« Manchester United are the champions of Europe again, and nobody will ever win a European final more dramatically than this! »

La saison 1998-1999 est sans l’ombre d’un doute la plus grande de l’histoire de Manchester United. 31 ans après le titre de George Best, Nobby Stiles, Denis Law, Bill Foulkes ou Sir Bobby Charlton, une autre équipe remportait le trophée le plus prestigieux du football européen. Mais en plus d’égaler leurs illustres ancêtres, cette nouvelle génération réussissait un exploit jamais vu auparavant (ni depuis) : le Treble. La saison fut également marquée par des matchs aux scenarii fous du début à la fin, avec un final en apothéose resté dans les mémoires de tout ceux qui l’ont vus.

Mais avant d’arriver à cette saison historique dans l’histoire du club mancunien, il faut remonter en 1986, quand Martin Edwards, devenu président du club au début de la décennie, eût la difficile tâche de virer Ron Atkinson à la suite d’un début de saison catastrophique. 24 heures plus tard, le 6 novembre, Alex Ferguson, dont les résultats avec Aberdeen avait impressionné, est officialisé. Edwards ne le sait pas encore, mais l’Ecossais restera au club pour les 27 années à suivre…

Alex Ferguson se présente à la foule avant son premier match à Old Trafford le 22 novembre 1986

Néanmoins, après plusieurs saisons en dents de scie, Alex Ferguson semblait être sur le point de se faire virer le 7 janvier 1990. Le début de saison avait été catastrophique, l’effectif souffrait d’un grand nombre de blessures et United, malgré de très gros transferts, luttait pour le maintien. Un but de Mark Robins contre Nottingham Forest en FA Cup sauva le futur Sir. Plus jamais Fergie ne sera sur la sellette. La saison se termine sur une victoire en FA Cup, le premier trophée de l’ère Ferguson. Puis une Coupe des Coupes glanée face au Barça l’année suivante. L’histoire est en marche.

La saison 1992-1993 est une révolution en Angleterre : adieu la First Division et bonjour à la nouvelle Premier League. Manchester United la remporte, bien aidée par l’arrivée de cadres tels qu’Éric Cantona, Peter Schmeichel ou Denis Irwin ainsi que l’éclosion d’une pépite nommée Ryan Giggs, annonçant une génération dorée pour le club qui enfantera David Beckham, Paul Scholes, Nicky Butt, Gary et Phil Neville.

Manchester United devient alors le club dominant en Angleterre, ne finissant jamais plus bas que deuxième de Premier League, tout en gagnant FA Cup et League Cup de manière régulière. Mais un trophée se refuse toujours aux hommes de Ferguson, la Ligue des Champions.

Malgré une demi-finale atteinte en 1997, les Mancuniens déçoivent de manière constante dans la plus grande compétition européenne, semblant incapables de s’adapter à leurs adversaires continentaux.

Pire que tout, la saison 1997-1998 aura été une saison blanche de trophées, Arsenal réussissant le doublé et devenant de facto le principal rival à la domination de United en Angleterre.

Alex Ferguson sait qu’il faut y remédier en améliorant toujours plus l’effectif. Les vétérans Gary Pallister et Brian McClair sont vendus et remplacés par les deux signatures records de Jaap Stam et Dwight Yorke.

Août-Septembre 1998 : Débuts poussifs mais meubles sauvés

Et c’est sur un bis repetita de la saison précédente que la saison 98/99 commence, le 9 août 1998. Charity Shield contre Arsenal à Wembley, les hommes de Ferguson sont balayés 3-0 par ceux de Wenger. Pire que le résultat, le Charity Shield restant un match « amical », Jaap Stam a semblé en grande difficulté face à Nicolas Anelka et les Gunners semblent donc favoris pour leur propre succession.

Le premier match officiel de la saison sera une réception des Polonais du ŁKS Łódź et voit Ryan Giggs et Andy Cole marquer. Les Anglais n’auront pas à faire trop d’efforts pour assurer le match nul et la qualifications pour la phase de poules en Pologne deux semaines plus tard.

