Mémoires d’un trublion en eaux troubles

Francis Rion vient de mourir, dans la matinée de ce jeudi 3 novembre. A 89 ans « et une rawette », comme l’on dit dans son arrière-pays liégeois, probablement des suites du troisième cancer subi en quatre ans…

Car « jamais deux sans trois ! », se plaisait-il d’ailleurs à en dire, avec son air de défi permanent avant de préciser, il y a trois ans et pour les besoins de la presse régionale, pas le moins du monde inquiet : « C’est un cancer du foie. Avant cela, j’avais d’abord eu un cancer de l’intestin, puis un autre de la prostate. » Bref : ça allait aller – il en avait vu d’autres.

« En fait c’était déjà très tard, trop tard quand on m’a diagnostiqué mon premier cancer. Au total, j’ai fait 21 séances, sans être malade une seule fois. J’allais à mes séances comme j’allais chez le boulanger (rire). »

« Le second cancer n’était pas trop hard. On m’a envoyé des bombardements de microbilles nucléaires. Dit comme ça, ça fait un peu peur mais c’est super léger (rire).» Avec le sourire, il ajoutait : « Maintenant, je chante une, deux, trois, lalala (rire). »

Bref, et à l’instar du légendaire Roger Claessen dit « Roger la Honte » (comme lui natif du bucolique mais farouche Pays de Herve), Francis Rion était un cas… mais aussi l’homme qui, durant toutes les années 1970, aura assurément été le meilleur représentant de l’arbitrage de son pays, non moins que l’une des figures les plus entières et pittoresques jamais produites par le football belge.

De cet homme toutefois, je me rappelle surtout du jour et des circonstances où sa compagne, plus jeune environ d’une vingtaine d’années, m’avait ouvert la porte de leur appartement…

« Francis, ton visiteur est là ! Veuillez nous excuser, Monsieur, mais Francis a eu un petit accident, c’est pour ça que je lui interdis de se lever pour ouvrir la porte désormais.

– Un accident ?

– Oh oui, un poids-lourd de 25 tonnes lui est rentré dedans il y a deux ans. Normalement Francis devrait être au cimetière ou en chaise roulante, c’est ce que disaient les médecins en tout cas. Mais si vous aviez vu la tête du chirurgien, quand Francis est allé le remercier à pied huit mois plus tard… »

Francis Rion

J’accède presque aussitôt au salon, l’appartement est petit, très sobrement décoré. Le maître des lieux me calcule avec ses faux-airs de Colonel Bigeard, tout en se levant avec une énergie à peine contrariée. La poignée de main est franche, il se rassied fermement :

« Alors Monsieur, que puis-je faire pour vous ? »

Je lui répète ce que je lui avais expliqué par téléphone, depuis Kinshasa : mes recherches sur les affaires de corruption dans le football européen des années 1970, les liens directs de plusieurs dirigeants avec l’OTAN ou la Ligue Mondiale Anti-communiste… bref, le « football comme continuation de la guerre froide mais par d’autres moyens »…

– Oulah… On dirait du Michels, « le football c’est la guerre »… Un type que je n’aimais pas beaucoup. Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans, moi ?

– Rassurez-vous, Michels n’est vraiment pas mon genre d’hommes. Et je viens à vous à cause de Franchi.

– Franchi ? Le glacier italien de la rue Saint-Gilles, à Liège ?

– Non non, Artemio Franchi, l’ancien patron de l’UEFA. L’un de vos anciens confrères a écrit, il y a vingt ans environ, un ouvrage consacré aux « arbitres de la Province de Liège ». En préambule, il y parlait de vous, et des problèmes que vous auriez apparemment eus suite à des révélations faites à l’encontre de Franchi. Or je n’avais jamais entendu parler de cette histoire, et Franchi est un personnage central pour les sujets qui m’occupent.

– Et vous avez trouvé ça… où ça, déjà ? Au Congo, à Kinshasa ?

– Oui oui, un vieux vendeur de livres, son étal était à même le sol, près de l’Ambassade de Belgique. Tenez, le voici.

Rion prend le livre, le feuillette : « Vous avez de sacrés libraires à Kinshasa, vous (rire)… Bon, écoutez… Cette histoire, je croyais bien que tout le monde l’avait oubliée, c’est à peine croyable… Vous ne faites pas de politique, pas de blague ? Alors ça va, je vais vous parler de Franchi. Mais d’abord il faut boire une bière. Ou plutôt un Porto, peut-être ? »

Une bière plus tard, Francis Rion me tutoyait déjà :

Friedrich Seipelt

« Bon alors, déjà, je vais commencer par te parler de Fritz Seipelt…

– Seipelt ?

– Oui, Seipelt. C’était le grand patron de l’arbitrage pour la Coupe du Monde en Argentine. Un Autrichien. Il dirigeait la Commission des Arbitres de l’UEFA, laquelle faisait alors la pluie et le beau temps pour les Coupes du Monde, bref : aucune décision impliquant l’arbitrage n’était prise sans l’accord de Seipelt. Et je peux te dire qu’avec lui, le ton de la Coupe du Monde fut vite donné.

– C’est-à-dire ?

– Eh bien, nous étions à peine arrivés, moi et mes collègues français, gallois, hollandais…et puis tous les autres, qui sais-je encore…, que le Président Seipelt nous convoquait aussitôt : « N’oubliez pas dans quel pays nous jouons. L’Argentine a fait un excellent travail en tant que pays-organisateur. Tâchez de vous en rappeler. »

– Qu’est-ce que cela vous avait inspiré ?

Francis saisit une seconde bière : « Rien de bon ! Tu sais, je peux te dire que, lorsque j’ai reçu le télégramme m’annonçant que j’étais retenu pour aller en Argentine, j’ai explosé de joie… Quel bonheur, quelle carrière ! Mais si j’avais su que j’y vivrais un tel cauchemar… »

Je reprends mon bic et mon carnet, laissés sur la table d’acajou.

« Tu vas vraiment noter tout ça à la main ? Tu sais, tu peux m’enregistrer si tu veux, ça ne me dérange pas. Enfin bref, revenons à nos moutons… Déjà, lorsque j’ai su que je devrais arbitrer le match Italie – Autriche en quarts de finale, pouillouille… Puis voilà que, 2-3 jours avant le match, comme par hasard, je croise dans le couloir Artemio Franchi, Italien et vice-président de la FIFA donc…Je le salue poliment mais lui, tout ce qu’il trouve à me dire, c’est : « Monsieur Rion, si vous êtes ici c’est grâce à moi, j’espère que vous vous en souviendrez au moment opportun ? »

– Ah, Franchi…On y arrive !

– Oui mais attends, c’est pas tout ! Dans l’autre couloir, je rencontre alors Friedrich Seipelt, président autrichien, donc, de la Commission des arbitres de l’UEFA… qui me dit la même chose !

Là, je me dis : « Mon vieux Francis, tu vas arbitrer ces deux castards et, s’il y a une équipe battue, tu vas le payer ! »

– C’est là que vous avez tout déballé à la presse ?

– Non non, pas du tout : ce fut bien plus tard, ça. Mais attends, c’est pas fini : le jour du match, devine qui vient me saluer dans mon vestiaire, 15 minutes avant le coup d’envoi ?

– Euh… Franchi ?

– Oui, encore ton Franchi ! Et cinq minutes plus tard, rebelote : c’est Seipelt qui revenait, lui aussi, pour me remettre un coup de pression ! Bref, ça ne faisait plus un pli, on a essayé de me corrompre… mais ça : jamais de la vie avec Francis ! D’ailleurs, je vais même te dire, on me désignait toujours pour siffler le derby liégeois, et à chaque fois je perdais des amis. J’avais même dû dire à la Fédération, à Bruxelles : « Stop, y en a d’autres que moi ! » Après, je ne savais même plus aller boire un verre avec les copains sans me faire chambrer, voire un peu plus…

– C’est vrai que vous avez reçu des coups parfois ? J’ai lu ça il y a deux jours en cherchant à mieux vous connaître, parmi les archives nationales à Bruxelles.

– Et comment ! Mais c’est vrai que je n’avais pas ma langue dans ma poche, d’ailleurs c’est ce qui s’est passé à mon retour d’Argentine : j’étais révolté, je n’en pouvais plus… Et puis je me doutais bien que je ne recevrais plus jamais ma chance, Seipelt était furieux que je n’aie pas annulé le but de Rossi. Alors, avec un ami journaliste, on a organisé un barbecue à Blegny, toute la presse y était conviée, même des journalistes étrangers sont venus… et c’est là que j’ai tout déballé.

Allan Hunter, ?, Francis Rion, Axel Ponnet, Johnny Giles

D’évidence pas peu fière de son homme, sa compagne sort alors de sa réserve : « Le gars au coup d’éclat, on n’avait jamais encore vu une chose pareille… mais on ne l’a plus jamais vu ensuite. »

– Pas tout-à-fait Maggy, car rappelle-toi : il y eut encore quelques matches de coupes d’Europe tout de même, au Real notamment… Ou alors ce fameux Irlande – Irlande du Nord juste après le Mundial : c’était la première fois en plus de 50 ans que ces deux équipes se rencontraient, encore un match politique, moi qui déteste ça, tu parles d’un cadeau… Mais le pire ce fut décidément à la Coupe du Monde 78 : j’ai arbitré le match le plus difficile psychologiquement, on a essayé de me corrompre, j’ai sifflé honnêtement, en âme et conscience…et puis je me ferais jeter comme un malpropre ? Il fallait réagir…

– Mais votre carrière ne fut plus jamais la même, si je comprends bien ?

– Non, c’est certain. Avant cela on me confiait des matchs prestigieux : l’Allemagne, la France, le Bayern, les deux Manchester, Liverpool, la Juve, une demi-finale entre le Borussia et le Dynamo Kiev aussi, un quart de finale entre le Borussia et le Real, Saint-Etienne, les Rangers… Mais après… En 1981 par exemple, je n’étais soudain plus que juge-assistant pour un Arabie Saoudite – Chine disputé à Kuala Lumpur… Pourtant j’arbitrais toujours aussi bien qu’avant, tiens, Maggy : tu veux bien aller chercher ma boîte avec les notes des examinateurs, s’il te plaît ?

Tandis que son épouse se lève énergiquement, je profite que Francis me sert une troisième bière pour recentrer les échanges sur la raison première de ma présence : « Vous n’aviez pas peur de vous mettre Franchi à dos ? Je veux dire : physiquement ? »

Jean-Paul II, Artemio Franchi

– Franchi ? Pourquoi en aurais-je eu peur ?

– Vous ne saviez pas qu’il était membre de la loge P2 ? (je me reprends aussitôt) Excusez-moi : vous ne pouviez pas savoir, à l’époque à peu près personne ne savait pour P2…mais évoquait-on parfois ses liens directs avec des dirigeants de l’OTAN ?

Rion me renvoie une moue perplexe : « P2 ? L’OTAN ? »

– Oui, P2. Les années de plomb italiennes, l’attentat de Bologne… Ces massacres furent l’œuvre d’une structure secrète, anti-communiste, et qui entendait déstabiliser la démocratie italienne, voire y substituer un régime fort si les communistes devaient parvenir au pouvoir. Une stratégie de la terreur. A certains égards ce que nous eûmes probablement aussi en Belgique, avec les Tueurs du Brabant wallon.

– Je suis désolé, je vois vaguement de quoi tu parles mais je ne comprends pas où tu veux en venir, je ne comprends pas du tout ce que vient faire Franchi là-dedans ?

– Franchi était membre de P2, Francis. Comme avant et après lui les dirigeants de l’AC Milan Rizzoli et Berlusconi. Leur implication dans les choses du football relevait de la guerre froide, de la propagande. Ce qui explique bonne part des scandales survenus jusqu’à la chute du Mur, quoique tout particulièrement sous la présidence de Franchi. Et ce n’était pas qu’en Italie, Francis : il y avait la même chose au Bayern, à l’Ajax peut-être… en Belgique aussi vraisemblablement.

Soudain, Rion paraît quelque peu confus, bien qu’il semble acquiescer à l’évocation des deux derniers clubs cités. Je m’en veux d’avoir peut-être, malgré moi, cassé son jouet… Tout cela vaut-il vraiment le coup ? Mais je n’ai pas le temps de m’excuser, car déjà Rion se reprend, inoxydable : « Tu sais, je n’ai jamais aimé la politique. Mais je vais quand même te répondre : non, je n’avais pas peur de Franchi, quelque part je crois même que la situation me plaisait car j’ai toujours été un peu provocateur. »

Francis Rion, arborant le maillot du scandale

– Ah ça, c’est vrai que tu as toujours bien aimé les coups d’éclat, embraie sa compagne, les bras soudain chargés de souvenirs. C’est comme le « G » sur son short ! Nous étions clients dans cette banque à Visé, la « Générale de banque »… Francis était un révolutionnaire : le premier en Belgique à courir à reculons pour pouvoir suivre le jeu en toute circonstance, le premier aussi à soigner sa condition physique, à faire grève, à parler haut et fort contre la violence dans les stades… et le premier surtout à militer pour la professionnalisation de ce métier, il y avait tellement de tentations… Alors il avait demandé des autocollants au gérant de cette agence de banque, pour les coller sur son short noir… et il a arbitré avec ! Oufti, le retour de manivelle ! La publicité était interdite pour les arbitres, ils croyaient que Francis touchait de l’argent pour ça alors que non, c’était juste une blague, une provocation pour faire avancer les choses… En plus, faire ça avec le sponsor du Sporting Anderlecht (rire)…

– Nondidju qu’est-ce que t’es bavarde, Maggy…

J’interromps Rion : « Ah non, poursuivez s’il vous plaît Madame, c’est très intéressant ! »

– Evidemment que c’est intéressant ! Mais Francis a toujours été bon camarade : à chacun de composer avec sa conscience, d’après lui… La belle affaire… En attendant, c’est comme ça qu’un intriguant comme Axel Ponnet a fini par lui passer devant ! Et dire qu’il vient même d’être nommé à la présidence de la Commission d’Ethique…

Rion ne relève pas, affairé dans sa boîte aux souvenirs. Savourant ma troisième bière et ce kairos, j’en profite pour relancer Maggy sur Ponnet – cet arbitre international qui se gaussa un jour, publiquement, d’avoir délibérément refusé un pénalty au Standard en finale de Coupe de Belgique, face au Sporting Anderlecht.

« Ponnet ? Francis vous en dira au mieux que c’était un carriériste. Mais la vérité est qu’il a décroché beaucoup de marchés avec le Sporting pour son commerce d’imprimerie à Schaerbeek.

– Un peu comme l’arbitre Geluck dans les années 1960, auquel le Sporting Anderlecht confiait la vente de billets pour les matchs, dans son établissement de « l’Hôtel de Bruges » à deux pas du stade ? Des trafics d’influence ?

Maggy observe d’abord un temps de réflexion. Le premier depuis sa tonitruante entrée dans la conversation. « Tout ce que je puis dire, c’est que c’est pour ça que j’ai fini par ne plus accompagner Francis aux matches : même moi on essayait de m’acheter, des petits cadeaux par-ci, par-là… mais on n’achète pas Maggy ! »

Rion émerge alors de ses souvenirs, exhumant une dizaine de notes, toutes maximales – d’évidence l’une des fiertés de sa vie : « Regarde mes fiches d’examination, on en recevait après chaque match de Coupe d’Europe… Avant cette histoire en 78, j’étais régulièrement cité comme la ligne arbitrale à suivre, et puis… J’étais devenu l’homme à abattre… »

Avec le Roi Pelé

– Comment votre carrière internationale a-t-elle pris fin, Francis ?

– Oh, c’était un match sans envergure particulière, supervisé par un examinateur luxembourgeois… Il m’a pris de haut, me provoquait constamment… Même à un aspirant on ne parlerait pas comme ça. Alors je lui ai cloué le bec en public, c’était plus fort que moi. Et du jour au lendemain je ne fus plus jamais convoqué pour le moindre match.

Une gorgée de bière, un soupir peut-être. Et alors Francis conclut :

« Quoiqu’il en soit, ma désignation pour cette Coupe du Monde restera un excellent souvenir, ces cinq semaines en Argentine… C’était formidable. Je retiens ma rencontre avec le Roi Pelé aussi, lors d’un match des Vedettes, et que je parvins même dans la foulée à l’emmener boire des bières dans le café de mon village natal, à Dalhem… Tu aurais vu la tête des enfants du village, le Roi Pelé à Dalhem… C’était magnifique à voir. »

Nous prîmes congé, l’entretien avait duré trois heures et mon épouse m’attendait. Nous nous revîmes çà et là, toujours avec plaisir au détour d’une bière, d’une bourse consacrée aux vieux livres du football voire au gré de ses activités caritatives au bénéfice d’enfants miséreux ou souffrant de leucémie.

Quatre jours avant son décès, assis avec mes enfants dans un théâtre de marionnettes, dans l’attente d’une représentation opposant Pinocchio et le subversif Tchantchès à la corruption des notables d’une petite cité italienne, je m’étais surpris à relever, parmi les trompe-l’œil naïfs qui embellissaient la salle – loges dites « des notaires », « des bourgeois », « du bourgmestre » ou encore « des avocats » –, que la décoration des lieux avait ménagé aussi, juste à ma droite, une loge facétieusement baptisée… « P2 ». Et j’avais pensé à ce bon vieux Tchantchès Rion, et à sa chère Nanesse Maggy – plus encore frondeuse, selon le folklore populaire liégeois, que son pourtant inénarrable donneur de coups de boule de mari…

Francis Rion sera incinéré ce mardi matin. La fédération belge, pour sa part, a jugé préférable de ne pas rendre hommage à son meilleur arbitre des années 1970.

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36 réflexions sur « Mémoires d’un trublion en eaux troubles »

  1. Ah ! ah ! Franchi, la P2, le kairos et un vieux grimoire trouvé chez un vendeur de rue à Kinshasa…
    Ça, c’est mon Bota. J’adore.

    Bel hommage à ce bonhomme ! Superbement bien écrit et mis en scène.

