Algérie 1982, le temps des possibles

Révélation malheureuse du Mundial en Espagne, l’Algérie dispose alors d’une génération de joueurs susceptible de dominer durablement le continent africain. Cette embellie sportive survient à un moment où l’essor économique du pays est réel. Promise à un avenir radieux, l’Algérie du président Chadli Bendjedid laisse derrière elle – du moins le pense-t-on – les querelles entre ténors du FLN et les tensions régionalistes. Ne dit-on pas que l’économie de l’Algérie va bientôt rattraper celles des pays de l’Europe du Sud ?

« Fuera, fuera » (« dehors ») s’époumonne le public espagnol en agitant des mouchoirs blancs. Noyés dans la foule, des supporters algériens exhibent des billets de banque pour imager un supposé pacte de corruption entre la RFA et l’Autriche. Dans la zone réservée aux commentateurs du stade Molinón de Gijón, Eberhard Stanjek pour ARD et Robert Seeger, son homologue autrichien d’ORF, décident de se taire, le second ayant même invité les téléspectateurs à éteindre leur écran. En contrebas, la Mannschaft mène face à l’Autriche depuis la 10e minute de jeu et ce score permet aux deux équipes de se qualifier à la différence de buts pour le second tour de la Coupe du monde 1982. Conscients de la situation, à deux ou trois exceptions près[1], les joueurs gèlent le résultat et se satisfont de passes inoffensives durant toute la seconde mi-temps. « Fuera, fuera… ». Oui, dehors l’Algérie, victime de petites manœuvres entre amis. Scandaleuse, injuste, l’élimination n’en demeure pas moins prometteuse alors qu’une vague d’espoir économique et social parcourt l’Algérie de Chadli Bendjedid.

Naissance d’une nation

Que de chemin parcouru par le football algérien depuis l’obtention de l’indépendance, 20 ans plus tôt. A l’euphorie des débuts – dont une retentissante victoire des Verts 2-0 sur la RFA de Willi Schulz le 1er janvier 1964 – ont succédé de cruelles désillusions et une incapacité quasi chronique à se qualifier pour les compétitions internationales majeures, Coupe d’Afrique des nations[2] ou Coupe du monde. Les succès de l’équipe nationale aux Jeux méditerranéens 1975 et panafricains 1978, le triomphe du Mouloudia en Coupe des clubs champions africains 1976 peinent à masquer les faiblesses d’un football aux moyens dérisoires. Le point de bascule se situe en juin 1977, au stade du 5 Juillet, lors de la finale de la Coupe d’Algérie entre NA Hussein Dey et la JS Kabylie, dont le nom est alors arabisé en Jamiat sari’ Kawkabi selon les directives du pouvoir. En présence du président Boumediène, les supporters kabyles sifflent l’hymne national puis chantent en langue amazighe « Anwa wigi ? D imazighen ! » (« Qui sommes-nous ? Des Amazighs », c’est-à-dire « des hommes libres » comme se nomment eux-mêmes les Berbères). Vecteur d’unité jusqu’alors, le football exacerbe désormais les luttes identitaires et fragmente la cohésion de la jeune république. Houari Boumediène réagit immédiatement et exige une réforme du fonctionnement des entités sportives. Sont ainsi imaginés des statuts distincts pour les activités de masse, promues par le modèle socialiste, et les activités « de performance » pour une élite ne disant pas son nom. Constitués en Associations sportives de performance (ASP), les clubs bénéficient du parrainage des grandes entreprises nationales, un soutien matérialisé par la nomination de dirigeants aux profils de gestionnaires, des investissements massifs et des plans de carrière aménagés pour des joueurs officiellement amateurs. En devenant de facto des structures contrôlées par l’état dont les noms évoquent les activités des sociétés publiques (par exemple, la JSK devient la JET, la Jeunesse Electronique de Tizi Ouzou), les clubs perdent un peu de leur caractère identitaire en même temps qu’ils se professionnalisent.

Algérie – RFA le 1er janvier 1964.

