Bordurie-France 1955, journées chaudes à Szohôd

Une demi-heure déjà que le car des Bleus pour l’entraînement au stade devrait être arrivé. Il fait 4 degrés, le vent souffle sans discontinuer, et l’immense place Plekszy-Gladz, vide et blafarde sous le ciel lourd de novembre, offre un tableau à s’ouvrir les veines. Engoncé dans son pardessus, Albert Batteux est sorti sur le trottoir guetter l’introuvable véhicule. À ses côtés, Pierre Pochonet, le président de la FFF, ironise, un brin condescendant face à ce triste spectacle : “Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme… – Un spectre d’autocar, oui !” réplique l’entraîneur des Bleus, fermé et maussade.

Elle promettait pourtant beaucoup, cette première Coupe d’Europe des Nations lancée dans la foulée de celle des clubs. Un mois seulement après la naissance de la “Coupe des clubs champions européens”, l’UEFA et une grosse quinzaine de fédérations nationales s’étaient vite mises d’accord : tournoi tous les quatre ans en alternance avec la Coupe du monde, 16 équipes pour commencer, élimination par matchs aller-retour pendant la saison 1955-1956 jusqu’aux quarts de finale, puis phase finale chez l’un des quatre qualifiés en juillet 1956. Mais les sourires des Bleus se sont figés dès le tirage au sort des huitièmes, quand ils ont hérité de la Bordurie avec match retour à Szohôd. Bien ancré derrière le rideau de fer, le pays tout entier est, pour reprendre le mot de Churchill, “un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme”. On dit les Bordures disciplinés comme les Allemands, forts comme les Bulgares, et aussi endurants verre en main que les Polonais. Les quelques bribes glanées dans les journaux dressent un portrait glaçant du régime du maréchal Plekszy-Gladz et de son impitoyable police politique, la ZEP. Du football et d’une équipe nationale qui n’a pas affronté un adversaire de l’Ouest depuis l’avant-guerre, on ne sait absolument rien.

Le match aller à Colombes, le 9 octobre 1955, a été une mauvaise surprise. On a découvert des joueurs athlétiques, pas maladroits du tout balle au pied, une équipe bien en place dans un WM impeccable, sachant garder le ballon face à l’écrasante domination française, et quelques individualités de gros calibre : l’arrière central Zsâpp Sztâmz, un véritable menhir, les “inters” Pâl Nädszvedz et Mârianz Mâszny, toujours prêts à lancer un contre assassin, et surtout le tout jeune gardien Krysztiân Piôtz, 20 ans, qui a rendu fous les Bleus avec une demi-douzaine de parades décisives. 0-0 au bout du compte avant un rendez-vous avec l’inconnu en Bordurie, le 12 novembre. Une chance que la FFF ait réussi avant le tirage au sort à négocier un URSS-France amical à Moscou – le premier de l’histoire – le 23 octobre : les Bleus en ont ramené un très bon nul (2-2) et quelques certitudes face à un adversaire de l’Est. Pour Szohôd, le comité de sélection n’a opéré qu’un seul changement en raison de la blessure de Jean Vincent à l’aile gauche au stade Lénine : Remetter – Louis, Jonquet, Marche – Penverne, Marcel – Foix, Piantoni, Kopa, Glovacki, Bliard.

Dessin de presse illustrant les déboires du vol Swissair Genève-Szohôd, le 10 novembre 1955

