Voie de garage

C’est une ville coquette et sans conteste bourgeoise, où prévaut une mentalité discrète et provinciale en dépit de son curieux statut de capitale, depuis 1986, de l’Etat régional wallon.

Sorte de jolie endormie, durablement dépourvue de la moindre banlieue ou industrie lourde, et régulièrement moquée pour la lenteur proverbiale prêtée à ses quelque 115 000 habitants, Namur semble cependant avoir tout au plus gagné, à ce statut de capitale que justifie au mieux sa position géographique, de pouvoir désormais considérer à l’Ouest la déglingue de Charleroi avec un brin plus de condescendance, et plus loin vers l’Est de regarder enfin dans le blanc des yeux son vieil et matamoresque ennemi liégeois, source de bien des malheurs durant tout l’Ancien Régime.

Namur, immuable au pied de sa citadelle.

Peu ou prou huitième commune la plus peuplée de Belgique à travers les siècles, et quoique objet depuis 30 ans d’ambitieux plans de développement urbain et culturel, contre lesquels la population n’a de cesse de se dresser, c’est toutefois sur les doigts d’une main que l’on pourrait compter les grandes figures produites par cette ville que semble animer quelque perpétuel contentement. Quant au sport, c’est encore plus simple : Namur n’a tout bonnement jamais sorti le moindre sportif d’envergure internationale, extrêmement peu même à l’échelle belge, et pour tout dire c’est à peine si, dans l’art cinématographique où elle excelle, ses habitants se gaussent du destin cannois de ses enfants Poelvoorde ou Cécile de France.

Mais c’est encore à ses sports collectifs, sinon peut-être pour le basket féminin, que la fort prosaïque Namur semble réserver la plus vaste indifférence – et au premier chef à son club de football de l’Union Royale, dont les faits d’armes se résument sans surprise comme suit : trois fois champion de Division 3, 14 saisons poussives en Division 2, et tout au plus quatre présences en huitièmes de finale de la Coupe de Belgique.

Namur, 14 mai 2023 : marche « d’ancien stade à ancien stade ».

Ce 14 mai dernier, cependant, se signalerait par un inhabituel quoique fort mou cocorico dans la presse sportive namuroise : sacré champion de sa série de Division 4, au terme d’une victoire à l’arrachée (quoique en supériorité numérique) face à l’équipe d’un hameau quelque mille fois moins peuplé, l’Union Royale renouait enfin avec un statut moins déshonorant au regard de son statut de capitale de la région. Facétieux karma oblige, cette bonne nouvelle irait toutefois de pair avec une très mauvaise : l’Union Namur venait ce-faisant de disputer son dernier match dans son stade dit des Bas-Prés, appelé à être transformé en parking dans le cadre du développement aux forceps de la ville.

Stade des Champs-Elysées, Namur, 1972. Michel Soulier est le deuxième joueur debout en partant de la droite. En toile de fond : la tribune latérale debout, puis les falaises sur lesquelles allaient se percher les resquilleurs les jours de match.

Aussitôt, le noyau dur de ses supporters, presque aussi nombreux que les habitants du hameau fraîchement mais péniblement vaincu, entreprit une marche dite « d’ancien stade à ancien stade », depuis les Bas-Prés jusqu’aux Champs-Elysées, antre 60 ans durant de l’Union Namur, et longtemps mieux connu sous le nom de Stade Michel Soulier.

Stade mythique que dominaient des falaises, parmi lesquelles s’agrippaient à chaque match l’un ou l’autre pensionnés en mal de ressources financières voire de sensations fortes, et préfigurant le sort funeste aujourd’hui réservé à son successeur : le Stade Michel Soulier avait déjà été progressivement transformé, lui aussi, en parking à compter de 2001, avant d’être tout bonnement rasé, là encore, à fins des poussifs développements infrastructurels de la cité.

Stade Michel Soulier, 2002.

Plus douloureuse, cette première destruction avait durablement choqué l’ensemble de la communauté footballistique du pays, et pour cause : c’est comme si ledit Michel Soulier mourait une seconde fois.

