2023 s’est éteinte, et 2024 nous a déjà saisi dans son sillage. Comme souvent nous espérons tous que les temps qui viennent seront meilleurs que ceux passés. Et cela même si sur P2F nous apprécions particulièrement le foot d’un autre temps. Mais dans cet article vous ne retrouverez ni le romantisme, ni le lyrisme habituel. Non, aujourd’hui nous allons parler de notre L1 qui reprend son chemin, morne et sans lustre.
En effet à P2F nous pensons à ceux qui ont abusé du Pomerol, du Rhum ou du Champagne et qui ont oublié les premiers épisodes. Nous pensons aussi à ceux qui auraient pris comme décision de davantage souffrir en 2024 et ainsi de se mettre à la L1, nous allons effectuer un rapide récapitulatif des 17 premières journées.
Comme chaque saison, la sempiternelle question que l’on se pose est « est-ce un bon cru cette année ? », cette question amène toujours une double analyse, d’un côté celle qui ne laisse que la place au subjectif, à l’émotion et de l’autre une plus froide qui essaye de se baser sur du factuel et des statistiques.
L1, chagrin…
Commençons par l’analyse que nous préférons ici à P2F, l’émotion. Et il faut avouer que l’on est sur un cru de très mauvaise qualité, plus proche de la bouteille de vin de table premier prix que d’autre chose. Peu d’équipes flamboyantes, peu de joueurs brillants, peu de matchs mémorables…
Lorsque l’on fait le bilan de ces 17 premières journées, peu de souvenirs positifs s’imposent à nous. On repensera certes à quelques jolis buts (le lob de Lamine Camara de 58 mètres), à l’incroyable quadruplé de Kamory Doumbia lors de la 17e journée ou aux quelques belles affiches de ce début de saison (Nice qui gagne au Parc, les huit buts entre Nantes et Lorient…) mais les mauvais souvenirs resteront plus importants. Une abondance de matchs très faibles, un festival de fautes techniques, les 27 buts cumulés des 11e et 12e journées (respectivement 13 et 14 buts) mais aussi de nombreux incidents déplorables et déjà cinq coachs qui ont quitté leur club (dont deux à Lyon). Bus caillassés, pétard à Montpellier, décès d’un supporter Nantais, des pressions mises par des supporters marseillais sur Longoria, etc. Encore une fois le foot n’aura pas brillé en dehors des terrains, accentuant la relative pauvreté des évènements se déroulant sur le rectangle vert.
Si l’on voit le verre à moitié plein on pourra mettre en avant le talent de quelques joueurs qui valent d’être suivis. En tête de liste le « phénomène » du PSG Warren Zaïre-Emery, impressionnant pour un joueur qui n’a pas encore 18 ans. Au même âge Eli Junior Kroupi (Lorient), Guillaume Restes (Toulouse) ou Lenny Yoro (Lille), sont trois des diamants bruts de la L1. Chez les plus âgés, Golovine (Monaco) est toujours aussi virtuose, les trois Japonais de L1 (les deux Rémois Nakamura et Ito et le Monégasque Minamino) ont été virevoltants sur leurs ailes tout comme Zhegrova (Lille) et Del Castillo (Brest), Akor Adams et Moussa Al-Tamari ont surpris à Montpellier, le quatuor niçois Todibo-Dante-Ndayishimiye-Bulka est impressionnant de solidité, Bentaleb est devenu le patron à Lille et Lees-Melou est toujours aussi important à Brest.
L1, radin (en buts)
19 matchs sur 153 ont fini en 0-0 soit le pourcentage (12,41%) le plus élevé sur un même exercice depuis 2007-2008 (14,7% – 56/380). Au total 382 buts ont été marqués en 153 rencontres de Ligue 1 durant la première partie de la saison 2023-2024, soit une moyenne de 2,5 buts par match. C’est la plus faible moyenne depuis la saison 2014-2015 (2,49). Parmi les 10 premiers championnats européens, seule la Premiership écossaise affiche une moyenne inférieure cette saison (2,44). Cette faiblesse offensive peut également se voir dans le classement des buteurs, derrière l’ogre Mbappé et ses 18 buts (dont un tiers de pénalty), son dauphin Ben Yedder n’est qu’à huit buts. Un écart de 10 buts jamais vu à ce stade en première division française.
Un autre moyen de mesurer la compétitivité du championnat est la coupe d’Europe. Sur ce point le bilan est plutôt positif (sans être incroyable). Toutes les équipes françaises seront de la partie en Février, même si seul Lille a fini premier de son groupe. La France gagne plus de points UEFA que ses rivaux hollandais et portugais (mais moins que les Belges et les Tchèques) pour la fameuse cinquième place qui permettra d’avoir trois qualifiés directs pour la C1. Mais nous qui connaissons bien la L1, nous savons que nous ne sommes pas à l’abri de voir nos clubs disparaitre dès le mois de mars.
