Rétrospective 2025 : nos moments de football de l’année

Voici notre site à la fin de la troisième année pleine de son existence depuis sa fondation en septembre 2022. Entre bûche de Noël et vœux du Nouvel An, l’heure est au retour sur les douze mois écoulés. Comme les années passées à pareille date, la rédaction a délibéré avec ce qu’il faut de rigueur, de boissons « lubrifiantes », et du zeste de mauvaise foi qui sied à tout footeux pour nommer les faits de notre sport favori qui l’ont le plus marquée en 2025. C’est parti !

De manière générale, 2025 a été moins riche en événements que sa devancière. Notre rédaction maintient le rythme de trois publications par semaine choisi en 2024, sans besoin d’accélérer (hors actualité pressante) ni désir de ralentir. Peu de grands tournois ou de moments marquants sont venus ajouter au grand livre du ballon rond, même si quelques-uns ont retenu notre attention.

La marche du temps, elle, est inexorable, et la Camarde a fait sa moisson habituelle en terre de football cette année. Les disparitions les plus frappantes ont été sans nul doute celles de Diogo Jota et de son frère André Silva, le 3 juillet, dans un accident de la route. Voir des joueurs fauchés au faîte de carrières à jamais inachevées, surtout à ce niveau, a un impact émotionnel qui a éclipsé une liste d’autres départs notables.

Parmi ceux qui ont écrit la légende, on note ainsi Gilbert Van Binst (3 janvier), pilier du grand Anderlecht vainqueur de deux C2, Fabio Cudicini (8 janvier), sobre portier du Milan champion d’Europe 1969, Dennis Law (17 janvier), légendaire 9 de Manchester United aux côtés de Bobby Charlton et George Best, Volker Roth (17 février), grand sifflet des années 1970-80, Haílton Corrêa de Arruda dit Manga (8 avril), gardien du Brésil à la World Cup 1966, Leo Beenhakker (10 avril), vu sur nombre de bancs dont celui du Real de la Quinta del Buitre, Hugo Gatti (20 avril), le fou de génie dans la cage de Boca, Jair (26 avril), double vainqueur de la C1 avec l’Inter d’Herrera, Luis Galván (5 mai), champion du monde 1978, Emmanuel Kundé (16 mai), révélé en même temps que le Cameroun au Mundial 1982, ou bien notre Bernard Lacombe national (17 juin) et sa tête victorieuse face à Dino Zoff après 38 secondes de jeu à Mar del Plata.

Hasta la vista, El Loco.

Il y a encore Rinus Israël (1er juillet), buteur en finale et champion d’Europe 1970 avec Feyenoord, Peter Rufai (3 juillet), l’un des plus grands gardiens africains de l’histoire, Ove Kindvall (5 août), l’autre buteur de Feyenoord ce jour-là en 1970, Frank Mill (5 août lui aussi), éternel troisième en RFA derrière Klaus Allofs et Karl-Heinz Rummenigge, Jorge Costa (5 août, décidément…), foudroyé par une crise cardiaque sur le banc de Porto, José Araquistáin (28 septembre), gardien des « yé-yé » du Real de la C1 1966, Dobromir Jetchev (12 octobre), tortionnaire de Pelé à la World Cup cette même année, Dieter Herzog (20 novembre), l’un des rares à avoir remporté la Coupe du monde et rien d’autre, Nikita Simonian (23 novembre), champion olympique 1956 puis sélectionneur de l’URSS, Lorenzo Buffon (25 novembre), gardien autrefois célèbre des Azzurri avant qu’un cousin éloigné ne lui vole la vedette, Billy Bonds (30 novembre), le roc de West Ham (21 saisons !) longtemps aux portes des Three Lions mais jamais capé, et aussi John Robertson (25 décembre), pièce maîtresse du grand Nottingham Forest et unique buteur en finale de C1 1980.

À notre modeste échelle hexagonale, nous avons aussi dit adieu à Bernard Brochand (25 février), dirigeant historique du PSG, Gérard Bourgoin (2 mars), roi du poulet longtemps aux manettes à Auxerre, Albert Vanucci (6 avril), éphémère central des Tricolores de l’ère Kovacs, Jacky Vergnes (28 juin), Bleu des années sombres mais valeur sûre en Division 1, Richard Tylinski (16 août), défenseur intraitable des premiers titres des Verts, Abdellah Liégeon (27 août), incontournable latéral de Monaco vu avec l’Algérie au Mundial 1986, Marcel Husson (3 octobre), l’entraîneur du monumental 4-1 du FC Metz au Camp Nou, Gérard Hausser (16 novembre), l’un des rares Bleus à ne pas avoir sombré à la CM 1966, ou dernièrement Jean-Louis Gasset (26 décembre), légende à Montpellier et fidèle second de Laurent Blanc sur le banc.