Un quart de siècle plus tôt en effet, à la 22e minute d’un 32e de finale de Coupe opposant, au Parc Astrid, l’ogre anderlechtois à l’inoffensive Union Royale, l’arrière gauche namurois Soulier s’écroulait soudain, peu après avoir reçu en pleine poitrine un tir violent de l’international danois Benny Nielsen. Malgré l’intervention immédiate du médecin du Sporting, lequel lui avait prodigué d’interminables tentatives de réanimation cardiaque, Soulier serait déclaré mort sitôt parvenu à l’hôpital. Probablement décédé déjà sur pelouse, ce n’est toutefois qu’en début de deuxième mi-temps que la nouvelle tomberait, à l’insu des joueurs anderlechtois (mais pas des supporters namurois) et sous les vivas du public mauve et blanc, à mesure que se dessinait le score de 10-0 qui sanctionnerait la rencontre.

Comble du macabre : l’épouse de Soulier, qui assistait au match depuis les tribunes, attendait un heureux événement. Quant au pauvre père de l’infortuné, c’est en jouant aux cartes avec des amis qu’il apprendrait la nouvelle, quand un client pénétré dans l’établissement où il se trouvait, n’ayant pas remarqué sa présence, lança aussitôt à la cantonade : « On vient de dire à la télévision que Soulier est mort d’une crise cardiaque, à Anderlecht. »

Fraîchement marquées par la disparition de l’international brugeois Nico Rijnders, lequel avait assurément payé de sa santé le dopage intensif subi auparavant à Ajax, les autorités rebaptiseraient aussitôt les Champs-Elysées en Stade Michel Soulier – une première dans l’Histoire du football belge, qui inscrirait ce-faisant, et durablement, ce club anonyme et son antre atypique dans la mémoire collective. Plus étonnant encore : le traumatisme avait été tel que, soucieux de redorer l’image de son club, le très affairiste Président du Sporting Constant VandenStock ouvrirait bientôt un compte d’épargne au nom de l’orphelin.

Mise en bière, en farandole !, du stade des Bas-Prés.

Au gré des infinis déboires de ce club, qui n’ont ici rien d’exhaustif (escroqueries et fusions à gogo, banqueroute perpétuelle et matchs arrangés à son insu… et même relégation pour 0,9 point !), il serait bien sûr tentant de moquer l’impuissance footballistique de cette ville : huitième du Royaume par sa population et capitale de l’une de ses trois entités politiques, objet de maints plans de développement… et cependant dramatiquement incapable de hisser son club en première division, dont les stades successifs semblent condamnés à céder la place à des parkings, incapable même de perpétuer la mémoire du plus célèbre de ses joueurs (si tragique fût son destin), et qui aujourd’hui encore doit s’en remettre à un appel au grand public pour tenter, vaille que vaille, de remonter la trace de ses origines – en l’espèce l’une des plus nébuleuses du pays, car des moins investiguées par son propre et pour tout dire je-m’en-foutiste public.

Stade et ville d’Al Masa, en cours de construction dans le désert égyptien, à une heure d’autoroute du Caire.

Charitable, le microcosme du football belge n’a heureusement que faire de ce cas désespéré, voire probablement même de cette ville charmante mais par trop planplan. Et à l’heure où poussent dans le désert, la jungle ou la steppe de non moins étranges capitales, dotées de leurs superflues arènes (tels le stade d’Al Masa en Egypte, voire à terme celui de Nusantara en Indonésie ?), est-il même brin réconfortant de relever qu’à son échelle et inexorablement, quoique club d’un haut-lieu du pouvoir, l’Union et en amont sa ville restent de génération en génération imperméables aux politiques de prestige, et à l’opium des peuples de ces arènes et clubs ailleurs si souvent institutionnalisés.

Que ce fût par conservatisme, par inertie, par gabegie, par scoumoune, par bon sens, par bêtise ou par désintérêt… voire pour toutes ces raisons et pour d’autres encore, peu importe : fût-ce incidemment et malgré lui il y a, dans le destin à jamais foireux de ce bateau ivre, de l’essence profonde d’un jeu…qui au fond gagnerait à ce qu’on le laissât enfin tranquille, et à ce qu’il fût peut-être moins pris au sérieux.

