Coupe d’Asie 2023 : Ô quarts, ô désespoir

Les quarts de finale de la Coupe d’Asie se sont déroulés les 2 et 3 février. Qui est sorti vainqueur du choc des titans entre le Japon et l’Iran ? Qui de l’affreuse Australie ou de l’immonde Corée du Sud nous aura le plus dégouté du foot ? Qui du Tadjikistan ou la Jordanie continuera à épater tout le monde ? Qui de l’hôte qatari ou de l’ambitieux Ouzbékistan atteindra son objectif annoncé ? Découvrons le dans ce compte-rendu !

Tadjikistan 0-1 Jordanie : Le fleuve éteignant la flamme tadjike

Une affiche inédite. Du beau jeu. Une opposition de style spectaculaire entre une équipe de manieurs de ballon et une autre à la ligne offensive rapide comme l’éclair. Quoiqu’il arrive un moment d’histoire pour une nation qui atteindra la demi-finale de la Coupe d’Asie pour la première fois de son histoire. Voilà en gros ce que promettait ce quart de finale très alléchant entre les héros Tadjiks et la belle Jordanie. Comme s’ils avaient bien identifié les faiblesses tadjikes entrevue lors des précédente rencontres, les Jordaniens mettent en place un pressing ultra agressif sur l’arrière garde. Les Tadjiks n’arrivent pas à garder le contrôle de la balle et commettent plus d’erreurs techniques que d’habitude. Seraient-ils stressés par l’enjeu ? Petar Šegrt montre en tout cas de gros signes d’agacement. Même si son équipe touche la barre à la fin du premier quart d’heure, elle est assez nettement dominée sur ce début de match. La Jordanie contrôle parfaitement le rythme, qu’elle maintien assez étonnemment lent. Avant d’enclencher des pics d’accélération par Ali Olwan ou Yazan Al-Naimat. Al-Tamari a beau être un peu moins en vue, il peut parfaitement compter sur ses deux comparses pour appuyer là où ça fait mal. Ali Olwan en particulier se distingue par ses nombreuses percées qui font souffrir le côté droit de la défense tadjike, qui heureusement pour elle peut encore s’appuyer sur un Rustam Yatimov lui au rendez-vous de l’évènement. Le Tadjikistan peut aussi s’estimer bien heureux que l’arbitre n’accord pas un pénalty qui semblait évident à Yazan Al-Naimat. Il est en revanche bien malheureux lorsque Samiev doit quitter ses partenaires dès la 22e minute, victime d’un claquage. C’est un énorme coup dur pour cette équipe qui perd donc un atout offensif de poids, et qui va donc subir toute la première mi-temps. On sent les Jordaniens au dessus physiquement et tactiquement bien que les Tadjiks aient encore sans doute l’atout technique de leur côté. En particulier grâce à Umarbaev qui régale au milieu.

Déterminés, organisés, intenses. Les Jordaniens ont été au dessus quasiment tout le match.

0-0 à la pause, mais avantage net pour la Jordanie. Au retour des vestiaires, si l’on sent le Tadjikistan un peu plus solide, avec des lignes plus resserrées et un pressing plus cohérent, il peine toujours à se montrer dangereux en dehors d’une de la défense jordanienne qui aurait pu profiter à Mabatshoev. La Jordanie continue de maitriser le match et finit par être récompensée peut après l’heure de jeu sur corner. Vakhdat Hanonov perd son duel, le ballon lui rebondit dessus et entre dans le but, laissant Yatimov impuissant. Une ouverture du score logique. Et la Jordanie continue d’attaquer et de contrôler la rencontre. Elle ne va rien laisser à un Tadjikistan qui semble cuit physiquement et incapable de réagir. Comme si cette équipe n’avait pas été préparée, programmée, pour aller aussi loin dans la compétition. Ce qui semble logique. D’autant qu’il se heurte à chaque fois à une défense jordanienne imperméable, notamment du côté de Abdallah Nasib, qui ne laisse absolument rien passer. Impuissant, le Tadjikistan s’incline 1-0. La marche était trop haute pour ces Tadjiks qui sortent néanmoins largement avec les honneurs, la fierté d’avoir écrit l’histoire de leur sélection et l’accomplissement d’avoir fait rêver tous les suiveurs de la compétition. A n’en pas douter, les Dzhalilov, Hanonov, Yatimov, Umarbaev, Samiev et consort laisseront de très bons souvenirs au Qatar. S’il est vrai qu’on s’attendait à un feu d’artifice et des occasions de tous les côtés, la partie s’est malgré tout révélée être très intéressante pour se ce qui est de la bataille tactique. Une bataille remportée à plate couture par la Jordanie. Menée par le Marocain Houcine Ammouta, cette équipe jordanienne est une belle révélation. Complète, capable d’adapter son jeu, très solide derrière avec notamment Nasib et Alarab, et emmenée par un trio offensif complémentaire, elle est une équipe particulièrement redoutable et difficile à battre. Son futur adversaire en demi-finale est prévenu : cette Jordanie présente en tout cas de nombreuses qualités pour un futur vainqueur.

Abdallah Nasib (3) a provoqué le csc de Hanonov et a été impassable. L’homme du match.

Australie 1-2 Corée du Sud : La plaisanterie continue…

« Arnoldball » contre « Klinsiball ». Le Mochico. Le match des enfers. Celui-ci pour lequel on maudirait les dieux du football pour nous infliger cela. On pourrait tout de même croire au premier abord à une opposition de style intéressante à la vue des compositions d’équipe : Graham Arnold alignant une véritable formation de bucherons articulée autour de Jackson Irvine, Martin Boyle et Mitchel Duke en pointe. Tandis que Klinsmann présente une ligne offensive à priori attirante avec Lee Kang-in et Hwang Hee-chan sur les côtés et Son Heug-min soutenant Cho Gue-sung. Cependant, la Corée du Sud continue sur la même lignée que ses prestations précédentes. Soit un néant absolue dans la création. Aucun mouvement cohérent, une immobilité digne de statues, et une production offensive inexistante. Une statistique résume la situation à merveille : à la mi-temps, 70% de possession pour la Corée, zéro tir ! En face, on a beau dire, à raison que l’Australie est moche. Mais au moins, on doit lui reconnaitre de la solidité et le fait d’avoir une idée de ce qu’elle veut faire. C’est donc logiquement que les Socceroos se créent les occasions de la mi-temps. Après une bonne frappe de Goodwin repoussée par Jo Hyeon-woo, Conor Metcalf a la possibilité de reprendre le ballon et de marquer dans le but vide, mais démontre à quel point les Australiens ont les pieds carrés. Qu’importe, la défense coréenne va aider les Australiens à concrétiser leur domination. Abyssale depuis le début du tournoi, elle verse une nouvelle fois dans le comique avant la mi-temps : Hwang In-beom redonne le ballon à un adversaire à l’entrée de sa surface de réparation, et le rempli de l’ensemble de ses partenaires et tellement anarchique que les Australiens ont le temps d’enchainer trois passes dans la surface, puis de centrer sur un Goodwin totalement laissé libre au second poteau. La reprise du gauche est limpide et l’Australie mène logiquement 1-0.

Passer uniquement par des centres, face à l’Australie… En voilà une drôle de stratégie offensive !

