Belgique, l’accent de Scifo

« Ti voglio al piu’ presto sposar’ »

« Je veux au plus vite t’épouser », chantait Rocco Granata dans son titre, « Marina », devenu désormais un véritable tube universel, donnant le film du même nom, chef d’œuvre non prétentieux de Stijn Coninx… L’italien qui chante l’amour, on le connaît, l’italien qui sait aimer ? Aussi ! Mais cet amour là est moins connu, Rocco, fils d’immigrés calabrais de Belgique, chante pour Rosa Roeland, fille de médecin belge, au fin fond de la campagne flamande et à une époque où les termes « ritals » et « macaroni » suffisaient à dépeindre ces types au teint mat et à la gueule couverte de charbon qui remontaient des mines. Comme un costume de Carnaval, ici l’exotisme porte la carnation de l’exode, les tons contrastés d’un volcan, le rouge d’une peau cramée par un soleil méridional et le noir cendré des entrailles de la Terre. Difficile, impossible même, d’y marier l’image d’une promise belge aux yeux bleu ciel, postiche dorée et peau beige. Une blanche colombe au beau plumage avec un drôle d’oiseau aux cheveux couleur corbeau. Mais heureusement, Cupidon est capricieux, cavalier, il nous renvoie à la chanson de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux, et nous rappelle ce rouge et ce noir qui s’épousent, le soir venu, lorsque le ciel flamboie… Belgique-Italie, c’est la reine Paola de Forte dei Marmi et le prince Albert de Belgique, c’est Rocco et Rosa, qu’on appellera d’ailleurs plus tard Rosita Granata. Belgique-Italie c’est aussi Frédéric François, Francesco Barracato plus exactement, et Monique Vercauteren. La courbe des volcans venant habiller, embrasser, les lignes droites de l’horizon infini du plat pays. C’est le tremblement, c’est l’éruption… C’est l’Amour ! La bouchée, le baiser d’un chocolat « Marcolini ». Belgique-Italie enfin, c’est la romance secrète, rebelle, l’idylle désinvolte qui a vu naître l’enfant prodige du football belge, le « Platini du Nord », « cygne noir » ou « Sphinx de Sicile »… L’accent de la Belgique: Enzo Scifo.

« Una ragazza mora ma carina »

Beau brun comme sorti tout droit d’une affiche de cinéma américain des années 80 présentant le dernier Scorsese ou Coppola: col ouvert, cheveux gominés et chaîne de baptême brillante. Vincenzo Scifo c’est « Mani à Miami », c’est « Emilio Ramirez », le regard sombre et profond, les joues creuses et la mâchoire carrée. C’est évidemment la chaleur de Mexico, la lumière du stade « Azteca », le « temple du Soleil »… Tantôt « il pastore Serafino », tantôt Aldo Maccione, Enzo c’est « l’Aventure »! L’Italie qui descendrait l’Escaut ! Ça se passe d’explications ou de présentations. Il n’y a qu’à regarder sa photo, ça ne se décrit pas, ça se regarde, ça se contemple. Droit, élégant,… italien. Bijoux de la « Castafiore », Scifo le rossignol sicilien qu’on écouterait, quand le vent est au Sud, chanter, presque sans dire un mot, presque en restant muet. Toujours humble, discret, il refuse la couronne et reste un simple et fidèle sujet de sa Majesté. Doux, gracieux, le « numéro 10 » des diables est un ange. L’ange blanc, l’ange bon, qui veille sur une Belgique pendue à sa respiration, à son souffle, à une corde qu’Enzo viendrait couper d’un tir enroulé, d’un « assist », d’un ciseau,… pour la sauver. Une Belgique pendue, comme à un fil d’Ariane, qu’il suivrait pour encore une fois la délivrer. Une équipe de Belgique pendue enfin au fil de son marionnettiste, qui l’anime, la met en scène et la fait vedette d’un Mondial comme s’il s’agissait d’un simple spectacle d’école ou du dernier show de la compagnie Dragone. Un funambule qui marche dans les airs avec la légèreté d’une « Fancy Fair » à la fraise. Un magicien de cirque, les pieds en guise de baguette, chef d’orchestre, dompteur de fauves,… Finalement une fée ! Pour que le charme, italien, s’opère chez la princesse et afin de lui offrir, au moins sur les terrains de football, un domaine où l’amour est loi, où l’amour est roi, et où elle serait reine.

