Jouer au football sur une île apporte son lot d’inconvénients. Outre les ballons à la mer si le terrain est trop proche de la berge, le plus difficile est… de continuer à jouer, tout simplement. Pas une mince affaire quand on habite loin de tout.
L’île Tristan da Cunha est la terre habitée la plus isolée au monde. L’îlot comprend une population d’environ 250 personnes, qui vivent principalement de la pêche. Les îles habitées les plus proches, l’archipel Sainte-Hélène, se situent à plus de 2000 kilomètres.
Comme tout territoire rattaché au Royaume-Uni, l’île Tristan da Cunha vibre malgré tout pour le sport roi. Le football a été introduit sur place dans les années 20 par le révérend Henry Rogers et sa femme, Rose Rogers. Dès lors, la population locale se prend au jeu et organise des matchs contre les équipages des bateaux qui accostent sur l’île. Les archives font part de matchs disputés entre les locaux et des navires de la Navy pendant les années 40. Puis plus rien. Plus la moindre trace de football sur l’île. Il y a une explication à cela : en 1963, une éruption volcanique entraîne l’évacuation de l’île. L’intégralité de la population est relogée au Royaume-Uni et ne reviendra que deux ans plus tard. A cet instant, la priorité est à la reconstruction, pas au football.
Place au Tristan da Cunha Football Club
Il faudra attendre le début des années 2000 pour que la vie bascule sur l’île. Avec l’arrivée de la télévision, la population peut (enfin) suivre la Premier League, et le football en général. Celui-ci renaît alors de ses cendres et se structure aussitôt, sous l’impulsion de Leon Glass. C’est ainsi que naît le premier club de l’île, le Tristan da Cunha Football Club. Le premier… et le seul, évidemment. Avec une population aussi faible, il est déjà suffisamment compliqué de créer une équipe complète. Quant à trouver des adversaires, c’est une autre paire de manches.
La distance avec les autres terres habitées de la planète complique toute volonté de compétition. Si le Tristan da Cunha FC aimerait jouer des matchs à l’étranger, le club n’a pas les moyens financiers pour se déplacer aussi loin. Tout ce que les insulaires peuvent faire, c’est affronter des marins plusieurs fois dans l’année, et retourner à des affrontements entre eux à 5 contre 5 le reste du temps. Des rencontres qu’on imagine épiques entre l’équipe des fonctionnaires et celle des pêcheurs, mais qui manquent forcément de piquant à la longue.
Jeune club bien sous tous rapports cherche adversaires pas trop loin
Leon Glass et ses acolytes ont déjà essayé de nombreuses choses pour développer le football sur leur île. Leur rêve ? Jouer, un jour, un vrai match officiel. Ce serait possible si le Tristan da Cunha FC parvenait à rejoindre la Saint Helena Football League, un championnat disputé sur l’île Sainte-Hélène voisine. Là-bas, ce sont pas moins de six équipes qui s’affrontent chaque année du printemps à l’hiver sur un terrain situé en haut d’une falaise.
Une compétition qui, depuis l’île de Tristan da Cunha, fait figure de tournoi prestigieux. Rejoindre cette ligue permettrait d’officialiser la présence du football sur l’île la plus isolée du monde et d’y développer le sport roi. Encore faut-il trouver les moyens de parcourir les plus de 2000 kilomètres qui séparent les deux terres. Moyens financiers, évidemment, mais aussi moyens humains, car on imagine assez peu que les pêcheurs ou les fonctionnaires de Tristan da Cunha puissent abandonner leur poste pour aller taquiner le cuir un peu plus loin dans l’océan Atlantique.
Une reconnaissance internationale future ?
Autre possibilité qui s’offre à Tristan da Cunha : participer aux Jeux des îles, cette compétition organisée tous les deux ans et qui rassemble uniquement des formations insulaires (en plus de Gibraltar). Parmi les membres de l’Association internationale des Jeux des îles (IIGA) ? L’île Sainte-Hélène elle-même. Dans ce tournoi dont le palmarès est dominé par Jersey (cinq fois vainqueur), l’île de Tristan da Cunha pourrait obtenir à la fois visibilité, reconnaissance internationale, et des adversaires de calibre similaire.
Les choses pourraient peut-être évoluer à plus long terme. L’île Sainte-Hélène a contacté la FIFA pour obtenir un statut de membre, arguant que Gibraltar, un autre territoire britannique d’outre-mer, a déjà été reconnu par l’UEFA. Contrairement aux îles Malouines, dont l’intégration à la CONMEBOL est bloquée par la présence de l’Argentine dans la fédération sud-américaine (et le soutien de l’ensemble de ses voisins), Sainte-Hélène ou même Tristan da Cunha ne rencontreraient aucun obstacle politique à leur intégration à la FIFA. Reste à savoir si un tel geste serait utile pour une organisation mondiale qui s’intéresse plus au développement de son sport dans les pays où les retombées économiques sont importantes que pour permettre à des pêcheurs de faire vivre leur passion.

Sainte Hélène… Ils sont bons les Anglais quand ils veulent humilier quelqu’un.
Merci Modro ! Olivier, qui avait écrit un texte sur ce site, nous avait expliqué à qu’à St Pierre et Miquelon, les équipes étaient mixtes.
Ne découvrir la television qu’en l’an 2000, mazette : je crois qu’on peut dire qu’ils vécurent heureux..