Cinq monuments

Ah, le printemps… Les oiseaux chantent, les amoureux s’égosillent sous les toits et les clubs français s’éparpillent sur la scène européenne. C’est le moment tant attendu par les fans de la bicyclette ! Ça va parler de pavés et de Poggio. Italiens, Belges, Espagnols ou Français unis sur l’asphalte à encourager leurs héros. Les Néerlandais évidemment qui offrirent de sublimes champions. Les lunettes de Jan Janssen ou l’abnégation de Joop Zoetemelk sur le Tour de France. Un Tour qui ne sourira probablement pas à Mathieu van der Poel malgré tout son talent. Manquerait plus qu’un descendant de Poupou l’obtienne ! Mais les classiques…

La Primavera 1961

Poulidor justement. En mars 1961, arborant le maillot Mercier, celui qui n’est pas encore le chouchou du public, l’incarnation de la défaite valeureuse à la française, déboule vers la ligne d’arrivée du Milan-San Remo en solitaire. Au bout de l’effort, il devance de trois secondes l’Empereur d’Herentals, Rik Van Looy et son compatriote André Darrigade. Une immense surprise pour cet illustre inconnu qui laisse augurer des lendemains qui chantent. Un peu plus haut, en longeant la côte et en traversant la frontière, l’AS Monaco est également dans la dernière ligne droite de son plus grand exploit. Cette saison, qui vit l’inauguration de son maillot à diagonale mythique, dessiné par Grace Kelly, est pour l’heure superbe. Néanmoins, à l’aube de la dernière journée, les Asémistes sont deuxièmes du championnat à égalité de points avec le RC Paris, la faute à une différence de but inférieure. Monaco a besoin d’une victoire à domicile face à Valenciennes, Lucien Leduc coche le nom de Bert Carlier en ailier gauche.

Carlier joue en Principauté depuis trois ans et semble y évoluer comme un poisson dans l’eau. Élégant, choisissant ses costumes avec soin et goût, l’homme que la presse de l’époque qualifia « de meilleur peintre parmi les footballeurs et de meilleur footballeur parmi les peintres » partage régulièrement la table du couple princier quand il ne sert pas de coach personnel au jeune Albert ! Les premiers pas de Bert sont pourtant bien éloignés des frivolités de Monte Carlo. Elevé dans le quartier ouvrier de Leutherberg à Venlo, Carlier, 15 ans et en plein match de foot, perd ses parents, sa sœur cadette et son frère aîné lors d’un bombardement. Élevé par la suite par des amis de la famille, il attire l’œil des clubs locaux et se distingue par un style de jeu élégant et racé. Délaissant l’amateurisme néerlandais, il signe à Cologne, ensuite à Strasbourg où il rencontre sa femme Suzanne, avant de rejoindre l’armada du Fortuna 54 initiée par l’entrepreneur Gied Joosten. Aux côtés des stars revenus d’exil que sont Cor van der Hart, Bram Appel et Frans de Munck, Bert s’offre la coupe et connaît quelques sélections.

Mais la France n’a jamais réellement quitté les pensées du couple. Bien qu’ayant reçu des offres de l’Inter, de l’Atalanta et de la Roma, Carlier choisit en 1958 la douceur de vivre monégasque pour former un duo complémentaire avec Lucien Cossou. Valenciennes donc. Gagner en espérant un faux pas du Racing au Havre. Juste avant la pause, le grand Néerlandais ouvre la marque d’un magnifique coup-franc, le score en restera là tandis qu’en Normandie, le Racing ne peut éviter le nul fatidique. L’AS Monaco est championne pour la première fois ! Carlier restera trois saisons supplémentaires, dont celle du doublé en 1963. Et lorsqu’il revint finir sa carrière aux Pays-Bas, il continuera d’habiter en Principauté, dans un building luxueux, n’hésitant pas à faire les aller-retours hebdomadaires en avion ! Cet amoureux de la France, élu quatre fois meilleur ailier gauche de notre championnat, se lança un temps dans le commerce de frites surgelées, sans grand succès. Fier de son accomplissement à l’étranger et un peu amer du manque du reconnaissance dans son pays natal, le Rembrandt du football est mort à Strasbourg, la ville de sa femme, en 2017.