« No non mi lasciare… »

… Très proche du, plus célèbre, « ne me quitte pas », c’est ce qui devra malheureusement se passer après ce quart de finale qui raisonne déjà comme l’improbable et frivole lancement « Forza Belgio ! », désormais culte. « Forza Belgio », pour parfaitement résumer cette histoire d’amour et de football… je dirais même plus : d’amour du football ! Face à face nos vieux amants, prêts à se départager dans ce qui sera certainement le « Chifoumi », ou « Scifomi » de l’Euro, tant cette rencontre s’annonce comme équilibrée et indécise. Scifo a été la fusée de cette Belgique aujourd’hui en expédition. Une Belgique « Objectif Lune », menée par ses « joueurs de ballon », Hazard, De Bruyne, Mertens, Witsel … aux allures de « Tintin », et de « diablotins », qu’on verrait presque courir sur les pavés de la place du jeu de balle… Une Belgique aussi faite de « Géants Athois », de bloc et de briques rouges, « Big Rom », Vertongen, Alderweireld, etc. Un assemblage d’atomes. Une Belgique mère et fille de son immigration, de ses ouvriers d’après guerre jusqu’à ses « eurocrates » d’aujourd’hui, en passant par les enfants de ses colonies. Une Belgique Frida et Margot, à la capitale la plus cosmopolite du monde, avec 183 nationalités différentes, 60% des bruxellois nés à l’étranger, deuxième proportion mondiale, pour une ville qui a presque triplée de population en vingt ans… Le culte de la différence, l’enthousiasme et le futurisme : la Belgique. Tableau surréaliste ! « Ceci n’est pas une équipe de foot ». Non, ceci est la représentation populaire de deux bras ouverts, embrassant le nouvel arrivant en criant « Au Suivant ! », en sachant parfaitement et en n’oubliant pas qu’un jour, parmi ces nouvelles têtes, ces nouvelles familles, il y avait Agostino et Alfonsa, que ces deux là se sont rencontrés, qu’ils n’avaient que l’amour, disons, à s’offrir en partage… qu’alors ils se sont aimés, mariés, et qu’ils eurent trois enfants: Angelina, Pino… et Enzo.

Calcio Calabria

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68 réflexions sur « Belgique, l’accent de Scifo »

  1. Ladić
    Prejlević Panadić Lipovac Lesjak
    Durdević Cupan Besek Mladenovic
    Boban Suker

    Martini
    Darras Catalano Boli Mazzolini
    Matysik Scifo Guerreiro
    Otokore Kovacs Vahirua

    C’est rare de se souvenir de nos premiers béguins footballistiques. Du moment precis.
    Perso, je me souviens du match où Scifo est devenu mon héros. Au Maksimir, pour une splendide victoire 3 à 1. En 1989. Scifo est resté mon idole de ce match à Zagreb jusqu’à la demi perdue face au Milan Ac. Et ce boulet d’Albertini qui fusilla Ettori . Et ses malheureuses blessures monégasques par la suite…
    5 années dans la vie d’un gamin, d’un ado, c’est long. Mais mon amour de ce sport serait incomplet sans Enzo…

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    1. Ah oui, je me souviens de ce match à Zagreb en plein été. L’AJA tombe plus tard contre la Fiorentina qui elle-même perd en finale face à la Juve de Dino Zoff, le dernier match de Baggio avec la Viola, sans adieu à l’Artemio Franchi puisque la finale retour a lieu à Avellino.

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      1. Scifo, pas verni avec les finales européennes. La défaite aux penos en 84 face à Tottenham. Au but à l’extérieur face à l’Ajax en 92.

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      2. D’ailleurs, à 18 ans à peine, il n’a pas flanché lors de la séance de pénos.

