Les clubs français sont-ils vraiment nuls, ou sont-ils juste des losers ?

Alors que l’on espère en ce printemps 2024 voir deux clubs français s’inviter dans une finale européenne, penchons-nous sur les performances de nos clubs sur la scène européenne.

La France déplore le manque de compétitivité de ses clubs en Coupes d’Europe, et ça ne date pas d’hier. Contrastant avec la bonne tenue de l’équipe nationale, la faiblesse des clubs français sur la scène européenne est régulièrement regrettée voire brocardée.

Le débat revient chaque année, et chaque année de multiples causes possibles sont avancées, sans qu’on parvienne à percer le mystère de ce rendement indigne. Car mystère il y a.

L’argent ? L’argument est recevable mais pas entièrement satisfaisant. Les clubs portugais ou hollandais font mieux avec moins, et il n’est pas rare de voir un club français se faire sortir par moins puissant que lui.

Le mental ? Il est pointé du doigt, mais là encore on reste sur sa faim. Comment expliquer alors que ce soit le point fort des Bleus, et comment expliquer ce mental friable sachant que les clubs français sont composés de nombreux étrangers, avec des coachs qui viennent parfois aussi d’autres contrées ? Et puis il y a des préparateurs mentaux dans nos clubs, comme partout.

La Ligue 1, qui serait un frein, voire un boulet ? Son manque d’intensité ne préparerait pas idéalement aux joutes européennes. Ou au contraire ce serait un championnat trop homogène, trop physique, trop énergétivore. On remarque aussi que la Ligue 1 souffre d’être dans une sorte d’entre-deux, pas assez forte pour retenir durablement ses meilleurs joueurs, pas assez petite pour être contrainte de se concentrer sur le jeu et la formation collective comme à l’Ajax ou au Benfica. Son excellent niveau de formation individuelle, qui en fait un marché formidable où tout le monde vient se servir, se retournerait contre elle : trop d’argent « facile » qui n’incite pas à travailler plus et mieux sur le plan collectif. Le manque d’identité de jeu des clubs français et des entraîneurs français est d’ailleurs régulièrement évoqué.

On pourrait avancer d’autres arguments, tout aussi valables, tout aussi partiels. Il faut se résoudre à considérer que c’est un ensemble de choses qui amène à ce résultat (ou plutôt ce manque de résultat), en plus de la force de l’habitude qui n’arrange rien.

Sans prétendre résoudre ici la question, parlons d’un élément qui est assez peu, voire jamais évoqué : le rendement incroyablement bas des clubs français lors des finales de coupes d’Europe.

Sacré scoop ! diront certains. « On le sait que les clubs français sont nuls ».

Pas si vite !

Parlons chiffres.

Les Français ont disputé sept finales de C1 depuis 1956, Coupe d’Europe des clubs champions + Ligue des Champions (15 finales en tout avec la C2 et la C3).

C’est peu comparé aux Espagnols (30 finales de C1), Italiens (29), Anglais (26), ou Allemands (18).

Pourtant c’est loin d’être ridicule. C’est dans les même eaux que les Portugais (9) et Hollandais (8).

Le problème, le gros problème, c’est que toutes ces bonnes gens, tous ces voisins, quand ils vont en finale, ils gagnent ou ils perdent, ça dépend. Pas nous.

Leur ratio de victoires en finale est soit excellent (Pays-Bas 75 %), soit très bon (Espagne 63 %, Angleterre 58%), soit correct (Ecosse, Roumanie et Serbie à 50 %, Allemagne et Portugal à 44 %, Italie à 41%).

Mais tous, absolument tous (sauf les très efficaces Hollandais) ont un ratio qui voisine avec les 50 %, ce qui est une banalité statistique, de la pure logique.

Quand ils vont en finale ils gagnent ou ils perdent, ça dépend. Sur un match tout est possible comme dirait l’autre.

Les Français, eux, quand ils vont en finale… ils perdent.

Une seule victoire en sept finales de C1. Un ratio famélique de 14 % de victoire. Nous sommes l’exception, le vilain petit canard. Tous autour de 50 % de réussite, même les Roumains, et nous loin derrière à 14 %.

