Ligue des champions d’Afrique : d’une domination à l’autre

Samedi soir, au Caire, al-Ahly Sporting Club a remporté sa douzième Ligue des champions d’Afrique. La victoire, obtenue en aller-retour, est étriquée (0-0 ; 1-0) mais elle est hautement symbolique. Elle consacre en effet la domination continentale des clubs nord-africains. Et ce d’autant plus qu’elle fut acquise contre l’Espérance sportive de Tunis. Dans ses premières éditions, pourtant, la plus prestigieuse des compétitions africaines de clubs fut la proie quasi-exclusive des équipes subsahariennes. Désormais mieux organisés, mieux structurés, plus riches, les clubs nord-africains font régner leur loi. Retour, en cartes, sur ce basculement loin d’être anecdotique.

1964-1983 : une compétition dominée par des clubs originaires d’Afrique subsaharienne

La carte ci-dessous montre la domination des clubs originaires d’Afrique subsaharienne, et particulièrement ceux du golfe de Guinée et du bassin du Congo (de la Copperbelt au Stanley Pool), dans les 19 premières éditions de la Coupe d’Afrique des clubs champions. La date de 1983 a été choisie comme césure car c’est lors de l’édition suivante que, pour la première fois, deux clubs originaires d’Afrique du Nord participent aux demi-finales de la compétition : la Jeunesse Sportive de Kabylie, basée à Tizi Ouzou, et Zamalek Sporting Club, du Caire.

1984-2024 : une compétition dominée par des clubs originaires d’Afrique du Nord

La carte ci-dessous montre la domination des clubs originaires d’Afrique du Nord, et particulièrement ceux d’Egypte et de Tunisie, dans les 41 éditions de la Coupe d’Afrique des clubs champions et de la Ligue des Champions de la CAF à partir de 1984. On notera encore l’émergence des clubs sud-africains et l’effondrement des clubs guinéens suite au décès de Sékou Touré, tandis que les clubs ivoiriens et nigérians se placent en leaders d’un football du golfe de Guinée toujours performant.

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22 réflexions sur « Ligue des champions d’Afrique : d’une domination à l’autre »

  1. J’ai suivi d’un œil l’aller et le retour, grâce à un client Tunisien qui mattait les matchs sur son tel.

    Je me suis improvisé supporter de l’espérance de Tunis.

    Y’avait du ballon mais que ça jouait sec.

    Et la ferveur en tribune , À Tunis puis au Caire, mama mia.

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  2. Le dessous des cartes par Bobby !
    Des pays ont en effet disparu ou presque du paysage (Guinée) au moment où d’autres apparaissent (Algérie, on l’avait vu dans l’article sur le titre 1976 du Mouloudia). Les choix politiques ont longtemps drivé les résultats. Est-ce encore le cas ?
    Concernant le Cameroun, je pensais que l’écart entre les deux périodes serait plus marqué. 4 titres avec le Canon et l’Union Douala jusqu’en 1980, aucun ensuite. Le fait d’avoir une période de 20 ans comparée à une autre de 40 ans écrase un peu les perspectives.
    PS : en 1981, il y a déjà deux demi-finalistes nord-africains avec la JSK (future vainqueur) et Al-Ahly (forfait à la suite de l’assassinat de Sadate).

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    1. Aujourd’hui, c’est clairement une logique financière.
      Ce sont les clubs issus des pays les plus développés et les plus riches d’Afrique qui trustent les titres.
      Encore la dernière carte ne montre-t-elle pas assez les dynamiques : ces 10-15 dernières années, l’Afrique du Nord écrase tout !

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    2. Tout à fait, le paysage politique a fortement influencé le paysage footballistique en Algérie. Les résultats positifs enregistrés en club (sacres du MC Alger en 76, de la JS Kabylie en 81 et 90 et du ES Sétif en 88) et en sélection (participation aux éditions mondiales de 82 et 86, sacre de la CAN 90) sont le fruit des réformes politiques prises par le gouvernement socialiste des années 70’s et la dégringolade sans fin du football algérien à partir des années 90’s coïncide avec la décennie noire algérienne (guerre civile de 10 ans aux conséquence dramatiques: 200 000 morts, 30 000 disparus, des infrastructures saccagées…etc.). Le récent forfait de l’USM Alger face aux marocains de Berkane en demi-finale de la coupe de la CAF pour une banale histoire de maillot arborant la carte géographique marocaine reflète l’excès de zèle et l’absurdité du pouvoir algérien qui tient ce sport en otage.

