Il y a 64 ans… l’OGC Nice battait le grand Real Madrid

Les années 50 : une décennie faste pour les aiglons

Né en 1904, le Gymnaste Club de Nice devient Olympique en 1924. Les années qui suivent voit le club alterner entre belles épopées en Coupe de France et saisons plus compliqués. L’OGC Nice monte en Division Nationale lors de la saison 1948-1949 et finit septième, place tout à fait honorable pour un promu. L’exercice suivant est plus abouti avec moins de buts encaissés, plus de buts marqués et au final une belle cinquième place.

La saison 1950-1951 sera celle de la consécration. Trois ans seulement après son accession dans l’élite, l’OGC Nice est champion de France avec la meilleure attaque du pays. Cette équipe est portée par son redoutable avant-centre Jean Courteaux (27 buts) mais aussi par Antoine Bonifaci, Yeso Amalfi ou encore Pär Bengtsson. Et pourtant, cela avait mal commencé, les Aiglons entamant la saison d’une manière catastrophique : ils sont derniers après six journées ! L’OGC Nice ne prend la tête du championnat qu’à la 33e et avant-dernière journée du championnat avant de remporter le titre grâce à une victoire 4-0 contre le Stade Français. Le top 5 se joue en un point mais les Niçois coiffent sur le poteau le LOSC à la différence de buts !

Les champions de France 1950-1951.

A l’époque, point de coupe d’Europe : la Coupe des clubs champions n’étant créée qu’en 1955, on joue alors la Coupe Latine (qui regroupaient les champions en titre d’Espagne, d’Italie, de France et du Portugal). L’OGC Nice refuse d’y participer et ce sont leurs dauphins lillois qui vont les relayer. Le LOSC bat le Sporting Portugal avant de se faire laminer 5-0 face à l’AC Milan de Gunnar Nordahl.

1951-1952 va marquer un tournant pour le Gym, avec l’arrivée de deux joueurs qui feront la légende du club : le futur capitaine Pancho Gonzalez et le Luxembourgeois Victor Nurenberg. L’OGC Nice va conserver son titre cette année là, devenant le premier club français a réussir pareille prouesse grâce à une attaque prolifique mais aussi une défense de fer, la meilleure du pays. Ils réussiront également à remporter la Coupe de France 1952 en battant les Girondins de Bordeaux sur le score de 5 buts à 3. Un triomphe portant le sceau de son entraineur Numa Andoire, un ancien milieu de terrain du club. Contrairement à l’année précédente, les Aiglons participent à la Coupe Latine et après une victoire contre le Sporting Portugal, ils ne perdent qu’un but à zéro face aux redoutables Barcelonais de Laszlo Kubala.

Par la suite, les performances du Gym seront plus fluctuantes : seulement treizièmes en 1953, les double champions ne terminent qu’à un petit point de la zone rouge. Cela ira mieux en 1954, une victoire 2-1 en finale de Coupe de France contre l’Olympique de Marseille de Gunnar Andersson et Larbi Ben Barek compensant en partie la huitième place en championnat. 1955 s’achève sur une triste neuvième place et aucun titre en Coupe.

En attaquant l’exercice 1956, les Aiglons ont un effectif beaucoup plus fourni : Nurenberg et Gonzalez sont toujours de la partie, rejoints par Just Fontaine, Rubén Bravo, Joseph Ujlaki ou Dominique Colonna, le tout sous la houlette de Luis Carniglia, le buteur de la finale de 1954 devenu entraîneur. Avec des joueurs de grand talent, Nice regagne le championnat 1956 avant de retomber dans ses travers, enchaînant deux treizièmes places en 1957 et 1958.

Il faudra attendre 1958-1959 pour retrouver le club dans les plus hautes sphères, sur la première marche du podium d’ailleurs ! Mais les héros ont bien changé : exit Just Fontaine et sa bande, c’est la génération de Keita Omar Barrou et Jacques Foix qui prend les commandes, avec les « anciens » Gonzalez et Nurenberg toujours présents. Avec une défense de fer, les Azuréens dominent Nîmes pour reporter leur quatrième couronne.

1960 : L’épopée niçoise

Debout : Martinez, Lamia, Chorda, Gonzalez, Milazzo, Cornu
Accroupis : De Bourgoing, Alba, Foix, Nurenberg, Barrou

Champion de France, le Gym accueille dans ses rangs l’attaquant argentin Hector De Bourgoing en provenance de River Plate.
Si la saison domestique se traduira par une triste neuvième place, c’est en coupe d’Europe que les Rouge et Noir vont se révéler.

Le premier tour les oppose aux Shamrock Rovers, champion d’Irlande, emmenés par leur star, le redoutable attaquant irlandais Tommy Hamilton. Après une victoire 3-2 au Stade du Ray grâce à un doublé de Foix et un but de Victor Nurenberg, les Niçois iront chercher tranquillement leur qualification en Irlande (1-1).

Les huitièmes du finale sont d’une toute autre facture avec les Stambouliotes de Fenerbahçe. Battu à l’aller 2-1, les Aiglons s’arrachent au stade du Ray grâce une nouvelle réalisation de Foix notamment, une victoire 2-1 leur offrant un match d’appui sur terrain neutre.
C’est en Suisse, au parc des Sports de Genève, que les Azuréens vont arracher leur plus beau succès en Coupe d’Europe. Les hommes de Jean Luciano vont cartonner les Turcs 5-1 avec un doublé de Foix et des réalisations de De Bourgoing, Milazzo et Faivre.

Malheureusement, le quart de finale les met sur le chemin de l’armada madrilène. Herrera puis Rial douche tout les espoirs français au bout d’une demi-heure de jeu mais au retour des vestiaires, les locaux semblent comme en transe dans le Stade du Ray. Vic Nuremberg réduit le score à la 55e minute avant d’être fauché dans la surface 10 minutes plus tard, le Luxembourgeois prend ses responsabilités et égalise. A cinq minutes du terme, Nuremberg fait parler la poudre une ultime fois en marquant un triplé historique. Nice 3, Madrid 2. C’est la première fois qu’un club français triomphe face au Real en coupe d’Europe.

Le troisième but de Nuremberg.

Le retour sera malheureusement un enfer. Les revenants Di Stéfano et Didi, blessés au match aller, ne feront qu’une bouchée des Niçois, réduits à 10 après l’exclusion d’Hector de Bourgoing juste avant la mi-temps, les Madrilènes s’imposant sans sourciller 4-0 au Santiago Bernabéu. Les Ibériques remporteront ensuite leur cinquième Coupe des clubs champions européens d’affilée en écrasant l’Eintracht Francfort 7-3 en finale, après avoir battu leurs rivaux du FC Barcelone 3 buts à 1 lors des deux rencontres. Ce seront ses mêmes Barcelonais qui seront les prochains à battre le Real et les premiers à l’éliminer en coupe d’Europe la saison suivante, dans un match à l’arbitrage douteux.

Après des décennies d’errance, l’OGC Nice a retrouvé de sa superbe ses dernières années avec notamment une troisième place en 2017. Sous l’impulsion de son richissime propriétaire, Jim Ratcliffe, on peut espérer voir à nouveau le Gym rejouer les premiers rôles. Avant, qui sait, de retrouver la phase finale de la Ligue des Champions et le Real Madrid ?

16 réflexions sur « Il y a 64 ans… l’OGC Nice battait le grand Real Madrid »

  1. Bon article, mais une petite remarque: Didi n’as pas joué le match retour et pour cause, il n’a participé à aucune rencontre de Coupes d’Europe ce qui lui interdit de figurer au palmarès de la C1 de 1960. Il a seulement disputé 19 rencontres de Liga.
    Ces deux matchs avaient été retransmis et commentés par Raymond Marcillac (on peut les voir sur youtube), et abondemment commentés en classe le surlendemain, dans les cours de récréations, car le jeudi il n’y avait pas école. Je ne savais même pas de quoi on parlait.
    Au match aller au Stade du Ray, un consultant surprise s’était invité. Je vous laisse le deviner.
    Au retour Lamia arrête un péno, mais part complètement à la pêche sur une sortie aérienne. Une « Bertrand-Demanes » avant l’heure, en somme. Jetons un voile pudique sur ses prestations en Equipe de France en particulier contre la Yougoslavie à l’Euro 60, où il encaisse trois buts casquettes en quatre minutes. La France menait par deux buts d’écart à 15 minutes de la fin (tiens tiens ça me rappelle quelque chose). Ceci dit, c’était un bon gardien de D1, ce qui n’est pas si mal.

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  2. Le Herrera buteur à l’aller pour le Real est le fils de Herrerita, idole d’Oviedo dont il avait été question ici même dans un article consacré au derby des Asturies.
    Chus Herera était un espoir du Real mais la maladie l’emporte très jeune.
    Dès la saison suivante il ne peut plus jouer et meurt en 1962.

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  3. Alors Monsieur Alpha, on écrit sur des matchs sans les regarder quand ils sont dispos?
    Didi n’a effectivement pas joué les 2 matchs, et aucun en Europe pour couronner son parcours du combattant au Real. C’est ça de ne pas se soumettre au caudillo du coin.

    De ce que je me souviens, les niçois ont fait bonne figure à l’aller en résistant comme ils ont pu, jusqu’à aller gagner le match. Ils ont pris le bouillon (très important le bouillon me dit-on :)) au retour, loin de chez eux. Je me souviens aussi que Lamia était un gardien particulièrement moyen (pour ne pas dire mauvais) qui a tout de même fini international, c’est vous dire la mouise dans laquelle commençait à se trouver la France à ce moment là…

    Le consultant surprise n’était autre que Justo bien évidemment (si la mémoire ne me joue pas des tours).

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    1. Le texte date d’il y’a plusieurs années et ça se sent ! (dans les petites erreurs mais aussi dans le style très médiocre 😬)

      Quand aux gardiens français, on ne va pas tirer sur l’ambulance mais oui, on a pas été gâtés historiquement…

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      1. Lamia totalise quand même 7 sélections, ce qui pour l’époque, est presque considérable.
        Petite récap des infortunés gardiens à 1 seule sélection:
        Fernand Desrousseaux, André Renaux, Louis Bournonville, Jean Loubière, Raymond Frémont, Charles Berthelot, Jacques Dhur, Charles Allé, Rudi Hiden, Alfred Dambach, Marcel Domingo, Paul Sinibaldi, Jean-Pierre Kress, Bruno Ferrero, Yves Chauveau, Pierrick Hiard, Albert Rust, Lionel Charbonnier, Stéphane Porato, Richard Dutruel, Cédric Carasso, Benoît Costil.

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      2. Domingo, une sélection… C’est vraiment une anomalie, même si ses années espagnoles expliquent cela.

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      3. Dans les années 50 on a quand même eu: Vignal, Ruminski, Remetter, Abbes et Colonna. C’est après que ça se gâte avec les Lamia, Taillandier, Bernard et Aubour. Seuls Carnus et le malchanceux Eon avaient le niveau.

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      4. Carnus sortait vraiment du lot? Il paraissait très sobre dans ses interventions. Du peu que j’en ai vu…

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  4. Petit débat dominical. Quelle est la plus belle équipe niçoise des années 50?

    Celle des titres 51 et 52 : Bonifaci, Bengston, Ben Tifour, Ben Nacef, Amalfi, Carniglia, Nuremberg, Pancho Gonzales

    56 : Nuremberg, Pancho, Fontaine, Ujlaki, Ruben Bravo, Colonna,

    59 : Nuremberg, Pancho, Alberto Muro, Jacques Foix, Lamia, Keita Barrou, Chorda,

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  5. Hector De Bourgoing, c’est une histoire familiale étonnante. Il est le descendant d’une lignée de nobles diplomates en Espagne, puis du Saint-Siège. Son père exilé en Argentine, Hector grandit dans les immenses terres de son père. Pas un mec du ghetto!

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    1. Sa mère était uruguayenne si je ne dis pas de bêtises et que ma mémoire ne me fait pas défaut. Effectivement son pere avait des terres et plantations aux confins du Nordeste Argentin, Misiones, aux frontières avec le Brésil et le Paraguay.

      Et évidemment il a joué pour les deux sélections.

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      1. * international argentin (vainqueur du sudamericano 1957) et français (participation Mondial 66).

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