Aujourd’hui, Paul Bonga-Bonga a 90 ans. Oh ! bien sûr, notre lectorat – fourni, n’est-il pas ? – s’interroge : est-ce là encore un de leurs absurdes canulars ? Car enfin, bon sang, mais qui peut donc bien être ce Bonga-Bonga ? Fut-il international ? Joua-t-il pour un des clubs iconiques, dominants et prépondérants du football européen ? Foula-t-il les pelouses d’une Coupe du monde ? Non, rien de tout cela. Et pourtant, Bonga-Bonga est un peu plus que tout cela. Bientôt, inéluctablement, il mourra. Et avec lui, pour paraphraser le grand Amadou Hampâté Bâ, c’est toute une bibliothèque qui périra. Confucius avait beau affirmer que l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru, elle a au moins le mérite d’éclairer quelque chose…
Bref, « Bopaul » – comme il fut surnommé (ou encore « Gonano » ou « Amora ») – sait qu’il n’est pas immortel. Et c’est pourquoi, à 80 ans (en 2013), il écrivit son autobiographie. Typiquement, c’est ce que nous appelons un grand petit livre : pas même 200 pages et pourtant une mine d’informations, un style cinglant, de la brillance scintillant en étoiles. Certains nous trouveront lyriques… Ils n’auront pas tout à fait tort ! Trois heures, voilà le temps de votre vie que vous prendra la lecture de ce bref récit, et vous en sortirez édifiés comme rarement. Alors, acceptez d’immoler trois heures de votre précieux temps aux confidences d’un vieillard congolais qui n’a pas fini d’éclairer, non seulement le chemin parcouru, mais aussi le jeu, le monde et la vie.
Une jeunesse congolaise
Bonga-Bonga est né à Ebonda le 25 avril 1933. « 1933 was a bad year », écrivit John Fante : pas pour tout le monde, apparemment. Naître au fin fond de la province de l’Equateur destine-t-il au football ? Pas vraiment, car Bonga-Bonga est en fait un pur Kinois. Son père était un cadre des Huileries du Congo belge qui, alors que sa femme était enceinte, se déplaça à Ebonda le temps d’y diriger l’installation d’une usine de raffinage d’huile de palme. « Bopaul » est donc né à Ebonda par pur hasard, fortuitement, par coïncidence. Et c’est à peine quelques semaines après sa naissance, que ses parents revinrent à Léopoldville.
Très vite, Bonga-Bonga consacre sa jeunesse au football : « Comme tous les jeunes Kinois, je pratiquais le football de rue sans l’équipement nécessaire et en dehors du cadre approprié. Cette situation ne m’embarrassait pas outre mesure. Ce sport consistait pour moi à courir pieds nus, dans le meilleur des cas, derrière une balle de tennis sinon derrière un quelconque objet rond, peu importe sa taille. Cet objet pouvait même être fabriqué grossièrement, c’est-à-dire en utilisant du papier d’emballage et des ficelles pour tenir ensemble l’ouvrage. »
Le lieu vers lequel convergent alors tous les regards des jeunes footballeurs kinois est le Parc Général Ermans, « complexe omnisports, le premier de ce genre dans la capitale. » Dans la colonie belge, la promotion du sport – et singulièrement du football – ressortait à « une attitude équivoque où semblait dominer une morale utilitariste : le football, sport de masse, fonctionnerait comme un adjuvant à la paix sociale, comme une soupape de sûreté susceptible de retarder le plus possible la prise de conscience de l’indigène pris dans les serres du modèle paternaliste de la société coloniale. » Bien entendu, dans ses primes années, Bonga-Bonga n’avait aucune conscience de cette dimension éminemment politique du football.
C’est à 16 ans, dans la catégorie des « Non-Bottés », que le jeune prodige joue son premier match avec le Sporting du célèbre père scheutiste Raphaël La Kéthulle de Ryhove. Ses débuts sont fracassants : il marque les trois buts de son équipe pour une victoire 3-0 ! A 18 ans, il passe donc dans la catégorie supérieure des « Bottés » et s’impose comme le maître de l’Union de 1952 à 1954. Club partenaire du Daring, l’Union cède facilement Bonga-Bonga au puissant club kinois dès 1954.