Les effets de la réforme ne tardent pas. Enfin qualifiée pour la CAN, l’Algérie accède à la finale de l’édition 1980 où elle ne tombe que face à l’hôte nigérian (défaite 0-3) et en octobre de l’année suivante, elle s’offre un sésame pour la Coupe du monde 1982. Lors du quatrième et dernier tour des éliminatoires de la zone Afrique, les Verts prennent leur revanche sur les Super Eagles à Lagos en surmontant les intimidations et le mauvais sort que s’attachent à propager les sorciers[3]. Ces résultats sont des bénédictions pour Chadli Bendjedid, le successeur de Boumédiène, confronté aux soubresauts du Printemps berbère de 1980[4]. Acquise avec des joueurs incarnant la diversité du pays, dont certains formés en France (Nordine Kourichi, Faouzi Mansouri, Fathi Chebel et Mustapha Dahleb), la qualification au Mundial fédère la nation autour d’un objectif commun et sert de contrepoids à la victoire des Kabyles de la JET en Coupe des clubs champions africains en décembre 1981.

Malgré ces résultats probants, l’instabilité demeure à la tête de la sélection. Successeurs de Rachid Mekhloufi, Zdravko Rajkov et Mahieddine Khalef œuvrent ensemble à la CAN 1980. Pour le début des éliminatoires à la Coupe du monde, le Yougoslave prend les rênes de l’Algérie, Khalef privilégiant sa mission avec la JET[5]. Rajkov quitte le navire au printemps 1981, pour des raisons familiales ou des désaccords avec la commission technique de la fédération, les versions divergent. Après un bref et malheureux intérim de Milovan Cirić, la fédération choisit dans l’urgence Evgueni Rogov, un ancien international soviétique enseignant le football à l’Institut supérieur des sports d’Alger. Rogov obtient le précieux sésame pour le Mundial mais ne survit pas au remaniement ministériel de janvier 1982. Djamel Houhou, le grand réformateur du football algérien, cède sa place et son successeur Abdenour Bekka promeut Rachid Mekhloufi à la Direction technique nationale. Ce dernier rappelle Mahieddine Khalef comme entraineur principal des Verts et provoque la démission de Rogov.  

Mahieddine Khalef, l’anti Jupp Derwall

Projetés sur le devant de la scène une semaine avant le début de la CAN 1982 en Libye, Khalef et son adjoint Rabah Saâdane échouent d’un souffle en demi-finale contre le futur lauréat ghanéen et entament dans la foulée une longue et minutieuse phase exploratoire pour la Coupe du monde, dont un stage en France loin des pressions politiques et journalistiques (les questions régionalistes demeurent prégnantes tout comme le poids accordé aux footballeurs évoluant en Europe). Pour financer cette préparation et les primes négociées avec les joueurs, la Fédération noue un contrat avec Puma en se détournant des fleurons algériens nés de l’industrialisation à marche forcée du pays et en contrevenant à la pureté du modèle socialiste. Ce devrait être un non-événement puisque Chadli Bendjedid encourage à petites touches le recours à l’économie de marché. Faisant fi de l’enjeu pécuniaire (1,2 million de francs), El Moudjahid ne l’entend pas de cette oreille et condamne ce qui s’apparente à une compromission avec une multinationale alors que la Sonitex – la Société Nationale des Industries Textiles – habille déjà la sélection. Puisque l’affaire atteint « l’honneur national, la cause du socialisme et la crédibilité de l’appareil productif algérien » , le Ministère intervient pour l’étouffer et  trouve un accord satisfaisant toutes les parties : les Verts évoluent bien avec les élégantes tenues conçues et produites par la Sonitex mais les chaussures sont fournies par Puma.

Le maillot avec le logo de la Sonitex
Mahieddine Khalef. Technicien remarquable, aux qualités humaines indéniables, il est décédé en décembre 2024 à 80 ans, quelques semaines après Rachid Mekloufi.

Installée dans la campagne asturienne depuis le 6 juin, l’Algérie achève une série de 12 matchs amicaux sur une victoire contre le Real Oviedo[6]. En parallèle, le Ministère éteint rapidement un début de fronde en versant les primes promises en dépit de la contribution réduite de Puma. Tout est fait pour que les Verts abordent le choc contre la RFA avec le plein de confiance.

