Nouvelle-Zélande : La Chatham Cup, un tournoi centenaire

La saison 2023 marque en Nouvelle-Zélande le centenaire de la Chatham Cup, tournoi le plus prestigieux du pays. Focus sur la coupe à l’heure où les clubs professionnels entrent en lice.

Imaginez que vous jouez au football au niveau district. Imaginez ensuite que vous n’avez que deux tours de coupe à passer pour pouvoir affronter des professionnels. C’est le format que propose la Chatham Cup 2023, un tournoi qui dépasse en prestige le championnat.

Il faut dire que la formule du championnat néo-zélandais a de quoi repousser les moins assidus. Depuis 1970 et le lancement de la National Soccer League, le format du championnat a changé pas moins de sept fois. Un championnat national est organisé de 1970 à 1992, puis abandonné pour des raisons financières. Quatre formats différents se succèdent jusqu’en 2003, le football local hésitant entre formule nationale et formule régionale avec play-offs finaux.

De 2004 à 2021, un championnat fermé est organisé : entre huit et 10 franchises s’affrontent selon les années dans le New Zealand Football Championship, sans risque de relégation. Le format est abandonné en mars 2021 et les dirigeants du football kiwi décident de revenir à une formule ouverte et régionale à la fois. Désormais, la première division se compose de trois ligues régionales (Northern League, Central League, Southern League), dont les meilleurs clubs se qualifient pour un championnat à 10 en fin de saison, auquel est incluse la réserve du Wellington Phoenix, un club néo-zélandais évoluant dans le championnat australien.

100 ans de tradition

Face à une telle usine à gaz, la Chatham Cup a tout pour plaire : des matches à élimination directe et la possibilité pour les plus petits clubs d’exister sur la scène nationale, ne serait-ce que pour un match. La coupe n’a été annulée qu’à trois reprises dans l’histoire du pays : en 1937 par manque de participants (12 au total), de 1941 à 1944 en raison de la Seconde Guerre mondiale et en 2020 en raison de la pandémie de covid-19.

En 1923, Seacliff domine le Wellington YMCA 4 à 0 en finale et est le premier club à inscrire son nom au palmarès d’une compétition dont le trophée est une réplique de la FA Cup britannique. Pourquoi ? Parce qu’il a été offert à la fédération néo-zélandaise par le capitaine C.B. Prickett, chef d’équipage du croiseur HMS Chatham de la Royal Navy. Le tout pour remercier les Néo-Zélandais de leur hospitalité pendant le service des Britanniques dans les eaux locales.

Les joueurs de Seacliff euphoriques après avoir gagné la première Chatham Cup de l’histoire.

La compétition est divisée en deux parties régionales pour ses débuts. Comme deux conférences, les îles du Nord et du Sud envoient chacune leur meilleure équipe en finale. Le tournoi a ses spécificités : avant l’existence des tirs au but ou même des replays, les équipes étaient départagées au nombre de corners obtenus en cas de match nul.

Deux vainqueurs en 1952

Cette manière de désigner le vainqueur avait toutefois un inconvénient : que devait-il se passer si le nombre de corners obtenus par les deux équipes était égal ? C’est ce qui est arrivé lors de la finale en 1952, quand North Shore United et Western A.F.C. ont fait match nul (1-1). Si Western A.F.C. a ouvert le score, ses joueurs ne sont pas parvenus à conserver leur avantage et ils ont égalé le nombre de corners de North Shore United lors du dernier tir de la rencontre. Avec une égalité parfaite, les deux clubs ont été déclarés vainqueurs et se sont partagé le trophée.

Les replays ont été instaurés dès la saison suivante. Il faudra attendre l’année 1970 pour voir un replay en finale. Blockhouse Bay vient alors à bout de Western Suburbs FC (rien à voir avec le Western A.F.C.) 3 à 2, une semaine après un match nul entre les deux équipes (2-2).

L’apparition d’un championnat officiel ne nuit pas à la popularité de la Chatham Cup. L’instauration d’une ligue de franchises en 2004 renforce même au contraire son prestige, car dans un premier temps les franchises n’ont pas le droit de participer à la Chatham Cup. La coupe veut rassembler tous les footballeurs du pays et elle tient à sa magie.

Une coupe toujours magique

Les gros et les petits s’affrontent donc, pour le meilleur et pour le pire. Les scores fleuves sont légion : deux clubs se partagent le record de la plus large victoire. Le Metro FC (troisième tour 1998) et Central United (deuxième tour 2005) ont tous deux battu 21-0 la même équipe de Norwest United (un club semi-professionnel disparu depuis, on se demande bien pourquoi). L’édition 2023 ne déroge pas à la règle. Cinq clubs de Sunday football league se sont inscrites à la compétition cette année (sur 130 participants), parmi lesquels le poétiquement nommé Sperm Whales FC, qui est parvenu à passer deux tours la saison dernière (mais a échoué dès le premier tour cette année).

Sur ces cinq clubs, trois ont passé le tour préliminaire, mais aucune n’a dépassé le premier tour. Pour le deuxième tour, qui se déroule ce week-end, les meilleures équipes du pays entrent en lice. C’est le cas notamment du tenant du titre (et récent champion d’Océanie) Auckland City, qui affrontera… Auckland United, un autre club de première division. Pas le meilleur tirage quand il y a un autre club d’Auckland en cinquième division (South Auckland Rangers). Mais c’est la magie de la coupe.