De Ronde 1957

En 1957, Fred de Bruyne, pas assez tranchant en montagne, a remisé ses rêves de Tour de France. Il ne sera pas le successeur de Sylvère Maes. Il reste néanmoins un redoutable chasseur de classiques, preuve en est ses triomphes à San Remo ou Liège-Bastogne-Liège l’année précédente. Dans le Tour de Flandres, après avoir envoyé en éclaireur son coéquipier Désiré Keteleer, De Bruyne fait exploser le peloton dans le mur de Grammont et règle les quelques survivants au sprint. Dans une forme exceptionnelle, il gagnera Paris-Roubaix la semaine suivante. Il aurait fallu un engin motorisé pour battre le Belge ce printemps là. Une trottinette néerlandaise peut-être?

Si le dernier titre des Verts reste associé au pantalon de Johnny Rep, le premier doit énormément à un autre Batave, Kees Rijvers. Né à Breda en 1926, ce meneur de jeu minuscule et facétieux opère dans le club des rats de sa ville, le NAC, avant de débuter en sélection à 20 ans. Sa maestria enchante le public et Kees forme avec Abe Lenstra et Faas Wilkes la nouvelle garde, le Gouden Binnentrio, censée conduire le foot local au plus haut des cimes continentales. Les sirènes du monde professionnel ne le laissent pas indifférent. Apres avoir raté le LOSC pour service miliaire et Valence à cause des oreillons, Rijvers se laisse séduire par le discours de Saint-Étienne et rejoint le Forez en 1950.

Son arrivée à la gare laisse les badauds dubitatifs. Les fans de Geoffroy-Guichard s’attendent à un athlète grand et musculeux, ils découvrent un gringalet, accompagné d’une malle de 100 kg de crampons vissés, un accessoire encore inédit en France ! Jean Snella laisse une grande liberté de mouvement à Rijvers, vite surnommé la Trottinette pour sa vitesse de course et sa qualite de passement de jambes, Saint-Etienne se maintient sans difficulté sauf lors de la pénible saison 1953. Cherchant un meilleur salaire, il rejoint le Stade Français. Kees et les Verts, épisode 1…

Revenu à son premier amour tricolore deux ans plus tard, Rijvers retrouve un effectif plus mature, dont une attaque qui promet énormément, Rachid Mekhloufi, Eugène N’Jo Léa et Jacques Foix. 1957 sera l’année de l’éclosion d’un grand club, Saint-Etienne est champion avec quatre points d’avance sur le RC Lens ! Pour Kees, élu meilleur joueur de la ligue par France Football, tout irait pour le mieux sans un problème avec le fisc français. Ne pouvant payer les arriérés et devant le refus de ses dirigeants de lui avancer la somme, il signe au Feyenoord qui, de son côté, accède à sa requête.

Rijvers reviendra une troisième fois dans le Forez, pour une expérience moins agréable. Les Verts descendront en 1962, malgré une victoire en Coupe. En tant que coach, ses retours seront douloureux puisque son superbe PSV sera éliminé trois fois par ses anciens compagnons ! Le Kopa hollandais verra également son rêve de Mondial espagnol détruit par un autre stéphanois du nom de Platini mais sans rancune… La France, elle est en lui. Pendant 10 ans, les vents atlantiques de l’île d’Oléron seront son quotidien, à vivre avec un peuple qu’il considère « moins calculateur que le sien. »

Fred de Bruyne au centre

L’enfer du Nord 1954

Le Belge Raymond Impanis s’impose de façon magistrale dans l’édition 1954 de Paris-Roubaix. Le coureur qui vient juste de rejoindre l’écurie Mercier, dirigée par Antonin Magne, abonné aux places d’honneur, remporte successivement Paris-Nice et le Tour des Flandres. Dans l’Enfer du Nord, il attaque à 1 500 m de la ligne l’arrivée, qu’il franchit avec une centaine de mètres d’avance sur le deuxième, Stan Ockers. Comme le soulignera le grand Ferdi Kübler, « Impanis ? C’est un avion. Il n’y avait rien à faire contre lui, il s’est envolé… »

Si Impanis entre dans sa plus belle année, le LOSC vit, sans le savoir, ses dernières heures de gloire. Le grand Jean Baratte a quitté le club pour le soleil d’Aix. Gérard Bourbotte et André Strappe, vestiges et modèles pour les jeunes Jean Vincent et Yvon Douis, un Hollandais aux grandes oreilles et à la coupe militaire dirige la défense, Cor Van Der Hart. C’est un Amstellodamois pur jus, repéré parmi 300 candidats pendant la guerre lors d’une détection de l’Ajax, en compagnie de son ami Rinus Michels. Cor, défenseur solide et bon relanceur, gagne le championnat dès sa première saison professionnelle avant de suivre les traces de Bram Appel en France en 1950.

Van Der Hart, Rijvers et Ruminski

Van Der Hart ne joue que 19 matchs lors de sa saison inaugurale, qui voit le LOSC finir dauphin de Nice, Strappe coller un quintuplé au Sporting avant de se prendre une déculottée en finale de Coupe Latine face à GreNoLi. Dur souvenir pour le Néerlandais. Lille est régulier au haut niveau mais sans trophée jusqu’à la saison 1954. Surnommée la défense de fer, le quatuor Ruminski-Bieganski-Lemaitre- Van Der Hart ne concède que 22 pions. Le LOSC est champion pour la dernière fois jusqu’à la génération Hazard !

Au grand étonnement de Louis Henno, le président du LOSC, surnommé Louis XIV, Cor, jusqu’ici irréprochable, ne revient après les vacances. Il désire une augmentation de 10 000 francs, il sera envoyé en réserve ! De toute façon, Henno pense avoir recruté le fameux hongrois Jozsef Zakarias, qui s’avérera finalement être Ladislav Vereb, un légionnaire tchécoslovaque ! Cor unit son destin au Fortuna 54 et ses tournées pharaoniques et connaît enfin sa première sélection face aux champions du monde allemand en 1956, pour un bail long de plusieurs années. Il sera par la suite l’homme derrière les puissants, Michels en 1974 ou Cruyff à l’Ajax. Rongé par l’alcool, il regrettait sur la fin de sa vie d’être né 50 ans trop tôt. « J’ai gagné trente mille florins à Lille. Mille par mois au Fortuna 54, sans compter les primes. Cent cinquante florins pour un match international… Les impôts prenaient 15%… »

Raymond Impanis

La Doyenne 1950

Prosper Depredomme la connaît cette sensation. C’est déjà sa deuxième victoire sur Liège-Bastogne-Liège après celle de 1946 et il a su se jouer d’un peloton de 22 cyclistes. Il sourit timidement, le Français Camille Danguillaume vient le saluer. Ce dernier n’a pas eu le coup de rein nécessaire de l’année précédente pour rééditer son exploit. Pas grave, cette sixième place est de bon augure pour le championnat de France qui s’annonce. Une épreuve attendue, désirée mais malheureusement fatale pour lui puisqu’il mourra en course en raison d’un accrochage avec deux motos.

Deux semaines après le triomphe de Depredomme, le promu bordelais continue de déjouer tous les pronostics. Pour ses 12 ans de professionnalisme, le club au scapulaire, pourtant privé de Jean Swiatek en défense, est sur une superbe série d’invincibilité. Elle la doit en grande partie à un divin chauve, né à la Haye en 1920. Bertus De Harder est un talent précoce puisqu’il représente son pays au Mondial 1938, à tout juste 18 ans. Surnommé le Brésilien de Schilderswijk, un quartier de La Haye, Bertus est un ailier gauche inventif et rapide. Sa carrière est linéaire jusqu’à un étrange événement, pas totalement élucidé aujourd’hui : une présumée cuite avant un match, qui lui vaut deux et demi de sanction de la part de son club ! Bertus ne donnera jamais sa version. Au retour de son bannissement, il plantera un quadruplé face à l’Heracles Almelo !

Bertus de Harder, à droite

En 1949, il participe à Lescure à un match face à la France « B ». C’est à ce moment que le laveur de carreaux tape dans l’oeil des Girondins. Sa timidité naturelle se marie instinctivement à l’ambiance feutrée de la ville et Bertus accède au bout d’une saison à la première division. Le 28 août 1949, Bordeaux ouvre le championnat en gagnant à Marseille, l’attaque composée de Kargu, Libar et De Harder, alimentée par le petit lutin technique René Gallice va faire un ravage. 88 buts dont 22 pour notre Néerlandais. Le 26 mars, Bordeaux, devient leader en battant le Racing et enchaîne une serie de huit victoires consécutives ! Les Girondins finiront premiers avec cinq points d’avance sur Lille.

La saison suivante, Bordeaux sort l’Atlético en demi-finale de la Coupe Latine mais s’incline, malgré une belle résistance et sans son hollandais préféré, en finale face au Benfica de Julinho. Bertus évolue jusqu’en 1954 sous le maillot girondin, inscrivant notamment 25 buts lors de la saison 1951-1952, où Bordeaux s’incline en finale de Coupe face à Nice. Après une parenthèse d’un an et demi dans son pays d’origine, avec en prime un retour en sélection batave, De Harder fera quelques piges à Angoulême et Mulhouse en tant que coach. Comme Carlier, l’homme aux 92 réalisations avec Bordeaux s’installera définitivement en France et mourra à Jeumont, bled qui vit les premières pralines d’un certain JPP…

Prosper Depredomme relance devant Bartali et Kübler

La classica delle foglie morte 1953

Bruno Landi n’était pas destiné à gagner le dernier monument de l’année. A 35 km de l’arrivée, en retrait du groupe d’échappées, qui comprenait le Leone delle Fiandre, Fiorenzo Magni, il est le premier à comprendre l’entourloupe. Le policier, chargé de signaler le chemin, s’est arrêté soudainement, la voiture de course a continué sans lui mais s’est trompée de route ! Averti de son erreur par le public, Magni ne rattrapera jamais Landi l’ombrien qui sprinte vers son unique succès de prestige en professionnel.

Bram Appel

L’année 1953 est peut-être la plus aboutie et importante de la carrière Bram Appel. Appel est né à Rotterdam mais a grandi, comme de Harder, à la Haye. Il est envoyé en travail forcé dans une usine à Berlin en 1942. Pendant la guerre, il joue pour une équipe néerlandaise de travailleurs forcés et pour le Herta. Son refus d’adresser le salut hitlérien avant le match lui fait craindre pour sa vie et il réchappe de justesse à un bombardement de l’usine où il était affecté. En conflit avec Karel Lotsy, le président de la fédération, à qui il reproche d’avoir été trop conciliant avec les autorités allemandes, il est interdit de sélection pendant plusieurs saisons mais jouera finalement aux Jeux olympiques de 1948.

Comme de nombreux compatriotes, il rejoint l’Eldorado français en 1949, au Stade de Reims, tout frais champion de France pour la première fois. L’attaquant, qui considérait avoir une frappe plus lourde que celle de Koeman, fait une saison correcte, avant de passer à la vitesse supérieure lors de la suivante en mettant 20 buts. Aux côtés des Penverne, Sinibaldi, Jonquet, Kopa ou Marche, Bram réalise un grand championnat 1953, finissant avec quatre points d’avance sur Sochaux et 30 buts en 32 match ! En Europe, le Stade de Reims triomphe également en Coupe Latine. Un 3-0 sec au grand Milan AC, dont une frappe lointaine de Meano qui sera considérée comme le but de l’année.

Un événement tragique va noircir l’idyllique tableau. Le 31 janvier 1953, une tornade s’abat sur les Pays-Bas et provoque des inondations sur les côtes de la mer du Nord. Plus de 70 000 personnes sont évacuées et près de 2000 perdent la vie. La fédération néerlandaise organise un match pour récolter des fonds face au Danemark mais l’initiative qui marque profondément les esprits est celle de Bram Appel et Cor Van Der Art. Les proscrits, ceux qui ont « honteusement » choisi la voie du professionnalisme, envoient premièrement un fax à leur fédération pour proposer leur soutien, celle-ci le refuse. Finalement, le Prince Bernhard en personne accepte qu’ils représentent le pays et un match est organisé le 12 mars. Devant 8000 néerlandais venus au Parc les soutenir, les Appel, Van Der Art, De Munck, Rijvers et De Harder battent un combiné composé des meilleurs français ! Les « traîtres » ont servi la cause nationale et montré leur indéniable talent, le professionnalisme est instauré aux Pays-Bas un an plus tard ! Appel marquera 23 buts pour Reims pour sa dernière saison, 96 en tout, il retrouvera la sélection à son retour aux Pays-Bas.

Ainsi s’achève la grande saga néerlandaise des années 1950 de notre championnat. Les premiers émois bordelais, stéphanois ou monégasques ont cette couleur orangée qui sied si bien à l’été. Et pour finir en musique, petit hommage à un grand contemporain des Raymond Impanis ou Kees Rijvers, le grand Louison Bobet ! Vas-y Louison !

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32 réflexions sur « Cinq monuments »

  1. Punaise, Louison Bobet, lol.. « Roule, roule, roule sur les pavés.. »……….. Dans mes souvenirs c’était sur Houlala 2 (l’album avec « Oui-oui dans sa voiture jaune », souvenirs souvenirs), mais peu importe..et je les ai vus une fois en Belgique, juste après les Sheriff! (lesquels avaient tout déchiré)

    Cor Van der Hart : d’un alcoolisme complètement hallucinant……….. C’en fit l’entraîneur le plus lunatique et catastrophique de l’Histoire du Standard, en état de rien, une épave……. Le Standard paya cher de vouloir, lui aussi, céder à la mode des doping-coachs NL des 70’s.

    Volontiers oublié, Rijvers est un géant du foot NL.

    Professionnalisme et maiden-match post-53 : c’est vrai………………non moins que cette catastrophe, ce séisme national, aura servi de prétexte pour vaincre les profondes réticences de la société NL à professionnaliser son football. En l’espèce, cela faisait des années que certaines forces s’employaient vainement à vouloir professionnaliser/monétiser voire instrumentaliser le foot NL ; on peut dire qu’à certains égards cette calamité ne fut pas perdue pour tout le monde.

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      1. Ah oui, je dois toujours l’avoir quelque part cet album live. Pas ma tasse de thé, binaire et répétitif..mais une énergie dingue, très bon souvenir les Sheriff!

        Van der Hart, au Standard du moins : il arrivait bourré aux entraînements..et continuait à boire pendant..

        Alcoolisme hollandais…… Ce n’y est pas si commun, mais tu te rappelles de Jean Nelissen, ce journaliste-star que j’évoquais via la figure de Willy Brokamp? A ses tout débuts dans la profession, c’est-à-dire avant qu’il ne se spécialisât dans le cyclisme, Nelissen se fit donc les dents dans le football : d’abord quand, natif du coin, il accompagna médiatiquement l’essor de ce grand (mais fugace) Fortuna Sittard que tu évoques dans cet article, puis en intégrant la cohorte de reporters sportifs corrompus qui, des décennies durant, veilleraient à développer et à propager le cruyffisme, au gré d’articles de complaisance, d’ouvrages de commande, de shows sur mesure ou de règlements de compte ciblés, bref.

        Eh bien le cas Rijvers fut l’antithèse de cela, aux antipodes de ces courses effrénées (car intéressées) vers la gloire, la « fama ». Grand footballeur, grand entraîneur aussi, j’ai ainsi souvenir qu’il jugeait superflu voire malvenu que le moindre livre lui soit consacré et opposa donc, quasi-systématiquement, une fin de non-recevoir à tout auteur qui lui proposait d’écrire sa biographie (car c’était une figure immense de leur football!)………….. si bien que, forcément : il finit quelque peu par tomber dans l’oubli, ou tout du moins à ne pas avoir vraiment la place qu’il mériterait..

        De mémoire, il fallut une jeune femme pour le convaincre de coucher ses souvenirs : sa propre petite-fille.. A force d’insister, c’est à elle que revint de pouvoir écrire sa (première??) biographie.. N’avait été ce cordon ombilical et l’obstination de cette jeune femme, rien n’eût jamais été consigné des mémoires de l’un des plus grands footballeurs néerlandais de l’Histoire.

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      2. De Van Der Hart, un truc étonnant à ajouter : son alcoolisme était vraiment trop hardcore, il ne fait donc pas long feu au Standard………..et s’en retourne donc non loin, dans le Limbourg néerlandais, entraîner le Fortuna Sittard.. C’est la région la plus « bourguignonne » (terme complètement excessif quoique, comparé au reste du pays, c’est vrai qu’il n’y a pas photo!!!) des NL, il recommence à boire, encore et encore.. C’est alors qu’AZ s’intéresse à lui, à l’autre bout du pays.. Van Der Hart s’y engage et, ô miracle : il cesse aussitôt d’y boire!!!

        Dans un premier temps, je crois qu’il mit cela sur la distance mise avec ses bon-vivants camarades du Sud-Est des Pays-Bas, sur la froideur humaine de la Hollande septentrionale.. puis l’on apprendra qu’en fait il avait aussi voire surtout reçu des pilules dudit docteur Greep, une espèce de, hum, « mage » qui parmi d’autres sévissait dans le foot NL professionnel, y piquant et délivrant ses produits à-tout-va………et que, dixit d’ailleurs VDH!, ce seraient ces pilules qui l’auraient guéri de son addiction à la bière et au whisky – Van der Hart chez les Picaros, en somme (les amateurs de Tintin comprendront)!

        Eh, c’est peu dire que d’affirmer que les Pays-Bas étaient alors LE laboratoire de l’Occident..

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      3. Alex

        Oui, justement, la citation sur les Français qu’il trouvait moins calculateurs que ses compatriotes, je l’ai prise des passages du bouquin ecrit avec sa petite-fille. Il a l’air d’etre un mec tres doux, tres famille. Y avait d’autres passages sur l’amour de sa vie et la maladie d’une de ses filles.

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      4. Tu as trouvé ce bouquin sur le bouquin?? Ou alors il fut traduit? Je l’ai lu il y a bien longtemps, de mémoire le titre tenait en un mot, « Prof »??

        Oui, c’est quelqu’un de très bien, de très humain. Le seul par exemple qui ne lâcha jamais Van Beveren, tandis que le cruyffisme s’employait à le broyer.

        Si je suis venu ici, c’était avec l’idée de proposer des portraits de figures NL du football qui valurent vraiment le coup, tant sportivement qu’humainement, aux antipodes du grand-guignolesque habituel………..et Rijvers en ferait sans conteste partie.

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      5. Alex
        Non, j’étais juste tombé sur de longs extraits de son bouquin.

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      6. Si tu retombes sur le lien.. : ce sera avec plaisir, ç’avait été une belle lecture.

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    1. Oui, dans les textes, il est souvent question de l’alcoolisme de Van der Hart. Mais je ne pensais pas qu’il était si profond…

      Le match de soutien, après les inondations, est véritablement une révolution dans le foot néerlandais. Les « parias » avaient montré leur générosité et leur talent pour l’occasion. La pression médiatique a bien aidé également.

      J’ai lu que le Fortuna 54, malgré son armada, n’a pas eu le palmarès qu’il aurait du avoir parce que sa direction privilégiait les tournées lucratives à l’étranger. Les joueurs étaient sur les rotules…

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      1. Pour les victimes des inondations, il y a eu aussi un Middlesbrough-Rapid organisé à Amsterdam. Avec victoire viennoise, bien sûr. La première étape d’une semaine folle. Deux ou trois jours après, le Rapid collait un set à Arsenal à Bruges. Puis l’emportait à Paris contre le Stade Français. Avant de terminer par une victoire sur le Danemark à Copenhague. Si on ajoute des tournées en Turquie et aux Amériques dans la même saison, les gars ont du cumulé pas mal de miles.

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  2. Le port-folio me fait penser à ce qui doit être l’un de mes terrains de football préférés : à Veere, en Zélande..

    Je n’ai pas de photo à en proposer, et à dire vrai ce n’est qu’un demi-terrain aux lignes irrégulières, sans club domicilié.. Site étonnant dans un pays soumis à telle pression spatiale, miraculeux même car, précisément, ce site……………

    D’un côté la petite ville de Veere, superbe, intacte.. 90° tribord : un moulin.. 90° de plus, et c ‘est alors l’île aux moutons, à laquelle l’on accède par un bac……..et si l’on se tourne encore c’est le bras de mer à l’horizon, derrière la ligne des canons de la forteresse…….. Ravissant, un must si vous passez dans le coin.