La seconde mi-temps arrive, mais rien ne change pour la Corée du Sud qui se permet même de flinguer des belles opportunités alors que Son fait le travail (ce qui est encore une fois très rare, le joueur de Tottenham erre comme une âme en peine sur le terrain). Elle frôle même plusieurs fois la correctionnelle tant l’absence de marquage lui ferait mériter la sanction d’un deuxième but. Heureusement pour les Guerriers Taeguk, cette deuxième mi-temps correspond au show de Mitchel Duke. 53e minute, après un gros double arrêt de Jo Hyeon-woo, le ballon revient sur l’attaquant du FC Machida, seul aux six mètres et face à un but vide, il met sa volée dans les tribunes. Rebelote à la 80e, de la tête cette fois, Duke est esseulé face à un but désert, mais envoie le ballon à côté. L’Australie pourrait presque avoir des regrets, et c’est franchement terrible de penser cela ! Mais c’est dire le niveau pitoyable de cette Corée du Sud, dont la stratégie offensive consiste à multiplier les centres depuis la ligne de but. On peut trouver cette tactique étonnante face à une défense menée par les 2 mètres de Harry Souttar, mais elle devient extrêmement drôle lorsque Jurgen Klinsmann décide à la 70e de sortir Cho Gue-sung, soit le seul attaquant coréen que l’on sent capable de gagner un duel aérien. Ce qui est en revanche moins rigolo, côté australien du moins, c’est la bêtise de Lewis Miller, entré en jeu, qui provoque un penalty après une faute sur Son Heug-min… à la 96e minute ! Son tacle est d’autant plus stupide que les Aussies ne souffrent pas, que la Corée n’est pas dangereuse, et que Son ne va pas spécialement vers le but. Hwang Hee-chan transforme et la Corée est de nouveau miraculée et arrache encore les prolongations.

La défense très resserrée des Aussies fait qu’il est quasi impossible de passer

A partir de là, c’est la même chose que contre l’Arabie Saoudite. La Corée va dominer la prolongation. Tandis que l’Australie, fatiguée, abattue, et pas aidée par l’expulsion de Aiden O’Neill, subie. Son Heug-min n’attend pas les tirs aux buts et envoie son équipe en demi-finale grâce à un superbe coup-franc, sauvant ainsi son match. On attendra encore pour tirer le bilan son tournoi en dent de scie. Mais la Corée du Sud s’en sort encore une fois très bien. Quatrième but dans les arrêts de jeu pour eux depuis le début de la compétition. Les comparaisons avec la Turquie de 2008 sont tentantes… Mais seraient insultantes pour l’équipe du Bosphore tant les hommes de Jurgen Klinsmann ne produisent rien dans le jeu. Elle retrouvera donc la Jordanie en demi-finale, adversaire contre lequel elle avait particulièrement souffert dans le secteur défensif. Et privée de Kim Min-jae, suspendu, cela risque de ne pas s’arranger. On ne pleurera en revanche pas non plus sur le sort de l’Australie. Elle quitte le tournoi sans gloire ni personne pour la regretter. Le style Graham Arnold a trouvé sa limite, et l’on espère que cette sélection s’appuyer à l’avenir d’avantage sur des footballeurs et moins sur des catcheurs.

Malgré son superbe coup-franc, il est encore bien trop tôt pour dire que Son Heug-min a réussi son tournoi

Iran 2-1 Japon : L’Iran fait exploser le Moriyasime

Il ne faut pas avoir peur de le dire : ce quart de finale est une finale avant l’heure. Entre deux équipes pas au top de leur forme cela dit. C’est le moment ou jamais d’enfin entrer dans la compétition pour les Samurai blue, favoris au parcours mitigé, face à une Iran privée de Mehdi Taremi suspendu et qui ne réalise pour l’instant qu’un bon match sur deux, mais qui devrait selon cette logique sortir une grosse prestation aujourd’hui. Dans cette optique, Hajime Moriyasu tente un coup avec sans doute une idée bien précise en tête : titularisation de Daizen Maeda, dont l’énergie et les courses auront pour but de fatiguer la défense iranienne, puis lâcher Kaoru Mitoma pour achever la bête. Cette titularisation de Maeda est en tout cas un coup payant puisqu’il est très rapidement le meilleur joueur sur le terrain. Combattif et précis dans ses transmissions, ses déplacements donnent le tournis à Ramin Rezaeian, tandis que le pressing intense et permanent gène considérable l’arrière garde perse. Bien que la Team Melli se procure la première occasion du match, ce sont les Nippons que l’ont sans le mieux dans la rencontre. Sereins et appliqués, les Japonais ne dominent pas outrageusement, mais ont quand même le ballon dans le camp iranien et le font bien tourner. Les Iraniens commettent d’ailleurs beaucoup de fautes, charcutent le pauvre Take Kubo (une tactique délibérée ?) et semblent assez nerveux, en particulier Sardar Azmoun, bien heureux à plusieurs reprises de ne pas être averti par l’arbitre. Mais on retrouve enfin en partie ce Japon étouffant dans le contre-pressing, qui récupère rapidement la balle dans le camps adverse. 28e minute, Hidemasa Morita s’infiltre dans un trou béant laissé dans le milieu iranien, relaye avec Ueda, élimine trop facilement Kanani d’un crochet du gauche et ouvre le score malgré une frappe un peu manquée mais avec la complicité d’un Beiranvand bien trop faible avec son pied. Le Japon mène au score et c’est assez logique sur ce qu’on voit. Les Samurai Blue livrent tout simplement leur meilleure mi-temps du tournoi.

