Comment le football total fut découvert à Rio

Lorsqu’en cette soirée du 9 juin 1949, le fantasque attaquant du Vasco de Gama Heleno de Freitas, dit « Gilda », fit trembler les filets dès la 10e minute pour le plus grand plaisir des spectateurs de l’Estadio Sao Januario, Franz Binder ne s’inquiéta pas outre mesure. Tout juste lui vint à l’esprit l’idée que cette tournée de prestige, organisée à l’occasion du cinquantenaire de la fondation du Rapid de Vienne, commençait bien mal. Comme début de match raté, il avait connu pire. Le pire pour « Bimbo » Binder, c’était cette maudite finale de Coupe d’Autriche de 1934 et cette humiliation infligée par le grand Admira dirigé par Hans Kozourek et Johann Skolaut. Anton Schall avait inscrit le premier but à la 6e minute. Et sept autres avaient suivi…

Puis quand le même « Gilda » trompa encore Walter Zeman peu avant la mi-temps, portant le score à trois à zéro, Binder pensa qu’il n’aurait jamais dû rechausser les crampons, lui qui les avait raccrochés quelques semaines plus tôt pour se concentrer sur la fonction de Sektionsleiter. Manifestement, il n’était plus dans le rythme. Mais ce qui le préoccupait davantage, c’était que ses équipiers semblaient être autant à la peine que lui.

Enfin, lorsque Gilda inscrivit son troisième but avant l’heure de jeu, le cinquième et le dernier du Vasco de Gama, le grand « Bimbo » fut comme frappé d’une illumination. En 1934, il avait suffi d’une demi-heure à l’Admira pour marquer cinq buts et à Schall pour signer un triplé. Pourtant, Binder le percevait désormais clairement, cette défaite contre le Vasco de Gama était encore plus cinglante. Car à l’évidence, ce à quoi les spectateurs de l’Estadio Sao Januario assistaient ce soir-là, c’était la fin d’un monde. Face au système brésilien, la tactique viennoise était simplement à l’agonie.

Franz Binder soupira. Il leur restait encore 10 matchs à jouer.

Système écossais, Mittelläufer et Scheiberlspiel

Jusqu’au début des années cinquante, une grande partie du football autrichien vécut dans l’illusion que le système écossais associé à la Wiener Schule était le seul permettant de jouer le Scheiberlspiel, ce jeu de passes courtes, rapides et redoublées, qui faisait l’admiration de tous. Cette erreur de jugement eut des conséquences notamment sur les performances de l’équipe nationale en 1954.

Il serait cependant trompeur de penser que le jeu des équipes autrichiennes n’avaient pas évolué depuis que Hugo Meisl et Dionys Schönecker avaient appliqué dans les années 1910 les principes des techniciens anglais passés par Vienne et Budapest, Jimmy Hogan ou Edward Shires pour ne citer qu’eux. Les schémas étaient plus proches d’un WW ou 2-3-1-4, les attaquants disposaient déjà d’un certain degré de liberté, et les avant-centre comme Sindelar à l’Austria ou Stoiber à l’Admira évoluaient souvent dans un registre de distributeur. Dans la conception viennoise, un joueur occupait cependant un rôle essentiel, le Mittelläufer. Lien entre la défense et l’attaque, il prit au fil du temps de plus en plus d’importance dans l’organisation du jeu.

Mais à la sortie de la guerre, l’Autriche était vraisemblablement la seule nation à s’accrocher encore au système écossais. L’un des responsables de cet immobilisme fut le sélectionneur Walter Nausch, qui le défendit quasiment jusqu’à la Coupe du monde en Suisse. Ce qui aveugla Nausch et d’autres, ce fut paradoxalement le talent des joueurs autrichiens, car malgré les problèmes tactiques que leurs adversaires leur posaient, ils sauvaient encore les apparences. L’Austria de Heinrich « Wudi » Müller, champion d’Autriche en 1949, 1950 et 1953 en fut le parfait exemple. A la maîtrise et la vision du « klassichen Halfreihe » formé de Mikolasch, Ocwirk et Joksch s’ajoutaient l’extraordinaire technique des Stojaspal, Huber et Aurednik, la vitesse et la puissance de Ernst Melchior. Et le fait que les Veilchen à l’été 1953 balayèrent d’abord Schalke 04 (5 à 2) puis firent exploser K’Lautern et ses internationaux (9 à 2) ne fit qu’entretenir l’illusion.

Certains avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme. Ernst Ocwirk, quintessence du Mittelläufer, et peut-être le meilleur joueur de son époque, attirait déjà l’attention de Müller et Nausch sur les difficultés rencontrées face à des équipes évoluant en WM. Avec les milieux latéraux obligés de reculer pour s’occuper des ailiers adverses, le Mittelläufer se retrouvait pris en tenaille par les inters. C’est ce que firent notamment les Allemands et les Anglais lors de leurs victoires à Vienne en 1951 et en 1952. Mais le technicien qui critiqua le plus férocement le système écossais fut sans doute Edi Frühwirth. Souvent moqué pour ses méthodes très originales à l’époque – il a été l’un des premiers à donner des plans d’entraînement quotidiens à ses joueurs et à s’intéresser à l’aspect psychologique –, Frühwirth avait appliqué le WM avec le Wacker. Un hérétique pour beaucoup de Viennois et pour Nausch en particulier. Ce fut cependant ce même Edi Frühwirth qui prit en main la sélection en 1954 pour suppléer un Nausch malade, rappelé par une fédération qui avait malheureusement trop tardé à prendre conscience du retard tactique accumulé.

La tournée ultra-marine du Rapid s’inscrivait donc dans un contexte de crise identitaire du football autrichien. La conscience de leurs faiblesses tactiques et les nouvelles difficultés posées par le système brésilien expliquèrent aussi la promptitude de la réponse des techniciens du Rapid.

Edi Frühwirth

Tout le monde attaque, sauf Ernst

Conscients d’avoir assisté à un tournant décisif pour le football autrichien, Franz Binder, le Sektionsleiter, et Hans Pesser, l’entraîneur du Rapid se réunirent pour analyser la défaite et repenser leur façon de jouer.

Evidemment, les Viennois étaient au fait des débats tactiques européens sur le WM. Ils étaient aussi bien placés pour connaître les expérimentations de Marton Bukovi avec le MTK Budapest. Et sûrement avaient-ils entendu parler de l’oeuvre de Boris Arkadiev. Mais ce qu’ils venaient de découvrir au Brésil était encore autre chose. