La Coupe du monde 1938 ou « l’esprit de Munich »

« Si nous agissons habilement, nous pourrons placer l’actuelle FIFA totalement sous l’influence de l’Axe et isoler encore plus l’Angleterre. »

Peco Bauwens, membre allemand du comité exécutif de la FIFA (1932-1942), octobre 1940.

« L’hostilité vis-à-vis de l’Allemagne ne représentait pas la volonté du peuple britannique : c’était l’œuvre des Juifs. »

Nevile Henderson, ambassadeur du Royaume-Uni en Allemagne (1937-1939), août 1939.

La Coupe du monde 1938, organisée en France, est trop souvent méconnue. La gigantesque conflagration mondiale qui la suivit immédiatement semble en avoir fait une « Coupe du monde oubliée » (Victor Sinet). « L’esprit de Munich » qui y régna a sans doute aussi participé de son effacement des mémoires françaises.

La candidature française et les premiers préparatifs

C’est Jules Rimet, à l’époque président de la FIFA et de la FFFA, qui fut à l’origine de la candidature française. Il espérait que, de la sorte, son pays remportât le trophée. Sachant les réticences naturelles de l’Etat à financer le football, jugé trop professionnalisé, alors qu’il hésitait moins à subventionner les compétitions omnisports comme les JO, Rimet voulut d’abord intégrer la Coupe du monde à l’Exposition internationale de Paris (1937) qui devait accueillir un tournoi de football. Placé sous le thème général de l’Exposition (« Arts et techniques de la vie moderne »), le football aurait dès lors reçu le soutien de l’Etat. Mais le projet capota et fut abandonné en avril 1936.

Au congrès de la FIFA de Berlin, en août 1936, la FFFA renouvela sa candidature, cette fois pour 1938. Mais elle se heurta à la concurrence argentine, qui bénéficiait de solides arguments. D’une part, elle pouvait faire valoir le principe de l’alternance des continents, puisque la Coupe du monde 1934 avait eu lieu en Italie. D’autre part, elle pouvait mettre en avant la stabilité économique et politique de l’Amérique du Sud, à l’opposé d’une IIIe République toujours aussi instable et désormais dirigée par le Front populaire, et d’une France qui tardait à sortir de la crise économique.

Surtout, l’absence de soutien de l’Etat en France était très handicapante. Alors que les Argentins avaient entrepris des travaux pour la construction d’un grand stade de 100 000 places, la France ne semblait pas en mesure de se doter de telles structures. En effet, en juillet 1936, Léo Lagrange, sous-secrétaire d’Etat aux Sports, tempêtait son opposition au sport-spectacle : « Pas un crédit pour les stades où cinquante mille spectateurs contemplent vingt ou trente acteurs, mais pour chaque ville ou village, la piste, la piscine, le terrain ! » Finalement, grâce à l’influence et à la force de persuasion du président de la FIFA, le congrès valida la candidature française à une large majorité (19 voix sur 24).

Mais, comme l’Etat refusait toujours de s’engager, l’Allemagne et l’Italie se mirent sur les rangs. Leurs représentants à la FIFA affirmèrent qu’ils étaient prêts à accueillir la compétition si la France venait à se désister. L’orgueil français fut alors touché. On connaissait l’importance, pour le prestige du pays, de l’organisation réussie d’une telle compétition. Les JO de Berlin étaient encore tout frais. Puisque l’Etat ne voulait pas mettre la main à la poche, les municipalités s’en chargèrent, avec le concours de la FFFA. Le stade de Colombes, où devait se dérouler la finale, fut modernisé et agrandi (60 000 places). Les stades d’Antibes, Le Havre, Lille, Reims, Strasbourg et Toulouse furent aussi agrandis. A Bordeaux et Marseille, de nouvelles enceintes furent construites.

Le stade du Fort Carré, à Antibes, lors de Suède-Cuba le 12 juin 1938.

Les participants

Pour la première fois dans l’histoire de la compétition, le tenant du titre (l’Italie) et le pays organisateur (la France) furent qualifiés d’office. 21 équipes, sur 34 engagées au départ (nombreux forfaits), disputèrent donc des tours préliminaires pour désigner les 14 participants manquants.

Les principaux forfaits à noter sont ceux de la presque totalité des pays sud-américains, à l’exception du Brésil. D’un côté, l’Uruguay continuait à ignorer les Coupes du monde européennes comme les Européens avaient ignoré la Coupe du monde uruguayenne de 1930. Mais, plus encore, c’est l’affaire « Pérou-Autriche » de 1936 qui cristallisa les rivalités entre les deux continents majeurs du football. Au tournoi de football des JO de Berlin, les Péruviens étaient les seuls représentants de l’Amérique du Sud. Opposés en quarts de finale aux Autrichiens, les joueurs des Andes parvinrent à arracher la prolongation (2-2). Mais, à la mi-temps de celle-ci, les supporteurs péruviens envahirent la pelouse et attaquèrent les joueurs autrichiens. L’un d’entre eux fut frappé. Le match reprit et les Autrichiens encaissèrent deux nouveaux buts. La délégation autrichienne fit appel. Or, le jury d’appel était composé essentiellement de membres européens. Il statua en faveur de l’Autriche et proposa donc de rejouer le match. Les Péruviens refusèrent, criant au complot, et quittèrent l’Allemagne. Déjà en froid avec les associations européennes, les Sud-Américains prirent partie pour les Péruviens dans cette affaire et, à l’exception des Argentins et des Uruguayens, menacèrent même de quitter la FIFA. L’Argentine, qui s’était d’abord inscrite pour les éliminatoires, se retrouva ainsi seule avec son vieux rival continental : le Brésil. Malgré la pression du peuple argentin, l’équipe nationale se désista et laissa le Brésil prendre la route de l’Europe sans jouer.

En Asie, le Japon déclara forfait compte tenu de la mobilisation du pays, entré en guerre avec la Chine en juillet 1937. Les Indes néerlandaises furent ainsi le représentant, unique, du plus vaste continent du monde. En Amérique centrale et du Nord, tous les engagés déclarèrent forfait sauf Cuba. L’Afrique et l’Océanie n’étaient de toute façon pas invitées.

En Europe, outre le forfait traditionnel des Britanniques, il fallut aussi statuer sur le cas de l’Espagne. Quarts de finaliste en 1934, les Espagnols vivaient dans un pays coupé en deux. La fédération espagnole, républicaine, s’était installée à Barcelone, tandis qu’une nouvelle fédération, nationaliste, vit le jour à Saint-Sébastien. Si les régimes nazi et fasciste soutenaient la fédération de Saint-Sébastien, la FIFA joua la prudence et refusa toute participation à l’équipe d’Espagne. De son côté, l’URSS s’était mise hors-jeu volontairement. Méprisant le sport bourgeois, les Soviétiques privilégiaient l’Internationale du sport communiste et refusèrent donc de participer à la Coupe du monde. Ainsi, l’Allemagne et la Suède se qualifièrent dans un groupe totalement déséquilibré qui comptait aussi l’Estonie et la Finlande, la Norvège disposa de l’Irlande, la Pologne de la Yougoslavie, la Roumanie bénéficia du forfait de l’Egypte tandis que la Suisse se qualifiait aux dépens du Portugal et que la Hongrie écrasait la Grèce 11 buts à 1, une équipe de Grèce qui s’était qualifié en battant au tour précédent l’équipe de la Palestine encore sous mandat britannique. Pour finir, la Tchécoslovaquie, finaliste en 1934, élimina la Bulgarie, l’Autriche se qualifia en battant la Lettonie à Vienne (au tour précédent, la Lettonie avait éliminé la Lituanie), et la Belgique et les Pays-Bas se qualifièrent dans un groupe à trois qui comptait aussi le Luxembourg…

Jules Rimet, dont le rêve pour le football était l’apolitisme et la promotion du pacifisme, obtint d’organiser le tirage au sort dans le fameux salon de l’horloge du Quai d’Orsay. Là où avait été signé le pacte Briand-Kellogg, en 1928, qui mettait la guerre hors-la-loi ! C’est d’ailleurs le petit-fils du président de la FIFA et de la FFFA, le jeune Yves Rimet (10 ans), qui fit le tirage. Il désigna les huit têtes de série ainsi que leurs opposants.

Voici le programme des huitièmes de finale (5 juin) :
Allemagne-Suisse à Paris (match d’ouverture le 4 juin).
France-Belgique à Paris.
Hongrie-Indes néerlandaises à Reims.
Cuba-Roumanie à Toulouse.
Italie-Norvège à Marseille.
Brésil-Pologne à Strasbourg.
Pays-Bas-Tchécoslovaquie au Havre.

Tirage au sort de la Coupe du monde 1938. Jules Rimet tient l’urne dans laquelle pioche son petit-fils.