        Je me souviens de son râté face à Zubi en 90. C’est la seule fois où j’etais triste de voir un péno râté face à l’Espagne.

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      3. Ah oui, en 1992, ça se joue à rien, notamment un péno non sifflé en faveur du Torino. Ce qui est resté de ce fait de jeu, c’est l’image du coach du Toro Emiliano Mondonico portant à bout de bras une chaise en guise de protestation.

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      4. Quelle richesse de souvenirs, de précisions et d’anecdotes messieurs… c’est un réel plaisir de vous lire !

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  2. Quel lyrisme!

    Calcio, tu es indubitablement plus belge que moi.

    Et j’ai beau n’avoir jamais partagé cet enthousiasme pour Scifo – quel beau joueur pourtant, en effet – , je garde la certitude que la Belgique fut assez injuste avec lui.

    Tu le connais personnellement? (la question n’a rien de saugrenu, la Belgique est un petit pays)

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    1. Salut Bota, je ne vis en Belgique que depuis 2013 et je pense alors, par conséquent, être moins belge que toi ! Je ne connais pas Scifo personnellement mais il ne doit pas être très difficile à trouver, comme tu le dis si bien, la Belgique est un petit pays et d’ailleurs, la facilité de connexion entre les personnes, les connaissances communes… la proximité entre les « classes » de la société, leur mixité, leurs chassés-croisés et autres croissance constante de chaque carnet d’adresse m’ont très tôt marqué et fait impression ici… Concernant Scifo et mon article, j’avais pensé le contacter ( chercher son contact pour commencer), simplement pour l’informer de ce petit récit et afin qu’il puisse le lire tranquillement chez lui… j’aurais bien fini par le trouver, en général, lorsque je tire une corde, il y a une peluche au bout… mais j’ai préféré laisser le pouvoir au destin. S’il le voit, ce serait un réel plaisir pour moi, peut-être aussi pour lui, sans prétention aucune… S’il ne le voit pas en revanche, alors rien ne se passe et le terre du plat pays continue paisiblement de tourner !

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    2. Oh, 2013.. Tu en as tous les codes et en parles bien, c’est par exemple vrai que le contact humain y est d’une facilité assez déconcertante.

      Moi, moitié de mon sang y est assurément depuis les tribus éburonnes, très très vieille installation, je partage la moitié de mes gènes avec la Hesbaye hutoise.. mais je ne me sens guère belge que pour le foot, le reste me laisse froid ou m’horripile (ce côté « petit pays, petit esprit », surtout).

      Scifo habite toujours dans la région dite « du Centre », le nom dit tout de ce coin de Belgique imparfaitement sorti de l’anonymat au gré de l’exploitation du charbon.. Va dans le moindre café, près du musée de Mariemont : si ta tête revient aux mecs du cru, ils te diront où il habite 😉

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  3. Merci pour ce superbe article Calcio Calabria <3

    Le début me rappelle ce que me racontait mon grand-père, mineur dans le Nord de la France, à l'histoire finalement assez commune. C'était, comme tu le dis si bien, blindé d'Italiens et les termes macaroni, ritals, c'était monnaie courante - à côté des "Polaks" et des Arabes, bref l'ensemble des gueules noires qui en chiaient avec le charbon.

    Scifo, sacré joueur. Un pur produit de l'immigré et de l'autochtone, comme le football en a produit beaucoup.

    Ps : je ne sais plus qui m'a sussuré, un jour, "Enzo fa scifo mais pas c'qu'il faut".

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    1. Merci Sebek ! Une face, une race n’est-ce pas, comme on dit chez nous… On a effectivement des histoires plus que similaires et, ai-je envie de conclure, ne sommes rien de plus que des semblables !

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  4. Toujours aussi agréable à lire, une effusion d images et de belles références pour servir un beau joueur.

    En parlant se references;
    J avais découvert récemment qu une chanson que j adorais « next » d alex harvey, était une adaptation de « au suivant ». Sacrées lacunes, qui ont permis une belle épiphanie.
    J ai comblé en partie avec un énorme plaisir ces lacunes depuis.
    Merci la Belgique.

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    1. Grazie Goozigooze! Voilà ici une belle occasion, et Dieu sait que celle-ci est rare… de joindre à un remerciement, une alliteration en « G » et « Z », tout en plaçant un peu d’italien ! Il y a des jours comme ça où, le monde pourrait s’arrêter de tourner que rien ne vous empêchera pourtant de chanter !

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  5. Je viens de relire..et alors mon sang fit tilt puis n’a fait qu’un tour, car Monique Vercauteren, bbrrrrr..

    Frédéric François et sa flamande vivent dans le charmant village dont sont originaires ma mère et tous ses aïeux (je m’y connais quelque 200 cousins, tantes..et je ne les connais pas tous!.. ils y vivent encore, so belge..), Bobbyschanno verra peut-être duquel je parle, Cf. son article consacré jadis à Violette Morris : elle y fit une part de ses études, bref.

    Pour carnaval, il était de coutume de se grimer et de faire le tour des quartiers, quémander quelques bonbons.. C’est une terre de traditions, nous faisions d’excellentes affaires, accueil au top..sauf chez les Frédéric François..ou plutôt sauf chez ladite Véronique Vercauteren (son mari était en tournée) : cette grrrrande salope lâcha sur nous ses deux dobermans, lol.. (dans la foulée, l’un de mes oncles répandit du fumier dans son jardin avec son tracteur, par dessus la haie – il y a prescription, bon.. 😉 )

    Pour le reste ton cri d’amour dit beaucoup de vrai, l’intellectualisme est souvent superflu..mais aussi un peu de « faux »..car de l’apport de Scifo au football belge?

    Déjà j’aime son cas, à certains égards tragique, par exemple quand il dut choisir entre sélections belge et italienne (car ce fut pour lui un déchirement – il ne voulait pas choisir).

    Né en Belgique, intégralement appris le football en Belgique..et cependant, de fait : une geste qui n’avait pas grand-chose de Belgique.. Par les temps qui courent, le bagage culturel d’un individu est volontiers tabou, on criera vite au racisme.. Le dogme globalisant entend que l’homo sapiens, culturel, doive céder à l’homo..consumeris? (mon latin est loin..), toujours plus générique et standardisé.. Mais le cas Scifo illustre qu’il doit y avoir une mémoire du sang, du corps (concept d’ailleurs que la science est loin de rejeter)..car son style, cette élégance? Ce n’était pas vraiment belge, pays incontestablement vecteur de sobriété, d’humilité et de besogne.. Cela ne pouvait venir du lieu de naissance, des terrains de foot arpentés dès l’enfance..

    L’élégance au quotidien, je la comprends : plus encore que leurs homologues prolétaires belges, les mineurs d’Italie se faisaient un point d’honneur d’être dignes sitôt sortis des entrailles de la terre, savoir-vivre et fierté élémentaires, un peu de complexe sans doute aussi.. mais sur pelouses??

    Idem avec Lozano : rien de latin sinon ses ancêtres, Anversois de A à Z..et cependant, il gardait en toute circonstance un port altier de seigneur, d’hidalgo..

    La Belgique du foot a engendré d’authentiques artistes du cru, elle n’a pas attendu que l’un ou l’autre enfants du Sud lui montre la voie (voilà le brin de « faux » que je te prête), un Coeck par exemple était un footballeur aussi redoutable qu’élégant, classieux.. bien plus élégant, même, que l’à peu près moindre footballeur NL de sa génération..mais il était une exception, et on l’appelait.. « l’Italien »..!

    Retour à Scifo, 84.. Poussé à la nationalité belge (mais qui de plus logique qu’il jouât pour la Belgique?) car son talent bien sûr, mais aussi le Waterscheigate, football belge détruit quelques semaines avant le coup d’envoi de l’Euro.. Il fut donc jeté prématurément dans la fosse aux lions, au coeur d’une équipe qui soudain ne valait plus rien, et fut l’une des rares satisfactions belges d’ailleurs.. La presse-marchande, toujours aussi sensationnaliste que stupide, parla même du « nouveau Cruyff »..alors que son jeu n’avait bien sûr absolument rien à voir avec celui du Hollandais!

