Bolton 2000 : « Bamboleo, Bambolea » !

Hey Jude ? Djobi Djoba ? Just my imagination…

El-Hadji Diouf, Martin Djetou… Youri Djorkaeff ou encore Stelios Giannakopoulos… Drôle de façon de démarrer un texte me diriez-vous mais véritable occasion, celle-ci clairement qualifiable d’immanquable… de proposer une allitération en « Dj » ! Denrée rare vous vous en doutez bien, difficile à placer évidemment et à laquelle enfin, on aurait déjà envie d’ajouter un disque de Djibril Cissé ou un CD des « Gipsy Kings » ! « Djobi Djoba » par exemple, ferait parfaitement le job ! Il n’en sera rien mais notre démence littéraire, petit délire ou « Private Joke » peu importe… ne se termine pas pour autant, du moins pas tout de suite. Effectivement, ce jeu de « syllabes musicales » continuera encore un peu son enchaînement déchaîné avant d’indiscutablement disjoncter ! Nous voilà alors entraînés, emballés par le déhanché et les passements de jambes d’un dernier disc jockey, « deejay » comme disent les « djeuns »… Un joueur comme on en fait plus, un « jongleur d’oranges »… diamant pur jus, dribbleur de génie légèrement déjanté… inventeur de gestes fous et danseur à ses heures : Jay-Jay Okocha ! Vous l’aurez deviné, nous sommes ici à Bolton, au beau milieu des années 2000 et à cette époque le thermomètre du football local, dans ce Nord de l’Angleterre d’ordinaire si froid… ne cesse de grimper ! Ici une soudaine montée du mercure, à en faire fondre les briques du brouillard britannique… et là des excès de température transperçant, sans aucune pitié, les parapluies les plus épais du pays ! Accessoire présentant pourtant une propriété d’imperméabilité, au moins autant importante que celle propre au plus préservé des protocoles de palais ! Statut indéboulonnable de carte postale, étiquette collant à la peau… Appellation d’origine protégée ou encore étendard porté bien haut… Attention, nous ne parlons ici plus du célèbre « Umbrella » à la réputation inébranlable mais bel et bien de notre « Bolton 2000 » : humble petit parasol de cocktail presque tout aussi populaire, sorti de l’ombre un beau matin et symbole de ce charme aujourd’hui disparu du championnat anglais ! Bolton oui… Un autre plan, celui de l’équilibre, entre les « Kicks » perdus sur les champs de patates, véritables tranchées de batailles creusées dans les terrains ingrats de l’amateurisme… et les « Rush » solitaires des meilleurs lévriers, volant sur les impeccables pelouses et le gazon verdoyant des plus beaux hippodromes du royaume ! Paradis au ciel bas pour les « Gringos » grisonnants, gentils fugitifs comme « Django », « Gadjo » un peu barjes sur les bords et autres « Desperados » en quête de rédemption… Bolton 2000 : « Bamboleo, Bambolea » !

Beginning : du Big Bang aux Starting-blocks

Le Bolton des années 2000 donc, une période d’abondance désespérément attendue par ce dinosaure datant évidemment d’avant Stonehenge ! Créé en 1874 et membre fondateur du premier championnat d’Angleterre de football, Bolton entamera en 2010 sa 72ème saison en première division anglaise, stabilisant ainsi un peu plus son titre, triste record pourrions-nous insister… de club ayant le plus participé au « Grand Prix de l’élite » sans ne l’avoir pourtant jamais remporté ! En dehors de l’asphalte parfait de cette piste prestigieuse, sorte de « Silverstone du football »… plusieurs autres voyages, entre les nombreux niveaux anglais et ses dangereux virages, sont également à noter pour les « Wanderers » (« vagabonds » dans la langue de Shakespeare), ou encore les « Trotters » (comprenez facilement « trotteurs »)… Petite traduction offerte et transition toute trouvée, ou plutôt parenthèse parfaite… pour souligner ensemble les deux surnoms absolument sur mesure donnés à notre voiture du jour ! Plusieurs voyages entre divers niveaux disais-je ? Tout à fait… Des hauts et des bas longs de plus d’un siècle, s’apparentant aisément à une « guerre de Cent Ans » reconstituée sur rectangle vert et conclue par ce qui correspondrait alors à une capitulation : la chute des troupes en 4ème division à la fin des années 80… Suivra une énième remontée à la surface au cours des « Nineties » (en 95 exactement), pour retrouver (après quinze ans d’absence) l’immense océan peuplé de requins qui désormais s’appelle « Premier League » ! 1995, un bon cru pour la cave du club qui connaîtra aussi cette saison-là sa première finale de « League Cup » (perdue contre Liverpool 2-1)… Ici une expédition hélas assez expéditive pour notre chevalier, certainement trop convalescent encore pour pouvoir extraire Excalibur du rocher et qui effectivement, clôturera son retour au plus haut niveau par une rétrogradation après seulement une saison… Une courte apparition sur scène qui de plus, sera complètement passée sous silence, presque éclipsée par la principale « News » des tabloïds cette année-là… la seule et unique « Une » de la presse mettant alors en lumière ce qui, aujourd’hui encore, est toujours considéré comme l’un des exploits les plus historiques et retentissants du football britannique : le sacre aussi exceptionnel qu’imprévisible du grand rival Blackburn et de son tout jeune buteur Alan Shearer ! Deux ans plus tard, au printemps 1997 et après 102 ans d’existence, c’est le mythique stade « Burnden Park » qui fermera ses portes… tournant incontestablement une page et proposant ainsi un nouveau chapitre à l’incontournable et intemporel roman du Bolton Wanderers Football Club.

