C’est un endroit curieux pour un enfer. Où la voiture est impie, et les arbustes rois.
De Léau à Looz et de Gingelom à Hulsen, communes voisines aux patois mutuellement incompréhensibles, la campagne trudonnaire cultive avec élégance et discrétion ses coûteux Riesling, Pinot et Chardonnay en ses insoupçonnés domaines de Cuvelier ou Duras, Genoels-Elderen et Kitsberg, Marsnil et Helshoven, Sassenbroek et Hoenshof, De Groote Mot et De Clee, ou encore au fort couru Clos d’Opleeuw…
Peu porté à l’élévation, le bâtis y disparaît dès le printemps venu. Car c’est alors, et où que portât la vue, que n’émergeront plus que clochers et châteaux, avides eux aussi de lumière nourricière, parmi les millions de pompons végétaux qui bientôt ploieront aussi sous leurs savoureuses mannes d’abondance.
La main de l’homme est partout palpable. Mais cycliquement invisibilisée, et sinon diaphane – comme en l’église poreuse de Borgloon. De pieuses mains de cueilleurs qui, en ce coin nordique de douce France, ne bruissent que selon les caprices des saisons, au rythme des pommiers et des vignes, et des poiriers et des fleurs :
Les vergers, les fleurs, le ruisseau rêveur
Qu’elle est belle, attachante, ma belle région
Les prairies vertes, les champs dorés
Et le ciel bleu sont rarement vus
Aussi verts et or et bleus
Que dans la Hesbaye colorée.
(poème local)
Nul doute : nous sommes bel et bien en Haspengouw, d’entre Hageland et cœur bruyant du Pays de Liège, dont ce doux terroir trudonnaire fut huit siècles durant le généreux jardin. Nous sommes au pays des « Canaris »… Et donc, donc… Serait-ce donc cela, « l’enfer » ? Il y a loin ici, très loin même, de l’électrique animosité qu’au Bosuil d’Anvers se vouaient chaque année 60 000 Flamands et Hollandais ou, selon Victor Hugo, de cette « vallée trouée de cratères en éruption », de cette intimidante « copie effroyable de la dévastation », qu’à Liège Goethals entendrait tant que possible privilégier, à chaque fois que ses Diables Rouges eurent à affronter leur destin. Et cependant, ainsi que le répéterait régulièrement Raymond Goethals : « A cette époque, Saint-Trond était un volcan ! »
Ce n’est pas faute pourtant que « le Sorcier », surnom gagné au gré de ses sept années de feu passées dans ce Sud-Limbourg profond, en eût vécu de belles quand, la retraite prématurément sonnée, un biographe l’inviterait en 1994 à se repencher sur son parcours de vie et de football : finales de Coupes d’Europe, le Kop du grand Liverpool…
Et le stade olympique du grand Bayern, fraîchement auréolé de trois sacres consécutifs en Coupe des Champions, les 120 000 places du Camp Nou… ou encore, car beaucoup plus fort : les 120 000 places du Morumbi, à l’heure même où le championnat brésilien était sans doute le plus relevé et le plus fervent au monde…
Et puis que dire de ces rencontres à couteaux tirés dans l’Enfer de Sclessin, d’abord avec les Diables, donc, puis dans la foulée des explosives mais inachevées expérimentations de Happel ! Et ce stade vélodrome bien sûr, rendu incandescent durant les années Tapie… A moins que ce ne fût tout bonnement « le match du siècle », ainsi que la presse néerlandaise avait qualifié la plus grande déception de sa vie : la manche-retour des éliminatoires pour la Coupe du monde 1974, à Amsterdam ?
Et cependant, non : décidément rien de tout cela… Car foin de la démesure, de l’hubris, de la géopolitique ou de l’effroi : quand se fut agi d’évoquer l’électricité singulière d’une terre de football, c’est à la belge bourgade de Saint-Trond, qu’aussitôt repensait avec stupeur le vieux Raymond ! Saint-Trond et ses alors quelque 20 000 habitants, cueilleurs farouches et supporters insoupçonnables, comme terrés loin l’inutile folie du monde…
Saint-Trond et son club alors dépourvu du moindre fait d’armes… Saint-Trond et ses hectares de vignobles et de vergers, ondoyant nonchalamment à perte de vue, et que rompent çà et là tout au plus des clochers à bulbes, tous improbables parmi la saturation verte de ses millions d’arbres fruitiers… Saint-Trond enfin où pullulèrent les Trudo et Lutgarde, les brigands zébrant le ciel sur leurs boucs et les sorcières sur leurs balais, et où perdureraient longuement les récits d’outre-tombe de Christine l’Admirable, dite « la jeune fille en feu », bergère des XIIe et XIIIe siècles, et ressuscitée des morts à ses 15 ans :
« Aussitôt que je fus défunte, les anges de Dieu, ministres de la lumière, reçurent mon âme et me conduisirent dans un lieu ténébreux et horrible, rempli d’âmes humaines. Les tourments que je voyais dans ce lieu étaient si nombreux et cruels qu’aucune langue ne suffirait à les raconter. Et j’y vis beaucoup de défunts que j’avais connus vivants naguère. Ayant grande pitié de ces âmes malheureuses, je demandai quel était ce lieu. Je pensais que c’était l’enfer, mais mes guides me répondirent que ce lieu est le purgatoire, où les pécheurs repentants subissent les peines dignes des crimes qu’ils ont commis en leur vie. De là, ils me conduisirent aux tourments de l’enfer et, là aussi, j’en reconnus certains que j’avais connus vivants. »
L’enfer
Et ressuscité des morts, lui aussi, Raymond Goethals se souvient : « Je ne suis pas près d’oublier les sept années que j’ai passées dans le Limbourg. Saint-Trond, c’était quelque chose ! La ferveur des supporters était extraordinaire. Je n’ai retrouvé une telle fièvre que bien plus tard dans ma carrière. Le stade du Staayenveld, où jouaient les « Canaris », était un véritable enfer. Les meilleures équipes du pays y débarquaient en tremblant de peur. La plupart du temps, elles étaient accueillies dès leur descente de car par quelques gendarmes qui devaient escorter les joueurs jusqu’au vestiaire. Une heure avant le coup d’envoi, les portes du stade étaient déjà fermées. Dix-huit mille fanatiques se trouvaient dans les tribunes et tapaient comme des forcenés sur des plaques de tôle. Imaginez le vacarme ! »
« Nos adversaires, en arrivant au Staayenveld, croyaient vivre un cauchemar. Quand ils pénétraient sur la pelouse, ils constataient que le public était venu se masser jusque sur le terrain, à quelques centimètres des lignes. Je me souviens même d’un match où l’un de nos supporters a tiré le short d’un joueur adverse qui s’apprêtait à botter un corner ! »
Comme pour Christine l’Admirable : serait-ce parce que leur club revenait d’outre-tombe si ces supporters, quoique rarement violents, comptèrent toujours parmi les plus passionnés et impressionnants de Belgique ? Le fait est que ce club aux origines confuses avait été durement touché en 1944, après qu’un bombardement allemand eut dévasté ses installations. Mais à dire vrai, l’entre-deux-guerres n’avait déjà été glorieux : disputé dans la foulée de son officielle mais douteuse création le 24 février 1924, le premier match livré par Saint-Trond, un derby de surcroît, l’avait été devant une assistance de neuf spectateurs payants, drainant une famélique recette de quelque 13,50 francs belges ! Et la paix ne serait guère plus propice au décollage économique et footballistique de cette contrée farouchement rurale, dont la puissante association des arboriculteurs exigerait et obtint, au cours des bitumeuses années 1960, que l’autoroute Liège-Bruxelles effectuât vers le Sud un fastidieux détour, de sorte de préserver leurs vignes et vergers des prophétiques nuisances de la modernité.
Et pourtant Saint-Trond grandirait peu à peu, sous l’impulsion d’abord du bien nommé Pol Appeltants (Pol… « Marchand de pommes » !) : auteur de plus de 50 buts en une saison, et premier Truienaar à être un jour convoqué en équipe nationale, à l’heure même où son club venait pour la première fois d’accéder à la Division 2, en 1948. Promu en première division quelque 10 ans plus tard, et après de premières saisons particulièrement difficiles, le club s’y stabiliserait enfin sous l’impulsion d’un jeune, inconnu mais très prometteur entraîneur, vainqueur en divisions inférieures de deux sacres et d’un titre de vice-champion au cours de ses trois premières années dans la profession : l’autodidacte bruxellois, et par ailleurs fonctionnaire public, Raymond Goethals.
C’est aussi sous sa direction que le stade gagnerait son surnom d’« Enfer du Staayenveld », où durant plusieurs saisons la superpuissance du Sporting Anderlecht se révélerait incapable d’arracher mieux que des matchs nuls : cinq consécutifs, puis même deux défaites. Et ce ne serait guère plus fameux pour l’autre grand club de ces belges swinging sixties, le Standard de Liège, qui plus d’une fois rentrerait bredouille de ses expéditions dans son ancien arrière-pays.
Quoique club le plus pauvrement doté du championnat, mais particulièrement stable, Saint-Trond finirait de la sorte cinquième en 1963 et 1965. Et cependant le plus beau était-il encore à venir, lors de la dernière saison disputée sous la direction de Raymond Goethals, en 1965-1966.
A la trêve hivernale en décembre 1965, en effet, Saint-Trond deviendrait tout bonnement champion d’Automne avec 23 points sur 24 : 11 victoires, un match nul et aucune défaite. Ce qui aujourd’hui encore constitue un record dans l’Histoire du football belge, marqué il est vrai au sceau d’une réussite optimale : « Honnêtement, la série que nous avons réalisée à l’époque devait un peu aussi à la chance », tiendra des années plus tard à préciser le joueur du siècle de Saint-Trond, le Soulier d’Or 1968 Odilon Polleunis. « Tout nous réussissait : un ballon dévié dans le but, des frappes à distance, des buts contre le cours du jeu… Mais ce fameux 2-0 face à Anderlecht, lui, avait été amplement mérité. »
Le match
Tenue par nombre d’observateurs pour « le match de l’année », alors même que le championnat n’en était encore qu’à sa quatrième journée, cette rencontre légendaire du 3 octobre 1965 dut assurément bonne part de son engouement national au travail médiatique de fond opéré par le dénommé Frans Smeets, jeune dirigeant exécutif du club, et porte-voix lyrique de la psyché trudonnaire, qui en prélude à ce match avait eu l’intelligence de mobiliser le rejet national qu’inspirait alors l’anderlechtisation aux forceps des institutions du football belge :
« Des ambitions de titre? Nous autres, dirigeants du club, nous n’en avons bien évidemment pas. Mais il est normal que nos supporters commencent peu à peu à y penser. Endosser la responsabilité de ce rêve? Voilà un rôle que nous remplissons avec gratitude. Parce que le déroulement règlementaire de la compétition exige que cela ne devienne pas un one-man-show d’Anderlecht. Et c’est pourquoi nous allons faire de notre mieux pour assumer, toujours avec gratitude, le statut de leader de la compétition dans les deux semaines à venir. »
Loin de se satisfaire d’avoir mis toute la Belgique du football dans sa poche, ledit Smeets n’en resterait toutefois pas là, qui à l’instigation du rusé Goethals ferait intervenir la veille les pompiers de la ville, de sorte qu’ils transformassent la pelouse en un bourbier infâme, peu propice aux subtiles arabesques des artistes anderlechtois. Et sans doute avait-il aussi été à la manœuvre concernant ce fameux panneau de signalisation, sis sur la route menant de Bruxelles à Saint-Trond, qui d’un chaleureux « De Limburgers heten u welkom » (« Les Limbourgeois vous souhaitent la bienvenue »), céderait place le jour du match au plus inquiétant « De Limburgers eten u op » : « Les Limbourgeois vont vous dévorer ».
A décharge des Trudonnaires, et ainsi que l’expliquerait Polleunis : « A Bruxelles, ils nous dépeignaient comme des « poiriers » ou des « pommiers ». « Le champ de tubercules de Saint-Trond », « les arboricoles », ce genre de trucs. Ca, nos supporters ne l’ont jamais accepté. » Et le moins qu’on puisse dire est que supporters, dirigeants, édiles et joueurs de Saint-Trond le feraient bruyamment comprendre à la Belgique entière.
Au terme d’une rencontre échevelée, Saint-Trond s’imposerait donc grâce à deux buts inscrits par le conducteur de camion Roger Maes. Et cependant il s’en était fallu d’un cheveu, pour que Saint-Trond ne fût tout bonnement défait sur un score administratif de forfait.
Selon le défenseur trudonnaire Marcel Lemoine, en effet, « dans cette rencontre et à moins de se mêler aux spectateurs, il était impossible de botter un coup de coin. Le public n’aurait pu être plus proche de nous. L’arbitre Loraux, qui semblait vraiment se demander où il était tombé, insista pour que nous demandions aux Anderlechtois s’ils daignaient jouer dans des conditions pareilles. Et Raymond aussi avait dû s’en mêler, sans quoi la rencontre n’eût jamais pu débuter. »
Dans ses mémoires, Goethals poursuit. « C’est alors que Vital Loraux est allé trouver Albert Roosens, le Président d’Anderlecht : Monsieur Roosens, lui a-t-il dit, on ne voit vraiment plus les lignes. Si vous voulez, vous avez le droit de déposer des réserves. On annoncera au micro que le président anderlechtois refuse de jouer le match. Dans mon rapport, je soutiendrai votre proposition. Mais Roosens devint aussitôt tout pâle : Monsieur Loraux, faites votre boulot, s’est-il exclamé. Faites jouer cette partie, débrouillez-vous, n’importe comment. Mais moi, je tiens à sortir vivant d’ici ! »
Le très bourgeois Roosens exagérait-il ? Ce n’est pas son international néerlandais Bergholtz, pourtant rôdé aux réceptions chahutées, qui ce jour-là aurait pu le rassurer : à peine lui et ses équipiers, tous internationaux, se furent-ils enfin décidés à monter sur la pelouse pour l’échauffement, sur une pelouse cadenassée par des dizaines de gendarmes, qu’il voyait débouler vers lui son adversaire direct, le back-gauche Lucien Boffin… torse nu et le couteau entre les dents !, comme en un solitaire haka frénétiquement rendu aux nymphes des pommiers.
Le Hollandais Bergholtz, sans demander son reste, courrait aussitôt se réfugier dans son vestiaire… Bien mal lui en prit ! Car à peine était-il revenu à de meilleurs sentiments et fut remonté sur le terrain, que l’oncle de Danny Boffin, excité sans doute par l’effet produit, en remettrait immédiatement une couche dès le coup d’envoi donné… Terrorisé, cherchant à tout prix une échappatoire à ces somptuaires sauvageries, dans un stade pour rappel squatté jusqu’à ses lignes de fond et de touche : l’ailier droit des mauves se retrouverait finalement empêtré hors les limites règlementaires du terrain, au milieu de la foule…et le pied coincé dans un bac de friscos.
Le piège
Ainsi que Goethals en conviendrait, « il faut avouer que les Anderlechtois étaient toujours bien reçus chez nous. J’avais en défense quelques durs à cuire qui adoraient faire valser les vedettes bruxelloises. On jouait physique, quoi. Mais que voulez-vous, on n’allait quand même pas leur offrir des pralines. Anderlecht, c’était l’ennemi à abattre. Le Sporting possédait une équipe formidable qui allait gagner cinq titres consécutifs entre 1964 et 1968. C’était l’époque de Van Himst, Jurion, Hanon et compagnie. L’entraîneur était le Corse Pierre Sinibaldi. Il pratiquait la défense en ligne, et pourtant Anderlecht n’avait pas les joueurs adéquats pour développer ce système… »
« Comme Saint-Trond jouait le dimanche, j’allais pratiquement assister à tous les matchs à domicile du Sporting, qui se disputaient le samedi soir. J’ai largement eu l’occasion d’étudier le jeu anderlechtois. En fin de compte, je me suis dit que ma propre équipe de Saint-Trond était bien mieux armée pour jouer la ligne. Et, progressivement, nous sommes devenus les véritables spécialistes de la défense à plat !