    Puis il prit peu à peu la grosse tête quoique, tant que Lozano fut là, il faisait encore plutôt profil bas, ce n’était pas lui le meilleur, loin de là.. et commit pas mal d’erreurs, de plus en plus diva.. mais j’apprécie qu’avec le temps il reconnut ses dérapages, donna raison à ceux qui l’avaient critiqué..et renoua bien vite avec les belles (pourvu qu’elles ne confinent trop à la soumission, autre débat..) vertus de simplicité qui font autorité en Belgique.

    Au final : individu profondément gentil, trop.. et qui n’eut pas vraiment la carrière ni la reconnaissance qu’il méritait (comment, par exemple, ne fut-il intégré dans le 11 de la WC90?? Il plana sur la compétition pourtant, son chef-d’oeuvre..)..

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      1. @Bota, quand tu auras 5 minutes, passe sur Discord, je t’ai envoyé un message privé. J’ai besoin d’aide pour un papelard !

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  6. Et celle des Jurion-Verbiest-Van Himst des sixties qui fessait régulièrement la France style 3-0 à Bruxelles ? Ceci dit, c’était pas non plus la plus grande époque des Bleus. Jurion, à ma connaissance le premier footballeur qui jouait avec des lunettes qui lui donnaient des airs de prof’ de maths ou de physique-chimie (mauvais souvenirs (😢).

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      1. Quelqu’un , avec une belle plume 😉, devrait faire un article sur les accessoires ( comme les lentilles de contact ou les protèges tibias …) qui ont révolutionné le football

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    1. Je suis dans la chimie..de surcroît sans être chimiste, je compatis.

      La Belgique des 60’s? Celle du début est juste moins « nulle » (contingences diverses pour les deux pays – toujours les memes histoires..) que les Bleus. Seconde moitié, passés semi-pros : ils furent peu vernis (les Bulgares avaient, litteralement, la bave aux levres pour la qualif en WC66, moins doués mais archi-dopés).

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      1. Ah les bouchers Bulgares qui avaient massacré, entre autres, Piantoni et Pelé sous les yeux bienveillants des arbitres. Ce sont eux qui nous éliminent pour le Chili à l’issue d’un match d’appui 1-0, avec…5 minutes d’arrêts de jeu sorties de nulle part.
        Nous nous vengeâmes en novembre 63 au Parc (j’y étais) en les sortant 3-1 en huitèmes de finale en qualif’ de l’Euro 64. On croyait tous à la fin de la traversée du désert. Patatras, après l’élimination au tour suivant face aux Hongrois, ça sera de pire en pire. Mais ceci est une autre histoire !

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      2. Van Himst se souvient aussi des « poètes » bulgares de l’époque.. A l’époque une sale équipe, peut-être la pire de l’Est.

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      1. Déjà comme joueur : trafics divers lors du moindre match du Sporting Anderlecht en déplacement européen. Au sein du club : manigances diverses pour dégoûter le moindre rival. Championnat de Belgique, dès qu’il fut installé comme patron de l’équipe : agent corruptif N°1 du Sporting, il traitait directement avec les joueurs adverses..et ce n’était pas occasionnel hein : systém(at)ique.

        Passé entraîneur : finalement attrapé par la cavalerie lourde, suspendu à vie pour faits de corruption..

        Il poursuivit néanmoins ses activités (très larges : monnaies, diamants..immobilier aussi) dans le football, agent de joueurs.. Tu as peut-être entendu parler des Tueurs du Brabant wallon, les années de plomb belges? Plusieurs des premières victimes avaient des liens directs avec le Sporting (club lié à l’establishment et à l’OTAN), le fils d’un ancien dirigeant par exemple..et même le concierge d’un restaurant de Jurion, torturé avant d’être sordidement liquidé..

