En route pour Abidjan ! La troisième guerre punique

Mes premiers souvenirs de finale de CAN sont des lectures. Le penalty d’Emmanuel Kundé face au Nigeria, au Maroc, en 1988. La frappe de Chérif Oudjani, le fils d’Ahmed, deux ans plus tard face à ce même Nigéria. Il faudra attendre l’édition 1992, au Sénégal, pour que j’assiste enfin au match le plus attendu par tout un continent. Une finale de légende, non pour la qualité de son jeu, mais pour son interminable séance de tirs au but, gagnée 11-10 par les Ivoiriens. J’essaierais par la suite, sans toujours réussir, de ne pas rater cet événement. Viendront le Nigéria-Zambie ou l’Afrique du Sud-Tunisie de 1996 qui marque le retour au premier plan d’une terre éprise de foot depuis plus de 2 000 ans. Celle de Monastir à l’ancienne Carthage. Plusieurs fois millénaires, vous paraît un brin exagéré ? Et pourtant, Hannibal n’est-il pas le premier grand stratège culé ? Lui que l’on surnommait Barca, la foudre…

L’heure des bizuts

Pour la troisième fois de son histoire, la Tunisie accueille la CAN en 2004. L’édition 1965 avait vu les Aigles de Carthage d’Abdelmajid Chetali aller en finale, face au Ghana. Non sans un coup de pouce providentiel de Léopold Senghor, dont nous finirons bien par en dire un mot sur ce site. La deuxième, en 1994, fut un échec cuisant. La sélection de Faouzi Rouissi, ayant sombré dès le match d’ouverture face au Mali, ne vit pas le second tour. Un traumatisme que la Fédération tunisienne refuse de revivre. Et quoi de mieux qu’un revanchard, militaire dans l’âme, pour construire un escadron ambitieux ?

Roger Lemerre est encore sonné par son trip écourté en Asie. Lui qui avait su créer une version améliorée de l’équipe de France de Jacquet, semble avoir désormais perdu tout crédit. Et la presse hexagonale, que Lemerre n’a jamais portée dans son cœur ni ménagée, n’hésite pas à le qualifier de has been, aux méthodes dépassées et aux discours sans queue ni tête. Il ne se sent pourtant pas cramé, Roger, bien au contraire. Sur une terre qu’il connaît, pour avoir dirigé l’Espérance dans les années 1980, Lemerre va mobiliser et redoubler d’efforts, suivant une feuille de route dont il ne s’écartera jamais. Pressing et lignes resserrées, confiance aux vieux routiers exemplaires que sont Ali Boumnijel ou Riadh Bouazizi. Intégration et responsabilisation de jeunes, comme Karim Haggui ou naturalisation express de l’ancienne idole de l’Étoile du Sahel, Francileudo Santos, afin de donner du peps à son attaque. Pas la plus talentueuse sur le papier mais prête à lutter, la sélection tunisienne de Lemerre est peut-être celle qui lui ressemble le plus, teigneuse et solidaire.

Le premier match de la Tunisie est une confrontation face au Rwanda, dont c’est la première CAN. Les Amavubi, les guêpes, vont jouer crânement leur chance, ne cédant que sur un but de Santos en seconde période. C’est un retour à la respectabilité pour le pays, 10 ans après le génocide. Les journalistes, présents à Tunis, n’ont de cesse de chercher qui est Tutsi ou Hutu dans le groupe mais celui-ci refuse d’alimenter le jeu pervers. La qualification inespérée pour la CAN, face à l’ogre ghanéen, a offert un nouveau souffle à Kigali, cimenté les communautés fracturées autour d’un même objectif. Une étape vers une saine réconciliation nationale? Difficile à dire… Toutefois, l’arbitre burundais du match, Jean-Marie Vianney Hicuburundi, n’est pas prêt d’oublier les conséquences de son coup de sifflet final : « Quand j’ai sifflé la fin du match, j’ai vu les supporters descendre sur la pelouse et les joueurs ghanéens, en tête desquels leur capitaine Kuffour, en pleurs. Mes assistants et moi avons directement rejoint les vestiaires. Il nous a été difficile de nous rendre à l’hôtel, heureusement qu’il y’avait la police pour nous escorter. Toutes les routes ont été envahies par les supporters des Amavubi. » Après avoir accroché le nul face à la Guinée, la Rwanda battra la RDC. Un résultat malheureusement insuffisant pour accéder à la phase finale. Mais l’essentiel est ailleurs, le Pays des mille collines est à nouveau convié à la table des hommes…

Jour de gloire pour le Rwanda face au Ghana

Le premier tour de cette CAN 2004, sans grande surprise, verra donc la première victoire kényane dans la compétition, face au Burkina, après 13 tentatives infructueuses. Les frères Ndlovu distiller des petits bouts de leurs talents, pour la découverte de l’événement du Zimbabwe. La RDC se foirer dans les grandes largeurs et Mido insinuer, des années après, un arrangement avec Rigobert Song dans le but d’éliminer l’Algérie. Véridique ou non, l’entourloupe s’avéra vaine. Achiou offre, sur une cavalcade fantastique, la qualification aux Verts, réduits à 10 une bonne partie de la rencontre.

Les esprits s’échauffent

Tandis que le Mali se défaisait en quart de finale, non sans douleur, de la Guinée de Pascal Feidouno, sur un but tardif du massif Mahamadou Diarra, le Nigeria alimentait les bruits de couloir. Les Super Eagles sont totalement déconnectés de l’enjeu, touristes en villégiature. Mauvaise pioche, ils sont tombés sur Christian Chukwu, dit The Chairman, le capitaine courage du sacre en 1980. Un caractère fort… Ayant démasqué une virée nocturne improvisée, Chukwu ordonne illico la fermeture de l’hôtel aux fugueurs! Victor Agali, Yakubu Aiyegbeni et Celestine Babayaro, sont piteusement chassés de la concentration. Effet boule de neige ou non, le Nigeria du vieux Okocha se ressaisit et sort le double tenant du titre camerounais. Fin d’une époque pour les Song, Patrick M’Boma ou Geremi. Samuel Eto’o, qui entre dans ses meilleures années, devra composer avec un effectif moins talentueux désormais…

La Tunisie lutte, quant à elle, contre un épais brouillard face au Sénégal. Le stade de Radès n’offre qu’une visibilité minime aux deux belligérants, la tension est à son maximum. Karim Haggui raconte : « On sentait que la température commençait à monter dans le pays. On jouait devant 60 000 spectateurs et tout le monde ne parlait que de nous. Les médias, les supporters… Il y avait un soutien énorme du peuple tunisien. Mais on avait quand même des joueurs expérimentés. Il y avait des gars avec nous qui avaient participé à la finale de 1996 (Badra, Bouazizi, ndlr). Il y avait donc du vécu. Et ces leaders ont montré le chemin. Et nous, les jeunes, avec notre énergie, on y a contribué. Sans oublier le travail du coach, et la rigueur qu’il a su inculquer. C’est grâce à tout ça qu’on a pu dominer cette équipe du Sénégal. Une sélection sénégalaise qui comportait quand même de très grands noms et qui restait sur un Mondial 2002 très réussi. Sur le papier, ils étaient clairement plus forts que nous. Ça, on le savait. Mais on avait une équipe solide, disciplinée. » Jawhar Mnari marque l’unique but de la rencontre, Tunis peut continuer de rêver…