Si l’on étend le constat aux trois coupes d’Europe historiques (C1 + C2 + C3), cela ne change rien : deux finales remportées sur 15 disputées, pour un ratio de 13 %.

Comprenons bien ce que cela signifie : les clubs français ne souffrent pas tant d’un manque de compétitivité sur la scène européenne, bien qu’elle pourrait être améliorée, que d’un manque criant de capacité à conclure. Ce n’est pas qu’ils sont complètement nuls, en revanche ils sont d’authentiques losers, au sens le plus pur du mot : un loser échoue toujours près du but, après avoir tout fait ou presque pour réussir.

Les clubs français parviennent à exister tant bien que mal. Ils sont (relativement) compétitifs. Sept finales de C1 ce n’est pas énorme mais ce n’est pas zéro, et si l’on ajoutait les demi-finales on y verrait encore plus de consistance.

Les clubs français sont compétitifs, mais ils ne gagnent jamais une finale (enfin si, une, c’est vrai amis Marseillais, personne n’a oublié).

Or, une finale se joue sur un match. Une finale est rarement déséquilibrée. Une finale se joue souvent sur des détails. Le rapport de force en finale est toujours incertain. Le favori a une pression énorme, quand il s’impose c’est rarement par une démonstration, même s’il a été brillant jusque là (voir City l’an dernier). Bien sûr il y a parfois des contre-exemples, mais ils sont l’exception et non la règle.

Le niveau intrinsèque des clubs français ne suffit donc pas à expliquer ce très faible rendement : non seulement parce qu’une équipe qui va en finale a le niveau, par définition, mais de plus une finale est un match particulier où l’outsider a toutes ses chances.

Il ne va pas de soi que le Bayern Munich batte Saint-Etienne et le PSG (1-0 à chaque fois), ou que l’Etoile rouge de Belgrade s’impose face à l’OM (aux tirs aux buts).

D’ailleurs la seule C1 remportée par un club français le fut dans une finale où il n’était pas du tout favori, face au grand Milan.

Conclusion ?

Le mystère est encore plus grand que ce que l’on pourrait penser, car même avec moins d’argent, même en travaillant moins bien, même en perdant chaque année ses meilleurs joueurs, la France aurait dû « normalement » gagner autour de 6 à 8 coupes d’Europe, dont 3 ou 4 C1.

Le mental semble donc être un élément capital. Les clubs français auraient apparemment du mal à gérer la pression d’une finale, et c’est peut-être une faiblesse qui s’auto-alimente : moins on gagne et plus c’est dur, car à chaque fois la pression est un peu plus grande.

Mais par nature le mental est un élément difficile à cerner et quantifier. Et comme dit précédemment, on ne comprend pas d’où cela peut venir ni pourquoi ça se perpétue, sachant qu’il y a un brassage important dans les clubs de L1, avec parfois des staffs étrangers qui apportent leurs méthodes, sachant aussi que les Français en équipe nationale font preuve d’un mental hors-norme depuis trente ans maintenant.

Et puis si c’est un blocage, pourquoi la victoire de l’OM n’a pas été un déclic ? Pourquoi cette incapacité à concrétiser ?

Bref, nous ne sommes pas plus avancés.

Il y a peut-être une part d’irrationnel, en plus de tout le reste.

La première finale de C1 en 1956, perdue par le Stade de Reims face au Real Madrid, fût-elle le péché originel ? Les Rémois menaient 3-2 à l’heure de jeu, ils cédèrent finalement et perdirent 4-3. Bien que ce ne fût pas une surprise et que le Real méritât son triomphe, il faut croire que cette première marche ratée, cette victoire avortée, a été décisive pour la suite, imprimant une marque définitive sur le destin des clubs français en Coupes d’Europe : pas ridicules, contrairement à ce qui est souvent dit, mais interdits de trophée.

Charge à l’OM et au PSG de conjurer le sort. Ce ne sera pas facile mais ils ont l’occasion ce printemps de multiplier par deux le palmarès français en Coupes d’Europe. Affaire à suivre.

BD pour pinte2foot !

