Byron Moreno – Le Justicier contesté

Cette photo, tout le monde la connaît. L’image d’un Angelo Di Livio pointant d’un doigt accusateur un Byron Moreno restant de marbre, et paraissant même un poil dédaigneux. Pour beaucoup, cette image est un symbole. Voire même LE symbole de la Coupe du Monde 2002, un tournoi où la suspicion d’un favoritisme éhonté envers le pays organisateur n’aura jamais été aussi grande. Depuis le 18 juin 2002, et le huitième de finale entre la Corée du Sud et l’Italie, Byron Moreno est considéré comme l’ennemi public numéro un du côté de la Botte. Son crime supposé ? Avoir, par son arbitrage, consciencieusement favorisé l’équipe coréenne et contribué à l’élimination prématurée de la Nazionale.

La Coupe du Monde 2022 débute dans moins d’un mois, et 20 ans plus tard, les cicatrices laissées par cette rencontre sont encore bien visibles. En Italie bien sûr, où cette élimination surprise et controversée est encore ressentie comme une douleur toujours vive, mais aussi dans les esprits de nombreux fans de football, qui craignent que le futur organisateur qatari bénéficie d’un arbitrage maison à peine voilé lui permettant de franchir les obstacles dans son tournoi. Et à ce titre, la figure de Byron Moreno est agitée tel un spectre pouvant revenir à chaque instant : le symbole des arbitres truquant les matches au bénéfice d’une nation dont la sélection est faible, mais voulant satisfaire son orgueil par des victoires improbables.

Mais tout cela est-il vrai ? Byron Moreno est-il vraiment responsable de tous les maux que la sélection de Giovanni Trapattoni a connu en Asie ? Il faut reconnaitre que l’arbitre équatorien, âgé de 32 ans cette année-là, peut inciter à bien des moqueries en raison de sa carrure légèrement enveloppée ou de son regard vide porté par de grands yeux globuleux. Et bien sûr, les affaires qui le suivront suite à ce match ne plaident pas en sa faveur… Mais il n’en sera ici nullement question. Ce qui nous intéresse, c’est un match : uniquement ce huitième de finale entre la Corée et l’Italie. En revoyant ce match, on se rend compte alors que certaines légendes urbaines feraient bien d’être considérées avec plus de mesure. 20 ans après les faits, réouvrons donc le dossier « Byron Moreno », et tentons de nous lancer dans une séquence « avocat du diable ».

Clair et juste

Surnommé « El Justiciero » (le justicier) dans son pays d’origine, Byron Moreno est un jeune arbitre, mais n’est pas un débutant. Ses prestations en Equateur lui permettent de gravir rapidement les échelons, jusqu’à arbitrer lors de la Copa America à partir de 1997, de la Coupe du Monde des moins de 17 ans dès 1999, et enfin, la consécration de la Coupe du Monde de football en 2002. Il y arbitre dans un premier temps le match entre le Portugal et les Etats-Unis où aucun fait d’arbitrage notable ne sera à noter. Fort de son expérience en Amérique du Sud, il est désigné par la FIFA pour arbitrer le huitième de finale entre le pays organisateur sud-Coréen et la sélection italienne. Un match qui promet d’être électrique au vu de l’ambiance survoltée mise dans le stade par les fans asiatiques.

Dès la 3e minute, Moreno accorde un pénalty à la Corée du Sud. Certaines mauvaises langues y voient déjà la preuve d’une conspiration en faveur des joueurs de Guus Hiddink. Sauf qu’il est bon de rappeler que cette sanction est ici tout à fait justifiée. Le tirage de maillot puis le plaquage de Christian Panucci sur Seol Ki-Hyeon sont évidents lorsque l’on regarde le ralenti. Cela s’avérera finalement sans conséquence pour la Nazionale puisque Buffon détourne la tentative de Ahn Jung-Hwan. Mais le ton aura moins le mérite d’être donné : les prises de catch dans la surface de réparation ne seront pas tolérées.

En raison principalement de l’ambiance de feu régnant dans le stade de Daejeon et de l’intensité sur le terrain, ce 8e de finale est extrêmement tendu. Chaque équipe joue très dur dans les duels, et il y a parfois de la casse. Par exemple, à la 7e minute, Christian Vieri assène un coup de coude à Kim Tae-young (lequel aura le nez cassé et jouera avec un masque pour le reste de la compétition). L’arbitre n’a rien vu et l’attaquant de l’Inter n’aura même pas de rappel à l’ordre. Dans le même style, à la 20e minute, Totti prendra lui un carton jaune pour un autre coup de coude, cette fois sur Kim Nam-il.

En somme, les Italiens se montrent particulièrement généreux avec leurs bras sur les duels aériens, ce qui a le don de pas mal agacer les joueurs coréens, et probablement aussi un peu l’arbitre. Ainsi, quelques minutes plus tard, Tommasi prend lui aussi un carton jaune pour une raison similaire. Le geste du milieu romain est cette fois moins évident. Mais on peut supposer que Tommasi prenne un peu pour toute son équipe afin de calmer cette dernière avec les coudes. L’effet recherché sera atteint, et les Italiens vont se montrer un peu moins agressifs pour la suite du match.

