Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (3)

En cette année 2025, l’institution xeneize fête ses 120 ans. En effet, le Club Atlético Boca Juniors a été fondé officiellement le 3 avril 1905 dans le quartier du même nom. Passé de club de quartier populaire à club mondialisé totémique, Boca Juniors a toujours, plus ou moins, gardé une certaine identité sur le terrain, à base de lucha et de garra. Car l’âme véritable du club, est, selon les dires, dans le maillot à défendre, qui serait plus important que le joueur. La tunique xeneize, c’est peut-être elle la véritable idole du club ! À la fois, club le plus supporté et, forcément, le plus détesté du pays, Boca Juniors cristallise les passions et les haines. Pour célébrer et parcourir son histoire, Pinte de Foot vous propose un long format sous forme d’un Top 50, bonifié et étalé sur plusieurs semaines, de ses plus illustres bosteros.

Photo d’en tête: Boca Juniors, Apertura 1992
Haut (de gauche à droite): Giunta, Medero, Pereira, Giuntini, Navarro Montoya, Mac Allister
Bas (de gauche à droite): S. Martínez, Soñora, Márcico, Cabañas, Tapia

40. Ramón Mutis

Ramón Mutis était le compère de Ludovico Bidoglio en défense. Une paire iconique et inséparable des années 1920. Mutis occupait le côté gauche. La charnière se vouait une véritable confiance mutuelle, elle devint très vite une citadelle imprenable. Elle fut alignée pendant plusieurs saisons, neuf au total, de 1923 à 1931. Elle était le socle des succès du Boca Juniors des années 1920. Surnommé El Fuerte (« Le Fort »), Mutis était l’exact opposé de son collègue. Plus agressif, plus dur sur l’homme, au tempérament plus chambreur, c’était l’autre face du duo. Le roc qui impressionnait pour sa force et son physique, celui qui sortait de sa zone pour « casser » le jeu et les attaques adverses.

Mutis arrive au club en 1923, la même saison que Bidoglio. Il était passé par Huracán et le Club Atlético Atlanta avant de rejoindre les xeneizes. Il remporte cinq titres nationaux : 1923, 1924, 1926, 1930 et 1931, en plus des coupes nationales officielles (Copa Competencia 1925, Copa Dr. Carlos Ibarguren 1923 et 1924). Mutis ne connut la défaite qu’à une vingtaine de matchs sur ses 237 parties jouées officiellement et les adversaires n’inscrivirent que 175 buts, soit moins d’un but par match. Preuve en est, à une époque où les attaques alignaient les cartons, que la défense de Boca Juniors était de fer.

Mutis était aussi l’archétype de ce que devra être le joueur de Boca, club à l’identité émergente : combativité, exemplarité, engagement, des qualités respectées par les socios de Boca et qui le seront jusqu’à maintenant. Fidèle joueur comme ses autres compères de l’époque, notamment les emblématiques milieux de terrain devant lui : Angel Segundo Medici, un demi-droit, qui, durant la tournée européenne, joue toutes les rencontres, car il était réputé pour son endurance physique ; à gauche, Alfredo Elli, douze saisons au club et déjà là à la fin des années 1910; tout comme le milieu central Mario Busso. Des piliers du club qui sont de tous les titres gagnés durant cette décade, de la tournée européenne de 1925, mais aussi des internationaux argentins.

En sélection, Mutis gagne le Sudamericano 1925, inséparable avec son camarade Bidoglio en défense centrale et dans une sélection argentine composée pour une large majorité de joueurs bosteros, sept du onze type. Il sera vice-champion du monde 1930, sans être titulaire, la défense centrale alignée était celle du Racing : Fernando Paternoster et José Della Torre qui avaient les faveurs de Francisco Olazar, sélectionneur et ancien de La Academia. Finalement, en 1932, Mutis termine sa carrière, peu ou prou au même moment que son ami Bidoglio. Tout compte fait, ce duo ne pouvait pas fonctionner séparément et cheminer en dehors de Boca.