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22 réflexions sur « Les clubs français sont-ils vraiment nuls, ou sont-ils juste des losers ? »

  1. Le « déclin » des clubs français sur la scène européenne intervient au même moment où la sélection se met à gagner.
    On dit des années 90 que ce fut la décennie d’or du championnat français, avec un niveau homogène, des clubs qui faisaient des beaux parcours en Europe et un champion différent tous les ans ou presque. On se souvient de performances mythiques, où il en fallait de peu à chaque fois pour toucher le sommet.

    Paradoxalement, l’EDF rate 2 mondiaux, échoue tristement en 92 et se fait sortie en 1/2 en 96. Quand elle se met à gagner, l’arrêt Bosman est passé par là.

    Je ne sais plus qui disait que le foot de club a dépassé les sélections nationales. L’export des joueurs français à l’étranger a solidifié la sélection tout en affaiblissant le championnat semble-t’il.

    Par exemple, si on regarde les 3 dernières finales européennes de l’OM (99/2004/2018), ils tombent à chaque fois contre plus fort qu’eux, avec un score sans appel (3 fois 3-0); Parme, Valence ou l’Atletico étaient largement au-dessus sur le papier.

    Peut-être qu’après cette saison, les clubs français vont se décomplexer et jouer les matchs européens à fond. On a eu de beaux parcours mine de rien, même si le championnat fut assez soporifique à mon goût.

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  2. Merci monsieur BD. En faisant un peu d’histoire, on peut sans crainte affirmer que durant deux décennies au moins, les clubs faisaient preuve d’angélisme sur une scène européenne corrompue et adepte des pratiques médicamenteuses. Durant ces années, hormis pour l’ASSE, le manque d’intensité physique était rédhibitoire pour des clubs, Nantes ou Monaco étant les symboles de ce beau jeu incapable de sortir des frontières.
    Ça s’est un peu amélioré sous l’impulsion de dirigeants emblématiques mais dont on sait qu’ils n’étaient pas des enfants de chœur : Rocher, Bez, Tapie bien entourés par notamment des loustics comme Couécou et Bernès. Bref, Saint-Etienne, Bordeaux et l’OM ont fait ce que tout le monde faisait depuis longtemps en Europe.
    Pour ce qui est du 21e siècle, j’ai la sensation que les équipes, souvent jeunes et renouvelées chaque année puisque la L1 est un championnat de post formation, sont trop tendres et n’ont pas le temps d’acquérir de l’expérience. Je n’ai pas de stats, mais ces dernières saisons, le nombre de buts encaissés dans les derniers instants des matchs européens me paraît énorme. Cette incapacité à être décisif dans le money time ressemble à un défaut mental plus que physique. Idem dans les finales, le moindre grain de sable casse la dynamique : les finales de l’OM en C3 sont toutes liées à des scénarios adverses (suspensions nombreuses, expulsion, 1ers buts offerts par Blanc ou Zambo) sans capacité de réaction. Le 1er but scelle le sort du match. Celles de Monaco également (Furiani, blessures de joueurs clés contre Porto)…
    Bref, y a un truc mental, tu ne peux pas perdre autant de finales sans qu’il n’y ait un blocage quelque part. Ça vaut pour Benfica ou la Juve en C1, au bout d’un moment cette lose ronge les cerveaux du collectif.

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    1. Et pour les Bleus, idem. Quand tu mates les rencontres internationales du début 70, le manque d’impact est flagrant. Et sans « condition physique adéquate », la technique n’est pas suffisante.

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      1. « Impact » est le mot, c’est par exemple flagrant dans les FR-BE des 60’s : les BE sont au même niveau de préparation/ramasse que les FR..mais les Belges sont plus durs au duel, plus frontaux.

        La pharmacie des autres explique beaucoup, mais l’angélisme francais aussi.

        Tout cela a viré à l’autoflagellation….alors que vos medias eussent été mieux inspirés de pointer les tares et déloyautés des, singulièrement, NL DE et IT. Les UK, dont le cul ne fut pas toujours si propre, ne se sont pas gênés pour cibler les IT, eux..tout en épargnant certes leurs cousins anglo-saxons, ça..

        Au moins on dirait (un peu) moins de conneries aujourd’hui sur l’histoire du jeu et son evolution dans les 60’s, 70’s, 80’s..

