L’équipe-type des joueurs lents

Vous l’ignoriez probablement, mais le 21 juin est la journée internationale de la lenteur. Après tout, l’été arrive et il faut bien ralentir le rythme pour éviter de se blesser ou de renverser son pastis. Voici donc onze joueurs sélectionnés pour ne surtout pas aller trop vite.

Rien ne sert de courir, il faut plonger à temps.

Gardien :

José Luis Chilavert (Paraguay)
Le gardien tireur de coup-francs qui a brillé lors de la Coupe du monde 1998 n’est pas connu pour sa vivacité. Son surpoids a gâché son passage à Strasbourg et la suite de sa carrière n’a pas été meilleure. Mais cela ne l’a pas empêché de bien garnir son armoire à trophées.

Défenseurs :

Jérôme Boateng (Allemagne)
Précis et efficace dans le jeu long, Boateng est moins rassurant lorsque c’est l’attaquant adverse qui a le ballon. Mais l’ancien du Bayern a une longue expérience et sait bien se placer (si on lui en laisse le temps).

Per Mertesacker (Allemagne)
Pilier du Werder Brême, d’Arsenal et de la Mannschaft, Mertesacker a connu une carrière riche en événements sans trop se soucier de sa vitesse. Comme quoi on peut être champion du monde même en tirant une caravane.

Alex (Brésil)
Quand on vous surnomme « le tank », ce n’est pas pour rien. Formé à Santos puis brillant à Chelsea et au PSV Eindhoven, le défenseur brésilien a passé sa carrière à justifier son surnom en remportant ses duels au physique. Une sorte de ligne Maginot à lui tout seul, moyennement pratique quand il s’agit de se déplacer.

Milieux de terrain :

Sergio Busquets (Espagne)
Qui mieux que Busquets symbolise la lenteur au milieu de terrain ? Lent avec et sans ballon, Busquets est pour l’éternité lié au Barça de Guardiola, quand les joueurs avaient pour consigne de marquer en marchant.

Ivica Osim (Yougoslavie)
Professionnel pendant les années 1960 et 1970, le milieu yougoslave est lié au Željezničar Sarajevo. Il y a passé l’essentiel de sa carrière de joueur à une époque où le Rideau de Fer limitait les transferts et il y a effectué ses premiers pas d’entraîneur. Fun fact : alors qu’il était entraîneur du JEF United Chiba au Japon, Osim faisait courir ses joueurs bien plus que la moyenne pour mettre en place un football total.

Juan Roman Riquelme (Argentine)
Rien ne sert de courir, il faut passer à point. Riquelme ne s’est jamais trop embarrassé avec les sprints. Numéro 10 à l’ancienne, il distribuait le jeu parfaitement pour ses attaquants. Mais ne comptez pas sur lui pour ouvrir des espaces en prenant la profondeur.

Sócrates (Brésil) (capitaine)
« Le football est un sport collectif et il n’est pas nécessaire que tout le monde coure. Il y a ceux qui courent et ceux qui pensent. » Ou comment le milieu des Corinthians justifie lui-même sa place dans ce onze.

Robert Prosinečki (Croatie)
Etincelant dans l’effectif de l’Etoile rouge de Belgrade champion d’Europe en 1991, le milieu croate a tenté l’aventure en Espagne sans jamais vraiment convaincre. Trop frêle physiquement, il était plutôt du genre à distribuer les caviars qu’à sprinter pour faire la différence.

Rare photo de Riquelme indiquant combien de fois il a sprinté dans sa carrière.

Attaquants :

Dimitar Berbatov (Bulgarie)
Il paraît que quelqu’un l’a déjà vu courir, mais personne ne peut le certifier. Efficace aussi bien en club qu’en sélection, l’ancien attaquant de Manchester United était connu pour son apparente nonchalance sur le pré.