        Vu le pedigree de Jurion, l’enquête sur les Tueurs (on parlait alors de la « Bande de Nivelles », mais c’est kif-kif) s’orienta vers lui et les affaires du football.. L’épluchage de ses comptes aboutit à l’histoire des caisses noires dans le football belge, à l’évasion fiscale systémique qui y régnait aussi (Anderlecht dut payer le double du Standard.. le Président de l’Antwerp, par ailleurs haut-cadre de la plus puissante banque du pays!, en prison.. La Gantoise, les pires de tous, passa entre les gouttes grâce à la protection d’un très influent et richissime politicien flamand.. etc etc etc).

        De fil en aiguille, cela aboutit à la révélation abracadabrantesque de la corruption du match Standard-Waterschei de 82..et donc à la quasi-disparition du Standard et à celle de la moitié de l’équipe de Belgique juste avant l’Euro84, bref : campagne de terreur (voire de déstabilisation de la société et de l’Etat, aux forts relents atlantistes) ==> Enquête orientée vers Jurion et le Sporting Anderlecht.. ==> Epluchage des comptes de tous les clubs.. ==> Révélation de l’affaire de corruption qu’on sait.

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  7. Belle plume en effet ! J’ai une question pour les Belges du site : quelle fut sa carrière sous le maillot des diables rouges ? Mon premier souvenir de lui c’est sur une VHS de la coupe du monde 1990 où il balance un missile à ras de terre face à l’Uruguay 😇

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    1. Qu’un autre Belge passe!, je ne suis pas le seul bon sang? 🙂

      Euro 84 : balancé dans le bain dans l’urgence.. Vu le contexte, il s’en sortit avec les honneurs.

      WC86 : officiel meilleur jeune du tournoi, mais.. Moi, pas vraiment convaincu.. Son apport le plus important fut, par son horripilante (pour beaucoup) absence de travail entre les lignes et sur son flanc (de tête il jouait surtout à droite), d’avoir poussé le patron et stratège VanderEycken, appuyé par VandenBergh, Desmet voire Vercauteren (très remonté contre Scifo..mais plus prudent..) à aller s’en plaindre auprès de Thys..

      (contexte : La Belgique ne s’était à ce stade toujours pas relevée du scandale du Waterscheigate, daté de l’hiver-printemps 84, match calamiteux à gogo en qualifs de WC86 + face au Mexique et à l’Irak..)

      VanderEycken avait raison..mais Thys ne pouvait laisser son attitude, cette humiliation personnelle..et chassa donc VDE du groupe, évacua les VDB et Desmet, lança des jeunes et, surtout, réhabilita le patron défensif Renquin..tout en sermonnant en aparté Scifo.. A compter de cet épisode, déclenché malgré (quoiqu’à cause de) lui par Scifo : ue toute autre équipe!

      WC 90 : extraordinaire.. Il prenait sa revanche sur son échec à l’Inter, honorait la mémoire de ses ancêtres aussi.. Déchaîné, un des tout, tout meilleurs joueurs du tournoi.

      WC94 : il reste bon, mais..

      WC 98 : la presse flamande l’avait dans le pif, obtint qu’il soit déclassé..et même humilié face à la Corée, remplacé de manière absurde et coupable par l’entraîneur.

      Qu’en retenir au final? Moi je suis de l’avis de nos plus grands managers historiques, Thys et Goethals donc : il n’a sans doute pas même sa place dans un top 30 historique belge, assurément pas dans notre 11 du XXème siècle (Goethals en riait aux éclats – un des mauvais côtés de Goethals, qui pouvait être inutilement cruel..).. mais le joueur était surdoué!, fut souvent décisif, apporta une touche de technicité et d’inspiration dont la Belgique avait besoin.. mais ce n’alla hélas pas jusqu’au bout des possibilité et du joueur-Scifo, et d’ailleurs des groupes de joueurs à disposition jusqu’aux mid-90’s disons.