Et puis, parce que le football est une langue universelle et multiforme, laissons un peu d’espace à Ali Gagarine (12 février), la légende du Soudan, et donnons du tambour pour « Manolo el del Bombo » (1er mai), que l’on avait fini par croire éternel après quarante ans de grosse caisse dans les tribunes de la Roja.

ES-PA-ÑA, boum boum boum, ES-PA-ÑA…

Ce football, justement, que nous a-t-il donné à retenir en 2025 ? Sauf à supporter l’OM avec une absolue mauvaise foi, on n’a pas pu ignorer la victoire du PSG en Ligue des Champions. Après quinze ans d’errements bling-bling, le projet qatari a enfin accouché d’une vraie équipe de classe mondiale, reconnue comme telle par tous les spécialistes. Évidemment, on aurait préféré un succès à la griffe plus authentiquement française, comme dans les années 1990, mais ceci est-il encore possible à l’ère du football mondialisé ?

Nous partageons l’avis général, mitigé, sur cette Coupe du monde des clubs nouveau modèle qui a été l’autre événement de l’année. On peut toutefois penser que l’engouement des Sud-Américains pour l’épreuve et les bonnes performances de quelques « petits » (Inter Miami, CF Monterrey, Al-Hilal) prouvent la possibilité d’un succès durable. Après tout, ni Rome, ni la « vraie » Coupe du monde ne se sont faites en un jour.

Marseillais, fermez les yeux.

Dans une autre Coupe du monde, le pays du juche s’est juché au sommet de la pyramide des U17 féminines. Avec 25 buts marqués en 7 matchs contre 3 encaissés seulement, les Nord-Coréennes ont écrabouillé l’opposition pour la deuxième fois consécutive. Si l’on y ajoute le titre mondial U20 des Azalées de l’Est en 2024, on peut penser que l’avenir radieux tant promis pourrait devenir réalité… dans les limites du terrain, et encore.

Pour revenir au niveau continental, notre aficionado attitré du Real Betis Balompié, S.A.D. a versé une larme en voyant ses Verdiblancos fouler pour la première fois la pelouse d’une finale européenne, même si ce n’était « que » celle de la Ligue Europa Conférence et que Chelsea s’y est montré trop fort (4-1). Le peuple bético peut bien avoir pour hymne « ¡Viva el Betis manque pierda![1] », un grand trophée finira un jour par le démentir et le combler à la fois. Les qualifications à cette C4 de deux clubs irlandais (Shelbourne et les Shamrock Rovers) nous ont plu aussi.

Aujourd’hui, ce modeste trophée. Demain, l’univers !

Un peu plus à l’est, nos fins limiers des horizons lointains ont retenu la finale de l’AFC Champions League Two, l’équivalent asiatique de la Ligue Europa, entre les Émiratis du Sharjah FC et les Lion City Sailors de Singapour, sur la pelouse de ces derniers. Ceux-ci, longtemps menés, ont bien cru accrocher la prolongation à la 90e + 1, mais un but du Brésilien Marcus Vinicius Meloni, apparenté ni au Jr. du Real ni à une Giorgia bien connue, a offert le trophée au Sharjah au bout du suspense (90e + 7).

Du côté des équipes nationales, nos sentiments sont allés à deux noms bien connus qu’on ne voit plus beaucoup dans les grands tournois ces temps-ci. L’Écosse fait son retour en Coupe du monde après 28 ans d’absence grâce à deux buts dans le temps additionnel, au terme d’un match fou face au Danemark, et aussi un peu grâce à l’élargissement du tableau final. La République d’Irlande, bête noire des Bleus en 1974, 1978, et 1982, a accroché les barrages de manière inespérée et peut encore viser la quatrième qualification de son histoire. « Ces deux matchs m’ont un peu réconcilié avec le foot, comme si son âme n’était pas totalement pourrie », en a lâché l’un des nôtres.

L’Écosse est de retour ? Renversant !