23 réflexions sur « Nouvelle-Zélande : La Chatham Cup, un tournoi centenaire »

  1. Merci Modro. Le foot new zed, à part la Coupe du Monde 2010 et Wynton Rufer est une inconnue pour moi!
    D’ailleurs, Triple G…En tant que fan du Werder, quelle est ta période préférée?
    Celle de Voller, 88, celle de Rufer ou de Micoud?
    J’avoue avoir une préférence pour celle de Micoud avec un chouette jeu offensif.

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    1. Pour des raisons sentimentales, c’est celle de 1984-88, avec le fameux penalty de Kutzop qui fera un jour l’objet d’un Moteur/Action. En résultats bruts, je prends l’équipe du doublé de 2004.

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      1. Un romantique ce Triple G. Du genre à préférer l’épopée 82 à celle de 84!

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      2. Plaignez-vous donc que je garde dans un coin un sujet de Moteur/Action depuis les temps héroïques de 3615 P2F !

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  2. « Sperm whales »……… C’est quoi, ce truc??

    J’aime bien ce genre de format en mode « open », l’occasion (qui fait le larron) pour les gens du coin de découvrir des coins improbables..et probablement magnifiques.

    J’étais intrigué par ces 3 ligues naguère : Nord, Centre et Sud, donc.. En gros c’est Auckland pour le Nord, Wellington pour le centre..et toute l’île du Sud pour le Sud. Rationnellement, je présume qu’il s’agissait alors de composer avec l’équation de la géographie, des coûts de déplacement et des moyens (que j’imagine réduits?) dont disposent les clubs, mais ça suggère aussi l’idée d’une scène structurellement immature encore, où toutes les régions n’avancent loin s’en faut pas à la même vitesse ni (du tout?) avec les mêmes arguments.

    Ce point me fait penser aux Pays-Bas naguère, quand l’asymétrie des moyens en lice était terrible entre les clubs, selon qu’ils appartinssent à une « ligue » régionale ou à une autre.. De tête il y eut jusqu’à une demi-douzaine de groupes régionaux, dans l’un d’eux on trouvait des clubs tels Ajax, Sparta ou Feyenoord, la crème non moins que (peu ou prou d’une année à l’autre) les plus richement dotés et mieux structurés, tandis qu’au Nord et à l’Est, à l’inverse…….

    De tête et à part Twente, je ne vois aucun club qui parvînt à être champion des Pays-Bas en n’étant pas issu de l’Ouest ou du Sud ; le genre de contextualisation qui permet d’apprécier à sa juste valeur l’impact et les aboutissements extraordinaires (bien qu’il ne gagnât jamais rien!) d’un Abe Lenstra à Heerenveen, gros bourg d’un « grand Nord » NL alors complètement hors du temps, mais qui fut sous son impulsion la hantise des grands clubs « de l’Ouest » (remember une petite phrase qui m’avait marqué naguère, reprise dans l’article consacré à Brokamp)……… Eh!, c’est Lenstra, le phénomène historique de ce football..

    Bref, navré de la digression (?) : à part Rufer je ne connais rien de ce football, et merci donc de l’article! Lequel me fait donc penser à cela – j’imagine que Auckland et Wellington font d’année en année une OPA sur le titre national??

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  3. La Nouvelle Zélande en foot, pour moi, ça se résume au récital brésilien en 1982. Pour situer le niveau des kiwis, Serginho avait marqué un but et Waldir Peres n’en avait pas encaissé eh eh

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    1. Haha. Tu vois Verano, Waldir Peres est pour toi ce que fut Pumpido pour moi. Un gardien considéré comme nullissime pour s’être raté lors du premier mondial vécu!
      Me souviens plus si tu as suivi le Mondial argentin…

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      1. De 1978, je n’ai que des bribes de souvenirs : le match d’ouverture avec la RFA, les matches de la France, Italie – Pays Bas, un match du Pérou, sans doute contre la Pologne, la finale. Au fil du temps, je me mélange les pinceaux entre vieux souvenirs du direct et ceux plus récents sur YouTube ou Footballia.
        PS : Fred déconne sur mon âge !

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    2. Rôôôôô..

      Y a eu 2010 aussi, pour lequel je serais incapable de citer le moindre joueur NZ mais bon : 3 matchs nuls!, fallait le faire même si, concernant l’ersatz d’Italie affronté dans ce tournoi..

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      1. Je ne savais même pas que les NZ étaient là en 2010, une CM que je n’ai pas suivie.

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    3. Sans doute as-tu manqué leur premier match contre l’Écosse où, menés 0-3, ils sont revenus à 2-3 et l’égalisation s’est profilée avant que les Kiwis craquent et finissent par perdre 2-5.

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  4. J’y connais strictement rien au foot néozélandais.
    En revanche je me souviens de l’équipe des All Blacks de 64 qui battirent la France à Colombes 12 à 3. Elle comprenait de sacré clients: Don Clarke, Laidlaw, Tremain, Colin Meads (dit « Le pin »), Whineray. En face, Gachassin, Dédé Boniface, Darrouy, Lasserre, Albaladejo, Lacaze, Crauste, Herrero, Dauga
    Et aussi Peter Snell champion olympique du 800m à Rome et à Tokyo où il remporta également le 1500 en se jouant de ses adversaires.
    A ce jour il est le seul athlète à avoir gardé son titre sur 800m et fait le doublé 800-1500.

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      1. C’est vrai qu’à côté les Crauste et Herrero faisaient petits enfants. Seul Dauga pouvait les regarder dans les yeux.

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