Le coach Gaulois, un air de Gergovie

Par Toutatis !

C’est devant une audience incrédule, sceptique et indubitablement pessimiste, que le vieux druide du football français, notre grand-père à tous et bien aimé Guy Roux, vient dévoiler les secrets de sa recette magique, sa potion miracle, son ingrédient mystère… Daniel Leclercq aurait adoré ! À côté du vieux Guy se tient, sobre et solennel, son assistant Arsène Wenger et, en face, une foule représentant une farandole d’entraîneurs français, tous venus en masse assister à ce rendez-vous immanquable, cette invitation irréfutable, cette messe mystique ! Cénacle ancestral, cercle secret, tenu dans l’obscurité et la profondeur d’une forêt cachée, aux arbres millénaires et aux racines celtes… Fiançailles, ou plutôt retrouvailles, avec des traditions séculaires : transmission orale, divinations, oracles… Peut-être une cérémonie du corbeau ? À deux doigts d’un concours d’improvisation de blagues ! Peu importe… La soupe commence à bouillir dans cette vieille marmite de bronze : un peu de cerfeuil, beaucoup de fenouil et, que sais-je encore, peut-être quelques classiques, ici une pincée de toile d’araignée, là de la bave de crapaud… Pour finir, inévitablement, du gui et du houx, pour venir ponctuer la touche locale, l’assaisonnement maison de notre Guy Roux national ! « Bim », « Bam », « Boum » ! L’élixir épouse de nouvelles couleurs, un vent sec d’Armorique s’invite à la fête et quelques corneilles viennent croasser autour d’un public indiscutablement crispé… Et puis tout à coup, le bouquet final, l’apparition farfelue de divers dieux du football dans une fumée nébuleuse, à la jonction entre la vapeur s’extirpant de la préparation, et les premiers nuages d’un ciel bas, un ciel gris, menaçant, qui vient tutoyer le toit des Hommes au point qu’on craindrait presque qu’il nous tombe sur la tête ! « Par Toutatis » lancé par un Courbis bouche bée, aux yeux écarquillés, et aromatisé d’un accent méditerranéen, romain pourrait-on dire, serait ici parfait ! Évidemment éblouis, quoi que tout de même assez étourdis, enfin presque ensorcelés par les effluves de l’ébullition… nos amis entraîneurs applaudissent, sans trop comprendre le pourquoi du comment de toute cette cacophonie, ni ce qu’il vient vraiment de se passer, cueillis à froid par la serpe d’or de notre « Mage au bonnet », le « Fendu de Bourgogne » ou encore « Merlin de Colmar » ! Les coachs, circonspects mais conquis, sentent néanmoins que quelques choses d’important vient de se passer et attendent impatiemment la prochaine étape de cette initiation, ce « baptême de Clovis », ici à l’eau d’une source pure et cristalline. Énigme de Stonehenge, légende de Brocéliande… ce sort des anciens, ce rite païen !

Qui a eu cette idée folle ?

« Une fiole de ce beau breuvage vous assure longévité, exploits et performances sur les bancs étrangers… et ce, dans les quatre championnats majeurs et les autres grands clubs européens… » annonce l’ancien coach auxerrois avant d’ajouter : « Que dis-je sur les bancs… sous les bonnes vieilles guérites » ! Et enfin insister : « Une seule fiole ! J’ai bien dis une seule, vous n’allez pas me vider le chaudron ! » Ébahis, les techniciens s’alignent, formant une file qui concurrencerait facilement celles s’exhibant jusque sur les trottoirs des boulangeries un dimanche matin… « Non Zinédine ! Pas toi ! Tu es tombé dans la marmite quand tu étais petit. » Ici sans doute la bouillabaisse enchantée d’une fée logée discrètement à la Castellane… Ou bien peut-être une réserve offerte généreusement au petit Yazid par un formateur de l’AS Cannes ? Enfin certainement un coup du facétieux Courbis, vraisemblablement agitateur de la pièce, qui aurait obtenu quelques gouttes et les aurait versé dans la gourde du jeune « Zizou ». Là le costume de « Nain Frocin » comme décor pour la mise en scène des « Fourberies de Roland », et pour venir habiller la farce de la fable ! La file diminue au fur et à mesure que la distribution avance, et c’est avec une dernière question posée au vieux sage que la réunion touchera à sa fin : « Qui en a déjà bénéficié par le passé ? » La réponse très nette et honnête de Guy Roux : « Peu de monde… une seule goutte à Raynald et à Luis avant leur aventure basque. Une petite gorgée pour mon ami Roger au moment de s’envoler pour Tunis… éventuellement une cuillerée à Claude lors de son départ pour Southampton. Il me semble que Pierre Cahuzac s’était aussi approché de la recette finale, il y de ça déjà plusieurs décennies… Enfin Hervé, « jeune Renard », « vaudou savoyard » et « sorcier blanc », a trouvé sa propre incantation ! Mais seulement quatre entraîneurs ont eu droit à une fiole entière : Tout d’abord, mon cousin alsacien et jeune disciple Arsène ici présent, qui a intelligemment géré l’échelonnement de son flacon sur la durée. Ensuite Gérard, qui a principalement consommé son élixir sur la rive rouge de la Mersey. Didier également, qui lui a goûté ses premières gouttes entre Monaco et Turin, et qui continu, encore aujourd’hui, de doser minutieusement les prises de la précieuse denrée. Pour finir Rudi, qui hélas, certainement emporté, envoûté par les charmes de la déesse Vénus, dans une Rome matrice d’ambitions et de déchéances… a englouti presque tout son hydromel lors de ses onze premières journées, dans un Calcio pourtant immense et infini marathon, ne lui laissant que quelques gouttelettes pour ses parcours européens avec l’OM et l’OL… » Sur cette confidence du « Grand Schtroumpf », le cercle se dissout, les initiés s’en retournent à leur propre tambouille, armés de leur désormais dernier don, « couronne de laurier », « Bouclier arverne » : leur potion magique ! Le feu alors s’éteint, au cœur d’un bois d’où raisonnerait presque l’air enjoué d’un « Fantasia » féerique, fantastique, fabuleux… Et finalement presque « Falbalesque » !

Les couloirs du temps

Absolument épatés, c’est pour commencer les coachs les plus expérimentés de Ligue 1 qui auront l’honneur de goûter les premiers à l’ « infâme potion », au « goût de chair de porc » comme dirait Jacquouille… et ainsi vérifier la véracité de ses bienfaits ! Les dinosaures, vieux reptiles et papys résistants, parfois ressuscités, souvent immortels… vétérans encore en activités, ayant accumulé plus de 400 ou 500 matchs de première division française, l’ex « D1 » pour les plus anciens ! Ces « accumulateurs de survêt’ », meubles de conférences de presse et autres fidèles des interviews en bord de terrain, ces chevronnés transpirant la passion, suant le football et maîtrisant l’art de l’analyse à chaud des tristes 0-0 ! Enfin ces laboureurs de champs, ces « coachs d’en-bas », aux accents du Sud pour beaucoup, dictons paillards, francs du collier, coudées franches et bonne franquette ! Ces entraîneurs-là, si proches qu’on les imaginerait facilement dans un combo « sifflet et casquette rouge », en train de gesticuler et de gueuler à pleine gorge, le long d’un stabilisé dans un de nos vieux matchs de « moins de quinze » ! Ces coachs ont bien mérité leur ascension finale, l’apogée de leur carrière ! Dessert servit à la table des rois et dernière douceur avant une retraite quasi impensable : leur part de tropézienne à Versailles ! Notre récit va nous projeter alors en mai 2026, un voyage de quatre ans dans le futur pour pouvoir observer ensemble les effets de l’enchantement sur la carrière de nos entraîneurs gaulois. La potion a-t-elle agit ? Les « vieux de la vieille » donc, pour commencer… Gênes, « Marassi », c’est absolument apaisé, confortablement installé à une paisible neuvième place du Calcio, que le public des Grifoni salue notre amical, et aujourd’hui ému Frédéric Antonetti, pour le dernier match de sa carrière. Des tifos touchants, pleins de tendresse, attachés derrière les deux buts d’un stade debout ! Une standing ovation en remerciement des quatre saisons plus que convenables du coach corse en terre ligure. Arrivé à l’été 2022 dans un Genoa sauvé de justesse en Serie A et n’offrant alors à ses supporters, et ce depuis trop longtemps, que prestations en dents de scie et autres dangereux flirts avec la zone rouge… Antonetti a réussi à obtenir une stabilité qui manquait clairement au club génois depuis l’ « ère Gasperini », avec même, petite heure de gloire, une orgueilleuse et inattendue finale de Coupe d’Italie, perdue hélas contre une machine interista d’un autre calibre… Une ovation en remerciement de la franchise, la spontanéité, l’implication… de l’un des doyens des bancs français qui se sera installé, finalement presque naturellement, sur le plus vieux fauteuil de Serie A. Antonetti au Genoa aura été un mariage parfait, celui du pesto et du figatellu ! Ou peut-être l’anniversaire de deux vieux amants du football ? Noces de perles ? D’émeraude ou d’or ? Enfin une lune de miel dans une chambre avec vue sur Corse ! Bouquet de fleurs, photos… un classique joué pour chaque dernier concerto, rien de plus, rien de spécial, et un final affectueusement ponctué par un vibrant « Dio vi salvi Regina » résonnant des tribunes… Le billet pour le ferry du lendemain est déjà pris, et celui-ci rejoindra directement l’île de beauté pour une retraite paisible et définitive. Un trajet sans détour et absolument sourd à l’appel des sirènes sardes d’un Cagliari tentant d’attirer notre « Astérix chauve »… Antonetti au Genoa, c’était très bien, juste ce qu’il fallait pour tout le monde. Tout simplement : « Grazie Anto’ ! »

« Lino viens, essaie toi aussi ! »

L’Italie où on le sait, l’amour n’a jamais eu d’âge, a été une terre accueillante, une promise passionnée, enfin un « monde d’après », propice à la reproduction, au moins à l’accueil et à la préservation, pour de belles espèces en voie de disparition. Aussi, la migration des tortues françaises s’est présentée comme une évidence, lente certes, mais évidente ! Matchs fermés, besoin de jeunesse et de formation, spectacle en salle de presse… Et bien sûr « dolce vita », « lungomare » et « tutti quanti » ! La romance parfaite… « Laissez m’en un, laissez m’en un ! » Agecanonix chez les Romains : un titre parfait pour cette bande décidée ! Et quelle bande ! En effet, en ce mois de mai 2026, beaucoup de clubs italiens auront connu les joies d’un « braquage à la française », « Renault 4L » et « Tontons flingueurs » en signature ! Le gros coup aura été l’arrivée, quelques part, le retour de Christophe Galtier à Monza. Après trois belles saisons sur la côte d’Azur, les étoiles de Ligue des Champions atteintes, faisant office de duvet d’un Nice encore jeune, et ce beau « baptême des huitièmes » contre le grand et blanc Real Madrid, sans oublier cette Coupe de France soulevée au nez et à la barbe d’un PSG pelé, déplumé, presque dépecé… Le Marseillais de naissance a d’abord vu sa candidature pour le banc de l’OM devancée par le « come-back Bielsa », avant de surprendre son monde, déjouer les pronostics et donc, débarquer en plein cœur de la « Brianza », dans un Monza « Galliano-Berlusconien » alors toujours en Serie B, encore incapable de passer le cap commandé par le « Cavaliere » depuis maintenant trop longtemps… Chose demandée chose faite ! Juin 2024 : Galtier arrive et, un an plus tard, Monza ouvre la saison de Serie A dans un beau derby lombard contre une Atalanta fraîchement sacrée championne d’Italie ! Été 2026, après un maintien obtenu presque calmement et une découverte du Calcio réussie, Galtier entame sa troisième année d’excursion en Italie… Un « Campionato » qui côtoie également, depuis maintenant quatre ans, un Claude Puel heureux comme un poisson dans l’eau. Deux bonnes saisons à l’Udinese et deux autres, un peu plus délicates, dans un Torino alors en convalescence après une période dorée retrouvée sous Juric, et le départ douloureux de ce dernier à destination de la sélection croate… Pour finir, aujourd’hui la Gazzetta propose comme titre la toute récente nomination du Tarnais à la tête de la Sampdoria ! Claude Puel, face de lézard et profil de sesterce, s’est parfaitement adapté au climat cynique d’un Calcio « chirurgical » taillé pour lui : costume sur mesure pour les patrons précis d’un couturier bien carré ! Continuons avec les deux missions, assez difficiles mais somme toute accomplies avec succès, de René Girard et Élie Baup. Le premier auteur de deux saisons de Serie A, pour deux maintiens, avec La Spezia…. Mêmes résultats pour le second lors de ses trois ans en Toscane avec Empoli. Une idylle insoupçonnée pour la casquette garonnaise et cette belle banderole déployée pour son dernier match, véritable marguerite effeuillée : « On t’aime « Baupou », passionnément, à l’Empoli ! » Enfin, pour conclure avec la conquête transalpine des coqs à la crête, au mieux décrépite, au pire absente, retrouvons notre cher Roland ! Roland de Normandie ? Pas tout à fait. Roland « le Magnifique » ? Presque… En effet, arrivé à l’été 2022 dans la fournaise calabraise d’un Crotone déchu, tout juste descendu aux Enfers, incroyablement relégué en LegaPro seulement 12 mois après être tombé de Serie A : l’ascenseur infernal ! Courbis ramène le club en Serie B et manque de peu la montée l’année suivante en jouant les demi-finales de play-off. Juin 2024, rebelote avec Palerme : promotion en Serie B, avant cette fois-ci de démissionner suite à une année de cohabitation difficile avec ses dirigeants… Juillet 2025, toujours la canicule sicilienne pour celui qu’on surnomme chaleureusement « Zio », « oncle » en italien, ou plus simplement « Rolando »… Courbis débarque à Catania, encore une fois en LegaPro, et encore une « ascension de l’Etna » pour atteindre la Serie B en 10 mois ! Courbis l’« As de cœur », l’« Arlequin aux carreaux », s’est facilement fait aux parties de Tressette et de Briscola, finalement presque familières, et vient tenter le Diable en paraphant, en ce mois de mai 2026 déjà chaud, un contrat avec Messine ! De nouveau en troisième division, pour une Une des journaux du Mezzogiorno, le Midi italien, déjà toute faite : « Le messie de Messine ! »

Les grosses têtes

Antonetti, Galtier ou Puel par ici… Girard, Baup et Courbis par là… on aurait même pu ajouter le grand Gasset, ou bien le génial et gentil Jean Fernandez… C’est quoi qu’il en soit avec un accent provençal assez prononcé, que le coq chante une Marseillaise ensoleillée et que son « cocorico » raisonne, réveillant ainsi le football français tout en accompagnant curieusement, le cornetto et le cappuccino, à l’heure de la collazione italienne ! On ne serait même plus surpris d’apprendre l’arrivée de Platini dans l’exécutif turinois, ou encore l’incroyable nomination comme coach d’un Cantona « cassanesque » à Bari ! À croire qu’un long viaduc relie le Sud de l’Hexagone à la Botte verte, blanche et rouge sa voisine, sans même passer par le tunnel du Fréjus ni le marché de Vintimille. Un grand viaduc menant peut-être directement à une autre époque, au beau milieu d’une arène ou sur une route pavée gallo-romaine… La nomination de Zidane à la Juve viendra clôturer cette migration inversée et ouvrir, par la même occasion, ce qui a été qualifié de vague « napoléonienne » tant les résultats de certains expatriés ont été impériaux. Une Ligue des Champions remportée en 2024, dès sa première saison dans le Piémont, la quatrième (en tant qu’entraîneur) pour l’ancien numéro 21 des Bianconeri, la troisième pour la « Vieille Dame », habituellement maudite lors de ses nombreuses finales disputées… ajoutons à ça trois Scudetti d’affilée avant cet étonnant et incroyable « changement d’épouses » avec un autre cousin sudiste, également ex Juventino : Didier Deschamps. Mai 2026, c’est désormais officiel, après le Mondial, Zizou prendra les rênes de l’équipe de France pendant que Deschamps retournera à la Juventus ! Pendant ce temps là, de l’autre côté de la Manche, trois ans après un retour réussi sur les pelouses anglaises aux commandes de Crystal Palace, avec en prime une qualification en Europa League décrochée miraculeusement et une imprévisible finale de Cup, perdue hélas face à Liverpool… Patrick Vieira retrouve son premier amour et embrasse de nouveau le costume de Canonnier, accueilli par un frissonnant et nostalgique « He came from Senegal, he played for Arsenal » qu’on croirait presque chanté, et pourquoi pas hanté, par le fantôme de Highbury ! Juste à côté, sous la même pluie londonienne, Claude Makélélé arrive en intérim à Chelsea, choisi en raison de ses trois jolies saisons passées en Galice, à la tête du Celta, et, « destin de Di Matteo », soulève la troisième Ligue des Champions des Blues quelques mois plus tard… Quittons l’Angleterre en saluant l’élection de Laurent Blanc sur le banc de Manchester United, le Président de retour sur le devant de la scène, au « théâtre des rêves » du nouveau réalisateur des Red Devils : Ralf Rangnick. À l’autre bout de l’Atlantique, David Trezeguet lui, s’est lancé dans le grand bain, presque comme un simple amateur de nature, venu pêcher en eau pure et prêcher la simplicité, dans une Pampa passionnée, une Patagonie pacifique ! Franchement, il est pas frais mon poisson ? Ainsi, après la lourde et délicate tâche d’avoir assumé la transition post-Gallardo à River Plate, première expérience de coach pour le coup rocambolesque, incontestablement courageuse, et clairement une cascade d’émotions… le « Roi David » réussi son initiation au Tango, presque une intronisation, et réalise de très bons débuts pour sa première véritable saison en tant qu’entrenador sur le banc de « Gimnasia », plaçant le club à une surprenante troisième place, juste derrière les deux jumelles de Buenos Aires, à seulement moins d’un mois de la fin du championnat… décrochant déjà quelques éloges et voyant son nom cité dans de plus grandes salles de bal : Vélez, Newell’s, San Lorenzo… Enfin, pour conclure l’avant-dernier paragraphe de notre fable, retrouvons le caractère, toujours opiniâtre et acharné, d’un Rudi Garcia cette fois pourtant adouci, apaisé. Véritable résurrection, presque une rédemption, Garcia rebondit tout d’abord à Everton après le limogeage de Benítez. Il redresse le club d’une situation délicate et ce, avec la manière, réalisant une série de onze victoires consécutives, lui rappelant aux doux souvenirs d’un Tibre alors pas encore tumultueux… Juin 2022, il refuse la prolongation chez les Toffees et rejette également l’appel du pied d’un Leicester, qui a vu Brendan Rodgers décidé de prendre une année sabbatique, certainement pour mieux préparer son couronnement à la tête des Three Lions… Descendant espagnol, gènes gitans, c’est presque tout naturellement que notre « Sergent Garcia » rejoint la paella de Valence et l’exigence de Mestalla ! Une exigence presque oubliée, à la frontière entre la démesure et l’incohérence tant le club de la « chauve-souris » vit dans l’obscurité, la pénombre même, depuis le règne d’Hector Cuper, la génération dorée des Mendieta, Aimar, ou encore Kily González et Claudio López… Canizares, Baraja, enfin l’ère « Rafa » des autres Mista, Silva et Villa… Pratiquement l’ « âge des cavernes » ! Rudi débarque, replace le club dans la zone européenne, obtient une qualification en C1 après un long coude à coude avec Lopetegui, Emery et Pellegrini… et offre même deux splendides Coupe du Roi consécutives, aux parcours inoubliables et aux finales survolées face à l’Athletic Bilbao puis l’Atlético. Été 2024, il quitte Valence sous les acclamations d’un public maintenant rassasié, et prend en main une équipe de Suisse en perte de confiance après un Mondial qatari en demi-teinte et un Euro allemand décevant. Deux ans plus tard, la Suisse se présente à la Coupe du monde nord-américaine, invaincue depuis deux ans et avec la meilleure défense de la zone Europe. Mâchoire carrée, joues creuses et yeux rentrés… Rudi Garcia : le dernier invité des « grosses têtes ».

« C’est cela oui… »

On commence à apercevoir le fond de la marmite et les derniers coachs, les plus jeunes, attendent de recevoir leur louche pendant que d’autres s’activent à la cueillette, s’agitant aux quatre coins du bois, dans l’espoir de relancer une nouvelle distribution… En vain. La potion, comme notre histoire, touche à sa fin et c’est évidemment avec cet incontestable constat de l’irrationnel, presque de l’irréel, que nous quitterons ce récit, celui-ci inévitablement voué au destin classique des contes de fées : douze coups de minuit, charme rompu et autre désenchantement ! Alors en attendant le nouvel élu qui retirera Excalibur du rocher fossilisé que constitue le football français… on peut toujours servir un traditionnel banquet en guise de dernière page, un peu d’optimisme, terme étranger à la langue de Molière, a absolument ajouter au dictionnaire… ça ne peut pas faire de mal ! Imaginons ensemble la trajectoire contraire à celle de Peter Bosz, pour un Julien Stéphan qui, après avoir amené presque miraculeusement le Racing Club de Strasbourg en Coupe d’Europe, se serrait vu téléporté à l’OL, puis peut-être à Dortmund ou Leverkusen, avant de disputer une finale d’Europa League sur le banc de l’Ajax… Là les ascensions fulgurantes d’Olivier Dall’Oglio et Christophe Pélissier : deux ans à Monaco, deux autres à l’OM, et un défi au Sporting Lisbonne pour le premier, avec une Coupe de France glanée sous les couleurs monégasques et pourquoi pas un beau quart de finale de Ligue des Champions avec Marseille… Pour le second : disons deux saisons réussies à Lille ? Ou à Nice ? Peut-être ici aussi une Coupe de France et enfin l’ouverture d’un cycle gagnant au FC Séville, ou à Villarreal, après le départ de Lopetegui à Manchester City, ou celui d’Emery, nommé pourquoi pas à la Roja ! Ailleurs, on trouve Laurent Battles, qui ferait remonter Grenoble en Ligue 1, avant de réitérer l’exploit avec les Verts deux ans plus tard, et qui se verrait offrir un banc de Bundesliga, après un titre remporté entre temps avec le Servette de Genève ! Une Allemagne qui découvrirait Gérald Baticle, à Stuttgart, à l’Eintracht ou au Herta, après avoir ramené Anderlecht sur le toit plat de Belgique… Ici Kombouaré caracole, pendant presque toute la saison, en tête du championnat avec ses Canaris, devancé sur le fil par l’OM de Bielsa, et se voit du coup proposer les bancs des nouveaux riches Newcastle et West Ham, il refuse fièrement et choisi le projet de Leeds, alors justement orphelin d’El Loco. Deux belles années et des adieux au bon moment, suivi d’une Conference League braquée avec Braga pour une seule saison au Portugal, mais quelle saison ! Quelques mois plus délicats à Istanbul, sous les couleurs du Fener’, et alors ce qu’il annoncera comme son dernier challenge : le Celtic Glasgow ! Plus loin, Der Zakarian promu à l’Olympiakos, après un impressionnant parcours en Europa League avec l’Apoel Nicosie menant jusqu’à une finale perdue contre Naples ! Certainement Christian Gourcuff qui enchaînerait les saisons avec Alavés, ou peut-être à l’Espanyol Barcelone… et Génésio qui trouverait le Graal au FC Copenhague, avec qui il gagnerait même l’Europa League ! Et alors le meilleur pour la fin : Franck Haise à l’Atlético Madrid ! Clairement le scoop de l’été 2024. Le coach français carrément casté pour récupérer l’héritage laissé par le Cholo, qui aurait accepté le poste de sélectionneur de l’Argentine après presque quinze ans (treize exactement), à la tête des Colchoneros« Qu’est ce que c’est que ce binz ? » C’est avec cette question, d’un Jacques-Henri Jacquard paniqué, que l’on se quitte. Comme tombé du ciel en plein Moyen-Âge, au beau milieu de l’Antiquité ou pire, à la période de la préhistoire ! L’entraîneur français continu de longer les lignes de touches de Ligue 1 où il croise maintenant, de plus en plus régulièrement, un confrère étranger. N’arrivant toujours pas à l’approcher pour lui demander conseil, et préférant enfiler son maillot à pois pour continuer de grimper sans cesse les mêmes cols raides d’un tour de France qui tourne en rond ! Une boucle absolument noble mais au cycle dangereusement prévisible, une pente descendante menant tout droit à Alesia, où le football de Vercingétorix n’aurait d’autre choix que de se résoudre à la même inévitable fin que celle vécue par le chef gaulois. « Gardez le cap dans la tempête et tenez fermement la barre », disait Guy Roux… C’est là bien le moins qu’on puisse souhaiter aux entraîneurs français.

20 réflexions sur « Le coach Gaulois, un air de Gergovie »

  1. Surtout attribué dans les années 1930 à 1960, il atteint son apogée en 1947.
    Origine : vient du germain wid qui signifie « forêt ».
    Caractère : ce sont des hommes francs et dynamiques qui ont le sens des responsabilités. Ils mettent tout en oeuvre pour réussir.
    Célébrités portant le prénom Guy :
    Guy Martin

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    1. C’est marrant, ces histoires de caractère qu’on prête à des prénoms…. Mon vieux s’appelait Guy, quoique, s’appelait…….. En fait pas du tout!, juste une « coquetterie » administrative datée de la Shoah : nom et prénom trafiqués pour passer entre les gouttes, son identité réelle était en fait un quasi-parfait homonyme de Buffalo Bill, bref. Puis vu que ce patronyme avait plutôt bien réussi à la famille : ben on l’a gardé, pardi.

      Et cependant? Eh bien sa personnalité collait quasi-parfaitement à celles généralement prêtées à son prénom de « survivalisme » (Guy, donc), comme quoi.. C’est peut-être comme les chiens-chiens et les maî-maîtres, dont on dit qu’ils finissent avec le temps par se ressembler?, le prénom (par sa sonorité ou ce que les gens lui prêtent) est peut-être, parmi d’autres constituants, un élément fondateur de la personnalité?

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      1. Je peux te dire que ces histoires de caractères, c’est à moitié bidon.

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      2. Je n’en crois pas grand-chose!, juste observer, çà et là.

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  2. Mouais… Les entraîneurs français, c’est comme les cadres français en entreprise : quand ils laissent des souvenirs, c’est rarement en bien. Je suis plutôt du côté du président du Stade de Reims qui trollait hier sur So Foot Raymond Domenech qui râlait contre l’absence de diplôme français de Will Still : « Il ferait mieux de se demander pourquoi un entraîneur qui n’a pas eu cette formation a de meilleurs résultats que ceux qui l’ont. » Ippon.

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  3. Merci Calcio pour cette séance de rêve avec le Genoa d’Antonetti 😉

    Tu aurais pu citer Pascal Dupraz, un personnage de la commedia dell’arte. Sur l’estrade des conférences de presse, il est en représentation, tenant le rôle de Matamore ou celui de Scaramouche, héros forts en gueule prompts à s’attribuer des faits d’armes glorieux y compris lorsqu’ils sont piteusement défaits, prêts à se proclamer vainqueur avant même l’issue de la bataille.

    Joueur moyen, il n’a pas laissé un souvenir impérissable à ceux qui ont lutté à ses côtés dans les années 1980. Entraineur, il entretient sa popularité en profitant de son aisance naturelle face à des journalistes bons publics. Mais à l’image de Matamore, il émane de lui quelque chose de caricatural, un aplomb bravache dans le propos que ses actes contredisent parfois. Que penser d’un chef de troupe effrayé par l’attaque d’un avion en papier sur un pseudo champ de bataille ? Comment interpréter ses bégaiements face à un Kombouaré menaçant, sorte de Brighella sur scène, personnage aussi ridicule que querelleur ?

    Et puisqu’il a besoin de joutes orales où son rôle de fier-à-bras peut s’exprimer, Dupraz a enfourché le combat de la Ligue Savoisienne, à la recherche d’une indépendance chimérique. Engagé dans un conflit fictif, sa forfanterie peut s’exprimer sans péril, renforçant ainsi cette image de Matamore des Alpes, fanfaron précieux et indispensable au morne théâtre du football français. Que l’on redonne au plus vite un club en détresse à Pascal !

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  4. Merci Calcio! Ton texte me fait réaliser une chose. Parmi la longue liste de coachs français que tu cites, en mettant de côté leurs qualités techniques, il y a finalement peu de coachs pour qui j’ai un peu d’affection. Leclercq oui, Cahuzac idem. A la rigueur Antonetti. Mais les autres, pas du tout.
    Peut-être le fait de les connaitre depuis longtemps, ou penser les connaître depuis longtemps, mais ils sont rares ceux avec qui j’irais avec plaisir boire un coup.
    Mais je ne mets pas en doute les qualités techniques d’un Roux, Wenger ou Deschamps. Par exemple, j’ai toujours trouvé que Deschamps était le sélectionneur idéal pour la France et les résultats le prouvent. Mais ce sont des personnalités qui ne me séduisent pas.

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    1. Pareil pour moi Khia, j’ai du me faire violence pour lister quelques noms dans cette épopée « asterixienne ». Ma culture porte en effet plus facilement ma sympathie de l’autre côté des Alpes.

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    2. Cahuzac était un meneur d’hommes comme on n’en voit pas beaucoup, sur le terrain (avec le grand Nîmes de la fin des années 1950) comme sur le banc. Question tactique, en revanche, c’était un peu léger. En revoyant les images du Bastia-Iéna (7-2) en quarts de C3 1977-78, je me faisais la réflexion que ça tenait plus de l’abordage des pirates que d’un schéma de jeu à la Trapattoni ou la Pep.

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    3. Bah, c’est pas bandant un technocrate..

      G-G-G a bien résumé aussi l’affaire, je crois, ce corporatisme des entraîneurs franco-français……… Cet entre-soi a quelque chose de si mesquin et consanguin, bbrrrr..

      Le bon côté des choses c’est pour la FFF : ça ronronne, aucun risque de renouvellement de la pensée, de contradiction.. Tout est sous contrôle!

      NB : dieu que je ne supporte pas la tête de jésuite de Wenger, re-bbrrrrr……..

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  5. je sais pas quel est la nature du produit que vous avez inhalé mais j’en veux bien moi aussi ha ha trop drôle
    pour le berger corse j’eusse aimé un petit clin d’œil à un passage du côté du forez pour nous faire remonter et gagner automatique la ligue 1^^ (moi aussi je fume ha ha)
    lui j’aime beaucoup même sa personnalité il a jamais triché ici (contrairement à ses idiots de RR et BB nos deux clowns ) il est souvent passé au local toujours direct toujours franc et jamais emmerdé en ville… ailleurs c’est peut être pas le cas mais ici il sera toujours le bienvenu

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