La politique s’invite dans le football : les cas italien et allemand

L’Italie disposait probablement de la meilleure équipe du monde. Champions du monde en 1934 et champions olympiques en 1936, les Italiens, on l’a vu, furent automatiquement qualifiés pour la compétition. Véritable porte-drapeau du régime fasciste, la Nazionale permettait d’augmenter le prestige de Mussolini et de l’Italie. Quoique les relations entre la France et l’Italie s’étaient tendues à partir de 1935 (condamnation par la France, à la SDN, de l’invasion de l’Ethiopie) et que les Français étaient au courant des volontés italiennes de politiser à outrance les manifestations sportives internationales, les relations entre la FFFA et la FIGC restaient bonnes comme en témoigne l’organisation de matchs amicaux entre les deux sélections, à Paris en décembre 1937 puis à Naples un an plus tard. Peut-être le gouvernement français et la FFFA n’avaient-ils pas pris toute la dimension de l’importance accordée à l’événement par les journalistes et le pouvoir transalpins. En effet, à l’époque, le cyclisme passionnait les foules bien plus que le football et l’équipe de France ne pouvait prétendre jouer un rôle majeur sur la scène mondiale (au contraire de l’équipe d’Italie).

L’Allemagne faisait aussi partie des favoris. Demi-finalistes en 1934, les Allemands bénéficiaient de l’appui des joueurs autrichiens, eux aussi demi-finalistes en 1934. A l’image des gouvernements occidentaux, et fidèle à sa logique de « dénégation du politique », la FIFA avait en effet ratifié sans difficulté l’Anschluss de mars 1938 qui enterrait définitivement le célèbre Wunderteam et empêchait sa vedette Matthias Sindelar d’exprimer son talent sur les pelouses de France. Ainsi, bien que le régime nazi fixa un quota à l’intégration des joueurs de l’Ostmark (cinq « Autrichiens » maximum sur le terrain), l’équipe du Reich était, sur le papier, une des plus fameuses formations du continent. A l’image de l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie accordait une grande importance au prestige sportif et entendait subvertir l’ordre politique en subvertissant d’abord l’ordre sportif et en l’utilisant comme un cheval de Troie pour prouver la faiblesse des « ploutocraties » occidentales. L’organe officiel du parti nazi, le Völkischer Beobachter, dépêcha même des journalistes en France. Malgré les avertissements de l’ambassadeur de France à Berlin, André François-Poncet, les démocraties occidentales ne prirent pas conscience du danger nazi qui exaltait le nationalisme et le « fanatisme » des Allemands à travers le sport. En témoigne cet incroyable match de football, disputé le 14 mai 1938 (deux mois après l’Anschluss) au stade olympique de Berlin, au début duquel, alors qu’on jouait l’hymne allemand, les footballeurs anglais, à la demande des plus hautes autorités politiques et sportives du Royaume-Uni, adressèrent le salut hitlérien aux dignitaires nazis présents ! S’ils remportèrent la confrontation sportive (6 buts à 3), les Britanniques s’inclinèrent lamentablement sur le terrain politique et diplomatique. Et ce n’était qu’un début !

L’équipe nationale d’Angleterre effectuant le salut nazi, en même temps que l’équipe nationale d’Allemagne, le 14 mai 1938 à Berlin.

L’Italie dans la Coupe du monde

Le 4 juin à 17 heures, la Coupe du monde commença par un salut hitlérien au Parc des Princes. Les Allemands étaient opposés aux Suisses. Mais les joueurs sélectionnés par Sepp Herberger furent incapables de faire sauter le verrou : les deux équipes se séparèrent sur un match nul 1-1 après la prolongation. Cinq jours plus tard, le match fut rejoué. Menant 2-0 après 22 minutes, les Allemands furent finalement défaits 2-4.

Le 5 juin, à Marseille, le champion du monde en titre défia une modeste équipe norvégienne composée d’amateurs à court de compétition. Malgré un public hostile formé d’immigrants antifascistes et de Français favorables aux Norvégiens, la Nazionale se qualifia pour le tour suivant. Elle dut cependant recourir à la prolongation et bénéficia probablement d’un coup de pouce de l’arbitre allemand (2-1).

Dans le même temps, la France écartait, non sans mal, une valeureuse équipe de Belgique (3-1). Cette victoire permettait de concrétiser le match tant attendu et tant fantasmé de cette Coupe du monde : France-Italie à Colombes, l’hôte contre le tenant ! Si la rencontre avait surtout une teneur sportive pour les Français, elle revêtait une importance tout autre pour les fascistes qui voulaient prouver leur supériorité par rapport aux démocraties libérales. De part et d’autre, tous les espoirs étaient permis puisque l’équipe de France avait réussi à tenir en échec les maîtres italiens le 5 décembre 1937 au Parc des Princes (0-0). Certes, il avait fallu un Laurent Di Lorto en état de grâce…

En fait de football, de match il n’y en eut pas. Volontaires mais terriblement limités, les Français furent éliminés sans les honneurs (1-3). Mais le match se déroula en réalité sur un tout autre terrain. En effet, au moment de l’entrée des équipes, les Italiens apparurent tout de noir vêtus ! Maillot, short et chaussettes. Le noir, ne l’oublions pas, c’est la couleur traditionnelle du fascisme. Les « chemises noires ». Ce n’était plus une équipe de football, c’était une parade fasciste, la Marche sur Rome en plein Stade Yves du Manoir, rempli de plus de 58 000 spectateurs qui huèrent les joueurs transalpins et lancèrent des cailloux dans les filets d’Aldo Olivieri !

Rescapés de la « bataille de Bordeaux » (trois expulsés lors de Brésil-Tchécoslovaquie, match d’ailleurs rejoué puisque nul 1-1), les Brésiliens se virent opposés aux Italiens en demi-finale. La rencontre eut lieu une nouvelle fois à Marseille. Et, une nouvelle fois, l’hymne fasciste fut copieusement hué. Mais les Italiens l’emportèrent 2-1, face à des Sud-Américains privés de leur avant-centre Leônidas (blessé).

En finale, le 19 juin, les Italiens retrouvèrent les Hongrois, faciles vainqueurs de leurs confrontations précédentes : 6-0 contre les Indes néerlandaises, 2-0 contre la Suisse et 5-1 contre la Suède ! Sûrs de leurs forces, les coéquipiers de Giuseppe Meazza ne firent qu’une bouchée des Magyars (4 buts à 2). Présent pour l’occasion, le président de la République Albert Lebrun salua les 22 joueurs avant le début de la rencontre. Au moment de récupérer le trophée mondial des mains du président français tout sourire, le capitaine de la Nazionale, membre éminent de l’Ambrosiana-Inter, adressa au vieil homme (67 ans) un vigoureux salut fasciste ! Scène irréelle, qu’on peut rétrospectivement voir comme annonçant la déroute des démocraties européennes face aux dictatures. Scène délirante, qui prêta lieu à des caricatures et des commentaires hystériques, la Gazzetta dello sport voyant dans la victoire des joueurs de Vittorio Pozzo une « apothéose du sport fasciste au stade de Paris. »

Conclusion

Une question revient, lancinante, surtout au regard des provocations ouvertes et tant de fois répétées : pourquoi une telle tolérance ? Si l’ambiance pacifiste de l’époque et « la politique de l’apolitisme » (Jacques Defrance) conduite par la FIFA et la FFFA ne sont pas étrangères à cette apathie, il ne faut pas non plus négliger, de la part d’une partie des élites françaises et britanniques, une indubitable sympathie (voire, parfois, admiration) pour les régimes d’ordre italiens et allemands. Ainsi, dans un article intitulé « Comment s’en sortir » (Miroir des Sports du 9 septembre 1938), Gabriel Hanot prenait l’Italie et l’Allemagne en exemples : « L’Etat se désintéresse du sport contrairement aux pays totalitaires où le sport est une institution nationale, une démonstration de racisme régénérateur, un moyen de propagande. »

Au total, si la Coupe du monde 1938 n’annonçait pas la guerre (les footballeurs français se déplacèrent à Naples en décembre 1938 et des sportifs français participèrent à une rencontre d’athlétisme à Munich en juillet 1939) ni ne figeait les équilibres politiques à l’aune des résultats sportifs (l’Italie s’effaça progressivement devant l’Allemagne), il est indubitable qu’elle fut partiellement transformée en tribune de propagande par les régimes nazi et, surtout, fasciste. Succès populaire (plus de 20 000 spectateurs en moyenne) et financier (plus de 5 000 000 de francs de bénéfices), la Coupe du monde 1938 participa aussi, un temps, à renforcer le prestige de la France. Prestige qui se noya très vite, trop vite, dans les tempêtes des années suivantes.

Littérature

– Jacques Defrance, « La politique de l’apolitisme (sur l’autonomisation du champ sportif) », Politix, 50, 2000/2, pages 13-27.
– Victor Sinet, La Coupe du monde oubliée, Alan Sutton, 2002.
– Paul Dietschy, Yvan Gastaut, Stéphane Mourlane, Histoire politique des Coupes du monde de football, Vuibert, 2006.
– Joan Tumblety, « La Coupe du monde de football de 1938 en France (émergence du sport-spectacle et indifférence de l’Etat) », Vingtième siècle, 93, 2007/1, pages 139-149.
– Paul Dietschy, Histoire du football, Perrin, 2010.