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      1. Bota
        Je me demande si Scifo n’est pas plus aimé en France qu’en Belgique. Dans notre cas, les jeunes quadras, c’est quasiment l’unanimité. On aime tous Enzo. J’en ai parlé souvent et c’est toujours le même discours. Il fait parti de notre patrimoine. Pour sa classe et parce qu’ Auxerre était une équipe géniale à regarder. Offensive.

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      2. C’est clairement culturel. Et les Flamands ont toujours été injustes avec lui, toujours « devoir prouver ».. Un arrière-fond, allez.. »raciste »? Va savoir.. Avant lui, le dernier joueur belge d’origine étrangère datait du..début du XXème siècle..

        Moi je trouve qu’il portait trop le cuir, ralentissait parfois inutilement le jeu.. Pour le reste, il fut une plus-value évidente, patron incontestable même. Et il aura enrichi notre football, exactement ce pourquoi Goethals, avant lui, avait fait des pieds et des mains pour régulariser Lozano (lequel lui était supérieur)..sans laisser d’héritage toutefois..

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      3. Ajouter que, registre culturel, la Belgique n’a pas vraiment de tradition de « 10 ».

        Il y en eut quelques-uns, mais ce n’est pas vraiment dans les codes footballistiques. Ne pas oublier que c’est un football qui, pendant des décennies, cessa totalement d’évoluer à compter des années 20-30 : primat au duel, à l’impact, aux ailiers aussi.. Beaucoup de joueurs de grande qualité, mais des logiciels complètement has-been.

        Le style dominant belge, à travers les âges : c’est défensif voire archi-défensif (dans les 50’s, c’était par exemple une caricature du verrou suisse). Parce que le tempérament dominant..mais aussi parce que les moyens n’étaient pas du tout les mêmes, tout était artisanal, sclérosé par la fédé.. Dans ces conditions, c’était du bon sens d’opter pour des approches attentistes face à des formations qui, elles, étaient encadrées et professionnelles à tous niveaux..mais on a vu environnements plus favorables, plus réceptifs , aux qualités d’un grand « 10 » (ce que fut Scifo, incontestablement).

        (NB : c’est au Mondial 90 que la Belgique se décide enfin à prendre en main le destin des rencontres, sous la houlette de..Scifo..mais ça ne dura guère)

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      4. Rappelle Domisyl ! Tu sais qu’il s’est barré de Sofoot quand on lui a dit que tu avais été banni ?

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      5. Pas du tout, j’ignorais. Gentil mais il ne faut pas faire des choses pareilles, voyons! Et puis j’ai souvenir que la ligne éditoriale commençait à lui courir aussi sur le haricot..

        J’ai cru comprendre qu’il vivait dans les Ardennes, mais qu’à la base il est originaire du..gros bourg où je me suis établi. En tout cas il connaissait son affaire, d’évidence bon 40-50 ans de football derrière lui!, j’appréciais.

        Si l’un d’entre vous a son adresse..

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    2. Merci beaucoup Bota pour tes précisions treeeeees appréciables ! Je ne savais pas qu’il avait pu autant diviser la Belgique à son égard. En France, j’ai la sensation que Scifo est regardé différemment, après ce n’est pas vraiment un joueur de ma génération, ceci explique peut-être cela… Il arrêta sa carrière après le mondial 98 il me semble. J’suis surpris de lire qu’il n’a même pas sa place dans le top 30 de la Belgique.

      Tu as été banni de SoFoot, mais pour quelles raisons ? 😶

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      1. L’IFFHS (un accronyme à la con du style) le met dans le 11 ever belge (ils ont fait ça pour..tous les pays!). Leur méthodologie est purement statistique..et certains noms étaient choquants (ce qui m’a le plus choqué était l’équpe du Danemark, brin grotesque).

        Dans mes souvenirs, un sondage effectué par la fédération auprès des supporters belges l’y intégrait aussi. Mais c’était vraiment la culture de l’instant qui l’emportait (pas trace du subversif Braine, ben voyons), hum..et il semblerait que le vote était assez différent selon qu’il émana du Nord ou du Sud du pays (les choix n’étaient pas communautaires, mais reflétaient plutôt des sensibilités distinctes), or Scifo a toujours eu des problèmes avec la presse du Nord du pays.

