Top 10 – San Lorenzo (2/2)

La suite de ce top 10 approuvé par Jorge Bergoglio et Viggo Mortensen, avec trois monstres sacrés du football argentin et mondial sur le podium !

5. Diego Garcia

Avant 1946 et les éloges internationaux reçus, San Lorenzo était déjà un club important qui brillait sur la scène nationale. Plusieurs figures azulgranas ont marqué les premières décennies du football argentin. Le passeur entre les succès de l’amateurisme des années 1920 et le professionnalisme des années 1930 est Diego Garcia. L’enfant du quartier et hincha du club, n’a connu que San Lorenzo1. Le petit Garcia s’éclate sur les potreros de son barrio, mais il a d’abord intégré les équipes de jeunes d’Huracán avant celles de San Lorenzo. C’est en 1925 qu’il débute avec le CASLA. San Lorenzo vient de conquérir deux titres consécutifs, en 1923 et 1924 au sein de la dissidente AAMF2. Puis, San Lorenzo termine deux fois d’affilée vice-champions, avant de remporter à nouveau le titre national, dans un championnat de nouveau réunifié en 1927. Diego Garcia est devenu un joueur clé durant la saison au côté des grandes figures « sanlorencistas » amateures : les défenseurs Pedro Omar et José Fossa, l’ailier gauche, star de l’époque, Alfredo Carricaberry, l’avant-centre Juan Maglio, et surtout Luis Monti, « doble ancho », élément majeur du football argentin, tactiquement fondamental sur le terrain mais réputé et craint pour sa brutalité. Durant cette saison, San Lorenzo a atteint la barre des 47 matchs invaincus à cheval avec la saison précédente (d’avril 1926 à décembre 1927). Autre particularité, San Lorenzo est sacré quelques semaines après la fin officielle, en début d’année 1928 ! En effet, à cause du Sudamericano 1927, remporté par l’Argentine, qui voit cinq de ses joueurs participer, San Lorenzo a ses matchs reportés qui seront joués après coup… pour finir finalement un point devant Boca Juniors qui de son côté avait terminé la saison et attendait le résultat final… San Lorenzo assoit sa suprématie rioplatense en remportant la prestigieuse Copa Río de la Plata ou Copa Aldao, un trophée international qui met aux prises le champion d’Uruguay au champion d’Argentine. San Lorenzo remporté l’édition 1927 qui se joue en… décembre 1928, avec une victoire contre Rampla Juniors (1-0 but de Maglio).

Garcia, intérieur gauche talentueux restera un titulaire de l’attaque durant 10 saisons et participe à installer activement le club aux premières places. Il inscrit 30 buts lors de la saison 1930, le meilleur total de sa carrière. C’est au début de ces années 1930 qu’un journaliste surnomme San Lorenzo « Ciclón », l’équipe emporte tout sur son passage, développe un jeu vertical, impétueux, direct, un style San Lorenzo émerge. Mais c’est aussi son association avec Arturo Arrieta, un ailier gauche très rapide et technique, qui fait des ravages et contribue fortement aux bons résultats. Le duo sévissant principalement sur le côté gauche et durant neuf saisons, est au cœur des succès des années 1930. Sur le terrain, ils se trouvent les yeux fermés et combinent aisément. Surtout que Garcia est aussi un très bon joueur de tête et ne manque pas de convertir les offrandes de son fidèle partenaire. Comme lui, Arrieta amoureux du cuervo passera toute sa carrière à San Lorenzo.

En 1933, dans un championnat hyper serré jusqu’à la fin où le suspens demeure jusqu’au bout entre plusieurs prétendants, c’est San Lorenzo qui est de nouveau sacré devant Boca Juniors pour un point, non sans polémiques3. Garcia se met en évidence avec 22 réalisations et inscrit le but victorieux contre Chacarita Juniors à la dernière journée qui permet de remporter le titre. Le duo qu’il forme avec Arrieta est intenable. L’attaque avait été renforcée par le recrutement de l’avant-centre brésilien Petronilho De Britos, d’un physique frêle, élancé, ce qui tranche avec les « surpuissants » et costauds goleadores argentins des années 1930. Mais c’est un artiste fragile et doté d’une finesse technique incomparable. Gabriel Magán et Genaro Canteli, quant à eux complètent le côté droit de l’attaque. En plus, San Lorenzo peut compter toujours sur la présence de son défenseur José Fossa, véritable leader de l’équipe, ou de l’international Alberto Chividini au milieu.

Contrairement à d’autres artistes de sa génération, Garcia est ignoré par la sélection, il n’a pas non plus atteint un niveau supérieur le permettant. Cela reste définitivement un joueur de quartier et exclusivement de Boedo. Il est tout de même sélectionné avec son éternel compère Arrieta pour le Sudamericano 1935, titulaire sur le front de l’attaque mais l’Albiceleste est impuissante face à l’Uruguay vainqueur final. Diego Garcia et San Lorenzo sont de nouveaux titrés en 1936, en remportant la Copa Honor (qui correspondait à la phase aller de la saison), mais échoue en finale de la Copa Oro, qui couronnait le champion. Une défaite 4-2 contre River Plate (vainqueur de la Copa Campeonato – premier de la phase retour devant San Lorenzo)4. San Lorenzo s’appuie encore une fois sur son duo, complété par Ricardo Alarcón en attaque, Sebastián Gualco une référence dans les buts, et une paire de défenseurs robustes et appréciés, Lorenzo Gili et Oscar Tarrío. Après 1936, Garcia commence à décliner, et laisse peu à peu sa place bien qu’il joue jusqu’en 1940. Il termine avec 314 matchs et 169 buts pour le club. Il restera au sein du cuervo, comme entraîneur adjoint de la fameuse équipe de 1946 mais aussi dans les équipes de jeunes et la formation.


1Le nom complet du club est Club Atlético San Lorenzo de Almagro qui fait référence au quartier d’Almagro qui incorporait une partie de l’actuel Boedo. Ce dernier n’existait pas encore officiellement comme « quartier » municipal et était partagé entre plusieurs autres, dont Parque Patricios, le quartier du rival Huracán.

