Le contexte
En cette saison 2006-2007, Lyon fonce vers un sixième titre de champion d’affilée, ce qui n’a jamais été réalisé dans ce qui était déjà pompeusement appelé « les 5 grands championnats ». Les Lyonnais ont bouclé la phase aller avec le total hallucinant de 50 points sur 57 possibles. Des joueurs comme Juninho ou Malouda sont au sommet de leur art, bien accompagnés par des jeunes pousses comme Benzema, convoqué par Raymond Domenech fin 2006, mais qui avait dû décliner pour cause de blessure. L’OL sera-t-elle la première équipe à boucler une saison de Ligue 1 avec 100 points ?
Le début d’année 2007 douche ces espoirs : trois défaites et un nul en quatre matches ! Avec en plus une élimination dans les derniers instants* en Coupe de France à la clé ! Alors que se profile un huitième de finale de C1 contre la Roma, l’OL affiche une bien triste mine.
Côté lorientais, tout juste promus en Ligue 1, ils y ont remporté leur premier match contre le PSG (doublé de Fiorèse) et restent sur trois victoires consécutives. Avec 34 points en 23 matches (neuf victoires, sept nuls, sept défaites), le maintien est en vue. Un certain André-Pierre Gignac se révèle sur le front de l’attaque.
Les forces en présence
Pour cette 23e journée de Ligue 1 (10/02/2007), les équipes sont les suivantes :
OL : Coupet, Berthod, Squillaci, Caçapa, Réveillère, Fabio Santos, Juninho (c), Källström, Malouda, Govou, Fred. Entraîneur : Gérard Houllier
FCL : Riou, Genton, Ciani, Morel, Jallet, Mansouri, Ewolo, Abriel, Saïfi, Le Pen (c), Gignac. Entraîneur : Christian Gourcuff
Quelques joueurs – inutile de les présenter – parmi l’effectif lyonnais de cette saison-là, dont l’heureux buteur, au centre.
Le but
Très simple : dégagement de Coupet, contrôle, frappe et but.
Vous n’y croyez pas ? La preuve en vidéo :
Puisqu’on vous dit que c’est simple !
Les conséquences
Lyon tient son match et malgré quelques frayeurs (but refusé à Saïfi pour un hors-jeu), l’emporte 1-0. C’est sa première victoire depuis le 17 décembre !
Les hommes d’Houllier enchaîneront ensuite 12 matches sans défaite et soulèveront leur premier Hexagoal. Mais leur fin de saison sera ternie par l’élimination contre la Roma, une polémique « odorante » impliquant le fraîchement recruté Milan Baroš, ainsi qu’une défaite en finale de Coupe de la Ligue (que je te déteste Henrique !).
Lorient, quant à lui, ne l’emportera que trois fois jusqu’à la fin de saison, pour finir à la quatorzième place. Ceci restera néanmoins comme une saison très encourageante, la première d’une longue série (septième en 2009-2010 !).
Fred terminera la saison avec 11 buts en 20 matches, mais se blessera gravement contre le PSG lors de la 35e journée (1-1). Il manquera le début de saison 2007-2008, ce qui contribuera à l’avènement de Benzema sur le front de l’attaque lyonnaise.
Sources :
Résumé du match :
https://m.youtube.com/watch?v=wy3kYCdGrNo
Site (non officiel) du FCL :
http://www.fclorient.net/_@Saison-2006-2007@_.html?type=calendrier
Compositions d’équipe et stats :
https://m.footballdatabase.eu/fr/match/resume/47696-lyon-lorient
* : OM-OL : 2-1 : 1/8èmes de finale de la Coupe de France. Buts : Pagis, 88ème, Niang, 90ème, malgré une ouverture du score de Cris à la 18ème. Le tout sous les yeux de Jack « Ajroudi » Kachkar.
https://www.youtube.com/watch?v=HiXwQZDa95g (vidéo collector, que dis-je, archive même !)
Ed Kalish pour Pinte de Foot
Merci Ed! Je me souvenais plus de ce but. Superbe. Finalement Fred a peut-être le plus beau passage à Lyon. Si on le compare à ceux d’Elber, Baros ou Carew. Un avant-centre de haut vol, c’est ce qui a manqué à cette belle génération.
Énormément de talent mais un gros problème de régularité.
Elber n’est pas resté à Lyon assez longtemps (deux saisons, pendant la deuxième il est blessé presque toute la saison alors qu’il avait bien débuté).
Carew n’avait rien de la star qui pouvait débloquer un match et Baroš surfait sur son Euro 2004 pour continuer à faire croire qu’il était un crack sans en foutre une…
Pas de bol quand on a ensuite Benzema et Lisandro Lopez, mais dans des équipes moins performantes.
Ah la doublette argentine Licha-Lucho à Porto, quel régal!
Finalement, vous faites votre demi-finale en 2010 avec un groupe moins compétitif. Ça tient à peu de chose face au PSV et au Milan AC.
Baros, 12 matches, 4 buts ou un truc comme ça, sur une année civile. On se souvient plus de lui pour ses exploits sur l’autoroute
Le concentré lyonnais de (très) gros talents sur, quoi, 20 ans?? est pour le moins impressionnant.