Combatif de bout en bout, Daizen Maeda (25) est l’une des rares satisfactions japonaises du match

Pourtant bien lancé, c’est justement à partir de ce moment là que le navire nippon va commencer à dériver. Et une fois n’est pas coutume, le rouage défaillant n’est pas Zion Suzuki, auteur d’une partie tout à fait correcte, mais Kô Itakura. Déjà en grande difficulté depuis le début du tournoi, à l’image du reste du secteur défensif, le défenseur central va petit à petit sombrer dans la partie. Averti dès la 20e minute, il perd tous ses duels, est mal placé, anticipe mal, et apparait clairement comme le point faible de la défense nippone. Même un observateur non averti du football verrait que le joueur de Mönchengladbach est en grande difficulté. Et le problème pour les Japonais, c’est que les Iraniens l’ont évidemment remarqué, et vont donc multiplier les longs ballons dans le dos d’Itakura jusqu’à la mi-temps, amenant deux énormes occasions par Ghodoos puis Azmoun. Menant un à zéro à la mi-temps, le Japon livre un match convaincant malgré une fin de première période difficile, et la logique voudrait que Moriyasu ne sorte son défenseur avant qu’il ne mette réellement son équipe en danger. Mais Hajime Moriyasu a un défaut, il est trop « Japonais ». Dans le sens qu’il est trop rigide, il ne s’adapte pas à la situation, il s’en tient à son plan A uniquement et ne change pas. C’est à ce demander ce qu’il y a sur son carnet sur lequel il écrit si souvent au cours de la rencontre. C’est un problème récurent, critiqué depuis des années par les suiveurs de la sélection. Mais cette fois, cette passivité va complétement tuer son équipe. Car non seulement Itakura n’est pas sorti, mais il va carrément terminer le match. Sans qu’à aucun moment il ne se passe quelque chose pour le soulager. Sur le terrain, Itakura a la tête dans le seau, est complétement perdu, multiplie les maladresses, face à un adversaire qui au contraire s’est parfaitement remis la tête à l’endroit et attaque en force. Tomiyasu a beau colmater les brèches comme il peut, il apparait évident que l’égalisation arrivera tôt ou tard. Ca sera tôt, à la 54e minute. Azmoun lance Mohebi dans le dos d’Itakura, encore, et bat Suzuki.

Cette fois à créditer d’un bon match, Zion Suzuki (23) a eu fort affaire face au remuant Sardar Azmoun (20)

On entre alors dans une phase de déliquescence du Moriyasisme, l’écroulement de tout ce que le technicien a fait depuis 6 ans à la tête des Samurai Blue. Il applique bêtement et mécaniquement le plan qu’il s’était concocté, jusqu’à tomber à l’heure de jeu dans l’absurdité de sortir Daizen Maeda, pourtant largement le meilleur Japonais sur le terrain et qui avait clairement encore beaucoup de choses à apporter, et Take Kubo pour faire entrer Mitoma et Minamino. Le deuxième sera fantomatique. Le premier, à juste titre identifié comme le danger numéro, subira constamment des prises à deux et n’aura pas l’occasion d’être décisif. Complétement passif, Moriyasu regarde et laisse son équipe s’effondrer. Itakura est toujours autant à la rue et représente presque le danger numéro un pour la défense japonaise. Mais il faut aussi ajouter à cela la disparition au milieu de Morita mais surtout de Wataru Endô, habituel baromètre de l’équipe. Quand le capitaine est en dessous, c’est toute son équipe qui plonge. Et comme depuis le début du tournoi, le joueur de Liverpool n’arrive pas à arrive ce volume de jeu dans le pressing qui le rend si redoutable, et pèche particulièrement dans la précision de ses passes. Les Iraniens ont ainsi juste à mettre l’intensité qu’il faut pour récupérer le ballon. Azmoun se régale de la défense, décroche beaucoup, et passe à un fessier en position de hors-jeu d’inscrire l’un des buts du tournoi après avoir éliminé trois Japonais. Les vagues s’enchaines, les occasions perses se succèdent. Et même si Zion Suzuki retarde l’échéance, il est clair que le Japon serait miraculé d’arriver à atteindre ne serait-ce que la prolongation. Sauf qu’à la dernière minute du temps additionnel, Itakura se troue une nouvelle fois sur centre, se gêne avec Tomiyasu, et accroche Kanani dans la surface de réparation, comme un symbole de sa partie cauchemardesque. Penalty indiscutable que Alireza Jahanbakhsh expédie dans la lucarne, montrant à quel point les Iraniens maitrisent l’exercice.

La faute de Itakura provoquant le penalty. Autant un symbole de son match horrible que de la passivité de son entraineur qui ne l’a pas sorti avant qu’il ne soit trop tard.

Comble de l’ironie, c’est après ce but que Moriyasu se décide enfin à faire deux autres changements, avec les rentrées de Hosoya et Asano. Evidemment parfaitement inutile puisque les arrêts de jeu sont déjà écoulés et que l’arbitre siffle la fin du match dans la foulée. Le fiasco est total pour les Samurai Blue qui pour la première fois depuis 1988 perdent deux matches au cours d’une Coupe d’Asie. Favori annoncé de tous, l’équipe ne s’est tout simplement jamais mise à la hauteur de l’évènement et n’a à aucun moment justifié son statut. Les prestations des joueurs sont bien sûrs à critiquer, Suzuki les matches précédents, Itakura ici, mais il ne faut pas se voiler la face : le principal responsable de cette débâcle est sur le banc de touche et s’appelle Hajime Moriyasu, coupable depuis trop longtemps de sous exploiter un effectif pourtant riche par ses choix de joueurs, son approche tactique et son inaction face aux évènements de la rencontre. Souhaitons au football nippon de vite se débarrasser des boulets qui trainent à ses pieds afin de pouvoir se reconstruire. L’Iran est en revanche à féliciter. Elle mérite totalement sa victoire et alors que la question mentale est habituellement sa principale faiblesse, elle a aujourd’hui été sa force. Parfaitement remis en place par leur entraineur Ghalenoei, elle a déroulé son jeu fait d’intensité et rapidement pris le dessus face à un adversaire en perdition. Et maintenant qu’elle a enfin battu un poids lourd du continent, il est plus que jamais permis à cette belle génération de croire à la victoire finale.

Pleine lucarne ! Jahanbakhsh (7) envoie un nouveau missile et propulse l’Iran en demi-finale !

Qatar (3) 1-1 (2) Ouzbékistan : Les Ouzbeks généreux avec leurs hôtes

Pour les Loups gris ouzbeks, l’occasion est immense d’enfin gagner sa place dans la cours des grands. Même si le Qatar actuel est loin de la machine d’il y a cinq ans, éliminer le tenant du titre chez lui serait frapper un grand coup et donnerait une crédibilité énorme à ce football ouzbek qui grandit et progresse depuis des années, mais qui est toujours en attente d’un match de référence au haut niveau. Devant un stade encore une fois (et malheureusement) à moitié vide, on se dit que c’est maintenant ou jamais. Et pour cause, en face, il n’y a pas grand-chose, si ce n’est Akram Afif qui continue d’éblouir tout le monde, comme depuis le début de la compétition. Il se crée la première occasion du match, puis provoque un gros frisson suite à une accélération dont il a le secret. Peut-être inhibés par la pression, on sent que les Ouzbèks ont du mal à entrer dans la rencontre. Fayzullaev notamment a beaucoup de mal à exister devant, bien pris en main par une défense qatarie enfin rassurante et peu fébrile. La rencontre tourne vite à la guerre de tranchées au milieu de terrain, avec peu espaces laissés, beaucoup de tacles et de récupérations, mais l’on ne sent pas les Loups gris spécialement mis en danger par leur adversaire qui reste encore une fois assez limité dans le jeu. Ils ne s’attendaient probablement pas à ce que le but vienne de leur propre gardien, Utkir Yusupov, qui commet une faute de main incroyable à ce niveau sur centre raté de Al-Haydoos. Alors qu’ils auraient pu être sonnés par cette improbable ouverture du score, les Ouzbeks entrent enfin dans le match et affichent leur supériorité technique. Il faut un retour et un sauvetage exceptionnel de Mohammed Waad pour empêcher Turgunboyev d’égaliser. Assurément l’un des gestes défensifs du tournoi qui permet au Qatar de rentrer aux vestiaires avec un avantage bien heureux dans ce match fermé.

La compétition d’Akram Afif (11) est absolument exceptionnelle

La seconde période commence par une frayeur pour les Qataris qui alimentera sans doute les suspicions d’arbitrage maison : long ballon vers Fayzullaev qui prend le dessus sur Tarek Salman avant d’être découpé par le portier Barsham. Carton jaune, dit l’arbitre, ce qui provoque bien sûr l’incompréhension du banc ouzbek, et on a du mal à ne pas imaginer que la couleur aurait pu être autre si l’action s’était produite dans l’autre sens. Même si en réalité, Fayzullaev étant bien trop excentré, il est difficile de dire que Barsham annihile une occasion nette de but. Et le geste est certes spectaculaire à vitesse réelle mais semble moins dangereux qu’il n’y parait. Le carton jaune semble donc être la bonne décision, mais indique que les Ouzbeks sont clairement bien mieux dans le match. Ils poussent, se créent des occasions par Masharipov, pressent haut, et se voient récompensés à l’heure de jeu avec l’égalisation de Hamrobekov. L’Ouzbékistan apparait plus fort techniquement, plus cohérent tactiquement… En fait, tout ce que n’est pas le Qatar, dont la pauvreté du jeu (en dehors de Afif) est absolument navrante. On a l’impression que les Loups gris sont nettement au dessus et qu’ils ont largement la place pour aller gagner ce match. Sauf que ce potentiel ne sera finalement pas pleinement exploité. Les Ouzbeks, en l’absence de leur star Shomurodov, sont clairement en manque d’un avant centre et se retrouvent avec un Masharipov en guise de faux 9 qui n’a pas assez de poids devant. Passé la 70, les deux équipes arrêtent de jouer. Le match devient haché et pénible à regarder. Jusqu’à la prolongation, et jusqu’à la séance de tirs aux buts. Il est évident que l’Ouzbékistan a laissé passer sa chance, mais on a l’impression qu’elle est sous une bonne étoile avec les échecs d’Almoez Ali (qui fait une Coupe d’Asie à des années lumières de son niveau d’il y a cinq ans) et surtout de Almahdi Mukhtar, qui envoie son ballon vers Jupiter. Ashurmatov avait déjà raté lui aussi, mais l’Ouzbékistan est devant dans cette séance et doit maintenant conclure.