Le terme tension n’est pas assez fort pour qualifier le dernier quart. A Sfax, Marocains et Algériens vont se livrer à une guerre de tranchées, à l’instar d’affrontements entre fans de deux camps et la police, dans et en dehors du stade. Le Maroc de Youssouf Hadji, conduit par la gloire Zaki, réalise une superbe compétition. Victoire face au Nigéria au premier tour, état d’esprit offensif, le Maroc est pourtant au bord du gouffre lors de l’ouverture du score algérienne, à six minutes de la fin. Hadji entre, tout à sa frustration, avant que le jeune et chevelu Marouane Chamakh n’égalise à la dernière seconde! Un coup de massue terrible pour l’Algérie qui croyait enfin entrevoir la lumière, après des années d’éclipse. En prolongations, le frère du Ballon d’or Mustapha prend alors les choses en main : « A sept minutes de la fin, alors qu’on se dirige vers les tirs au but, je reçois le ballon, sur le côté gauche de la surface algérienne, je réussis mon contrôle, je m’avance, et dans un angle fermé, je frappe du gauche, le ballon passe sous le ventre du gardien… » Un but sismique tel un tremblement de terre, bientôt suivi d’une nouvelle flèche du fantasque Zaïri. Le Maroc a eu chaud, très chaud mais rejoint le dernier carré pour la première fois depuis 1988.

Zaki le talisman

Retrouver le Mali en demi-finale est une petite surprise. Privé pour l’événement de Seydou Keita, l’équipe d’Henri Stambouli n’arrive néanmoins pas en victime expiatoire. Adama Coulibaly est un roc défensif, Mahamadou Diarra, un potentiel qu’il le mènera bientôt à Madrid, tandis que Frédéric Kanouté se rapproche de son sommet. Celui qui fera trôner, de nos jours, son portrait sur les murs du Sánchez Pizjuan, à Séville. Il n’y aura pourtant pas de match…

Les Lions de l’Atlas vont régaler le public de Sousse. Jeu limpide et inventif, le Maroc ouvre le score sur un coup franc de Mokhtari. L’édifice malien s’effondre aussitôt. Mokhtari, encore lui, d’une frappe lointaine puissante. Hadji, après un service magistral de Chamakh. Nadil Baha enfin pour une victoire 4 à 0 aux allures de triomphe romain. Zaki, le gardien légendaire du Wydad, guidait à nouveau son pays vers la gloire, 18 ans après le Mondial mexicain. Homme sans concession, il a su orchestrer un opéra vivant où même le vieux Naybet semble avoir rajeuni. Et dans cette confrérie de gardiens, aux secrets aussi jalousement gardés qu’un coin à champignons, une seule question importe dorénavant. Khalid Fouhami allait-il succéder à Mohamed Hazzaz, le gardien, vainqueur de la CAN en 1976 ?

Pression de l’instant, l’hymne joué pour les Super Eagles, avant la demi-finale, n’est pas le bon. Et quand le véritable est rejoué à l’entame de la seconde période, il est copieusement sifflé. La Tunisie souffre sous la vitesse d’Odemwengie, le Nigerian de Tachkent, révélation de l’épreuve. 80e minute et toujours un but de retard pour l’hôte de la CAN, moment où Ziyad Jaziri provoque un penalty. Jaziri, typiquement le mec qui se transcende avec sa selection… Haggui, toujours : « Il y a eu ensuite la prolongation, puis les tirs au but où c’était vraiment du 50-50. Ça se jouait aussi au mental, et à la fraicheur. On a réussi à l’emporter, en marquant cinq fois et aussi grâce à notre gardien. C’était un match historique et pour moi c’était le moment le plus fort de ma carrière. » Il a bien raison de jubiler Karim, son équipe se rapproche dangereusement du graal qui a toujours échappé à la génération Attouga-Tarek Dhiab…

Khaled Badra, après son penalty victorieux

Les mains moites de Khalid Fouhami

Roger Lemerre est réhabilité. Le Normand têtu ne lâche néanmoins pas son emprise sur son groupe, ce qui fit dire à Jaziri « que nous étions dans une bulle. C’était un peu étouffant mais nous etions là pour travailler. » Le travail, maître-mot de son homologue marocain, Zaki, pour la première finale de la CAN opposant deux pays du Maghreb. La Tunisie commence pied au plancher et ouvre le score de la tête par Santos dès la 5e minute ! Et il s’en faut de peu pour qu’elle ne double l’addition… Au lieu de surfer sur cet avantage, la bande de Badra s’endort et se fait rejoindre, sur un superbe contre et une tête vengeresse de Mokhtari. Pour le plus grand plaisir des 10 000 Marocains venus encourager les Lions.

