Gibson, voilà un personnage sans qui l’histoire du FC Sète, ou du moins ses débuts, n’aurait pas eu la même trajectoire.
En 1914, la petite ville portuaire de Sète ne compte « que » 35 000 habitants, il est donc difficile d’imaginer comment son club va par la suite connaître une ascension fulgurante, sa réputation dépasser les frontières et ainsi rivaliser avec des villes comme Marseille, Paris, Bordeaux, Lille et Barcelone.
La rencontre
Gibson, Britannique, joueur de Plumstead, un grand club amateur de Londres, débarque à Sète en 1911 pour y effectuer une tournée en France et en Espagne.
À l’issue de la rencontre entre l’Olympique Cettois (ancêtre du FC Sète) et Plumstead, tombés sous le charme de Gibson, les dirigeants sétois vont, par l’intermédiaire de Georges Bayrou, tenter d’attirer dans leurs rangs la vedette britannique.
Bien que pas contre l’idée de quitter son club et même son pays, Gibson rejette (temporairement) la proposition.
L’aventure catalane
La tournée de Plumstead se poursuit et l’emmène jusqu’en Catalogne pour y affronter l’Espanyol de Barcelone. Là aussi, il se fait repérer. Les dirigeants des Péricos lui font une proposition qu’il accepte. Un an durant il ne cesse d’être la pièce maîtresse de l’effectif barcelonais. Joueur et capitaine, il remporte le titre de champion de Catalogne.
De retour à Sète pour y fonder sa légende
À l’issue de la saison 1911-1912, malgré de bons résultats et un statut de « star », Gibson contacte l’Olympique Cettois et son dirigeant Georges Bayrou afin de savoir si leur proposition tient toujours. Bayrou saisit l’occasion de faire signer sa première grande vedette. Durant les deux saisons qu’il reste de l’existence de l’Olympique Cettois, Gibson est là aussi une pièce maîtresse.
C’est avec une grande influence qu’il évolue au centre de la défense mais ce n’est pas tout puisque qu’il supervise le recrutement et les entraînements.
Véritable meneur d’hommes, il va permettre au club méridional d’enchaîner les bonnes performances en glanant deux titres de champion du Sud-Est et une finale du championnat USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques) contre l’Olympique Lillois.
Son œuvre
A la suite de la déclaration de guerre en 1914, L’Olympique Cettois disparaît. Les joueurs en âge d’être mobilisé partent au front. Seul les jeunes Sétois et Gibson restent à Sète. Ensemble ils fondent un tout nouveau club dans lequel Gibson est l’homme à tout faire : le FC Sète.
Durant la guerre, il achète un terrain et en supporte seul l’entretien : il l’aplanit, le stabilise et le clôture. A la fin de la guerre, le port de Sète n’est plus suisse, les Helvétiques quittent l’île singulière et Gibson récupère les hangars pour utiliser les matériaux et en faire des tribunes. Son ambition, faire du FC Sète une institution, tout mettre en œuvre pour que les joueurs soient dans les meilleures conditions.
Du fait des performances du FC Sète, des joueurs de réputation internationale qui le composent ainsi que de la venue des plus prestigieuses formations, les journalistes de l’époque tel que Gabriel Hanot ont donné des surnoms à l’antre du football sétois (la Mecque du football, le carrefour des nations, la ville sainte du football).
Le modèle « FC Sète » selon Gibson était impensable à l’époque, surtout dans une ville comme Sète. Un club au fonctionnement professionnel avant l’heure. Un stade avec tribunes, douches avec eau chaude, formation des jeunes, recrutement de grands joueurs, technique d’entraînement et gestion des hommes.
Gibson, enfin la vérité !
Gibson a pendant longtemps été une véritable énigme. Autant sa carrière que sa vie personnelle. Mais il y a quelques années, Andy Mitchell, un chercheur écossais, s’est penché sur le sujet.
Après de longues recherches, il a pu percer à jour le secret de ce personnage mythique du Football Club de Sète.
Retrouvez dans le podcast ci dessous la véritable histoire de Gibson.
J’adore ce principe de podcast, merci Guits.
Pour ceux qui voudraient confirmation de l’impact de Gibson à l’Espanyol, malgré la brièveté de son séjour, lisez ceci. Il a joué les matchs fondateurs de la rivalité avec le Barça, aujourd’hui quasi défunte, mais qui a bel et bien existé durant des décennies !
https://www.sport.es/es/noticias/espanyol/victor-gibson-perico-ingles-tintes-94727655
C’est quoi cette histoire de port de Sete suisse?
pareil que toi Khiadia c’est quoi cette histoire qui lit le port et la Suisse, pas le temps de chercher tout de suite (mais je vais m’y pencher) curieux de connaître ce délire
Eh eh, tu lui as déjà posé la question dans un épisode précédent !!! Le chef travaille trop, il est surmené, surchargé mentalement 🙂
Haha. Il n y qu’un Gibson dans le sport. Et il jouait pour l’Irlande au rugby à XV!
https://youtu.be/gjGrNxCVDt4?si=NN1GAIxGbk3Jp_Fp
Je te l’a fait courte.
Durant la première Guerre Mondiale, la Suisse n’avais plus accès au port qui lui permettait l’importation de matière première, le port de Cette fût choisit par les belligérants pour leur permettre de s’approvisionner.
Un quai du port leur était exclusivement réservé.
Relis et réécoute les deux premiers articles/épisodes 😉
Ça ce sont des explications limpides. Merci et à la prochaine fois!
Merci Guits. Une belle découverte. Toujours impressionnants les itineraires des bâtisseurs…
Je ne connaissais pas la revue Stadium. Je vois que Dali y a participé quand il avait 15 ans!
https://archive.ph/2012.06.30-024323/http://www.vilaweb.cat/noticia/795725/20040112/noticia.html
J’ai rien dit, c’était pas le même Stadium…
J’apprécie (notamment! 😉 ) qu’ait été écrit « modèle impensable à l’époque ». C’est que la puissance médiatique, la fabrique du spectateur-consommateur aussi, ont largement fait oublier ce dont est fondamentalement significatif le terme « club » : des types qui se réunissent autour d’une passion, tout simplement.
Gibson, si je lis (et entends) bien, c’est le club qui se mue en entreprise. Etait-ce une fatalité? Tout en est-il à jeter? Je crois quand même que certaines balises n’auraient pas été de trop..
Et je me demande quel fut le jalon fondamental dans ce développement, l’engrenage infernal………, peut-être la première fois où l’on fit payer un droit d’entrée aux curieux venus assister à ces échanges autour d’un ballon rond?
Excellent, merci !
J’adore son évolution physique… Qu’il est grassouillet, lors de la finale de CdF 1924 ! Et il jouait avant…