Sous les couleurs du Daring de Léopoldville, Bonga-Bonga est un élément essentiel de l' »Attaque mitraillette » formée de Nganga, Mayunga, Balondo, Androkwa et, donc, « Amora ». Champion en 1955 et 1956, le milieu offensif impressionne tant, et si bien, qu’il est convoqué en sélection de Léopoldville aux côtés de Léon Mokuna « Trouet ». Il participe ainsi, en 1957, à une tournée en Belgique de l’équipe représentative de l’Association Royale Sportive Congolaise.
Si le premier match se solde par une lourde défaite face à Anderlecht, les Congolais tiennent la dragée haute à la Gantoise et à Charleroi (deux victoires), mais aussi au Standard et au Beerschot (deux matchs nuls). Cette tournée était évidemment un outil de promotion aux mains du colonialisme : « Entre autres, on pouvait imaginer que ce dessein de défier les meilleures équipes de la métropole sur leur terrain en Belgique servait de vitrine pour étaler devant les foules métropolitaines les progrès accomplis dans la colonie en matière de promotion sociale de l’indigène. Le sport en tant que mode de communication pouvait donc être récupéré aisément par les instances administratives et politiques afin de justifier aux yeux des compatriotes, souvent rétifs, le bien-fondé de la présence belge. »
Mais, pour les jeunes hommes congolais, cette tournée en Belgique fut aussi l’occasion d’enterrer des mythes que le colonialisme avait fait naître en eux : « Les images de cartes postales de Belgavox faisaient miroiter un monde où tous les problèmes de vie sont résolus pour tout le monde et où l’homme blanc ne pouvait connaître la condition des classes sociales dites inférieures à l’époque au Congo (statut d’ouvrier, de terrassiers, d’éboueurs…). Bref, le Blanc était par essence exempt de tous les maux physiques ou moraux (handicap, mendicité, délinquance…). Quelle fantasmagorie ! On tomba des nues. Ce fut un électrochoc. Le deuxième fantasme a été nourri par le statut colonial de l’indigène à travers l’absence de communication interraciale (ségrégation spatiale dans les villes, pénalisation des relations sexuelles entre Noirs et Blancs, ravalement de l’image du Congolais vis-à-vis de lui-même par rapport à la femelle blanche qui fut pendant longtemps l’objet obscur du désir du mâle noir.) Ce dernier abcès de fixation perdit de sa virulence en quelques virées nocturnes dans les bordels des villes belges par les joueurs congolais. Nous perçûmes, en effet, que notre fascination ne reposait sur rien. La prostituée de Bruxelles ou d’Anvers vendait ses charmes à n’importe qui. Beaucoup d’entre nous y jetèrent leur gourme sans états d’âme excessifs. »
Une carrière belge
Mais le match nul face au Standard (2-2) fut aussi l’occasion pour Bonga-Bonga de taper dans l’œil des dirigeants du club liégeois. Les tractations sont conduites par l’intermédiaire d’Isidore Closset, journaliste à La Cité, et d’un certain Monsieur Meuffels, administrateur du Standard et directeur commercial de la brasserie Polar. Ceux-ci négocient directement avec le secrétaire général de l’Association Royale Sportive Congolaise, Monsieur Hendrickx. « A propos de tout cela », écrit Bonga-Bonga, « je regrette seulement de devoir dire que je n’ai jamais été associé ni de près ni de loin à ces palabres. »
Trois mois après le match disputé à Sclessin, « Bopaul » débarque à Liège le 23 septembre 1957. Il dispose alors du statut officiellement amateur et d’une rétribution, dans les faits, inférieure à celle de ses collègues européens. Pourtant, nous le verrons, Bonga-Bonga fut bien plus qu’un comparse au sein de l’effectif des Rouches ! S’il met en effet une saison à s’adapter au climat belge, à la froidure, au brouillard, aux terrains lourds, il est champion de Belgique en 1958, en 1961 et en 1963. En 1959, à l’occasion du trophée Ramon de Carranza disputé à Cadix, il affronte le grand Barça et se trouve au marquage de Kubala. Le Standard s’incline 4-3.
En 1960, il est désigné Soulier d’argent, c’est-à-dire deuxième meilleur joueur du championnat belge. Mais, à l’en croire, il eut mérité mieux : « A la grande surprise des fans du Standard, j’ai été classé deuxième meilleur joueur derrière Paul Van Himst, capitaine d’Anderlecht. Pourquoi deuxième de ce classement ? Tout d’abord, le cas accusa un relent ethniciste révélé par l’attitude de la presse flamande. Elle tint mordicus que ce fût un de son camp qui passât au premier plan. Ensuite, j’évoluais dans une équipe de Wallonie et, cerise sur le gâteau, je n’étais pas belge, sans oublier le fait d’être plus âgé que Van Himst. Ma suspicion que je crois légitime sera nourrie par Van Himst lui-même. Simple coquetterie ou un désaveu de la mesquinerie de ses compatriotes. J’inclinerais pour la seconde assertion, le grand joueur bruxellois n’est pas un homme à se complaire dans un tel micmac de foire. En effet, l’ayant rencontré dans un restaurant où nous avions tous les deux l’habitude de descendre, voulant le congratuler après son succès, j’ai été surpris de le voir m’annoncer avec une insistance déroutante que c’était à moi qu’aurait dû revenir le trophée. Perplexe, j’en déduisis que je fus, à cet effet, victime de la difficile coexistence des Flamands et des Wallons dont l’emprise délétère empoisonne encore de nos jours les relations sociales en Belgique. »
En 1961, Bonga-Bonga figure dans l’équipe-type de l’année du journal anglais World soccer magazine, aux côtés de Grosics, Bergmark, Nilton Santos, Germano, Blanchflower, Puskas, Pelé, Kubala, Di Stéfano et Gento. Lors de la Coupe des clubs champions européens 1961-1962, le Standard atteint les demi-finales, lors desquelles le club liégeois boit le bouillon contre le Real Madrid (6-0 sur l’ensemble des deux matchs).
Néanmoins, désormais âgé de 30 ans, « Bopaul » est débarqué sans ménagement du Standard à l’été 1963 : « Un matin de juin 1964 [plutôt 1963], je retirai de ma boîte aux lettres un courrier venu du Standard dans lequel j’étais remercié pour les services rendus. » Il signe alors au Sporting de Charleroi avec lequel il obtient, dès 1964, la montée du club en première division. En 1964, et surtout 1965, Bonga-Bonga sert encore d’intermédiaire entre le pouvoir congolais et les « Belgicains » (les footballeurs congolais expatriés en Belgique) : il favorise la participation de nombre d’entre eux aux matchs des Léopards.
Une après-carrière congolaise
Après Charleroi, Bonga-Bonga devient entraîneur-joueur à Tubize, en troisième division. Mais il ne s’éternise pas et, bien vite, rallie la mère-patrie. Au Congo, il est d’abord agent commercial pour Fourcroy, c’est-à-dire placier en alcools. En 1973, la zaïrianisation forcée lui permet de récupérer le poste de délégué général de Fourcroy pour tout le Congo. Mais, victime d’une dénonciation anonyme et calomnieuse, il passe une semaine en prison et quitte alors le monde du commerce.
Il rebondit dans le football, notamment en signant pour deux ans comme président de la Commission nationale de développement technique de la Fédération zaïroise de football association. Nous sommes alors au début des années 1980 et cette fonction va donner à Bonga-Bonga l’occasion de constater les carences et l’amateurisme criant du football zaïrois. A cet égard, il porte un regard sans concessions sur le Zaïre et les Congolais.
Sa conclusion est un cri du cœur : « Même si cela appelle de ma part une réflexion de fond au sujet du football business autant qu’un questionnement qui doit déboucher forcément sur une certaine angoisse existentielle. Notamment, le football est-il une activité commerciale comme une autre ? Sa présence parmi les sports olympiques ne doit-elle pas être remise en question au vu des sommes indécentes qui ponctuent les transferts des joueurs professionnels de nos jours ? En tout cas, l’idée que le sport participe des vertus de désintéressement et de l’effort gratuit ne s’affirme plus que dans les prêchi-prêcha des politiciens. On n’est pas loin de considérer la valeur d’un joueur uniquement par son coût financier. Cela est d’autant plus préoccupant qu’en ce qui est de l’actualité du sport business, les mêmes lois régissent les marchés de vente de produit en termes de marketing et de publicité. Une mentalité matérialiste prédomine et minimise la place de l’éthique dans les sports. Aussi, bientôt ne la ravalera-t-on plus qu’au rang de colifichet destiné à quelques ringards. En ce qui me concerne, je me rends à ma propre conception du bonheur et ne veux en aucun cas être nostalgique – o tempora o mores – ne jugeant point pour ne pas être jugé. Je reste, cependant, sceptique sur les évolutions qui éloignent l’homme de la culture et l’abaisse au niveau de consommateur crétinisé. Et pourtant, ce n’est assurément pas à cette aune que se situe la mission du sport avec un grand S. »
On l’aura compris : figé dans la posture de l’homme de culture – citant Cicéron –, Paul Bonga-Bonga se veut un gardien du temple du purisme footballistique (pourtant suranné bien avant que de naître !). Mais on ne lui en tiendra pas rigueur, car c’est un des privilèges du grand âge. On notera simplement, avec gourmandise, que l’homme sait se raconter et qu’en fait de citations, son réservoir est inépuisable : Verlaine, Boileau, Saint-Exupéry, La Fontaine, Napoléon… C’est toute la haute culture française qui y passe ! On déplorera, cependant, une édition trop souvent à l’emporte-pièce, multipliant, comme Jésus les pains, les erreurs de typographie, les erreurs factuelles, les coquilles, les mises en page ratées…
Pourtant, si vous avez quelques euros à mettre quelque part, vous savez désormais où !
Paul Bonga-Bonga, Le football et ma vie en « Rouche », Editions Dagan, 2013, 13€ (note : 4/5)
De quoi meubler agréablement mon insomnie, semble-t-il!
Bonga-Bonga est une figure éternelle du foot africain, et fut même en son temps un (désormais) insoupçonnable grand joueur de l’Eurofoot!
D’entre Liège et Congo, je puis confirmer tout ce que tu rapportes ici de son livre : depuis l’Apartheid light (mais diversement prononcé d’une province à l’autre) à quoi s’apparentait alors le Congo belge, à la découverte de la condition réelle de son « frère » de classe blanc (lequel, à l’instar de la majorité de ses représentants au Parlement, était foncièrement anti-colonial).. Depuis l’obsession (toujours là!) de la femme blanche à l’injustice subie contre Van Himst (laquelle, n’en déplaise aux contemporains endoctrinés de la racisation, n’avait absolument rien de raciste : entre autres indicibles critères, il fallait être belge..et si possible pas trop subversif, pour espérer remporter ce sacre individuel suprême).
Sur la troisième photo, par exemple, je distingue 5 joueurs de classe continentale : Johnny Crossan (parcours fascinant), le Standardman du siècle Roger Claessen, le gardien Nicolay, le Hongrois Istvan Sztani (successeur désigné de Puskas en Hongrie, rien que ça!) et donc Bonga-Bonga…….. Claessen eût incontestablement mérité de remporter ledit « Soulier d’Or », il était belge, adulé des foules……….mais profil insortable, bien trop anticonformiste, souvent en butte avec les institutions.. Son cas était bon.
Sztani, lui, paya comme Bonga-Bonga de ne pas être belge.. Légende absolue de l’Eintracht Francfort et du Standard, décisif de la professionnalisation de ces deux clubs voire de ces deux scènes footballistiques.. Tenu par la fédé hongroise pour successeur naturel de Puskas donc, convoité par le Milan et le Barca (qui voyait en lui le successeur de Luis Suarez), bref : un joueur très au-dessus de la mêlée dans ce football belge de fin-50’s début-60’s…………mais pas belge, bref pas de Soulier d’Or!
Van Himst, a contrario………. Bref!
Et puis il y a ce lyrisme si typique, châtié……. A la conjonction de l’exigence des pères blancs et de la verve du bassin du Congo, plus kinois que ça tu meurs.
Je vais retenter de m’endormir après..mais juste dire que, Bonga-Bonga : je m’étais juré de l’interviewer quand je pris la décision de partir à Kinshasa!
Et du beau monde footballistique, je peux dire en avoir rencontré à Kinshasa!, que ce fût professionnellement (moult agents de joueurs internationaux congolo-belges) ou incidemment, j’y ai ainsi bu une bière de manière totalement improvisée avec Shabani Nonda, lequel dans les beaux quartiers inspectait la construction d’un bien lui appartenant tandis que moi, en face, j’oeuvrais à la réhabilitation d’un jardin privé, bref.. Congo et Belgique c’est kif-kif sur bien des points : très décontracté, le contact est facile .. Un jeu d’enfants d’y rencontrer xy, juste miser sur le hasard et/ou être parfois trrrrrrrrèèèèèèèèèèèèèèès patient, certes.
Mais le seul qui m’intéressait, le plus grand d’entre tous, meilleur par exemple que le « français » (oui, mais..) Makelele.. je parle de Bonga-Bonga, donc…… : ben je ne l’y ai jamais vu!
Et pour cause? J’appris à mon retour définitif en Belgique, près de 10 ans plus tard..qu’en fait il vivait depuis des années en..Belgique.. et à dire vrai (appris il y a fort peu!) à..Liège!, à quelque 300 mètres du dernier logement que j’occupai au pays avant de partir pour Kinshasa, tout ça pour ça.
Merci Bobby. Parle-t-il de l’influence de Trouet Mokuna sur les footeux congolais?
Il parle un peu plus en détails de Mokuna, oui.
Je te retrouve ça tantôt, chef.
Le Congo Kinshasa, c’est le grand absent des joutes mondiales en Afrique. Un cran au dessus du Mali ou de la Guinée. L’avance qu’ils avaient aussi bien en selection, CAN 68 et 74, qu’au niveau des clubs n’a pas passé le virage des années 80. Meme s’il y a eu quelques derniers carrés à la CAN.
Un petit débat pour les spécialistes du foot belge. Quelle équipe etait la plus forte au Standard?
La génération Nicolay, avec Bonga Bonga, Houf, Peters, Stzani, Claessen…
La génération Piot, Dewalque, Van Moer, Galic, Kostedde, Takac…
La génération Preud’homme, Gerets, Renquin, Sigurvinsson, Tahamata, Estrom…
La 1ère : quasi rien vu (et en archives, ça va sans dire). La deuxième : une dizaine de matchs complets. La troisième : ça je connais bien. Ce sont, de fait, les trois plus grandes équipes du Standard.
La première eut un triple-mérite : 1) première équipe belge à (très) bien figurer en Coupes d’Europe (2 demis, 1/4..), à une époque où l’infiniment mieux doté et introduit Anderlecht encaissait 10 buts à United.. 2) Dépoussiérer décisivement, et aux forceps, la très artisanale et amateuriste matrice du football belge.. 3) Avoir durablement tenu tête à un Anderlecht qui, à l’époque, était intouchable tant au niveau financier qu’institutionnel (et que dire de la corruption anderlechtoise, parfois délirante dans les 50’s-60’s!)..
La seconde passe généralement pour la plus grande : aucun point faible, Nicolay ou Piot c’était classe mondiale, défense de fer, milieu sublimé par Van Moer (du moins jusqu’à l’attentat commis sur lui par Benetti en 72), attaque formidable elle aussi.. Le seul triplé domestique rouche est à inscrire à l’actif de cette équipe, et en Coupes d’Europe ils furent bien peu vernis : deux fois l’épouvantail Leeds, alors meilleure équipe d’Europe (dont une élimination à l’arrache), l’enculada institutionnelle (attestée!) subie face au futur finaliste de C1 72 (l’Inter donc).. Et déjà avant cela face au voisin de l’AC Milan ç’avait été très borderline (élimination en match d’appui consentie contre du fric)…….. Enorme équipe, officiellement top10-12 au ranking UEFA pour le tournant 60’s-70’s…..mais en dépit de contingences pas piquées des vers!, sans quoi et dans l’absolu ça valait certainement un top5 européen.