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    1. Le vendeur de rue, ça peut paraître incroyable et pourtant.. C’est juste fou ce sur quoi on peut tomber là-bas, tous ces bouquins lus et rerelus qui n’intéresseraient absolument plus personne ici, mais qui là-bas trouvent une seconde vie, tout simplement parce que les gens doivent s’y débrouiller comme ils peuvent, ne méprisent aucune ressource..

      Je ne sais plus si c’était à Kinshasa ou Butare (Rwanda), mais j’eus aussi une autre expérience/trouvaille un peu WTF comme ça en Afrique centrale.

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      1. Ah ! mais c’est incroyable, et pourtant je ne doute pas une seconde que ce soit vrai.
        C’est ça qui est formidable !

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      2. Idem dans mon bled, on pouvait tomber sur des sacrés trucs à lire, et la rareté ne faisait que démultiplier le plaisir de savourer la trouvaille.
        Tout le contraire de mes expériences actuelle où je peux acheter un truc qui reste sous plastique dans la bibliothèque 10 ans après. Abondance de biens nuit.

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  2. Ah, il est sorti! 🙂

    Et merci donc..et désolé si j’avais merdé quelque part (c’est fort probable). C’est peut-être d’autant de mon fait que j’ai finalement préféré lénifier un peu certains propos (les initiaux étaient toutefois absolument fidèles, mon carnet de notes de l’époque en fait foi), hier soir encore sur le coup de 22h00..ce qui a peut-être foutu la merde.

    Pourquoi avoir adouci certains propos? Parce qu’un profil illustre évoqué dans l’article pourrait s’avérer brin procédurier, c’est en tout cas typique de ce genre d’éminences.

    J’en profite d’ailleurs pour m’amender d’une erreur : ce n’est pas « Axel » mais « Alexis » Ponnet. Axel xy, rien à voir : c’était un diplomate de la même génération et originaire du même coin, avec la même tête de vieux beau à la Paul Newman et le même penchant consistant à user de sa situation pour son enrichissement personnel, bref : un mauvais souvenir professionnel.

    Encore une précision : je l’ai donc rencontré à l’été..2013 ou 2014? Il était disposé à une interview-papier, une vidéo même. Inscrire dans le marbre ce qu’il avait à dire ne l’effrayait pas le moins du monde, il était partant.. et puis, avec le temps, les obligations, ce sentiment aussi que le mec serait toujours là dans 10 ans.. Repose en paix, Francis.

    Je me dois aussi de mentionner Lucien Longrée dont, faute de temps (article rédigé la nuit de samedi à dimanche), j’ai repris la trame d’une interview plus récente, pour gagner du temps, c’est compliqué de rendre vie à une vingtaine de pages de notes éparses..mais sur le fond, la forme et les thématiques abordées (Lucien était davantage dans le parcours de vie, quand moi je m’étais focalisé sur le dark-side), ce papier est absolument fidèle à notre entrevue d’il y aura bientôt 10 ans..si ce n’est qu’il est adouci sur deux points, donc.

    Merci enfin d’avoir pu le publier aujourd’hui (et à Verano pour sa vigilance 😉 ), j’y tenais particulièrement.

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  3. Quelle belle époque, il y avait des arbitres « formidables », des mecs avec des casseroles au cul invraisemblables et qui ont eu des carrières formidables. Guruceta, Lamo Castillo, Eschweiler, Rainea, Ponnet, José Roberto Wright…. Je vais d’ailleurs tacher d’écrire un truc sur Wright, l’homme d’Atlético Mineiro-Flamengo de 1981, c’est un héros de roman.

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    1. ..et il y avait des mecs bien aussi!

      Parmi ceux qui ont été lui rendre un dernier hommage avant que la maladie ne finisse par avoir raison de lui, citons un Gerets par exemple. Mais il était hors de question que j’en propose la photo, ça fait mal de voir Francis, certes toujours combatif mais sur un lit d’hôpital avec des tuyaux partout.. Ce mec était vraiment génial.

      Honte éternelle sur la fédé belge par contre..dont le cul n’est pas propre il est vrai..

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      1. Comment expliques tu ce silence de la Fédé ? Les dirigeants ont dû changer depuis l’époque Rion, non ?

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      2. Et puis, j’ajoute : les dirigeants changent-ils jamais au fond?

        Je ne vais pas trop dire comment je trouvai l’info, usage abusif des bases de données dont je disposais jadis à fins professionnelles, bref..

        Et je ne citerai pas de noms publiquement!

        Mais concernant par exemple un Président de la fédé belge du XXIème siècle, dont l’on raillait alors l’absence d’expérience dans le monde du football, la fédé belge s’en justifia en disant que ce n’était pas plus mal, délibéré même.. : il fallait quelqu’un d’étranger au football, au-dessus de la mêlée, sans lien aucun avec aucun club, ni..