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      2. C’est vrai ce que tu dis sur l’impact du foot belge dans les années 70-80. Ayant découvert ce sport vers 88, le foot belge me paraissait plutôt soft par la suite. Alors que quand tu mates les décennies précédentes, ça hésitait pas à aller au tampon ! Avec de la qualité technique certes mais aussi une grosse intensité.

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    2. Oui je suis assez d’accord, pendant pas mal d’années les Français faisaient un peu « frêles » dans les matchs européens, aussi bien physiquement que mentalement.
      D’ailleurs ça serait un autre sujet d’article intéressant : l’impact de certains « produits » dans les performances footballistiques. Si quelqu’un veut se lancer là-dessus…

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      1. Pour les NL c’est prevu. Eux, c’est pas compliqué: velo ==> football. Des passerelles instantanees en quoi ils furent à la pointe/source tant à compter des annees 20 que de fin 60’s ou que de fin 80’s. L’un dans l’autre bon 20 ans durant lesquels ils furent injouables sur ce plan, de loin LA (contagieuse) « reference » du doping footballistique dans ces creneaux-là.

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    3. @Verano82 Pour les buts encaissés en fin de match j’ai la même impression, et ça s’ajoute aux défaites par tirs aux buts. Lens cette année contre Fribourg, Lille contre Aston Villa (but encaissé en fin de match + défaite aux tab), OM contre le Pana…

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      1. Peut-etre ne les travaille-t-on pas assez? Aux Pays-Bas aussi il y a un probleme historique avec les tirs aux 9 metres..que, curieusement, l’on repugne depuis 40 ans à travailler parce que le parrain (sens mafieux) de ce football-là avait une frappe de merde, la presse avec lui, et decreta que cet exercice était indigne du football..?

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  3. Perso, je vois les deux clubs français en finale cette année. Avec un meilleur résultat, espérons le. Par contre, si je n’ai pas de doutes qu’un titre parisien serait accueilli avec joie par ses vieux fans, comme par la génération de gamins qui aime désormais Paris, j’ai l’impression qu’il y aurait pas mal de désabusés.

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  4. Pour compléter l’article car il fait écho à celui que je publierais le 21 Mai, en C1 la France c’est 35 quarts de finale, 18 demi, 7 finales et 1 titre. Les PB ou Portugal ont respectivement 25 et 28 quarts, 14 et 11 demi, 8 et 9 finales pour 6 et 4 titres.
    On voit tout de suite qu’il y a un gros problème dès que l’on s’approche de la fin de la compétition.

    Par ailleurs il y a plusieurs explications, Alex le rappelle souvent mais en France on a trop voulu se la jouer « propre », pas un hasard que ce soit Tapie qui gagne une C1, il a joué avec les règles en vigueur partout ailleurs mais il a fini par se faire gauler. Pendant que partout ailleurs on fermait les yeux sur les triches régulières de TOUS les grands clubs européens.

    Une autre explication provient que l’on a jamais eu de champions nationaux, si il y a bien une stat où la France s’illustre c’est sur la diversité des clubs qui perfent au plus haut niveau. 11 clubs en 1/4 de C1, 8 en 1/2 on est bien loin devant les PB (5 et 3) et Portugal (3 et 2) mais aussi devant l’Italie (7 et 5 voire 6 car la Samp a joué une finale mais pas de demi) ou le numéro un en C1 l’Espagne (10 et 7). Seuls les Anglais et Allemands ont plus de variété. (Je reparlerais de ça le 21)

    Bref pour moi 2 symptômes qui sont liés, le foot n’a jamais été roi chez nous et il devait subir la même loi que les autres, à la différence des autres grandes nations de foot et cela a empêché la création de super puissant, qui dans les autres pays ont tous une histoire très entachée par les pratiques douteuses (Real, Barça, Bayern, Porto, Benfica, les Milan, la Juve, Ajax, Liverpool etc.)

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    1. « Tous les grands clubs europeens »

      Attention que ce n’est pas monolithique, Anderlecht par exemple : une corruption domestique de tous les instants des la fin des annees 40..mais en coupes d’Europe, ils ne s’y commettent qu’à compter de fin 70’s, c’est là que leur bribing-system se met en place au niveau continental..et apres avoir subi de sacrees enculadas!

