Benfica, au stade de la lose ?

Ce soir, Benfica va devoir réaliser un exploit pour aller chercher une qualification miraculeuse sur la pelouse d’un Inter pourtant moribond en championnat, le tout après trois défaites consécutives. Comment en est-on arrivé là ?

Un petit rappel pour les non suiveurs du championnat portugais. Le club lisboète a commencé sa saison très tôt, le 2 août, barrages de Ligue des Champions oblige. Ce premier match contre le vice-champion danois Midtjylland signe les débuts officiels de Roger Schmidt au Portugal. L’Allemand sort d’une expérience mitigée au PSV et son arrivée ne soulève pas l’enthousiasme des supporters benfiquistes. Ils seront pourtant vite conquis par son Benfica.

Dès le premier match, triplé de Ramos et but de Fernandez. Deux joueurs qui vont exploser sous ses ordres. C’est le début d’une folle série où le club Aguias ne perdra aucun match avant la Coupe du monde. De plus le jeu pratiqué est emballant, les scores souvent larges. On a l’impression de retrouver un Benfica digne de ses plus belles heures. L’entraîneur allemand relance des joueurs comme Florentino Luis, et a fait de cet ex-espoir déchu, un patron de son équipe. Celui qui est surnommé O Polvo, le poulpe, forme une paire de très haut niveau avec le nouvel arrivant Enzo Fernandez, grand espoir du foot argentin.

Sous la houlette de l’ex-entraîneur de Salzbourg, de nombreux joueurs s’épanouissent, comme João Mario qui confirme son retour au premier plan entrevu sous le maillot du rival historique lisboète. Des jeunes comme Ramos, ou le surprenant Antonio Silva (18 ans à ses débuts) s’imposent comme des patrons de l’équipe. Les recrues scandinaves comme le Danois Bah ou le Norvégien Aursnes s’intègrent parfaitement au collectif.

Gonçalo Ramos et Antonio Silva, révélations du club cette saison.

Une première partie de saison incroyable stoppée par la Coupe du monde

Benfica marche donc sur l’eau. Dans un groupe très relevé avec le PSG qui joue avec ses trois stars à leur meilleur niveau et la Juventus qui, même en difficulté, vient d’un championnat qui brille cette saison en coupe d’Europe, Benfica fait figure de futur troisième. Pourtant, les Encarnados ne perdront aucun match, battant même deux fois les Italiens grâce à un virevoltant Rafa Silva. Même un PSG en très grande forme n’arrivera pas à les battre, et à la surprise générale ils finissent premier du groupe. En championnat, ils iront même gagner sur le terrain de leur « bête noire » et adversaire principal pour le titre, le FC Porto. Rien ne semble les arrêter.

La paire Luis-Fernandez retrouve le PSG.

Ils comptent plus de 10 points d’avance en championnat et paraissent intouchables jusqu’à la pause hivernale forcée. Lors de la compétition, deux joueurs vont particulièrement briller : Enzo Fernandez, pion essentiel de l’Argentine championne du monde, et Gonçalo Ramos, auteur d’un triplé retentissant (mais finalement peu utile) contre la Suisse. L’effet principal de cette compétition est que le brillant Argentin quitte Lisbonne (pour une somme exorbitante) et rejoint le club le mieux géré d’Europe, le Chelsea de Ted Boehly.

Des doutes jusqu’au drame ?

Comme un symbole, pour la reprise de championnat, Benfica va perdre son premier match de la saison contre son surprenant dauphin, Braga (3-0). Et malgré un nul compliqué contre le Sporting et une élimination en Coupe du Portugal aux tirs au but contre Braga, on se dit que Benfica est encore au niveau. Les victoires s’enchaînent mais l’équipe parait moins dominante. Fernandez est remplacé par Chiquinho, un joueur portugais de 27 ans n’ayant jamais été capable de jouer à très haut niveau. Le premier test arrive avec la réception du FC Porto, match qui apparaît déterminant pour le titre. En effet, en cas de victoire, les Lisboètes prendraient 13 points d’avance et seraient presque officiellement champion.

Mais voilà, Conceição va encore jouer un mauvais tour au Benfica, une victoire « à la Porto » et Benfica n’a plus que sept points d’avance. De plus ils perdent leur latéral droit, le très bon Bah. Absence qui pèsera lourd quatre jours plus tard pour la réception de l’Inter. Les Italiens vont punir le manque d’efficacité et de réaction des Aguias et éteindre le stade de la Luz avec un score quasiment décisif de 2-0. Pire, le week-end suivant, ils vont perdre contre le très modeste club de Chaves. Malgré une domination outrageuse, ils ne trouve pas la clé du but de Paulo Vitor et prennent même un but gaguesque dans les arrêts de jeu. Otamendi, d’une glissage « Gerrardienne », offre un face à face au Ghanéen Abass qui crucifie Vlachodimos et Benfica à la 94e minute. Le club qui n’avait connu qu’une défaite depuis le début de la saison en enchaîne trois d’un coup. Au Portugal le mot de crise commence à faire le titre des journaux. Et même les mots du président Rui Costa n’apaisent pas les inquiétudes des supporters trop rompus à ce genre de scénario.

Otamendi glisse, Abass part au but et les doutes arrivent.

Porto revenu à quatre points, deux matchs à jouer au Sporting et contre Braga, une élimination presque actée en coupe d’Europe, voilà le scénario catastrophe dans lequel se retrouve le club en moins de deux semaines. Benfica club maudit parmi les clubs maudits (huit défaites consécutives en finale de coupe d’Europe, une perte de titre sur un but encaissé à la dernière seconde contre Porto il y a 10 ans…) va-t-il ajouter une nouvelle cicatrice à son Histoire?

Réponse ce soir. Si elle parait mal embarquée, l’histoire peut encore être belle. Un retournement ce soir et une huitième finale de C1 redevient envisageable. Mieux encore, en se remettant à l’endroit en championnat les Encarnados peuvent devenir champion sur la pelouse du Stade Alvalade de leurs rivaux Sportinguistes. Par contre si la mauvaise passe continue ils peuvent également, outrage suprême, perdre le titre sur cette même pelouse. Le match de ce soir est donc le moment où la saison peut basculer dans le gâchis ou dans le mythique.

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20 réflexions sur « Benfica, au stade de la lose ? »

  1. Donc, le PSG n’est pas le seul à avoir des résultats complètement différents entre la période d’avant la coupe du monde et celle d’après. Comme tu es sympathique, je vais te dire comment Benfica peut se débarrasser de la malédiction de Béla Guttmann qui a déclaré en 1962 que le club ne gagnerait jamais une coupe d’Europe avant 100 ans (cela fait quand même huit de perdues depuis, comme tu l’as indiqué). Mais ne le répète à personne. Eusebio avait été prier sur la tombe de Béla Guttmann à Vienne pour vaincre cette malédiction mais cela n’a pas marché. Il faut en fait aller sur le pont des souhaits à Jaffa, trouver ton signe astrologique, le toucher et regarder la mer en faisant un souhait. La légende dit que ton souhait sera exaucé…

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    1. Les dirigeants et supporters du Benfica ont tout essayé pour stopper cette malédiction, ils lui ont même construit sa statue devant la stade. Je ne suis pas supporter du club mais cette malédiction me fascine tant elle est puissante.
      La vente d’Enzo Fernandez plus la fatigue accumulée par le jeu très exigent de Schmidt explique cette petite baisse de niveau. Puis un club qui gagne tout a plus de mal à commencer à perdre.
      Après il est difficile de comparer avec le PSG, car Benfica est très proche de Porto ou du Sporting en terme d’effectif, budget etc. Même si perdre contre Chaves c’est du même niveau qu’un PSG qui perd contre Lens ou Rennes. C’est surtout qu’ils étaient en train de réaliser un incroyable saison (pas forcément le cas du PSG qui était dans les clous) et qu’ils risquent de tout perdre.

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    2. Une malédiction célèbre est the Curse of the Bambino au Baseball, qui vit le Boston Red Sox échouait aux series mondiales de 1918 à 2004, à partir du depart de Babe Ruth pour les Yankees.