        LOL………….

        En faisant mes petites recherches, donc : je trouvai qu’il était tout bonnement le..beau-fils d’un ancien de la fédé, bref… 😉 (information qui finit par faire son petit bout de chemin, quoique largement inconnue encore du grand-public)

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      3. « Les dirigeants changent-ils jamais au fond ? ».
        Probablement pas mais chaque nouveau dirigeant digne de ce nom inscrit sa mandature sous le signe du changement même si au fond rien ou presque ne change puisqu’il est très souvent le produit d’un système bien établi. C’est pourquoi, sous couvert d’une prétendue vertu et avec beaucoup de cynisme, il n’aurait pas été surprenant que la fédération rende hommage à Francis Rion.

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      4. Je serai plus à l’aise ce soir pour réagir, vraiment bcp de boulot devant moi..mais, sans décidément pouvoir affirmer que ce silence assez inouï en procède :

        1) Autant que je sache (!), le beau-fils susmentionné n’est plus dans le football.. (autant que je sache, hein..et à dire vrai j’en doute)

        2) Le beau-père susmentionné ne pouvait pas blairer Francis Rion, conflit permanent et assez violent, frontal (Francis m’en avait parlé aussi – il y a plein de trucs que je n’ai pas exploité pour cet article, les problèmes de Rion avec le Président d’Anderlecht VandenStock par exemple). Et le moins qu’on puisse dire est qu’en son temps ledit beau-père pourfendit publiquement, et même s’employa surtout à contrarier, l’action pourtant légitime de la justice belge lors du Waterscheigate..

        Juste encore une piste parmi d’autres, c’est rarement/jamais monocausal.

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    1. La Chine était passée toute proche de se qualifier pour le Mondial 82.
      En revanche, je me demandais pourquoi ce match avait été joué à Singapour alors que la poule finale de la zone Asie-Océanie se jouait en matchs aller-retour.
      Sur Wikipédia en anglais, il est précisé que les deux matchs Chine-Arabie Saoudite furent joués à Singapour car « China and Saudi Arabia not having diplomatic relations. »
      Finalement, la Chine jouait presque à domicile ! Elle gagne les deux matchs (2-0 et 4-2). Les arbitres centraux furent… le Brésilien Wright et le Belge Ponnet. Apparemment, d’après Verano et Bota, deux personnages sulfureux…

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      1. En Malaisie Bobby, à Kuala Lumpur. Je crois que les chinois représentent pas loin de 30% de la population en Malaisie.

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  4. Pfiou, quel niveau
    En fait, tes réflexions et recherches étaient gâchées dans le maelstrom des commentaires sur SF
    Une tribune comme celle ci, certes (pour l’instant) modeste, permet de mieux les comprendre, et te comprendre

    Et merci pour la découverte du Monsieur

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    1. J’ai 6 mois de travail à boucler en un mois-et-demi, bon pour le chômage à défaut 😉 ……..mais quand, dans la foulée de sa mort, j’observai que notre pitoyable fédé avait préféré taire sa disparition………

      Il y a près de 10 ans, quand je tombai sur cet ouvrage a priori (pas seulement « a priori » ;)..sinon sans doute pour les principaux concernés ) peu passionnant, et eus faute de mieux sous la main l’inclination à l’ouvrir, c’était à ma connaissance la seule occurrence écrite résiduelle concernant le scandale que Rion avait suscité (mais aussitôt enterré)..

      Le soir même chez moi, j’en trouvais trace aussi sur le web..car ledit livre y était consultable! (ne me rappelant plus du nom de son auteur – le livre est chez Francis -, Jean-Paul Cruckenberg ou un nom du style..???), impossible toutefois de retomber sur ce qui était alors la seule trace numérique de son « coup d’éclat »..pourvu que cette page Web existe encore bien sûr, on a de curieuses surprises parfois..

      Là, j’ai vu que Lucien Longrée (un ancien de l’…OTAN 😉 ) avait eu après moi une interview chez Rion – l’article n’est accessible qu’à des « initiés », je vais essayer de vous en citer l’un ou l’autre passages.

      Bref : le moins que je DEVAIS faire était de participer de la perpétuation de cette histoire. Surtout que Francis était un mec extraordinaire, le coeur sur la main.. Une rencontre inoubliable. Et merci à ce site donc.