Prendre une défense en ligne à son propre piège, c’est la performance que j’ai réalisée avec Marseille contre l’AC Milan. Mais figurez-vous que j’avais déjà réussi cet exploit un quart de siècle plus tôt, en battant Anderlecht plusieurs fois avec les petits Limbourgeois. Vous savez, le foot c’est comme la mode. On n’invente plus rien aujourd’hui. Toutes ces histoires de défense en ligne datent des années 1960. »
Trop modeste, Goethals omettait de préciser avoir, déjà à l’époque, entrepris d’avancer sa ligne à 30 mètres, 40 mètres, 50 mètres (« mais pas un centimètre de plus! »)… Et que dire de son gardien Léon Bosmans, déniché parmi la jeunesse du cru, et que Goethals encourageait à participer lui aussi au piège du hors-jeu, en s’aventurant toujours plus haut hors de son grand rectangle…
Dix ans avant le brugeois Jensen et concomitamment de Jongbloed, Bosmans n’était-il qu’« un kamikaze », comme se plairait aussitôt à le qualifier une presse médusée ? Un « gardien volant », prématurément extrait de sa cour d’école ? Un « imbécile volant », ainsi qu’on l’entendrait d’abord parmi les tribunes du Royaume, où ses débuts déclenchèrent presque toujours l’hilarité ? Ou, bien au contraire : ce fougueux jeune homme façonné par Goethals, bientôt international et tenancier au civil du café « De Kanari », ne préfigurait-il plutôt les glorieux Neuer et Valdes du football contemporain ?
Oubliez les Baresi, Costacurta… et considérez plutôt les improbables Jean Claes et Marcel Lemoine : le premier, débauché pour une bouchée de pain quand son club de l’Union Saint-Gilloise fut rétrogradé ; le second, Truienaar de la tête au pied, passé par l’épreuve de la Division 2, et qui gagna lui aussi le statut d’international après que Goethals eut entrepris de descendre en défense ce milieu perspicace mais sans envergure. Tous deux binaires mais coriaces, tous deux supérieurement dévoués et intelligents et, surtout : tous deux amis – amitié que Goethals, au contraire d’un Michels, s’emploierait toujours à stimuler.
Champion d’automne avec 23 points sur 24, Saint-Trond conclurait cette saison à la seconde place, non sans avoir ce-faisant essuyé bien des injustices et des vicissitudes :
« Que de blessés et de matchs bizarres nous aurons dû essuyer durant cette seconde moitié de saison, expliquera Polleunis. Il n’y a guère que pour le retour à Anderlecht, le 30 janvier 1966, qu’il n’y eut rien à redire. Une petite centaine de bus, tous remplis de fanatiques, avaient fait le déplacement jusqu’à Bruxelles, hélas nous fûmes surclassés 6-0, avec cinq buts de la star hollandaise Jan Mulder, mais c’est Puis surtout qui avait été inarrêtable. Il est vrai que Goethals avait dû revoir son dispositif pour pallier la blessure de notre back droit Luc Martens. Et c’est donc son remplaçant, le jeune et inexpérimenté Marcel Lismond, qui allait devoir affronter Wilfried Puis, à l’époque l’un des meilleurs ailiers gauches d’Europe. Goethals opta donc pour un catenaccio, neuf joueurs en permanence retranchés dans notre camp. Malheureusement, Puis ne fit tout de même qu’une bouchée du jeune Lismond. Marcel était un bon joueur mais, si Martens avait été là, Puis n’aurait jamais touché le cuir. »
Gustaaf Henderix, autre jeune du cru, poursuit : « Au terme de la saison, nous fûmes tout de même invités par la fédération espagnole à affronter l’équipe nationale d’Espagne, à Saragosse. D’abord pressenti, Anderlecht s’était finalement désisté. Mais notre façon de jouer avait dépassé les frontières, et donc l’Espagne maintint son invitation. Et nous perdîmes ce match par 5-1. »
Polleunis complète : « Je ne garde pas vraiment un bon souvenir de cette rencontre. Là aussi, nous avons joué le piège du hors-jeu. Mais les juges de ligne n’étaient pas du tout familiarisés avec cette façon de jouer, ne prêtaient pas vraiment attention à l’alignement des joueurs, et donc les Espagnols marquèrent plusieurs buts sur des positions de hors-jeu manifeste. Mais le pompon fut sans doute pour nos pauvres supporters : deux bus avaient fait le déplacement mais, quand ils arrivèrent au stade, le match était déjà terminé. Les Espagnols avaient avancé l’heure de la rencontre. »
Goethals, pour sa part, avait savouré chaque instant de cette saison : « Nous avons fini deuxièmes… Vous savez, pour des équipes comme Anderlecht, le FC Bruges ou le Standard : c’est normal d’être deuxièmes…mais Saint-Trond ! C’était quasiment un demi-titre, comme pour les dauphins d’Indurain au Tour de France, dont l’on pourrait dire qu’ils ont gagné la Grande Boucle derrière l’Espagnol. Et puis, en parlant d’Espagnols… La fédération espagnole avait été tellement intriguée par la façon dont nous embêtions Anderlecht qu’elle invita mon équipe à rencontrer sa sélection nationale à Séville (sic). Mes braves joueurs de Saint-Trond face à Gento et Amancio : c’est comme si aujourd’hui Angers terminait vice-champion derrière le PSG, et se faisait inviter par Barcelone ! »
(A suivre…)
Formidable, comme d’hab. Un Alex printanier, plein de sève pour commencer. Puis il se mue en passeur d’histoire, littéraire et folklorique. Et enfin, il ne peut masquer sa tendresse pour le sorcier belge le plus célèbre en France. Un très grand cru (je ne connais aucun des vins cités en intro mais je note ces références) et par chance, il y aura une suite.