      Le fossé ne cesse de se creuser avec les voisins marocains et tunisiens, sans parler de l’ogre égyptien d’Al Ahly classé hors catégorie, les clubs algériens ne sont pas compétitifs (un seul titre de ligue des champions sur les 34 dernières éditions) et les sélections de jeunes sont absentes des compétitions continentales et internationales. Le marasme que vit le football algérien est vraiment profond.

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  3. Merci pour le crochet Bobby
    L’Dspérance est quand même toujours là c’est incroyable, quand on voit la taille de la Tunisie en comparaison de celle de ses voisins du Maghreb l’Égypte, le Maroc et l’Algérie… sans parler d’autres géants africains comme le Congo du TPM, l’Afrique du Sud ou encore le Cameroun
    PS en parallèle de l’Esperance, les autres clubs tunisiens (CA, ESS et (à moindre mesure Sfax) ne sont pas ridicules n’ont plus sur la scène continentale).

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  4. Et il faudra, un jour, trouver le moyen de parler du passage de Hidegkuti à al-Ahly.
    Parce qu’il y reste 7 ou 8 ans, et cela coïncide avec le renouveau du club cairote. Sans doute tout sauf un hasard…

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  5. Je viens de découvrir la présence d’Anthony Modeste à Al-Alhy (cf. la photo en haut de l’article). On peut aussi remarquer les joueurs égyptiens s’exportent peu et beaucoup préfèrent jouer au pays, à l’instar des Saoudiens et des Russes.

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  6. Ce qui m’a toujours étonné, c’est l’absence de clubs sénégalais en finale depuis la première édition. Sur les 20 dernières années, ça peut se comprendre par la gouffre financier avec certains pays mais même auparavant, ils n’ont jamais réussi à atteindre une finale. Alors que des pays tels le Zimbabwe, la Tanzanie ou le Soudan l’ont fait.
    Et pourtant, le foot de clubs sénégalais était dominant pendant la colonisation puisqu’il gagne 9 des 14 éditions de Coupe d’Afrique-Occidentale française.

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    1. Longtemps Ismaily a été la troisième force, mais très loin derrière les deux ogres. Maintenant il y a le Pyramids financé par un millionaire qui s’est hissé en quelques années comme un prétendant (lointain). Dans les années 80 il avait l’Arab Contractors,3 fois champion de la Coupe des Coupes africaine, une histoire similaire.

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    2. A vue de nez, il doit y avoir 80 millions de supporters d’Al Ahly, et 15 du Zamalek. Difficile de s’y faire de la place.

      Les autres n’existent que par mécénat (Ismaïly et Arab Contractors ont été lancés par Othman Ahmed Othman, même si le premier a une base populaire et l’apport des revenus du Canal), ou par corporatisme (le club des gardes frontières, le club de la police, le club de l’Arsenal, etc)

      Même à Alexandrie, où il y a des installations superbes, il y a plus de supporters d’Al Ahly (et sans doute même du Zamalek) que de l’Union locale.

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  7. C’est un nouveau jeu pour trouver le point commun des 3 derniers articles ? Fastoche. C’est Valenciennes.

    1. En voiture Simone de l’Inter a bien sûr un frère qui était un très grand avant-centre du Milan (Franco et Guiseppe vont être jaloux de cette fratrie). Un autre avant-centre célèbre du Milan était JPP qui jouait à Valenciennes avant de partir à Bruges (au Club, attention).
    2. Didier Six a joué au Cercle Bruges, lui qui sort de Valenciennes.
    3. Pour l’Afrique et le Maghreb, un événement important est la victoire de l’Algerie contre la RFA à la coupe du monde 1982. L’un des seuls algériens nés en France dans cette équipe est Kourichi. La girafe jouait à Valenciennes avant d’aller rejoindre Gigi et Marius à Bordeaux.
    4. Pour l’Afrique noire, un très grand joueur est bien sûr Roger Milla qui a commencé sa carrière européenne à Valenciennes.

    Question importante : Milla a marqué le deuxième but de Bastia en finale de coupe de France 1981, mais qui a marqué le premier but ? Son père était surnommé Jean-Jean, est né à Ajaccio, a joué pour Ajaccio et est mort à Ajaccio. Ce joueur était un très grand espoir.

