Regionalliga Nordost 2023-2024 : le bilan

La Regionalliga Nordost, le groupe de D4 allemande qui couvre au mètre carré près le territoire de l’ex-RDA, a rendu son verdict 2023-2024 le 19 mai. Comme souvent, cette ligue très serrée et riche en rebondissements nous a gratifiés d’une belle dernière ligne droite. P2F avait promis un bilan dans son article de mi-saison : faisons-le vite avant que les regards et les esprits se tournent vers l’Euro.

Petit guide pratique

La Regionalliga Nordost compte 18 clubs et est ouverte aux amateurs comme aux pros, réserves des D3 exceptées. Cette saison, le champion est directement promu en 3. Liga. Ce n’est pas toujours le cas en raison d’un système de rotation (deux champions s’affrontent en barrage) rendu nécessaire par la présence de cinq Regionalligen pour quatre montées et descentes.

Le nombre de relégations en Oberliga Nordost, la D5, peut varier d’un à quatre en fonction de la répartition géographique des relégués de 3. Liga. À l’été 2024, ils sont deux dans la charrette : le dernier, qui serait descendu quoi qu’il arrive, et l’avant-dernier car le Hallescher FC descend de 3. Liga et rejoint la Regionalliga Nordost comme l’exige la géographie.

Dans cette ligue très compétitive où tout le monde peut battre tout le monde dans un bon jour, rares sont les équipes qui finissent avec moins de cinq défaites en 34 matchs. Il y en a une cette année : le Greifswalder FC, qui n’a perdu que quatre fois et dont nous discuterons plus bas.

Le « carnet de notes » n’a que peu changé depuis notre bilan à mi-parcours. Il y a tout de même quelques évolutions au moment d’examiner qui a fait mieux ou non par rapport à notre présentation du début de saison.

Ils ont fait mieux que prévu

Pressenti en haut du tableau l’été dernier, le Greifswalder FC a longtemps fait la course en tête et a joué la montée jusqu’à la dernière journée. Il est resté invaincu pendant 19 matchs mais a connu un coup de fatigue en avril et n’a pas su remonter sur l’unique fauteuil pour la 3. Liga. Le Viktoria Berlin, troisième, était donné pour sombrer dans le ventre mou après une mauvaise saison 2022-2023 mais a confondu ses critiques. Cinquième, le SV Babelsberg a lui aussi réalisé une meilleure saison que prévu compte tenu de son budget limité.

En milieu de tableau, le ZFC Meuselwitz, l’un des « petits » qui lutte en général pour le maintien jusqu’au bout, a passé toute la saison aux alentours d’une onzième place finale qui dépasse les espérances. La vraie bonne surprise est le FC Eilenburg, pur club amateur nouvellement promu, à qui l’on ne donnait pas cher en début de saison. Il s’est mis à l’abri dès le mois de mars et termine 16e avec huit points d’avance sur le premier relégué. À signaler aussi la belle performance d’ensemble des équipes de Berlin, dont quatre sur cinq signent un joli 3-4-5-6 au classement.

Ils sont là où on les attendait

Champion l’an passé mais battu en barrages par le vainqueur de la Regionalliga Bayern, l’Energie Cottbus a tenu son rang et retrouve la 3. Liga après cinq ans d’absence. Il a su rester dans la roue du « lièvre » Greifswald et coiffer celui-ci d’un sprint final imparable, le battant (2-1) à la 29e journée avant d’aller gagner en patron sur le terrain du Dynamo Berlin (2-0) à la 32e. Ledit BFC Dynamo a fait honneur à son statut de prétendant légitime, ne quittant mathématiquement la course qu’au moment de cette défaite pour finir quatrième.

Un peu plus bas, le VSG Altglienicke est brièvement venu lutter pour la montée après la trêve mais a vite décroché pour finir sixième, confirmant sa lente rentrée dans le rang après sa quatrième place en 2022 et sa cinquième en 2023. Bien calé dans le ventre mou, le Chemie Leipzig (huitième) termine là où son budget modeste le prédisait mais « remporte » tout de même sa saison en finissant devant le Lok, son ennemi intime depuis 60 ans.

Après de très mauvais matchs aller, le Chemnitzer FC a redressé la barre et finit neuvième, avec des finances enfin assainies qui laissent présager des jours meilleurs. Le FSV Luckenwalde, condamné à regarder constamment vers le bas par la faiblesse de son budget, a moins tremblé que d’habitude et ne finit quinzième que parce qu’il a levé le pied en fin de saison.

Le Hansa Rostock II, donné l’été dernier comme candidat probable à la relégation, n’a pas « failli » dans sa mission et descend sur le terrain. Il aurait de toute façon été rétrogradé en D5 à cause de la descente en 3. Liga de l’équipe première : tout comme en France, deux équipes d’un même club doivent être à deux divisions d’écart ou plus. Le Berliner AK 07, promis à l’enfer après la démission de tous ses dirigeants et le départ de 20 joueurs à l’intersaison, a cru un court moment échapper à son destin puis s’est écroulé comme on le craignait, officiellement relégué à la 32e journée.

Le classement final de la Regionalliga Nordost 2023-2024. (kicker.de)

Ils ont raté leur saison

Vice-champion la saison passée, candidat déclaré à la 3. Liga, le Carl Zeiss Iéna a sabordé sa saison avec un départ catastrophique. Relégable jusqu’à la 9e journée, il a alors trouvé la bonne formule et a pris le rythme du top 4, trop tard pour faire mieux que la septième place. Entre ces bonnes bases et l’inauguration cet été du nouvel Ernst-Abbe-Sportfeld, (bien) reconstruit de A à Z et qui devrait donner un coup de fouet aux affluences, on peut cependant espérer un bon parcours la saison prochaine.

L’autre grosse déception est le Lok Leipzig. Quatrième en 2022-2023, le club à l’histoire la plus mouvementée de l’ex-RDA était l’outsider numéro 1 pour la montée. Au lieu de cela, il a passé les matchs aller à flirter avec la relégation avant un changement d’entraîneur qui a eu l’effet espéré. Dixième en fin de compte, le finaliste de la C2 1986-1987 a du travail à faire pour redevenir un candidat crédible à la 3. Liga.

On ne savait pas trop à quoi s’attendre avec le FSV Zwickau, descendu de 3. Liga sur fond d’alerte rouge côté finances. L’équipe, compétitive sur le papier, a complètement raté sa phase aller (relégable à la trêve) puis a trouvé le déclic pour finir douzième. La direction a réussi à éviter le dépôt de bilan et l’avenir semble assuré, mais la prudence reste de mise.

Le Rot-Weiß Erfurt, longtemps en course pour le titre en 2022-2023, était pressenti pour le haut du tableau bien qu’on l’ait su en fin de cycle. La chute a en fait été brutale, avec une treizième place qui va provoquer beaucoup de questions cet été en Thuringe. On n’attendait pas de miracles du Hertha Berlin II, c’est-à-dire des U23 du club comme d’usage en Allemagne pour les équipes réserves, mais sa quatorzième place finale est franchement décevante compte tenu des moyens du club.

Cap sur 2024-2025

En l’absence de barrages cette année, la saison est finie et les regards se tournent déjà vers 2024-2025. Le Hallescher FC descend de 3. Liga après 11 ans à ce niveau, excusez du peu, et visera la remontée immédiate. On peut prévoir que Greifswald, le Viktoria Berlin, le BFC Dynamo, et peut-être le Carl Zeiss Iéna auront leur mot à dire là-dessus. On ne connaît pas encore les noms des deux promus car la saison d’Oberliga Nordost ne se termine que le 30 mai. Hertha Zehlendorf ou SV Lichtenberg 47 (des Berlinois quoi qu’il arrive) dans le groupe Nord, VFC Plauen ou Bischofswerdaer FV 08 (des noms qui fleurent bon la D2 de l’ex-RDA) dans le groupe Sud, les heureux élus n’auront de toute manière que le maintien comme seul objectif.

Les affaires reprendront le 26 juillet pour se terminer le 19 mai 2025. Avant cela, il y aura eu deux mois d’un mercato peu médiatisé mais aussi intense que celui des étages supérieurs. En parallèle, les nombreux et fidèles supporters de tous ces clubs, petits par le budget mais souvent grands par les traditions (sept champions de RDA et deux finalistes de C2 dans le lot, quand même…) auront chaudement encouragé leur équipe nationale à l’Euro 2024, puis auront laissé leurs cordes vocales se refaire une santé avant une nouvelle saison qui s’annonce aussi serrée, passionnante, et riche en nostalgie que ses devancières !

Le nouvel Ernst-Abbe-Sportfeld d’Iéna presque terminé, le 27 avril 2024, juste avant la pose de la façade-membrane dont la structure porteuse est visible derrière les tribunes.
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14 réflexions sur « Regionalliga Nordost 2023-2024 : le bilan »

    1. Il fut un temps, au siècle dernier, où je parlais mieux l’allemand que l’anglais. Après bientôt 27 ans aux USA, il n’en va plus de même, mais je lis le Kicker tous les jours sans discontinuer depuis qu’Internet existe 🙂

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  1. Les équipes II des grands clubs peuvent-elles accéder à la seconde division? Comme c’est possible en Espagne ? D’ailleurs en 84, la Castilla avait été championne devant l’Athletic B.

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    1. C’est comme en France, il faut garder deux divisions d’écart ou plus. Par exemple, il y a deux équipes réserves de BL (Dortmund et Fribourg), trois l’an prochain (Stuttgart) en 3. Liga. Si l’un des trois descend en 2. BL, la réserve (en fait l’équipe U23, c’est la règle) est rétrogradée administrativement en Regionalliga.

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  2. De si grands noms de l’histoire du football. Mais il y en a un en particulier qui rappelle de bons souvenirs. C’est Carl Zeiss Iéna.

    Nous sommes le dernier jour de Février 1978. Iéna vient rendre visite à Bastia pour le quart-de-finale aller de la C3 1977-1978. Bastia a gagné ses 6 premiers matchs contre le Sporting Lisbonne (pour lui montrer qui est le vrai Sporting), Newcastle (qui ira construire un nouveau chateau) et Torino (pour lui montrer que le Grande, c’est Bastia). Contre Iéna, celui qui sera le grand copain de Platini marque pour Bastia dès la 3e minute, suivi d’un but de Claude (normal quand on est un empereur corse et que c’est Iéna en face). Le roi de la roulette y va de son but mais les allemands réduisent le score 3-1 par Raab. Arrive alors la 68e minute. Le grand espoir local, De Zerbi, remplace un buteur, Mariot. Mais c’et surtout la rentrée de Fanfan Félix, qui avait perdu sa place de titulaire aux dépends de Krimau.

    Fanfan, remplaçant ? Lui qui a marqué le seul but de Bastia lors de la C2 1972-1973 contre l’Atletico Madrid d’Aragones. Lui qui avait marqué un triplé contre Sporting Lisbonne au match aller puis un autre but au retour, ce qui fait qu’il a marqué 5 des six premiers buts de Bastia en coupe d’Europe. Lui qui avait terminé meilleur buteur de Bastia avec 21 buts (comme Dzajic) lors de la D1 1976-1977 qui a vu Bastia marquer 82 buts en championnat (Zimako en avait aussi mis 15 et Papi 14).

    Que va donc faire Fanfan quand il rentre contre Iéna à la 68e minute? C’est simple : une minute plus tard, il marque un but. Raab met ensuite un deuxième but pour les allemands quatre minutes plus tard car, comme son nom l’indique, il aime reprendre les bonnes choses. Mais Fanfan met un autre but à la 77e minute. Deux buts en 9 minutes quand on est remplaçant. Qui peut se vanter d’un tel exploit ? Les grognards Cazes et Franceschetti y vont du leur et Bastia gagne 7-2.

    Fanfan Felix a la Corse dans son coeur et deviendra ensuite entraîneur de l’Ile Rousse (le père de sa femme, Vivianne, est corse). Fanfan, ce n’est pas une tulipe que Bastia te doit. Ce sont des rose d’amour.

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    1. Chouette commentaire.
      Fanfan Félix victime d’un accident au soir de la victoire contre le Torino à Furiani et indisponible pour le match retour. C’est de là que Cahuzac décide de faire de Krimau un avant-centre pour le match retour au Comunale, là où il entre dans la légende insulaire.

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      1. Un article qui serait très original serait sur des drôles de coincidences ou des vrais WTF dans le football, comme par exemple :

        1. Vous parliez de Sindelar il y a quelques jours. Son autre surnom est l’homme de papier et celui qui a peut-être indiqué la manière dont il est mort est aussi un homme de papier, le poète Friedrich Torberg.

        2. Un des médecins impliqué dans la mort de Maradona s’appelle Leopoldo Luque. Maradona a connu sa première sélection contre la Hongrie en 1977 en remplaçant un joueur qui s’appelait aussi Leopoldo Luque (champion du monde 1978), alors que je ne pense pas que ni le prénom ni le nom de famille soient si populaires en Argentine.

        3. Il est reconnu que Zimako a connu ses premières sélections quand il jouait à Bastia. C’est un peu tiré par les cheveux car son contrat avec Bastia finissait le 30 Juin 1977 et son nouveau contrat avec Saint Etienne commençait le 01 Juillet 1977, alors que ses premières selections en équipe de France ont eu lieu lors de la tournée française en Amsud fin Juin 1977. Je ne pense donc pas qu’il ait joué sous le maillot bastiais après avoir connu une selection avec l’équipe de France.

        C’est juste une suggestion pour l’un de vos articles prochains.

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      2. Rayon trucs zarbis, le foot donne l’embarras du choix!

        Je connais surtout les horizons Nord-Ouest européen.. Comme ça, ce qui me passe par l’esprit : le hat-trick du défenseur (!) de West Ham Alvin Martin face à..3 gardiens différents, dans les 80’s.. Celle aussi, tjs en Angleterre, de ce gardien dont la carrière s’arrêta net après avoir été mordu sur la pelouse, non pas par Luis Suarez, mais par un..chien (ce n’est pas si, si vieux, 70’s je dirais, et les images sont incroyables – le cabot traverse tout le terrain bille en tête pour se faire le gardien adverse, lol)..

        En Belgique me revient le cas de cet arbitre qui, fin 90’s, avait totalement disjoncté : il annule un but, accorde 5 pénos, brandit 4 rouges et une bonne douzaine de jaunes…….alors qu’en fait le match se passait dans un super bon esprit, c’est ça le pire – d’ailleurs, à un moment, on voyait les joueurs des deux camps prendre (mai discrètement, apparemment ça valait mieux) le parti d’en rire ensemble, lol..

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      3. Autre arbitre belge : feu Francis Rion, celui que j’évoquai jadis dans un article et qui, alors qu’Anderlecht avait derrière lui bon quart de siècle de corruption systémique en championnat (des histoires de fous!), demanda un jour des autocollants de sa banque à son banquier et les colla un peu partout sur son équipement de referee, puis il arbitra un match comme ça, comme une espèce d’homme-sandwich..

        Le problème, c’est évidemment que le nom de la banque figurant sur ces autocollants était celui du..sponsor d’Anderlecht, ladite « Générale de Banque »!..ce qui fit un brin jaser.. 🙂 Le détail qui tue : c’était le numéro 1 de notre arbitrage..mais sitôt accédé à ce statut, 10 ans plus tôt : suspendu pour plusieurs mois, car il s’était empressé de partir en grève..

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      4. Le gardien Bartram, qui resta un quart d’heure seul au taquet dans son goal, comme un soldat nippon sur son île, ignorant que la partie avait été annulée et tout le monde rentré au vestiaire en raison d’un brouillard épais..

        C’est inépuisable.

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