Celle de Goethals? Je crois bien que ce fut la meilleure : 1 coupe de Belgique + double-champion de Belgique alors même que le foot/championnat belge était à son top historique, et ce devant la peu glamour mais léthale machine de guerre montée par Ivic (meilleur Anderlecht de l’histoire selon VandenStock..à défaut du plus séduisant!).. La finale de C2 perdue à Barcelone fut scandaleuse, l’élimination un an plus tôt en 1/4 de C3 à Cologne avait été plus dégueulasse encore……. Cette équipe avait sans problème l’envergure d’un vainqueur de Coupes d’Europe, bien plus qu’un FC Malines! Et nonobstant ces vicissitudes, le ranking UEFA ne ment pas : cette équipe fut officiellement top 3-5 européen au début des 80’s, un épouvantail sportif..dont l’unique point faible fut d’avoir manqué d’appuis institutionnels.
Le Standard de Goethals, c’est pas compliqué : le point faible en fut, roulements de tambours……………Preud’Homme, ça situe le niveau je crois..
Merci pour ta reponse, j’aurais mise sur la deuxième génération. Celle qui fit un tabac face au Real.
Le Real? Oui..mais était-ce un grand Real?
Ceci dit, oui ce Standard était une grande équipe. Car, beaucoup plus parlant que cette qualif sur le Real : cette génération fit jeu égal avec l’AC (vainqueur de cette édition de C2) et, surtout, avec Leeds en 68 (l’une des épreuves continentales les plus dures traversées par le Grand Leeds de fin-60’s / 1ère moitié 70’s). Et est sans conteste supérieure (sinon en coulisses) à l’Inter bientôt finaliste de C1 72, rencontres magouillées par Dezsö Solti, avec la complicité de la fédé hongroise et de l’UEFA.
Pas le moindre point faible, plusieurs joueurs de classe mondiale (Piot, Dewalque, Van Moer, Galic).. Une équipe qui valait intrinsèquement mieux que ce 9ème-14ème rang européen qu’elle occupa plusieurs saisons, que je tiendrais volontiers pour plus grand Standard produit.. et qui toutefois, sous la direction du Français Hauss (technicien gentleman et moderne pour son temps, mais..), pouvait avoir l’un ou l’autre trous d’air – chose qui, 10 ans plus tard, n’arriverait jamais plus sous Goethals.
Je pense que Goethals composa avec moins de talent que Hauss, de surcroît avec du talent combien moins glamour (car hormis le génial Tahamata..).. moins de talent même que ce avec quoi venait de composer Happel……. Mais l’alchimie que Goethals parvint à aboutir fut, en termes de solidité, sans égale dans la très longue Histoire de ce club.
Sur le plan des individualités et à ces petits jeux « Top » que d’aucuns affectionnent, ces trois générations trusteraient les équipes A et B de l’Histoire de ce club : d’abord Nicolay, Sztani, Bonga-Bonga, Houf, Claessen, Crossan.. ensuite les Semmeling, Van Moer, Dewalque, Galic, Takac, Kostedde, Pilot.. enfin les Gerets, Renquin, Sigurvinsson, Tahamata, Meeuws, Haan.. avec, sur le banc : Goethals au-dessus de la mêlée!
Ça parle de cul cet articles ou pas?
Avé des italiens orangés et tout plastifiés?
C’est dégueulasse
J adore.
Grosse découverte.
Ce livre rejoint ma liste..
Merci bobby
D’Amadou Hampâté Bâ, j’avais lu Amkoullel l’enfant peul. Fantastique récit d’initiation sur le Mali du début XXème. Y’a presque 20 ans donc mes souvenirs sont succincts. Un récit autobiographique, entre mondes qui s’affrontent et fresque historique.
Jamais rien lu.
Je n’en connais que la fameuse citation : « en Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».