Golden Age : Génération « Millenials » !

Ce nouveau chapitre ? Justement parlons-en ! Cœur de notre article du jour, quasiment un texte fantastique tant ses caractères marqueront, sans discussion ni contestation aucune… l’histoire du club ! Certes, au moment d’entrer dans son ère la plus prospère, le scribe Bolton a déjà paraphé de quelques discrets coups de griffes, le long papyrus que représente le palmarès du « sport roi » de l’autre côté du mur d’Hadrien (en l’occurrence ici, 4 « FA Cup » remportées entre les années 20 et 50)… Même si le résultat, la récompense ou autre atroce et attristante notion de finalité restent chez moi indiscutablement secondaires… le butin demeure néanmoins assez maigre pour les plus jeunes supporters désireux de se mettre quelque chose sous la dent ! Ces derniers devant difficilement fouiller dans les archives régionales, sous la poussière du grenier de leurs grands-parents ou peut-être dans les toutes premières lignes d’un grimoire ancestral… pour enfin pouvoir trouver la satisfaction d’un titre ou la photo d’un trophée. Alors forcément, lorsqu’en 2004, les « Trotters » offrent à leur public (qui se déplacera pour l’occasion au magnifique « Millennium Stadium » de Cardiff), la deuxième finale de « Coupe de la Ligue » de leur histoire… l’espoir pousse sans forcer et tout laisse à penser que les bourgeons seront renaissants, autour du tronc résistant et sur les branches coriaces de ce club si enraciné ! Avec cette deuxième finale en neuf ans, et quelle que soit l’issue de celle-ci… les fans profitent du parfum de l’optimisme, de la puissance d’un instant éphémère et de la fraîcheur du printemps. Bolton, arbre centenaire, semble désormais arrosé par une fontaine de jouvence, paraîtrait presque en pleine fleur de l’âge et, surtout… est incroyablement miraculé d’un gel pourtant familier des jardins anglais ! Une deuxième tentative malheureusement ratée elle aussi avec à la clef, une nouvelle défaite 2-1 (face à Middlesbrough cette fois-ci). Destin identique ravivant inévitablement : l’indéniable déception du premier rendez-vous manqué ! Seule différence ici, à souligner simplement pour plus de précisions… le stade. En effet, l’édition 95 s’était quant à elle déroulée au centre de l’arène la plus symbolique de l’ancienne Britannia, l’ « emblème des finales » : le temple de Wembley (celui-ci alors en rénovation lors de la version 2004)… 95-2004 donc : le vieux reptile se réveille doucement de son long sommeil, le brontosaure ressuscite… Bolton renaît ! Les « Business Plans » obsolètes de boomers « Has-been » ou « Boring » sont brutalement balancés aux oubliettes ! « Dragon Ball », « Mister Bean »… « Mister Freeze » et « Spice Girls »… Bolton embrasse à pleine bouche, résidus de bulle de chewing-gum et lèvres baveuses… l’ambiance dégénérée de la décennie agitée qui fera sont âge d’or !

And in the middle : « Boro the bro’»

Enclenchons ce prochain paragraphe avec un petit crochet, clin d’œil particulier, dédicace ou que sais-je encore… un détour rapide en direction du club de Middlesbrough rencontré ici à l’improviste dans notre récit. Le Middlesbrough FC, « Boro » comme on l’appelle, lui aussi vieil aïeul du football britannique (146 bougies aujourd’hui) et, comme Bolton… également au sommet de sa gloire durant les années 2000. Héritier du « Boro » de Bryan Robson (94-2001), génération qu’on retiendra avant tout comme finaliste malheureuse (avec notamment Fabrizio Ravanelli en pointe) des deux coupes nationales en 97 (l’une perdue contre le « Chelsea Little Italy » (quartier dans lequel on pouvait en toute quiétude déguster un cappuccino avec Roberto Di Matteo, Gianfranco Zola et Gianluca Vialli))… et l’autre laissée à Leicester (des « Foxes » alors berceau du beau bébé Émile Heskey et allaités au biberon du berger Martin O’Neill)… Héritier de ce « Boro » là donc, solidement établi sur cette base stable et bien sûr bâti sur ce modèle… le Middlesbrough des années 2000 s’inscrira dans la continuité avec cependant, un tout nouveau pilote dans l’écurie : Steve McClaren. McClaren (2001-2006), un coach qui débarquera d’ailleurs directement sur le banc de la sélection anglaise, après son décollage réussi et son envol pris sur les bords de l’alors tout récent « Riverside Stadium »… Un second cycle marqué d’abord par cette « League Cup » de 2004 (premier trophée (majeur) de l’histoire du club soulevé, comme nous venons de le voir, au nez et à la barbe de Bolton)… mais aussi et surtout : par une finale de Coupe d’Europe (C3) décrochée deux ans plus tard et hélas sèchement perdue face au FC Séville (4-0). C’était le Middlesbrough du capitaine Gareth Southgate, de la catapulte Fabio Rochemback ou encore du « Tank » Jimmy Floyd Hasselbaink… sans oublier bien sûr le jeune prodige, promesse non tenue et spaghetti trop « Al Dente », sans doute sorti un petit peu tôt de sa marmite italienne : Massimo Maccarone. Un club pour conclure qui aura aussi vu passer, entre autres et en restant concentrer spécifiquement sur cette période : Juninho Paulista et Paul Ince… Paul Gascoigne, dit « Gazza »… et même Gaizka Mendieta ! Christian Ziege, Christian Karembeu, Alen Boksic… Jusqu’à, pour terminer, quelques monuments locaux : l’indétrônable portier australien Mark Schwarzer, l’ « enfant de la maison » Jonathan Woodgate et enfin le « Frenchie » Franck Queudrue…

Come back to the Mambo !

Di Matteo, Zola… Ravanelli et Vialli avons-nous croisé à l’instant, Mendieta également… Voilà un refrain méditerranéen fredonné outre-manche, parfait pour apprendre à rouler les « R » et retrouver ensemble notre Bolton présenté sous le titre : « Bamboleo, Bambolea » ! « Bolton 2000 : Bamboleo, Bambolea »… Rien que ça ! Sacré entrée en piste n’est-ce pas ? Un album à la couverture culte et un groupe accompagné sur scène par un curieux accordéon aux couleurs de l’arc-en-ciel ! Instrument insolite, tout particulièrement conçu pour accueillir ici les notes désinvoltes, envoûtées et surtout multiculturelles qui composaient l’équipe de l’époque ! Effectivement, pas moins de 15 nationalités différentes se côtoyaient dans l’effectif lors de la saison 2004/05, année de la première qualification européenne des « Wanderers »… Une politique de recrutement contrastant considérablement avec le caractère conforme et la ligne directive disons plus conservatrice du club concernant, par exemple, le choix du manager (Bolton, depuis sa création et jusqu’à aujourd’hui encore, n’a installé que des coachs britanniques sur son banc)… Accordéon donc… et sans aucun doute une guitare ! Mandoline romantique ou bouzouki cavalier, accordant leurs violons sans difficulté pour nous offrir : les sons crispés par l’émotion, accrochés par la passion aussi ou encore ceux écorchés par la sensibilité… des douces sérénades du Sud ! Cordes, cuivres et « Tutti Quanti »… Un orchestre à l’accent incontestablement cosmopolite, chantant en chœur un morceau plus proche du Flamenco que du Rock’n’roll avec aux castagnettes et en guise de « Guest Stars » : Ivan Campo et Fernando Hierro ! Deux têtes connues sur lesquelles on aurait facilement envie d’enfiler le sombrero du mexicain Jared Borgetti ! Un folklore, des couleurs et une cacophonie… carrément inconnus des concerts locaux, ne fréquentant pour ainsi dire pas beaucoup le quartier et étant, par conséquent, clairement peu coutumiers du coin ! Un coin, un quartier, Bolton… qui pour conclure ne peut être mieux résumé que par le pâle copier-coller de sa description Wikipedia : ancien bastion industriel du textile, aujourd’hui la plus importante ville d’Angleterre ne possédant pas le statut de « cité »…

Le Diable s’habille en « Fast Fashion »

Triste sort ? Clef sous la porte ? Fabriques fermées et fin de série ? Pas tout à fait… En effet, dans ce faubourg désabusé, ce donjon abandonné, de nombreuses petites mains, ici souris surprenantes et là, fatalement, bonnes fées bienfaitrices… ne cessent de s’affairer à satisfaire les espoirs les plus secrets, les plus inespérés aussi, d’insoumis et autres irréductibles supporters ! Des retouches incessantes et des ressources insoupçonnées, redorant tant bien que mal le blason de la ville, le fanion du club bien sûr et redonnant ainsi à la belle Bolton, forteresse isolée ou princesse esseulée : ses lettres de noblesse ! Atelier de couture, artisanal comme vous l’avez compris et pour le coup complètement pris en étau, ou peut-être en tenaille ? Après tout peu importe… Pourquoi pas ici compressé par d’immenses pinces ? Quoi qu’il en soit un petit ouvrier piégé entre d’un côté, une pluie de matières « Cheap »… et de l’autre une époque perdue en pleine tendance de la surproduction ! Et pourtant, malgré l’attaque létale de la face sombre de ce sport, sorte d’imprimé reptile qui ici se transformerait sournoisement en véritable serpent constricteur… Bolton respire encore ! L’artisan du foot résiste, perdure et persiste… repoussant toujours un peu plus loin les limites du « fait main » et l’heure fatidique du rideau de fer baissé, de la famine, de la faim… de la faillite et de la fin ! Comme beaucoup d’autres équipes « Outsiders », dans ce début des années 2000 absolument bouleversant (Everton, Aston Villa, Newcastle… Leeds, West Ham… Fulham ou Tottenham), les « Trotters » entrent dans une transition incertaine, une espèce de zone de turbulence ou encore une phase de transformation pas tout à fait maîtrisée… sur laquelle l’influence de facteurs extérieurs et aussi conséquente qu’incontrôlable. Des clubs situés ici à la croisée des chemins, au carrefour entre deux routes plus précisément: la première prometteuse, proposant une possible transhumance vers les sommets (sentier que pratiquement aucun n’empruntera, ici seul Tottenham a réussi à s’installer sur la durée dans le peloton de tête de « PL » (Fulham, avec sa finale de C3 en 2010, aura tout de même un peu déjoué les pronostics)… il faudra surtout attendre le Leicester de 2016 ou (à moindre mesure bien sûr) Brighton et Brentford actuellement, pour vraiment voir un chamboulement chez les bookmakers)… et la seconde route, plus périlleuse, présentant quant à elle la crainte d’une totale disparition (sur les exemples choisis ci-dessus et en ne prenant en compte que les dix dernières années (à la louche), seul les « Spurs » et Everton n’ont pas connu l’Enfer du Championship (d’ailleurs, pour l’anecdote, les « Toffees » n’ont à ce jour jamais connu d’autres joies que celles des joutes de la première division))… Oserai-je ajouter pour conclure, d’autres progénitures de cet étrange « bug de l’an 2000 » ayant également été englouties par ce gouffre générationnelle : Wigan, Reading, Portsmouth… Charlton, QPR ou Sunderland…

« Ton… Bolton » !

Un artisan donc… Dé à coudre, paire de ciseaux et tout l’accoutrement qui va avec ! Notre petit couturier de quartier défendra bec et ongles sa boutique, faisant pour cela apparaître de son sac et de son brol (vrac, bordel ou bazar appelez ça comme vous voudrez)… des anciennes « Stars » comme sorties tout droit de son tiroir ! « Hocus-Pocus », ou alors un plus classique « Abracadabra »… Voici Hidetoshi Nakata ! Voilà Vincent Candela ! Sans oublier bien sûr, le rebondissement propre à tout numéro à sensations… l’agent « 0039 » : Nicolas Anelka ! Djorkaeff, Giannakopoulos et Okocha avions-nous déjà ? Martin Djetou et El-Hadji Diouf aussi ? Campo, Hierro, Borgetti ensuite… Et bien les bicyclettes du « Snake », le « Sirtaki » du grec et les ingénieux crochets du nigérians, pour ne citer qu’eux… croiseront ensemble les pas maudits de Makukula, la chance bancale et chaloupée de Quinton Fortune ou encore le cœur hélas chancelant de Khalilou Fadiga… Ici des fidèles, restés enlacés au fil de la continuité et devenus désormais l’image de marque de l’enseigne: Ricardo Vaz Te, Ricardo Gardner… Henrik Pedersen, Bruno N’Gotty ou Tal Ben Haim… Là des boutons perdus et des « Zip » un petit peu trop « éclair » : Jack Wilshere, Daniel Sturridge… Ibrahim Ba et même Mario Jardel ! Quelques créations originales, carrières écloses ou, à minima, explosées : Garry Cahill, Kevin Nolan… Eiður Guðjohnsen ou Marcos Alonso… Enfin une dernière commande, sorte de sprint final avec Gary Speed, Johan Elmander, Abdoulaye Meïté… Martin Petrov, Ivan Klasnic… nous menant au passage en caisse avec un ultime article dans les mains, ou plutôt ici : les mains dans l’article… les gants glacés du géant Jussi Jääskeläinen ! Un sacré stock trouvé dans le bric-à-brac de notre artisan devenu presque, pour l’occasion : un excellent brocanteur ! Des paquets remplis de cadeaux et des emplettes à la pelle… une belle collection et un « Mercato » pour conclure: autant incohérent qu’incroyable ! Casting effectivement incomparable, provocant par conséquent attentes et impatience chez un public prêt à envahir les salles pour la sortie du très encensé : « Bons baisers de Bolton » ! Images remastérisées, scénario des plus osés et de l’action à haute dose… Enfin une mission commando romanesque et rocambolesque, riche de secousses, d’effets spéciaux et de succès pour ce tout nouvel agent secret.

L’oncle Sam british

Gentils fugitifs, « Desperados » et autres étrangers aux drôles noms d’oiseaux ont jusqu’ici esquissé les contours de notre texte… Des caricatures autant populaires que familières auxquelles on rêverait d’ajouter un défilé de caravanes ! Clowns, acrobates, cracheurs de feu ou que sais-je encore… tous recrutés pour former ensemble une troupe formidable, sous un chapiteau de banlieue monté « à l’arrache » sur un parking de supermarché ! Un show avant ça introuvable en périphérie, uniquement disponible à la télévision et offrant ainsi aux familles de l’arrière-pays un spectacle inédit… Comme vous le constatez : ce Bolton là, c’était tout un cirque ! Un foutoir ! Une foire ! Fête foraine, trains fantômes… femme à barbe et barbe à papa peu importe… Enfin des fauves jamais enfermés, adoptés, apprivoisés et surtout relâchés… remis en liberté par un défenseur de football naturel et sauvage… Un maître de cérémonie, un dresseur sans fouet… « Bouglione de Bolton » ou « Franco Dragone local » (titre presque logique dans cette sorte de « La Louviere anglaise »)… Un loup plus esseulé que solitaire, principalement après un scandale de corruption l’ayant exclu de la meute des « Three Lions » (territoire qu’il avait pourtant conquis et mérité par son travail sérieux et ses prestations sur le terrain)… Pour finir un animiste incompris, comme la plupart de ses joueurs… Harry Potter porté au bûcher, hérétique comme Merlin accusé de blasphème ou enfin chaman Sami retourné à ses terres de glace : Sam Allardyce ! Sam Allardyce… indiscutablement « LA » figure du Bolton des années 2000 ! De plus, « Big Sam » comme on le surnomme, est un enfant du club (passé en effet par les équipes de jeunes (69-71), avant d’y lancer sa carrière de joueur dans la foulée et d’y laisser déjà : la trace de sa fidélité (71-80))… Nous concernant, c’est principalement son passage en tant qu’entraîneur des « Trotters » qui nous intéressera, un parcours lui aussi attaché à la notion de temps, d’implication à long terme (il décidera, entre autres, de réinjecter l’argent des transferts sortant dans la modernisation des infrastructures et dans la masse salariale des membres du staff technique)… « Manager à l’anglaise », « tacticien à l’ancienne »… Allardyce sera avant tout l’auteur d’une gestion remarquable, mémorable même… à graver, pourquoi pas… dans un morceau de marbre du Parthénon !