39. Alberto Márcico

Alberto Márcico a persévéré pour devenir joueur professionnel. Il commence sa carrière à Ferro Carril Oeste, club qui a vu passé beaucoup d’idoles de Boca Juniors. Avec le Verdolaga, il secoue le football argentin dans les années 1980, profitant de l’effacement de plusieurs géants (San Lorenzo, Boca Juniors et le Racing traversent une période très compliquée). Avec Ferro, il crée la sensation et remporte deux titres : le Nacional 1982 – invaincu durant le tournoi, et le Nacional 1984, les deux sous les ordres de Carlos Griguol. Dans ce dernier, en finale, Ferro explose River Plate 3-0. Ce seront les deux seuls titres du modeste club du quartier de Caballito jusqu’à maintenant. Márcico termine l’année 1984 en étant élu meilleur joueur du football argentin et un international régulier.

Sa renommée au plus haut, il part pour l’étranger en 1985. C’est Toulouse, club moyen du championnat de France, qui accueille l’un des meilleurs meneurs de jeu argentin du moment. Lors de sa première saison, il mène le Téfécé à, ce qui est alors, sa meilleure saison. Le club de la ville rose termine quatrième dans le sillage d’un grand Márcico. Très vite, le fin meneur de jeu devient le chouchou du public, peu habitué aux joueurs de son calibre. Car Beto Márcico c’était le talent à l’état pur : maîtrise totale du cuir, couverture et conservation du ballon, qualités techniques excellentes balle au pied et pour éliminer ses adversaires. Au bout de sept saisons d’idylle avec le club occitan, l’offre de Boca Juniors arrive sur la table des dirigeants toulousains. Márcico ne peut pas passer à côté de l’ultime chance de jouer pour le club de son coeur. En effet, Beto est hincha du club depuis toujours, il a grandi dans le quartier de Barracas, voisin de celui de la Boca. À presque 32 ans, il veut enfin réaliser son rêve de porter les couleurs azul y oro. D’autant qu’il avait toujours essayé par le passé de rejoindre Boca, leur envoyant plusieurs appels du pied.

Il arrive à Boca en 1992. Pari réussi dès sa première saison, car Boca remporte le tournoi Apertura, la fin de onze années sans titre de champion national. Márcico, à la création du jeu de cette équipe, devient une idole xeneize pour toujours. Après le titre, Boca retombe dans ses travers, irrégulier, et de nouveaux cinq années sans pouvoir se hisser sur le podium. D’autant qu’une division interne entre les joueurs, répartis en deux clans, pourrie l’ambiance du vestiaire. Les mauvais résultats n’aidant pas, la Copa Libertadores 1994 est catastrophique, c’est la valse des entraîneurs à la tête de l’équipe, et chacun, à sa prise de fonction, souhaite faire le ménage, en évinçant l’une ou l’autre figure. Le retour de Maradona et l’arrivée de Caniggia, condamnent Márcico au banc, malgré l’instabilité des deux stars ingérables. Critiqué pour son surpoids et son rendement sportif, conjugué à l’arrivée de Mauricio Macri à la présidence du club, Beto sent que la fin a sonné pour lui à Boca. Griguol le rappelle au Gimnasia y Esgrima La Plata, où le vétéran Márcico brille à nouveau, notamment lors d’un 6-0 passé lors du Clausura 1996 à la Bombonera. Márcico marque sur un penalty, mais ne célèbre pas son but, bien que le public applaudi l’ancienne idole. Boca, c’était son équipe préférée : « Mon objectif était de jouer pour Boca, je ne pensais à rien d’autre, jouer pour Boca était le rêve de toute une vie » affirma-t-il après sa carrière. Et la Bombonera lui était reconnaissante, elle qui chantait «Olé, olé, olé, olé, Beto, Beto » durant ses exploits sous le maillot xeneize.