Des cadors pas en or
Si la réplique de Frédéric Antonetti « PLM par ci, PLM par-là » est rentrée dans la postérité, force est de constater que les trois « gros » du championnat (au moins en termes de popularité) ont connu des destins contrariés. Le PSG domine certes le championnat mais cela ne cache pas les difficultés auxquelles ont été confronté les parisiens, un début parfois poussif (des nuls contre Toulouse, Lorient, Clermont, une défaite contre Nice) et une poule compliquée en Ligue des Champions. Cependant la marge avec ses poursuivants demeure très importante et on ne voit pas comment le titre pourrait leur échapper. Sa capacité à battre des cadors européens paraît cependant faible actuellement, mais la vérité du mois de décembre n’est pas celle du mois de mai.
De son côté, l’OM a connu un début de saison dont le club a le secret. Après un nouvel été digne des parties de FM de l’ami Alpha, le club repartait avec un nouveau coach (Marcelino) et une nouvelle ligne d’attaque. Mais après une élimination précoce en C1 et cinq journées de L1 (pourtant sans défaite), une réunion mouvementée entre supporters et direction va bouleverser le club phocéen. Résultat : Marcelino s’en va, Gattuso le remplace mais le club enchaîne les mauvaises performances. Au bord d’une grave crise, les Marseillais vont rebondir contre un autre Olympique malade et se retrouve à une inespérée sixième place (à six points du podium).
Le club qui aura marqué cette première partie de saison est indéniablement Lyon. Le club aura battu tous ses records négatifs en ce début de saison, une seule victoire, quatre coachs et sept points en 14 journées. Alors que tout les prédestinait à rejoindre l’ennemi vert en L2, une réaction salvatrice, trois victoires lors des trois derniers matchs, a permis aux supporters de reprendre un peu d’espoir.
Des voisins outsiders
Fait géographique amusant, les quatre outsiders de cette saison de L1 se trouve être deux paires de clubs proches de quelques kilomètres.
Côté azuréen on truste le podium. Néanmoins, si le club dirigé par le jeune entraîneur italien Farioli a un très beau bilan comptable et de belles victoires (PSG, Monaco, Marseille), la faiblesse de son attaque interpelle. 19 buts marqués en 17 matchs, du jamais vu pour un dauphin à la trêve ! L’équipe est solide mais la marge qu’elle possède parait faible pour tenir le rythme jusqu’à la fin de saison. Chez les voisins Monégasques, les problématiques sont différentes. Un effectif de qualité, le meilleur après celui du PSG, avec de nombreux internationaux à toutes les lignes mais des difficultés à être constant sur la durée et de nombreux points perdus dans des matchs où ils dominaient (Lyon ou Nice avec les deux pénaltys ratés par Balogun).
A l’opposé de l’Hexagone nous retrouvons deux autres clubs ambitieux. Si Lille impressionne parfois par sa maîtrise collective, à l’instar de Monaco de trop nombreux points ont été perdu dans des matchs à leur portée. Le manque de réussite de Jonathan David est révélateur de ces difficultés de réussite. Côté Pas-de-Calais la « saison d’après » s’est révélée être très difficile, les départs de Fofana et Openda et la coupe d’Europe ont sérieusement émoussés les qualités lensoises entrevues la saison passée. Lens reste cependant dans le coup à quelques points des places européennes.
La L1 en Breizh : des Brestois en feu, Rennes et Lorient en rade
Une des rares satisfactions de la saison se trouve en Bretagne, les Brestois font un début de saison incroyable. Quatrième à la trêve avec un jeu léché et une attaque efficace. Éric Roy qui a repris le club au bord de la L2 la saison passée a relancé un groupe qui a connu très peu de mouvements cet été pour en faire l’épouvantail de cette L1. De son côté, la surprise de la saison précédente Lorient (qui eux aussi été très bien classé à la trêve) semble en perdition, de loin la plus mauvaise défense (35 buts encaissés) et une dynamique très inquiétante depuis quelques matchs.
De son côté, le très ambitieux club de Rennes vit un début de saison galère, Génésio est parti, Stephan est revenu mais le club Rennais peine à rebondir. De nombreux joueurs offensifs déçoivent (Kalimuendo, Gouiri…) et le club peine à enchaîner les bons résultats.