Big Ben s’est arrêté

Une notion de temps, soulignions nous à l’instant… Absolument ! Vertu devenue introuvable de nos jours, sorte de vêtement vintage avalé par la dernière imitation python d’un « dress code » moderne changeant de mode comme de chemise ! Tic-tac, tic-tac… Une trotteuse qui accélère étonnement, jusqu’au retentissement assourdissant d’un dernier coup de gong ! « Extra Time » enclenché, engrenage gangrené et aiguilles qui s’affolent… face à ce monde du ballon rond aux allures de « Big Ben » déréglé, Sam Allardyce, fort de ses huit saisons (presque pleines) à la tête des « Trotters », fait forcément figure d’exception (seconde anecdote ici : un incroyable contrat d’une durée de dix ans lui avait été offert (« déballé » pourrait-on surenchérir) suite à la réussite de sa première saison)… Figure d’exception ? Finalement pas tant que ça… Effectivement, à cette époque en Angleterre, il était encore « livre courante » de voir les coachs se consumer lentement sur la ligne de touche d’un club auquel ils étaient tout naturellement identifiés. Sans aller jusqu’aux deux plus illustres exemples (Sir Alex Ferguson à Man.U et, bien sûr, son meilleur rival à Arsenal : Arsène Wenger)… d’autres fauteuils ont formidablement emprunté la forme et fossilisé les empreintes de costumes moins connus mais tout autant élégants : David Moyes à Everton d’abord (ce dernier désigné d’ailleurs digne héritier de « Fergie » sur le banc des « Red Devils »)… Alan Curbishley à Charlton ensuite (souvent cité dans la « short-list » pour reprendre l’équipe nationale anglaise)… mais aussi Harry Redknapp chez les « Hammers », Brian Clough pour Nottingham Forest ou encore Dario Gradi du côté de Crewe Alexandra… Des idylles pratiquement impossibles aujourd’hui car, même si les récentes romances entre Sean Dyche et Burnley ou Eddie Howe et Bournemouth (Klopp à Liverpool et Guardiola à Manchester City aussi, on peut le dire) pourraient me faire mentir… on reste tout de même malheureusement plus proche des remerciements précipités (s’apparentant parfois presque à de l’irrespect, tel celui du « Mister » Claudio Ranieri à Leicester)… que de la confiance accordée à un coach dont l’équipe rencontrerait une quelconque période de crise. Dans ce contexte chronophage, banquet commandé par des directions de clubs insatiables et quasiment qualifiables celles-ci de « cannibales du sport »… Sam Allardyce s’impose donc, calmement, là comme pendule imperturbable… et ici comme gardien du temps ! « Bearskin » sur la tête en bonne et due forme bien sûr ! En poste à Bolton de 1999 à 2007, il vient ainsi lui aussi inscrire son nom, à l’encre indélébile évidemment, sur le registre funéraire d’une mentalité d’antan désormais désuète, pour ne pas dire éteinte…

Help !

Fin de notre séjour au cœur d’une campagne anglaise encore préservée, en cette époque presque bucolique des « Nineties » et des années 2000. Douce atmosphère riche en football pure, pourtant directement crachée par les cheminées en bitume d’une bourgade « indu »… Sponsor « O2 » faisant office d’assistance respiratoire pour notre patient anglais et enfin, une bouffée d’air frais aux effluves de hareng, comme soufflées celles-ci par les pages d’un Oliver Twist qui, pour l’occasion : ferait un parfait éventail ! Environnement vivifiant mais hélas pas suffisant pour se refaire une santé… En effet, Bolton suffoque, Bolton s’essouffle et, succombant à la fatigue… Bolton s’écroule ! Un club disparu, ou qui du moins demeure empêtré dans les profondeurs et les bas-fonds des divisions inférieures, les crampons pris dans une sorte de « tourte du foot » à l’arrière-goût troublant… Tarte piégée ? Gâteau empoisonné ? Un football enfin pouvant pratiquement prêter ses traits au portrait d’un « pâtissier tueur » ! Un barbier dans la réalité, vous l’avez tous évidemment deviné… Embourbé donc, dans ce dessert indigeste, Bolton terminera dans le gosier sans fond de consommateurs inconscients et boulimiques d’un « football fast-food » faussement étoilé ! Alors au milieu de ce tableau noir dressé, Monsieur Allardyce salue sa classe, file à l’anglaise en quelque sorte, quittant ainsi les bancs d’une école qu’il aura mené, d’une main de maître pourrait-on insister… du ventre mou de deuxième division jusqu’à une qualification européenne (qui plus est la première de l’histoire du club). Un exode rural que les joueurs suivront eux-aussi, répartis et éparpillés un peu partout, dans les nombreux points de chutes et autres nouveaux projets poussant et se multipliant comme des petits pains à cette période… Bolton titube, sonné, dans les cloches… enfin termine dans les cordes : Bolton est au tapis ! Un club qui n’en peut plus d’esquiver, d’encaisser et de rendre coup pour coup les droites, directs et percutants uppercuts que le foot contemporain lui envoie en pleine poire ! Un combat constant afin, à défaut de pouvoir concrètement décrocher la ceinture… ici de rester debout le plus longtemps possible… et là de ne pas tomber KO trop tôt. Dans cette compétition clairement déséquilibrée, où poids lourds et poids plumes, coqs à grandes crêtes et chétifs poussins s’affrontent sur le même ring… la grâce et la sveltesse, la poésie et l’allégresse d’un Billy Elliot chantant en langage des cygnes… ne peuvent qu’intelligemment jeter l’éponge !