38. Hugo Ibarra

El Negro débute sa carrière à Colón, avec le club de Santa Fé en Primera B Nacional, la seconde division argentine. En 1995, le club et Hugo Ibarra obtiennent la montée en Première division, faisant son retour dans l’élite quatorze ans après. Le club sabalero réalise une très bonne saison 1996-1997 et participe à la Copa Libertadores 1998, allant jusqu’aux quarts de finales, sorti par River Plate. Ibarra se révèle sur son côté droit, et à 24 ans, il est temps de passer une étape et de signer dans un club plus huppé. Il rejoint Boca Juniors, recruté par Carlos Bianchi, fraîchement arrivé aux manettes du club. L’entraîneur souhaite renforcer le poste d’arrière droit, notamment suite au départ du latéral offensif péruvien Nolberto Solano à Newcastle.

Arrivé pour être titulaire, Ibarra ne déçoit pas et répond aux attentes. Sa première saison 1998-1999 est auréolée de succès. Boca Juniors soulève les deux championnats. Sans rival, Boca survole la saison avec une seule défaite en 38 matchs cumulés. Du béton en défense et de la dynamite en attaque, Boca Juniors écrase tout sur son passage. Boca brille par la solidité de sa défense : la paire Jorge Bermùdez et Walter Samuel en centraux, Rodolfo Arruabarrena sur le côté gauche, et donc Ibarra taulier à droite. Il s’affirme comme l’un des meilleurs latéraux argentins de sa génération. Très vite, il devient international et Marcelo Bielsa l’emmène à la Copa América 1999. Mais Ibarra ne convainc pas Bielsa qui n’en fit pas son titulaire régulier de l’Albiceleste, en raison aussi d’une forte concurrence aux postes de latéraux.

Occupant le côté droit de la défense de Boca durant trois pleines saisons, il s’impose comme un arrière droit fiable et offensif. Un latéral technique, avec la particularité d’être gaucher et aligné sur le côté opposé. Il avait une très bonne qualité de centres et de dribbles, notamment intérieurs pour se mettre sur son pied gauche… ou alors, il utilisait l’option du « coup du foulard », sa spécialité. Ibarra n’a pas inscrit beaucoup de buts, mais plusieurs golazos qui sont incrustés dans la rétine des supporteurs de Boca. Un gagneur à l’image de l’équipe qu’a façonné Bianchi, qui a poursuivi sa moisson de succès avec les Copa Libertadores 2000 et 2001, la Copa Intercontinental 2000, un nouveau titre avec l’Apertura 2000. Comme tous les cadres de cette équipe, ils seront tentés par le football européen. Ibarra rejoint un grand club outre-Atlantique, ce sera le FC Porto en 2001. Mais son passage dans le club lusitanien ne sera que contrasté. Titulaire au début de la saison, il est écarté à mi-saison, malgré de bons débuts, avec l’arrivée de José Mourinho qui est devenu l’entraîneur. Il ne reste qu’une saison au club portugais et revient en prêt à Boca. Et de nouveau, il remporte la Copa Libertadores 2003 contre Santos au côté des Rolando Schiavi, Nicolas Burdisso et Clemente Rodriguez, ses nouveaux partenaires de défense.

Appartenant toujours au FC Porto, il est rappelé en Europe. Pour la saison 2003-2004, il est prêté à Monaco une saison où il se fait connaître du public français lors d’une incroyable campagne européenne ; puis il jouera à l’Espanyol la saison suivante. Il revient au bercail à Boca Juniors en 2005 jusqu’en 2010, année où il raccroche. Au cours de ses cinq nouvelles saisons, il ajoute une quatrième Libertadores, sous la direction de Miguel Angel Russo, en 2007 contre Gremio Porto Alegre, avec plusieurs cadres de l’ère Bianchi de retour à ses côtés (Riquelme, Palermo, Battaglia). Mais également trois titres nationaux supplémentaires (Apertura 2005, Clausura 2006, Apertura 2008), la Copa Sudamericana en 2005 contre les Mexicains de l’UNAM, ainsi que trois Supercoupe Sudaméricaine. Ce qui fait, qu’à la fin de sa carrière, il est l’un des joueurs les plus titrés de l’histoire du club avec 15 titres. Au-delà des titres, Ibarra est considéré comme l’un des meilleurs latéral droit de l’histoire du club xeneize.