Un voyage au-delà du rideau de fer, dans les années 1950, c’est tout un poème. En l’absence d’accords aériens franco-bordures, il a fallu passer par Genève et la Swissair. Le vol pour Szohôd, l’avant-veille du match, a eu son moment de frayeur avec une série de cabrioles qui ont mis les estomacs à rude épreuve – des passagers diront avoir entendu en débarquant le pilote pester contre un morceau de sparadrap baladeur dans le cockpit. Au contrôle des passeports, aussi glacial que tatillon, la délégation tricolore s’est vu adjoindre deux “guides” en trench-coat à la carrure dissuasive qui ne la lâcheront plus d’une semelle. À l’hôtel Zsnôrr où descendent les Bleus, le délégué de l’UEFA les attend avec une surprise : l’arbitre désigné pour ce match, le Suisse Luigi Topolino, s’est désisté. Son frère, professeur de physique à l’université de Genève, a été blessé lors de l’explosion de sa maison dans laquelle on voit la main des services bordures, et il ne s’estime pas capable d’exercer avec impartialité. C’est l’Italien Vincenzo Orlandini, à la compétence indiscutée, qui tiendra le sifflet. Les réjouissances continuent la première nuit : d’abord les bruyantes divagations de deux clients complètement ivres dans un couloir, puis une mystérieuse détonation à l’extérieur, enfin l’arrivée en force de la ZEP qui passe l’hôtel au peigne fin sans un mot d’explication, avec moult piétinements et claquements de portes. Pas étonnant que l’humeur ne soit pas des meilleures le lendemain à attendre l’autocar.

Le Sztadiôn Marzsâl Plekszy-Gladz de Szohôd, peu après son inauguration en 1951 (Archives fédérales allemandes)

Sur la pelouse du Sztadiôn Marzsâl Plekszy-Gladz, large cuvette de béton sans toit et sans fioritures, François Remetter sonde avec quelque inquiétude le vent qui souffle encore plus fort qu’à Colombes, ce qui n’est pas peu dire. L’entraînement terminé, les Bleus sont à peine montés dans leur car que leurs “guides” leur ordonnent, dans leur français épouvantable, de fermer soigneusement tous les rideaux “pour votre sécurit” jusqu’à l’arrivée à l’hôtel. Un petit malin essaiera bien de glisser un regard par une fente pendant le trajet avant qu’une main de catcheur posée sur son épaule ne vienne l’en dissuader. Il aura quand même le temps de chuchoter à ses voisins qu’”il y a des flics et des soldats partout”. À l’hôtel les attendent deux fonctionnaires de l’ambassade de France et un major de la ZEP qui leur explique presque sans accent que c’est aujourd’hui l’exercice annuel de “défense contre une agression impérialiste”. Et on aurait organisé un match international un jour pareil ? Une moue du président Pochonet suffit à confirmer que c’est du pipeau. Pour la même raison, continue le major, la délégation française est priée de rester dans l’hôtel jusqu’au départ pour le stade le lendemain. Après le match, elle sera conduite directement du stade à l’aéroport pour l’avion du retour. Le major parti, l’un des diplomates décrypte : la rumeur court d’une alerte générale pour reprendre un prisonnier évadé le matin même des geôles de la ZEP, dans un château aux limites de la ville. On parle aussi d’un couvre-feu à 18 heures. Le genre de linge sale qu’on ne montre pas aux étrangers et surtout aux Français, alliés historiques de l’ennemi héréditaire syldave. Au moins les Bleus passeront-ils cette fois-ci une excellente nuit, dans le silence de plomb qui règne sur Szohôd.

À l’entrée sur le terrain, il fait toujours aussi mauvais. Le stade est comble, le rouge des maillots bordures et des grandes banderoles exhortant l’amitié entre les peuples est la seule tache de couleur dans un océan de gris qui étouffe le bleu des Français. Les notes de la Marseillaise, elles aussi, se perdent dans la bourrasque. Il n’en va pas de même de l’hymne bordure dont l’“Amaïh ! Amaïh ! Amaïh, Amaïh, Amaïh !” final, scandé avec une ferveur non feinte par 60 000 poitrines, ne manque pas d’impressionner. Les locaux ont fait trois changements depuis Colombes : l’inter Pâl Nädszvedz, l’avant-centre Ioâhym Szträkh, et l’ailier gauche Âlaf Marszâl cèdent respectivement leurs places à Szafyt Szyzik, Jorgen Szparwâsr, et Ivikz Szyrzsâk. Les Bleus, intelligemment, choisissent de jouer contre le vent en première mi-temps, et le combat commence.

