n’ai aucun lien avec la ville d’Avignon. Je me demandais juste quel club avait il là-bas puis je suis tombé sur un article Wikipédia un peu incomplet ( mais j’avais trouvé leur histoire géniale! ), donc j’ai cherché sur quelques sites des infos… En tout cas se dire qu’un club de D1 se retrouve en D4 en 50 ans ça m’a fait bizarre, c’est comme si Clermont allait être en District dans quelques décennies

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      1. En tout cas, n’hésite pas à proposer des textes quand l’envie t’en prend !

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  3. Tiens pour nos lecteurs. Quel est le club le plus prestigieux contre lequel vous ayez joué? Perso, c’est le Tef. Contre qui j’ai pris quelques roustes mémorables mais j’ai quand même une victoire en finale du tournoi de Muret! Hehe
    Ça fait pas énorme mais c’est un peu le désert au niveau pro du coté de Toulouse…

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    1. Alors c’est simple, moi l équipe la plus forte contre laquelle j ai joué c’est celle où en face y avait Taieb, Valentin et les deux David.
      Ils étaient forts ces salauds, moi j faisais un bon footing.

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      1. Moi ils devaient s’appeler Pavel ou Milan?? Des Tchèques en tout cas, en moyenne 10 centimètres de plus sous la toise, et ils nous mirent une branlée.

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  4. Hello Pichel, bienvenue et merci pour cet article. Un des grands noms de l’Olympique avignonnais est Marc Bourrier, le coach des glorieuses années 1970 avant d’être dans le staff de Michel Hidalgo puis celui des Espoirs bleus champions d’Europe avec la génération Paille, Sauzée etc… Il avait également repris l’OM post crise 1993. Un type bien, je pense.

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    1. J’étais trop gamin lors de la victoire à l’Euro espoir 88 mais ça avait créé une certaine attente, non? Me souviens juste, pour l’avoir lu à l’époque, que Barrabé avait joué la finale face à la Grèce et que les Français avaient fait un festival en Angleterre. Dont Canto.

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  5. J’avais zappé la présence à Avignon d’Enrique Chazarreta. Un milieu de San Lo qui avait été sélectionné à la CM 74 et qui avait joué contre l’Italie. Une époque bénie où les meilleurs argentins n’hésitaient pas à venir dans les clubs de D1.

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