Ces exemples servent à démontrer deux choses : d’abord, que si Byron Moreno avait vraiment eu l’intention dès le départ d’enfoncer l’équipe d’Italie, il aurait pu le faire très rapidement et pour des raisons sans doutes bien plus justifiables. Déjà en 2002, il n’était pas rare que pour des gestes comme ceux commis par Totti ou Vieri, cela soit des cartons rouges qui soient donnés au lieu de jaunes. Ensuite, que contrairement à ce que dit la légende, les Coréens n’avaient pas carte blanche pour jouer violemment face à de pauvres joueurs transalpins, et qu’ils n’étaient pas non plus protégés de cela par l’arbitre. Non seulement parce que les Italiens ont aussi joué très durement, mais aussi parce qu’au niveau des sanctions, il suffit de regarder le match pour se rendre compte qu’en réalité, elles sont plutôt données de façon équilibrée et juste.

Bien sûr, il y a aussi eu des décisions plutôt en faveur de la Corée du Sud, comme ce tacle de Choi Jin-Cheul sur Zambrotta (qui blessera d’ailleurs sévèrement ce dernier et l’obligera à sortir). Le pied est très haut, mais le défenseur coréen n’aura qu’un carton jaune alors qu’un rouge n’aurait pas été immérité. Ou alors sur ce raid solitaire de Totti, stoppé net par Yoo Sang-Chul. La majorité aurait pensé à une obstruction du défenseur, mais l’arbitre équatorien considère que c’est le capitaine de la Roma qui s’est empalé sur son adversaire. Sa décision peut surprendre au premier abord, mais elle semble avoir été prise rapidement et de façon certaine comme en atteste sa gestuelle (d’autant plus que son assistant n’a pas bronché non plus).

Sa gestuelle d’ailleurs : c’est au moins un compliment que l’on peut faire à Byron Moreno sur ce match. Même si son attitude corporelle laisser penser au premier abord à un certain dédain, voire limite à une arrogance, sa gestuelle est très claire et compréhensible pour l’interprétation de ses décisions. Par exemple, il indique de façon très évidente lorsque l’avantage est laissé, ou lorsque un coup franc doit être joué à partir du coup de sifflet, ce qui rend la chose assez agréable.

En somme, les statistiques indiquent 27 fautes coréennes, 23 italiennes, et quatre cartons jaunes de chaque côté. Ce qui montre à quel point la partie aura été intense. Mais surtout qu’à première vue, rien ne laisse paraître que la Corée aurait été clairement favorisée dans l’arbitrage. Et au regard du match, on observe globalement une bonne détection des fautes, ainsi que des cartons donnés au bon moment, bien qu’ils auraient pu en effet être plus foncés dans certains cas, d’un côté comme de l’autre.

Bonne gestion psychologique

Un autre point intéressant à noter dans l’arbitrage de M. Moreno est l’état d’esprit de celui-ci. On remarque assez rapidement que malgré l’intensité physique très forte, l’arbitre équatorien cherche beaucoup à laisser jouer et montre une très bonne maitrise de la règle de l’avantage. En somme, on peut dire que son arbitrage tend à rendre le match rythmé et assez agréable, bien qu’il devienne haché sur de très courtes périodes. Un exemple parlant a lieu à la 44e minute, lorsque Seol Ki-Hyeon est au duel et reçoit (encore) un coup de coude, mais le ballon parvient à Ahn Jung-Hwan. Logiquement, l’arbitre laisse l’avantage, ce qui permet à l’attaquant du Perugia d’avoir l’occasion de frapper au but.

Sa gestion psychologique se montre également assez intelligente. Comme par exemple lors du début d’altercation entre Del Piero et Kim Tae-Young, dans les premières minutes de la seconde période. De celle-ci, tout le monde connait l’image du numéro 7 coréen tentant d’asséner un violent coup de coude au Turinois et s’en tirer sans sanction. Et hors contexte, cela semble en effet assez scandaleux. Mais celui qui pense cela s’est-il déjà demandé pourquoi le Coréen a bien pu faire ça ?

Ce qui se passe, c’est que Kim parvient à récupérer le ballon proprement dans sa surface de réparation. Del Piero, voulant rester à la lutte, lui tire assez violemment le maillot de façon très visible. Byron Moreno siffle immédiatement, mais le Coréen, sans doute las des multiples fautes des attaquants italiens et de s’en prendre plein la figure (littéralement… Pour rappel, c’est lui qui s’est fait casser le nez par Vieri plus tôt dans le match) a une réaction de mauvaise humeur et effectue ce geste qui, heureusement, ne termine pas directement dans le visage de Del Piero. Logiquement, M. Moreno aurait pu donner un carton jaune. Mais il y a un détail important : Kim Tae-Young a déjà reçu un carton jaune plus tôt dans le match. Etant conscient de fait du contexte général, et admettant qu’il s’agit plus d’un réflexe d’agacement que d’un geste violent, l’arbitre se contente d’un simple rappel à l’ordre. Kim Tae-Young s’excuse d’ailleurs tout de suite auprès de Del Piero, les deux joueurs se serrent la main et le jeu reprend. Il est inutile d’en rajouter. La gestion de ce fait de jeu est bonne et la décision semble juste.