37. Blas Giunta

Formé à San Lorenzo, Blas Giunta fait ses débuts pour le club de Boedo au milieu des années 1980. Il est ensuite envoyé en ligue régionale, à Cipolletti dans la province du Rio Negro dans le Nord de la Patagonie. Les meilleures équipes des ligues régionales pouvaient disputer le tournoi Nacional : « Aller jouer à l’Interior [du pays] a été très difficile. Vous alliez à Rosario, à Córdoba. Et c’étaient à chaque fois des batailles », expliqua Giunta sur sa saison dans l’Interior qui a forgé son caractère et son style. Après une saison à Platense, il revient dans son club formateur à la fin des années 1980. Il se fait une place avec les Cuervos dans une équipe surnommée « Los Camboyanos » (Les Cambodgiens), une référence douteuse à leur style guerrier, leur engagement tranchant sur le terrain, chaque match était disputé au couperet. Giunta était positionné dans un rôle de milieu défensif. Il sera transféré en Espagne, au Real Murcie, mais il n’y joue qu’une seule saison. Le club espagnol descend en B, et il rejoint Boca Juniors en 1989.

Lors de son premier passage au sein du club de 1989 à 1993, Giunta est un titulaire indiscutable. Il s’impose au milieu de terrain, où on loue son engagement, sa combativité. Infatigable, il met beaucoup de sacrifice et de cœur à l’ouvrage, parfois plus, en étant à la limite. Il luttait sur tous les ballons. Autant de démonstration qui lui vaut d’être adulé par les hinchas, « Giunta, Giunta, Giunta, huevo, huevo, huevo » chantent les tribunes, que ce soit à San Lorenzo, ou à Boca. Pas besoin de traduire, les supporteurs font l’ode de ce style combatif. Les deux clubs connaissaient chacun une situation précaire sur le plan sportif et économique. À défaut de titres et de « beau jeu », dans un championnat argentin qui commence à perdre ses meilleurs joueurs les uns après les autres, et économiquement à l’agonie, les hinchas s’en remettent à l’aguante, à la garra, à l’état d’esprit combatif des joueurs, non plus pour le club, mais envers la hinchada.

Il est un cadre du Boca Juniors des années 1990 qui relève la tête. Bagarreur au fort tempérament, Giunta était aussi un milieu défensif apprécié, faisant preuve de solidarité avec ses coéquipiers, d’être bon au marquage, et de fournir un travail de récupération important. En 1989, le club remporte la seconde édition d’une nouvelle compétition continentale, la Supercopa Sudamericana. Giunta évoluait au milieu avec Claudio Marangoni, lui dans le travail défensif et laissant la créativité à l’ancienne idole d’Independiente. Après une confrontation aller-retour sans le moindre but en finale contre Independiente, c’est la séance des tirs aux buts qui rend le verdict. Giunta met le tir décisif, tout en puissance et plein centre, purement dans son style.

Il continue d’enchaîner les bonnes performances et d’être une des âmes de cette équipe, notamment durant la très bonne saison 1990-1991. En Copa Libertadores, Boca commence sa campagne par un spectaculaire et inoubliable 4-3 face à River Plate en phase de groupe. Mené 1-3, Giunta réduit l’écart d’une tête à la réception d’un coup franc, avant que le génial Diego Latorre ne vienne offrir le succès à Boca d’une reprise de volée acrobatique. Derrière son duo de feu Latorre, virevoltant dribbleur et technicien hors-pair, et Batistuta en jeune goleador, Boca élimine River Plate dans le superclasico retour (2-0, doublé de Batistuta). Il réalise un excellent parcours qui le verra triompher de Corinthians et Flamengo, avant que Colo-Colo élimine Boca en demi dans un match retour tumultueux à Santiago (3-1), terminé dans la confusion. En championnat, Boca réalise un sans-faute dans le tournoi de Clôture 1991. Giunta est solide au milieu, laissant à l’éternel revenant Carlos Tapia le soin de construire le jeu. Mais l’équipe devait encore jouer la finale contre Newell’s Old Boys, vainqueur du tournoi d’Ouverture 1990. Sauf que Giunta, avec ses deux compères, Batistuta et Latorre, est sélectionné pour la Copa América au même moment ! Les trois joueurs ne peuvent disputer la finale et se contenteront, depuis le Chili qui accueille la compétition, d’écouter à la radio la défaite finale, ce qui restera une déception majeure pour cette équipe.

Lors de l’Apertura 1992, Boca reste invaincue lors des 14 premières journées, sans encaisser de but lors de huit matchs consécutifs. Malgré cela, River Plate restait dans la course. D’autant que Boca patine, avec trois matchs consécutifs sans victoire, dont deux défaites. L’équipe se reprend avec une victoire à l’extérieur contre Platense à l’avant-dernière journée. Le suspense est entier pour la dernière journée. À la Bombonera, Boca reçoit le modeste San Martín de Tucumán. Mais l’équipe visiteuse ouvre le score, plongeant Boca dans le doute, d’autant que River mène largement en parallèle. Boca égalise par l’intermédiaire du jeune Claudio Benetti qui inscrira le seul but de sa (courte) carrière sous le maillot xeneize, mais l’un des plus importants de l’histoire du club. Boca termine champion, la délivrance après onze années d’attente. Giunta s’envole en 1993 pour le Mexique, à Toluca. Il revient à Boca Juniors pour un second passage, sans éclats et sans retrouver de place de titulaire, de 1995 à 1997 dans une équipe instable, qui peine à être performante.

36. Vicente Pernía

Arrière droit emblématique des années 1970, Vicente Pernía est un fier représentant de la tradition des bosteros : un profil combatif, rugueux, de ceux qui ne lâchent rien, « con mucha garra ». C’était un joueur apprécié et aimé par les supporteurs. Surtout que dans les chocs contre River Plate, c’était souvent lui qui montrait la voie, en donnant tout sur le terrain et se farcissait les idoles « gashinas » : les Oscar Más, Oscar Ortiz, Mario Kempes ou Daniel Passarella. Et avoir Pernía au marquage, ce n’était pas un cadeau. Il avait une réputation de joueur agressif et dur, il est le joueur xeneize qui a été le plus expulsé, voyant treize fois rouge ! Mais au-delà de cette étiquette qui lui collait à la peau, quelques fois exagéré, ce fut un excellent arrière droit.

Excellent au marquage, il ne lâchait rien, une véritable sangsue pour ses adversaires. Il fermait les espaces et verrouillait son couloir. Une fois la besogne défensive faite, il pouvait se permettre de se projeter offensivement. Mais jamais l’inverse : « marcar, cerrar y salir » (marquer, fermer et sortir) telle était sa devise. Au fil des matchs, Tano s’est installé durablement sur son côté droit et ses performances le propulsent en sélection. Il n’est pourtant pas sélectionné par César Menotti pour le Mondial 1978, bien qu’il fût considéré comme le meilleur argentin à son poste. Il a payé son côté trop impulsif et sa forte personnalité, notamment après un Argentine-Ecosse en 1977. Dans son jardin de la Bombonera, Pernía perd ses nerfs après avoir été maltraité par Willie Johnstone, et après un échange de coups, il prend un carton rouge. Expulsé, le joueur crache sur son adversaire écossais. Trop imprévisible, Menotti lui préfère Jorge Olguín, moins bon défensivement, mais plus fiable que Pernía et de nature plus offensive pour le sélectionneur.