Des destins à écrire chez les autres
Si deux des clubs les plus dépensiers de l’été finissent en première partie de tableau, ils le font avec des trajectoires différentes. En effet Reims a plutôt brillé en ce début de saison même si le manque de constance (et des points perdus bêtement) leur a coûté une bien plus belle place, le départ de leur deux ailiers japonais à la coupe d’Asie risque de leur faire mal. Son collègue du Grand Est a connu un début de saison très compliqué mais Strasbourg a enchaîné les victoires au bon moment, ses jeunes recrues ambitieuses commencent à s’acclimater et la fin de saison paraît plus encourageante.
Le Havre, Montpellier et Toulouse ont un point commun. Les matchs nuls ont rythmé leur début de saison. Si, pour les promus normands ce début de saison est positif, le jeu déployé par l’équipe coaché par Luka Elsner est encourageant et le maintien parait en bonne voie, pour les deux autres clubs la problématique est tout autre. Montpellier a vu sa bonne forme stoppée par l’idiotie d’un spectateur (qui aura coûté trois points au club) et le club héraultais a perdu beaucoup de points en cours de match. Mais le spécialiste des points perdus c’est le TFC, huit matchs nuls, 12 points perdus après avoir ouvert le score, la réalité du championnat reste compliquée pour Toulouse.
Trois clubs paraissent cependant encore plus en difficulté que le récent vainqueur de la coupe, Nantes, Metz et Clermont. Le premier parait être dans un cycle perpétuel de lutte contre la relégation, enchaînant les crises et les entraineurs aussi vite qu’ils enchainaient les passes sous Coco Suaudeau. Metz, grand spécialiste de l’ascenseur, flirte avec la zone rouge et compte sur l’expérience de Boloni et le retour de Mikautadze pour se sauver. Clermont après deux saisons réussies en L1 (dont une belle huitième place la saison passée) parait être en grande difficulté.
Une CAN et des parcours européens à gérer, quel prono pour la suite ?
Ce week-end la CAN va débuter et verra 61 joueurs de L1 sur les prés tandis que la coupe d’Asie verra elle six joueurs partir au Qatar. Des clubs comme l’OM vont ainsi perdre sept joueurs (après le refus de Mughe de jouer avec le Cameroun), Monaco va perdre cinq titulaires importants (Singo, Salisu, Jakobs, Camara et Minamino), Reims va également payer le prix fort, ses deux ailiers virevoltants jouant pour le Japon et son capitaine emblématique Abdelhamid jouant pour le Maroc, Lorient déjà en difficulté voit sept joueurs quitter l’effectif et Montpellier en perdra six. Appelé de dernière minute, Moffi manquera à Nice, tout comme Boga, Boudaoui voire Atal. En plus de ses nombreux départs, six clubs (PSG, OM, Lille, Lens, Rennes, TFC) joueront la coupe d’Europe (au moins deux matchs) mi-février.
Les deux premiers mois de l’année seront donc risqués pour beaucoup de clubs, à voir comme cette période sera gérée. Pour l’instant seul Lyon semble vouloir « révolutionner » son équipe, John Textor a bougé ses joueurs, Adryelson et Perri arrivent de Botafogo tandis que Jeffinho y retourne. Un jeune espoir arrive de Belgique (Fofana) et Matic et Danjuma sont espérés, tous ces mouvements relanceront-ils Lyon ? Chez les autres, peu de transferts notables sont à signaler, Kehrer retrouve la L1 et Monaco pour renforcer le secteur défensif, Mikautadze en échec à Amsterdam revient à Metz, Nantes renforce son attaque décimée par la CAN, Nice rapatrie Cho, Lens et Marseille font quelques ajustements (Chavez et Onana) et le PSG recrute deux pépites brésiliennes (dont Beraldo).
Pour conclure, même si nous ne sommes pas des experts des pronostics, il est temps de se mouiller. Le titre semble promis au PSG (pronostic le moins risqué) mais derrière cela semble plus incertain. On pourrait prédire un destin à la Lorient 2023 pour Brest (3e à la trêve mais 10e au final). Le club coaché par René Le Bris avait perdu deux cadres en janvier (Moffi et Ouattara), pour l’instant seul leur roc défensif Brassier est courtisé (Milan, Monaco, Atalanta…) et le club ne semble pas vouloir bouleverser son effectif. Cependant il semble inéluctable de les voir connaître une baisse de régime, surtout que derrière eux de nombreux clubs aspirent à remonter la pente en deuxième partie de saison. On pourrait presque faire la même analyse pour Nice, bien que dans l’histoire récente de la L1 de nombreux clubs aient accroché le podium avec un jeu minimaliste, la marge parait si fine que l’on ne voit pas comment elle pourrait tenir surtout que les deux meilleurs buteurs du club seront à la CAN (Moffi et Boga).