      Ou des Real, Benfica.. Trois fois rien à se mettre sous la dent concernant leurs primes succes continentaux.. Il y a enormement de cas particuliers, avec leurs dynamiques/timings propres..et des asymetries de moyens/dirigeants qui font qu’on ne peut tous les mettre dans le meme panier.

      Les clubs anglais par exemple, si redoutables fussent-ils sur pelouse, ont plus souvent qu’à leur tour été baises par des contingences xy.

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  5. En France, je trouve que la sélection attire plus que les clubs (moi le premier). Comme souligné ci-dessus, les trajectoires entre les résultats des clubs et de l’EdF se sont croisées au milieu des années 90, pile au moment de l’arrêt Bosman. Lorsqu’on élimine l’Italie en 1998, les médias transalpins sont les premiers à reconnaître qu’ils ont été sortis par leur propre création, avec des Bleus dont la majorité des cadres évoluent en Italie.

    Il suffit de voir que lors des 7 dernières coupes du monde, la France atteint 4 fois la finale, ce qui est absolument incroyable ! Personne au monde n’a fait mieux. Sans compter les 2 finales d’Euro ainsi que les tournois plus secondaires (Coupe des confédérations, Ligue des nations), l’équipe de France est entrée dans une autre ère de résultats et aussi de mental. Ils sont beaucoup plus winners que losers, l’exact opposé des clubs tricolores.

    Dire qu’à une époque, certains ont vu des clubs d’Europe de l’Est être champions. La seule compétition encore accessible pour eux, c’est dorénavant la Conference League et encore… Éventuellement des clubs russes (voire ukrainiens) auraient les moyens de la gagner même si ça semble assez peu probable, au vu du contexte actuel. Je me souviens encore des victoires du CSKA Moscou en coupe de l’UEFA en 2005, du Zénith Saint-Pétersbourg en 2008 et du Shakhtar Donetsk en 2009.

    C’était sans compter sur la mainmise des clubs espagnols, en particulier du FC Séville ; il serait intéressant de comprendre d’ailleurs d’où leur vient tous ces succès.

    Enfin bref, je me suis quelque peu égaré.

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  6. Je pense qu’il s’agit exclusivement d’un problème mental . Nous sommes , dans l’ensemble , dans un pays qui fête les glorieux vaincus . Nous préférons perdre avec panache .D’ailleurs un des personnages littéraires le plus connu n’est il pas Cyrano de Bergerac ( que j’adore ) ? L’idéal aristocrate de Coubertin n’est il pas porté en étendard ?
    Gagner c’est forcément écraser l’autre . Et là réside le 2d effet Kiss cool , qui est paradoxal face au 1er argument : la grande gueule . Il nous est impossible de ne pas ouvrir notre grande gueule pour minimiser l’adversaire AVANT le match . Ça en est insupportable . N’importe quel grand club , de grand championnat , ne parle pas avant . Les équipes peuvent prendre par dessus la jambe l’adversaire sans rien dire, ça arrive, ils le paient plus ou moins sur le terrain. Mais ils ne parlent pas AVANT ( ou très rarement).
    Un minimum de respect , oui même avec du dopage ( dont les clubs français sont exempts évidemment….😁 ) .
    Enfin, il reste une chose importante il me semble : c’est l’approche du joueur des matchs avec son club . Je me souviens de cette anecdote avec Ibou Ba , fraîchement champion de France en 99 , au Milan . Il se présente à Capello , alors entraîneur, et demande une place de titulaire dès le départ . Capello lui répond  » Regarde où tu es , ici c’est le Milan AC, tu ne décides de rien, tu fermes ta gueule , tu t’assoies, et tu te lèveras quand moi je te le dirai » . Il sera notre couleur de citron préféré durant quelques saisons …. Voilà , symptomatique d’un championnat qui monte en épingle un jeune qui fait des éclats depuis 6 mois au détriment de l’institution club .
    Ce cocktail détonnant fait de nous des losers. Pourtant , cette année, s’il y a bien 2 clubs français qui seraient en capacité de remporter un titre , ce sont bien le PSG et l’OM …et ça me fait mal de le dire !😁