Je vais être sommaire, serai plus bavard en soirée..mais là il y a urgence, question de vie peut-être, de déshonneur sûrement : ne mets pas un sou dans ces vins-là!!!.. 😉
Surfaits, très chers pour ce que c’est.. Ce n’est pas une question de savoir-faire, ces viticulteurs-là maîtrisent et font d’ailleurs généralement des merveilles quand ils reprennent l’un de vos vignobles. Le problème tient au climat..et plus encore à la terre, probablement beaucoup trop riche (le sol hesbignon est l’un des plus fertiles d’Europe) pour la culture de la vigne..ce dont ils ont bien sûr conscience mais, quand l’on est hédoniste et a le fruit dans le sang.. C’est plus fort qu’eux, et après tout ils ont raison de se diversifier.
A terme (car c’est encore un peu tôt, on revient de loin après que Napoléon fît tout arracher), à mesure de l’évolution manifeste du climat : je mettrais bien une pièce sur les vins mosans, ça oui : exposition et sols au top dans mon bled par exemple! (où l’on replante de plus en plus de vignes d’ailleurs)..mais ça reste prématuré, attendre encore une décennie ou deux.
eh eh. Je viens de jeter un œil sur quelques références que tu mentionnes et j’avoue être très tenté par la découverte du Château de Genoels-Elderen – « Wijnkasteel ». La RVF en parle en bien, notamment du Chardonnay Blauw mais aussi d’un Pinot noir. Bref, je suis prêt à prendre un risque 🙂
Tu me fais réaliser une erreur, tiens : Genoels-Elderen n’est pas du côté de Saint-Trond mais plus à l’Est juste après le bourg voisin de Tongres, à une petite dizaine de kilomètres de, remember, mon vieux « bar du vieil Hollandais » (j’ai dû confondre avec un autre, il y a tant de domaines dans le Sud du Limbourg).
La suite? Elle n’est pas encore tout-à-fait arrêtée, à dire vrai je me tâte sur un point : opportun oui ou non de taper encore sur la mythomania…….cruyffiste?.. 😉 Factuellement, historiquement : il y a lieu de!……..mais, à force : c’est au risque de devenir gonflant, éh..
Ceci dit : je ne suis pas responsable de ce demi-siècle de mensonges industriels en termes d’Histoire du jeu ; c’est du côté du cruyffisme qu’il faut aller pour le bureau des plaintes.. ==> Je crois que je vais me faire plaisir.
En lisant ta superbe intro, décrivant la région de Looz, j’ai pensé au Plat Pays de Brel. Perso, je l’aime beaucoup mais l’apprécies-tu? Peut-être trop écoutée…
Je retombe sur ceci en créant des liens hypertextes, Brel? Les titres qui ont mes faveurs sont probablement « Ces gens-là », « Les vieux amants »..
« Le plat pays » ne me touche pas, et ne m’a jamais touché. Beaucoup de tendresse pour ce pays, qui dans l’absolu a tout pour lui, mais ça ne va pas plus loin. Et pour cause, là-dessus je rejoins Brel : étriqué..
« Ne me quitte pas » : au secours, beaucoup trop entendu, j’en peux plus.. Mais ce n’est pas celle que j’aime le moins euphémisme..car « Rosa Rosa Rosam », aaargh………… ==> Bbrrrrrrr…!
La vie étant une farce, c’est pourtant et bien évidemment celle-là que je chantai à côté du Suisse Henri Dès, pour une émission de la RTBF au début ou mitan des 80’s. Je dois avoir gardé quelque part la cravate jaune en plastique que je portais ce jour-là.. Jaune, plastique.. Les 80’s disais-je, ça aussi c’était horrible, lol..
Goethals, coach consacré en Europe, à Sao Paulo, c’est quand sacrément étonnant. Époque Serginho Chulupa et Valdir Peres, non?
Ma connaissance du foot brésilien est ce qu’elle est, bref je vais m’en tenir au défenseur Oscar, puisque j’ai souvenir que Goethals le mettait rétrospectivement en exergue parmi les joueurs du noyau.
Mais je crois bien que Serginho en était, oui.
J’ai des trucs à en rapporter, des sources premières..y a de la matière! Mais des trucs à approfondir aussi, bref : peut-être y consacrer un article un jour? En soi ce n’est pas commun, des entraîneurs européens au Brésil ; à cette époque-là ça l’était encore moins..et ça l’est moins encore en considérant que le passage de Goethals y fut fructueux!
Mais l’entraîneur local craignait pour sa place, s’employa à pourrir l’ambiance.. Le peu que j’aie pu en lire, sources brésiliennes + contributions jadis de ajde 😉 , semblait donner raison à Goethals et dresser un portrait assez mesquin de cet entraîneur sur la défensive..sans compter que les dirigeants du FC Sao Paulo voulurent conserver Goethals, eux.