Filippo Inzaghi (Italie)
« Né hors-jeu » selon sir Alex Ferguson, Inzaghi a sûrement plus souvent couru pour se replacer que pour effectuer un appel de balle. Invisible dans le jeu, l’attaquant du Milan AC compensait par un sens du but hors du commun et un placement parfait dans la surface de réparation.

Remplaçants :

Martín Demichelis (Argentine)
Parce qu’on ne pouvait pas mettre trop de défenseurs du Bayern Munich non plus.

Benedikt Höwedes (Allemagne)
Parce qu’on ne pouvait pas mettre trop de défenseurs allemands non plus.

Thiago Motta (Brésil)
Parce qu’au jeu du plus lent il a perdu en arrivant une fraction de seconde plus vite que Busquets.

Andrea Pirlo (Italie)
Parce qu’il est arrivé une fraction de seconde plus vite que Thiago Motta.

Eric Carrière (France)
Parce qu’en plus de ne pas être rapide, il était trop frêle pour prendre la place des autres sur le terrain.

Didi (Brésil)
Parce qu’il a marché 9,4 kilomètres pour fêter la victoire de Botafogo dans le championnat carioca en 1957.

Antonín Panenka (Tchécoslovaquie)
Parce qu’on l’a vu courir après avoir marqué son tir au but à l’Euro 1976.

Humberto Maschio (Argentine puis Italie)
Parce qu’il a joué dans les années 1950 et 1960 et qu’on ne l’a pas vu jouer.

Pedro Miguel Pauleta (Portugal)
Parce qu’un aigle, ça vole vite. Un aigle des Açores aussi.

Thomas Müller (Allemagne)
Parce qu’on n’a toujours pas bien compris à quel poste il devrait jouer.

34 réflexions sur « L’équipe-type des joueurs lents »

    1. Il était lent Bozsik? En plus ou moins contemporain, Gento est lui très impressionnant en pointe de vitesse pour l’époque. J’ai toujours lu qu’il était extrêmement rapide mais la multiplication des images d’archives disponibles désormais ne fait que le confirmer.

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      1. Même à son époque, Bozsik passait pour un joueur lent. Il donnait l’impression d’être au ralenti. En fait, tout ce qu’il faisait était calculé, précis intelligent.

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  1. Bien sûr qu’on a vu jouer Maschio, il y a quelques rédacteurs sérieux ici 😉 Suffit de regarder la Libertadores et l’Intercontinentale 67 : il est vraiment lent !
    PS : Inzaghi, lent ? J’aurais dit qu’il courait peu tout en étant très vif… mais sa carrière est trop récente, je l’ai pas vu jouer eh eh

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  2. Le gars qui m avait le plus étonné en live c etait Sylvain Distin.
    Il donnait une impression de lenteur que j ai rarement revu.
    Au parc c etait vraiment flagrant.

    Sinon jayjay était pas mal non plus eheh

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    1. Distin, je l’ai connu en 1997-98 lorsqu’il a signé dans le club de ma ville, l’US Joué-lès-Tours, qui évoluait en CFA à l’époque. Les derbys contre le Tours FC étaient tendus à l’époque. J’avais à peine 12 ans mais déjà, il dégageait une puissance physique en défense centrale et une qualité technique au-dessus des autre défenseurs. L’entraîneur jocondien de l’époque disait que c’était une excellente recrue mais qu’il ne pourrait pas le garder plus d’un an et en effet, l’année d’après il a signé au Tours FC puis un an après à Gueugnon en Ligue 2. Sa carrière était lancée.

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      1. @goozigooze : complètement, il détient d’ailleurs le record du plus grand nombre de matchs en Premier League pour un joueur de champ non-britannique (469). C’est une belle petite performance révélatrice de sa régularité et de sa longévité.

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  3. haha marrant ce genre d’article

    Socrates, jamais vu joué en direct, mais sur les images qu’on a de lui (youtube etc…) ouais je trouve que c’est la quintessence du joueur lent.