Stade des Champs-Elysées, Namur, 1956. Le très chauvin commentateur-star du sport belge, Luc Varenne, au micro d’une rencontre opposant le…personnel de la friture Berote à celui de la friture Mathot.
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20 réflexions sur « Voie de garage »

  1. Merci Alex !
    Comment fait-on pour être relégué pour 0,9 point ??
    Connais pas Namur, je me demande même si les seules images que j’ai vues ne sont pas liées à l’ascension vers la citadelle dans le GP de Wallonie (il me semble d’ailleurs que c’est une scène du Vélo de Ghislain Lambert).
    Quant à cette histoire tragique impliquant Benny Nielsen, je ne la connaissais évidemment pas. Il frappait si fort que ça Nielsen ? J’imagine qu’après avoir vécu ça, tu hésites à frapper en force un coup franc avec un mur de joueurs face à soi…

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    1. Je suis en Allemagne, repasserai plus tard mais, oui : je crois bien qu’ascension de la Citadelle et film avec Poelvoorde sont liés, oui.

      Quitte à l’évoquer : la citadelle, pour moi, c’est le motocross! C’en était le Monaco, sport longtemps -roi en Belgique…….mais ce sport y est pour ainsi dire en voie prononcée de disparition désormais.

      Nielsen était avant tout un ailier vif, bon dribbleur..mais solide frappe aussi, et puis, il suffit parfois d’un brin de malchance..

      0,9 point : faudra que je vérifie ce soir, peur de dire une bêtise. Une histoire absurde.

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    2. 0,9 points…………… Fait beau, piscine avec les fifilles, y a des priorités dans la vie 😉 Bref je vais être très paresseux : wikipedia!

      « Le 1er juillet 2019, l’UR Namur FLV absorbe l’Étoile Rouge Belgrade (matricule 8171). Revenue au 4e niveau, l’UR Namur débute bien la saison 2019-2020 en engrangeant 15 points sur 30 lors de la première période de 10 matchs. La suite est nettement moins bonne. Le groupe, que son entraîneur Zoran Bojović quitte d’initiative puis accepte de reprendre quelques semaines plus tard23,24, est typique d’un club en plein doutes et de nouveau en difficultés financières. En février 2020, alors que le noyau a grand besoin de sérénité, le Président Christophe Graulus (ex-Racing FC Fosses) et Lucien Romeo (argentier du matricule 156 depuis près de dix ans) confirment les rumeurs qu’ils « jettent l’éponge » et cherchent un repreneur 25. À peine plus de deux semaines plus tard, les nouveaux patrons sont connus. Il s’agit de deux investisseurs namurois : Bernard Annet et Frédéric Étienne 26. N’inscrivant que six points lors des dix rencontres de la 2e période, l’UR Namur signe un 0 sur 12 qui lui est finalement fatal dans la lutte pour le maintien. Lorsque la compétition est arrêtée en raison de la crise du Covid-19, toutes les équipes de la D2 Amateur ACFF n’ont pas disputé le même nombre de rencontres. Une système de pondération est appliqué afin que toutes les formations soient alignées avec 24 parties jouées. L’UR Namur et ses 21 unités sont alors dépassées par Solières Sport qui, après pondération, sauvent leur place en D2 avec 21,9 unités, soit moins d’un point de plus que les Merles. Cette différence aura son importance lorsque le FC Tilleur, mieux classé, annonce le retrait volontaire de son équipe de série nationale : Solières est ainsi sauvé, et Namur définitivement condamné à la descente. Malgré cela, l’entraîneur Bojović est confirmé dans ses fonctions pour la saison 2020-202127. »

      NB : Solières (bled où j’ai mes habitudes car bel arrière-pays, + pour manger à côté d’un lama), c’est ce club de hameau qu’ils ont battu 4-3 à 11 contre 10, évoqué dans l’article.

      Le Covid fut l’occasion, pas perdue pour tout le monde, de magouiller les fins de saisons à tous les échelons du football belge – l’épilogue de la 1ère division fut une honte, magouillée de A à Z par un FC Bruges devenu ultra-dominant en coulisses. Faute du moindre relais et de réelle crédibilité, le FC Namur fut l’un des dindons de cette farce.

      Etoile Rouge Belgrade?? « Belgrade » est un quartier de Namur (la comparaison s’arrête évidemment là).

      Cet extrait de wikipedia est une bonne illustration de ce qu’est ce club, son Histoire (ou plutôt ce que l’on parvient à en savoir).. : foireux, survivaliste, malmené..et surtout pas pris au sérieux, dont au premier chef par ses supporters!

      Je n’ai aucune attache à ce club, cette ville, cette région (charmante mais vraiment trop planplan).. Ce club a malgré lui (proie facile) accumulé des casseroles pas possibles…………mais je trouve que lui aussi propose une forme de morale ; en Wallonie et par entrisme politique, des villes de taille moindre voire clubs sortis de nulle part ont voulu se doter de stades somptuaires (à Mons, Mouscron..)…………… ==> Ces clubs ont évidemment fini par faire psshiiiiiiiiiiiittt, et leurs villes à traîner des dettes insoutenables (dont ils ne sont pas prêts de sortir)..

      Mons, par exemple.. C’est joli comme ville, fut capitale européenne (..de la culture.., même si des esprits plaisants s’amusaient à griffoner un peu partout « ..du chômage »!) il y a quelques années, au bénéfice exclusif d’arrangements politiques invraisemblables, a voulu se doter d’une gare « Calatrava » complètement démesurée et qui part déjà en ruine avant même d’être finie………. Ben le stade n’a plus même d’équipe, il me semble…………… ==> Comment donner tort à ces ringards de Namurois, de ne voir aucun intérêt à mobiliser ce levier?

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      1. Je suis en mode « comme ça c’est fait », je ne reparlerai probablement plus jamais de ce club ni de cette région, décidément guère portée sur le foot (sinon pour le folklore et ses troisièmes mi-temps), bref :

        Une émission-culte en Belgique, mais dont je n’ai jamais vu la moindre minute : https://www.youtube.com/watch?v=bKSg7XhBmDQ

        En gros la RTBF avait décidé de suivre l’équipe statistiquement la plus nulle du pays, à savoir : Yvoir (en Haute-Meuse..namuroise, bien entendu – province absolument inoffensive en football..voire en sport en règle générale)……et ce-faisant de la confier aux bons soins de l’ex-Diable Rouge flamand Léo VanderElst, de sorte qu’elle remporte au moins un match en cours de saison, avant de conclure dans un match au sommet face aux pros..féminines du Sporting Anderlecht..

        Je crois qu’il y eut plusieurs saisons, succès télévisuel énorme, tant mieux pour la RTBF………. et qui témoigne donc que, hormis la java : le football n’est curieusement à peu près rien là-bas (et pourquoi pas!).

        Yvoir, c’est aussi les « René Binamé », groupe-culte de la scène punk francophone……….et eux-mêmes, quoique fortement politisés, qualifient leur style d’agro-punk..

        Je crois que l’on pourrait d’ailleurs parler d' »agro-football » pour y qualifier le jeu à 11…………. La région est toute belle, quasi-pastorale, empreinte de douceur, d’un art de vivre désuet.. Rien de rien n’y incline à certaine dureté, un coin de douce France.. : comment leur donner tort?

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    1. Non non, les personnages emblématiques sont plutôt des..escargots, voire aussi des types qui, euh, les « chassent »??

      La tortue, c’est une oeuvre du chorégraphe et plasticien-star Jan Favre, acquise par cette ville et désormais plantée sur un promontoire au sommet de sa citadelle.

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  2. Tiens Alex, puisque tu parles rapidement de Charleroi et de Basket…D’où vient le Spirou Charleroi? C’est juste publicitaire ou il y a un lien entre le personnage et la ville?

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    1. Du marketing et rien d’autre. Aucune tradition, alors, de basket à Charleroi. Si je me rappelle bien la chronologie, tout commence au Standard Basket Liège, branche-basket du club omnisports (jadis..) du Standard Liège, là où évolua Korac..

      Puis il y a l’affaire Waterschei.. Pour se sauver, le Standard se sépare d’une bonne part de ses actifs, liquide tout ce qui n’est pas football.. Ce club de basket survit alors dans une petite ville entre Namur et Liège?? Puis une espèce de « fusion » (???) avec un club sis à 30-40kms au Sud de Charleroi, Mariembourg…. C’est là qu’un entrepreneur de Charleroi développe ce club, beaucoup d’argent public.. ==> Voilà pour le développement de ce club, auquel fut plus tard associé l’image de Spirou pour coller au passé-BD de cette ville ; tout fut artificiel de A à Z!

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      1. Ah, suis déçu. J’aurais trouvé sympa un lien véritable et la ville. Je vois que c’est Ostende qui domine le championnat désormais mais Charleroi a eu assez récemment de très bons joueurs pour l’Europe. Éric Struelens, Michael Batiste, une des gloires du Pana, Daniel Santiago ou les français Gelabale ou Beaubois.