L’un dans l’autre : Goethals considérait cette expérience comme une étape de plus dans son développement professionnel/personnel (ce fut une vie de football), ne jamais oublier qu’il était un autodidacte : jamais le moindre passe-droit (sinon pour pouvoir entraîner Anderlecht fin 80’s, ça..), des écolages (je vais en reparler) financés sur fonds propres ; c’est dans cette optique qu’il avait accepté la proposition des dirigeants du FC Sao Paulo lesquels, manifestement plus ouverts au changement que les autres clubs brésiliens, avaient dans l’idée de se confronter et de s’enrichir au contact d’un type qui, j’ai souvenir d’avoir peu ou prou lu cela (qui est vrai), « avait innové avec succès en Europe » (en gros c’était l’idée).
Oui, c’est ça, le coach Carlos Alberto Silva qui avait gagné le championnat Paulista (et le Brasileirão avec Guarani quelques années plus tôt) avait mal pris la venue de Goethals en tant que conseiller du président. Je crois que la mission n’avait duré que 2 ou 3 mois.
Y avait du monde dans ce SPFC : Serginho, mais aussi Getulio, Zé Sergio, Darío Pereyra dont on parlait dans l’article sur Tsubasa, Renato, Paulo Cézar… je viens de checker, Oscar était absent pour le Paulista mais était revenu au Brésil et à São Paulo quand Raymond y était.
Ah oui je m’en souviens d’une discussion de Goethals au Brésil, autre lieu et il y a bien quelques années déjà…
Le coach local était Carlos Alberto (celui qui avait amené Guarani au titre quelques années avant). Il avait une méfiance, une jalousie envers le Belge, du genre « peu pas avoir deux entraineurs en même temps », « t’es là pour me piquer ma place » sauf que Goethals n’était pas là pour ça, ne fit aucune vague ou coup bas, là pour apprendre, partager, échanger. Côté dirigeants, entente parfaite avec Raymond.
Pas anodin donc. Goethals était connu, et jouissait déjà d’une réputation flatteuse. Faire venir des mangers/entraîneurs étrangers était pas commun au Brésil (souvent d’anciens joueurs qui avait évolué dans un club brésilien avant; et c’était encore la dictature militaire en plus), historiquement un football national qui est conservateur (dans le sens: entre-soi chez les managers, peu d’ouvertures aux footballeurs extérieurs, moins vrai depuis les années 1990 faut dire). Même si Sao Paulo avait déjà vu passer Béla Guttmann, ou l’Argentin José Poy (cas particulier mentioné au dessus: c’était devenu un véritable paulista en tant que joueur !).
Oui, Carlos Alberto, merci à tous deux pour le nom.
Pas anodin? Eh, Goethals était de longue date une référence continentale quand il part au Brésil, ce ne fut pas un choix par défaut, le hasard, ou.. ==> Premier choix!
Si l’on regarde ce qu’il avait accompli non pas avec les lunettes déformantes du présent (grands noms institués.. plus aucune idée du comment/pourquoi ceux-ci gagnèrent quoi que ce soit – y a matière à rire.. trophées individuels vérolés alors par des contingences commerciales, politiques..), mais telles plutôt qu’elles apparaissaient alors : Goethals était un crack notoire!
Je vais y revenir mais ce qu’il accomplit avec Saint-Trond fut phénoménal, co-fondateur même du football moderne. Qualifier ce football pour l’essentiel amateur en phases finales de WC et d’Euro : un exploit!
Sortir l’Italie en 1/4 d’Euro72, malgré l’attentat subi par le patron Van Moer, tiens….. ==> Dans la foulée il devint la priorité de la Juve!, à les (!) en croire les Italiens avaient trouvé leur maître. Mais, point intéressant : comme Happel il dédaigna l’offre des Bianconeri. Toujours en demi, face à ce que beaucoup tiennent pour meilleure Allemagne de l’Histoire et malgré donc l’absence toujours du leader VM : ça ne passe vraiment pas loin, défaits 2-1 malgré un but valable encore annulé…..
Face aux Pays-Bas émergents, pleinement professionnels et surdopés : c’est un bilan écrasant en sa faveur. En l’absence toujours de Van Moer, mais aussi de Lambert (or son noyau n’était vraiment pas extensible….) : c’est lui encore qui eût dû se qualifier pour la WC74, non pas les Pays-Bas de Michels………. ==> Les marchands du temple ont très vite réécrit tout cela mais, initialement et à l’international : les talents du bonhomme faisaient déjà l’unanimité.
Son Anderlecht ensuite : un modèle du genre d’entre équilibre compétitif et liberté créatrice. Bref, quand il reçoit cette proposition brésilienne : nul n’ignore que c’est un crack, ça fait 20 ans déjà qu’il sublime tout ce qu’il touche…et qu’il innove en effet, quoique : là-dessus il fut honnête, lui! (certains salopards n’eurent pas cette classe)
C’était un gardien correct, Raymond?