2Asociación Amateurs de Football : scission de l’officielle AFA, portant essentiellement sur les conflits concernant l’amateurisme « marron ». De 1919 à 1926, le football argentin est divisé entre deux championnats. Parmi les « grands » : San Lorenzo, River Plate, Racing et Independiente rejoignent l’AAMF, seul Boca Juniors perdure au sein de l’AFA. Les titres de chaque association furent tous reconnus après la fusion des deux championnats en 1927, ce qui veut dire que pour ces années-là il y a officiellement deux champions.

3Le championnat est dominé pendant une grande partie par Gimnasia y Esgrima La Plata, propulsé par le buteur Arturo Naón – qui passera à San Lorenzo ensuite –, et entraîné par le Hongrois Emérico Hirschl, équipe qui impressionne et qu’on surnomme « El Expreso ». Finalement le club s’écroule sur la fin, notamment défait 7-1 par San Lorenzo. Sauf que ce score fleuve est dû en grande partie à ce que les joueurs du « Lobo » protestent et refusent de poursuivre le match après une double décision arbitrale en leur défaveur et jugée erronée. D’abord un penalty qui leur est refusé, ensuite le troisième but accordé à « San Lo » alors que le ballon n’aurait pas franchi la ligne selon eux. A 3-1, en signe de protestation, les joueurs s’arrêtent et s’assoient sur le terrain. San Lorenzo, en profite pour aggraver le score sans opposition avant que l’arbitre ne mette fin à la mascarade.

4Ce titre a longtemps fait débat, n’étant pas reconnu officiellement par l’AFA au départ, qui ne reconnaissait que le vainqueur final de la Copa Oro, River Plate. Ce n’est que des décennies plus tard, donc récemment en 2013, que San Lorenzo obtint sa reconnaissance comme un titre national à part entière. D’autant que le club argue qu’ils avaient eu le meilleur bilan cumulé des deux phases. Finalement, il y a trois titres de champions en 1933, San Lorenzo et deux fois River Plate.

4. Roberto Telch

Dans les années 1960, San Lorenzo se reconstruit. Le club lance ses jeunes et cette dynamique porte ses fruits durant plusieurs saisons entre 1968 et 1975 avec des titres, des podiums et des équipes restées dans les mémoires. Parmi les talents cuervos, un joueur incarne plus que quiconque San Lorenzo, il s’agit du milieu central Roberto Telch. Numéro 5 de devoir et de talent, Telch est décrit comme un joueur propre et élégant. Un ratisseur de ballons qui ensuite distribue le jeu. Figure du Ciclón, celui qu’on surnomme « la oveja » (le mouton en VF) pour sa touffe de cheveux, est un élément inamovible des succès des « Matadores ». Telch est vite catalogué comme un crack du football argentin, une belle promesse pour le futur du club. Après avoir fait ses classes dans les équipes de jeunes, il débute en 1962. Il joue très peu cette année-là avant d’être appelé plus régulièrement dans le onze en 1963, à un moment charnière pour le club puisque sont lancés plusieurs jeunes du club par l’entraîneur José Barreiro. Cette équipe insouciante, désinvolte et talentueuse est très vite surnommée les « carasucias » (mot populaire pour désigner les jeunes) : « Bambino » Héctor Veira, le Brésilien Narciso Doval, Fernando Areán ou Victorio Casa en forme le quatuor offensif. Parallèlement à ses débuts, Telch est très vite appelé en sélection argentine. Il se distingue à la Coupe des Nations au Brésil (avec une victoire éclatante 3-0 face au Brésil, Champion du Monde en titre, à l’Estadio Pacaembú), où il était chargé du marquage inidividuel de Pelé et fut l’un des grands artisans de la victoire. Pourtant, le jeune Telch, cheveux rasés (il était en train de faire son service militaire) débute ce match sur le banc des remplaçants. Ermindo Onega avait ouvert le score, Messiano fut mis K.O par Pelé. Face à son grand rival, à une époque où l’Albiceleste souffre sur le plan international et ses succès se font rares, cette victoire est un triomphe dans le désert qu’elle traverse.

Le travail à San Lorenzo se concrétise lors du Metropolitano 1968. San Lorenzo marque à tout jamais l’histoire du football argentin en devenant la première équipe championne invaincue lors d’un tournoi national. Le Ciclón renverse tout sur son passage en 24 journées : 16 victoires et huit nuls, avec l’attaque la plus prolifique (49 buts) et la défense la plus imperméable (13 encaissés). L’équipe gagne un nouveau surnom qui restera gravé dans le marbre : « Los Matadores ». Une équipe élégante, efficace, létale qui brilla dans le football argentin, à une période où le « beau jeu » se raréfie, des clubs comme Estudiantes La Plata, d’Osvaldo Zubeldia, « antithèse » de ce San Lorenzo-là, dominent avec un football autre, tout aussi efficace, mais plus réducteur en termes de jeu. Les « invincibles » sont entraînés par le technicien brésilien Tim. L’équipe se distingue avec son jeu déployé, plus ambitieux et spectaculaire : balle toujours au sol, changements permanents entre joueurs, un jeu vertical, pas de ballon en retrait, toujours en avant, tel est son plan. L’entraîneur brésilien privilégie la liberté de ses joueurs, la créativité et l’improvisation dans un cadre tactique qui est la recherche permanente de l’équilibre. Il bâtit une équipe avec des joueurs qui ont une plus grande liberté de mouvement et moins définies à des positions et rôles plus stricts, alors que ses contemporains mettent en avant la rigidité, le non dépassement de fonction, le déplacement calculé, l’annihilation de l’adversaire avant de penser à ce qu’on va faire avec la balle. De plus, Tim a amené aussi une touche brésilienne au toque argentin. Sur le papier, cela donne un 4-3-3 avec Carlos Buttice dans les buts ; des latéraux offensifs comme l’Uruguayen Sergio « El Sapo » Villar (recordman de matches joués sous le maillot de San Lorenzo) à droite et Antonio Rosl à gauche ; en défense centrale avec Oscar Calics, il y avait José Rafael Albrecht, autre très grande figure du club, défenseur argentin unanimement reconnu comme l’un des meilleurs de sa génération, qui aurait pu prétendre à ce top. Telch au milieu avec ses compères Alberto Rendo et Victorio Cocco. Devant, Pedro González plutôt ailier droit, Veglio un poil derrière et parfois en faux 9, et Rodolfo Fischer en avant-centre. Telch règne au milieu, il est la courroie du jeu et assure l’équilibre de l’équipe tant voulue par Tim.