Jaziri s’énerve mais le vif attaquant a fait ses devoirs. Il connaît les points faibles du gardien marocain, Fouhami. « J’avais remarqué que le point faible de Fouhami était son jeu de mains. » Pas très pratique quand on est gardien, cette faiblesse est mise à profit par ce même Jaziri, lorsqu’il récupère un ballon, relâché par Fouhami, après une frappe ratée de Clayton. Nouveau but pour les Aigles de Carthage, Lemerre est couronné sur un deuxième continent…

20 ans après, Karim Haggui parle toujours de cet événement avec émotion. Lui qui n’a jamais vu autant de personnes dans les rues, pas même « le jour de la Révolution. » A titre personnel, puisque je parlais de finales de CAN en introduction, ce Maroc-Tunisie est mon souvenir le plus fort de l’événement. Simplement pour l’avoir partagé chez moi avec mon plus vieux pote, un Marocain, et mes voisins de l’époque, une famille de Tunisiens. Dans un chambrage bon enfant et en terrain neutre, en quelque sorte. Je revois encore la mine déconfite de mon ami de toujours, lui qui n’était pas né lors du sacre d’Ahmed Faras en 1976. Je souris en pensant à mes voisins incandescents, drapeau tunisien sur mon balcon, hurlant leur bonheur à tout le quartier. Des jolis moments entre gens de bonne compagnie, de quoi dérider les amateurs de ce sport un peu blasés que nous sommes parfois…

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36 réflexions sur « En route pour Abidjan ! La troisième guerre punique »

  1. « Guerre punique ».. ==> C’est pour faire sortir Bobbyschano du bois? Qui plus est, ce buste de Hannibal…… On jurerait Alain Delon!, dont je suis d’ailleurs tenté de dire du mal pour voir si..?

    La troisième guerre punique c’est celle que je goûte le moins, du tabula rasa bien puant..

    Je relirai tout cela demain, bonne nuit.

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    1. « “It was here. The battlefield was here. The Carthaginians defending the city were attacked by three Roman legions. Carthaginians were proud and brave, but they couldn’t hold. They were massacred. Arab women stripped them of their tunics and their swords and lances. The soldiers lay naked in the sun… two thousand years ago… and I was here.”

      Prêté à George Patton par la voix de George C. Scott, 1970.

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      1. ‘Arab women’ en 148 avant JC dans l’actuelle Tunisie n’est pas la seule jobastrerie dudit film mais on va éviter ce débat-là…

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  2. Ah Roger Lemerre… il entraînait encore en Tunisie il n’y a pas si longtemps à plus de 80 ans. Type étonnant, aux valeurs d’une autre époque et aux discours abscons, proie idéale des journalistes tant il offrait des aspérités. Mais il est champion sur deux continents, ce qui ne doit pas avoir été souvent réalisé…

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      1. Parreira a gagné deux CAN asiatiques et une Copa América en plus d’un titre mondial.

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      2. Merci Verano, des victoires avec le Koweït et l’ Arabie saoudite, c’est vrai. C’est le coach du Koweït, lors du fameux match face à la France. Et de l’EAU en 90 également.

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    1. J’aimais bien Lemerre, et pour trois raisons : 1) Sur son premier tournoi, c’est la plus belle équipe de France que j’aie vue après celle d’Hidalgo.. 2) Je trouvais que c’était un brave type.. 3) Il s’en est pris plein la tronche et je ne vois toujours aucune raison objective à cela..ce qui me le rend sympathique, une probable victime de cuistres pédants ne peut pas avoir mauvais fond.