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  8. Sur un plan d’une absolue subjectivité, cette finale oppose les 2 clubs les plus corrompus d’Afrique 🙂 (le RS Berkane complétant le podium, beaucoup d’autres méritant une citation 😉 ). Mais là n’est pas le sujet (ça reste des bonnes, voire d’excellentes équipes, c’est juste cet espèce de tricherie-réflexe que je… bref).

    Pour l’analyse, merci pour les cartes Bobby. Un élément y donne un éclairage différent: à part un cas isolé et sans lendemain pour chacun des pays, les clubs maghrébins (Maghreb = Maroc-Algérie-Tunisie, les pays des anciennes Ligues de Football Nord-Africaines) n’ont participé (sauf erreur de ma part) qu’à partir de 1976 pour l’Algérie (MCA, Belcourt étant allé jouer un demi-tour en 1970 avant de déclarer forfait), 1982 pour le Maroc (Kenitra, avec les FAR atteignant les demies en 1968 ou 9 comme pionnier) et 1984 pour la Tunisie (CABizerte, l’Espérance ayant déclaré forfait après un tour en 1971 pour inaugurer la participation).

    Ca s’explique en grande partie par le manque de moyens des clubs, officiellement amateurs jusqu’au début des années 90, et le manque de liaisons ‘transsahariennes’ (les déplacements se font souvent entre Maghreb et Paris ou Rome, avant de relier les pays au sud du Sahara, ce qui complique fortement le truc). N’oublions pas que les distances sont colossales (Tunis-Dakar = Madrid-Moscou) pour des pays en pleine construction -et que chaque match équivaut à un déplacement d’Europe continentale en Islande). L’Etat devra par exemple se porter garant du financement des déplacements des clubs tunisiens à la fin des années 80 par exemple, après que le CAB premier club sacré continentalement se soit retrouvé en quasi-faillite suite à ce titre.

    Les clubs maghrébins ont en outre recréé fin des années 60 un championnat d’Afrique du nord, très disputé, assez relevé, qui suffisait amplement à leur bonheur et coûtait bien moins cher.

    Ensuite, il y a la politique… Le premier ‘patron’ de l’Ismaïly (qui ensuite a fondé les Arab Contractors) a inscrit (avec l’autorisation de sa fédération) son club en coupe des champions alors que les compétitions égyptiennes ne se sont pas tenues de la guerre des 6 jours à celle d’Octobre, les clubs libyens ont souvent joué les arlésiennes au gré de l’humeur du colonel (…et massacré leurs visiteurs lorsqu’ils disputaient la compétition; Belloumi, le merveilleux meneur de jeu algérien, tomba dans une véritable embuscade à Tripoli en 1985 avec Mascara par exemple), les clubs ou les sélections déclarent forfait selon les ruptures ou reprises des relations diplomatiques, etc.

    Enfin, il y a la perception (regrettable et fausse mais alimentée par quelques spécimens d’arbitres tels le Major Lamptey ou Bester Kalombo) que les compétitions de la CAF sont biaisées en leur défaveur (raison pour lesquelles les nord-africains mettront bien plus d’effort en Coupe du Monde -où ils sollicitent presque systématiquement des arbitres européens auprès de la FIFA jusqu’à la fin des années 80- qu’en Coupe d’Afrique, mais là je digresse vers les sélections.

    Sans oublier quelques amusements folkloriques locaux, comme l’absence d’eau dans les vestiaires ou les mariages dans leur hôtel quand il n’est pas en travaux qui seront repris à leur compte par les pays du nord du continent…

    Tiens la dernière fois (je crois ?) que l’Espérance et Al Ahly se sont affrontés en finale en novembre 2018, le bus tunisien s’est retrouvé coincé à l’entrée du stade pendant 50 minutes, sans cordon de sécurité autour. La porte de l’enceinte était coincée. L’accident bête, y a Bestel qui avait essayé un truc…

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  9. Ah tiens, rigolo : en regardant la première carte, j’ai d’emblée eu à l’esprit ceci « Sekou Toure, Nkrumah, Mobutu »..

    Puis, deuxième carte, je lis ceci : « l’effondrement des clubs guinéens suite au décès de Sékou Touré »

    Le visuel a du bon : je découvre que la Tunisie des clubs eut un sacré retard à l’allumage.

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