Ce qui fait que l’on aime tant le foot ce sont ces moments de grâce où les joueurs ont pendant quelques instants le même génie que nos musiciens, peintres ou réalisateurs préférés. Comme pour l’art, chacun d’entre nous entretient un rapport différent avec ces instants de grâce. Ceux qui nous ont fait nous lever du canapé, qui ont accéléré notre rythme cardiaque et qui nous ont offert une dose d’endorphine !
Moteur…
Celui que j’ai retenu se déroule il y a 23 ans jour pour jour. Cette année-là, la C1 se jouait en deux interminables phases de poules. Nos deux représentants français, l’OM et Bordeaux, vivent un calvaire dans cette deuxième phase. Les Bordelais tombant avec le futur finaliste Valence et le tenant du titre United (avec les arrêts de jeu les plus mythiques de l’histoire de la compétition).
C’est ce même club mancunien que l’on retrouve dans ce match retour des quarts de finale où il est opposé à l’avant dernier champion. Le match aller au Bernabeu se termine sur un 0-0, les Anglais accueillent donc le Real Madrid dans un match retour plein de promesses entre les deux derniers vainqueurs.
Deux équipes qui utilisent la formation maison, United avec sa génération mythique et le Real avec Casillas et l’inévitable paire Raul-Morientes. Mais aussi leurs stars étrangères, Stam côté mancunien, McManaman, Roberto Carlos ou Savio côté madrilène. Mais celle qui nous intéresse joue pour les Merengues depuis presque six ans, Fernando Redondo.
Pas la peine de présenter l’Argentin et sa conduite tête haute, sa technique délicieuse ou son caractère bien trempé. Un type de joueur qui nous paraît appartenir à une autre époque et qu’il est difficile de ne pas adorer.
Action
Revenons au match. Roy Keane lance vite les hostilités, mais pour une fois son tacle ne trouve aucune cheville mais les filets de son propre gardien. La règle des buts à l’extérieur étant de mise (une autre réminiscence d’un passé révolu), les joueurs de United doivent donc marquer deux fois s’ils veulent se qualifier.
Le Real attend et joue en contre. Dès le retour des vestiaires, Manchester met un gros pressing sur le porteur du ballon. A la 50e minute McManaman remonte le ballon et offre une passe parfaite à Raul qui d’un magnifique enroulé trouve la lucarne de Van der Gouw. Le rythme du match et de notre cœur se réveillent. Sur l’engagement Roy Keane, suite à un relais de Cole, passe à quelques centimètres de la réduction du score. Le match s’emballe, United presse de plus en plus haut.
Sur une récupération de balle, Roberto Carlos passe à Savio qui trouve d’un amour de louche Redondo. Celui-ci est dans son camp et part dans une folle cavalcade sur le côté gauche. Le Norvégien Berg l’enferme bien vers le point de corner. Et alors que l’on s’attend tous à voir Redondo temporiser, le brillant Argentin nous crée un geste incroyable. Une talonnade, taconazo en version originale, entre les jambes de Berg. Il fait le tour du Norvégien et accélère, sauve le six mètres et face à une défense mancunienne stupéfaite fait une passe décisive à Raul qui avait tout vu avant les autres. La montagne norvégienne coule et le Real tue un match dans lequel il avait pourtant été en difficulté (scénario qui pour le coup est encore très actuel).
Alors pourquoi cette action nous est-elle si mémorable ? Contextualisons un peu. Le match passe sur TF1, nous sommes encore jeune adulte, en plein pic de cette passion qui nous réunit ici. Le foot est encore un objet télévisuel rare, l’occasion de voir des grands joueurs en direct l’est aussi. Ces matchs sont l’occasion d’un moment entre père et fils, où l’on discute et profite de ce spectacle. Et quand l’incroyable, l’inattendu se passe celui-ci nous émerveille et finit par nous marquer. Même le paternel, qui comme nous aujourd’hui ne s’émerveille plus pour ce sport, s’est levé du canapé et ses yeux ont brillé du même enchantement que nous. Ce plaisir partagé décuplant la magie de l’instant et le gravant à jamais dans nos mémoires.
C’est cela que nous a offert Redondo ce soir-là, un rappel que le foot peut être un spectacle extraordinaire.
Coupez !
Merci Rui Costa!
Je n’ai pas encore lu, je dis déjà merci car rien qu’en voyant le titre et la photo, je sais que ce sera un cadeau.
Le onze idéal de l’AFA publié en 2016 (les années 40, notamment, sont oubliées) :
Fillol – Zanetti, Perfumo, Passarella, Tarantini – Redondo, Brindisi, Maradona – Messi, Batistuta, Kempes.
Au poste de Cinco, malgré un background modeste en sélection (Passarella y est évidemment pour quelque chose), Redondo devance Rattín, Gallego, Batista ou Simeone, des monstres. Il n’était pas le plus dur d’entre eux mais il avait leur intelligence de jeu et surtout une aisance technique bien supérieure.
PS : ce texte a peut-être appâter Alain Proviste !
Va peut-être appâter
Oui on en avait déjà parler de cet amour commun pour ce joueur. Vraiment dommage que nous n’ayons pas réussi à le faire venir. Alain si tu nous lis, viens au moins trainer sur le discord!!