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19 réflexions sur « La Coupe du monde 1938 ou « l’esprit de Munich » »

      1. Salut Hincha! J’avais également quelques cartes postales d’époque de stades espagnols. Me rappelle en particulier une du Nou Camp. Sans oublier les timbres. Là y quelques pieces intéressantes.

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  1. Dommage que la génération 36 du Perou n’ait pu participer. Teodoro Fernández et Alejandro Villanueva sont des mythes absolus de ce pays.
    Une question… Le Sporting Cristal était déjà le troisième larron du foot péruvien à l’époque?

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  2. Merci Bobby le pédagogue ! Si je puis me permettre, la stabilité de l’Amérique du sud est toute relative dans les années 1930. C’est ce qu’on appelle plus tard la décennie infâme en Argentine à la suite du coup d’état d’Uriburu, c’est le coup d’état de Vargas au Brésil à la même période…

    Comme tu le mentionnes, Pozzo est le grand architecte de la victoire italienne. Ce que l’on connait moins, c’est son travail de journaliste pendant la Coupe du monde : les comptes-rendus des matchs dans La Stampa, c’est lui qui les rédige ! Et ce sont de très longs articles, détaillés, mettant en exergue l’ambiance de fête régnant en France (il parle du respect des spectateurs français en quarts de finale) et la valeur des adversaires. Evidemment, selon le scénario des matchs, il exalte la domination technique des joueurs italiens, l’excellence de la préparation physique ou encore la force mentale de ses garçons. Ce sont des papiers très bien écrits qui lissent les aspérités et mettent en valeur les joueurs alternativement. Olivieri, le gardien blessé par une charge norvégienne à Marseille, est le héros courageux choisi par Pozzo pour faire oublier une prestation médiocre (il ne masque pas les difficultés italiennes mais il détourne l’attention).

    Je suggère que désormais Didier Deschamps rédige les articles à la gloire de l’EDF !

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    1. La difficulté des Italiens à battre la Norvege n’est pas si étonnante que ça. Deux ans auparavant, l’Italie avait battu les Norvégiens en prolongations lors de la demi-finale des J.O!
      Jørgen Juve est certainement le joueur à mettre en lumière. Sportif, juriste, écrivain, un passage en Suisse, il est toujours le meilleur buteur de la sélection norvégienne. Sacré exploit vu la multiplication des matchs internationaux. Il était par contre absent lors du Mondial 38.

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  3. « Mais les Italiens l’emportèrent 2-1, face à des Sud-Américains privés de leur avant-centre Leônidas (blessé). »

    Bon… Peut-être. Blessé ou préservé pour la finale selon d’autres versions. Et puis il existe la thèse de Niginho, membre de la Seleção selon laquelle Leônidas fut acheté par les Italiens pour ne pas jouer. Cela vaudra une procédure judiciaire à Niginho, incapable de prouver ces allégations.

    Contre l’Italie, le Brésil souffre donc de l’absence de Leônidas. Mais durant presque toute la compétition, le sélectionneur Pimenta se prive du maître à jouer de l’équipe, Tim, coupable d’avoir un peu trop profité de la vie sur le transatlantique et à l’arrivée en France. Tim avait probablement été le meilleur brésilien de la Copa 1937 perdue sur le fil en Argentine contre l’Albiceleste.
    Tim absent, Leônidas officiellement blessé, Niginho aurait dû jouer contre l’Italie. Niginho, Leonidio Fantoni de son vrai nom. Au début des années 1930, avec son frère et son cousin, il évolue à la Lazio et est un des membres de la Brasilazio dont un article récent relate la génèse. Il fuit l’Italie en 1935 après l’invasion de l’Ethiopie pour éviter d’être mobilisé. Déserteur selon les autorités militaires italiennes, il semble bien que Mussolini soit intervenu auprès de la FIFA en 1938 pour l’empêcher de jouer contre la Nazionale, amoindrissant encore un peu plus les chances brésiliennes.

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      1. Spectaculaire!

        Des supporters italiens firent-ils le déplacement pour Marseille? Ce n’est pas bien loin, après tout. Et leur chauvinisme tournait pleins pots.

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      2. Je ne sais pas s’il y eut des Italiens qui firent le déplacement de la Botte en France. Mais, en mai 1934, le tourisme sportif de la France vers l’Italie exista bel et bien. On peut donc imaginer que la réciproque fut vraie quatre ans plus tard.

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      3. Si j’en crois Pozzo dans La Stampa (mais faut il le croire), la réponse est oui. Outre les officiels, il parle d’un millier de tifosi venus d’Italie et de 200 Norvégiens.

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