Néanmoins, ce fait montre à quel point ce match est difficile à arbitrer. Usant physiquement et mentalement. Sans doute perturbés par le bruit assourdissant mis par les supporters dans le chaudron de Daejeon, les Italiens semblent être extrêmement nerveux malgré leur maitrise des débats. Ils râlent beaucoup à chaque coup de sifflet. A l’image de Cristiano Zanetti qui finira par être averti à force de trop contester un coup franc pourtant évident. Mais si l’on peut considérer que la gestion psychologique de M. Moreno est bonne, on ne peut pas en dire autant de sa condition physique. Celle-ci va aller déclinante au fur et à mesure des minutes, et la prolongation va mettre cela fortement en exergue. L’arbitre équatorien montre de plus en plus de difficultés à suivre le rythme, à enchaîner les courses et à se maintenir à bonne distance des actions. Une réalité qui vient entacher sa bonne prestation jusque-là et sans doute influencer son arbitrage par la suite.

L’action fatidique

On arrive alors au moment que tout le monde connait, dont chaque fan de football a déjà entendu parler. A la 102e minute de jeu, Totti s’avance vers le but et entre dans la surface de réparation. A la lutte avec Song Chong-guk, le numéro 10 italien s’effondre après un tacle du défenseur coréen. L’arbitre entonne un coup de sifflet et le stade retient son souffle. Mais Byron Moreno ne sanctionne pas de pénalty mais une simulation du joueur de la Roma. Conformément aux consignes strictes qu’il a reçu de la part de la FIFA, Moreno sort un carton jaune, le deuxième de la partie pour Totti qui est donc expulsé. Stupeur et colère dans le camp italien, car Il Capitano estime lui avoir bien été touché. Ainsi naquit la légende voulant que Totti eut été expulsé alors qu’il était la victime de cette faute.

Pourtant, au ralenti, il est en réalité beaucoup plus difficile de se faire une opinion tranchée à ce sujet. On voit bien Song Chong-Guk toucher la jambe gauche de Totti, mais bien après que celui-ci semble avoir amorcé sa chute, et surtout juste après avoir touché le ballon.

Mais Totti a-t-il simulé alors ? Là encore, ce n’est pas net, car sa chute n’a rien de très exagéré. Au ralenti, il semble que Totti ait sa jambe gauche qui ripe sur le sol, et que ce soit cela qui le déséquilibre, plus que le contact avec Song venant juste après. Cela va très vite, il est tout à fait compréhensible que l’Italien ait sincèrement eu l’impression d’avoir été déséquilibré par le défenseur. Seulement, il est difficile d’en arriver à cette conclusion en observant les images sous tous les angles. Ironie de l’histoire, c’est finalement un Sepp Blatter, Président de la FIFA, sortant de sa réserve qui donnera sans doute la meilleure interprétation de cette situation : « Il n’y avait ni penalty, ni simulation. Un arbitre avec du feeling aurait renoncé à donner un avertissement, sachant qu’un nouveau carton jaune correspondait à une exclusion, une peine disproportionnée avec la faute. »

Mais alors, s’il n’y a ni faute, ni simulation, qu’est-ce qui a bien pu pousser M. Moreno à prendre cette sanction lourde de conséquence pour la Nazionale ? Les supporters italiens, auxquels de nombreux Européens emboîteront le pas, y verront tout de suite la preuve d’une corruption de l’arbitre équatorien, symbole d’une conspiration pour favoriser l’hôte sud-coréen et éliminer l’Italie. D’autant que cette dernière a déjà dû, il est vrai, faire face à des erreurs arbitrales à son encontre (incluant des buts valables refusés à tort).

Mais 20 ans après les faits, jamais personne n’a pu apporter la preuve d’une quelconque corruption de l’arbitre équatorien. El Justiciero ayant par ailleurs toujours clamé sa probité lors de ce match, toutes ces accusations ne reposent que sur des suppositions. Alors considérons un instant que Byron Moreno soit de bonne foi : qu’est-ce qui aurait pu l’amener à interpréter l’action comme il l’a fait ? Il y a sans doute plusieurs raisons, au moins toutes aussi plausibles que l’hypothèse de la malhonnêteté.

D’abord, comme évoqué plus haut, il y a la possibilité d’un manque de lucidité en raison de la fatigue. N’oublions pas que nous sommes en prolongations et que la condition physique de M. Moreno ne semble pas être son point fort. Ensuite, peut-être a-t-il sincèrement pensé que Totti simulait. Et en accord avec les consignes de la FIFA et la pression médiatique mondiale pour une sanction sévère des tricheurs, il a sanctionné de la façon la plus juste selon son estimation de la situation.

Enfin, il est fort possible que Totti ait pâti de sa qualité de « joueur italien », dont la réputation (notamment en 2002) de joueur particulièrement truqueur n’est plus à faire, à tort ou à raison. D’autant que le joueur de la Roma n’en serait pas à son coup d’essai : lors du match précédent contre le Mexique, il avait déjà été sanctionné pour une simulation (bien réelle cette fois) par l’arbitre brésilien M. Carlos Simon. Cela, Byron Moreno le sait, et il est probable que cela ait pu l’influencer dans sa décision. Comme l’écrit le journaliste italo-belge Paolo Leonardi pour Le Soir le 20 juin, « on peut se demander si Totti n’a pas récolté ce qu’il a pris l’habitude de semer à chacune de ses sorties, que ce soit avec la Roma ou avec l’équipe nationale ? ».

Bref, il ne s’agit pas ici d’excuser l’erreur de Bryon Moreno, puisqu’il s’agit effectivement d’un erreur d’arbitrage, mais bien de dire que celle-ci n’est pas, jusqu’à preuve du contraire, dû à de la malhonnêteté. Finalement, c’est un journaliste italien, Daniele Manusia dans un article paru en 2014 sur la version italienne de Vice.com, qui se montre sans doute le plus juste quant à cette action : « L’expulsion de Totti constitue une erreur grave, mais non préméditée. »

La colère des Italiens vis-à-vis de Byron Moreno lors cette rencontre trouve également sa source dans un autre fait de jeu qui aurait pu être encore plus décisif : à la 110e minute, Damiano Tommasi est lancé dans le dos des défenseurs coréens et se retrouve seul face au gardien Lee Won-Jae. Mais avant même que le romain ne touche le ballon, comme le voulait la consigne à l’époque, l’arbitre assisant argentin M. Jorge Rattalino lève son drapeau. Lee Won-Jae coupe sa sortie, Tommasi le contourne aisément et envoie le ballon dans le but vide juste après que M. Moreno ait sifflé pour arrêter le jeu et sanctionné un hors-jeu.

Mais le ralenti est clair : Tommasi étant sur la même ligne que son défenseur n’est aucunement en position de hors-jeu Et l’arbitre assisant, peut-être induit en erreur par les courses croisées du milieu italien et du défenseur coréen, n’aurait pas dû lever son drapeau. Et bien que Lee Won-Jae ait stoppé net sa course, il est fort probable que même s’il ne l’avait pas fait, lancé comme un boulet de canon, Tommasi aurait quand même sans aucun doute facilement crocheté le gardien et inscrit le but en or qui aurait qualifié la Nazionale.

Cela est d’autant plus difficile à accepter pour les Italiens qu’ils se sont déjà vu refuser des buts valables pour des hors-jeu imaginaires pendant le premier tour. Seulement, comme le rappelle Daniele Manusia dans son article, aussi cruel que cela soit, des buts refusés pour des hors-jeu signalés à tort, il y en a toutes les semaines dans une époque où la VAR n’existe pas encore. Et il est toujours bon de rappeler un point essentiel : il est particulièrement injuste de reprocher à un arbitre central la sanction à tort d’un hors-jeu, ceux-ci étant dans ce cas à 100% dépendants de leurs arbitres assistants. Sur ce coup-là, Byron Moreno n’est donc en rien responsable de l’erreur. Il n’a fait que suivre la directive de son assistant.

Crise de nerfs transalpine

Nous avons vu qu’en dehors des deux erreurs principales mentionnées, l’arbitrage de Byron Moreno avait été en réalité tout à fait correct et qu’il n’y avait à part cela pas grand-chose à lui reprocher sur ce match. Nous avons même vu que si, comme le dit la légende urbaine, il avait vraiment voulu consciemment enfoncer l’Italie et favoriser la Corée, il aurait pu le faire plusieurs fois bien avant d’attendre la prolongation. Et ce alors que les Azzurri menaient au score pendant tout le match.

En somme, si deux erreurs arbitrales en défaveur de l’Italie ont bien eu lieu, rien quand on observe la rencontre ne permet d’affirmer que Byron Moreno ait été malhonnête sur ce match. Mais alors, pourquoi cette idée reçue persiste dans l’imaginaire collectif ? D’autant que c’est une idée qui s’est rependue avec le temps. Au lendemain du match, la presse française ou belge, par exemple, fait à peine mention des faits arbitraux et pointe davantage du doigt les erreurs tactiques et de coaching de Giovanni Trapattoni.

Il est probable que cette histoire arbitrale soit avant tout entré dans les mémoires collectives en raison de ce qui s’est passé après la rencontre. Sitôt ce 8e de finale terminé, l’Italie toute entière est entrée dans une hystérie collective qui va navrer les médias étrangers. Le Figaro écrit par exemple le lendemain du match : « Hier, ce sont les critiques qui ont volé bas, accablant l’arbitre équatorien Byron Moreno, auteur pourtant d’une partie tout à fait honorable. »  Le Soir écrit lui : « Ce qui s’est passé, mardi, dès la fin de la rencontre et jusque très tard en soirée, sur les ondes de la RAI, relève du surréalisme. […] Mises à part ces deux erreurs, l’Equatorien doit être crédité d’un match exemplaire. » Tandis que L’Humanité ajoute le 22 juin « L’analyse n’a plus de place en Italie. »

Les médias italiens se sont en effet déchainés dans un torrent d’insultes à l’égard de l’arbitre équatorien. « Tête de bovin déprimée » pour La Stampa, « arbitre grassouillet » pour le Corriere della Sera. « Franchement, c’est du vol pur et simple », a estimé pour sa part Bruno Pizzul, le commentateur de la RAI. Tandis que Franco Frattini, ministre de la Fonction publique, déclarait : « L’arbitrage a été un scandale, un scandale absolu. Je n’ai jamais vu un match comme ça. C’est comme s’ils s’étaient assis autour d’une table et qu’ils avaient décidé de nous éliminer.«  Le surréalisme atteint sans doute son paroxysme lorsque que commencèrent des débats au Parlement italien sur le fait que la Fédération ne défende sans doute pas assez les intérêts de la sélection nationale.

Presse italienne du 19 juin 2002, de gauche à droite : « Honte ! » (La Gazzetta dello sport), « Voleurs » (Corriere dello sport), « Scandale mondial » (Il Messaggero), « Arbitre scandaleux » (Il Giorno), « Mondial, un adieu avec rage » (La Repubblica)

Le Président de la FIGC Franco Carrano a en effet été très critiqué au pays pour avoir osé prononcer des paroles un tant soit peu plus mesurées que ses compatriotes. « Notre élimination n’est pas uniquement due aux erreurs des arbitres, nous n’avons pas bien joué et nous avons manqué beaucoup trop d’occasions de but. » Rien n’y a fait. Incapable d’accepter une nouvelle défaite face à une équipe coréenne, après l’humiliation de 1966 face à la Corée du Nord, la Botte cherche des coupables à livrer à la vindicte populaire.

La première victime collatérale sera le buteur en or de la rencontre, Ahn Jung-Hwan. Rare joueur coréen évoluant à l’étranger à ce moment-là, il joue, ironie du sort, en Italie dans le club de Perugia. Son sulfureux président Luciano Gaucci annoncera le licenciement « de ce joueur ingrat qui peut retourner chez lui pour y gagner 100 000 lires par mois. Je n’ai pas l’intention de payer le salaire de quelqu’un qui a ruiné le football italien. » Viré pour avoir marqué un but. On en est donc là… Les excuses de l’entraîneur Serse Cosmi suite à l’indignation générale n’y changeront rien. Ahn n’a plus l’intention de jouer une minute de plus en Italie.

Et bien sûr, Byron Moreno fait figure de coupable idéal quant à l’explication d’une défaite qui n’en aurait à priori aucune. Evidemment, l’intéressé tentera de se défendre, maladroitement il est vrai, en déclarant le lendemain de la rencontre que « Si Vieri et Gattuso avaient converti leurs occasions de but, personne ne parlerait de moi. » Il n’a pas tout à fait tort, on doit bien l’admettre… Mais il aurait peut-être mieux fait de se taire car la folie collective va également s’emparer des joueurs italiens eux-mêmes : alors qu’ils étaient à l’aéroport de Séoul pour rentrer dans leur pays, Byron Moreno lui en partance pour le Japon a eu le malheur d’être aperçu par Fabio Cannavaro. Lequel a tenté de rameuter tous ses coéquipiers et les insultes ont fusé. D’après des témoins de la scène, l’affrontement physique aurait été évité de justesse. L’arbitre équatorien parvient néanmoins à s’éclipser sous bonne protection. D’autres membres de la délégation italienne ont bien tenté de retrouver l’homme, mais il avait bel et bien disparu.

Et depuis ce 18 juin 2002, peu de choses ont changé. L’Italie du football, incapable d’accepter ses propres lacunes durant ce mondial, reste persuadée qu’elle s’est faite voler un mondial qui lui était promis. Et les autres fans de football, sans jamais chercher à regarder plus loin que les compilations YouTube à base de montages trompeurs et d’images hors-contextes, se sont eux aussi persuadés que l’arbitrage lors de ce Corée du Sud – Italie n’était qu’une parodie, alors qu’il suffit de regarder le match dans son intégralité pour se rendre compte qu’il n’en est rien.

Cette idée reçue est d’ailleurs renforcée par le match suivant des hommes de Guus Hiddink contre l’Espagne, où là aussi, de grosses erreurs d’arbitrage vont profiter au pays organisateur (principalement un but en or refusé pour une sortie de balle du terrain totalement imaginaire), alors que là aussi, il y aurait pas mal de choses à nuancer. Cela va atteindre des proportions telles que les Portugais, eux aussi battus par les Coréens, vont également entrer dans la danse et arguer qu’ils se sont fait voler en raison de deux expulsions (pourtant totalement méritées).

Enfin, la légende autour de Byron Moreno sera renforcée par sa fin de carrière prématurée en raison d’arbitrages cette fois ci bien plus contestables, puis par ses déboires judiciaires sur fond de trafic de drogue en 2010. Byron Moreno n’est pas un saint. Mais il serait temps que certaines légendes urbaines disparaissent, que l’on cesse de falsifier l’histoire, d’omettre les faits, de transformer la réalité pour la faire correspondre à un schéma narratif plus avantageux. Et surtout, que l’on arrête de rejeter la moindre défaite sur l’homme en noir. Car même si c’est la solution de facilité, cela permet surtout de ne pas voir ses propres lacunes. L’équipe nationale d’Italie a préféré faire l’autruche et le paiera deux ans plus tard avec une élimination au premier tour de l’euro portugais. Et cette fois, il n’y avait pas de Byron Moreno derrière qui se cacher.

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Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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50 réflexions sur « Byron Moreno – Le Justicier contesté »

  1. Vu live, avec une inoubliable Polonaise..et je fus plus scandalisé après-match que pendant..mais rien à voir avec le match! : elle adorait les étalons italiens, en parlait tout le temps, ça fait plaisir.. Je ne sais d’ailleurs toujours pas ce qu’elle foutait avec moi.. 🙂 , bref, sur le coup et pour une fois (car je déteste l’injustice!), ces décisions pour le moins polémiques me faisaient plutôt plaisir (comme ça on est deux à se mettre les Italiens à dos)..

    Puis j’ai revu les images, et ma religion était faite sur ce match..la même que pour plupart des observateurs, je présume?

    Cependant je fus beaucoup plus marqué par le match face à l’Espagne.. Dans mes souvenirs c’était encore plus gros!, le pompon..

    Alors ton article?.. Avocat du diable, et avec talent! (fais-en une rubrique)

    Je ne vois rien à objecter aux lectures séquentielles que tu fais du match, tout se tient.. Costaud, bien joué.

    Mais tu ne m’enlèveras pas ce sale arrière-goût pour les Italiens ni les Espagnols.

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    1. 2002 est pour moi la seule compétition où la Roja n’a pas eu le résultat qu’elle méritait. En tout cas depuis que je regarde le foot, soit 34 ans. On pense au centre de Joaquin pour la tete de Morientes mais il y a un but injustement invalidé à Baraja. Un hors-jeu sorti de nulle part alors que Morientes se présente seul face au gardien…
      Je n’affirme pas qu’ils auraient battu les Allemands en demi mais le plafond de verre des quarts enfin passé, l’Espagne aurait pu jouer crânement sa chance.
      Et pour une nation qui n’avait à l’époque que le dernier carré de 1950 à se mettre sous les dents, une demi aurait été célébrée comme la demi 1982 pour la France.
      Dommage pour Raul et compagnie…

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      1. Oui une génération passée presque sous silence à cause de ses incessantes contre-performances, et même clairement obscurcie celle qui lui succédera et son âge d’or qu’on lui connaît.
        Si certains on partie à ces deux époques et à la transition entre celles-ci (Casillas, Xavi et Puyol, et bien sûr Joaquín, l’andalou justement cité ci-dessus par notre ami Khia)… beaucoup ont hélas disparus des radars sans avoir cette concertation qu’ils auraient évidemment mérités sous le beau maillot de la Roja. Canizares pour commencer (bêtement blessé pour cette édition asiatique mais initialement encore titulaire)… la légende Hierro et ses deux compagnons de défense Nadal et Helguera… Soldado aussi ou encore JuanFran (déjà là) et les coéquipiers de ce dernier dans ce qui était: « l’imprévisible La Corogne d’Irurreta » (Luque, Fran et Valeron)… en pensant à Valeron on ne peut que flirter avec la poésie de Mendieta… Enfin Luis Enrique encore là, Baraja également rapporté plus haut et inévitablement, la paire incontournable de la maison blanche madrilène: Raúl et Morientes. On pourrait facilement ajouter Guti, De La Peña ou Munitis, ne serait-ce que par respect… avant de conclure avec deux coachs comme Camacho et Clemente… C’est comme ça, on se souvient de certaines générations comme étant celles du « presque », du « dommage »… dans les débats populaires et les souvenirs communs (Hollande des « Seventies », Brésil « Samba » des années 80, la « Squadra » du tout puissant Calcio des années 90… l’Argentine post-Maradona aussi (98,2002,2006) ou les Pays-Bas estampillés « Ajax/Van Gaal » de cette même période « fin Nineties-début 2000″… L’Espagne fera partie de celles-ci, un gachi, un carnage… Un chaos ou que sais-je encore… Un arrière-goût d’inachevé.

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      2. Tu vois Calcio, je pense que mise à part pour l’édition 2002, l’Espagne a eu le résultat qu’elle méritait. Si on analyse les générations Clémente et Camacho. En 94, c’est serré face à l’Italie et Salinas rate son face à face devant Pagliuca, ou le contraire, mais l’Italie était meilleure.
        En 96, idem face à l’Angleterre même si un but est injustement invalidé à Salinas. D’ailleurs, je pense que c’est la seule génération anglaise qui aurait mérité d’etre titrée.
        Pas besoin de parler de 98 où Zubi met un coup sur la tête à l’equipe.
        Et pour 2000, Raul foire son peno mais l’equipe est tres chanceuse de gagner la Yougoslavie au premier tour.
        Les quarts étaient exactement leur niveau. A mon humble avis.
        Les défenses étaient souvent moyennes avec un gardien également tres moyen la plupart du temps. Zubi, Molina…
        L’arrivée d’Iker a changé la donne. D’ailleurs, gamin, avant de m’intéresser à l’histoire de ce sport, je pensais que les gardiens espagnols étaient tous mauvais. On s’est quand meme.taper Zubi pendant 12 ans. Mais en concurrence, il.n’y avait que Buyo, Abel… Et meme quand Cañizares debute plutôt bien le tournoi en 94, Clemente remet par la suite Zubi.
        Je suis dur avec Zubi mais pour avoir vu énormément de matchs de l’Espagne ou du Barça à l’époque, jamais je ne me suis dit que c’était un gardien elite.