Sur la première attaque bordure, Mâszny, porteur du numéro 9, dézone en retrait à la manière d’un Hidegkuti et attire à lui Bob Jonquet. Avec un synchronisme parfait, Szyzik envoie un amour de passe en profondeur dans l’espace libre pour lancer Szparwâsr qui entre dans la surface, résiste au retour de Marche et fusille Remetter d’une mine sous la barre. On joue depuis trois minutes à peine… La défense des Bleus va passer une très mauvaise première mi-temps entre les accélérations de chasseur MiG de Szparwâsr, les remises instantanées de Mâszny, les ouvertures au laser de Szyzik et la sarabande infernale de Szyrszâk sur son aile gauche. À coups de dribbles magiques, de raids le long de la ligne de touche et de centres au cordeau, ce grand escogriffe aussi chevelu que vicieux fait du pauvre Xercès Louis sa chose et désosse presque à lui tout seul l’arrière-garde française. L’inévitable se produit finalement à la 34ᵉ minute, sur un nouveau débordement de Szyrszâk face à un Louis encore aux fraises. De son perchoir, le commentateur de Radio-Szohôd s’égosille : “En retrait pour Szyzik ! En retrait pour Szyzik !” La remise aux seize mètres dans la course du numéro 10 bordure est parfaite, le plat du pied à ras de terre sur la droite de Remetter aussi, poteau rentrant et 2-0. Il faut tout le talent du gardien sochalien, qui réalise peut-être son meilleur match en Bleu ce jour-là, pour que l’addition ne soit pas plus lourde à la pause.

Les remplacements n’étant pas autorisés en 1955, Albert Batteux prend la décision rarissime de permuter Marche et Louis, à une époque où polyvalence est un mot grossier chez les défenseurs. Bien vu, pourtant : à la reprise, le Sanglier des Ardennes, pas vraiment un poète, va assez vite rétablir un ordre musclé face à Szyrszâk pendant que Louis réussira à museler le 7 bordure, Zmôlrykz, un adversaire plus à sa taille. Petit à petit, les Tricolores posent leur jeu et reviennent au score à la 63ᵉ minute sur un copier-coller de leur premier but contre l’URSS(1) : après une bonne intervention devant Mâszny, Remetter relance à la main pour Marcel qui monte côté droit et trouve Kopa en profondeur. Celui-ci dribble Htämbâszr et Szâmerz, évite pour une fois la charge de Sztâmz et trompe enfin ce diable de Piôtz d’un tir croisé. D’un coup, Zsôrsz Bôszner est devenu plus nerveux sur le banc bordure et aboie ses ordres entre deux de ces Mazedoniya qu’il fume à la chaîne, cherchant une solution. Celle-ci viendra de manière inattendue à la 81ᵉ minute quand le demi Htämbâszr, sur un ballon gratté par Szâmerz dans l’axe, envoie une frappe phénoménale de près de 30 mètres – contre le vent, s’il vous plaît – qui nettoie la lucarne droite de Remetter et fait rugir le stade. “Une clameur, une démonstration de la force populaire bordure qui s’entend sans doute jusqu’à Klow, chers auditeurs !” exulte le reporter de Radio-Szohôd à son micro. À défaut de messe au pays du matérialisme dialectique, l’issue de la partie est dite et l’élimination des Bleus consommée. Derrière les rideaux tirés du car pour l’aéroport, puis dans le vol pour Paris, règne un silence de catastrophe avant l’ouragan médiatique que tous savent inévitable. Le commentaire le plus mesuré viendra de France Football : “L’équipe de France manqua si totalement d’envergure sur le plan offensif qu’elle fit figure de victime avant même d’être battue”.(2) Le reste descendra en invectives, chasses au bouc émissaire, et appels à la purge à la Fédération qui resteront finalement sans suite. 30 ans plus tard, à l’occasion d’un reportage-souvenir, Bob Jonquet résumera l’affaire d’une formule lapidaire : “En fait, après le match aller, on les avait un peu pris pour des Schtroumpfs, et c’est eux qui nous ont bien schtroumpfés.”(3)