De la confiance, la RFA n’en manque pas. Cela fait quatre ans qu’aucune sélection européenne ne l’a battue et elle envisage son entrée dans le Mundial comme un ultime galop d’entrainement après un stage aux règles de vie élastiques sur les bords du lac de Schluch. Pour justifier sa méconnaissance du football algérien, le sélectionneur Jupp Derwall se retranche derrière l’opinion de ses joueurs, qui « penseraient que je suis stupide si j’essayais de leur parler du football algérien ». Comme si Derwall était encore écouté… Depuis le désastreux Mundialito de l’hiver 1980-81, nul n’ignore que l’effectif évolue sous la coupe des caïds du vestiaire dont les conceptions de la discipline s’éloignent des standards allemands. Commandant bafoué dans ses attributs, l’ancien adjoint de Helmut Schön laisse faire. A quoi bon après une telle campagne de qualification (huit victoires en huit matchs, 33 buts marqués et 3 encaissés) ? La voix dissonante d’Uli Stielike, alerté par ses équipiers du Real Madrid défaits en amical à Alger[7], ne trouve pas d’écho parmi la délégation germanique, Toni Schumacher prédisant que ses adversaires « vont encaisser entre quatre et huit buts ». Ultime démonstration de la morgue allemande, Derwall se sent obligé d’ajouter que « si nous perdons contre l’Algérie, je prendrai le train pour rentrer chez moi le lendemain ».

Image idyllique : Karl-Heinz Rummenigge papote avec l’assistant coach Erich Ribbeck sur les bords du Schluchsee (lac de Schluch). Dans les faits, la préparation tourne au scandale : de nombreux joueurs profitent de l’absence d’autorité de Derwall pour boire jusqu’au bout de la nuit et jouer au poker. La presse renomme le stage en Schlucksee, le lac de la picole.

L’arrogance allemande, abondamment relayée par la presse, est exploitée par Mahieddine Khalef pour activer les ressorts psychologiques d’un effectif qu’il a su fédérer tactiquement et humainement avec le soutien de Mekhloufi, en dépit de quelques écarts de conduite[8] et du mal-être de la star du Mouloudia Ali Bencheikh, dont les talents de dribbleur solitaire s’accordent mal avec la vitesse du jeu algérien. Extérieurement, le coach ne laisse rien transparaître et adopte une posture d’humilité. Il affirme même qu’« être éliminé au premier tour ne pourra pas être considéré comme un échec car les autres équipes sont très fortes. Nous ferons mieux la prochaine fois », ce que Mundo Deportivo résume d’un titre sans ambages, « L’Algérie résignée à la défaite ». Le fatalisme de Khalef n’est qu’apparence, sa foi en ses hommes et son système saute aux yeux dans le corps de l’article : « nous ne faisons pas de calcul sur la manière de jouer contre telle ou telle équipe. Nous essaierons de démontrer nos qualités au maximum ». D’ailleurs, il n’exclut aucun scénario en prophétisant que « si nous gagnons contre l’Allemagne, plus de 40 mille personnes viendront nous soutenir, même à vélo ».

Le jour de gloire

Le 16 juin 1982, à 17h15, les deux équipes foulent la pelouse d’El Molinón. Bien moins nombreux que les Allemands, les trois mille Algériens créent une ambiance de fête en entonnant le tube de l’été Djibouha ya Louled. Disposée en 4-3-3, la Mannschaft prend la direction des opérations et se procure de timides opportunités à l’initiative de ses joueurs de couloirs, Hans-Peter Briegel, Manfred Kaltz et Pierre Littbarski. Bien organisés autour du chef de défense Nordine Kourichi, les Verts subissent sans être dans les cordes et quand ils concèdent de rares occasions, Mehdi Cerbah les annihile en souplesse. Le temps passant, en supériorité numérique et technique au milieu grâce au 4-4-2 de Khalef, les artistes algériens commencent à combiner et desserrent l’étreinte allemande. Quand ils ajoutent la vitesse à la virtuosité, ils créent des décalages annonciateurs de la faillite à venir de la Mannschaft.