Goodbye England

Milieu des années 2000 : le conte de fée prend fin, le charme se rompt ! Douzième coup de minuit sonné par la grande cloche de l’ « Elizabeth Tower » en direct de Westminster ? Sentence de Dieu comme au stade « Azteca » ? Pour conclure l’apocalypse ! Le cataclysme ! Le chaos ou que sais-je encore… Une éclipse solaire cachant l’astre suprême, celui-ci déjà si désiré par le ciel de Londres… pour laisser place au royaume de l’ombre ! Roy Keane ne découpe plus personne, la culture populaire est décapitée et même la reine abdique : « Welcome » au couronnement d’un football sans queue ni tête où tout fout le camp ! Beckham change de galaxie, Rio Ferdinand ne répond plus et la « Premier League » s’est faite dérobée en plein vol comme « Moonraker » : le foot anglais n’existe plus ! Ce foot anglais oui… qui partait du « King » Eric Cantona, pour le tournage avant l’heure du clip « Bad Boys de Marseille »… passait bien sûr par le playboy David Ginola en couverture de « Fifa » et allait finir son week-end devant « l’équipe du dimanche » avec, pour rester dans l’accent provençal… l’interview d’un Samir Nasri ici à sa place comme un poisson dans une bouillabaisse ! Robbie Fowler qui sniffe la ligne de but, David Seaman qui ne touche pas à ça et reste bien loin de celle-ci, Nayim et Ronaldinho en sont témoins… Enfin un remake qui fait un carton, concurrençant ainsi les meilleurs prestations de Joey Barton : « Y a-t-il un flic pour sauver Michael Owen ? ». À moins que ce ne soit : « Y a-t-il un pilote pour rassurer Dennis Bergkamp ? »… Des « Desperados » ? Et comment ! « Calamity James » en tête d’affiche ! Le championnat d’Angleterre à cette époque, c’était cette terre d’accueil là… L’Eldorado des anges déchus, l’extradition de Darren Tulett par un tunnel ! C’était l’évasion, l’exil… le droit d’asile pour tous les types un petit peu plus toqués que les autres ! L’île au trésor… le repère des pirates ! C’était l’ « English Tuch » ! La petite « Cup of tea » glissée discrètement au milieu des canettes de « Coca-Cola » décomplexées qui accompagnaient mieux que quiconque « un match au quartier » ! On y est : Bolton, c’était cet improbable et presque introuvable maillot, floqué Radhi Jaïdi dans le dos et foulant l’asphalte fondant de notre petit coin de France ! Radhi Jaïdi, numéro 15, en bleu profond sur fond blanc… Un chiffon enchanté, chiné et déniché dans la magie d’un marché italien pour un ami tunisien et transmettant, dans toute l’intensité de sa transpiration : la spontanéité, la simplicité… le naturel et l’inattendu ! C’était les ballons volés, les « goals volants » et l’insouciance de l’enfance qui planait au-dessus de tout à la manière de Mary Poppins ! Chambres à air qui s’échappent et parties de foot sous-pressions au pays des « Coupes du Monde imaginaires »… un syndrome de Peter parfaitement assumé par ce football du peuple ! Spot publicitaire dépassé et sport terminé dans la panse de son prédateur… le football pure : c’est cette paire de « Puma », hélas pas assez rapide pour ne pouvoir être rattrapée et restée alors perchée là, pendue par ses lacets ou séchant comme des tripes… tout en haut du Panthéon de la nostalgie ! Marsupilami trop souple, ou peut-être spectre impalpable comme Casper… ici une période impossible à capturer et là une époque révolue… envolée ! Anelka mimait l’oiseau et Okocha marchait sur l’eau… C’était aérien comme le jeu anglais et lunaire comme un campement sauvage de « Vinnie » Jones dans la cour de sa Majesté… C’était Bolton 2000 : Bamboleo, Bambolea !

24 réflexions sur « Bolton 2000 : « Bamboleo, Bambolea » ! »

  1. Le foot anglais fait régulièrement émerger des catégories inférieures des clubs préhistoriques, témoins de l’âge d’or de l’industrie dans le nord du pays. Bolton, Blackburn, Sunderland, Blackpool, Huddersfield… Ils finissent tous par revenir un jour au 1er plan, quelques années dans l’élite, avant de retourner dans les ligues obscures, comme s’ils replongeaient dans les profondeurs où ils survivent, vaille que vaille.
    Quand je lis la liste de noms venus chercher fortune dans la banlieue de Manchester, j’imagine la tête des conjoints découvrant le lieu eh eh. Jouer à Bolton, quand tu as connu Rome, Valence, Milan, Paris etc…, c’est vraiment aller au turbin !

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    1. Ah, ça : moindre qu’on puisse dire est que ces villes post-industrielles du Nord sont d’un moche!

      Cette volatilité des clubs anglais est ce que j’aime le plus chez eux.. Rien n’est acquis, marche ou crève pour tous, totems d’immunité pour quiconque.