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  3. Lorsqu’on voit la piètre prestation offerte par la Tunisie lors de la CAN actuelle… 2 points et 1 but marqué. Zéro ambition dans le jeu, pas de rythme, offensives stéréotypées, milieu stérile et j’en passe. L’épopée de 2004 est bien loin.

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      1. Youssef Msakni est à l’instar de dizaines de footballeurs tunisiens une feignasse surdouée, ayant préféré monnayer son talent sans trop devoir le forcer dans le Golfe plutôt que de persévérer en Europe. Très talentueux, très économe de ses efforts aussi.

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      2. Haha. Merci pour le résumé sur Msakni. J’avais d’ailleurs zappé son passage en Belgique. Et en parlant de Belgique. Hamdi Harbaoui a fini 3 fois meilleur buteur de Belgique. Dans un championnat moins puissant qu’à une époque mais c’est quand même pas mal. Surtout qu’il jouait pas dans les grosses cylindrées. Pourtant, à peine 16 sélections. Il était décevant avec la Tunisie?

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      3. Oui, buteur métronomique. Dans un championnat belge qui avait sensiblement le même rang qu’aujourd’hui..mais qui ma foi valait mieux qu’aujourd’hui (car si on enlève les points-UEFA glanés désormais en C4….).

        Sinon, Tunisien en Belgique : ça me fait penser à Jo Limam, qui fit ce qu’il put au sein d’un Standard complètement destroy, puis apparemment moins encore en Allemagne. C’est l’époque où Hermosillo se cassa la gueule à Liège, Vladimir Petrovic aussi.. ==> Ce club était un mouroir, impossible de le juger là-dessus (et pour l’Allemagne, je ne sais pas).

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  4. Une des plus belles éditions de l’histoire de la CAN qu’il m’était donné de voir, les affiches des phases à élimination directe furent d’un suspense haletant (hormis la demi-finale Maroc-Mali à sens unique), et puis je n’oublierai jamais le savon que mon prof d’arabe littéraire m’avait passé après avoir séché son cours qui coïncidait avec le fameux Nigéria-Cameroun en quart de finale (élimination surprise du Cameroun, ogre africain du moment et double tenant du titre qui a éliminé l’Egypte au premier tour). La Tunisie avait certes une équipe compacte et agressive galvanisée par son public, mais elle n’aurait jamais atteint finale sans un arbitrage maison notamment lors du quart face au Sénégal. Le Maroc était largement la meilleure équipe du tournoi, malheureusement son talent d’Achille fut son gardien comme signalé à juste titre.

    Concernant Roger Lemerre, j’ai eu la chance de l’avoir croisé dans un hôtel à Constantine (Algérie) en 2012 alors qu’il dirigeait le CS Constantine, on a eu une petite conversation fort sympathique une fois qu’il a compris que je n’était pas un supporter du CSC venu lui demander des comptes sur ses résultats mitigés. Il a eu la gentillesse de me demander les raisons de la baisse de forme incompréhensible de la JS Kabylie (mon club de cœur), équipe la plus prestigieuse du pays selon ses propres dires, et il était visiblement ému en évoquant le sacre continental de 2004 avec les Aigles de Carthage.

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      1. Je t’en prie Khia, difficile de trouver un entraineur français ayant laissé un véritable impact sur le football algérien car ils ne sont pas aussi nombreux qu’on le pense compte tenu de l’histoire commune assez compliquée entre les deux nations. J’aurais aimé dire Christian Gourcuff, mais il n’est malheureusement pas eu le temps de marquer la sélection algérien de son empreinte.