Au club de 1973 à 1982, il devient un capitaine respecté de Boca Juniors. Inamovible sur le côté droit de la défense, il est un joueur cadre et de tous les succès de cette période faste : trois fois champion, les deux titres de 1976 sous Toto Lorenzo et le Metropolitano 1981. Sur le plan continental, Pernía est une pièce maîtresse du Boca de Lorenzo, taillé parfaitement pour répondre aux coups fourrés, traquenards et provocations de ce qu’est, en ces temps-là, la Copa Libertadores. Il gagne les deux éditions en 1977 et 1978. A cela, s’ajoute la Coupe Intercontinentale 1977. Le moustachu Pernía c’était tout un style et une mentalité. Le joueur professa que « 11 Pernías pouvaient gagner contre 11 Maradonas » car, selon lui, il faut des joueurs de sa trempe pour gagner des matchs importants et des titres, et, à la fois, savoir défendre et répondre sur le terrain. Si ce n’est pas une ode au football offensif, au moins, avoir un Pernía dans son équipe aidait beaucoup. Après avoir mis un terme à sa carrière au début des années 1980, ce passionné de sports automobiles poursuivra dans cette voie en tant que pilote.

A samedi prochain pour la suite !

41 réflexions sur « Boca Juniors: 120 ans « d’or et de boue » (3) »

  1. À Buenos Aires , j’ai eu la bonne idée d’acheter un joli t-shirt Boca comme un gros touriste une semaine avant le derby contre River .
    Tous les 3 pas je me faisais soit acclamé soit insulter ^^
    Je l’ai retiré au bout de 20 minutes ^^

    Y’a même un mec à vélo qui m’a lâché un « Puto » ^^

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  2. Merci Ajde. 86 est une bonne saison pour Toulouse comme tu l’écris mais la meilleure saison est celle de 87. 3ème à quelques points du champion Bordeaux, meilleure attaque, élimination de Naples…

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      1. Haha. Tu as cédé face à la pression du syndicat des Pizzaïolos de Haute-Garonne.

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      2. Ça fait longtemps que j’ai pas vu d’images de Marcico, il a 64 ans désormais, mais j’en avais vu quand il s’approchait de la cinquantaine et bien, il était plus fit que lorsqu’il jouait. Il fait tout à l’envers Beto. Haha

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  3. Le départ de Beto pour Boca, en pleine saison, avait réellement marqué les fans de Toulouse. Je ne vois pas d’autre joueur ayant eu droit à ce genre d’hommage. Barthez venait de s’imposer au poste de gardien.

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  4. Un mot sur Latorre, il fait partie de ceux qui n’etaient pas loin de figurer dans les 50 mais il a connu deux passages distincts au club et pas avec les mêmes résultats.

    Formé à Boca, c etait un joueur technique, rapide, excellent dribbleur, et qui mettait pas mal de buts dont plusieurs spectaculaires. Un style a se faire aimer par le public. Profil plutot second attaquant en soutien de l avant centre. Il etait au top au debut des 90, au moment du renouveau de Boca. Duo avec Batistuta fonctionnait tres bien. Il est selectionné avec l Argentine pour la Copa América 91 apres sa superbe saison.

    Puis, transferé a la Fiorentina avec Batistuta. Si ce dernier devient une idole, tout le contraire pour Latorre qui ne joue quasiment. Il trouve refuge aux Canaries et trouve sa place à Tenerife.

    Il retourne à Boca vers 96. Bien qu il continue à mettre des buts, sa cote d amour degringole. Des tensions internes, vestiaire divisé, joueurs ingérables. Latorre n est pas le dernier a foutre le bordel. Et Il accentue son cas avec plusieurs déclarations. Il quitte le club en 98, plus en odeur de sainteté et trouve refuge au Racing. Pour ses retrouvailles avec Boca, il marque et celebre en se bouchant le nez. De là, il sera detesté par le public de Boca jusqu à la fin.

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    1. D’ailleurs, Latorre n’est pas de la catastrophique saison de la Viola où elle descend alors que l’on trouve Batigol , Effenberg et Brian Laudrup dans l’effectif ? Batistuta et Effenberg resteront au club en deuxième division.

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      1. Latorre etait aussi embrouillé avec Diego. Le premier reprochant au second de lui avoir fermé les portes d de la sélection sans raison et donc pas au Mondial 94. Ils se sont retrouvés coéquipiers à Boca, où c’était le far west sous Bilardo et Veira. Et après le départ de Latorre et son geste provocateur, Maradona s’est pas privé pour le descendre dans les médias à ce moment là.

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    1. Je connaissais l’expulsion de Johnston mais j’avais zappé que c’était face à Pernia. Rien d’étonnant. Johnston était un gros nerveux qui doit bien avoir plus de 20 expulsions dans sa carrière. En ayant majoritairement joué en Ecosse. Un très bon joueur qui revenait justement en sélection face à l’Argentine en 77, après des années de mise à l’écart à cause de son comportement. Raté… Il sera ensuite suspendu du Mondial 78 pour dopage. J’avais fait un texte sur lui. Merci Ajde !

      https://www.pinte2foot.com/article/forever-young

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      1. Capdevilla était déjà en sélection mais c’était le médiocre Raul Bravo qui était titulaire pendant l’Euro 2004… Beurk. Pernia venait en plus de clubs modestes. En 2006, il était à Getafe, après avoir joué au Recreativo mais dans mes souvenirs, il sortait de bonnes saisons. Ce sera plus compliqué à l’Atletico.
        Je viens de voir que le premier choix d’Aragones était le Basque Del Horno mais qu’il s’est blessé avant le Mondial 2006 et que Pernia a été appelé en urgence, pour finalement finir titulaire. Pas un cador mais bien supérieur à Raul Bravo !

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  5. Pernía… comme tu le mentionnes, Menotti lui a préféré Jorge Olguín. Un défenseur central et surtout un bien meilleur footballeur. Ca ne se faisait pas vraiment à l’époque de déplacer sur un côté un libero mais Olguín avait une telle admiration pour El Flaco qu’il aurait joué n’importe où

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      1. Latorre s’est grillé avec le public de la Bombonera, voir mon com plus haut. La sentence est irrévocable ! hehe

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      2. Oui, j’ai lu les portraits, dis 😉 Je lis toujours tout.

        Mais ces histoires d’amour qui finissent mal, bof.. Et d’ailleurs, pour en arriver à ce pincement de nez : combien de mains sur le coeur (ou que sais-je) fallut-il avant cela?

        Ce genre d’histoires me laisse presque toujours froid, primat au qualitatif en ce qui me concerne, jamais vraiment eu l’âme d’un supporter. Or qualitativement, Latorre avait sa place..non? Dans mes souvenirs de début 90’s, il était aussi important que Batistuta.

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      3. Avec l’Albi 1991, il perd sa place au profit de la météorite Leo Rodríguez au cours de la Copa.
        Et à la Fiorentina, manifestement il ne s’adapte pas du tout à la vie italienne. Mais il était beau à voir, je suis d’accord.

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      4. Oh c’est plus par boutade que je dis ça sur Latorre. Ces histoires d’amour-haine m’en fout un peu aussi, dans le cas Latorre, histoire de clans (comme Navarro Montoya qui se fera jeté et un peu mal vu par la bombonera, car il avait pas mis le bon journaliste dans sa poche ou était pas dans le bon « clan »). Pour construire mes tops: je privilégie les années au club, les trophées, ceux qui ont été important dans des équipes importantes … tout en veillant à équilibrer les époques et les positions. Du Boca 90s : Navarro Montoya, Marcico, Manteca Martinez, Giunta y sont. Latorre aurait pu y être, à la place de Manteca Martinez ou Giunta. J’ai préféré mettre ceux qui avaient gagné le titre de 92. Voilà mon choix. Bien sûr que c’est discutable, comme tous les tops que j’ai fait, toujours subjectif. Après Latorre avait qu’à bien se tenir hehehe (j’en rajoute une couche gratuite). Après, c’est vrai que Latorre, était important et son duo avec Batistuta était énorme (mais dommage, ça a pas duré longtemps), il apportait une touche technique et spectaculaire dans cette équipe. Et ce classement, c’est sûr, ça met plus en valeur la sueur et les tacles hehe…

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  6. La vraie question qui nous tient en haleine concernant ce top est : quel rang pour le Pibe ? De mon point de vue, il ne peut pas être numéro 1. Mais c’est le Pibe et il ne peut qu’être numéro 1 ah ah ah

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      1. Riquelme, non ?
        Dans un top 5 où il y aurait Pescia, Marzolini, Rojitas, Rattín. Il faudrait ajouter un gars des 70es (Mouzo) et un des 30es (Cherro ?).
        Diego serait à part, inclassable. Dans mes tops, j’aime bien m’extraire de ce type de problème en attribuant un statut particulier à certains joueurs.