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    1. Et Franck Queudrue, au milieu des Southgate, Hasselbaink, un attelage improbable ! ^^ du old school sympatoche ce Middlesbrough en finale de C3
      Y’avait Stewart Downing, du talent chez l’ ailier, typique d’un 4-4-2 bien anglais, mai s les blessures et pas le mental/caractère pour jouer au niveau supérieur.

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  2. Il y avait 3 frères Hierro. Antonio, l’aîné qui fit quasiment toute sa carrière à Malaga. Manolo, défenseur également, qui jouera également à Valladolid. Où il retrouvera le benjamin, Fernando. Avant son départ pour le Real. Fernando jouait évidemment au milieu à cette époque et était un buteur très correct puisqu’il marque 21 buts en Liga en 92!

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      1. Perso, ce Mexique 2002 est mon préféré après celui de 98. Ils se sont vraiment ratés face aux USA en huitièmes. Dommage…

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    1. Merci à toi Khia pour ton assistance technique, celle-ci au moins autant fiable que ton éternelle disponibilité… pour m’aider à régler les curieux bugs lors du partage de mes textes.
      T’es au top je confirme !

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  3. Rétrospectivement, je ne sais que penser de ce Bolton. J’ai peu ou prou lâché l’affaire du foot anglais à cette époque-là, pour xy raisons, mais je ne garde pas un souvenir impérissable du foot pratiqué par le Bolton d’Allardyce..???

    L’effectif eut un côté « galacticos-discount » ; hier ces joueurs-là seraient partis en Chine, ou aujourd’hui en Arabie Saoudite.. ==> Je me souviens avoir été intrigué! Mais pour produire au final un jeu assez minimaliste dans mes souvenirs, certes magnifié de temps en temps par un exploit individuel. Le joueur qui m’y aura le plus marqué, d’ailleurs : un local en définitive, Kevin Nolan.

    Fin des fins : je m’en rappelle comme d’une tour de Babel stylistiquement..pauvre??, une espèce de fourre-tout humain peu ambitieux dans le jeu, c’est mon souvenir. Mais le fait d’avoir vu et revu cette équation (effectif multiculturel + jeu collectif plutôt binaire) en Belgique, vieux royaume des mic-macs affairistes Afrique-Europe de l’Est-Océanie-etc, ne doit pas être étranger au souvenir peu favorable que je garde de cette équipe d’Allardyce.

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  4. Il y a un point où je ne suis pas d’accord avec toi, Calcio : le titre de Blackburn n’était pas vraiment une surprise, on le sentait venir et, hormis eux, il n’y avait vraiment pas grand-monde en mesure de le disputer à United! En amont, d’ailleurs : les efforts consentis sous Jack Walker pour y parvenir avaient été colossaux.

    J’avais bien aimé le United des 80’s, début 90’s aussi..par contre je ne pouvais déjà plus piffer celui de Cantona, les petites intrigues çà et là de Ferguson non plus, certain constructivisme médiatique aussi.. ==> Je suivis donc avec un intérêt grandissant la construction de ce Blackburn champion : internationaux à gogo, joueurs revanchards, guerriers, Dalglish à la barre.. C’était plus qu’une gueule de trouble-fêtes..et les circonstances favorables ont fait le reste (dénouement inoubliable!). Parmi les grades figures de ce titre : Colin Hendry, ce n’était plus du foot mais de l’héroïsme avec lui!……….. ==> Un Hendry que l’on retrouva ensuite chez les voisins de..Bolton, l’une de ces moult vieilles gloires attirées par Allardyce.

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    1. Merci Alex pour cette précision concernant ce Blackburn champion… J’ignorais complètement que l’équipe était déjà considérée comme outsider sérieux (voir potentiel favori) et avait été bâtie pour des ambitions disons « plus osées »… J’ai toujours pensé que c’était une sorte de « tâche sur la nappe » ayant gâché fête et festin à la table des rois.

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      1. Oui, c’est ça : statut naviguant entre gros outsider et co-favori.

        Je ne serais pas étonné que, sur deux ou trois saisons consécutives, Blackburn fut le club le plus dépensier d’Angleterre – plus encore qu’un United, ce qui n’est vraiment pas rien.

        Et en parallèle des dizaines de millions de livres investis dans les joueurs : refonte du stade, c’est une véritable fortune que Walker y aura investi.

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      2. Yep.

        Grosso merdo, les Anglais estiment aujourd’hui à 25-30 millions de £ ce que Walker aura investi en transferts..sur trois ans!!! Ce qui, de prime abord, me semble avoir été alors du jamais vu en Angleterre??

        Ce que j’ignorais : Dalglish essaya de signer..Zidane!

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