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  7. Je vais faire dans le lieu commun : c’est un tout.
    Il y a le pillage régulier de la formation française (je pense que seul les néerlandais sont en proportion autant exportateurs de jeunes joueurs, en Europe s’entend), les conditions fiscales et économiques (la DNCG a longtemps été une exception française), la ‘mentalité économique’ (alors que leurs économies étaient au 36ème dessous, l’Espagne ou l’Italie ont (r)ouvert leurs frontières; personne ne râlait quand Agnelli délocalisait en URSS en même temps qu’il recrutait Platini; la ville de Liverpool avec un chômeur pour deux habitants, voyait ses stades remplis chaque samedi; j’ai du mal à envisager ça en France, où déjà on a du mal à admettre que des gamins à demi-illettrés soient pleins aux as parce qu’athlètes professionnels). Et la couverture médiatique oscille (à part quelques exceptions) entre pipolization, méconnaissance totale du sujet, vantardise et excès (vous vous souvenez de tous ensemble avec JP.Pernaud en 2002 ? Vous vous rendez compte que la France est le seul pays où l’on ne puisse ni voir la C1, ni les résumés du championnat gratuitement à la télé ?) qui ne contribuent absolument pas à garder l’état d’esprit adéquat à une compétition de haut niveau.
    Et là je ne parle que des à-côtés, pas encore du terrain où on joue chichement…

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  8. Je serais quand même curieux de savoir quel palmarès aurait aujourd’hui les clubs français sans l’arrêt Bosman. Certes il y a eu un déficit physique pendant des décennies mais c’est précisément avec l’avènement des centres de formation dans les années 90 que la France se met au diapason et fait mieux en 10 ans que dans toute son histoire (2 coupes d’Europe, 5 ou 6 finales, une quinzaine de demi-finales). Tout s’arrête net à partir de 1998 / 1999.

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  9. D’accord avec les commentaires ci-dessus. J’ajouterai que, concernant l’OL des années 2000 qui certes n’a jamais joué de finale, on entend souvent parler de « si seulement Benzema était arrivé plus tôt », à croire que c’était le 9 le problème.

    En partie peut-être ? Mais surtout, l’OL voulait être un grand club. L’OL voulait être comme le Milan, le Barça, le Bayern. Comme un fan qui rencontre son idole.

    On les a trop respectés. On a trop voulu être comme eux, trop voulu (trop heureux de ?) faire partie du gotha européen. En témoigne comment JMA se pavanait avec son G14.

    A trop vouloir être comme eux, a trop être heureux d’être en 1/4 comme eux, d’être un « habitué », on avait oublié (ou jamais eu la notion) de gagner, d’être sale, plus tueur. Je ne parle même pas de filouter un artbitre ou les instances, je parle de l’approche mentale des matches : on est là pour leur rentrer dans le lard, pas pour faire genre qu’on est égaux, comme eux, des « grands ». Non. Il nous manquait de la méchanceté.

    Après, peut-être que l’absence de grand 9 pesait à ce niveau là (Wiltord, Carew, Fred, c’est bien pour la Ligue 1, si seulementon avait pu avoir Drogba avec Malouda, mais Drogba serait-il devenu Drogba ? Autre débat), indéniablement, mais dans ces échecs successifs, je vois aussi une mauvaise approche mentale.

    Concernant nos échecs des années 2010, ça relève en revanche plus du niveau de jeu que du mental. Sauf 2017 Ajax, où le match aller nous a plombé, quelle déception ce fut !

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    1. Objection. Dans les années 2000, l’OL entrait sur n’importe quelle pelouse d’Europe avec un mental d’égal à égal, capable de tenir le 1-1 qui va bien au Bernabéu ou de battre le Bayern au Stade Olympique. Le mental, il était bien là. Quant aux filouteries d’arbitre, en revanche… peut-être y aurait-il eu penalty sur Nilmar 🙂 C’est le plus gros regret que j’ai de cette période de l’OL, car il avait la carrure pour gagner la Champions à la régulière cette année-là.

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