Remetter et Kopa après le coup de sifflet final synonyme d’élimination

Avec le recul du temps, le coup de bordure de Szohôd aura été un salutaire coup de pied aux fesses des Bleus qui sauront se remettre en question, rafraîchir leurs cadres et leurs habitudes, et jeter les bases de la glorieuse épopée de 1958. L’empire moustachiste, lui, sera battu sans discussion en quarts (0-1, 0-2) par les champions du monde ouest-allemands qui compléteront le dernier carré avec la magnifique Hongrie de Puskas, Kocsis et Czibor, une séduisante Suède déjà bien en route pour “sa” Coupe du monde, et une surprenante Pologne. Un peu par défaut, la RFA sera choisie comme hôte de la phase finale, prévue pour juillet 1956, avant que l’Histoire tout court ne rattrape celle du football. Deux semaines avant le tournoi, Pologne et Hongrie déclareront forfait à la surprise générale, l’une en réponse à de prétendus “actes de subversion” de “provocateurs” ouest-allemands sur son sol, l’autre au nom de la “solidarité entre pays frères” imposée par Moscou. On apprendra plus tard que le prétexte est celui-là même fabriqué par le gouvernement polonais pour justifier la sanglante répression des grèves de juin à Poznań, mais le mal est fait : il n’y aura pas de champion d’Europe des Nations cette année-là. La Hongrie, archi-favorite, se verra ainsi frustrée d’une revanche de 1954 sur la RFA et d’un nouveau titre qui lui tendait les bras, ce qui contribuera à alimenter un mécontentement populaire qui trouvera son épilogue sous les chenilles des chars soviétiques trois mois plus tard.

Coupe d’Europe des Nations 1956, huitièmes de finale retour

Samedi 12 novembre 1955, Sztadiôn Marszâl Plekszy-Gladz, Szohôd

Bordurie-France : 3-1 (aller 0-0)

Bordurie (WM) : 1 Krysztiân Piôtz –  2 Mârk Dzsûba, 5 Szâpp Zstâmz, 3 Miszäl Rânkynz – 6 Frântszyk Htämbâszr, 4 Matâzs Szâmerz –  7 Vlädmyrz Zmôlrykz, 8 Jorgen Szparwâsr, 9 Mârianz Mâszny, 10 Szafyt Szyzik, 11 Ivikz Szyrzsâk.

Entraîneur : Zsôrsz Bôszner.

France (WM) : 1 François Remetter – 2 Xercès Louis, 5 Robert Jonquet, 3 Roger Marche – 6 Armand Penverne, 4 Jean-Jacques Marcel – 7 Jacques Foix, 8 Roger Piantoni, 9 Raymond Kopa, 10 Léon Glovacki, 11 René Bliard.

Entraîneur : Albert Batteux.

60 000 spectateurs. Arbitre : Vincenzo Orlandini (Italie).

Buts : Szparwâsr (3ᵉ), Szyzik (34ᵉ), Htämbâszr (81ᵉ) pour la Bordurie, Kopa (63ᵉ) pour la France.

Notes:

  1. Adapté de La fabuleuse histoire du football, J.-Ph. Réthacker et J. Thibert, éditions de la Martinière.
  2. Citation reprise du même périodique après Italie-France (2-1) le 5 mai 1962.
  3. Inspiré des propos de Jean-Michel Godart, gardien du Stade Lavallois, après l’élimination du Dynamo Kiev au premier tour de C3 1983-84.

g-g-g pour Pinte de Foot

11

32 réflexions sur « Bordurie-France 1955, journées chaudes à Szohôd »

  1. Bel article qui ravive de grands souvenirs. Bien des années plus tard, on me parlait encore de ce match, c’est dire s’il avait marqué les esprits.
    Faudrait aussi parler du football syldave qu eut son heure de gloire dans les années 30.
    En revanche les noms bordures, c’est un peu too much.
    Publié en 56, « L’affaire Tournesol » fut le premier Tintin contemporain qu’on m’offrit. C’est le seul album original que je possède. S’il n’était pas dans un état moyen, il vaudrait une fortune. Sa lecture m’a marqué à jamais. C’est mon préféré avec « Le Lotus bleu », comme pour beaucoup de gens.

    1
    0
    1. Joli, Guybrush. C’est bien celui-là, rebaptisé Stadion der Weltjugend à la tombée en disgrâce d’Ulbricht, puis démoli après la réunification allemande. Le site accueille à présent le nouveau siège du BND, la DGSE allemande. Le colonel Sponsz apprécierait.

      0
      0
      1. J’avais déjà vu des photos de ce stade. Rasé pas longtemps après la réunification?

        0
        0
      2. Démoli en 1992 dans la cadre de la candidature de Berlin aux JO 2000, puis quinze ans de friche avant que les espions commencent à y préparer leur installation.

        0
        0
  2. Il y a beaucoup, beaucoup de talent derrière tout cela, bravo.

    Moi qui n’ai pourtant absolument aucun intérêt pour les uchronies, je dois concéder avoir à chaque fois (car souvenir de Khiadia, aussi) passé un très bon moment.

    Par contre je ne sais de quoi je suis ici le plus admiratif… L’idée? Sa mise en oeuvre? Ou, il me semble, la précision chirurgicale de la graphie de ces noms (NB : y en a deux que je ne parviens pas à remettre)?

    Hergé? Ce fut certainement analysé sous toutes les coutures, par des types bien plus malins et férus du sujet que moi mais, dans les grandes lignes : l’on aboutit probablement toujours autour de plutôt voire franchement conservateur + ordre catho + influence du scoutisme + anti-communisme.. Je n’ai rien de bien malin/original à en dire, sinon inviter toujours à contextualiser, + considérer aussi dans son oeuvre le parti pris manifeste de Hergé pour les opprimés.

    NB : la source de ces « Amaïh » n’est pas balkanique ni Mittel-Europa : c’est du brusseleir. Je le précise parce que, pendant des années, gamin : je me suis amusé à essayer de reconnaître la source d’inspiration de ces toponymes, patronymes..et en l’espèce ce « Amaïh » a dû laisser pas mal d’exo-Belges perplexes.

    0
    0
    1. Débordurisée, l’équipe aux grosses moustaches devient : Piot – Dziuba, Stam, Renquin – Stambachr, Sammer – Smolarek, Sparwasser, Masny, Susic, Surjak. De quoi le faire contre à peu près n’importe quel adversaire… pauvres Bleus de 1955 !

      0
      0
    1. Elle a fait un essai et, au moment de l’“Amaïh ! Amaïh ! Amaïh, Amaïh, Amaïh !” final, toutes les vitres ont explosé à 100 mètres à la ronde. La ZEP l’a discrètement exfiltrée et a mis une chape de plomb sur l’incident pour ne pas attirer l’attention sur les recherches bordures dans le domaine des armes soniques.

      0
      0
    1. Claudio
      Je ne connaissais pas Nick Rodwell…
      Au moins, ils n’ont pas osé continuer la serie sans Hergé. Quand tu vois le résultat pour d’autres personnages, c’est triste…
      C’est sympa à Bruxelles de tomber fréquemment en se promenant sur des fresques représentant les grands personnages belges. Suis pas resté longtemps mais je me suis senti bien dans cette ville.

      0
      0
      1. La Belgique a taillé à ce type une réputation épouvantable.. alors qu’il y a effectivement matière aussi à saluer son boulot : le fait est qu’il a sanctuarisé l’oeuvre d’Hergé.. tout en se (la veuve et lui) réservant bien sûr de pouvoir exploiter le filon Tintin, certes.. mais c’est au fond légitime, est au final plutôt positif.. et a même contribué à stimuler une production alternative inventive et parfois pour le moins WTF (« la vie sexuelle de Tintin », de l’iconoclaste Jan Bucquoy, n’est que la face la plus connue du bazar).

        Beaucoup de jaloux parmi ses détracteurs (ben oui, ce type n’est même pas belge, blablabla). Et d’opportunistes qui espéraient gagner des pépètes en surfant sur l’univers-Tintin.

        Au final : un musée de qualité, une collaboration plutôt réussie avec Spielberg (qui artistiquement tranche positivement avec les ratés sortis du vivant de Hergé).. des procès aussi!, ce qui eut le mérite de foutre un peu d’ambiance/pagaille dans ce pays « un chouia » ronronnant et amorti……….. Well done!

        0
        0
      2. De toute façon l’inspiration de Hergé tendait d’album en album à se tarir, ça parlait de la Castafiore.. J’adore cet album..mais c’est un album où il ne se passe.. absolument rien! (concept d’ailleurs génial)

        Un capitaine Haddock allergique à vie au whisky? Un Prof Tournesol cultivant des roses? Milou copain avec un chat? Un assureur de plus en plus souvent dans les parages? Tout cela sentait bon l’embourgeoisement, le temps semblait venu de se poser.

        0
        0
  3. Quand on voit les deux derniers Tintin aux scénarios et aux gags assez moyens, on se dit qu’un autre dessinateur aurait très bien pu continuer et renouveller la série avec d’autres idées. Dans l’ensemble, je trouve la série Blake et Mortimer très bien continuée.

    0
    0
    1. As-tu déjà lu l’Alph-Art, le dernier tome sur lequel travailla Hergé?

      De tête, sur la dernière planche disponible : Tintin va se faire transformer en statue.. Ca n’engage que moi!, mais il y a là matière à lire entre les lignes ce que souhaitait Hergé pour sa création.

      Initialement, ce devait même être une oeuvre conceptuelle, sans fil conducteur aucun : le lecteur devenait seul maître à bord, à lui de déterminer la trame (Cf. ces livres pour la jeunesse, ces livres « dont vous êtes le héros »). Comme si Hergé abandonnait la partie. (NB : il abandonna finalement le concept, intenable, mais..)

      Si oui : un auteur a toujours raison!

      0
      0
    2. C’est compliqué de perpétuer l’esprit Tintin.. car compliqué de perpétuer l’humour propre aux Tintin! : il est profondément belge, c’est-à-dire fondé sur l’absurde (les Dupondt s’emmêlant les pinceaux, le sparadrap, Tournesol…….. un sommet en est peut-être la passe d’armes avec le Cirque Hipparque), sur les interférences culturelles (parentes de l’absurde) et sur une résilience aux accents de bon sens / fatalisme populaire (premier exemple auquel je pense : Haddock sur le bûcher, répondant « Vous appelez ça de la musique, vous », tandis que les Incas s’apprêtent musicalement à les faire rôtir)……

      L’humour est universel quand il est bon et Hergé avait beaucoup d’humour. Surtout : ses figures sont pétries d’humour belge.. alors trouver un autre Hergé, ben?? En Belgique, aucun scénariste ne savait mêler grande intrigue/aventure et humour, Cauvin s’en approcha peut-être, mais..???

      Et hors-Belgique : ben l’humour n’est plus le même. Le plus souvent plus bavard et acide/ »cruel » en France, Allemagne et Pays-Bas au secours……….. Un Anglais à la rigueur??

      0
      0
      1. Ses collègues et élèves auraient très bien pu faire le job: Bob de Moor, Willy Vandersteen, etc…

        1
        0
      2. Ah oui, Vandersteen cochait toutes ces cases, tu as raison. Mais ses scénarios étaient plus puérils, immatures. Hergé se nourrissait de l’actualité, du monde réel. Chez Vandersteen : la source scénaristique est un bestiaire de créatures fantastiques, de machines à voyager dans le temps…….

        Quoique, vu les extraterrestres à la fin du vol pour Sydney, le Yeti……… Il aurait pu s’inscrire dans le déclin de l’oeuvre, accompagner certaine facilité à laquelle avait sur la fin cédé Hergé.

        Pour ma part c’est parfait comme ça. Surtout avec cet ultime (??) tome inachevé, et dont l’on ne saura probablement jamais rien de la fin escomptée.

        0
        0

Laisser un commentaire