        S’il y a un entraineur étranger qui laissé un souvenir encore indélébile en Algérie et surtout en Kabylie, se serait le regretté entraineur polonais Stefan Zywotko qui a dirigé la JS Kabylie de 1977 jusqu’en 1991. Au delà de son palmarès impressionnant (07 championnats, 01 Coupe d’Algérie, 02 Coupes d’Afrique des clubs champions), c’est sa philosophie de jeu offensif, sa culture de la victoire et le football flamboyant de sa Jumbo JET (surnom du rouleau compresseur que fut la JS Kabylie des années 80) qui ont marqué les esprit longtemps après son départ. Son influence fut également considérable sur l’équipe national de 1982 dirigée par Mehieddine Khalef, qui n’était autre que son entraineur adjoint à la JSK.

        Mais après 14 ans de bons et loyaux services, il a dû faire ses valises malgré lui, la mort dans l’âme, face à la chape de terreur qui allait tomber sur le pays juste après son départ (10 ans de guerre civile ayant fait plus de 200 000 morts et 30 000 disparus). Un jour de décembre 1991 alors qu’il était dans un établissement public (un bureau de poste, je crois), le regard hostile et menaçant d’un islamiste intégriste lui a fait définitivement comprendre qu’il n’était plus en sécurité dans ce pays qui a tellement changé en si peu de temps.

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      2. Ah oui, sacré empreinte! Zytwoko communiquait dans quelle langue avec ses joueurs? Il avait appris l’arabe ou le kabyle?

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      3. Il venait aux premiers entrainements avec un dictionnaire français-polonais avant d’apprendre petit à petit à parler un français plus ou moins correct. Comme la quasi totalité des kabyles parle couramment la langue de Molière, ça lui a facilité la tâche.

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      4. Pas un Français, Khiadia, un Belge : Leekens!

        J’en veux pour preuve que l’Algérie en a repris deux fois!..ou alors c’est qu’ils sont masos.

        Le type n’est pas antipathique, mais..mais quel cabotin, c’est dingue.

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      1. Hocine Achiou fut un meneur de jeu rapide et technique qui marqua l’histoire de l’USM Alger du début des années 2000 et de l’équipe nationale à travers ce but légendaire lors de la CAN 2004. Il explosa très jeune en club au sein de l’une des meilleures équipes USMistes de l’histoire sous la direction du président Saïd Allik. Achiou était un très bon joueur malgré sa petite taille (1m67), vif et très rapide balle au pied, capable d’accélérations brutales et de crochets dévastateurs, adroit des deux pieds. Mais il n’était pas la star absolue de l’équipe et il a dû partager la vedette avec des milieux offensifs talentueux de la trompe de Billel Dziri et Amar Ammour. Ce fut pareil en sélection où il fut à l’ombre de Belmadi, Megheni (quel joueur) et Ziani.

        Lorsqu’on évoque le nom d’Achiou, c’est surtout son fameux but légendaire face à l’Egypte qui vient à l’esprit. Il faut remettre les choses dans leur contexte, la sélection algérienne allait très mal (élimination au premier tour de la CAN 2002) et le tirage au sort l’a placée dans un groupe difficile avec le redoutable Cameroun et son armada de stars et surtout l’arrogante Egypte. Tout le monde annonçait un fiasco mais l’Algérie a déjoué les pronostics en arrachant un nul inespéré face aux Lions Indomptables grâce au gardien Lounès Gaouaoui qui ne devait même pas commencer la rencontre (le gardien titulaire Hichem Mezair avait déclaré forfait quelque heures avant le coup d’envoi pour cause de maladie, les rumeurs populaires disaient que ses troubles gastriques étaient causés par la peur d’affronter Mboma et Eto’o). Le deuxième match fut donc abordé avec davantage de confiance face à une bonne mais arrogante sélection égyptienne (la presse égyptienne nous prenait de haut en prédisant le remake de la débâcle 5 à 2 de 2001), l’Egypte avait dominé la rencontre jusqu’à la 86ème minute et cette chevauchée maradonesque et fantastique de 60m d’Achiou qui laissa les défenseurs et commentateurs adverses sans voix (un célèbre commentateur égyptien l’avait nommé de « Harami » qui veut dire « voleur » en dialecte égyptien), l’euphorie qui en résultait était indescriptible malgré une prochaine défaite inattendue au troisième match et une élimination amère mais logique en quarts de finale.