La première journée de Premier League voit donc la réception de Leicester à Old Trafford et déjà, la saison semble mal commencer, Emile Heskey en première mi-temps, et Tony Cotee, à un quart d’heure du terme, mettant à mal Manchester United. Mais, comme un symbole de la saison à venir, un comeback assez peu évident venait sauver les Red Devils, Sheringham puis Beckham à la 90e. Un point sauvé mais déjà, cela s’annonçait mal. Ensuite, un match nul et vierge à Londres contre West Ham et deux victoires, face à Charlton et Coventry avant le premier choc de la saison : Arsenal – Manchester United à Highbury.

Et comme en Charity Shield un mois et demi plus tôt, 3-0 pour les Gunners. Tony Adams puis Nicolas Anelka ont marqués en première mi-temps et Nicky Butt a pris un carton rouge moins de cinq minutes après le retour des vestiaires et Freddie Ljungberg a rajouté un ultime but pour alourdir une victoire londonienne bien méritée. Le mois se termine néanmoins bien pour les hommes de Fergie, qui battent les rivaux éternels de Liverpool 2-0 à Old Trafford.

En Ligue des Champions, les Mancuniens sont tombés dans le « groupe de la mort » : Brøndby, United, Barcelone, Bayern Munich. Le premier match serait la réception des catalans à Old Trafford et le score sera de 3-3, Manchester menait 2-0 mais un rouge de Nicky Butt vit le Barça dominer très largement la seconde période, les hommes d’Alex Ferguson pouvant se satisfaire du point glané au vu du scénario. Deux semaines plus tard à Munich, les Red Devils menaient 2-1 quand Giovane Élber égalisa pour les Bavarois. Après deux matchs contre les deux gros opposants du groupe, les Mancuniens possède donc deux points.

Octobre-décembre 1998 : Stabilisation, ultimes défaites et qualification

Octobre commence sur les meilleures des bases pour les hommes d’Alex Ferguson : victoires 3-0 contre Southampton, 5-1 face à Wimbledon et 4-1 à Goodison Park contre Everton, seul un accroc à Derby County coûte deux points aux Red Devils, Deon Burton ouvre le score à un quart d’heure du terme mais heureusement, Jordi Cruyff, rentré en jeu à la 82e minute, égalise cinq minutes après pour sauver un point. En l’espace de deux semaines, Manchester United bats assez largement Brøndby à deux reprises, 6-2 au Danemark puis 5-0 en Angleterre. Avec ses deux victoires, les Mancuniens sont en tête du groupe avec huit points, un nul à Barcelone suffirait pour assurer la qualification en quart de finale.

En Premier League, le rythme de Manchester United reste le même qu’en début de saison, pas mal de victoires, quelques nuls et une seule défaite, un 3-1 encaissé à Sheffield. La League Cup pointe le bout de son nez et une équipe plus que remaniée doit aller en prolongations pour éliminer Bury, Ole Gunnar Solskjær et Erik Nevland marquant les deux buts. Au tour suivant, contre Nottingham Forest, un doublé de Solskjær permet aux Red Devils de s’imposer. Le mois se termine avec un nul deux partout au Camp Nou. Manchester United verra les phases finales de la Ligue des Champions.

Huit matchs en l’espace d’un mois pour les joueurs de Manchester United : une élimination en League Cup face à Tottenham pour débuter le mois, trois matchs nuls consécutifs en Premier League, un match nul face au Bayern en Ligue des Champions. Et trois matchs pour terminer le mois : une victoire face à Nottingham Forest pendant le Boxing Day, un nul 0-0 à Stamford Bridge mais avant ça, une défaite 3-2 à Old Trafford contre Middlesbrough le 19 décembre 1998. Manchester United ne perdra plus le moindre match officiel avant le 3 octobre 1999.

Janvier-février 1999 : Nouvelle année, nouveau rythme

La nouvelle année commence avec le début de la FA Cup pour les Red Devils. Match contre Middlesbrough à Old Trafford. Bis repetita de la Premier League ? On semble parti pour quand Andy Townsend ouvre le score pour Boro. Les hommes de Ferguson dominent mais leurs adversaires ne rompent pas et lorsque Andy Cole égalise après l’heure de jeu, les Mancuniens savent qu’ils n’ont pas encore fait le plus dur. Il faudra un pénalty de Denis Irwin et un ultime but signé Ryan Giggs dans les 10 dernières minutes pour assurer une victoire dans la difficulté.

Malgré cela, deux victoires convaincantes contre West Ham et Leicester laissent les Red Devils dans la lutte au titre, bien aidés par les points perdus ici et là par Arsenal tout au fil de la saison. Arrive ensuite un choc face à Liverpool dès les seizièmes de finale de la FA Cup.

Et à la maison, le match commence mal : Michael Owen marque de la tête dès la deuxième minute de jeu. United se remets la tête à l’endroit et domine, les montants sont touchés à deux reprises, mais les hommes de Ferguson semblent incapables de marquer. Mais à la 88e minute, tout change. Faute de Jamie Redknapp, coup-franc de David Beckham sur Andy Cole qui égalise. Old Trafford exulte et explose lorsque Paul Scholes offre le ballon de la victoire à Ole Gunnar Solskjær dans les arrêts de jeu.

Symbole de la saison de Manchester United : Liverpool aura mené 86 minutes, United 30 secondes.

Après cela, c’est une nouvelle victoire en Premier League, face à Charlton. Encore une fois, les mancuniens se compliquent la tâche, Dwight Yorke n’ouvrant le score à la 89ème minute.

Les résultats parallèles permettent à United d’être seul en tête de la Premier League pour la première fois et les victoires du mois de février, Derby, Nottingham, Coventry et Southampton cimente cela, malgré Chelsea et Arsenal qui arrive à suivre le rythme des hommes de Ferguson. Seule ombre sur le tableau, le match nul à Highbury face à Arsenal un partout.

Mars-avril 1999 : Trois tableaux, deux mois, une équipe

Le mois de mars voit le retour de la Ligue des Champions avec une double-confrontation contre l’Inter de Baggio, Zanetti et Ronaldo. Le Brésilien est absent au match aller à cause d’une blessure et cela se sent, le trio offensif intériste est en difficulté et ne pèse que peu durant l’ensemble du match alors que le quatuor Cole – Yorke – Giggs – Beckham fait des ravages malgré un Pagliuca impérial. Malheureusement pour son équipe, le buteur trinidadien est sans pitié et marque à deux reprises. Le retour à Milan sera difficile pour les Anglais mais les Italiens manqueront de chance. Zanetti touche le montant alors que Schmeichel est battu, Henning Berg sauve une énorme occasion et l’arbitre refuse un pénalty pourtant valide suite à un contact entre le gardien danois et l’attaquant chilien Iván Zamorano. Nicola Ventola ouvre le score mais Paul Scholes enterre les espoirs des Nerazzurri à quelques minutes du terme.

En FA Cup, Chelsea est battu au replay, 0-0 à Old Trafford, 2-0 à Stamford Bridge. La saison de Premier League continue avec deux victoires contre Newcastle et Everton mais l’enchaînement des matchs fait perdre des points importants aux Red Devils, deux nuls contre Wimbledon et Leeds font perdre la tête du championnat au profit d’Arsenal, revenus de loin et semblant être les seuls capable de tenir l’infernal rythme des hommes de Fergie.

Néanmoins, Manchester United va assurer sa première finale de la saison dans une épique confrontation contre les joueurs d’Arsène Wenger en demi-finale de FA Cup. Le match aller à Villa Park accouche d’une souris, 0-0 après 120 minutes. Trois jours plus tard, dans le même stade, le scénario sera tout autre.

David Beckham ouvre le score au bout d’un quart d’heure de jeu d’une superbe frappe de loin mais alors que l’heure de jeu vient de passer, Dennis Bergkamp lui répond par une frappe plus belle encore qui remets Arsenal en vie dans ce match. Anelka pense tuer le match peu après mais son but est hors-jeu. Un tacle trop appuyé de Roy Keane lui vaut un second carton jaune, le capitaine mancunien ne verra pas la finale. On joue la 90e minute et Phil Neville déséquilibre Ray Parlour dans la surface. Bergkamp peut être le héros des Gunners mais Schmeichel arrête le pénalty du Néerlandais, le match ira en prolongations. 109e minute, les Gunners dominent des mancuniens réduit à 10 mais une passe raté de Patrick Vieira arrive dans les pieds de Ryan Giggs. Ce dernier dribble toute la défense londonienne et expédie une frappe dans la lucarne de David Seaman, le but est légendaire, la célébration également et Manchester United revient d’entre les morts pour se qualifier en finale de la FA Cup.

Il ne reste que la Ligue des Champions et le tirage au sort à mis la Juventus d’Inzaghi, Del Piero et Zidane en face des Red Devils. A Old Trafford, les joueurs de la Juventus semblent bien plus affutés que de bien tristes Mancuniens offensivement absents et défensivement proche de la punition. Il n’est pas surprenant de voir Antonio Conte ouvrir le score en première mi-temps et seul un grand Schmeichel permet à United de rester dans la partie. En seconde mi-temps, les Anglais semblent être mieux et une main de Mark Iuliano aurait pu être sifflée mais l’arbitre préfère laisser l’action continuer. Plus le match avance, plus les locaux dominent mais Angelo Peruzzi garde sa cage inviolée. Il faudra attendre la 92e minute pour que United égalise enfin grâce à un but signé Ryan Giggs à la suite d’un cafouillage dans la surface.

Le match retour à Turin commence mal pour les Red Devils : Ryan Giggs blessé ne peut même pas être sur le banc et au bout de 11 minutes de jeu, les locaux mènent 2-0 grâce à un doublé plein de malice signé Pippo Inzaghi. Comme le dise les commentateurs anglais sur le second but juventino, Manchester United a besoin d’un vrai miracle. Et comme un symbole, le miracle porte un nom et le brassard de capitaine, Roy Keane réduit le score à la 24e minute d’une tête rageuse. Il prend cependant un carton jaune peu après, à la suite d’un tacle appuyé sur Zinédine Zidane. Le capitaine irlandais serait donc privé d’une seconde finale en cas de qualification de son équipe. Néanmoins, cinq minutes après, un centre parfaitement placé par Andy Cole vers Dwight Yorke permet à ce dernier d’égaliser de la tête. La Juve était qualifiée et menait 2-0 après 11 minutes, Manchester United a égalisé et est maintenant qualifié 25 minutes après. Inzaghi pensait avoir réussi son coup du chapeau à l’heure de jeu mais il était bien hors-jeu. Irwin touchait le poteau mais c’est bien la Juve qui dominait en seconde période. A cinq minutes du terme, sur une superbe action entre son duo de buteurs, Manchester United assurait définitivement sa qualification pour la finale de la Ligue des Champions grâce à un but signé Andy Cole à la suite d’un énorme travail de Dwight Yorke. 3-2 score final, les hommes de Ferguson sont encore revenus de très loin pour continuer le rêve d’un triplé historique.

Mai 1999 : Le Treble est réel !

Il reste sept matchs à Manchester United pour réussir ce que toute l’Angleterre appelle « The Treble », un triplé historique jamais réussi en Angleterre et uniquement par trois équipes en Europe. Le mois commence par une victoire sur Aston Villa deux buts à un mais arrive ensuite un nul frustrant deux partout à Anfield. Alors que les Red Devils menaient 2-0, les Reds reviennent à 2-1 avant que Paul Ince, ancien Mancunien, n’égalise à la 88e minute. Cela permet alors à Arsenal d’avoir trois points d’avance en tête du championnat. Le latéral irlandais Denis Irwin prend également un carton rouge, le privant des prochains match dont la finale de la FA Cup !

Le match suivant voit néanmoins une victoire 1-0 à Middlesbrough, il reste deux journées en Premier League et les hommes d’Arsène Wenger possèdent le même nombre de points que ceux d’Alex Ferguson et la même différence de buts ! Si le championnat devait se terminer ainsi, Manchester United serait champion grâce à un plus grand nombre de buts marqués mais Fergie le sait, il ne vaut mieux pas compter sur ce scénario.

A Elland Road, un but de Jimmy Floyd Hasselbaink permet aux joueurs de Manchester United d’avoir leurs destins entre leurs mains, Leeds s’imposant 1-0 à domicile contre Arsenal. Mais le lendemain, United ne peut faire mieux qu’un match nul et vierge contre Blackburn, assurant la relégation de ses derniers. United a un point d’avance et une différence de +1 par rapport à Arsenal.

Tout se jouera le 16 mai 1999, Arsenal recevant Aston Villa à Highbury alors que Manchester United voit les éternels rivaux des Gunners, Tottenham, jouer à Old Trafford.

Avant la demi-heure de jeu, Les Ferdinand ouvre le score pour les Spurs à Manchester alors que le score est toujours de 0-0 à Londres. A ce moment précis, United est toujours champion mais le moindre but des Gunners ferait basculer le titre. Mais les joueurs de Ferguson ne peuvent pas lâcher le titre, pas après tout les scenarii fous ayant marqués la saison. David Beckham avant la mi-temps et Andy Cole au retour des vestiaires permettent aux Red Devils de prendre la tête mais Tottenham reste dangereux et cette sensation s’accentue encore plus après l’ouverture du score de Kanu du côté de Londres. Mais rien n’y fait, Tottenham ne marque pas et Manchester United remporte le titre.

C’est le cinquième titre en sept ans pour les hommes de Ferguson, ce dernier égalant le nombre de titres de Sir Matt Busby. Le championnat est remporté, il ne reste que deux matchs pour réussir l’exploit.

A Wembley, c’est une tornade rouge qui s’abat sur Newcastle. Sheringham au bout de 10 minutes puis Paul Scholes à la 52e offre aux Mancuniens le luxe de jouer libérés en seconde mi-temps face à des Magpies bien pales à l’image d’Alan Shearer, invisible. Le doublé Premier League – FA Cup accompli, il ne reste plus qu’un trophée pour Alex Ferguson, celui qui l’avait fui depuis des années, la Ligue des Champions.

26 mai 1999 : Manchester United dans l’histoire

26 mai 1999. Camp Nou. Barcelone.

C’est une journée symbolique pour le club mancunien. En plus de la finale, on aurait fêté ce jour-là les 90 ans de Sir Matt Busby, si le cancer ne lui avait pas fait passer l’arme à gauche cinq ans plus tôt. L’émotion est grande pour les anglais, c’est la première fois qu’un club britannique atteint la finale de la Ligue des Champions depuis le traumatisme du Heysel en 1985.

Sportivement, les deux clubs sont dans une situation similaire : le championnat ayant été assuré par les bavarois 10 jours auparavant à la suite d’un nul face au Hertha Berlin, il ne reste plus que la finale de DFB-Pokal et cette finale de Ligue des Champions à jouer pour les Allemands.

Alex Ferguson doit cependant faire avec trois absents majeurs : ni Scholes ni Keane ne peuvent participer à la finale à cause de leur suspension en demi-finale mais Henning Berg est également absent sur blessure, lui qui était pressenti pour être milieu central ne pourra pas finalement jouer. Néanmoins, Jaap Stam est revenu d’une blessure au tendon d’Achille et pourra assurer sa place en défense centrale. Roy Keane absent, c’est Peter Schmeichel qui prendra le brassard pour son ultime match sous les couleurs des Red Devils.

Manchester United se présentera donc dans son habituel 4-4-2 avec le Danois dans les cages devant une charnière centrale composée de Ronny Johnsen et Jaap Stam, Gary Neville et Denis Irwin assurant les côtés de la défense. C’est au milieu que les plus gros changements ont lieu, Nicky Butt voit David Beckham le suppléer dans l’axe alors que Ryan Giggs change de côté pour jouer à droite, Jesper Blomqvist prenant sa place habituelle d’ailier gauche. Le duo de devant reste le même, Andy Cole et Dwight Yorke sont titularisés.

Cela laisse un banc plus que déséquilibré avec lequel travailler pour Fergie, Raimond van der Gouw en cas de blessure du gardien danois, le jeune Wes Brown et les seconds couteaux Phil Neville et David May en défense, le seul milieu disponible est Jonathan Greening, sept matchs durant l’entièreté de la saison et un duo de buteurs talentueux : Teddy Sheringham et Ole Gunnar Solskjær.

Chez les Bavarois, pas de Lizarazu ni d’Élber, blessés, et l’équipe se trouve remaniée à cause de cela. Ottmar Hitzfeld part sur un 4-3-3 ou devant, l’absence du Brésilien amène à un trio Basler – Jancker – Zickler. En défense, Michael Tarnat remplace le latéral français alors que la charnière Thomas Linke – Samuel Kuffour, soutenue par Lothar Matthäus en libéro, force le capitaine Thomas Helmer à être sur le banc. C’est donc Oliver Kahn qui échangera le fanion avec Peter Schmeichel.

Il est 20h45 à Barcelone et à Munich, 19h45 à Manchester lorsque le match commence.

Le Bayern domine en début de match mais le premier moment chaud arrive après cinq minutes de jeu, Johnsen fait faute sur Jancker juste à l’entrée de la surface et Mario Basler tire le coup-franc. Son coup-franc à ras de terre trompe Schmeichel et le Bayern mène 1-0 au bout de la 6e minute de jeu. La première réelle occasion mancunienne arrive au bout d’un quart d’heure de jeu quand, à partir d’une touche de Neville, la tête de Stam arrive dans les pieds de Dwight Yorke mais le ballon est cafouillé et sort en six mètres. Depuis l’ouverture du score, c’est Manchester United qui met le pied sur le ballon mais en vain, aucune action réellement dangereuse n’arrive pour les Red Devils. A partir de là, le ballon sera globalement en faveur des Mancuniens mais aucune des deux équipes n’arriveront à avoir de franches occasions jusqu’à la mi-temps.

Le retour des vestiaires semblent avoir fait du bien aux Bavarois qui commencent la mi-temps avec une belle occasion suite à une passe de Matthäus vers Jancker. Ce dernier est en bonne position pour marquer mais un excellent retour de Johnsen fait dévier le ballon et sauve United. Mais 10 minutes plus tard, un centre somptueux de Giggs vers Blomqvist est gâché par ce dernier qui la mets au dessus. A l’heure de jeu, Mario Basler tente un lob audacieux après que Schmeichel s’est avancé mais il est trop long. Néanmoins, on voit Ferguson réagir à cela en préparant son premier changement, Teddy Sheringham va rentrer. Ce dernier remplace Blomqvist à la 67e minute. Zickler est ensuite remplacé par Scholl, la stratégie commence à se mettre en place entre Hitzfield et Ferguson.

Deux actions consécutives de Stefan Effenberg aux 72e puis 73e minute ne permettent pas au Bayern de tuer le match, la frappe lointaine de l’Allemand manquant le cadre alors que la seconde est repoussée du bout des doigts par le gardien danois. Manchester semble être sur le point de craquer quand Basler fait danser toute la défense anglaise avant de passer le ballon à Scholl dont le lob termine sur le poteau avant de revenir dans les bras d’un Schmeichel battu. A 10 minutes du terme, Thorsten Fink remplace le presque quadragénaire Matthäus, finaliste de la Coupe des Clubs champions en 1987 et voyant son ultime chance de remporter le trophée. Ferguson répond avec un ultime changement : Andy Cole sort et est remplacé par Ole Gunnar Solskjær.

Le premier ballon touché par le Norvégien est proche de faire mouche mais Oliver Kahn protège bien son premier poteau et arrête le ballon. Une minute plus tard, Jancker manque le but lorsque sa retournée termine sur la barre de Peter Schmeichel encore une fois battu. Il ne reste que sept minutes à jouer dans le temps réglementaire, et si ce n’est pour la tête de Solskjær, United n’a jamais pesé offensivement dans le match, profitant d’un bon Schmeichel et d’un Bayern trop imprécis pour rester en vie.

Les cinq dernières minutes sont totalement en faveur des Anglais. Solskjær menace à nouveau Kahn de la tête alors qu’une frappe de Sheringham trop écrasée est stoppée par le portier allemand. Salihamidžić remplace Basler, un nouveau changement défensif pour Hitzfield. Trois minutes de temps additionnel, le Bayern va soulever sa quatrième Ligue des Champions, la première depuis l’ère Beckenbauer.

C’est ce que doivent se dire les supporters des deux équipes, tout comme Pierluigi Collina, arbitre du soir. Mais un match n’est jamais terminé tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti. 90e+1, corner de David Beckham. Schmeichel, qui est monté pour l’occasion, la touche tout comme Andy Cole, le ballon est mal dégagé et arrive dans les pieds de Ryan Giggs. Ce dernier, sans élan, tente une frappe bien molle mais Teddy Sheringham est sur la trajectoire et marque.

30 000 Mancuniens dans les gradins et environ 100 000 dans les rues et bars de Barcelone exultent d’une seule voix. Manchester United ne meurt jamais et on semble alors parti pour 30 minutes de bonheur en plus. La réalisation s’arrête sur le visage d’un Matthäus comme brisé. Son Bayern avait mené une grande partie du match en 1987 avant de voir Porto marquer deux fois en deux minutes.

Les Bavarois font l’engagement mais très vite, Manchester force un nouveau corner que Beckham tire à nouveau. Le ballon termine sur la tête de Sheringham qui la dévie vers Solskjær, qui marque. Le ciel est tombé sur la tête du Bayern, comme en 1987, deux buts en deux minutes en finale de Ligue des Champions. Samuel Kuffour frappe le sol en pleurant, jamais son équipe n’aurait du perdre ce match. Mais pour les anglais le Treble est accompli, revenus des enfers toute la saison, les hommes d’Alex Ferguson remportent la Ligue des Champions pour la première fois depuis 31 ans. Clive Tyldesley pour la chaîne ITV résume la saison mancunienne en une simple phrase : « History is made, Manchester United are the champions of Europe again, and nobody will ever win a European final more dramatically than this! »

16 réflexions sur « « Manchester United are the champions of Europe again, and nobody will ever win a European final more dramatically than this! » »

  1. sympa ce petit récit et c’est quand même dingue comme certaines saisons te marquent les verts remontent en D1 (quelle attaque Revelle Subiat avec derrière eux le grand Kader Ferhaoui) et cette finale de 99 est a jamais marqué dans mes rétines et le fameux but de Giggs en 1/2 de cup et sa non moins fameuse célébration également!
    jamais été un grand fan du foot britannique, dans mes souvenirs j’étais plus pour les bavarois (oui étrange je sais pour un supporter Stephannois^^) probablement parce que assez fan du grand Lothar
    c’est aussi la 1ere saison du reste de notre vie après le mois de Juillet 98, oui avant on été des pestiférés, des beaufs, des animaux et des décérébrés ceux qui aimions le foot!
    limite honteux de suivre le sport et de lire l’équipe (surtout celle du lundi^^) mais au moins on était entre spécialistes, entre passionnés entre connaisseurs et puis sont arrivés les footix les politiques et tous ces touristes donneurs de leçons, la fin de l’entre soi et les 1er effets de l’arrêt Bosman (la fin des ajax Goeteborg Malmoe Aberdeen ect…)
    merci pour ce moment^^

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  2. Merci l’ami! Je t’en ai deja parlé mais j’ai été un gros fan de United. De la finale de la Cup 90 au transfert de Van Persie qui a marqué une rupture dans ma passion. C’est presque devenu un club anonyme pour moi désormais. Et c’est l’unique cas de figure.

    Mais cette finale de Cup 90 face à Palace, c’est le moment clef où je suis devenu fan. 3 partout au premier match, un double de Mark Hughes et c’était parti pour plus de 20 ans. J’avais meme la vhs de l’épopée en Cup. Viendront la c2 face au Barça, après la boulette de Barrabe sur un tir de Blackmore, le premier titre en 93 attendu depuis l’époque Charlton, Kanchelskis et la suite…
    En 99, autant la finale est un hold up, autant les prestations face à l’Inter et la Juve sont anthologiques.

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    1. cette finale de cup face a Palace le match 1 il me semble était dans l’après midi et si je dis pas de bêtises en clair sur une chaine du service public, si quelqu’un peut confirmer?
      ça avait été un match de dingue ce 3 partout et je crois bien que le match d’appuis fermé comme une huitre, dans mes souvenirs je crois bien que nous les fans de foot étions super excité par ce match anglais justement parce qu’ils revenait en Europe l’année suivante et que depuis 85 ils s’étaient refermés dans leur ile

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      1. Oui, c’était bien en clair puisque nous n’avions pas Canal à la maison à ce moment là. Souvenir également de la finale suivante entre les Spurs et Forest où Gascoigne se blesse et un peu plus tard de Waddle sous le maillot de Sheffield face à Arsenal.

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  3. La victoire de United en 99, c’est un long processus de remise à niveau pour le foot anglais après le Heysel. Je garde ce sujet en tete.
    Arsenal qui sort face à Benfica d’Isaias avant les groupes. Leeds, idem face aux Rangers. United sort par Galatasaray dans une ambiance délétère. Blackburn, ridicule en phase de groupe…
    Finalement de 92 à 98, il n’y a que le parcours de United en 97 qui est au niveau en c1. Et ils sont largement dominés par le Dortmund de Kohler en demi.
    Sans oublier la patate de Trezeguet face à Manchester l’année suivante.

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    1. 10 ans plus tôt – et que dire au cours des décennies précédentes (en tout cas je ne vois pas tel quartette dans l’Histoire post-war du foot brit??) – , le fort sous-estimé Sheringham eût encore été titulaire dans n’importe quelle équipe du top anglais, la concentration des talents était à l’oeuvre.

      NB, 3 articles en un jour : je ne parviens décidément plus à suivre, là.

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      1. J’aime bien la figure londonienne de Sheringham. Milwall, Spurs, West Ham… Son duo avec Shearer était genial. D’ailleurs, des compétitions que j’ai vues, l’Euro 96 est la seule que l’Angleterre mériterait de gagner.

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      2. Tout pareil. Leur 3-5-2 très offensif (MacManaman à gauche, Anderton à droite) était formidable.

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    1. Je connais plus d’un Anglais-vintage qui te mettraient à l’amende de n’avoir cité Duncan Edwards, schocking (pour eux, hein 😉 ) : le plus grand blablabla (« blablabla » qui n’a rien de méprisant dans mon chef, juste que c’est tellement redondant chez eux………..). Mais leur jugement serait tellement anglocentré, et il est de toute façon si difficile d’en juger.. Je ne suis pas davantage convaincu quand, à les entendre, Best fut a minima l’égal d’un Maradona ; trop de star-system naissant, de fierté insulaire déplacée et d’ignorance des faits culturels exo-brits dans leur chef..

      Pour ma part et de ce que j’ai vu : Brian Robson les yeux fermés. Mais à l’instar du Larry Bird que beaucoup découvrirent (cruellement) aux JO92, pas le Brian Robson trop irréversiblement réduit par les soucis physiques, nope.. : je vise le Robson qui porta cette équipe sur ces épaules tout au long des 80’s, et qui rendit alors à ce club sa dignité!

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      1. J’ai hésité avec Robson…Peut-être enlever Cristiano mais le Portugais était quand même sensationnel à United. Je l’ai largement préféré à son époque madrilène.

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