Mais là, c’est le craquage complet. Le jeune de 20 ans Zafarmorod Abdurakhmatov prend à peine un pas d’élan, et naturellement, Barsham détourne le tir au but sans peine. Puis c’est le capitaine, Jaloliddin Masharipov, qui s’élance avec une improbable course d’élan plein axe avant d’effectuer une frappe de poussin, plat du pied, à mi-hauteur et en plein centre. Barsham repousse sans avoir à bouger et semble même surpris de la facilité. Pedro Miguel n’a plus qu’à terminer le travail. Sur le banc, le sélectionneur Katanec n’en revient pas. Ses joueurs viennent littéralement d’offrir sur un plateau la qualification au Qatar sur une séance de tirs aux buts lunaire où ils ont fait absolument tout ce qu’il ne fallait pas faire quand on tire. Voir cela à un tel niveau est parfaitement inadmissible, et l’Ouzbékistan, non seulement butte encore sur un plafond de verre, mais ne peut sur ce coup que s’en vouloir à lui-même. Le Qatar se retrouve donc à remporter ce quart de finale, encore une fois, en ayant donné l’impression de n’avoir rien fait du match si ce n’est que se baisser pour ramasser la dépouille d’un adversaire qui vient de se suicider. Bien sûr, on est obligés de constater que cette équipe est en demi-finale, qu’elle a gagné ses matches et une séance de tirs aux buts. Qu’elle a dans ses rangs un Akram Afif qui marche sur l’eau dans ce tournoi et que son secteur défensif a enfin sorti une prestation qui ne soit pas inquiétante. Mais on ne peut qu’être amer sur ce Qatar dont on a l’impression qu’on ne peut pas dire grand-chose de lui, si ce n’est qu’il a bénéficié d’un groupe et d’un tableau on ne peut plus facile, et qu’il n’a absolument rien d’un demi-finaliste. Le football peut parfois proposer des choses inexplicables. La présence de ce Qatar dans le dernier carré en est une. Il n’y a rien d’autre à ajouter si ce n’est que c’est une anomalie peut glorieuse pour le prestige de la compétition.

Avec deux arrêts lors de la séance de TAB, il est logique de considérer Meshaal Barsham comme l’homme du match. Mais l’honnêteté intellectuelle oblige à ajouter que ses arrêts n’ont absolument rien de glorieux tant les pénaltys ouzbèks étaient des cadeaux

Les Pintes d’or des quarts de finale

Daizen Meada (Japon) : Ne s’économisant aucun effort dans le pressing ou pour se rendre disponible, il aura été la seule véritable satisfaction japonaise dans ce quart de finale. Sans doute remplacé trop tôt alors qu’il aurait sûrement encore apporté beaucoup à une équipe qui prenait l’eau.
Ali Olwan (Jordanie) : Dans son trio indissociable depuis le début du tournoi, il est cette fois celui qui ressort le plus. Vif et agile, tous les défenseurs ont souffert face à lui. Assurément un attaquant plein de qualités.
Abdallah Nasib (Jordanie) : Nouvelle prestation XXL du défenseur de Al-Hussein (Jordanie). Absolument impassable toute la rencontre, il a éteint les attaquants tadjiks comme il l’avait fait pour les Irakiens. L’une des révélations défensives de la compétition.
Sardar Azmoun (Iran) : Après un début de match compliqué où il semblait très tendu, il s’est remis dans le bon sens de la marche et a fait vivre un calvaire à la défense japonaise par ses courses et ses caviars et malgré l’absence de son compère Taremi. On peut le critiquer sur sa maladresse devant le but, mais lorsqu’il est là, l’Iran y gagne forcément.
Akram Afif (Qatar) : le meneur de jeu n’est pas seulement le seul frisson dans l’océan de médiocrité qu’est la sélection qatarie. A chaque qu’il touche le ballon, on sent qu’il peut se passer quelque chose, sur une accélération foudroyante ou une inspiration géniale. Probablement dans le top 3 des meilleurs joueurs de la compétition.