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  2. Très bonne article Xixon. Sujet, approche… tournure, conclusion… Félicitations ! Me concernant j’irais encore plus loin, dans la sphère abstraite, transparente mais pourtant bien réelle de l’ésotérisme, du paranormal, de l’irrationnel pour expliquer le naufrage de la « Squadra » (déjà qualifiée en 8ème dans le chaos) lors de ce premier mondial asiatique… Au Diable les analyses, les débats publics et autres croyances ancrées… Moreno, Vieri… Totti, Trapattoni et « Tutti Quanti »… Tous les signes sont là: 118eme minute, numéro 18 dans le dos d’Ahn Jung-Hwan et bien sûr, pour fignoler le tableau, nous sommes un triste 18 juin… Le « Trap » a beau sortit sa petite fiole d’eau bénite et verser discrètement quelques gouttes sur la pelouse, rien ne peux s’opposer à la puissance d’un oracle et d’une décision divine ! 18 donc, nombre exposé clairement aux yeux de tous, comme pour aider les mortels, bien sûr ici les plus cartésiens d’entre nous, à lire entre les lignes, à comprendre la sentence du ciel ! 18 en effet, n’était-ce pas là le second numéro (lors de son passage éclair au Milan AC mais aussi avec la « Nazionale » de Cesare Maldini durant le mondial français) du « Divin Codino », Roberto Baggio? Star sacrifiée par Trapattoni malgré l’appel du peuple, l’insistance du public se manifestant, à travers cris et banderoles, chaque week-end dans les différentes tribunes de Serie A. Peut-être que si Mazzone avait été du côté de Coverciano cette année-là, dans le beau costume de « CT », l’Italie aurait été championne du monde ? Lui qui savait si bien ponctuer, comme si celle-ci en avait besoin, la grâce de Robby… Mazzone qui connaissait bien sûr, la recette pour faire encore et toujours marcher sur l’eau, contre vents, marées, âge et blessures… le meilleur joueur de l’histoire du football italien ! On ne le saura jamais, ce qu’on sait en revanche, et ça c’est certain… c’est que le regret perdure dans les mémoires, comme un arrière-goût de rêve inachevé et merveilleusement exprimé ici, dans les gradins et de la part des spectateurs italiens lors du jubilé, offert par la fédération italienne à son « Fantasista », une sorte d’ultime sélection comme pour remercier le poète de sa récitation, son récital, sa fable… un amical symbolique contre l’Espagne et donc cette dernière déclaration confirmant l’intensité de ce regret et aussi peut-être, l’ancrage d’une certaine rancœur… Le message est déployé dans les gradins et ne laisse aucune place à l’interprétation: « Trap, buona l’idea, ma Baggio ci voleva in Corea », « Trap, l’idée est bonne, mais Baggio on en avait besoin en Corée »!

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  3. Merci Xixon, quel boulot !
    Tu évoques un point intéressant, qui mériterait une analyse en soi : la gestuelle des arbitres. Je suis persuadé qu’elle peut avoir dans certains matches une influence sur l’acceptation ou non des décisions. Des mouvements étriqués ou amples, saccadés ou déliés, courts ou prolongés, me semblent pouvoir conditionner le positionnement d’autorité d’un arbitre. Concetto Lo Bello, « le prince » des arbitres, avait une gestuelle presque majestueuse lui conférant, avec son habit noir, une autorité quasi ecclésiastique. García de Loza avait plutôt des mouvements provocateurs, secs et cassants, renforçant la sensation de partialité (sans même parler de ses rictus). Quant aux arbitres français actuels, ils sont presque tous petits et frêles ce qui pose deux problèmes. Le premier est un déficit d’autorité « physique ». Pour paraphraser Audiard : « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ». Le second : leur gestuelle manque de noblesse. Malgré ses défauts, on ne pouvait pas retirer ça à Vautrot. Il ressemblait à un élan en fin de vie mais quand il s’arrêtait de courir pour siffler, il dégageait quelque chose naturellement qui lui conférait de l’autorité. Bon, je m’égare, bravo Xixon !

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    1. Quel beau commentaire Verano… j’ai suivi un documentaire sur la symbolique des couleurs dans lequel l’un des intervenants affirmaient avec certitude que la perte d’autorité des arbitres a commencé le jour où la FIFA a fait passer la couleur de leur vêtement du rouge au noir

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  4. Cette equipe italienne n’avait de toute façon pas réalisé un bon tournoi. Battue par les Croates et à quelques secondes d’être éliminée par les Mexicains avant le but libérateur de Del Piero, c’était tres décevant.

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    1. Les Italiens te répondront surement qu’ils ont eu plusieurs buts refusés injustement (ce qui n’est pas faux) et que même en cas de défaite face au Mexique, ils se seraient quand même qualifiés puisque la Croatie avait perdu.

      Mais oui, sur bien des aspects, l’Italie est passée à côté de son mondial.

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  5. 2002 restera toujours une Coupe du monde particulière pour moi. Déjà, par son début, 31 mai 2002, match d’ouverture. Je suis en 3è dans mon collège d’Indre-et-Loire, je vais passer en seconde générale ensuite (pour mon plus grand malheur). France-Sénégal se dispute alors que je suis en cours de sciences physiques avec M. Delaunay, notre prof. Il a conscience que 80% des garçons de la classe veulent voir le match, et donc l’écoute sur son baladeur. Il y avait une effervescence palpable dans cette période pré-internet.

    Puis un moment, on entend du bruit dans la classe au-dessus et on voit notre prof faire la moue, il prend un feutre et marque au tableau « France 0-1 Sénégal ». Aïe aïe aïe !!! Nous tirons tous une tronche pas possible.

    Quelques jours plus tard, le collège met en place une (petite) télé dans le gymnase, pour France-Uruguay. Je ne me rappelle plus exactement mais les profs nous avaient laissé 2h de libre pour profiter avec nous du match. Nous étions quasiment une centaine à s’être agglutinés devant ce petit écran cathodique pour assister à ce match très tendu, entre expulsion de Henry et coups bas de Dario Silva.

    Le dernier match face au Danemark… On n’y croyait déjà plus beaucoup. C’était le matin, et au CDI, une télé allumée indiquait que les Danois menaient déjà 1-0… On avait compris. Avec mes camarades, nous étions tous abattus, maussades. Notre pays était déjà éliminé.

    Au-delà de la France, 2002 c’est aussi demander à ma mère de me réveiller tôt un week-end pour assister à Irlande-Cameroun le samedi puis Argentine-Nigéria le dimanche, le match fou entre Portugais et Américains, la remontée improbable des Sud-Africains face au Paraguay, un Brésil fébrile mais qui s’en sort contre la Turquie avec la renaissance de Ronaldo, le 8-0 des Allemands tout en jeu aérien face à des Saoudiens en touristes. Puis des matchs à élimination directe qui m’ont marqué comme Suède-Sénégal, Espagne-Irlande, Brésil-Belgique ou encore Angleterre-Brésil… Bref, c’était déjà il y a 20 ans, j’avais encore toute ma famille au complet, on ne voit pas le temps passer.

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      1. En effet. Pas vraiment d’erreur arbitrale marquante pour les matches du Japon.
        Après, si on est vraiment tatillon :
        – Contre la Belgique, Inamoto inscrit un 3e but en fin de match, mais il est annulé par l’arbitre. Vraisemblablement pour une faute (peu évidente)
        – Contre la Russie, un pénalty pour les Russes aurait très bien pu être accordé en fin de 1MT
        – Pareil contre la Tunisie

        Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? On ne le saura jamais

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      2. Exact Xixon, décision peu évidente à leur détriment contre la Belgique.

        Et leur niveau était vraiment bon.

        Deux fois qu’ils nous font souffrir, mais qu’à chaque fois la pièce tombe du bon côté pour la Belgique.. J’aimerais qu’on les raffronte en 1/8èmes au Qatar, juste pour voir..car un je ne sais quoi me dit que cette troisième fois serait alors la bonne pour eux.

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  6. Franchement costaud Xixon.
    Je n ai jamais revu le match. Me contentant de mes souvenirs de celui ci et des deux suivants pour me faire une idée sur le pourquoi du comment du parcours de la Corée.
    Et bien c est vraiment sympa de revenir sur un match avec autant d’impartialité.

    Mais quand même, en regardant le Pedigree du sieur Moreno (fin de carrière, traffic de drogue!?), tu vas avoir du mal à gagner ce duel avec certains eheh!

    Peut-être devrais tu fournir un certificat de non filiation avec Mr Moreno quand même dans tes notes en bas de page ahah!

    Je partage l avis de Verano sur ta remarque sur la gestuelle des arbitres. C est super intéressant. J vais en toucher deux mots à un tire-au-flanc d’ancien arbitre…

    Merci pour cet article en tout cas!

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      1. Y a pas un truc qui s’appelle le témoignage de moralité, ou bien c’est seulement dans les films ?

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    1. Le problème de l’accusation de corruption à l’encontre de Moreno, c’est qu’elle suppose un corrompu et un corrupteur. Pas de doute, le sieur Moreno a tout à fait le profil du corrompu. Mais qui serait le corrupteur ? La fédé coréenne ?

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      1. Dans le scénario de la corruption, le profil du corrupter pourrait être celui de Chung Mong-joon. Voici son pedigree :
        – fils du fondateur de Hyundai (rien que ça)
        – président de la fédération sud-coréenne de football de 1993 à 2009
        – président du comité d’organisation coréen de la Coupe du Monde 2002 (le KWOC)
        – ancien membre très important de la FIFA et même candidat à la présidence en 2015.
        – il est aussi un politicien aguerri
        – a tenté de se présenter à l’élection présidentielle de décembre 2002
        – a été député
        – est un membre très important de l’ancien Grand Parti National (qui a envoyé deux de ses membres à la présidence de Corée du Sud, dont Park Gun-hye, celle qui a été destituée car elle confiait des secrets d’état à sa medium et amie d’enfance… Une histoire de dingue)

        Voilà voilà xD

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      2. A sa médium? Lol..

        Je garde évidemment respect pour l’éventuelle spécificité culturelle à l’oeuvre sur le sujet : le très peu que je « sais » de ce pays tient surtout à leurs spiritualités, vieil intérêt pour la dimension NATO/soft-power de la secte Moon – j’avais par la bande appris (mais ce n’était guère surprenant) que le chamanisme était une donne historiquement fondamentale en ce pays.

        Ce qui me fait sourire, c’est que leurs élites valent bien les nôtres apparemment (guère surprenant non plus).

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  7. Bien que non européen et non supporter de l’Italie, j’avais gardé en tête l’image d’un vol arbitral. N’ayant jamais revu le match, je t’avoue cher Xixon, que ton article m’a totalement fait changer d’avis.
    Superbement écrit et parfaitement factuel avec quelques interprétations (par exemple sur le manque de lucidité pour cause de fatigue) tout à fait sensées et probables.
    Bref, super article camarade. Bravo

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  8. Il y a les évènements de cette coupe du monde, mais il y a aussi les dernières compétitions avec des éliminations cruelles : au tirs au but en 98, et au but en or en 2000. Cette génération italienne était sur une série de grosses frustrations en compétitions internationales. Ça devait rendre ce match encore plus difficile à accepter.

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