Joueur de très grande classe, quel joueur ce fut Redondo.
des cinco que tu cites, bien d’accord, il est techniquement au dessus de tous. Et de tres loin. Il n a pas ete épargne par les blessures aussi, notamment sa fin de carriere prematuree a cause de cela.
Redondo, grande classe……..
Il y en a de toutes sortes.. Pour moi, le pompon ce fut en..2001??? Blessé à l’Inter, il refusa d’être payé tant qu’il ne serait pas rétabli…………….
Brindisi dans le Onze? Je l’apprécie mais au milieu, y a de la concurrence pourtant !
(Brindisi surcôté)
d ailleurs Verano dans les noms que tu cites, ce sont plutôt des profils plus defensifs.
Redondo est l’essence meme du poste, plus technique et organisateur, de cette particularité argentine. Pas le 5 milieu def comme Simeone, Almeyda a la même époque que lui, le vrai 5 « meneur de jeu » (Antonio Sastre, Nestor Rossi avant lui, ou moins connus Roberto Telch, Miguel Raimondo, etc.).
Et Viberti dont on dit qu’il est celui qui ressemblait le plus à Redondo !
Tu cites Telch, il a en effet quelques points communs avec Redondo (et mérite un article, grand joueur méconnu).
Un demi-centre à l’ancienne, en somme ?
Bochini ou Alonso? ça y est t’as perdu tout crédit. Fais gaffe t’es sur la pente descendante comme Fred! ^^
Il s’agit de 2 joueurs qui n’ont absolument rien accompli sous la tunique Albiceleste, des figurants tout au plus. Leur immenses carrières n’ont été accomplies qu’en club.
Evidemment que Riquelme ne boxe absolument pas dans la même catégorie qu’eux quand on parle de sélection.
T’es pas très constant, quand même ! Toi qui ne jure que par les palmarès, sont champions du monde (on s’en fout qu’ils aient peu joué) alors que Riquelme est associé à la lose de l’Albi eh eh 😉
Plutôt qu’un Tarantini que j’adore pour avoir vu sa fin de carrière, je mettrais un Silvio Marzolini.
Ah oui, sans aucun doute !
A la place de Brindisi, on peut penser à Bochini ou Alonso. Ajde va préférer Riquelme 😉
C est un onze selection donc Tarantini est la pour le titre de 78.. en dehors fe ça, Marzoloni n’ a rien a lui envier.
@Verano
Non, le grand absent c’est Charro Moreno.
Ajde
Oui, Moreno à la place de Kempes ou Batistuta… Et là, qui enlever?
Perfumo Passarellla me paraît bien en paire centrale.
Oui, c’est ce que je relevais, les années 40 sont absentes. Moreno et Sastre dans ces années-là sont des postulants, Rossi également pour sa longévité. On pourrait aussi proposer Carrizo à la place de Fillol (malgré mon admiration pour Ubaldo).
J’ai dix ans de nouveau
Merci
Il était comment notre pâté à 10 ans ?
toujours aussi foufou ?
Très con et malpoli
Comme maintenant
Les matchs europeens de Redondo sur cette C1 là en 2000, c’est du velours. Il etait au dessus de tous le monde.
Tout à fait, je l’adorais mais j’avais peu d’occasion de le voir jouer. Comme Baggio, Bergkamp ou Rui Costa, autres artistes de ce temps. Je n’avais pas Canal plus et ma seule chance de les voir était les résumés sur la RAI via le satellite.
Quand TF1 diffusait les matchs du Real j’étais à fond et ce soir là j’étais conquis.
Au-delà de l’action je voulais rendre un hommage à ce joueur que l’on aime tous, sauf pour les anti-argentins bien sur 🙂
Je ne doute pas qu’un grand portrait sera fait sur lui tant il y a de choses à dire, ce Moteur Action était l’occasion de parler de son geste le plus célèbre et de rappeler quel grand joueur il était.
Je me suis souvent demandé pourquoi ce geste est le premier qui revient dès que je pense à une action qui m’a marqué dans le foot. Je pense que c’est la conjonction de plusieurs choses, le joueur, l’importance du match, le fait de le voir en direct bien sur (et en famille), l’imprévisibilité du geste et la classe qui émane de chaque seconde de cette action.
Mon premier souvenir de foot : la tête de Boli contre Milan en 93 !
Véridique.
La situation était tellement incongrue (personnellement) et marquante (sportivement).
Pas vu la fin du match, en revanche. A la mi-temps, au pieu : y avait école le lendemain.
C’est peut-être aussi pour ça que ça m’a tant marqué : y a (presque) rien eu après…
Ah tiens marrant (pour moi) c’est aussi l’action qui me vient en tête sur le pourquoi de mon amour du foot.
Il y avait plusieurs Real-Man U au début des années 2000 qui furent a chaque fois pour moi, de grands moments de foot.
J’étais déjà féru de ce sport mais ces matchs et Redondo ont fini de me mettre la bague au doigt.
Moi c est France Bresil 86, je me souviens avoir pensé qu on parlait beaucoup de Zico et Platini alors qu ils etaient evidemment nuls vu leurs penos 🙂
rrroouuu
Imagine ceux qui ont commencé avec la finale 94. Pauvre Baggio et Baresi…
Mais quel geste…
Si vous voulez tout savoir j’étais chez David quand j’ai assisté à ça! M’en souviens encore.