Le Napoli est champion d’Italie et pour beaucoup, il s’agit d’une délivrance après 22 années d’un joug implacable de la Juventus, du Milan et de l’Inter. Mais si ce sentiment est bien réel, que dire de ce qu’il fut il y a 36 ans, le 10 mai 1987 ? A l’époque, le scudetto avait marqué une émancipation, comme s’il s’agissait de la libération du Royaume de Naples de l’emprise des provinces du Nord, un Risorgimento[1] inversé en somme. Ou mieux encore, une rédemption, le rachat du peuple napolitain de ses péchés passés.
Naples, ville honnie
Qui se souvient qu’autrefois, Naples inspirait honte et dégoût à l’Italie qui voyait en elle une ville de pestiférés ? La peste, c’est ainsi que Curzio Malaparte appelle la maladie rongeant Naples à sa libération en 1943 dans son roman La Peau. La prostitution, les trafics, corollaires de la misère et de la défaite, font de Naples le théâtre des horreurs dont on saisit la laideur et la puanteur au fil des pages.
La reconstruction et le Miracle économique italien propulsent le Nord dans le consumérisme et ce courant de fond se prolonge jusqu’au pied du Vésuve, suivant le tracé de l’Autoroute du Soleil reliant Milan à Naples. Mais de cette période foisonnante, on retient la corruption généralisée d’une ville aux mains d’Achille Lauro[2] et des entrepreneurs sans scrupules singés par Italo Calvino dans La Spéculation immobilière ou par le réalisateur Francesco Rosi dans Main basse sur la ville, tous deux parus en 1963.
Plus tard, il n’est plus question de peste mais de choléra au sens propre, conséquence de la contamination des eaux et de conditions d’hygiène d’un autre âge. L’épidémie cause une quinzaine de morts durant l’été 1973[3] et fait renaître les doutes quant au caractère salutaire du Risorgimento du siècle précédent. De nombreuses activités, dont le tourisme, sont victimes des restrictions sanitaires, accélérant le développement de la criminalité et le recours à l’économie souterraine. C’est durant cette décennie que de nombreux poliziotteschi choisissent Naples pour décor (Napoli violenta ou Napoli spara ![4]), Maurizio Merli ou Leonard Mann se chargeant d’appliquer une justice expéditive pour soigner une ville immorale et violente. Et quand le poliziottesco passe de mode, la guerre sanglante entre la Nuova Camorra Organizzata et la Nuova Famiglia s’installe sur Naples, comme si les cinéastes avaient eux-mêmes renoncé à restaurer l’ordre.

Les germes infectieux et l’image méprisable du Mezzogiorno déteignent sur le calcio, les clubs du Nord refusant pendant des années tout match amical à Naples, Bari ou Foggia par crainte des maladies, le tremblement de terre de 1980 ne faisant que renforcer leurs peurs. Les tifosi adverses ne se privent plus pour dénigrer et insulter les Napolitains, la première manifestation notable ayant lieu en mai 1984 quand les Brigate gialloblù du Hellas brandissent une banderole à destination de Dirceu, leur ancien joueur, sur laquelle est inscrit « Naples t’a accueilli sur le continent noir ».
Napoli, club bordélique
La Società Sportiva Calcio Napoli que découvre Diego Maradona en 1984 est à l’image de la ville : bordélique, fervente et éternellement perdante.
Longtemps, les présidents Achille Lauro, Roberto Fiore et Corrado Ferlaino pratiquent une spectaculaire politique d’achats dans le but premier de multiplier les abonnements. Gagner de l’argent à coup sûr importe plus que la perspective d’un hypothétique scudetto. Le Suédois Hasse Jeppson est la première star étrangère de l’après-guerre, d’autres suivront comme José Altafini ou Omar Sívori dont l’accueil par les tifosi est un moment de folie pure. Quand les frontières se ferment et que le marché italien est contraint à l’autosuffisance, Ferlaino achète encore Beppe Savoldi à Bologne contre deux milliards de lires, un record, une aberration.
L’arrivée de Diego semble procéder de la même stratégie clinquante, un coup de Ripolin sur une façade lépreuse. Le San Paolo est un immense ovale à ciel ouvert que la rénovation de l’Euro 1980 ne parvient pas à moderniser vraiment et le centre d’entrainement de Campo Paradiso est une promesse immédiatement démentie par la découverte du terrain vague et des sanitaires qui le composent. Cet archaïsme, Ottavio Bianchi, technicien du premier scudetto et ancien joueur du Napoli le résume d’une phrase : « ici, rien ne change jamais : même président, même masseur, même magasinier que lorsque je suis parti en 1971. »

Le titre des damnés
Le titre de 1987 couronne une Naples exsangue après la très chère victoire des Camorristes de Nuova Famiglia et la crise économique frappant de plein fouet les immenses aciéries de Nuova Italsider. Les insultes blessantes venues des tribunes adverses se banalisent et diffusent sournoisement l’idée que Naples n’est pas tout à fait italienne. Et alors que tout est contre eux, une bande de Partenopei (Bruscolotti, Volpecina, Ferrara, Romano) et de recrues cabossées (Garella, Bagni, Carnevale, Giordano[5]), guidée par un petit Argentin ayant rallié leur cause, offre au peuple napolitain un scudetto et une expiation auxquels il avait fini par renoncer.

Aujourd’hui, tout est différent. L’image sulfureuse de la Camorra n’empêche pas Naples de travailler à son attractivité touristique et culturelle. Aurelio De Laurentiis gère le club comme un chef d’entreprise, refusant les diktats financiers, au risque de s’attirer l’animosité des tifosi dont le football n’est plus le seul centre d’intérêt comme autrefois, quand ils se pressaient à la moindre occasion à Campo Paradiso pour y apercevoir leurs idoles. Il leur faut désormais parcourir 50 kilomètres pour se rendre à Castel Volturno où s’entraînent des joueurs étrangers pour la plupart, parmi lesquels ne figure même plus Lorenzo Insigne, l’enfant de Frattamaggiore. Et puis ce titre est excessivement rationnel : il arrive après une douzaine d’années en haut de l’affiche et n’est que l’aboutissement d’un long et patient travail ne laissant que peu de place à l’improvisation.
Tout cela n’enlève rien à la performance du Napoli 2023 mais il manque une part de mystère ou de mysticisme, une dimension messianique que seul un guide rédempteur peut incarner. C’est sans doute pour ressentir une dernière fois cette magie que le vieux Corrado Ferlaino (92 ans) envisage de se rendre sur la tombe de Maradona le 4 juin prochain, jour de clôture du championnat. « Je vais dire au revoir à un ami qui n’est plus là. Je veux le sentir près de moi en ces jours heureux pour Naples, la ville que Diego aimait profondément. »

[1] Unification de l’Italie au XIXe siècle.
[2] Maire royaliste jusqu’à sa destitution par le gouvernement pour son administration peu académique, armateur, éditeur de presse, président du club… Sa vie est un roman.
[3] Les foyers Napolitains et ceux d’autres provinces du Sud, notamment les Pouilles, provoquent la mort de 24 personnes.
[4] En VF, Opérations casseurs (sorti en salle en 1976) et Assaut sur la ville (1977).
[5] Garella est moqué pour son style inesthétique, Bagni sort d’un dur conflit avec le président de l’Inter, Carnevale a vu sa mère tuée à coups de hache par son père et Giordano a été longuement suspendu pour avoir participé au scandale du totonero avec la Lazio.
Le Campo Paradiso (quel nom !), on dirait un terrain du district des Pyrénées-Atlantiques. Mais un terrain dans un bled de la vallée d’Ossau.
Curzio Malaparte, La peau, 1949 : « Nous étions des hommes vivants dans un monde mort. »
Suite immédiate de Kaputt, La peau se déroule principalement dans Naples occupée par les Alliés. Entre horreurs et beautés, le récit est donc l’occasion pour l’écrivain italien de célébrer le menu peuple napolitain, « peuple généreux, le plus humain des peuples de la terre ». S’achevant dans Rome libérée, ce grand roman ne ménage pas les Américains et montre que « la gloire, ce que les hommes appellent la gloire, est souvent souillée de boue. »
Quant à savoir quelle valeur accorder au texte de Malaparte, s’il faut y voir un témoignage ou une somme d’affabulations, l’auteur y répond lui-même : « Qu’importe […] si ce que Malaparte raconte est vrai ou faux. Ce qui importe, c’est la façon dont il le raconte. » Et, là, tout le monde s’accorde : le style est brillant, l’écriture fine et ciselée. A l’image de cette belle lecture des spécificités italiennes : « Le véritable drapeau italien n’est pas le drapeau tricolore, mais le sexe, le sexe masculin. Le patriotisme du peuple italien est tout entier là, dans le pubis. L’honneur, la morale, la religion catholique, le culte de la famille, tout est là, entre les jambes, tout est là, dans le sexe : qui en Italie est très beau, digne de nos anciennes et glorieuses traditions. »
La Peau, c’est un échange récent qui m’a donné envie de le lire. Et j’ai adoré.
Cash mais avec style, beaucoup aimé aussi. Mais je n’en ai rien lu d’autre, bref : je me demande toujours si l’élégance qu’il y déploie, à narrer ce qu’on dit si peu de la guerre, lui était habituel ou plutôt une forme épisodique de pudeur?? A priori c’était un dandy, donc..
Ce sacre napolitain? Déjà il n’a plus rien d’un dépucelage, et son contexte aura été des plus favorables.. mais tant que les Napolitains prennent leur pied!
Si on accepte que ce qu’il prétend avoir vu ou vécu est plus ou moins vrai, il faut lire Kaputt. Du journalisme littéraire ou du roman historique, je ne sais dire. Mais c’est captivant et merveilleusement écrit.
C’est un reproche régulièrement formulé aussi contre Kapuscinski. Mais que ces écrivains-journalistes (que je crois « voisins ») aient « romancé » ne me dérange pas, en tout cas bien moins que tant d’autres qui auront inversé des responsabilités, péché par manichéisme/agenda politique.. Ceux-là sont infiniment plus pernicieux et nuisibles.
De toute façon l’imaginaire est toujours inférieur au réel, Malaparte ou xy serait resté en-deçà du réel en ne rapportant, de surcroît dans une veine disons « naturaliste », que ce que ses yeux avaient vécu (et pour cause : il y a aussi tout ce que ses yeux ne virent pas – et surtout ce que sa chair n’expérimenta pas).
300-400 pages pour restituer fidèlement les misères du manque ou de la guerre?? Impossible, à moins que des biais esthétiques et symboliques ne viennent appuyer ça et là le récit.
Surtout Malaparte me paraît n’appartenir à aucune chapelle, et être d’autant inattaquable : autant que je sache il les a toutes reniées, éreintées voire attaquées. Une espèce d' »anarchiste de droite ».
J’ai repéré un très bon libraire dans mon port de villégiature, demain je regarde s’il a « Kaputt »!
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le guépard, 1958 : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »
Véritablement immergé dans l’histoire, Le guépard est plus qu’un roman historique : c’est un roman classique, qu’on croirait tout droit sorti du XIXe siècle. Publié peu avant le centenaire du Risorgimento, il montre notamment que le rattachement du Mezzogiorno fut peut-être plus opportuniste – voire contraint – qu’enthousiaste.
Mais surtout, Giuseppe Tomasi di Lampedusa décrit la fin d’un monde, l’achèvement précipité de la lente déliquescence de l’aristocratie sicilienne, encroûtée comme les éternels, immuables, misérables et revêches paysages et paysans de l’île.
Avec tendresse et nostalgie pour cet Ancien Régime disparu – et dont ses ancêtres furent partie prenante –, la langue riche et foisonnante, le style flamboyant de l’auteur nous entraînent et nous captivent. Un grand roman, universel et intemporel.
Et le film c’est avec qui ?
Luchino Visconti, Le guépard, 1963 : Il gattopardo.
En adaptant le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Luchino Visconti redonne vie à un monde éteint ; il recrée une civilisation disparue et la préserve sur la pellicule. Pour l’éternité.
Le luxe des détails est en effet confondant : costumes, décors, objets, paysages… C’est la vieille Sicile aristocratique – alors sur le point de disparaître – qui renaît sous nos yeux. Les tableaux composés par le maître italien sont superbes et répondent à une esthétique classique et raffinée.
Mélancolique et pessimiste, le film poursuit les réflexions du roman sur le Risorgimento, l’avènement de la bourgeoisie du Nord de l’Italie et la décadence de la noblesse du Mezzogiorno. Montrant le passage d’un monde ancien à un monde nouveau, Il gattopardo marque aussi un point d’équilibre dans la carrière artistique de Visconti et constitue une transition entre deux périodes stylistiques du metteur en scène.
Porté par la belle musique de Nino Rota, le film s’incarne enfin dans la trilogie constituée par ses interprètes : le couple formé par Alain Delon et Claudia Cardinale est d’une beauté solaire, d’une vigueur endiablée et d’une sensualité magnifique, alors que Burt Lancaster – orné d’une moustache, de favoris et de sourcils broussailleux – est authentiquement le prince de Salina, le guépard.
Une belle musique, une belle photo, de beaux costumes et de beaux décors n’emêchent pas un film d’être chiantissime !
Même son « Mort à Venise » je l’ai revu sans ennui!, quand c’est beau ça passe tout seul, non?
Super ! Si cela ne te gêne pas, je mets un article sur Diego écrit juste après sa mort et demandé par des amis. Le hic est qu’il est en anglais.
Diego Armando Maradona: Angel or Demon?
This is an essay about the different life periods of Diego Maradona,
as well as his three unusual idols.
I. Youth of Diego (1960-1982):
Diego Armando Maradona was born on October 30, 1960 in Lanus, Argentina. One can argue that two angels were present at his birth: a good angel and a bad one. The good one spoke first and said: « I am going to give him an incredible gift. You will be the best soccer player that has ever existed and will ever exist on earth’’ (sorry, Edson Arantes do Nascimento, better known as Pelé, and the many persons who idolize Messi, the two Ronaldo’s, Di Stefano, Cruyff, etc.). The bad one then added: « I cannot annihilate such wish but will then add that your life will be really miserable from time to time’’.
Diego grew up in the very poor neighborhood of Villa Fiorito, near Buenos Aires. He started to play professionally for a rather small team called Argentinos Juniors on October 1976 (before he turned 16), after having mesmerized fans when playing for its youth team nicknamed Los Cebollitas (The Little Onions). On his first ball, a defender from the other team (Talleres de Cordoba) came to take the ball from him and Diego made a move called nutmeg in English (in French, the literal translation would be « little bridge’’), which consists in putting the ball between the legs of the players and which is often considered as an insult to players. A legend was born. On February 1977, Argentina played Hungary for a friendly game. The Argentinian goalkeeper was the legendary Hugo Gatti, who was nicknamed El Loco (for obvious reasons). A 16-year-old kid entered the field for the first time for Argentina in second half: Diego Armando Maradona. A French magazine then went to Argentina when they heard that a genius was playing there and asked friends of Maradona about how to describe him best. One friend said: « Imagine we are in a party and that we have to be dressed in fancy suits. Suddenly, someone throws a ball full of mud. Everyone will move away. Not Diego. He will jump to control the ball with his chest and then kicks with his left foot’’.
A few years later, in 1980, the giant team of Boca Junior, whose goalkeeper was Gatti, is going to play the small Argentinos Juniors of Maradona. Before the game, Gatti said: « Maradona is not so great and he is short and fatty (he called him « gordito’’). Having heard that, the 19-year-old kid Maradona answered: « I am going to score 4 goals to Gatti’’. The result of the game? Argentinos Juniors – Boca: 5-3, with 4 goals of Maradona. Diego will then join Boca and Gatti in 1981. The two of them put their differences aside and became Argentinian champion in 1981. The player elected the best one of the Argentinian championship that year? Hugo Gatti.
II. The terrible mistake: the years in Barcelona.
After the 1982 world cup in Spain with Argentina (elimination in the second round by Italy that then became world champion), I think that Maradona made the mistake of his life. He signed to play for Barcelona. There, he was first sick the first season (hepatitis) and then Goikoetxea from Athletic Bilbao (rightly nicknamed the butcher of Bilbao) broke his leg after a terrible tackle from behind. However, in my mind, what was the worst in Barcelona was the discovery and habits of using drugs from Diego.
III. The golden years in Naples and for Argentina (1984-1990).
In 1984, Maradona decided to leave Barcelona and went to play for Naples in Italy. Naples was a rather small team at that time that escaped the relegation to the second division by a single point. His arrival filled the whole city with immense hope. He will not disappoint them: in 1987, Naples became Italian champion for the first time ever, thanks to Diego. In 1989, they became European champion for the first time too and in 1990 Italian champion again. The love of people from Naples to Diego is unreal as the following anecdotes can demonstrate. A myth (close to reality) says that 50% of the boys born in Naples at that time were named Diego, and the other 50% were named Armando. When it was time for his annual check-up, nurses were stealing his blood and put it in Naples’ cathedral (San Gennaro). When asked why, they indicated that this is where gods and saints should be. In another famous painting where Jesus is in the arms of the Virgin Mary, the baby Jesus has been replaced by the baby Maradona in Naples. Unfortunately, at the same time, Diego was often partying with the bosses of the Camorra (Naples mafia) and consumed a lot of drugs. He also had extra-marital affairs, with one giving a son that Maradona will recognize only long time after.
At the same time, Diego Armando Maradona was playing with Argentina on an incredible level too. His 1986 world cup can only be understood by a few sentences. Two given by the commentator Victor Hugo Morales « Diego, from which planet are you from? Thank you my God, for the football and for Maradona’’. The other is the title given by the magazine France Football the day after Argentina won the world cup: « Diego, the world belongs to you’’. The game against England at that world cup summarizes Maradona: the first goal is scored with the hand, which he called the hand of god. This is his devil part. The second one is considered as the best goal ever scored at any world cup game, where he started form his own side of the field and dribbled many players and the goalkeeper (the great Peter Shilton). This is his angel part. His wife was in Argentina during that game at her parents’ place because of the extra-marital affairs of Diego and did not want to talk to him. After the game is over, her dad stood up, turned off the TV and said to her daughter: « My darling, you have to talk again to Diego. Did you see what he did for the country today?’’. This is because there has been bad blood between Argentina and England: Argentina had a war with England in the 80s and there is a 1966 soccer world cup game in England between Argentina and England where the English coach called the Argentinians « animals’’ and where the Argentinian captain is sent off and decided to clean his boots on the red carpet dedicated to the queen of England. This game is called el robo del siglo (the robbery of the century) in Argentina.
In 1990, Maradona played another world cup with Argentina, this one in Italy. The semi-final can be thought to be a Greek tragedy: it is Italy-Argentina in…Naples. Before the game, Maradona said to the fans: « remember what I did for Naples, and that our city is disliked by so many Italians from the North, who consider us as peasants and uneducated people’’. 50% in the stadium were rooting for Italy and the other 50% for Maradona and Argentina. Argentina won on penalty kicks. In the final lost against Germany at Rome, Maradona was then booed by the whole stadium. This was the beginning of his fall and move towards Hell. He left Naples in 1991 and the rest of his soccer career is not worth recalling, considering his incredible talent.
IV. The difficulty of having been a semi-god:
Life after that was quite difficult for Maradona. He was very close to die several times because of his drug addiction and unhealthy style of life. Every time he was rushed to the hospital, fans came and prayed in front of his room. He also went to mental hospitals from time to time. One day, someone from his entourage came there and visited him. This person said « you do not look good Diego, what is the matter?”. Diego answered « My right neighbor says that he is Julius Cesar and everybody believes him. My left neighbor says that he is Napoleon and everybody believes him. I tell them I am Maradona and nobody believes me’’. Death finally won on November 25th, 2020 leaving the world of football without his most gifted player ever.
V. His idols:
His three soccer idols are very unusual and are not players that are typically considered as the best ones. However, they represent very well what Maradona likes. The first one is Ricardo Bochini, who was a very smart Argentinian playmaker with excellent vision and passing skills. The second one is basically a total unknown to many, Carlovich. He played for fun in some small teams from the Argentinian city of Rosario that he never wanted to leave. He is the inventor of the forward and back nutmeg and is said to have been exceptionally gifted. Before the 1974 world cup, the Argentinian national team played a team made of players from Rosario region including Carlovich. At half-time, this latter team is winning 3-0 and Carlovich has ridiculed the whole Argentinian team by his skills. The coach of the Argentinian national team then asked if Carlovich can be exempt to play the second half in fear of the Argentinian team arriving with low morale at the world cup. The third idol is also nowadays not so well known but, in my mind, is the one who approaches the level of Maradona the closest. His name is « Magico’’ Gonzalez and he is from Salvador. He also enjoyed playing soccer for fun and loved to party. Three anecdotes in order to « understand him’’. First anecdote: one day, he arrived at a soccer game with his (small) Spanish club of Cadiz after not having slept for several days. He then slept on the bench in the dressing room before the game. His teammates woke him up but he slept standing up during the game. His teammates woke him up again and gave him the ball. He then dribbled most of the whole team he was facing, scored a goal and then directly went to the bench to sleep again. Second anecdote: during one whole week, he did not come to practice and suddenly showed up before a game against the mighty Atlético Madrid. The coach told him he can go home. He then took a cigarette pack and juggled with it. His teammates begged the coach to let him play. He won the game by himself. The third anecdote: it was the dream of Maradona to play alongside « Magico’’ Gonzalez. Maradona convinced the Barcelona officials to bring Gonzalez during a tournament in the US in 1984. The two of them played together and it is said that the best of the two during these games was « Magico’’ Gonzalez. Barcelona was ready to hire him. However, during one evening at the hotel, Maradona decided to play a prank and raised the fire alarm. Everyone came to the lobby except one player: « Magico’’ Gonzalez. He came down only in the morning. Barcelona officials then asked him what happened and « Magico’’ Gonzalez, as honest as he is, simply said he was busy with several prostitutes. The Barcelona officials then became scared and imagined the PR nightmare of having « Magico’’ and Diego in the same team. « Magico’’ never played with Barcelona again and Diego left for Naples a few weeks after that. The two of them never played again together.
Thanks !
Le ‘poliziottesco’ a passé de mode mais les feuilletons ont pris la relève… On a eu droit à ‘L’ombre noire du Vésuve’ après ‘La pieuvre’, réalisée en plus par la RAI qui se voulait pourtant vecteur d’unité.
Il faudrait une version napolitaine du commissaire Montalbano
les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnais! Ferlaino qui se dit ami de Diego alors qu’après la victoire en uefa il lui avait promis sa liberté mais l’enferme à Naples 2 ans de plus
merci pour ce bel article et la fin de celui-ci est tellement vraie mais en même temps en 87 et 90 on est ados Diego nous a émerveillé par l’intermédiaire de la petite lucarne de l’edd et des 2 coupes du mondes, oui y’a un côté mystique et très proustien ou Peter Pan par rapport à ce titre très rationnel effectivement
Ferlaino est un personnage complexe, versatile, supérieurement intelligent, machiavélique. Il a expliqué il y a quelques années pourquoi il n’avait pas tenu sa promesse de libérer Diego. Trop de pression de la part des tifosi azzurri, céder Diego aurait causé une révolte. Ne pas oublier qu’il avait réchappé à un attentat quelques années plus tôt et que son frère avait été tué par la ´Ndrangheta.
Je ne voudrais pas minimiser la performance des napolitains cette saison (un Scudetto amplement mérité), mais je me demande si cela ne résulte pas d’un heureux concours de circonstances: les 2 Milan qui perdent des plumes en C1 et la Juve empêtrée dans des affaires extra-sportives et sur le déclin depuis quelques saisons. Dans ces conditions, il fut déjà plus facile pour le Napoli d’être champion. Il me semble que le championnat était bien plus relevé lors de la saison 86-87, et cela peut se confirmer par l’écart de point conséquent entre le Napoli et ses poursuivants cette saison.
Quoiqu’il en soit, il aurait été beau que Diego soit encore vivant aujourd’hui pour voir son Argentine gagner sa 3è étoile et Napoli son titre…
Oui, cette facilité à conquérir le titre faute de concurrence joue dans l’appréciation malgré la réelle qualité de jeu du Napoli. En 1987, c’était serré mais la Juve déclinait, l’Inter pataugeait depuis 1980 et le Milan de Sacchi était encore en gestation. La plus grande performance en valeur absolue, c’est le titre de 1990 face au Milan surpuissant, l’Inter qui sortait d’un scudetto extraordinaire en 1989 et la Samp de Vialli-Mancini.
En 1987 le premier tournant est Juventus-Naples à Turin. 4 jours après une élimination aux tirs au but face au Real et un match harassant, Marchesi essaye de bousculer les visiteurs d’entrée, son équipe mène 1-0 et puis après elle s’écroule physiquement, face à une équipe impeccable devant 60.000spectateurs dont les deux tiers sont pour les bleus.
Oh, et puis Naples s’était pris une leçon d’humilité qui lui a servi à Toulouse dès le début de saison 🙂 Ils sont restés concentrés ensuite
En parlant de poliziotteschi : https://www.youtube.com/watch?v=bZFlmObCrLw (âmes sensibles s’abstenir !)
Haha. C’est quoi, ce truc?