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      2. Ah, entre Spirou et Charleroi il y en a un : les maisons d’édition..Dupuis?? Ils avaient leur siège à Charleroi, ce furent eux qui éditèrent les Gaston Lagaffe, Spirou, Schtroumphs, Lucky Luke.. On trouve à Charleroi moult figurines rappelant ce passé, sur des ronds-points notamment.. ==> Ce pourquoi les dirigeants du club de basket de Charleroi optèrent pour « Spirous », ancrage local.

        Ce fut un vrai bon club, solide..mais dès que la source d’argent public se tarit, psshiiiiiitt.. Idem en mini-foot, où Charleroi fut champion d’Europe, le tennis de table.. Il s’agissait de créer par le sport une identité locale – Charleroi est en fait un agglomérat de taille moyenne, sans autre liant que le passé industriel, bref : les rapports de Charleroi aux sport furent assurément le parfait négatif de ce qui garde cours à Namur, où le sport reste la 5ème roue du carrosse (ce qui n’est sans doute pas plus mal).

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      3. *agglomérat de..petites villes de taille moyenne..

        (je retourne nager, à ce soir!)

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  3. Belle petite histoire du dimanche matin, merci !
    Il est vrai qu’il est surprenant de voir une ville d’une telle importance (démographique et administrative), ne pas fournir son quota de sportifs de haut niveau.
    Quid des artistes namurois ?

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    1. L’artiste « namurois » le plus célèbre fut..français, Baudelaire 😉

      Baudelaire a passé pas mal de temps en Belgique, la promesse de s’y refaire une santé financière en donnant des conférences, fuir la « police des moeurs » (façon de parler) et ses créanciers……..sinon qu’il n’intéressa à peu près personne, y poursuivit sa descente aux enfers.. Il en reste des carnets incendiaires pour ce pays, dans lesquels il crachait son venin – Bruxelles surtout en prenait pour son grade, Liège un peu aussi..et Namur fut, pour ce qu’il en vit du moins, la seule ville belge qui l’enthousiasma.

      Il est vrai que ce fut peut-être la seule où il fut chaleureusement accueilli, en l’espèce par son ami le peintre local Félicien Rops, comme lui un provocateur, à certains égards un freak..mais qui s’efforça de le relancer. Deux esprits jumeaux s’étaient trouvés, Baudelaire renouait d’un peu avec le bonheur, enfin..et c’est alors que survint l’épisode de l’église Saint-Loup, merveille jésuitique dont les plafonds le firent pour de bon basculer dans la déraison : ce fut le déclencheur des troubles qui pour de bon l’emporteraient bientôt :

      https://chapelleuniversitairenamur.be/wp-content/uploads/2021/04/interieur-St-LoupVER.jpg

      Voici ce que le malheureux en écrivait : « Saint-Loup diffère de tout ce que j’ai vu des Jésuites. L’intérieur d’un catafalque brodé de noir, de rose et d’argent. Confessionnaux, tous d’un style varié, fin, subtil, baroque, une antiquité nouvelle. L’église du Béguinage à Bruxelles est une communiante. Saint-Loup est un terrible et délicieux catafalque. »

      Il ne croyait pas si bien dire.

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    1. Oh oui, le mot qui en revient le plus régulièrement parmi ses visiteurs me semble être « ravissant », la ville ne manque pas de charme quoique à mille lieues de la richesse des grands spots patrimoniaux flamands (lesquels sont, il est vrai, d’un très haut niveau)..mais on en a fait le tour en un jour.

      Mais alors, dans la foulée : faire la Haute-Meuse, en amont de Namur.. Superbe (vallée cernée de magnifiques falaises, châteaux à gogo..)! Et par beau temps on peut même y nager, l’eau est pas loin d’être nickel. A titre perso : Namur-Givet en bateau, aller-retour avec étape à Dinant (sorte de Rocamadour belge) : sans hésiter.

      La ville wallonne que je recommanderais serait toutefois plutôt Tournai, non loin de Lille : tout y est beau et resté dans son jus. Mais c’est plus bourgeois et planplan encore. Et à peine plus porté sur le football.

      Voilà d’ailleurs deux villes d’une taille estimable pour la Belgique, avec un passé riche (surtout Tournai, première capitale du royaume franc), qui ont totalement échappé à la révolution industrielle..et qui dans la foulée n’ont pas vraiment voire du tout chopé le virus-football. Je n’en hasarderais pour autant de lien de causalité mais, les concernant : c’est très marqué.

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