En 1949, Sunderland recrute un certain Ivor Broadis pour la somme conséquente à l’époque de 18 000 £, après que le transfert fut validé par le manager adverse, Ivor Broadis lui-même.
Ivan Broadis de son vrai nom, naît en 1922 dans le quartier de l’Isle of Dogs à Londres. En 1939, la seconde guerre mondiale éclate et il rejoint la Royal Air Force à seulement 16 ans. En tant que pilote-navigateur, il cumule plus de 500 heures de vol, principalement dans le rapatriement de soldats, sans jamais participer à une mission de bombardement. Une belle image qui le suivra tout au long de sa carrière. Car outre ses talents d’aviateur, c’est surtout balle au pied que le jeune Ivan se distingue.
Pendant la guerre, il joue en tant qu’invité dans différents clubs tels que Manchester United ou Tottenham. Les Spurs font preuve d’une piteuse rigueur administrative puisqu’ils transformeront son prénom, Ivan, en Ivor ! Un nouveau surnom qu’il conservera toute sa vie. Une fois la guerre terminée, et alors que plusieurs équipes s’intéressent à lui, il rejoint, à 23 ans, Carlisle United en troisième division en tant qu’entraineur-joueur. Un poste pas inhabituel pour l’époque, mais une anomalie tout de même car il est à ce moment le plus jeune manager à exercer cette fonction. Un record toujours inégalé de nos jours.
Pendant trois années, il va empiler les buts, devenant l’un des plus grands espoirs du pays. Blackburn, Manchester City ou encore Sunderland s’intéressent à lui. Les Black Cats proposent 18 000 £, une somme énorme pour l’époque, et Broadis, dont le club de Carlisle est en difficultés financières, décide donc d’accepter de céder son joueur vedette, c’est à dire lui-même ! Ce transfert record vaudra à Sunderland le surnom de « Bank of England club », une habitude en Angleterre de nommer, des années 1930 à aujourd’hui, les clubs avec d’importants moyens financiers.
Il ne sera néanmoins, suite à cette décision, jamais accusé d’opportunisme. Le montant pour l’époque était tellement incroyable qu’il était impossible à refuser, et Broadis était connu pour son honnêteté, son dévouement et sa fidélité. Une fidélité qui le poussera d’ailleurs à rester dans sa maison de Carlisle, et à continuer de s’entrainer avec son ancien club. Si ce choix paraît absurde aujourd’hui, il ne l’est pas à ce moment-là, et sera au contraire payant puisque cela lui permet de côtoyer un coéquipier, devenu ensuite un manager légendaire, et qui l’aidera à le façonner en tant que joueur : un certain Bill Shankly.
A Sunderland, Broadis touche les sommets, en obtenant une troisième place de First Division, à un point seulement du titre. Le meilleur classement de Sunderland après guerre à ce jour. Deux ans plus tard, c’est à Manchester City qu’il pose ses valises pour un transfert de 25 000 £. C’est à ce moment precis qu’il débute sa carrière internationale, mais également qu’il pose les bases de sa reconversion future, en rédigeant un premier billet dans le Manchester Evening News.
Viendront ensuite Newcastle, avec qui il remportera la FA Cup, sans participer à la finale suite à un différend avec le staff, puis un retour à Carlisle, avant une fin de carrière en Ecosse à Queen of the South.
Au final, Ivor Broadis laissera l’image d’un joueur doué techniquement, élégant sur et en dehors du terrain. Il disputera 14 matchs avec la sélection anglaise, pour 8 buts, et participera à la Coupe du Monde 1954. Il est notamment présent lors du célèbre match qui vit l’Angleterre s’incliner 7-1 face à la Hongrie et dont il sera l’unique buteur pour les Three Lioons. Son doublé contre la Belgique, lors du Mondial 1954, est le premier exploit du genre pour un Anglais.
Après sa carrière, il retourne dans sa maison de Carlisle et devient journaliste sportif. Pendant plus de 45 ans, il est un rédacteur respecté, travaillant entre autres pour la BBC, The Journal, Evening, News & Star, préférant utiliser sa plume pour décortiquer les matchs, analyser le jeu et raconter le football, que pour défrayer la chronique. Parfois critique mais jamais cynique, il exercera sa profession avec sérieux et passion jusqu’à ses 90 ans, avant de se retirer et de s’éteindre en 2019 à l’âge de 96 ans.
Bien que peu connu en dehors du Royaume-Uni, Ivor Broadis était grandement respecté Outre-Manche et laissera, au moment de sa disparition, l’image d’un homme rare, humble, cultivé et fidèle au jeu. Il est le témoignage d’un football d’après-guerre bien différent d’aujourd’hui, dans lequel il s’est un jour vendu lui même…
Gianni pour pinte2foot !


Ivan Broadis ? Il avait pas des origines lituaniennes notre ami ?
Coéquipier du grand Millburn, le plus grand joueur de Newcastle ? Broadis aurait pu jouer avec un autre Ivor fameux, Ivor Allchurch. Icone ultime de Swansea, certainement la plus grande star galloise des années 50, avant l’éclosion du gentil géant Charles. Buteur lors du Mondial 58 qui verra les Gallois atteindrent les quarts et meilleur buteur de le sélection jusqu’à Rush.
Allchurch joue également à Newcastle dans les années 50, son seul passage hors Pays de Galles.
Magnifique photo d’Uruguay – Angleterre en 1954 au stade Saint Jacques de Bâle, avec Santamaría, Varela et la ligne de chemin de fer.
Et merci Gianni pour cette histoire dont j’ignorais tout.
En parlant de Bale et du Mondial 54, j’avais discuté avec un mec sur Sofoot qui me racontait que son grand-père était présent lors de la victoire suisse face à l’Italie. Je pense que c’est le témoignage direct le plus ancien que j’ai sur l’histoire des Mondiaux.
Merci pour cet article, qui donne l’une des deux raisons pour lesquelles je connaissais ce nom : le EN-BE de 1954, durant lequel il inscrivit donc deux buts (déjà à Saint-Jacques, d’ailleurs)……….l’autre étant qu’il inscrivit LE but anglais à Budapest, lors de certain match plus fameux encore.
J’ignorais que Sunderland fût un club si richement doté à l’époque ; d’où venait cet argent?
La tribune du stade Saint-Jacques qu’on voit sur la deuxième photo, je l’ai connue live fin 80’s et, froidement : ce stade n’était vraiment pas (ou plus?) terrible, la prise de vue le magnifie ici. L’assistance, dans mes souvenirs rachitique, n’était toutefois probablement pas étrangère à mon souvenir.
Si quelqu’un connaît bien Bâle : les dinosaures du parc voisin sont-ils toujours là? Première fois que je voyais un truc pareil : tu déambules dans un parc…………..puis tout à coup l’un ou l’autre diplodocus en taille réelle?? Lol.. C’était avant Jurassic Park hein, ça faisait de l’effet.
C’est sympa Bale ? Je vais peut-être y passer en novembre…
Ah Bâle, la Beyeler avec une expo Twombly, le zoo et ses rhinocéros, et une suite à 800 francs suisses que le mec m’a laissée pour 100…
Dans mes souvenirs, bof.. Ville qui avait l’air fâchée avec son fleuve, sensation d’écrasement et de froideur.. De beaux souvenirs grâce aux braves gens qui m’y emmenaient , mais pour le reste.. Ca a peut-être changé, moi c’était y a 35-40 ans!
C’est beau la Suisse, rien à redire..mais c’est tout de même d’avis que c’est pas dans ce coin-là qu’on en trouve les plus belles villes.