    Après j’ai l’impression que le Brésil de ces époques (pré-90 on va dire) c’est plutôt des joueurs lents en fait.
    Bien sûr quelques cracks et athlètes avec un sacré coup de rein (Pelé, Garrincha), mais pas mal de joueurs surtout au milieu qui étaient pétris de talents mais pas forcément une grosse vitesse. Les Socrates, Zico, Rivelino, Falcao, Gerson.

    Berbatov et Riquelme dans le Onze j’y avais pensé tout de suite

    Quelques autres dans ma liste :
    – Bergkamp
    – Seedorf période Milan AC
    – Pirlo (lent et peu mobile, sa zone de 20×30 où il avait deux chiens de garde + les corners lol)
    – Kroos
    – Bonnucci
    – Jan Koller avec sa carcasse de 2m50 et 150kg
    – Diego Lugano
    – Effenberg

    Par contre, dans la génération actuelle j’ai bcp de mal à en trouver.
    Kroos mais en fin de carrière, à part lui j’en vois pas vraiment d’autre

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  4. Il y a un fil conducteur avec Panenka.

    Je suis plutôt porté sur le jeu de transition et direct, quand ça va d’un camp à l’autre à du 100 à l’heure. Mais ça avait du bon aussi, quand le jeu allait moins vite..

    Prosinecki, vu live plusieurs fois..mais pas le moindre souvenir qu’il sprintât ne fût-ce qu’une fois.. C’était agaçant tant pour sa nonchalance que par sa facilité.

    J’aimais bien Bodmer en France, dans mes souvenirs pas un joueur des plus fulgurants mais il avait beaucoup de ballon.

    Un excellent footballeur belge des 2000’s, qui toutefois plafonna très vite à cause d’une lenteur devenue rédhibitoire : Baseggio…………. Il avait tout, absolument tout..sauf de la vitesse!

    Je crains que ce ne fût le facteur le plus handicapant pour la carrière internationale d’un Le Tissier, lequel compensait toutefois par son art du contre-pied et du contre-temps.

    Sinon, je crois qu’il y a toutes sortes de façons d’être un joueur « lent ». Scifo par exemple, en soi un joueur vraiment très rapide, à ses débuts en 84 la presse NL louait l’explosivité du bonhomme, « le nouveau Cruyff »…………..sauf que, à mesure qu’on lui confia les clés du camion : une tendance (qui lui fut reprochée, non sans raison) à tant et plus porter le cuir, ralentir le jeu……. Ca lui a coûté très cher dans bien des chaumières et rédactions belges, plutôt portées culturellement sur les transitions-éclairs, les remontées du cuir en trois touches..

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  5. Il y a aussi le cas de ces joueurs lents à crever au démarrage, mais qui une fois lancés.. Des diesels!

    Ronald Koeman a de la sorte « quelques » buts sur la conscience, il avait une charrette au cul, un mal fou à se mettre en branle, se retourner, pivoter.. Je n’ose imaginer si Romario, plutôt que d’évoluer avec lui durant l’essentiel de son passage en Europe, avait été un adversaire direct : un carnage!

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    1. Et alors il y a le cas des joueurs qui décident de ne plus bouger ; Lukaku en fut mon pompon personnel.. A la base c’est un joueur de transition, de contre : imbougeable physiquement, et de toute façon irrattrapable une fois lancé, à ses débuts à Anderlecht et en équipe nationale ses vrais bons matchs ne le furent que dans des matchs en mode open-bar (face aux USA à la WC2014) ou face à des équipes contraintes de prendre le jeu à leur compte (Croatie en qualif de WC2014, Brésil 2018)…….. Dans ce type de contextes : c’était une arme fatale, la certitude de faire terriblement mal à l’équipe en face, voire une bonne probabilité de marquer..

      Puis un jour – mais cela dura des années – , il décida qu’il ne courrait plus!!! Entre 14 et 18..et même encore un peu durant la WC2018, Lukaku campa délibérément dans les grands rectangles, attendant sans le moindre déplacement et bras tendus vers l’avant, que le ballon vienne à lui, à l’encontre de ses qualités naturelles (ses aptitudes de pivot, désormais bien réelles et même très estimables, restèrent nulles de chez nulles jusqu’à ce que Conte le travaille en ce sens)..