        Et puis voici le 11 du siècle auquel aboutissaient les deux plus grands entraîneurs belges au tournant du millénaire, et ils étaient unanimes :

        Piot
        Renquin – Meeuws – Swartenbroeks – Gerets
        Coppens – Van Himst – Van Moer – Ceulemans
        Braine – Mermans

        Un journaliste se faisait insistant : « Pas de Scifo? »

        Réaction de Goethals : « Restons sérieux, svp.. »

        Dans la discussion, Scifo n’apparaissait pas même parmi les substituts envisagés à savoir : des Pfaff, Verbist, Maurice Martens, Dewalque, Coeck, Jurion, Puis..Lambert peut-être?? (vieux souvenir, ça devient nébuleux).. C’est sans doute injuste, je crois que Scifo a essuyé pas mal de plâtres, rien de son parcours ne méritait cette phrase médiocre de Goethals (pourtant grand amoureux des artistes, insoupçonnable de racisme.. je ne pige pas).. Il aurait dû naître en France peut-être, les « 10 » y avaient leur pleine et entière place.

        NB : je ne vois franchement rien à objecter au choix posé alors par Thys et Goethals, Mermans ou Meeuws à la rigueur..??

        Et quitte à jouer à ces petits jeux, je ne vois pas des masses de joueurs contemporains susceptibles d’intégrer cette équipe : De Bruyne, le Hazard pré-blessures?, je mettrais Courtois!.. Kompany hum.. Mais le reste : sûrement pas.

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  8. Ah ! Ah ! Tu passeras pas la police, cette fois, Bota… Tu évoques le Watershaigate, et je me souviens alors d’une saga promise en six volumes, intitulée « Les tueurs du Brabant wallon », dont tu ne nous livras finalement que trois parties. Et une autre, en six livres également, qui abordait le génie footballistique à grand coups de Pseudo-Aristote et de Dali, dont nous ne vimes (les accents circonflexes ne passent pas) pas même la moitié…

    On veut la suite !

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    1. Malheureusement perdu!

      Quoique pas pour tout le monde : un journaliste flamand de « Knack » (« L’Express » local, disons) reprit la trame de la 2ème partie, celle consacrée aux racines du Waterscheigate.. Des passages entiers étaient fidèles à ce que j’avais écrit, mais plus fort : même deux erreurs qu’avec le temps je finis par identifier (mais pas lui), lol..

      Je lui ai demandé des comptes, qu’il précise ses sources s’il en avait.. Il n’a jamais su me répondre autre chose que « oui mais non mais vous comprenez »..

      Les journalistes..

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      1. Quoique, malheureusement.. Le style état lourd, gros défaut.. Pour le Nottinghamgate ça me fait chier, les 10-12 pages étaient franchement hilarantes (histoire de fous..).

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      2. Tkt, comme disaient les jeunes, me suis aussi fait pomper par quelque talentueux malotru… Pas plus tard que l’année dernière.

        Tu me fais penser qu’il faudra que je réédite mon texte sur la Morris. En avril ?

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      3. Mon chef-d’oeuvre.
        Me suis fait indubitablement sucer quelques passages sur Eugène Maes

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  9. Encore une fois, ce qui est intéressant avec la Morris, c’est l’évolution de sa figure, de repoussoir absolu à presque hegerie féministe. Elle a inspiré tant d’auteurs, fait tellement penser. Au coeur du monde et de l’histoire, encore aujourd’hui. Un personnage majeur ! Répugnant d’une part, et si fascinant de l’autre…

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  10. J’ai également découvert Scifo lors du fameux Zagreb-Auxerre, et j’ai tout de suite adoré ce joueur.
    J’ai remarqué une chose récemment : l’euro 84, que je n’ai malheureusement pas suivi (trop jeune), et qui comportait alors 8 nations, a vu débuter au plus haut niveau ces génies que furent Michael Laudrup, Georghe Hagi, Dragan Stojkovic et Enzo Scifo, tout en consacrant la plus belle équipe de France de tous les temps.

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