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  2. Merci Rui. J’étais resté sur l’impression donnée par Gonçalo Ramos contre la Suisse durant la coupe du monde, n’ayant pas vu son match (a priori) quelconque contre le Maroc. À l’aller, je l’ai trouvé décevant et il manque une énorme occasion en fin de rencontre qui aurait pu tout changer en ramenant Benfica à 1-2. Et puis, il faut dire que la stratégie frileuse du coach allemand ne lui a pas facilité les choses. Si Benfica ne hausse pas son niveau de jeu, l’Inter va passer tranquillement alors que le club est moribond en championnat et gâche journée après journée ses chances de qualification en C1.

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  3. Pour compléter l’article plusieurs faits et stats qui rendent les chances de victoire encore plus improbable.
    La seule équipe qui a gagné à Lisbonne sur le score de 2-0 était déjà Italienne et avait Rui Costa (actuel président) dans son effectif. C’était la Fiorentina en 1996. Globalement le club Lisboète n’a jamais été bon pour retourner des scores, de ce que j’ai lu ils ne se sont qualifiés qu’une seule fois après une défaite par 2 buts d’écart (ou plus), c’était contre Nuremberg en 1962, ils avaient perdu 3-1 en Allemagne avant de gagner 6-0 avec des doublés de José Augusto et Eusebio. C1 qui fut leur dernier titre en Europe.
    Ils avaient perdu leur deuxième finale de C1 contre cette Inter sur cette pelouse en 1965 (la première étant contre le Milan).
    Et n’ont jamais très bien réussi en Italie. Et comme le dit Verano vu leur niveau sur la deuxième mi-temps, difficile de croire en eux. C’est typiquement le genre de match où Fernandez manque.
    C’est dommage car ils avaient l’occasion de faire un rebours historique, battre ceux qui les ont battus en 1965, puis ceux qui les ont battu en 1963 avant de retrouver les derniers adversaires lors de leur dernière victoire le Real.
    Dommage car vu le début de saison je pense qu’ils avaient largement de quoi passer les deux clubs milanais, City (Bayern sait-on jamais) ou le Real me parait une marche trop haute pour eux mais une finale serait restée comme un sacré exploit pour un club qui est très loin d’avoir la puissance financière des autres clubs en lice.

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  4. Les équipes « frisson » de cette cuvée 2022/23 vont être sorties : Napoli hier et Benfica ce soir.

    Rien ne sert de remporter ses 6 matchs de poule et d’être la meilleure attaque : il faut être en forme en mars / avril.

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      1. D’ailleurs en parlant de Gullit et le ballon d’or 87, y a t il eu une année où personne ne se détachait à ce point pour l’obtention du trophée?
        Parce que derrière,Futre ou le Buitre, c’est fort évidemment mais pas des choix indiscutables non plus. Comme l’était Gullit également.
        J’adorais ce joueur mais en 87, il fait quoi? Un titre hollandais. Un bon debut avec le Milan qui gagnera quand même le titre 88 surtout à cause d’une chute incompréhensible de Naples.
        Futre dans le Porto 87, c’est très bon mais est il tellement au dessus des autres?

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      2. 1986 avec Belanov-Lineker-Butragueno (Diego n’avait pas le droit d’y participer)? 1995 avec Weah-Klinsmann-Litmanen?

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      3. Futre le méritait, tu es le meilleur joueur européen du champion d’Europe, personne d’autres ne se détachait. Alex en avait parlé une fois, le lobby de Berlusconi pour mettre en avant sa recrue avait été déterminant.
        Son style qui détonnait et plaisait à la presse de l »époque aussi.
        Mais Futre en 87 il est bien au-dessus, ce mec si il avait été un peu mieux entouré (et moins fragile) il serait devenu une légende du foot.

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      4. Sindelar
        C’est vrai, 95 ressemble énormément à cela. Difficile également de ressortir une seule individualité dans le collectif de l’Ajax.

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      5. Rui
        Ah Futre, il m’a fait aimé l’Atletico avec Schuster. C’est pas moi qui vais te contredire! Gros caractère également.

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      6. Les duels Buyo-Futre, voilà un thème pour un article ! Il y a des images incroyables les concernant, ils se haïssaient et cela faisait des étincelles.

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      7. Je lisais récemment la biographie d’Aurelio Pereira le mythique formateur du Sporting qui a découvert Futre, Figo ou Ronaldo. Quand tu le lis tu vois qu’il n’y a pas photo, le plus doué, celui qu’il admire le plus c’est Futre.
        Pour lui il avait tout, un talent et un mental encore plus fort que les deux autres (qui pourtant sont incroyables de ce niveau). Le principal problème de Futre c’est qu’il est né 5-10 ans trop tôt, il a été à son top à une époque de boucher, et vu son profil de dribbleur hyper explosif il s’est fait détruire comme beaucoup de talent de son époque. De plus il est tombé dans la génération sacrifiée par le scandale du mondial 1986. Si il avait eu l’âge de Figo ou Rui Costa, le Portugal aurait été injouable offensivement.

        Vu comment mon père l’encensait (le plus doué des portugais pour lui), j’ai revu pas mal de ses vidéos et sa capacité de dribble est incroyable, parmi ses contemporains il n’y a que Magico qui me fait cette impression de casseur de rein inarrêtable. Et le Portugais était plus rapide. Mais le nombre d’attentats qu’il subissait, ça lui a ruiné sa carrière. A 25 ans il était déjà foutu…

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      8. Oui et Futre avait également une excellente frappe de balle. Un crack. Mais il se mariait bien avec ce club des colchoneros, râleur et excessif.

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      9. Dès l’instant où Gullit déclara, je cite, « ne pas comprendre comment il avait pu gagner ce trophée »………………

        Le projet de Berlu fut initialement bien naze sur le plan sportif, bref et dans un premier temps il acheta tout ce qu’il pouvait pour s’offrir d’autres formes/attributs de légitimité : Mundialito des clubs, attribution du BO 87 à Milanello, transferts surfacturés pour faire parler de lui.. ce type de coups d’éclat ultra-somptuaires (*) ayant peut-être participé, dans l’inconscient de certains esprits, du sacre de Gullit??? (l’eurofoot n’a pas attendu la WC 98 pour générer ses Footix par millions, hein).

        Ce qui est certain puisqu’eux même en convinrent : Gullit dut l’essentiel de son sacre à des journalistes d’outre-Rideau de Fer qui, de leur propre aveu donc, n’avaient « jamais rien vu de lui » mais qui, je les cite encore, avaient « voté pour lui car, avec ses dreadlocks, il semblait anti-impérialiste (lol..) »………………

        La saison qu’il venait de livrer aux Pays-Bas n’avait absolument rien eu de renversant, moyen-plus……….. et, je reviens à ce (*) plus haut (second paragraphe), surtout : RIEN ne justifiait de telles dépenses pour Van Basten ni, surtout, pour Gullit à l’époque!!! (le foot NL est au plus mal encore en 86), son statut n’avait rien de sensass!

        Reste l’hypothèse d’enveloppes, voire plus probablement de pressions exercées entre groupes médiatiques : à ne pas exclure avec tonton Berlu.

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      10. M’enfin, Gullit je m’en fous : joueur qui brillait surtout par son physique voire sa polyvalence (pas de réels points faibles, quelques points forts).. Joueur castard, certes l’une ou l’autre grandes saisons (à la Samp par exemple), mais en soi……… Son sacre fut une arnaque monumentale, grand bien lui fît..mais je préfère qu’on se rappelle et cause de Futre, pour le coup un fuoriclasse qui, cette saison-là, eût été un vainqueur absolument légitime, émérite, souverain même…………. C’était un crack, un petit Maradona européen!

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      11. T’arrives à évoquer Gullit sans repenser au chef d’œuvre que tu as visionné il y a peu, reportage sur les prémices (préliminaires ?) de la CM 90 ?
        PS : je m’interdis tout jeu de mots facile avec Futre en lien avec ce documentaire.

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      12. Il est sur l’onglet juste à côté de celui-ci, lol.. En ce mode arrêt sur image que tu lui connais bien, deux bons mois que son chibre est de la sorte figé comme une statue de sel, entre deux Gomorrhéennes (et que ma femme se demande ce que c’est que ce truc.. 🙂 ).

        C’est une question de temps (professionnel à rattraper, privé à trouver..).

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