Dans les ligues nationales, commençons à la maison avec le renouveau de la Ligue 1. Malgré la domination du PSG, le championnat est devenu agréable à suivre, le jeu est en nets progrès, et les clubs français se remettent enfin au niveau en Coupe d’Europe. On aurait bien aimé un bilan sans tache à ce sujet, mais l’OGC Nice, dont nous nous réjouissions du retour international, nous a déçus. La remontée du FC Metz après un barrage mémorable contre le Stade de Reims, la renaissance de Florian Thauvin sous les couleurs Sang et Or, et le retour du Paris FC en Ligue 1 pour poursuivre l’éternel rêve de « deux grands clubs dans la capitale » sont nos autres coups de cœur.

Outre-Rhin, nous saluons (enfin !) le retour du Hamburger SV en Bundesliga après sept ans d’absence. On attend maintenant d’y revoir Schalke 04, Kaiserslautern, ou le Hertha Berlin. La remontée du Dynamo Dresde en 2. Bundesliga, longtemps espérée elle aussi, a réjoui les Ostalgiques parmi nous, même si c’est mal engagé pour le maintien.

Plus au nord, chapeau à la surprise Mjällby, champion de Suède (record de points à la clé) à la barbe du très populaire Hammarby, le club d’origine du légendaire Ronnie Hellström, toujours placé mais jamais gagnant depuis sa remontée. À l’autre bout du monde, hat off au FC Auckland (avec dans ses rangs l’ex-Marseillais Hiroki Sakai), premier de la saison régulière pour ses débuts en A-League australo-néo-zélandaise avant une défaite inattendue en play-offs.

Chåmpiøns, par Odin et par Thor !

L’honnêteté l’exige : il faut aussi parler de ce qui nous a déplu. En premier lieu, notre rédaction est unanime à reconnaître que le football a atteint le point de saturation. Entre la Coupe du monde des clubs dont nous avons déjà parlé, une Coupe du monde des nations à 48 équipes qui ne convainc personne pour le moment, une Ligue des Nations dont on se demande l’utilité, une Ligue des Champions élargie et allongée, une C4 qui a au moins le mérite de faire renaître un peu du parfum de la défunte Coupe des Coupes, et des compétitions nationales difficiles à alléger, c’est tout simplement trop, aussi bien pour le portefeuille du (télé)spectateur que pour son temps libre. Le retour de bâton menace, et il sera brutal dans les chiffres d’audience comme dans les bilans comptables.

« L’ennui naquit un jour de l’uniformité », a écrit Antoine Houdar de la Motte. Là aussi, le football a atteint le point fatidique. Sous le joug impitoyable des statistiques et des analyses vidéo à la précision chirurgicale, toutes les équipes, tous les matchs finissent par se ressembler. Les Argentins jouent comme les Allemands, les Allemands craquent mentalement comme les Français, les Français défendent comme les Italiens, les Italiens coulent au classement mondial comme les Argentins en leur temps, et tout cela nous fait un plat unique au fumet indéfinissable et au goût douteux. On ne regarde plus les Bleus que d’un œil, presque par devoir… Là, les plus anciens parmi nous, ceux qui ont connu les années Kovacs ou Henri Michel, mettent quand même un bémol : au moins les résultats sont-ils là et une demi-finale de Coupe du monde est-elle devenue un objectif réaliste.

L’immixtion de la politique dans le football n’a rien de nouveau, mais elle prend vraiment un tour excessif à nos yeux. Après 2022, le bisht passé à Messi par l’émir du Qatar sur le podium, et Emmanuel Macron se précipitant sur la pelouse de Lusail pour « consoler » devant les caméras un Mbappé qui semblait pouvoir s’en passer, on est passé cette année au niveau supérieur avec les contorsions de Gianni Infantino devant Donald Trump. Peut-être était-ce vraiment nécessaire pour garantir la bonne tenue de la Coupe du monde sur le sol américain l’an prochain, peut-être aussi est-ce un peu une affaire de perception, s’agissant d’un personnage que beaucoup en Europe, surtout en France et en Belgique, considèrent comme un ennemi.[2]

C’est cela, oui…

De retour dans les stades, nous observons avec douleur la chute sans fin du Nîmes Olympique, qui a rejoint les Girondins de Bordeaux dans l’enfer du National 2, mais sur le terrain et non sur tapis vert. Par la presse sportive allemande, bien informée pour raisons migratoires évidentes, nous suivons aussi depuis plusieurs mois le scandale des arbitres-parieurs en Süper Lig turque, une affaire qui prend sans cesse de l’ampleur et pourrait bien faire des éclaboussures au niveau européen.