Le CASLA se maintient à bon niveau, obtient plusieurs places d’honneur avant de nouveau marquer les esprits et l’histoire lors de la saison 1972. Le Brésilien Tim n’est plus, remplacé par Juan Carlos « Toto » Lorenzo une nouvelle fois de retour à San Lorenzo. Style très différent, à l’opposée, mais toujours aussi efficace sur le terrain. D’aucun parle d’« équipe européenne » pour ce San Lorenzo, imprégné d’ordre tactique, de préparation physique (avec le très controversé et polémique Jorge Castelli en préparateur physique). San Lorenzo adapte sa tactique en fonction de son adversaire. L’équipe-type avait pas mal changé depuis 1968 et Lorenzo met en place un 4-4-2 plus conforme à son projet. Agustín Irusta avait pris la place de titulaire dans les buts, Antonio Rosl était toujours à gauche, Ramón « Cacho » Heredia, arrière gauche de formation est recentré en défense centrale avec Ricardo Rezza, un solide stoppeur. Rubén « Hueso » Glaría, plus défensif, avait supplanté Villar à droite. Telch est resté inamovible au milieu de terrain avec le très défensif Roberto Espósito, Victorio Cocco et Enrique Chazarreta, qui avait émergé comme « trouvaille » tactique de Lorenzo. Devant, le duo Rubén Ayala et Héctor Scotta après le départ de Fischer. L’exploit de San Lorenzo est d’avoir gagné les deux titres sur la même saison : Metropolitano et Nacional, ce qu’aucun club argentin n’avait fait. San Lorenzo gagne le premier avec seulement trois défaites en 34 matchs et 13 buts contre. San Lorenzo est ultra-solide et terriblement réaliste, une équipe comme Toto Lorenzo voulait. Puis il enchaîne avec le second, terminant invaincu dans la phase de groupe (13 matchs, 10 victoires, 29 buts pour et 6 buts encaissés…) avant de se défaire de River Plate en finale (1-0). Telch est le moteur des « vueltas olímpicas » de 1972. Il est sélectionné pour la Coupe du Monde 1974 et fut l’une des rares satisfactions. De retour d’Allemagne, il enchaîne avec son club et ajoute un quatrième titre national en remportant le Nacional 1974 sous les ordres d’Osvaldo Zubeldia, qui appliqua les mêmes recettes que Lorenzo dans son style et travail.

De tout ses années de succès à San Lorenzo, entre 1968 et 1974, Telch est la figure de proue. Le thermomètre de l’équipe, le 5 complet et idéal, un milieu versatile à la fois récupérateur et créateur. Il brille autant par la qualité de son jeu de passes que pour récupérer les ballons. Doté de grandes capacités d’anticipation, il lisait parfaitement le jeu adverse pour couper les trajectoires et annuler les offensives adverses. Il se projetait vite devant pour armer la contre-attaque. Roberto Telch jouera 415 matchs sous le maillot azulgrana entre 1962 et 1975 avec quatre titres nationaux dans la poche. Il quitte San Lorenzo après n’avoir pas obtenu une revalorisation salariale à la hauteur et pour sa fidélité au club. Malgré tout, durant son après carrière, il occupa des fonctions au sein du club, et fut très impliqué dans la cause pour la « vuelta a Boedo », pour que San Lorenzo revienne sur l’Avenida La Plata dans son quartier de Boedo.

3. Rinaldo Martino

Il y a un trio offensif qui est resté dans les annales, c’est le légendaire terceto de oro qu’il formait avec Armando Farro et René Pontoni. Le premier à être venu à San Lorenzo, c’est Martino. Comme son ami et coéquipier Pontoni, Rinaldo vient de Rosario. « El Negro » joue au Belgrano de Rosario en Liga Rosarina quand il est repéré par des dirigeants du club. La ville est une pépinière de footballeurs et chaque grand club de la Capitale fédérale envoie des émissaires sur place pour observer les plus talentueux et les inviter à faire des essais. C’est durant une confrontation entre Belgrano et Newell’s Old Boys, que Rinaldo tape dans l’œil de San Lorenzo en 1940, alors qu’initialement les dirigeants étaient venus pour un autre joueur. Rinaldo, talent brut, impressionne et n’aura besoin que d’un essai au sein du club pour qu’il soit signé à 19 ans, moyennant 13 000 pesos. L’entraîneur hongrois Emérico Hirschl, technicien important de cette époque et qui aura une grande influence sur le football argentin, l’incorpore rapidement à l’équipe première alors qu’il était censé s’aguerrir avec l’équipe réserve. En attaque, il joue au côté d’Isidro Lángara, le buteur venu du Pays Basque.

Martino éclabousse le football argentin de son talent. Joueur habile et créatif, il évolue dans un registre de meneur de jeu, une double menace : capable de marquer beaucoup de buts et de délivrer les passes décisives. Une arme offensive redoutable, génie balle au pied et reconnu comme un magnifique dribbleur. L’un des tous meilleurs. « Mamucho » comme on le surnomme fait partie des magiciens de son temps, l’un des tous meilleurs footballeurs de sa génération. Il fait rapidement ses débuts en sélection en 1942 et côtoie son futur frère d’armes Pontoni qui lui enchaîne les buts avec les Ñuls. Mais c’est bien Martino qui finit meilleur buteur du championnat 1942 avec 25 buts, devant Pontoni. San Lorenzo conclut cette saison à la deuxième place.

Pour la saison 1945, San Lorenzo recrute Armando Farro de Banfield et René Pontoni de Newell’s Old Boys. Avant de fouler les pelouses argentines ensemble, le trio fait partie de la sélection argentine au Sudamericano 1945, mais seuls Pontoni et Martino sont alignés titulaires, Farro doit se contenter d’un rôle de remplaçant. Au Chili, l’Argentine est sacrée grâce à une victoire 1-0 contre la Celeste. Martino est l’auteur du but victorieux. Un but d’anthologie, renommé « el gol de América ». Lancé par Perucca au milieu du terrain, Martino zigzague sur le côté gauche et dribble quatre adversaires, avant de se retrouver quasiment sur la ligne de sortie de but aux six mètres après un dernier dribble un peu large. Alors que tous pensent qu’il va centrer pour son coéquipier Ferraro présent dans la surface, Mamucho dans un angle impossible exécute un ballon piqué qui lobe et passe au-dessus de la tête de Máspoli, le gardien uruguayen qui avait anticipé et médusé devant la trajectoire du ballon qui finit dans l’angle opposé du but. Martino devient un héros national.

1946 : c’est l’année de San Lorenzo et du « terceto de oro ». Martino est l’auteur de 18 buts lors du titre national (20 pour Pontoni et 18 pour Farro). Après avoir émerveillé l’Argentine, la magie de Martino et de San Lorenzo opère en Europe en fin d’année 1946. Certains qualifièrent cette tournée d’« école itinérante du football ». Cette équipe est restée à la postérité pour son jeu spectaculaire : positionnée haute sur le terrain, des offensives rapides et une projection vers l’avant en un temps éclair, leur jeu de passes courtes… Les joueurs ne couraient pas nécessairement, c’est le ballon qui circulait à une vitesse folle de pieds en pieds, de joueurs toujours en mouvement, se démarquant sans cesse, et qui interchangeaient leurs positions, brouillant les pistes, déroutant les défenses, surprenant sans cesse leurs adversaires. Martino conclut la tournée avec 17 buts dans les 10 rencontres. Malheureusement, l’apogée de San Lorenzo s’arrête brutalement avec la grève des joueurs. Il quitte le club en 1948, après 164 buts en 223 matchs, pour rejoindre l’Italie et la Juventus Turin. Il reviendra plus tard sur les rives du Rio de la Plata, en Uruguay à Nacional et Cerro, à Boca Juniors ; ainsi qu’au Brésil à Sao Paulo. Martino fût un immense joueur, une référence des années 1940 et du football international, à condition de s’en souvenir et de ne pas l’oublier.

2. René Pontoni

L’un des plus grands avant-centres du football tout simplement. Très méconnu en Europe, mais unanimement reconnu de l’autre côté de l’Atlantique. Il put toutefois montrer tout son talent aux Européens qui le virent déployer sa superbe lors de la tournée de San Lorenzo, l’apogée de sa carrière. René Pontoni arrive à Boedo en 1945, en provenance de Newell’s. Il est déjà considéré comme l’un des meilleurs avant-centres du pays et les cuervos ont déboursé 100 000 pesos (record de l’époque) pour s’attacher les services de celui qu’on surnommait injustement la « chancha » pour son physique quelque peu potelé. River Plate était également sur le coup, mais c’est San Lorenzo qui remporte la mise et trouve le remplaçant d’Isidro Lángara. Il faut que dire que la star Rinaldo Martino a négocié en personne avec René pour le faire venir. Ils se côtoient en sélection depuis leurs débuts communs en 1942, s’entendent déjà excellemment sur le terrain, comme lors du Sudamericano 1945 gagné au Chili, les deux attaquants seront parmi les cinq Argentins qui remportèrent les trois titres consécutifs1.

Après un temps d’adaptation, pour sa première saison Pontoni inscrit 16 buts et participe activement au jeu. Le point d’orgue est atteint dès la saison suivante. Pontoni c’est la pièce-manquante qui transforme définitivement San Lorenzo en cyclone avec l’autre talent de l’équipe, Rinaldo Martino. L’arrivée de Pontoni change la physionomie du jeu de San Lorenzo avec la naissance du «terceto de oro : Armando Farro joueur remuant mais plus à se « sacrifier » ; Martino talentueux dribbleur. Et donc l’élégant et subtile Pontoni : combinaison de magie et de virtuosité avec l’efficacité et la puissance. Unaninement la presse souligne un aspect fondamental de cette équipe qu’« ils n’ont pas de positions (sur le terrain) fixes » ; et qu’elle émerveille les suiveurs de leur jeu tout en rapidité d’exécutions et de passes courtes. À la fois meneur et buteur, Pontoni permute avec son ami Martino dans leurs fonctions, l’un buteur, l’autre meneur, et vice-versa. Pontoni, propre techniquement, occupe une position unique et se distingue des canonniers argentins de sa génération. Il se balade sur le front de l’attaque, se permet de décrocher et mener le jeu, et désorientent les défenseurs perdus dans ce mouvement permanent. Aujourd’hui, on dirait que Pontoni est un « faux 9 ». C’est surtout la faciliter du trident à créer des espaces, se démarquer et ouvrir des brèches pour amener San Lorenzo à marquer. L’impression que le trio jouait ensemble depuis des années, se trouvant facilement, anticipant chacun les passes de ses camarades et devinant les appels qu’ils allaient réaliser.

Le summum est atteint en 1946. San Lorenzo remporte le titre, 90 buts en 30 journées, une démonstration de football. Un jeu à la fois subtil et destructeur pour l’adversaire. La presse va de ses comparaisons avec « La Máquina » de River Plate encore fraîche dans les mémoires. Si de similitudes il y a, San Lorenzo est plus vertical, au contraire d’un River plus cérébral, lent, patient, et moins direct, qui cherchait à multiplier les passes pour mieux porter l’estocade finale… Au contraire d’un San Lorenzo, qui mettait beaucoup plus de rapidité dans la circulation de balle et dans ses transmissions. Plus de vitesse, plus de surprise chez les gauchos de Boedo, et plus tueur selon Pontoni lui-même.

La tournée commence par une éclatante victoire 6-1 conte contre l’Atlético Aviación, avant la seule défaite de la tournée contre le Real Madrid (4-1) le lendemain de Noël sur un terrain difficile par les conditions météo, ce qui limita l’expression du jeu argentin, et surtout le lendemain d’un réveillon excessif et fait d’abus d’après les protagnistes. D’ailleurs, Pontoni est sur le banc pour commencer ce match, n’entra qu’en seconde mi-temps, mis son but mais ne put empêcher la défaite. Il faut dire que René était aussi le plus fanfaron, le plus jovial de la troupe, un bon vivant et un peu flambeur. Il profite de la tournée pour quelques virées nocturnes, mais on lui accorde. On lui accorde ses permissions, car en échange sur le terrain il promet de marquer. Ce qui s’emploie à faire à chaque fois. Malgré l’enchaînement des matchs aux quatre coins de l’Espagne (Pays Basque, Galicie, Valence et Séville) et les conditions climatiques qui furent très mauvaises pour les terrains (énormément de pluies), San Lorenzo continue sa leçon de football aux Espagnols, remportant deux victoires marquantes contre la sélection locale. Une première 7-5 à Bilbao, et une seconde qui fut la plus impactante, 6-1 à Madrid. La presse espagnole est subjuguée après les démonstrations et ne peut que constater la leçon tactique et de jeu reçue. D’autant que la tournée est un succès populaire : on s’arrache les billets pour voir le spectacle de San Lorenzo. L’équipe argentine affronte également la sélection portugaise. Pontoni annonce la couleur avant le match dans la presse, que San Lorenzo plantera dix banderilles. La provocation devient prophétie avec un 10-4 pour les visiteurs. Avec 46 buts en 10 rencontres, Pontoni en met 12, la tournée de San Lorenzo a changé le paradigme du football espagnol.

En 1947, après un début de saison tronquée par la tournée (la Fédé argentine n’a pas attendu le retour des héros pour commencer la saison), Pontoni maintient son niveau de jeu. Il inscrit 23 buts en 27 matchs. Il est un élément incontournable de la sélection (19 buts en 19 parties) et une référence du football argentin. Si River Plate et a eu Moreno et Pedernera, San Lorenzo a eu respectivement Martino et Pontoni : les quatre fantastiques de la décennie argentine ? Peut-être… Après trois saisons spectaculaires, 1948 met fin aux illusions. Et Pontoni se blesse gravement. Contre Boca Juniors, c’est un contact avec le défenseur De Zorzi qui le laisse sur le flanc pour une saison entière. Cette blessure le condamna au plus haut niveau, il ne sera plus le même et ne retrouva plus son niveau et sa magie d’antan. Avec la grève des joueurs argentins, il part en Colombie faire les beaux jours de l’Independiente Santa Fe. Puis un passage à Sao Paulo à Portuguesa, avant de tenter un come-back à San Lorenzo en 1954, mais lucide sur son niveau et sa condition physique, il met fin à sa carrière après seulement une poignée de matchs et 69 buts en 108 rencontres avec le cuervo.

Déjà en déclin, il se fait davantage remarquer en enseignant et formant un tout jeune avant-centre, José Sanfilippo, le futur meilleur buteur du club qui dira à son sujet : « Si Pontoni avait été mon coéquipier tout au long de ma carrière, il m’aurait aidé facilement à tripler mes statistiques personnelles en nombre de buts. » Pontoni dont on dit qu’il était aussi le joueur préféré de Guillermo Stábile, l’entraîneur de l’Argentine triple championne continentale qui aurait déclaré qu’il était le meilleur joueur qu’il avait vu. L’influent et autoritaire El Gráfico le nomma meilleur 9 de tous les temps du football argentin en 1975 en élisant sa dream team argentine, et en fit de nouveau l’éloge à sa mort en 1983.


15 joueurs ont remportés les trois titres consécutifs 1945, 1946 et 1947. Outre Martino et Pontoni, Mario Boyé, Norberto Méndez et Natalio Pescia.

1. José Sanfilippo

La légende ultime de San Lorenzo ! Joueur adulé par les uns, détesté par les autres. José est un personnage controversé. « El Nene » a enchaîné les buts en Argentine durant plusieurs saisons, devant la référence chez les avant-centre. S’il est resté longtemps fidèle à San Lorenzo, il n’en reste un sacré personnage, colérique, arrogant, conflictuel et une énorme grande gueule.

Tout débute par un conte de fées. Le jeune José est repéré dans les tournois « evitas »1, puis rejoint San Lorenzo, lui qui a grandi non loin de Boedo, pour la plus grande joie de son père, hincha invétéré du club. A cette époque, le football argentin est entré dans la pénombre, il se remet difficilement de la grève de ses joueurs et de l’exode massif de ses talents. En plus, le pouvoir péroniste paranoïaque et autarcique, « force » la disparition de l’Albiceleste de la scène internationale. C’est René Pontoni entraîneur du club à cette époque qui lui donne la chance en 1953. Très vite remarqué par son sens du but, il s’impose définitivement à la pointe de l’attaque lors de la saison 1955 qu’il conclut avec 15 buts et meilleur buteur du club. Un statut qu’il endossera huit saisons de suite.

Sanfilippo se fait une réputation à base de statistiques personnelles impressionnantes. Une machine à buts. Parmi ces faits notables, quatre fois de suite meilleur buteur du championnat argentin (1958-1961). Sur ces quatre saisons, il compile 119 buts en 112 matchs2. L’attaquant combine tout : vitesse, technique, précision, frappe de balle, jeu de tête, puissance, sens de l’anticipation, du placement et du but. Un footballeur complet, un bagarreur et un perfectionniste dans ses gestes sur le terrain, un acharné de travail hors des pelouses pour entretenir sans cesse ses gammes. Sur le plan collectif, il relance San Lorenzo. Dans son sillage, l’équipe remonte la pente et se hisse sur le podium deuxième en 1957 et troisième en 1958. En 1959, San Lorenzo remet la main sur un titre de championnat3. Évidemment, Sanfilippo en est le grand artisan, le buteur. Mais il doit aussi beaucoup à ses coéquipiers et sa ligne d’attaque auteure de 74 des 75 buts de San Lorenzo ! Les quatre de devants plus Ruíz qui jouait dans une position plus reculée, sont renommés « los cincos pistoleros » et refont de San Lorenzo le Ciclón. L’équipe est entraînée par José Barreiro qui privilégie un système de jeu hyper offensif.

Le titre en poche, San Lorenzo est qualifié pour la première édition de la nouvelle compétition, la Copa Libertadores. Le parcours s’arrête en demi-finale face au futur vainqueur Peñarol, et entraîne un premier conflit envers son Président qu’il accuse d’avoir vendu le match. Les relations deviendront de plus en plus conflictuelles. Car Sanfilippo est un sanguin, un caractériel et une grande gueule, parfois violent. Les conflits et bagarres avec ses coéquipiers, dirigeants et entraîneurs marqueront tout du long sa carrière. Les journalistes ne l’épargnent pas non plus, d’autant que le « roi de la surface » est arrogant et répond à leurs provocations. Les critiques qui lui sont adressées, lui reprochent son égoïsme sur le terrain, son comportement, son attentisme et son opportunisme — « il attend dans la surface avec sa canne à pêche », dira de lui un journaliste. Sanfilippo c’est un profil qui tranche avec les « anciens » et marque un changement de registre à son poste, une évolution que le conservatisme d’une presse qui se croit encore au temps des décennies précédentes et se regarde le nombril alors que le football argentin est en mutation. Mais Sanfilippo encaisse, et répond sur le terrain. La vérité est toujours sur le terrain et se compte en buts selon José Sanfilippo.

En 1962, un but va devenir légende et incarne plus que tout autre « El Nene ». Le « taquito » contre Boca Juniors. Dans les couloirs avant le début du match, Sanfilippo annonce la couleur à Antonio Roma le gardien adverse, qu’il va lui mettre un but d’entrée de jeu. Le gardien, plus imposant physiquement, lui répond qu’il va l’écraser. Sanfilippo organise à la va-vite un conciliabule avec des coéquipiers. Au coup d’envoi donné par San Lorenzo, Rossi met la balle en jeu à Capdevila qui d’entrée balance une ouverture à l’entrée de la surface. Pendant ce temps-là, Sanfilippo sprintait verticalement vers le but. La balle venant de derrière lui, il la reprend du talon dans un geste technique improbable et lobe Roma sortit de ses cages à son encontre. 10 secondes de jeu et le golazo annoncé, Sanfilippo avait prévenu. Un but mémorable, qui sera conté par l’écrivain – et fan de San Lorenzo – Osvaldo Soriano dans El fútbol a sol y sombra d’Eduardo Galeano : Sanfilippo lui refait le but au milieu de l’hypermarché qui a pris place en lieu du « Gasométro », entre les rayons, les marchandises et les clients, « El Nene » mime, gesticule, crie, raconte sa légende.

Mais ça n’attisera pas les tensions avec les dirigeants. Critiquant de plus en plus la direction et ayant de grosses divergences contractuelles sur fond de prime non accordé et de revalorisation salariale, Sanfilippo quitte le club. Vexé également d’avoir été mis sur le banc en fin de championnat… qui selon lui le prive d’un cinquième titre d’affilée de meilleur buteur du championnat, au motif qu’une prime devait lui être versée en cas de réalisation. Sanfilippo excédé et blessé dans son amour propre quitte San Lorenzo. Le club le vend à Boca Juniors. Alberto Armando, Président emblématique de Boca, sautant sur l’occasion et débourse 25 millions de pesos pour s’attacher les services du meilleur buteur argentin. Les supporteurs en veulent à José pour ce choix. Comment peut-il rejoindre l’ennemi Boca Juniors ? L’animosité est forte entre les deux clubs. Sur la saison 1963 avec les Xeneizes, Sanfilippo contribue grandement à ce que le club atteigne la finale de Libertadores contre Santos. Malgré 3 pions de Sanfilippo sur la double confrontation, et une victoire symbolique sur Pelé (un seul but pour O Rei) qui sera sans cesse rabâché par El Nene, un titre de meilleur buteur de la compétition en lot de consolation. Mais Sanfilippo commet un nouveau coup de sang, il frappe Deambrossi l’entraîneur adjoint de Pedernera, puis part pour le Nacional de Montevideo, le Brésil (Bangu et Bahia), entre un court retour au pays à Banfield.

En 1972 en fin de carrière, il revient à San Lorenzo, les supporteurs l’ont pardonné. Il en profite pour glaner les deux titres annuels, et y apporte toute son expérience et son sens du but intact. Il est encore à l’heure actuelle le meilleur buteur de l’histoire du club (207 buts en 262 matchs). S’il est reconnu comme l’un des meilleurs de l’histoire du football argentin à son poste, pour ses buts, son talent… en dehors des frontières argentines, finalement il l’est peu. Avec la sélection c’est une histoire contrastée. Il prend part à deux Coupes du Monde, 1958 (aucune rencontre et en conflit avec le sélectionneur Stábile) et 1962 (2 fois titulaires et 1 but contre les Anglais), sans éclats personnels et qui se soldent par des échecs traumatisants pour l’Argentine. Il est plus chanceux lors des Sudamericano, remporte celui de 1957 (dans un rôle de joker à ses 21 ans), et est meilleur buteur (six buts en quatre matchs) de l’édition 1959 en Équateur. Au total, 21 buts en 29 rencontres. Pour Sanfilippo, les fiascos internationaux sont dus aux entraîneurs. Et préfère mettre en avant des victoires prestigieuses dans les matchs amicaux, notamment en 1960 : un 2-0 contre l’Espagne, un doublé et en face Di Stéfano muet. Le match d’après il met un triplé dans une victoire 4-0 contre l’Uruguay. Sanfilippo préfère mettre en avant ses duels d’avant-centres, plutôt que les performances collectives. Comprendre : quand José est sur le terrain, il marque et pas les autres stars buteurs, mais l’Argentine n’allait pas mieux, sauf selon lui. Il a eu l’occasion d’aller en Europe, mais n’a jamais voulu. « Pour quoi faire ? » demandera-t-il. L’intéressé explique qu’il se serait « ennuyé » à mettre tout autant de buts, voir plus, en Europe, car quand il les jouait c’était le cas et trop facile pour lui… Quitte à exagérer un peu, Sanfilippo assure son auto-promo et raconte sa légende lui-même ! Sauf qu’il en devient caricatural et raconte n’importe quoi, la vieillesse est souvent un naufrage. « Le phénomène » comme il aime se décrire à la troisième personne, n’était, selon lui, « pas meilleur que Pelé ou Maradona, mais pas moins bon non plus. » Les générations récentes ont sûrement vu le « vieux » Nene, arrogant et aigri à la télévision : dissertant sur ce que doit être le football et le jeu, critiquant tout ce qu’il lui passe devant les yeux, entretenant les polémiques. L’agitateur a compris le show TV : ses excès verbaux et clash assuraient l’audience avec notamment dans le viseur Maradona, Goycochea, Ruggeri, Bilardo… En prime, sa punchline la plus connue dont il est le plus fier, à propos du but mythique de Maradona en 1986 , après avoir dribblé toute la défense anglaise: « c’est un but contre son camp du défenseur anglais. »

Au final, vaut mieux retenir la vérité du terrain et sa carrière de joueur : Sanfilippo était un joueur complet et fantastique pour tous ceux qui l’ont vu et qui ont mieux racontés fidèlement ses exploits plutôt que ses « délires ». Et il est bien l’un des plus grands buteurs argentins de l’histoire et de son époque, une idole de San Lorenzo.

1En référence à Eva Perón. Le régime péroniste a mis en place ses tournois de jeunes où de multiples talents furent découverts, dont Diego Maradona avec les « cebollitas ».

21958 : 28 buts en 28 matchs ; 1959 : 31 buts en 30 matchs ; 1960 : 34 buts en 30 matchs ; et 1961 : 26 buts en 24 matchs.

3L’équipe-type en 3-2-1-4 : José Carrillo – Raúl Martina, Humberto Cancino, David Iñigo – Guillermo Reynoso, Norberto Schiro – Miguel Ángel Ruiz – Héctor Facundo, Omar Higinio García, José Sanfilippo, Norberto Boggio.

39 réflexions sur « Top 10 – San Lorenzo (2/2) »

  1. Qu’est-ce que c’est bien écrit !
    J’aime les années 40 et 50.
    Il y avait déjà des bouchers à cette époque, ou c’est venu après ?
    Pontoni, il ne jouait pas un peu comme Di Stéfano ?
    En équipe nationale, il trouvait sa place au milieu des Moreno, Pedernera et consorts ?
    René Pontoni, son nom me fait penser à Roger Piantoni !

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  2. Gracias, que de noms connus et inconnus, c’est une mine !
    Doval le Brésilien pour son passage à Fla et Flu mais il était bien Argentin !
    Une remarque sur la Coupe des nations 64 : quand Messiano doit être remplacé après avoir été esquinté par Pelé, Rattín prétend s’être collé au marquage d’O Rei et avoir confié son rôle de cinco à Telch.

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  3. Martino n’évolue qu’une saison à la Juve où il est champion en 1950, l’année suivant la disparition du Grande Torino. Il y laisse manifestement un grand souvenir aux côtés de Hansen, Praest ou Boniperti. Mais sa femme est restée en Argentine ce qui l’incite à revenir à Montevideo d’abord et Baires ensuite.

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  4. Je ne pense tellement pas naturellement à la préhistoire que j’avais zappé Martino et Pontoni, qui sont pourtant les 2 noms qui viennent à l’esprit quand on parle de San Lorenzo.
    Sanfilippo en n°1, ça se tient 😛

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    1. Ton club de l’Atletico s’est servi avec succès à San Lorenzo. Ramón Heredia et le Raton Ayala arrivent le même année 1973. Le temps de participer à la marche vers la finale de c1 1974.

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      1. Bien sûr, tous les deux mythiques. Et actuellement il y a Ángel Correa formé à San Lorenzo.

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    1. Je n’ai pas écrit le concernant mais le personnage est suffisamment ambivalent pour qu’il mérite un article un jour. Il est l’exécuteur des basses œuvres, une brute sans foi ni loi et pourtant on en fait le symbole de la peur argentine lors de la finale de la CM 1930 à Montevideo. Il représente le mâle dominant et en même temps, il est supposé avoir eu une attirance pour Borel à la Juve. Bref, il présente bien plus de facettes que ce qu’on peut imaginer a priori.

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  5. Pontoni, 4ème avec Newell’s, 2ème avec San Lorenzo… Il te faut faire le top de l’Independiente Santa Fe pour qu’il gravisse enfin la première marche! Me ce sera difficile de passer devant Alfonso Cañon…

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    1. Salut Khidia

      Comme je vois que tu es en ligne juste un coup de gueule qui n’a rien à voir avec l’article mais avec le manque de « culture foot historique » des journalistes actuels.
      Hier je regardais Nottingham contre Arsenal et à un moment la réalisation Anglaise a fait un gros plan de 10 secondes sur un mec en tribune…
      Les 2 qui commentaient (un homme et une femme) ont été incapables de reconnaitre Viv Anderson …double champion d’Europe, ex de Nottingham et Arsenal(entre autres) également premier joueur noir en équipe d’Angleterre.
      Au lieu de nous saouler avec les coupes de cheveux et autres débilités…

      Voilà c’était mon coup de gueule…

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      1. Haha. Tu sais, je pense que beaucoup de jeunes anglais ignorent qui est Viv Anderson. Et pour revenir à son statut de premier joueur noir à porter le maillot anglais, faut peut-être nuancer.
        Pau Reaney, l’arrière droit du grand Leeds, donc un petit peu avant Viv Anderson, est le premier metis, noir-blanc, de la sélection anglaise.
        https://www.google.com/imgres?imgurl=https%3A%2F%2Freactions-api.s3.eu-west-3.amazonaws.com%2Fimages%2Fkhiadiatoulin-maginot-5%2F6ea8d3c5c96f319b61c585a93774dceedd911c05-image.png&tbnid=uHsUvHt_GsnNcM&vet=1&imgrefurl=https%3A%2F%2Fwww.sofoot.com%2Farticles%2Ftop-1000-les-meilleurs-joueurs-du-championnat-de-france-770-761-en-partenariat-avec-amazon-prime-video&docid=HD_WI5-ThYfQCM&w=732&h=1024&source=sh%2Fx%2Fim%2Fm4%2F2&kgs=f3e417f6426c05f9#vhid=uHsUvHt_GsnNcM&vssid=llr
        Sauf que je suis presque certain d’avoir lu qu’il se considérait plus blanc que noir!
        Donc c’est peut-être pour ça que Viv Anderson est passé pour le premier joueur noir de la sélection anglaise…

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    1. Super joueur : très fort sur l’homme (Best en parla comme de l’adversaire le plus dur à bouger), très rapide, très offensif..et même des plus corrects sur le plan humain, aux antipodes de l’image d’Epinal (certes à certains égards justifiée) du joueur de Leeds truqueur-vicelard-brutal. Que du bonheur.