Après la pause, la RFA repart à l’assaut de Cerbah mais se fait cueillir dès la 52e minute à l’issue d’un contre d’école. Libre de tout marquage, Djamel Zidane sert Lakhdar Belloumi entre les défenseurs centraux et si la frappe du meneur de Mascara est détournée par la sortie tonique de Schumacher, Rabah Madjer suit l’action et ouvre le score en extension (1-0). La réaction survient un quart d’heure plus tard, sur un éclair de Felix Magath, inexistant jusqu’alors. Le centre du Hambourgeois fuse au sol, Cerbah est trop court et Kalle Rummenigge pousse le ballon au fond des filets en devançant Faouzi Mansouri (1-1). Le joug allemand doit désormais faire craquer les inexpérimentés Verts, le scénario est écrit. Pourtant l’impensable se produit. Sur l’engagement, les passes latérales algériennes aspirent la défense adverse, un jeu en triangle au milieu de terrain élimine Manfred Kaltz et libère Mustapha Dahleb de tout pressing. Salah Assad lui offre une solution dans le dos de Magath venu couvrir son arrière latéral. Trop rapide, Rouget lui échappe, entre dans la surface en levant la tête. Sa passe, suffisamment puissante pour que Schumacher ne puisse s’interposer, trouve le maestro Belloumi au second poteau, seul pour convertir l’offrande (2-1). Il reste une vingtaine de minutes de jeu et la Mannschaft se rue vers l’avant. La maladresse, les parades de Cerbah et la malchance (de la tête, Rummenigge trouve l’arête du but) réduisent à néant leurs efforts. Quand l’arbitre péruvien Enrique Labo Revoredo siffle la fin de la rencontre, les Algériens lèvent les bras au ciel, sans excès de joie, comme s’ils étaient eux-mêmes abasourdis par leur exploit. Plusieurs supporters se précipitent sur la pelouse pour enlacer les héros alors qu’Algériens et Espagnols communient dans les tribunes.

Durant la conférence d’après match, Mahieddine Khalef savoure, « tout s’est déroulé comme prévu », et affirme qu’il s’agit du premier grand succès de l’histoire de sa sélection. Matraqué par l’impitoyable presse allemande, Jupp Derwall refuse de reconnaître l’excès de confiance des siens et ne s’explique pas les déficiences individuelles de quelques-unes de ses stars. Un chroniqueur de Kicker lui rappelle sa promesse en cas de défaite et lui suggère un trajet ferroviaire depuis Gijón, impliquant quatre changements jusqu’à Francfort. Au niveau international, plusieurs journaux considèrent la victoire algérienne comme une des plus grandes surprises de l’histoire de la Coupe du monde, au niveau des exploits étatsuniens de 1950 face à l’Angleterre et nord-coréens contre l’Italie en 1966.

A Alger et partout dans le pays, la vie s’est arrêtée le temps de la rencontre, les horaires de travail ayant été aménagés pour permettre au plus grand nombre d’assister à la rencontre. La victoire des Verts provoque une déferlante de joie indescriptible, jamais vue depuis l’indépendance. Le sentiment nationaliste et la revanche des humbles s’expriment sans retenue, rythmés par le déjà traditionnel « One, two, three, viva l’Algérie ! ». Ce chant, on l’entend également à Paris, à la Villette. Dans la friche entourant les vestiges des halles des abattoirs, Maghreb Vision a dressé un chapiteau sous lequel un écran géant de 140 mètres carrés a permis à quelques centaines de privilégiés de suivre l’exploit des leurs contre 60 francs. Pour les rencontres suivantes, l’engouement est tel que des retransmissions sont organisées au stade Vélodrome de Marseille et à Lyon, dans les pavillons du palais de la Foire.

Dans les locaux du journal Le Progrès, cohue à l’occasion de la distribution de places pour le visionnage d’Algérie – Autriche dans les pavillons de la Foire de Lyon.

Logiquement défaite par l’Autriche lors du second match (0-2), l’Algérie se ressaisit et réalise une démonstration de jeu rapide contre le Chili. Elle mène 3-0 à la mi-temps, un score flatteur pour les Sudaméricains sauvés à deux reprises par les poteaux. En seconde mi-temps, la Roja se rebiffe et inscrit deux buts contre des adversaires physiquement émoussés. Vainqueur 3-2, l’Algérie dispose de 4 points mais sa différence de buts (0) fragilise ses chances de qualification, soumises au résultat du match entre la RFA et l’Autriche disputé le lendemain. On sait ce qu’il advient de cette parodie appelée « la honte de Gijón » et entrée dans la légende noire de la Coupe du monde.

Grandeur et misère

Malgré leur élimination prématurée, le comportement de l’Algérie et du Cameroun sert le discours du président de la Confédération africaine de football, Ydnekatchew Tessema. Désireux d’obtenir un sésame supplémentaire en phase finale de Coupe du monde pour son continent, il appelle les Européens à ouvrir les yeux car « le monde bouge et le football avec »[9]. A Alger, la fierté supplante rapidement le sentiment d’injustice. Reçus en grande pompe par le Président de la République au Palais du peuple, les joueurs obtiennent de Chadli Bendjedid qu’il lève la règle interdisant tout départ pour l’étranger avant 28 ans.

Décidément, quand s’achève cette Coupe du monde 1982, l’avenir de l’Algérie s’annonce radieux. Comme s’il fallait impérativement regarder de l’avant, Chadli Bendjedid annule toutes les festivités planifiées de longue date le 5 juillet 1982 pour le vingtième anniversaire de l’indépendance. Un vent nouveau souffle, Ben Bella est sorti de prison quelques mois plus tôt et si le président réaffirme que « le socialisme constitue pour l’Algérie une option irréversible », il renonce au dogmatisme de son prédécesseur, Houari Boumédiène. Depuis 1979, le second choc pétrolier provoque un afflux de devises que le gouvernement mobilise sans compter pour corriger les pénuries chroniques en important massivement des biens que les entreprises publiques, délaissées par les autorités, ne parviennent pas à produire. C’est à cette époque qu’est lancé le pharaonique projet de centre commercial et culturel de Riadh El Feth supposé symboliser la réussite du modèle algérien.

Projet initié en 1982, quand l’essor de l’Algérie paraît inéluctable, Riadh El Feth ouvre ses portes en 1986 alors que l’Algérie s’enfonce déjà dans la crise. Ici, le président Chadli inaugure l’horloge sculpturale du centre des arts.

La décennie dorée des Verts – encore qualifiés pour le Mundial 1986 – s’achève sur un titre lors de la CAN 1990 organisée à domicile (1-0 contre le Nigéria en finale). Entretemps, les difficultés économiques se sont amoncelées. La victoire à Alger est un misérable pare-feu pour Chadli Bendjedid, accablé par l’échec d’une stratégie de développement bâtie sur du sable, un gâchis considérable qu’accélère la chute des cours du pétrole. Avec le sacre continental, l’apothéose de la carrière internationale de Rabah Madjer, dernier sélectionné du Mundial 1982 encore présent, se referment les plus belles pages du football algérien alors que prospèrent les germes morbides de la guerre civile.


[1] Hans-Peter Briegel, Wolfgang Dremmler pour la RFA et Walter Schachner pour l’Autriche, qui récolte même un carton jaune pour protestation.

[2] Une seule qualification à la CAN avant 1980, en 1968.

[3] Victoires 2-0 à Lagos et 2-1 à Constantine au retour. Auparavant, l’Algérie élimine le Soudan, le Niger et le Burkina Faso (alors Haute-Volta).

[4] En avril 1980, d’importantes manifestations pour la reconnaissance de l’identité berbère sont réprimées par le régime sans parvenir à éteindre les revendications.

[5] Il entraine la JE Tizi Ouzou aux côtés du Polonais Stefan Żywotko.

[6] Huit victoires et quatre nuls contre des clubs et des sélections.

[7] Victoire de l’Algérie 2-1 le 1er mai 1982 contre le Real Madrid privé de ses internationaux.

[8] Nordine Kourichi et Abdallah Medjadi-Liégeon sont exclus pour avoir fait le mur durant le stage. La faiblesse de la concurrence en défense centrale sauve finalement Kourichi.