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      1. Monsieur Longrée est un chroniqueur pur, qui veille surtout à entretenir la « petite » (rien de péjoratif, que du contraire!) histoire, la mémoire populaire.. Beaucoup plus « positif » que moi, il ne cherche pas à remuer là où ça pue, reste en surface.. Je connais un peu les deux tempéraments : et Rion, et Longrée..et aucun doute que c’est Francis qui amena leur échange spontanément sur l’affaire Franchi-Seipelt, il en avait gardé gros sur la patate..et était même devenu plus vindicatif depuis notre entrevue! Voici donc ce que Longrée en a restranscrit, pour son anniversaire en 2021 :

        HEUREUX ANNIVERSAIRE
        Francis Rion : 10/06/1933 – 10/06/2021 (88 ans)
        Lorsque j’avais rencontré Francis début mai 2018 à son domicile, il se remettait lentement mais sûrement d’une sérieuse hospitalisation.
        Gageons que l’année qui vient de s’écouler lui aura permis de reprendre des forces pour regarder l’EURO.
        Il est vrai que depuis que Francis a quitté la scène internationale, très peu d’arbitres belges ont encore eu l’honneur de participer à de grands tournois internationaux.

        (…)

        « Mon honneur est sauvé et ma conscience tranquille, tout le monde ne peut pas en dire autant… »

        Avec ses 87 Printemps, celui qui fut notre sifflet national et international Numéro Uno rentrent lentement mais sûrement au Panthéon de nos valeureux sportifs. Ceux qui, de par leurs prestations, donnèrent du plaisir et surtout la joie de vivre à des milliers de personnes à une époque économiquement bien difficile.

        (…)

        De notre agréable entrevue de Mai 2018, et oui que le temps passe vite, nous retiendrons trois grands axes de la carrière de Francis Rion :
        1. Son arrivée dans l’arbitrage…
        2. Ses coups de gueule dans les couloirs de l’Union Belge…
        3. Son refus de coopérer avec (déjà) les Mafiosi de la FIFA lors de la Coupe du Monde en Argentine (1978) …

        L’ARBITRAGE, JE SUIS TOMBÉ DEDANS TOUT À FAIT PAR HASARD

        Francis est né à Dalhem le 10 juin 1933. Comme tous les garçons de son âge, il a d’abord tapé dans un ballon dans la cour de l’école communale du village. Et il a aussi dû attendre d’avoir 16 ans pour pouvoir signer sa première carte d’affiliation pour évoluer dans une équipe à l’Elan Dalhem.

        « Il n’y avait pas d’équipes d’âge à Dalhem à cette époque, j’ai commencé à jouer en Réserve. Oh, je n’étais pas un foudre de guerre, je jouais surtout pour le plaisir. Je n’ai d’ailleurs joué que10-12 années au Foot. Mais lorsque j’ai été arbitre je suis toujours resté affilié à l’Elan ».

        COMMENT ES-TU DEVENU ARBITRE ?

        « Il faut savoir que durant mon premier mariage, j’habitais à Vivegnis et un jour la Réserve de Vivegnis allait jouer à Roclenge-sur-Geer. Je m’habillais dans le vestiaire quand tout à coup notre délégué, Alphonse Nysten (75 ans), rentre et nous dit qu’il n’y a pas d’arbitre. Comme le stipule le Règlement, ce sont les visiteurs qui doivent fournir un arbitre. Le brave Alphonse vient me trouver et me demande de siffler. Après le match, tous les joueurs étaient contents, ils sont venus me trouver et m’ont demandé pourquoi vous ne faites pas arbitre ? Je me suis dit, pourquoi pas ! Je suis allé me renseigner à la Fédération, j’ai suivi les cours et passé les examens, j’ai réussi et ma carrière a commencé ! ».

        Tout d’un coup, la porte de l’appartement s’ouvre, c’est Maggy qui rentre d’avoir été faire les commissions. Du coup, l’ambiance va monter d’un cran, il faut dire qu’elle est beaucoup plus jeune que Francis, son mari, et qu’elle pète la forme. Elle n’hésitera d’ailleurs pas à descendre à la cave pour aller chercher une boite pleine de photos souvenirs…

        J’AI QUAND MÊME CHANGÉ QUELQUES LOIS À L’UNION BELGE

        Les hommes un peu trop masochistes diront qu’une femme qui parle de trop ce n’est jamais bon… Oh excusez-moi mesdames, je cherchais juste une introduction un comique pour expliquer la reprise de parole par Francis.
        « Un jour, j’ai dit à l’Union Belge, si ma femme ne peut pas m’accompagner, j’arrête l’arbitrage ! Tu sais, j’ai encore connu de grands Messieurs à la Fédération, des gars comme Gérard Verseyp (BXL), Albert Alsteen (BXL), Arthur Blavier (Namur) et Van Nuffel (Anvers), c’étaient des gentlemans… Tous avaient été arbitres et tous étaient allés à une Coupe du Monde. Vraiment des gens bien. J’ai d’ailleurs remplacé Vital Loraux (Charleroi) comme N° 1 Wallon.