Alors, qu’attendre de la nouvelle année ? Avant tout, espérons une Coupe du monde réussie, meilleure que celle de 2022 ou que l’Euro 2024 (facile) sur le plan du jeu, et avec un ou deux Petits Poucets genre Ghana 2010 ou Maroc 2022 pour apporter un vent de fraîcheur. Les Français dans notre rédaction souhaiteront une troisième étoile aux Bleus, qu’ils soient ennuyeux à regarder ou non, les Belges parmi nous voudront une revanche de 2018. Espérons aussi qu’aucune main terroriste, intérieure ou non à l’un des trois pays organisateurs, ne déjoue les mesures de sécurité malgré un environnement fragile, surtout au Mexique.

Espérons aussi la poursuite de l’embellie des clubs français en Europe. Un triplé PSG (C1) – Lyon (C3) – Strasbourg (C4) relève du rêve fou, mais Ralph Waldo Emerson n’a-t-il pas écrit « Accroche ton chariot à une étoile » ?

Il est sans doute trop tôt en 2026 pour s’attendre à ce que la folie des grandeurs de la FIFA et de tous les détenteurs de droits TV du monde trouve la modération. À défaut, espérons donc que la « routourne » de l’innovation tactique fasse son œuvre et qu’il se trouve un technicien de génie pour briser le moule qui normalise le jeu dans toutes les grandes ligues.

Souvenons-nous aussi que la flamme du football qu’on aime n’est pas éteinte. Il y aura toujours un Mjällby, un Auckland, ou (qui sait ?) une Bolivie pour enflammer les cœurs et raviver les passions. À vos maillots, à vos écharpes, à vos écrans, à vos bières si affinités, à vos claviers pour refaire le match et peut-être même venir contribuer à P2F… et bonne année de ballon rond à tous !


[1] « Vive le Betis même s’il perd ! »

[2] https://www.theguardian.com/world/2025/dec/04/europeans-trump-enemy-of-europe-russia-war-poll

3 réflexions sur « Rétrospective 2025 : nos moments de football de l’année »

  1. Ennemi, Trump…….. On trouvera aussi au Canada, par exemple, des sondages où une large part de l’opinion le qualifie d' »ennemi », et même majoritairement les USA comme une menace majeure pour leur pays..et même Trump comme un individu « dangereux ».. Aussi, la perception..

    https://www.pewresearch.org/short-reads/2025/07/24/canadians-opinions-of-the-us-and-its-president-are-at-or-near-historic-lows/?utm_source=chatgpt.com

    Pour ma part, je n’ai pas attendu Trump pour me défier des US. L’Europe elle-même a sa part, n’a besoin de quiconque pour merder, les siècles précédents et même l’actualité en témoignent, à foison. Mais « l’ami américain », hormis de la propagande post-war ou un excellent film de Wenders : je ne sais pas ce que ça veut dire.

    Quant à mes compatriotes : la Belgique est le laboratoire et le centre névralgique de l’européisme (lequel n’est pas plus ma came que les US), vu ce que porte Trump il est impossible qu’il y soit bien perçu.

    Les Français : je m’abstiendrais du moindre commentaire.

    Ce prix de la FIFA, c’est quand même Ubu-roi.

    0
    0
    1. Ajouter que c’est depuis la chute de Blatter et Platini, que la FIFA est devenue un gadget du soft-power US. Ceci dit et concernant ce fameux prix, je n’ai vraiment pas l’impression que ça aille beaucoup plus loin qu’une histoire de caprice personnel?? On croirait presque à un complexe, comme ces potentats africains de naguère qui tenaient à recevoir une breloque, de la considération quelle qu’elle soit. Sinon un peu / bcp de ridicule, je ne vois pas trop ce que ça lui apporte.

      0
      0
  2. Merci Triple G. Oui, j’étais heureux du parcours du Betis même si cette compétition est plus faible que la Coupe des Villes de foire d’antan. En tout cas, pour cette édition. Cela faisait tache pour un club qui se situe entre la 7-11eme place historique de la Liga de ne pas avoir au minimum un dernier carré européen. Merci Antony, merci Isco.

    0
    0

Laisser un commentaire