      Durant ces interminables années, où il fit le plot comme un astre mort autour duquel gravitaient les feux follets Hazard Carrasco et/ou Mertens, ce ne fut plus même de la lenteur, déjà en soi regrettable au vu de sa qualité phénoménale de course : c’était de l’inertie!

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    2. Je crois me souvenir que Preben Elkjaer-Larsen n’était pas le plus prompt au démarrage, mais une fois lancé… Verano a écrit à ce propos (en commentaire dans un autre article, il y a quelques mois) un paragraphe légendaire sur une de ses actions de bison furieux lors d’un Hellas-Juventus de la grande époque.

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  6. Article très drôle ! ^^

    J’aurais bien vu Jan Koller, Gareth Barry, et Emile Heskey aussi

    En tout cas, c’est vraiment frappant le nombre de joueurs allemands.
    J’aurais vu bien plus d’Argentins même. Comme quoi, les clichés… 😄

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    1. Les Allemands lents ont frappé l’imagination, et donc se rettouvent dans les listes plus tard, parce qu’ils détonnaient dans la culture footballistique de leur pays. En Amsud jusque dans les années 90, il y en avait tellement qu’on les trie par la valeur, genre Socrates.

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      1. D’accord avec ça, il y eut bien des exceptions mais je n’ai absolument pas gardé des Allemands le souvenir de morpho-joueurs lents.

        Le foncier et l’explosivité, c’étaient (mais ça ne l’est peut-être plus?) même des trucs travaillés jusqu’à la gerbe aux entraînements chez eux ; le moindre joueur aboutissant en Belgique depuis l’Alllemagne bouffait aussitôt tout le monde en termes purement physiques…………avant de rentrer dans le rang sur ce point 6 mois plus tard (et pas faute que les entraînements soient traditionnellement physiques en Belgique aussi..mais l’un ou l’autre crans en-dessous!).

        Wilmots, athlète naturel (de base c’est un fermier, dur au mal et increvable), a régulièrement narré avec admiration combien il en avait bavé là-bas pour repousser les limites de son endurance et de sa vitesse.

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  7. Personne pour faire une place au bien nommé Gary Speed dans cette team? Je suis déçu ^^
    Inzaghi n’était pas un joueur lent, Ni Socrates, il n’aimait pas courir mais il était loin d’être lent (ou alors le Socrates de 86)

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    1. Je me rappelle d’un Schnell à Dudelange, du temps où cette équipe connut de beaux exploits européens. Un défenseur central.

      Rien à voir mais je vois bien le Luxembourg se qualifier pour le prochain Euro d’ailleurs, ou alors pas bien loin.. Hormis le Portugal (la chate à Martinez……. – ce type a toujours eu des groupes plus qu’abordables, déjà avec les Belges) le groupe est homogène, tous les prétendants à la seconde place qualificative vont perdre des plumes..et c’est pas trop mal parti………… ==> A suivre!

      Sinon et pour en revenir à l’article, être rapide est désormais, en tout cas plus que par le passé, un argument solide pour faire carrière voire émarger aux classements des joueurs les plus bankable.

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      1. Et j’ai souvenir qu’on faisait tout un pataquès du moindre joueur courant le 100 mètres en moins de 11 secondes – ce qui en football ne veut pourtant rien dire – : Cruyff, Möller, Rommedahl…………

        Aujourd’hui, ce me semble être d’un (relatif) banal..

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      1. Pas la même place, ça lui laisserait une chance car sinon.. Il aurait probablement pu faire nombre dans un club de Ligue 2, et encore.

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  8. Le premier nom qui m’est venu n’apparaît pas dans la liste. Pourtant il me semble être la quintessence du joueur lent et pourtant qu’on aime. J’ai nommé Carlos Valderrama. Le joueur qui marche.

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