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    1. Merci Fred. Tu étais trop jeune pour De Harder et Appel mais j’imagine que tu as un peu suivi le parcours des autres néerlandais. J’aime beaucoup les premières équipes monégasques championnes de France. Theo, Douis, Carlier, Coussou, Hidalgo… Je trouve qu’elles représentent bien l’esprit offensif qui anime ce club depuis des décennies.

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      1. Mais cependant pas trop jeune pour avoir bu le verre de lait de Mendès-France.
        Louison Bobet, le Tour de France à la TSF avec Félix Levitan, Raymond Kopa, Lucien Mias, Alphonse Halimi, Abdou Seye, Alain Mimoun. Elles étaient chouettes les années 50 ? pas tant que ça, il n’y avait pas internet !
        Khiadiatoulin, le meilleur rédacteur de ce site. Merci pour ce vent de fraîcheur qui nous change des grosses gouines collabos ou des footballeurs latins inventés !😁

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  3. Khidia, je te dois des éloges plus fournis, ainsi qu’à Verano d’ailleurs. Je suis à peu près sûr qu’avril est le meilleur mois de l’histoire de p2f en terme de qualité. Le travail sur l’interview que tu sais ne me permet pas de trop m’épancher… ce n’est que partie remise !

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      1. La qualité est toujours premium dans mes textes. Donc, dans le cas qui nous occupe, la quantité fait la qualité. Plus je produis, mieux est-ce. Mais je sais me faire discret.

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  4. MA-GNI-FI-QUE, c’est vachement mieux que ce que propose Bobby (eh eh).
    La photo de Poulidor via Roma est superbe avec la voiture Mercier dans laquelle se trouve probablement Antonin Magne (je ne pense pas que l’homme levant le bras soit Magne), champion de l’entre-deux-guerres et directeur sportif de Raymond. 62 ans plus tard, dans la même ligne droite, son petit fils, Van der Poel, y lève les bras à son tour. Belle histoire.

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    1. Je n’ai vu que le Paris-Roubaix en direct cette année. Quel cycliste incroyable ce Van Der Poel. Une belle génération avec les Pogacar, Van Aert, Remco… Des cyclistes généreux.

      J’ai vu Poulidor, quelques semaines avant son décès. A Pau, pour les 100 ans du maillot jaune. Merckx, Hinaut, Lemond, Kelly, Contador… et bien d’autres étaient présents pour une petite cérémonie où nous, les badauds, n’etions pas si nombreux. Pour un passionné de sport, c’était tres émouvant de se retrouver devant toutes ses légendes. Et j’avoue que j’étais étonné par la taille de Merckx, je le pensais plus grand. Tous protégeaient Poupou qui semblait bien fatigué…

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  5. J’ai jamais compris l’intérêt du cyclimsme enfin du vélo.

    En tant que spectateur bien entendu.
    Pour moi c’est au même niveau que la f1 du snooker et des courses de chaises de bureaux.

    Quoique… Y’a un intrus .
    Enfin bref je déteste regarder des blaireaux sur des vélos, je trouve ça aussi intéressant que d écouter les bruits chantants de mon frigo américain et de son moteur défectueux.

    Faire du vélo par contre c’est sympa comme le tennis ou la muscule.

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      1. Nan absolument pas.
        C’est un truc des gars de  » préservons Lescure « ?

        J ai migré depuis quelques années et j y retourne pour voir l ubb trois fois l’année.

        Et la plupart du temps j ai autre chose à foutre honnêtement.

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      2. Non, je parlais dans l’article. Ne doute que tu hantes pas ce coin là!

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    1. Il y avait ce passage, exact, lol.

      Pas mon kif du tout, je trouvais leur registre trop foutraque, fin des fins inoffensif. Et cependant c’étaient peut-être bien ceux qui avaient le spectre le plus large dans la scène française dite alternative. Mais c’est quand même fort n’importe quoi..

      Souvenir de l’une ou l’autre chansons sur le foot, c’était pour le moins acide mais comment leur donner tort.

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