[9] La CAF obtient une 3e place pour la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis.

17 réflexions sur « Algérie 1982, le temps des possibles »

  1. C’est pas mal, le Schluchsee………mais moins bien que le Titisee, juste au Nord..et plus encore moins bien que pas mal de lacs vosgiens.

    Comment s’appelait déjà le wing-back droit algérien?? Son activité était complètement folle.

    Schachner qui reçut un carton jaune, éhéh.. Y en a toujours un qui ne comprend pas ou ne veut pas comprendre, je me souviens de Wilmots à cet égard, alors qu’il jouait encore sous le maillot malinois………et que ses équipiers avaient explicitement décidé de lever le pied.. ==> Lui n’était pas d’accord, pas loin même d’inscrire un but en jouant à 1 contre 11, faut le faire… Finalement, après 2-3 gueulantes dans le vestiaire (dont par son équipier Albert) : il avait été remplacé.

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      1. Kourichi, Mansouri en défense, c’étaient des gamins de la diaspora algérienne en France. Des durs, surtout Mansouri qui avait été formé à Nimes par Firoud.

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  2. L’équipe 64 qui bat la RFA a encore plusieurs éléments de l’équipe FLN. Zitouni, Mekhloufi, le gardien Boubeker, Oudjani, Amara… Et l’incorporation de Mahi, qui avait raté le train de l’équipe FLN et qui est le dernier Algérien à avoir joué pour les Bleus en 61.

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  3. Souvenir d’ado. Nous rentrions d’une sortie de fin d’année, nous étions dans le train. J’avais un copain algérien qui écoutait à la radio les commentaires du match Algérie-Chili. J’ai le souvenir de son dépit quand le score était passé de 3-0 à 3-2. Il était déjà pessimiste quant à la suite. L’histoire lui avait donné raison.

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    1. J’ai écouté justement récemment une interview de Kourichi qui parlait de cette rencontre et qui estimait que le relâchement face au Chili leurs avait coûté la qualification.

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      1. C’est un super match, avec des occasions en pagaille. En 2e mi-temps, l’Algérie est à la peine physiquement et sans doute un Bencheikh aurait-il été utile pour tenir le ballon.
        Et à propos de Bencheikh, 40 ans après les faits, il est toujours aigri de ne pas avoir joué.

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  4. Un qui etait tres bon et dont on ne parle pas suffisamment dans cette génération, c’est Tedj Bensaoula. Il marque d’ailleurs face au Chili. Hyper important dans la montée en puissance de sa sélection.

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  5. Merci Verano82 pour ce beau papier qui retrace l’une des plus belles pages de l’histoire du football algérien. Beaucoup de choses ont été dites concernant le Mondial 82, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les conflits internes, les soupçons de dopage et l’ingérence politique ont miné la performance de la plus belle génération du football algérien.

    Il y a d’abord l’aspect purement sportif. L’instabilité chronique au sein du staff technique au début de la décennie 80 a lourdement perturbé la dynamique des verts, notamment le départ incompréhensible de Rogov qui a mené la compagne qualificative au mondiale d’une main de maitre. Suite aux multiples changements du sélectionneur en chef, les joueurs ne savaient plus sur quel pied danser. Le grand Salah Assad a récemment avoué qu’il a évolué sur l’aile gauche contre son gré face à la RFA, et qu’il a du demander à Khalef de l’insérer dans le cœur du jeu face au Chili afin qu’il puisse partir de derrière et créer les décalages dont il a le secret, sachant que Belloumi était diminué physiquement tout au long de la compétition à l’insu du grand public. C’est en partie grâce à cet ajustement tactique qu’il a fait un des meilleurs match de sa carrière en sélection avec un niveau de jeu stratosphérique et un doublé à la clé.

    Quant aux conflits internes au sein du groupe, ce n’est qu’un secret de polichinelle. Certains joueurs expérimentés, Ali Benchikh à leur tête (43 ans après, il crie sans cesse à l’injustice sur les plateaux télé de façon caricaturale qui frôle le ridicule) n’ont pas accepté leur statut de substituant, ils ont tout fait pour savonner la planche au sélectionneur l’accusant même de régionalisme pro-kabyle. Mais en réalité, Benchikh n’avait pas sa place dans le onze titulaire et son niveau était largement inférieur aux Dehleb, Zidane, Fergani, Assad, Madjer et surtout Belloumi qui avait un Alilou (surnom populaire de Benchikh) dans chaque orteil.