Les Bières réchauffées des quarts de finale :

Mitchel Duke (Australie) : Actuellement attaquant au FC Machida au Japon, il pourrait partir adopter la nationalité coréenne sous le nom de Mi Chael-duk. Ses ratés grotesques devant le but et sa prestation globale où il a donné l’impression ne pas avoir réussi un contrôle en ont fait de lui le meilleur allié de la défense coréenne, qui en avait bien besoin.
Son Heug-min (Corée du Sud) : Trois buts dans le tournoi, ça semble intéressant comme statistique. Deux pénaltys et un coup-franc, c’est déjà un peu moins glorieux. Mais alors quand on se penche sur le contenu, on se rend compte de la supercherie. La star de Tottenham ne fait quasi aucune différence, ne sait pas où se placer et est un poids mort permanent pour le jeu déjà pas bien inspiré de son équipe.
Les tirs au but ouzbeks : Tirer un tir au but est un geste technique plus complexe qu’il n’y paraît. On peut échouer face au gardien, ou manquer sa cible. Cela arrive à tout le monde. Mais les Ouzbèks, Abdurakhmatov et Matshobaev en tête, n’ont même pas essayé de mettre tous les ingrédients pour réussir l’exercice. Cela donne des tirs au but ridiculement scandaleux à un tel niveau.
Kô Itakura (Japon) : Déjà en grande difficulté depuis le début du tournoi, le défenseur de Mönchengladbach a été complétement dépassé. Inexplicablement laissé sur le terrain toute la rencontre, ses errements ont couté cher à la défense nippone.
Hajime Moriyasu (Japon) : Qu’un ou plusieurs joueurs passent à côté de leur match, cela arrive. Mais qu’en entraineur reste sans rien faire à regarder son équipe prendre l’eau de toutes parts est une faute professionnelle. Critiqué depuis des années par les suiveurs, les carences du sélectionneur japonais ont été exposées au grand jour : mauvais choix, absence de projet de jeu, rigidité et passivité. Principal responsable du fiasco nippon, il est souhaitable pour le bien du football japonais qu’il en finisse avec cet homme.

Le programme des demi-finales

Jordanie – Corée du Sud (mardi 6 février, 16h00 heure française)
Iran – Qatar (mercredi 7 février, 16h00)

A suivre en France et en Belgique gratuitement et en intégralité sur la chaine YouTube « AFC Asian Cup »

Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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9 réflexions sur « Coupe d’Asie 2023 : Ô quarts, ô désespoir »

  1. Bon, vous avez dû voir que j’ai pas mal tartiné Moriyasu ^^
    Faut dire que je considère que c’est véritablement la clé du match. J’avais songé à faire un édito à part, pour détailler tout ce qui n’est pas allé depuis 6 ans, et sur cette Coupe d’Asie en particulier. Peut-être pour plus tard ?

    Mais du coup, comme j’étais bien plus concentré sur le Japon durant mon visionnage du match, je ne sais pas si j’ai rendu suffisamment hommage à l’Iran qui a fait vraiment grosse impression sur la deuxième mi-temps.
    J’ai essayé d’être le plus factuel et neutre possible.
    Mais si cela n’a pas été le cas, je vous présente mes excuses.

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    1. Heureusement qu’il existe encore des passionnés tels que vous, qui sans avoir l’obligation de verser dans le sensationnel ou le ragot par leur direction, peuvent fournir du contenu de très grande qualité. Merci les artistes !

      Déçu pour le Japon qui avait pourtant fait un joli mondial et qui se targuait une belle série d’invincibilité.

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    1. Les infos sur les salaires pour les Qataris sont assez difficile à avoir. Mais je suppose que les stars comme Afif, Almoez ou Al-Haydoos ne sont pas les plus à plaindre et qu’ils pas beaucoup de raisons à chercher à aller voir mieux ailleurs

      On peut en dire de même pour les Saoudiens

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  2. Merci Xixon pour ce véritable travail journalistique.

    Il faudrait que les Iraniens donnent des leçons de tirs aux but aux Ouzbeks, afin d’éviter d’avoir à s’humilier de la sorte alors que tu es en position de te qualifier… Lorsque j’ai vu Abdurakhmatov et son petit pas d’élan, je me suis dit « mais putaiiiiiin, ça va être un péno tout moisi » 👀

    Australie et Ouzbékistan, même combat ; je me saborde tout seul face à un adversaire largement prenable puis je n’ai plus que mes yeux pour pleurer.

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