Coupe du monde 1978 : France-Hongrie, une histoire de maillots !

Le samedi 10 juin 1978, à Mar del Plata (400 km au sud-est de Buenos Aires sur la côte Atlantique), pour le dernier match du groupe de qualification n° 1, la France doit affronter la Hongrie. Un match sans enjeu : les deux équipes sont déjà éliminées, ayant déjà perdu leurs deux premiers matchs face aux favoris italiens et argentins.

Au cours de l’échauffement, Henri Michel, habituel capitaine des Bleus, note un détail peu commun. Il s’approche du capitaine hongrois et lui demande si son maillot, caché sous son survêtement, est bien blanc. Son adversaire confirme, la panique s’empare du camp français. Les Français ont, eux aussi, prévu de jouer en blanc.

La tension monte d’un cran quand l’intendant des Bleus, Henri Patrelle, avoue que le deuxième jeu de maillots est resté… à Buenos Aires. Les Hongrois n’ont pas prévu de change, eux non plus, et la faute est française : l’intendant n’a pas prêté attention à une note de la FIFA, envoyée quelques jours plus tôt, demandant de changer la couleur du maillot français.

L’arbitre, le Brésilien Arnaldo David Cézar Coelho, n’apprécie pas vraiment la plaisanterie et menace de déclarer les Hongrois vainqueurs. Le coup d’envoi est reporté. Et une délégation française part en hâte dans les rues de Mar del Plata à la recherche d’un jeu de maillots, escortée par une voiture de police et quelques clébards locaux affamés. Elle trouvera son bonheur dans un club de pêcheurs, le Club Atlético Kimberley. Les dirigeants français repartent avec une quinzaine de maillots blanc et vert, rayés (quelques uns pas lavés et très étroits, d’après la légende, pour les gabarits européens !). Il s’agissait en fait d’un kit de l’équipe locale des Juniors.

Le coup d’envoi est finalement donné avec 40 minutes de retard. Amusés dans cet accoutrement clownesque mais copieusement sifflés par un public qui dut prendre son mal en patience (bien qu’une partie encourage la France qui joue avec le maillot d’une équipe du coin), les joueurs français jouent libérés. Ils l’emportent finalement 3-1 (tous les buts inscrits en première mi-temps).

Que sont devenus ces fameux maillots ?

C’est l’un des grands mystères du foot argentin. Personne ne sait où sont passés les désormais mythiques maillots du club mardelplatense. Les joueurs et le staff de l’équipe de France assurent qu’ils les ont laissés sur place. Les joueurs du club de l’époque ne se souviennent plus les avoir portés. Un seul maillot a été retrouvé, le numéro 5 de François Bracci, qui est exposé aujourd’hui au musée de la FIFA aux cotés des maillots de l’Argentine et des Pays-Bas, les deux équipes finalistes du Mondial.

Lindo, pour Pinte de Foot

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15 réflexions sur « Coupe du monde 1978 : France-Hongrie, une histoire de maillots ! »

  1. Pour compléter l’anecdote: J’ai très récemment regardé ce match, les n° sur certains maillots des joueurs ne correspondaient pas aux n° qui leur avait été attribués lors de cette Coupe du Monde par la fédération française: Papi portait le n°10 ce jour là (or son n° pour la compétition était le n°12, c’était Guillou qui avait le n°10 dans l’effectif), Rocheteau avait le n°7 (au lieu du n°18), Rouyer avait le n°11 (au lieu du n°20) et Six qui était remplaçant avait le n°16 (au lieu du n°19).

    Pire: pour les joueurs mentionnés, les numéros au dos du maillot ne correspondaient pas aux n° sur leurs shorts, qui eux étaient les bons puisque qu’ils avaient gardés les shorts de l’équipe de France (Papi par ex avait le n°10 derrière le dos et le n°12 sur le short).

    Bref, c’était un vrai foutoir, la délégation française avait improvisé comme elle avait pu étant donné que le coup d’envoi avait déjà été décalé de 45 mn suite à cet incident, sauf que tout cela n’était pas très catholique et violait les règles de la FIFA en terme de respect des n° des joueurs en compétition internationale. Le match n’aurait pas dû avoir lieu dans ces conditions, l’arbitre a fermé les yeux ce jour là.

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    1. Brave arbitre que voilà!

      S’il avait été horriblement procédurier, le public eût été privé d’un match.. l’Histoire privée d’une histoire croquignolesque, a priori unique en WC.. la France privée de sa première victoire en WC en 20 ans.. le légendaire Claude Papi privé de son unique titularisation en phase finale de WC.. que sais-je encore.

      Tiens, Hidalgo fût-il jamais menacé, à la tête de l’EDF? Echec à l’Euro80, WC78 qui eût relevé du bêtisier si la France avait été sanctionnée pour une histoire de maillots.. ??

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      1. Ah ben je découvre vos commentaires, et merci donc : ce n’était donc pas une première en WC.

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      2. Et Dominique Dropsy, qui avait lui pu garder son maillot jaune numéro 22 frappé du coq, n’aurait jamais joué en Coupe du Monde !

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    1. Match arbitré par Ivan Eklind…
      Intéressante précision à la fin de l’article : « L’histoire a connu trois cas similaires dans le plus prestigieux tournoi d’équipes nationales : en 1934, la Wunderteam autrichienne a joué sous les couleurs de Naples contre l’Allemagne. En 1958, l’Argentine a porté le jaune de l’IFK Malmö contre l’Allemagne, et 20 ans plus tard, la France a porté le vert et le blanc du Club Atlético Kimberley contre la Hongrie. »

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      1. La Wunderteam sous le maillot de Naples? Des sudistes dans l’âme, ces autrichiens!

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  2. effectivement histoire connue mais je viens d’apprendre qu’ils étaient portés par l’équipe junior du club!! j’avais essayé a travers des articles de savoir ce qu’était devenus les maillots je pensais que les joueurs les avaient gardé….encore un brin folklo la france à l’époque (j’ai pas dis amateure^^)

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  3. Concernant Platini, j’aurais aimé qu’il dispute une phase finale de CM en pleine possession de ses moyens… Sinon, le débat ‘avec lui ou sans lui’ relève du putaclick de l’époque papier; avec lui, même sur une seule jambe.
    Pour ce qui est de Hidalgo menacé, sûrement pas, l’intendant de la FFF qui ne vit pas le second fax aurait été le seul menacé, un monsieur de 63 ans à l’époque si ma mémoire est bonne. Et il avait déclaré publiquement qu’il était absolument navré, et plaisanté qu’on ne pourrait pas le retirer de ses émoluments puisqu’il était bénévole à la fédération…

    Par contre il y a un morceau de bravoure qui s’est déroulé à l’occasion de ce match (pour rappel, sans enjeu, ceci expliquant cela point de vue permissivité): au commentaire pour Antenne 2 il y a le pas encore élyséen Michel Drucker. Et le gars va devoir meubler trois quarts d’heure de solitude intersidérale en mondovision au micro, avec une image fixe sur le rond central vide en continu. Et il s’est pas dégonflé, ce qui est sans doute la plus impressionnante performance télévisuelle de l’histoire.

    PS aux plus anciens : c’est moi, ou en 1978 9 buts sur 10 ont été plantés sur des tirs de loin façon patator ?

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