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      1. Première moitié 70’s, n’avaient été l’un ou l’autre pépins physiques, + l’abondance déjà de joueurs estampillés Leeds United : c’était lui, le titulaire incontestable au back droit avec les Lions.

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  6. Ah, ok : c’était donc San Filippo! Et bel et bien le club de San Lorenzo.. ==> Faire confiance à son cerveau reptilien!

    Pas l’impression que Galleano fût aussi disert concernant ce but, dans mes souvenirs il ne focalisait guère que sur sa reproduction, sa « air-reproduction » même, mais..?? Je crois en tout cas n’avoir jamais lu la moindre description de ce but avant ton article, merci!

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      1. J’ai pas été super clair en me relisant. En fait (mais je vais vérifier, l’ai retrouvé), je ne me rappelle pas que le but soit expliqué dans ses détails, mais qu’il était plutôt expliqué comment San Filippo s’employa à le reproduire.

        Bon, le plus simple, évidemment : je me replonge dans cette lecture après avoir mangé mes rougets.

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  7. Un grand oublié comme je disais hier, c’est José Rafael Albrecht.
    Le « tucumano » arrive au club au début des années 1960. Il y passera quasi la décennie, figure majeure du titre 1968. C’est surtout l’un des meilleurs de sa génération et de la décennie 1960 à son poste (numéro 6 comme on disait, 2e DC) et au delà du football argentin. Un défenseur des plus offensifs, dans ses relances, tellement il était à l’aise techniquement et pouvait initier les phases de jeu. quasiment la centaine de buts. remarquable tireurs de pénos. mais il n’en restait pas moins un formidable défenseur central, parfait au marquage individuel, physiquement au top, il savait se faire respecter, dans l’anticipation aussi très boin.. Qualités de leader reconnu par tous, une légende du club. qui aurait mérité amplement d’être dans les 10 !

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    1. Parmi les défenseurs « historiques » de San Lo, on trouve Oscar Tarrío, vainqueur du Sudamericano en 1929 et en 1937 en tant que taulier des bases arrières ce qui représente une longévité assez peu commune pour l’époque. Pas facile de trouver de la littérature le concernant même si on sait qu’il a dû évoluer au Red Star en même temps que Stábile et il est supposé avoir promu le WM chez les Cuervos en tant qu’éphémère coach. Étonnant qu’il n’ait pas sa page Wiki en espagnol. Tu en sais plus le concernant ?

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      1. Oui j’ai lu aussi cette histoire autour du Red Star et de la WM. Son nom est cité à plusieurs reprises en effet à cette période, mais j’en sais pas plus, pas était fouillé non plus.

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  8. Sur la photo de garde, forcément le terceto de oro: Farro-Pontoni-Martino.

    Un petit mot sur Farro, plus discret, moins connu et moins spectaculaire sur le terrain . Il a joué beaucoup plus de saisons à San Lorenzo puisqu’il y est resté jusqu’au début des années 1950. Il est arrivé de Banfield, avec une bonne réputation d’attaquant et un statut d’international argentin (vainqueur du Sudamericano 45). Un peu plus reculé offensivement (« insider » droit), moins en vue donc, et dans l’ombre de ses deux compères, il faut le dire aussi meilleurs. N’en reste pas moins qu’il fait partie de ce trio devenue légendaire.

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  9. Gros boulot, instructif.. Un grand merci & bravo!

    Une suggestion..ou une sollicitation bien plutôt 😉 : une petite (ou grande, pourquoi pas?) Histoire du football argentin? Articuler ces noms et d’autres?

    L’Histoire de leurs clubs est imbitable pour un gringo dans mon genre..et ce sera donc bienvenu, comme le reste.. ==> Quand tu veux/peux!

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    1. Ouh là, ça me semble trop ambitieux pour ma personne ! Modestement je me vois pas faire ça. Plutôt la distiller par ci, par là… comme on le fait ici avec Verano, Khia, d’autres.
      Sinon tu lis le bouquin de J. Wilson, il a eu l’ambition de le faire ! hehe (qu’est ce que ça en donne par contre, j’en sais toujours rien)

      Puis, le football argentin est loin d’être unitaire comme un bloc monolithique, comme je le disais une agglomération de chapelles et des allers-retours avec ses voisins, avec l’autre côté de l’Atlantique. Le prendre par l’histoire des clubs me paraît un angle plus judicieux, du moins sans s’y perdre.

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  10. Et bien… je ne connais aucun joueur (argh)

    Une question que j’aurai voulu poser à M. Arrighi: en fouillant le Wikipedia espagnol de joueurs uruguayens tels Schiaffino ou Maspoli, on trouve souvent des compétions telles le « Torneo Competencia », « Torneo de Honor » etc.
    Quelle place attribuer à ces tournois ?

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      1. Moi non plus, je fais semblant ! ^^

        Mais j’ai quand même vu San Lorenzo une fois dans ma vie. T j’avais raconté une fois je crois, mais j’avais côtoyé des gars de la « gloriosa butteler » à La Paz. 2014 demi finale retour de Libertadores. J’avais fait tous les matchs domicile de Bolívar, même si ce match retour était sans intérêt, défait 5-0 en Argentine. Mais bon j’avais croisé quelques gars et discuté avec eux dans un bar après-match. Mais quand j’étais sur place (en argentine), jamais été voir de match, mais rencontré d’autres fans de San Lorenzo, c’est eux et elles qui m’ont vraiment raconté leur passion pour le club, et surtout la « vuelta a Boedo » , ça transcende tout les supps de San Lo.

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