    Et puis vous avez évoqué à juste titre les turbulences politiques qui n’ont pas épargné la sélection et le football algériens. Le régime politique alors en place s’est profondément ingéré du sort de la sélection d’abord en éjectant Rogov de manière pathétique pour imposer un sélectionneur « national » qui n’était autre que le cousin du deuxième homme le plus puissant en Algérie (Kasdi Merbah, chef de la redoutable Sécurité Militaire, police politique qui terrorisait la population en étouffant toute velléité d’opposition), puis en intervenant sans cesse dans le choix des joueurs lors des grandes compétitions de manière à homogénéiser la sélection entre les différentes régions du pays, alors que la JS Kabylie rebaptisée JET était tout simplement le club fort du moment et disposait de joueurs de grande qualité. Mais le pouvoir surveillait la Kabylie (région dissidente et rebelle qui revendiquait ouvertement la reconnaissance de son identité et culture berbère er réclamait l’ouverture démocratique et la fin du joug du Parti Unique) comme du lait sur le feu et les calculs politiciens ont pris le dessus sur l’enjeu sportif. Pour se rendre compte de l’absurdité de l’idéologie totalitaire imposée par le régime algérien et de la profonde crise identitaire qui demeure toujours d’actualité 63 ans après l’indépendance, il suffit d’analyser le fameux slogan « One, Two Three, viva l’Algérie » composé de mots issus de 03 langues étrangères qui n’ont rien avoir avec les deux langues du pays (l’arabe dialectal et le Tamazight, langue des autochtones).

    Et pour finir, comment occulter le scandale des soupçons de dopage? Le sujet n’est plus tabou et le regretté Djamel Menad a osé lancer un gros pavé dans la marre en demandant des explications sur les handicaps des enfants de 08 anciens joueurs ayant pris des produits pour le moins suspects en 82 et 86. Le médecin soviétique de la sélection a toujours nié haut et fort toute éventualité de dopage, mais la vérité éclatera un jour où l’autre pour établir des liens directs entre les produits administrés aux joueurs et les lourds handicaps de leurs enfants. L’état algérien a fait un premier pas en prenant en charge les enfants handicapés.

    Qui sait ce qu’aurait été le parcours de cette génération dorée sans les embuches et entraves auxquelles elle a fait face ?

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  6. Les sept joueurs dont les enfants sont nés avec de graves déficiences mentales et physiques :

    Djamel Menad ; Kaci Said ; Tedj Bensaloua ; Mehdi Cerbah ; Mohamed Chaïb ; Abdelkader Tlemçani et Salah Larbès.

    Trois d’entre eux ont évoqué ouvertement en 2010, sans pour autant citer son nom, un médecin soviétique qui leur faisait ingurgiter des gélules sensées diminuer les douleurs avant ou après les matches et les entraînements.

    N.B. : En plus du Soviétique Ievgueni Rogov, il y avait aussi quelques années plus tard, le Yougoslave Zdravko Rajkov.

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    1. L’ex-médecin soviétique de l’équipe d’Algérie en 1986, le docteur Aleksander Tabarchouk, avait formellement démenti eavoir administré des produits dopants. Tandis qu’un ancien médecin algérien des verts (docteur Rachid Hanafi) n’avait jamais écarté l’hypothèse d’un dopage, affirmant que Tabarchouk ne le laissait jamais accéder aux dossiers médicaux des joueurs.

      Ce qui est sûr et certain c’est que les anciens joueurs ont tous déclaré qu’ils avaient pris des médicaments dont ils ignoraient la composition, et que le nombre d’enfants handicapés ne laisse guère de doute quant aux liens de cause à effet. Mais à ce jour, il n’y a a aucune expertise médicale fiable, car le gouvernement algérien tient tant à sauvegarder le mythe de « l’épopée de Gijón ».

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