Répondu en off 😉
Le timing fut certes désastreux pour le footballeur Goethals, la guerre, mais bon…… : ce n’était pas l’assurance tous risques. A noter, dès ses débuts à ses 17-18 ans : confronté à la corruption, alors endémique (déjà..) en Belgique……… ==> Toute sa psyché a été construite en devant travailler malgré (!!!) cela, le « bain » était celui-là. Mais, attention : hormis Waterscheigate il n’y a jamais rien eu contre lui, nulle part et d’aucune manière ; les insinuations qu’on peut lire à gauche et à droite, rapprochement avec OM-Valenciennes etc.. : ce sont typiquement des saillies fondées sur rien et qui ne grandissent leurs auteurs ni sur le plan moral ni sur le plan intellectuel – l’initiateur de Waterschei, d’ailleurs et même si la responsabilité de Goethals est incontestable : ce fut vraisemblablement Haan..
Je parlerai un peu de corruption dans la seconde partie, car le Saint-Trond de Goethals aussi y fut mêlé, en fut victime, en fut complice…………mais Goethals n’y était en rien mêlé, idem pour les pratiques anderlechtoises ou ohémiennes : ce sont les dirigeants qui étaient aux manettes!
Après, si des fadas ont besoin de taper sur un mort pour défendre l’inexistant honneur de salopards tels Vanden Stock ou Tapie………….. ==> On a les héros qu’on mérite!
Sur ce point-là : il y a un devoir historique à défendre Goethals. Et sur le plan de l’Histoire du jeu aussi (deuxième partie, un peu). Une historiographie digne de ce nom gagnerait à taper sur des impostures telles Michels ou Sacchi : dopage, brutalité, corruption à gogo, financements borderline, réécriture de l’Histoire………..
Pour répondre à Verano : c’est là-dessus que j’ai de la tendresse pour Goethals!, pour le reste pas toujours exempt de l’une ou l’autre médiocrités………mais comparé à d’autres et à tous les niveaux (humain, professionnel, intellectuel..), y a pas photo : la plupart furent des nains à côté de lui.
Roger Nilis, le père de Luc?
Nicolay, Piot, Preud’homme et Bodart. Cette continuité de gardiens de qualité est assez exceptionnelle. Je n’ai d’exemples équivalents. Des clubs, avec une tradition de bons gardiens, existent mais il y a des périodes sèches. Là au Standard, ça part de la fin 50 au milieu des années 90…Fou
Oui, mais il y a plus fort : Piot est né à Ougrée.. Preud’Homme est né à Ougrée.. et Bodart est né à Ougrée.
Ougrée, c’était quoi avant de devenir un quartier de Seraing? 20.000 habitants max?? Et cependant, en 20 ans à peine, peut-être même moins (la flemme de vérifier) : ce quartier ouvrier voit naître trois gardiens de classe internationale..dont le plus connu, Preud’Homme, fut pourtant des trois et de loin le..moins bon sous le maillot du Standard!!!, ça situera le niveau pour tout qui n’aurait jamais rien vu de Bodart (lequel fut bon encore en France il me semble, quoique déjà sur la pente savonneuse), ni surtout de Nicolay et de Piot – car avec Courtois, voilà sans doute les deux véritables phénomènes du keeping postwar à la belge (ajouter Debie pour l’avant 39-45).
J’ajoute : Nicolay forma Piot (ce pourquoi Piot tint à porter une casquette pendant sa carrière, en hommage à Nicolay)..lequel forma Preud’Homme.. ==> Le passage de témoin avait toujours un caractère de filiation, ç’eût pu continuer, ledit Jean-François Gillet était pétri de qualités……….sinon que, quand le Standard tomba dans l’escarcelle du fameux gestionnaire de carrières D’Onofrio, au tournant de l’an 2000 : priorité au trading!, ce gardien prometteur fut chassé comme une merde (il parvint à se réinventer dans le Calcio, une belle petite carrière avec..Bari??)…… ==> C’en était fini de cette exceptionnelle tradition.
Oui, un ami de ma (belle-)famille d’ailleurs, lui et ma belle-mère (originaire du coin, et supportrice évidemment acharnée des Canaris trudonnaires) firent ensemble la java à l’époque.
S’il n’avait décédé il y a une douzaine d’années je crois : son interview eût assurément été le fil conducteur de cet article…………. Fort heureusement, pas mal de choses ont été relayées de leurs réunions d’anciens : une base solide pour vous proposer cette histoire des primes années de Goethals, et de la maturation du piège du hors-jeu moderne.
Et Lucien Boffin, père de Danny, la mobylette du FC Metz époque PP flingueurs ? Je vois que Danny est né à Saint-Trond en 1965…
Oncle de Danny.
Il a débuté sa carrière, et l’a pour ainsi dire finie, à Saint-Trond.
Je me rappelle qu’il a tout perdu, démon du jeu comme Nilis d’ailleurs……… ==> Fort possible qu’il soit retourné, ne fût-ce qu’un temps (ça me dit quelque chose, mais??), dans la cueillette et le négoce des fruits sur les marchés, pour se refaire vaille que vaille une santé financière.
Prévu également de reparler (un peu..sinon y en a pour 10 parties) dudit Lucien Boffin, et pour cause : un « cas »!
Ha Odilon Polleunis, je connais. Il était de la selection 72 également?
72 oui, 70 aussi.. A l’époque, c’est un incontournable en Diables Rouges. Dans un style différent : un petit Van Himst, moins brillant mais plus complet et plus travailleur.
De loin, de très loin : c’est le seul joueur au nom guère clinquant, que Goethals mentionna plus tard dans le 11 absolu des joueurs entraînés durant sa carrière (parmi les Papin, Rensenbrink..)…….mais il le citait parmi les tout, tout premiers..
A noter, WC70 : contraint de jouer avant-centre contre le Mexique, match marqué par un pénalty qui fit énormément jaser à l’international à l’époque, arbitrage-maison aussi scandaleux que..superflu tant la Belgique, pourtant annoncée comme l’une des sensations à suivre, fut pendant tout le tournoi à côté de ses pompes..
Pourquoi joua-t-il en front de bandière, ce qui était totalement contre-nature pour lui? L’iconique homme de cristal du FC Bruges, Raoul Lambert, s’était à nouveau blessé en transformant un..pénalty face au Salvador, on le voit d’ailleurs se tenir aussitôt la cuisse………et la solution de repli était le terrible Devriendt, joueur formidable..mais blessé lui aussi……..
Geniale la photo du match face à Anderlecht. Quelle pression…
L’Anderlecht 70, tu le placerais ou dans la hiérarchie du club?
Difficile de se mouiller, car qu’en ai-je vu? Probablement pas même une heure de championnat belge au total, des archives +/- complètes de leur parcours en C3, certes..
J’ai l’impression que ce fut comme d’hab sous Sinibaldi : très, très fort offensivement (Puis, Mulder, Van Himst, Devriendt, Nordahl.. : waouw!!)………mais défensivement, ben.. Et je pense qu’ils eurent un problème, certes récurrent mais peut-être plus prononcé, avec leurs gardiens cette saison-là.
Dans l’absolu, intrinsèquement : je suis persuadé qu’ils avaient été beaucoup plus forts au mitan des 60’s, jusqu’à la mort de Verbiest (voir commentaires en annotations de l’une ou l’autre des photos dans cet article). Mais il survient un truc entre-temps : l’irruption du futur directeur Verschueren, à l’époque en charge de la condition physique, une première alors pour Anderlecht……………et c’est vers 1970, fin 60’s sans doute, que s’initie à Anderlecht le programme de doping systémique inspiré (mais beaucoup plus soft!!!!) des pratiques néerlandaises ; seul doping institutionnel dont on ait indices/aveux en Belgique… ==> En 70, le jeu d’Anderlecht n’est pas encore totalement déniaisé, certes : le primat reste focalisé sur l’offensive, la technique, l’amour du beau, l’élégance..mais physiquement ça a déjà beaucoup plus de répondant, ils rentrent dans la modernité..
Superbe texte. Merci Alex…
@Alex, tu ne parles pas de Blitz Frits van den Boer (on trouve plein d’orthographes différentes), a priori pièce majeure du Saint-Trond de Goethals ?
Ah, le « Blitz Frits » qui fut invité, par Stanley Matthews himself (il y tenait), à figurer dans la sélection mondiale pour son maiden-match, et qui en inscrivit même le premier but alors qu’il ne figurait même pas dans le programme……….car un joueur de Saint-Trond, Frits comment??…. ==> C’est prévu, deuxième partie 😉
Tu le verras même chanter avec le père Nilis et d’autres, leur amour inconditionnel du sorcier Raymond.
Un article qui fait voyager, même si c’est à 200 bornes et quelques dizaines de chez moi hehe
C’est dû à l’intro et la description bucolique de cette région qui m’est inconnue, pour dire vrai l’unique coin (la province du Limbourg) que je connais pas outre-Quiévrain pour n’avoir jamais mis les pieds (d’ailleurs, Sint-Truiden et alentour, c’est officiellement les Flandres, mais culturellement, c’est très flamand ou mixte ?).
Officiellement, politiquement : flamand.
Historiquement : liégeois. Du temps donc où exista ledit « Pays de Liège », intégré au Saint-Empire. Très brièvement : c’est Napoléon qui mit un terme à ce Pays (qui en gros s’étendait d’Eindhoven à Sedan).
Culturellement, urbanistiquement : liégeois bien qu’on y parle un flamand très chantant, gamin ça restait un endroit charmant mais sous-développé, culturellement hybride, avec des habitants coiffés de prénoms francophones mais parlant d’improbables patois germaniques..mais il reste désormais de moins en moins de cet héritage multiculturel liégeois, le politique (et pas le plus sympa qui soit) est passé par là, affirmer fissa le caractère flamand de ce coin du monde………… Mon épouse en provient, un bled entre Saint-Trond, Looz et Alken, des vignobles à gogo..mais c’est pour ça qu’elle n’a pas voulu qu’on s’y établisse, marquée par la sectarisation progressive des gens – les Liégeois restent plus ouverts, par contre quel bordel……
Moi je voulais y aller : qualité de vie et douceur de vie au top, mais bon.. Je me console en y allant nager tous les 15 jours..
Et quant à juger de ce qu’il reste de cette description bucolique, certes, mais fidèle à ce qu’était encore cette région quand j’y allais dans les 80’s : y a deux vidéos en début d’article, attachées de tête à Looz et Léau…. ==> Ca disparaît v- v prime, ils commencent par exemple à ne plus donner que des prénoms..scandinaves à leur progéniture, bon…….. D’ailleurs tu ne verras grosso modo que des petits vieux sur ces vidéos ;), mais voilà ce que j’eus la chance de connaître encore il y a 40 ans……
Du temps de Goethals, n’en parlons pas : ils n’étaient pas rentrés dans la modernité, et n’y tenaient pas.