Monaco s’impose comme un dauphin naturel mais les nombreuses absences pendant la CAN risque de coûter des points à une défense déjà fragile. La bonne forme de Lille dépendra de l’efficacité retrouvée de ses attaquants (qui en ont collé 12 en coupe de France) et il est difficile de savoir si Marseille ou Lens vont enfin retrouver leur rythme de la saison passée. Côté descente si Lyon semble sauvé, Clermont et Lorient nous paraissent être les grands favoris à la descente. Nantes, Toulouse ou Metz se battront pour la place de barragiste.
Si nous allons au bout du petit jeu des pronostics, voici un classement :
1.PSG
2.Monaco
3.OM
4.Nice
5.Lille
6.Lens
7.Lyon
8.Rennes
9.Brest
10.Reims
11.Strasbourg
12.Montpellier
13.Le Havre
14.Metz
15.Toulouse
16.Nantes
17.Clermont
18.Lorient
Pour la coupe d’Europe, nous voyons bien une demi-finale pour le PSG et Lille, un quart pour Lens, un huitième pour l’OM et une élimination en barrages pour Toulouse et Rennes.
NDLR : Nous sommes nuls en pronos donc tout pari effectué n’engage que votre responsabilité !
Merci Rui, bilan très juste : la L1 est triste. Dans une période morose, elle pourrait apporter un peu de joie, de légèreté mais non, à travers le jeu proposé par la plupart des équipes, l’attitude des joueurs, le comportement des supporters, elle se met au diapason de la société.
On voit à quelle point une société est malade quand on attend de quelques footeux qu’ils mettent un rayon de soleil dans le quotidien des gens 🙂
Un sport qui prétend être un spectacle ne devrait avoir que cette fonction : distraire !
@verano on peut mettre l’accent sur le spectacle quand on n’a pas de pression quant à la performance. Allier les deux est plus que difficile.
Ca me la coupe que vous ayez pris moins de points que les clubs belges, pourtant pas d’un niveau extravagant en coupes d’Europe cette saison, plutôt « moyen bon » (Antwerp a fait ce qu’il a pu, Genk fort décevant.. heureusement qu’il y avait ladite « Conference League » pour marquer des points et faire croire que, car sinon..).
Bah : je vois mal les trois qualifiés belges aller encore bien loin.. Sauf accident industriel, vous devriez finir devant nous (et les CZ) sur l’exercice singulier 2024.
Quitte à parler de Genk, l’actualité-foot n’est guère plus bandante en Belgique, heureusement qu’on peut toujours compter sur les affaires………..et en particulier cette année sur celle dite du « penaltygate », survenue lors d’un Anderlecht-Genk marqué par un arbitrage absolument consternant (en substance et parmi d’autres décisions lunaires, au bénéfice d’un Anderlecht à nouveau conquérant sur le terrain..des coulisses : l’équipe du Var a tout bonnement refusé de réagir aux demandes de l’arbitre principal, ça : c’est très fort!!! :)………….et ça passe café crème, Genk va probablement finir débouté, incroyable).
Quoi! Tu ne nous vois pas éliminer Benfica? L’amour t’aveugle, Rui… Ne vous laissez pas berner par ce héraut de l’ apocalypse, les amis. Misez tous vos biens, hypothéquez votre maison sur une splendide victoire violette, sur un triplé du tibia de Dallinga le hardi…
J’ai pas maté le PSG depuis un bail. Il est si bon que ça, Warren Zaïre-Emery?
Brassier, pisté par le Milan AC? Putain, suis largué en Ligue 1. Je ne sais même pas qui c’est. Haha
Je me dit souvent qu’il faut éplucher deux millions d’articles de nos jours pour avoir une vision d’ensemble de la saison.
Là tout est clair et précis.
Merci Rui!
A mon avis le manque de spectacle de cette saison n’est pas lié à une baisse de niveau. Au contraire, la Ligue 1 est de plus en plus dure (hors PSG). Le nombre de concurrents pour une place européenne grandit chaque année.
Ces dernières années on avait plus de buts notamment parce que les petits clubs ne fermaient plus le jeu comme avant. Ca a bien fonctionné, mais les petits sont devenus plus ambitieux et ils opposent une résistance bien plus grande qu’avant. Jouer contre Reims, par exemple, n’a plus rien d’une partie de plaisir, et ça force à moins se jeter en avant pour limiter la casse.
La réduction du nombre de matchs n’incite pas non plus à trop faire le kéké avec 4 joueurs offensifs pour les clubs qui jouent le maintien. Deux clubs en moins dans le championnat, ce sont deux places dans le ventre mou qui disparaissent. Et ça peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre.