France-Autriche 1934 : Kimpton fait déjouer Meisl

« La force décuplée des perdants »

Alain Bashung et Gérard Manset, Comme un Lego, 2008

Une victoire morale ?

Le 27 mai 1934, au premier tour de la Coupe du monde en Italie, l’équipe de France est défaite 3 buts à 2 par l’équipe d’Autriche. Une défaite a priori sans gloire, dans un stade Mussolini de Turin presque vide. Et pourtant, le lendemain à Paris, 4 000 personnes viennent acclamer les joueurs de retour au pays : « C’est au milieu de l’enthousiasme d’une foule inusitée en pareille circonstance que l’équipe de France est arrivée hier soir, à 22 heures, à la gare de Lyon. Bien avant l’heure, le hall était parsemé de petits groupes sur les intentions desquels on ne pouvait se méprendre : ils LES attendaient. Et, lorsque l’entrée en gare du train fut annoncée, ce fut une ruée sur le quai. Il nous fallut nous placer au sprint pour arriver les premiers à la portière où Thépot [gardien de l’équipe de France], un sourire atténué aux lèvres, apparaît, et tout de suite répond à nos félicitations par un : « Nous n’avons pas eu de chance », qui résume bien tout ce que nous savons déjà. Les joueurs sont happés, absorbés, par une foule de trois à quatre mille enthousiastes qui, au milieu des hurrahs, hurle les noms de ses favoris. Kimpton [entraîneur de l’équipe de France], auquel nous avons à peine le temps de serrer la main, est reconnu aussi et recueille sa part de bravos. Ce flot humain, se poussant lui-même, arrive, après que les contrôleurs eussent essayé maladroitement de montrer un zèle inutile, jusqu’à une brasserie proche qui ne tarde pas à être envahie, elle aussi, par les chasseurs d’autographes ou les simples admirateurs » (L’Auto du 29 mai 1934).

Comment expliquer pareil enthousiasme pour une équipe de vaincus, de perdants ? C’est que, pour l’équipe de France en 1934, perdre seulement 3-2 contre l’Autriche relève de l’exploit.

De gauche à droite : le Belge Louis Baert (arbitre assistant), l’Italien Camillo Caironi (arbitre assistant), le Français Alexis Thépot (capitaine), le Néerlandais Johannes van Moorsel (arbitre central) et l’Autrichien Josef Smistik (capitaine). Au fond, les gradins clairsemés du stade Mussolini de Turin. Alors que le stade peut accueillir 65 000 personnes, ils ne sont que 15 000 à le garnir pour cette rencontre du premier tour de la Coupe du monde.

Le Wunderteam autrichien

Avant ce match de Turin, la France et l’Autriche se sont rencontrées trois fois sur un terrain de football : le 19 avril 1925 à Paris, pour une victoire 4-0 des Autrichiens ; le 30 mai 1926 à Vienne, pour une victoire 4-1 des Autrichiens ; enfin le 12 février 1933 à Paris pour… une victoire 4-0 des Autrichiens. Autant dire qu’on mesure le chemin parcouru, d’un strict point de vue comptable, entre les précédentes déculottées et la courte défaite subie par les Français en 1934.

Qu’on ne se méprenne pas, cependant. Si les Français sont incapables de rivaliser avec les Autrichiens, ils ne sont pas les seuls. Bref florilège des faits d’armes du Wunderteam – l’équipe merveilleuse ! – dans les années qui précèdent la Coupe du monde en Italie : 5-0 contre l’Ecosse le 16 mai 1931 à Vienne ; 6-0 contre l’Allemagne le 24 mai 1931 à Berlin, 8-1 contre la Suisse le 29 novembre 1931 à Bâle, 8-2 contre la Hongrie le 24 avril 1932 à Vienne, 4-2 contre l’Italie le 11 février 1934 à Turin. Autant dire que voilà une équipe qui a bien mérité son surnom !

Pour l’exprimer simplement, l’Autriche est alors sans doute la meilleure équipe du continent européen. Et, en l’absence de l’Uruguay et de l’Angleterre, elle est le favori de la Coupe du monde en Italie. On comprend donc que, lorsque débute le match du 27 mai 1934, personne ne donne cher de la peau de l’équipe de France. Et que la défaite par 3 buts à 2 est, non seulement méritoire, mais presque miraculeuse. Encore plus lorsqu’on sait qu’elle fut acquise en prolongation. Et encore plus lorsqu’on connaît les circonstances du match !

Après avoir détruit le XI allemand à Berlin le 24 mai 1931 (6-0), le Wunderteam gagne encore 5-0 contre l’Allemagne à Vienne le 14 septembre 1931. Debouts, de gauche à droite : Karl Zischek, Josef Blum, Adolf Vogl, Friedrich Gschweidl, Karl Gall, Karl Rainer, Matthias Sindelar, Johann Mock. Accroupis, de gauche à droite : Anton Schall, Rudolf Hiden, Josef Smistik. Seuls Zischek, Sindelar, Schall et Smistik seront du match contre la France le 27 mai 1934.

Un entraîneur en équipe de France

La bonne performance – à défaut de la victoire – de l’équipe de France face à l’Autriche est avant tout le fait d’un homme : George Kimpton, l’entraîneur anglais choisi par la 3FA.

En France, la nécessité d’un entraînement régulier, sous la direction d’un spécialiste, n’apparaît qu’à partir des années 1920. Tout au long de l’entre-deux-guerres, le rôle de l’entraîneur reste avant tout celui d’un préparateur physique chargé de maintenir les joueurs en forme. Mais, au fur et à mesure, les approches techniques et tactiques du football prennent de plus en plus de place. Ainsi, les années 1920 et 1930 voient le passage d’un entraînement purement hygiénique à un entraînement véritablement sportif.

Les institutions du football français accompagnent et encouragent ce mouvement. Lors des Jeux olympiques d’Anvers (1920), Paris (1924) et Amsterdam (1928), un comité – formé, pour une bonne part, d’anciens internationaux – sélectionne les joueurs, un entraîneur anglais choisi par la 3FA assure la préparation physique, enfin la tactique est dévolue au capitaine sur le terrain. A partir de 1929, la 3FA organise aussi des stages d’entraîneurs sous la conduite de Charles Griffiths (qui fut en charge de la préparation de l’équipe de France aux Jeux de Paris). Mais, surtout, le passage officiel au professionnalisme en 1932 impose aux clubs professionnels de salarier un entraîneur à plein temps.

Afin de former les entraîneurs français – et en complément des stages de la 3FA –, la Ligue de Paris propose, pendant l’été 1932, des conférences de George Kimpton. Ancien joueur professionnel à Southampton, alors entraîneur du modeste club de Coventry, l’Anglais s’exprime dans un français épouvantable. Mais il captive son auditoire qui semble – ou feint de – découvrir que le football est un art, peut-être une science, à tout le moins qu’il repose sur des éléments techniques, et qu’on ne peut pas se contenter d’entrer sur le terrain muni de plein de bonne volonté et de jouer à l’emporte-pièce. Il faut organiser le jeu, discipliner les joueurs.

Or, deux ans plus tard, qui est choisi par la 3FA pour préparer les joueurs en vue de la Coupe du monde en Italie ? George Kimpton, évidemment. S’il s’occupe bien sûr de la partie physique, l’Anglais va surtout apporter sa touche dans le domaine tactique. Adepte du WM, il va en effet adapter cette tactique à l’équipe de France et mettre en échec le Wunderteam.

L’équipe de France, le 27 mai 1934 à Turin. Debouts, de gauche à droite : George Kimpton, Edmond Delfour, Jacques Mairesse, Alexis Thépot, Georges Verriest, Noël Liétaer, Etienne Mattler. Accroupis, de gauche à droite : Fritz Keller, Joseph Alcazar, Jean Nicolas, Roger Rio, Alfred Aston.

Le Scheiberlspiel autrichien

L’architecte du Wunderteam est Hugo Meisl. Maître tacticien, innovant, celui-ci a mis au point un jeu d’équipe reposant sur des passes courtes et des permutations incessantes, un tourbillon appelé Scheiberlspiel : « en phase d’attaque, les demis, les deux inters et l’avant-centre en retrait Sindelar s’échangeaient la balle à toute vitesse, tout en permutant constamment, de façon à perturber le marquage adverse. Ces permutations s’effectuaient dans les espaces libres, supposant un démarquage constant, et des appels en profondeur, mais le plus souvent latéraux. L’objectif était la possession, dans le but de lasser l’adversaire, avant de lancer en profondeur soit les ailiers, soit un des avants du centre, souvent Sindelar lui-même, qui savait se porter aux avant-postes au moment opportun, grâce à son sens du jeu. Les ailiers avaient pour consigne, non de déborder et centrer aveuglément de façon aérienne, mais de se rabattre en diagonale et de servir soit un avant démarqué, soit en arrière un demi, pendant qu’un attaquant plongeait dans l’espace libre pour recevoir alors le ballon. Ce qui importait surtout, pour Meisl, c’était le mouvement, qui devait être le plus collectif possible, et permanent, et la vitesse. Pour l’exécution, il faisait confiance au talent de ses joueurs » (Pierre Cazal). Fondée sur le mouvement et la vitesse, cette tactique est donc à la base des succès autrichiens. Mais elle a néanmoins un point faible : elle est bâtie autour de son maître à jouer, de son homme-orchestre, Matthias Sindelar. L’avant-centre efficacement bloqué, c’est toute la machine autrichienne qui se trouve grippée. C’est ce que Kimpton a compris, et c’est ce qu’il va faire.

L’entraîneur anglais ne prend en main l’équipe de France que le 12 mai, après une victoire obtenue au courage à Amsterdam : les Français s’imposent 5-4, après avoir été menés 3-0 au bout de 12 minutes… Il n’a donc que deux semaines pour convaincre les joueurs de mettre en œuvre une tactique – le WM – qu’ils n’ont jamais pratiquée et que, pour la plupart, ils rechignent à appliquer. D’abord à Compiègne puis, du 22 au 26 mai, au bord du lac d’Orta dans le nord de l’Italie, Kimpton bricole donc une tactique avec onze joueurs… qu’il n’a pas choisis.

Car la 3FA se complique la tâche, encore et toujours. Le XI qui débute contre l’Autriche est en effet sélectionné par un comité composé de Gaston Barreau, Maurice Delanghe et Jean Rigal. Alors que Kimpton veut jouer le WM, avec des arrières rapides chargés de surveiller les ailiers, les sélectionneurs mettent sur le terrain Etienne Mattler et Jacques Mairesse, deux défenseurs solidement charpentés habitués à bloquer l’avant-centre adverse et à dégager. Autant dire que face à des ailiers véloces comme Zischek et Viertl, ils n’ont aucune chance !

Kimpton va alors composer : plutôt que d’avoir en charge les ailiers, Mattler et Mairesse vont s’occuper des inters autrichiens (Schall et Bican). Quant à Sindelar, il va avoir le demi-centre Georges Verriest sur le dos – comme le veut le WM. De tempérament plutôt offensif, Verriest va néanmoins s’en sortir à merveille.

Au premier plan, Frederick Wall, président de la FA (à gauche), et Hugo Meisl (à droite) se disent au revoir sur le quai de Victoria Station à Londres, le 8 décembre 1932. La veille, le Wunderteam a tenu tête au XI anglais, ne s’inclinant que sur le score de 4 buts à 3 à Stamford Bridge. Au second plan, de gauche à droite, les Autrichiens Anton Schall, Adolf Vogl, Karl Sesta et Matthias Sindelar.

Echec au roi

Condamnés à la défaite, les Français vont alors réussir un match héroïque. Ils vont créer l’exploit, mettre en échec le tout puissant Wunderteam.

La partie débute idéalement pour eux, puisqu’ils ouvrent le score, dès la 18e minute, par l’intermédiaire de leur avant-centre Jean Nicolas. Mais, à la suite d’un choc tête contre tête avec le demi-centre autrichien Smistik, Nicolas se blesse. Les remplacements étant alors interdits, l’attaquant français est repositionné à l’aile où il va errer pour le restant du match.

Néanmoins, à 10 contre 11, l’équipe de France réalise un match défensif quasi-parfait. Les Autrichiens déjouent tellement qu’ils ont recours à de longs ballons. Juste avant la mi-temps, Sindelar réussit tout de même à fausser compagnie à Verriest et égalise.

La deuxième mi-temps ne permet à aucune équipe de prendre l’avantage et il faut donc jouer une prolongation. Dès l’entame, à la 93e minute, Schall – déporté à l’aile gauche tant Mairesse lui a fait de misères – s’échappe et trompe la vigilance d’Alexis Thépot. L’arbitre néerlandais Van Moorsel, malgré un hors-jeu de deux mètres, accorde le but ! Le moral des Français est atteint et la suite devient anecdotique : un but de Bican puis, après une main volontaire de Sesta, un pénalty transformé par Verriest. 3-2, score final. L’Autriche est qualifiée, la France est éliminée. Mais « il est parfois des défaites qui valent des victoires » (Match, 29 mai 1934).

L’Autriche est finalement éliminée en demi-finale par l’Italie et ne parvient pas à battre l’Allemagne pour la troisième place. On s’en doute, on le pressent : le déclin du Wunderteam est bel et bien entamé.

De son côté, George Kimpton rentre en Angleterre avant d’être rappelé en France en 1935. A la tête de l’équipe de France, il obtient d’abord quelques beaux succès, notamment une victoire 2-0 contre la Hongrie le 19 mai 1935 à Colombes. Mais, au lieu du WM souple pour lequel il avait opté le 27 mai 1934, il veut désormais imposer strictement le WM. Les joueurs n’adhèrent pas et deux lourdes défaites à domicile, contre les Pays-Bas (6-1 le 12 janvier 1936) et contre la Tchécoslovaquie (3-0 le 9 février), ont raison de lui.

Kimpton a néanmoins plus de succès avec le Racing puisque, en appliquant le WM, il réalise un formidable doublé coupe-championnat en 1936.

Scène de France-Autriche 1934 : Jacques Mairesse dévie un tir d’Anton Schall. Au fond, Noël Liétaer.

Littérature

– Jean-Michel Cazal, Pierre Cazal, Michel Oreggia, L’intégrale de l’équipe de France de football (1904-1998), First Editions, 1998.
– Laurent Grün, Entraîneur de football en France, histoire d’une profession de 1890 à 2010, Artois Presses Université, 2016.
– Thibaud Leplat, Le football à la française, Solar Editions, 2016.
– Pierre Cazal, Une histoire tactique des Bleus, Editions Spinelle, 2022.

57 réflexions sur « France-Autriche 1934 : Kimpton fait déjouer Meisl »

  1. Bravo Bobby. On pourrait imaginer que l’échec autrichien en demi-finale contre l’Italie est due à la fatigue avec les prolongations contre la France et un match au couteau contre la Hongrie… mais l’Italie avait dû rejouer son quart de finale contre l’Espagne et n’avait eu que deux jours de repos avant le match contre l’Autriche. Comme l’écrit Bobby, c’était déjà la fin du Wunderteam. On attend maintenant la version de Guybrush !

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      1. Merci
        Hiden est il le meilleur gardien autrichien de l’histoire? Meilleur que Zeman?

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      2. Difficile de faire des comparaisons. Hiden avait aussi pour lui sa personnalité.

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    1. La seule rencontre entre les deux équipes, c’est celle qui fut considérée comme le premier  » match du siècle », début décembre 1932 à Stamford Bridge, avec une victoire anglaise 4 à 3. Une première mi-temps où les Autrichiens ont, semble t-il, déjoué, avant de montrer leur talent en seconde.

      L’engouement autour de ce match était assez incroyable. En Autriche, elle a été commentée à la radio par Willy Schmieger avec des haut-parleurs placés dans des endroits publics. Sur le chemin de Londres, des amateurs de ballon venaient saluer l’équipe autrichienne à chaque station.

      À noter, côté anglais, que ce fut la dernière sélection de Jimmy Hampson, pourtant double buteur, et mourut dans un accident quelques années plus tard.

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      1. Les véritables connoisseurs sachent que 30 et 36, ce n’est pas le Wunderteam.

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      1. Sur la compo anglaise de 1936, je ne connais que Hapgood et Bastin d’Arsenal et George Camsell qui est le plus grand joueur de l’histoire de Middlesborough. Grosses lacunes! Hehe

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  2. Cette apologie de la lose suffit à identifier l’auteur…

    Précisément, l’ère Wunderteam est celle qui débute avec la victoire 5 à 0 contre l’Ecosse en mai 31 et se termine avec la défaite contre la Tchecoslovaquie en avril 33. Mais après cette dernière, si je ne me trompe pas, l’Autriche ne perd plus jusqu’à cette demi contre l’Italie. L’équipe est moins dominante, remaniée, mais elle reste très solide.

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    1. Ce que vous appelez apologie de la lose, moi je l’appelle patriotisme.
      Quant à vos jérémiades sur le vol arbitral en demi-finale, nous nous en gaussons d’autant plus lorsque nous savons que vos précieuses ouailles bénéficièrent de la même complaisance lors du premier tour.
      Sans l’aide de l’arbitre, sans un impressionnant concours de circonstances, les Autrichiens restaient à quai face à des Français qui prenaient assurément le train des quarts de finale.
      Bref, s’il y eut une équipe qui dérangeait alors en Italie, ce fut bien celle de France !

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    1. Non. Ç’a toujours été notre défaut : on était des foutus enfants de choeur.
      Il nous a manqués des casseurs, des vicieux, des mecs sans scrupules.
      On était toujours confits d’admiration devant les autres : Anglais au premier chef, mais aussi Danubiens, Uruguayens, Brésiliens… Quand ce ne furent pas, par la suite, le Real ou l’Ajax.

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      1. Evidemment que j’ai pensé à Lulu-la-Matraque. Mais ce n’était pas un violent. Ce pouvait être un filou, un gavroche, mais pas une brute vicieuse à la Monti. C’est avec des Monti qu’on devient champions du monde, pas avec des Gamblin.

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      1. Nom prédestiné alors. J’ai souvenir de Laurent Benezech, un pilier qui joua au Stade, au Racing et à Narbonne. Lui aussi, il jouait l’homme!

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      2. Benezech était avant tout un pilier joueur, excellent balle en main. Pas le plus puissant des piliers mais excellent techniquement. Il me semble qu’il est de la demi-finale 95, non ?

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      3. Verano
        Non, c’était Armary aux côtés de Cali et Gonzalez.

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  3. Tiens, une faute de grammaire (que j’ai commise pendant des années) dans l’article de l’Auto : « après que les contrôleurs eussent essayé ».

    L’usage a peut-être évolué? Bref.