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      2. C’était la question du candide, vous connaissez mieux que moi.

        A part 89-92, peu ou prou cette séquence-là (dont je vis vraiment beaucoup, beaucoup de matchs) : jamais vu grand-chose de ce club-là. Et quitte à devoir choisir (m’en fous comme de l’an 40 😉 ) : plutôt porté sur River, bref je ne suis vraiment pas légitime!

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      3. Moi non plus mais si on se réfère aux grandes périodes boquenses, ça donnerait ces gars là de mon point de vue (Cherro ou Varallo d’ailleurs pour les 30es). Mais on va attendre le verdict de notre Bostero.

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      1. Mettre Diego numéro 1, c’est comme mettre Drogba en tête pour l’OM ! Haha
        Au moins Didier n’est jamais revenu…

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  7. Sur la photo d’en tête, il y a donc Carlos Tapia.
    El Chino avait été formé à River, catalogué un peu numéro 10 et prodige. Il arrive à Boca avec Olarticoechea (les deux seront champions du Monde 86 – Tapia se montre très en forme et à son avantage dans la saison 86 -, les deux seuls de Boca dans la team argentine). En échange, Ruggeri et Gareca, les deux larrons qui avaient foutu un bordel à Boca, qui ont fait leur caïds dans le vestiaire dans un club en plein marasme par la crise économique qu’il traverse (et avec un sale coup de pute au pauvre Mouzo qui n’avait rien demandé et sans assumer, car ils partent à River comme des salopards derrière hehe). Tapia, irrégulier, tout au rien, bonne patte gauche, mais pas trop à faire d’efforts sur le terrain, il fit plusieurs aller retour entre Boca et d’autres clubs. Un passage à Brest aussi. Joueur intermittent à Boca, important dans le titre de 92.

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  8. Pernía… ah ah ah, un tueur.
    Si tu mettais Pernía et Passucci ensemble sur le terrain, tu avais de l’asado gratís 😀

    Je ne dirais pas aussi facilement que toi que Pernía était meilleur qu’Olguín, ce qui est sûr c’est que lui était un arrière droit et l’autre non, ce qui n’empêchera pas Olguín d’assurer à ce poste à la Coupe du Monde.

    Dédicace: http://lapassucci.blogspot.com

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    1. Pernia je prenais en considération le métier d’arrière droit et ses qualités défensives (pas qu’un tacleur, hein). Evidemment Olguin était plus complet et polyvalent, plus technique assurément, et il a pas fait tâche à droite loin de là.

      Passucci c’est un autre registre. Mais adoré par les fans. Rien que pour avoir découpé Ruggeri passé à River en 85 il aurait mérité d’être là hehe. C’est la suite de l’histoire que j’ai évoqué plus haut, Ruggeri et Gareca partis à River donc, Passucci était lui du côté du clan des « anciens » (Mouzo, Gatti..). Il a été réglé son compte à Ruggeri lui même sur le terrain. Expulsé, il sort avec le point serré et le sourire du travail accompli.

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      1. Passucci c’est le joueur de devoir qui dépannait partout au milieu et derrière (avec efficacité), toujours à fond dans l’engagement, tu m’étonnes qu’il reste l’un des favoris des fans (même jusqu’aujourd’hui). C’est un peu l’ADN de Boca ce type de joueur.

        Ruggeri avait pris cher (et c’était bien mérité pour ce traître) 😀

        Passucci me ramène à l’équipe de 1981, qui comportait aussi un Trobbiani qui a malheureusement peu joué de la saison (il me semble qu’il trainait une saloperie comme une hépatite ou un truc du genre). Avec le recul, cette équipe était superbe, avec quelques génies et de bons joueurs de devoir.

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