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      2. Que demande le peuple! Megheni, connais pas, vais mater ça un peu. De toute façon les périodes 90 ou debut 2000 de l’Algerie ne sont pas des époques que je maîtrise.

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      3. Compte tenu de la qualité des commentaires dès qu’on parle d’Afrique du Nord, il faut continuer à produire régulièrement des articles sur ce football africain sur P2F. Merci Agawa.

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    1. Dans un post sur Sofoot, je t’ai vu parler de la CAN 88 et des matchs que l’on t’avait « fortement » suggéré d’aller voir. Tu allais également voir des compétitions internationales de clubs?

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    2. « Jeunesse électronique »…….. ==> Est-ce le correcteur automatique qui fait des siennes? Ou alors un surnom genre « la Maquina » (auquel cas : ça m’échappe)? En l’espèce c’est marrant, sonne comme l’un ou l’autre groupes électro de jadis.

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      1. Non ce n’est ni une correction automatique ni un surnom, la Jeunesse Électronique de Tizi Ouzou est l’appellation officielle de l’actuelle Jeunesse Sportive de Kabylie, club phare de la région de Kabylie (province montagneuse berbérophone au nord de l’Algérie ) et club le plus titré du pays. Cette nouvelle appellation vient après la réforme entamée par le gouvernement socialiste algérien au début des années 80, les grands clubs furent sponsorisés par les plus grandes entreprises étatiques dont ils portaient le nom, ainsi le Mouloudia Club d’Alger devient le Mouloudia Pétrolier d’Alger (en référence à la société nationale des hydrocarbures) et la JS Kabylie dévient la Jeunesse Électronique de Tizi Ouzou (en référence à l’entreprise nationale de l’industrie électronique).

        Ça c’est la version officielle, en vérité le régime dictatorial central voulait à tout prix casser la dynamique de la JS Kabylie qui était plus qu’un simple club de football et qui portait les revendications identitaires et politiques de toute une région. La JS Kabylie fut d’abord rebaptisée de manière grotesque et ridicule « Jamiat Sari El Kawakibi » (qui ne voulait absolument rien dire) puis Jeunesse Électronique Tizi Ouzou pour limiter l’étendue du club à la seule ville de Tizi Ouzou, le club a finalement retrouvé son appellation d’origine de Jeunesse Sportive de Kabylie qui fait la fierté de tous les kabyles.

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      2. J’ai l’impression d’avoir toujours entendu parler, et utilisé, « JS »………et décidément, donc, de découvrir ce « Jeunesse électronique »..et pourtant pas faute d’avoir compté des Kabyles amateurs de foot parmi mes meilleurs amis jadis (la Kabylie : ça oui, je « connais » 😉 )!

        Merci pour tous ces détails et, je rejoins Verano : ce sera encore et toujours bienvenu (pourquoi ne pas consacrer un article, par exemple, à ces redénominations de clubs algériens?).

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    3. Il me semble bien que c’était le vrai nom. Je crois me souvenir (on demande vérification par un expert) que le pouvoir marxisant de l’époque avait créé un pôle industriel à Tizi-Ouzou pour y fonder une industrie électronique nationale, un peu comme la RDA à Dresde, d’où le nom du club… mais me trompé-je ?

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      1. Ça ne peut pas être le vrai nom puisque le club de la JS Kabylie a été fondé en 1946 à l’époque coloniale, Tizi Ouzou qui est le chef lieu de la région de Kabylie n’était qu’une petite ville à cette époque là alors que le club représentait une vaste région. Le pôle industriel dont tu parles a été fondé durant les années 70 suite à la révolution industrielle initiée par Boumediene, d’où le changement de l’appellation du club dans les années 80. Le club a retrouvé son appellation d’origine si chère à ses supporters dès la fin du régime socialiste.

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