    Pas plus de 15.000 spectateurs à Turin, pour un match opposant l’équipe-majeure des dernières années à l’immédiat voisin français?.. A priori pas si choquant, comme ça j’ai l’impression qu’il fallut attendre mid-60’s, et plus particulièrement les WC disputées en Amérique du Sud (en RFA, je crois que ce fut 70% max d’occupation?? et pour ce qui fut de l’Espagne82, souvenir très net de tribunes parfois très clairsemées!), pour ne plus trop voir de stades aux 3/4 vides en phase finale.

    Il n’y a pas à douter de la valeur intrinsèque des joueurs autrichiens, mais enfin : le truc qui me marque dans ton article, c’est le poids de la tactique. J’ignore quelle valeur l’on prêtait alors à ces jours français, qui allaient de déconvenue en déconvenue…….mais sitôt agencés avec intelligence dans un dispositif à la page, hum : une toute autre chanson déjà.

    La même forme de précaution, dans le jugement, devrait ma foi intervenir en considération de la science, de la médecine du sport, de l’équipement.. Les joueurs français post-58 passent ainsi volontiers pour des crabes, faute du moindre résultat tangible pendant une pleine génération……… Pour le peu que j’en ai vu, il y avait pourtant intrinsèquement de sacrés clients dans le tas – un Di Nallo par exemple, objet d’un article en ces pages -, mais desservis par un encadrement défaillant (avanie assurément traversée par le foot belge jusqu’à Goethals)……….. C’est injuste, comme comparer de manière brute les qualités de conduite de pilotes de F1 ne disposant pas des mêmes conditions………. A côté de combien de Maradona le foot mondial est-il de la sorte passé, faute que ces talents ne disposassent d’un encadrement a minima favorable?

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    1. Oui, rien d’étonnant aux 15 000 spectateurs à Turin. C’était la critique principale de Meisl à l’égard du format retenu pour la Coupe du monde. Le fait de jouer sur terrain neutre ne permettait pas de remplir les stades. Au contraire, la Coupe internationale se jouait par aller-retour. Ainsi, à Vienne, il y avait 50 ou 60 000 spectateurs pour voir Autriche-Hongrie et, à Budapest, 50 ou 60 000 spectateurs pour voir Hongrie-Autriche. A Bologne, pour voir Autriche-Hongrie, il y eut 23 000 spectateurs. Meisl pensait donc que le modèle de la Coupe du monde n’était pas viable économiquement.
      De plus, dans l’entre-deux-guerres, la Coupe du monde ne déchaîne effectivement pas les passions en Europe. En Amérique du Sud, oui. Mais pas en Europe. Il faudra attendre les années 60 pour que la compétition prenne vraiment sur le Vieux Continent.

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    2. Je viens de consulter RSSSF, résultats de la France post-34.. En soi ces chiffres ne veulent rien dire, à contextualiser, mais leur lecture brute ne suggère pas vraiment que l’EDF parvint alors à surfer sur cette glorieuse défaite de 34..

      Ce qui est appréciable : l’idée d’un WM souple pour 34. Adopter un schéma efficient est une chose. Mais adapté aux circonstances du moment, c’est encore mieux. Et Kimpton eut cette intelligence en 34 comme tu le soulignes dans ton article.

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      1. Si, il y a une montée en puissance dans la deuxième moitié des années 1930. Qui est l’effet de l’officialisation du professionnalisme. Les résultats restent erratiques, mais la France arrive désormais à tenir tête à des sélections comme l’Autriche ou l’Italie, bat régulièrement la Belgique ou les Pays-Bas, fesse des équipes comme la Bulgarie ou la Pologne. Et elle passe enfin un tour à la Coupe du monde !

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      2. En 38 au premier tour, elle dispose d’une sélection encore plus engoncée, totalement sclérosée même!

        Toutefois, je n’avais pas pensé à regarder ce que la France « obtenait » dans les années précédentes………… De prime abord ce n’était effectivement pas grandiose, je comprends mieux que l’on pût discerner un progrès dans la foulée de 34.

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