Ce qui m’impressionna le plus : avoir vu ce club et ses formations grandir d’année en année, se pérenniser, se renouveler……….puis j’ai tout lâché en Afrique (tendance à me focaliser sur l’espace culturel où je vis), ça m’a fait bizarre de voir comment ce club avait « entrepris » de stagner.
Je présume que le joueur-phare (dimension d’inscription dans la durée, donc) de ces grandes années aura été Juninho – auquel cas : qui d’autre à part part lui?
Quel but ! J’aimais bien ce joueur, un des plus grands buteurs de Fluminense (derrière Waldo dont Khia a fait le portrait il y a quelques jours). Sa réputation ne peut se limiter à la CM 2014, il vaut bien mieux que l’image d’avant-centre pataud à laquelle il est associé.
Il a l’air sympathique. Oui, très belle empreinte à Fluminense. En 2014, il paie surtout la comparaison avec les grands buteurs brésiliens. A domicile, la charge était beaucoup trop lourde…
Je me suis toujours demandé ce qu’aurait fait le Bresil avec Diego Costa à la place de Fred à cette Coupe du Monde.
On ne peut pas dire qu’il ait eu le nez creux ce coup-là en choisissant l’Espagne
S’il n’y avait eu que le « 9 » comme problème.
J’en profite pour te remercier de cet article et de ses liens – y a du WTF que j’ignorais dans le tas, lol.
J’étais au stade ce jour-là !
On a basculé en une fraction de seconde de l’incrédulité et l’incompréhension à l’admiration pour un geste génial et bien exécuté.
Dès sa prise de balle il sait ce qu’il va faire et il est probablement le seul à avoir vu le gardien trop avancé.
Il y a un goût d’inachevé avec Fred à Lyon. L’OL a eu de bons avant-centres dans le passé, comme Nestor Combin, Bernard Lacombe ou Sonny Anderson (qui a fait passer Lyon dans une autre dimension). Il y avait aussi un joueur sûrement un peu oublié de nos jours, Nikolic, dans les années 80. C’était l’époque où les clubs ne pouvaient aligner que peu d’étrangers sur le terrain et un autre étranger de Lyon était yougoslave aussi. C’était le gardien Topalovic.
Quant à Lorient, mes 25% de sang breton m’incitent à parler de Georges Van Straelen. Il est né à Lorient en 1956 et a joué pour les merlus en jeunes. Il est parti ensuite à Nantes où il a gagné la Gambardella 74 et 75 (en tant que capitaine). Il était international chez les jeunes. Il a ensuite été champion de France en 1977 avec l’équipe A de Nantes avec Jean Vincent comme entraîneur (qui l’aimait bien). Comme la concurrence était rude à Nantes, il est ensuite parti à Bordeaux où il a joué au milieu de terrain avec Giresse. Un retour ensuite dans sa Bretagne natale à Brest puis des séjours à Toulouse et Strasbourg. A l’approche de la trentaine il est retourné à Lorient, qui était alors en troisième division. Avec Georges Van Straelen, Lorient termine en tête du groupe Ouest de D3 1986-1987 et monte en D2. Georges Van Straelen arrête sa carrière peu après. Georges Van Straelen est décédé à 55 ans d’un cancer aux poumons, lui dont on disait qu’il avait 3 poumons sur le terrain.
Nikolic et Topalovic, ça rappelle des souvenirs. C’étaient les années où Lyon et Bordeaux avaient monté en parallèle des projets « Europe » pour briser le duopole Nantes-Saint-Étienne. Sur le Bordeaux de Claude Bez, le camp que j’avais finalement choisi, tout a été dit. À Lyon, Topalovic venait de Cologne où il avait perdu le duel pour la succession du titulaire de longue date, Gerd Welz (un très bon gardien qui aurait été numéro 3 à la CM 1974 sans un traumatisme crânien sur un fait de jeu dont il ne s’est jamais remis). Le vainqueur, il est vrai, était Harald Schumacher. Topalovic avait délogé sans problème Yves Chauveau qui avait fait la saison de trop après son retour de Monaco, mais l’euphorie n’avait pas duré. Il était retombé dans l’inconstance qui lui avait valu le banc à Cologne et n’était pas vraiment devenu le roc qu’il fallait pour jouer l’Europe. Il est quand même resté 7 ans à l’OL en D1 et D2, à son niveau. Nikolic, c’était un vrai bon 9, un joueur de surface avec un excellent sens du but. Dès son arrivée, il s’était mis à planter en rafale, et il a fait 5 bonnes saisons à Lyon. On l’a oublié parce qu’il y avait mieux en D1, surtout Onnis et Szarmach. Moyennant quoi le projet Europe de l’OL avait été un échec complet, plombé par une défense en papier et le départ d’Aimé Jacquet pour Bordeaux, et l’OL avait même fini par descendre en 1983.
Comme indiqué avant, parmi les rédacteurs de P2F, je pense que Verano et toi devraient de temps en temps écrire des articles sur des joueurs ou équipes françaises des années 70 et 80, car vous avez vécu cette période ou une partie d’entre elle. Il y a de beaux sujets à aborder. Par exemple, comment est-ce possible que l’OL de 80-81 avec un milieu royal (Tigana-Moizan-Chiesa) et deux bons attaques (Nikolic et Xuereb) finisse seulement sixième ? Pareil avec l’OGC Nice de Guillou-Huck-Jouve qui ne gagne rien. La période 77-80 de Strasbourg est sympa qui va d’une remontée en D1 à la coupe des clubs champions (et pourquoi le séjour de Carlos Bianchi est un échec là-bas). Le duo Peretz-Bousdira à Rennes est impressionnant et tu peux même le relier à Rabbi Jacob que tu connais bien. Verano peut aussi parler de Jacky Lemée qu’il connaît (c’est rare un joueur qui est capitaine et entraîneur d’une équipe de D2 qui joue une finale de coupe de France.
P.S. : je pense que P2F devrait aussi essayer de couvrir (au moins un peu) la coupe du monde féminine cette été. En plus de Sophia Smith (bien sûr), il y a un autre joyau. Elle a 19 ans et joue pour Haïti. Elle s’appelle Melchie Dumornay. J’ai rarement vu une joueuse si jeune faire autant de mal aux US, pourtant double champions du monde.
Je ne sais plus si c’est cette période ou Lyon plante 107 buts en une saison en D2
« Le camp que (tu) avais finalement choisi »?
Pour moi qui ai toujours tout subi (sinon parvenu à une forme de dégoût), ça m’intrigue ça, cette dimension de choix conscient.. De prime abord ça fait de toi quelqu’un de très rationnel (et pourquoi pas – je le suis jusqu’à la gerbe….au boulot!), mais..?
Quel(s) étai(en)t les autres camps? Et warum les Girondins au final? (si ce n’est pas trop indiscret : d’où viens-tu?)
Je suis de Paris, dnc rien de régional dans mon choix de supporter les Girondins. Le PSG était sur la pente ascendante à l’époque et n’avait pas encore connu l’Europe. Au lycée, il y en avait quelques-une qui commençaient à s’y intéresser, mais c’était surtout Nantes et Saint-Étienne. Ni l’un ni l’autre ne me plaisaient vraiment. Saint-Étienne, c’était l’establishment. Je trouvais Nantes un peu trop fragile et je n’ai jamais été un idolâtre du beau jeu à tout prix. Pareil pour Monaco, et l’OM était un tel bazar permanent… Quand Lyon et Bordeaux sont arrivés pour essayer de faire bouger tout ça, j’étais intéressé par la nouveauté. il est vite apparu que Bordeaux était le plus solide des deux, il avait une efficacité en défense que Lyon n’avait pas. Avec le recrutement que les Girondins avaient fait , je me suis dit que c’était du bon, et je n’ai pas été déçu. Quant à choisir ou non un camp… à l’époque, je n’envisageais pas de voir les choses en simple spectateur. L’histoire avec les Girondins a fini après leur rétrogradation administrative, quand ils sont allés chercher Rolland Courbis pour les entraîner – faute éliminatoire.
@Sindelar : Pour la Coupe du monde féminine, tu parais tous désigné pour être le correspondant P2F… Un billet après chaque journée du premier tour, un point rapide après chaque tour à élimination directe, et un bilan après la finale, faisable ?
@ggg: à voir. J’ai bien envie d’aller voir un collaborateur à UNSW à Sydney pendant cette coupe du monde mais aussi un ancien de UNSW qui est maintenant prof. à Christchurch. Le problème est que Christchurch n’accueille pas de match. Les nuls.
Je découvre enfin (ai dû réinstaller plein de broll) l’action.. L’article aurait dû/pu rentrer dans « Action-Moteur », non? Mais peu importe : sacrée action!
Ca m’en rappelle une autre, qui assurément fera sourire voire hurler de rire les supporters de l’OM (c’est leur jour, ils ne m’en voudront pas..voire me pardonneront??) : un (presque-but de, roulements de tambour………..Jürgen Cavens!, lol..
C’était encore plus beau et impressionnant que Fred dans mes souvenirs : le tir part de plus loin, et ça finit de manière très sonique sur la transversale, en finale de Coupe opposant Standard et Lierse……. Difficile à croire mais ça n’avait rien de hasardeux, de chanceux : Cavens était un vrai, super même, joueur – complètement coutumier des actions de (très) grande classe……….. D’aucuns disaient qu’il y avait même du Van Basten en lui!!! (et ce n’était pas tout-à-fait usurpé!)
Puis soudain, ce pauvre garçon fut malgré lui et brutalement l’objet d’un deal (je ne parlerai pas de « transfert », ç’avait été d’une opacité fiscale absolue) entre Standard et OM, un montage financier pur et dur.. Il avait choisi le Standard pour rester près des siens, c’était important pour lui, garçon sensible..et il fut donc envoyé sans ménagement à l’OM où, isolé, il fut malheureux comme pas possible et perdit aussitôt (et pour de bon) son football.
Je pense qu’il y a beaucoup de « Cavens »..