        CE MATCH DE COUPE DU MONDE FUT UN VÉRITABLE POISON…

        Une désignation comme arbitre ou une sélection comme joueur pour une Coupe du Monde est assurément le summum d’une carrière. Du moins vu de l’extérieur, parfois moins de l’intérieur, encore moins lorsqu’on vous met une pression maximale qui frise la corruption…

        (le passage suivant vous est désormais connu)

        UN COUP D’ÉCLAT QUI LAISSERA DES TRACES…

        En rentrant d’Argentine ou il avait soit dit en passant passé quelques 5 semaines, Francis en avait gros sur la patate et il savait pertinemment bien qu’il venait de faire son dernier voyage, pèlerinage, à l’étranger. Entre tristesse, déception et révolte, Francis choisit cette dernière option pour le crier haut et fort, un peu trop fort pour certains…

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    1. Plus difficile? La ligne de la VAR, les techniciens en studio la placent où ils veulent, y a déjà eu des truscs assez WTF en Belgique par exemple, où l’on voyait distinctement à l’oeil nu qu’elle était biaisée de 2-3 mètres, d’ailleurs les responsables de la VAR finirent par en convenir..mais le mal était fait.

      Et puis, la VAR de toute façon : mobilisée à des géométries beaucoup trop variables que pour être parfaitement honnête..

      Par rapport à ces années 70 et 80 (les 70 me paraissent avoir été hors-normes sous Franchi), le contexte a sacrément changé.. Le primat était alors à la donne géopolitique pour ne pas « civilisationnelle » ; mais depuis la chute du Mur ça me paraît plutôt procéder par des impératifs commerciaux, le marché dicte sa loi.

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      1. Le métier s’est professionnalisé, aussi.
        Ça laisse peut-être moins de place au n’importe quoi.
        La formation est peut-être plus solide, et le développement d’un métier entraîne la mise en place d’une déontologie.

        Je me souviens (vaguement) du témoignage de Langenus qui racontait son examen d’admission et le gars en face (un Britannique, évidemment) qui lui posait des questions à la n’importe quoi, du genre : « le ballon est dégagé en l’air et ne retombe jamais. Que faites-vous ? » Véridique !

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    2. Certaines choses changent sur la forme mais changent elles vraiment sur le fond ?
      Je ne crois pas que ce soit vraiment beaucoup plus rares c’est juste qu’au niveau pro ça se passe différemment c’est certain, les caisses de mousseux du coin ne sont plus très en Vogue…

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  5. Une photo pour la route, un match entre copains.. De sacrées figures du foot belge dans le tas :

    Le 2ème debout à gauche : Roger Claessen

    Le 4ème debout : Francis Rion

    Accroupi à l’extrême-gauche : Popeye Piters, un phénomène………….. Chez lui que j’achetais mes chaussures de foot et de basket.. et c’est avec lui que Coppens effectua ce fameux pénalty en deux temps face à l’Islande, 25 ans avant Cruyff et Olsen.

    4ème accroupi à partir de la gauche : Roger Laboureur, encore un phénomène – Khia en parlait l’autre jour.

    (que les autres me pardonnent : je les situe très bien, y a pas de problème.. mais Claessen-Rion-Piters-Laboureur c’est du hors-catégorie rayon culture populaire belge)

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  6. Un très vieil arbitre belgo..-turc! m’en a appris une belle ce weekend (j’en trouve à l’instant confirmation écrite), un truc que Francis Rion n’avait pas jugé utile ou trouvé le temps de me raconter (mais il y avait déjà tellement de trucs dans notre lointain entretien, il y a une dizaine d’années) : à peine était-il nommé numéro 1 officiel de l’arbitrage belge en 76, qu’il fut aussitôt..suspendu pour 6 mois par la fédération belge, lol : ce doit être un cas unique 🙂

    La raison de cette très lourde suspension (même des arbitres confondus pour corruption ont déjà pu continuer à arbitrer..)? Son premier « coup d’éclat », pour reprendre l’expression chère à sa compagne, avait été d’initier et de mener un mouvement de grève du corps arbitral belge, au finish, de sorte de forcer ladite fédération à réagie enfin contre les violences physiques dont ils étaient régulièrement l’objet.

    Et je vais garder ce qu’il me raconta du Président d’Anderlecht pour un article consacré aux magouilles à peine croyables dont ce club se fit une spécialité à compter de l’Occupation.

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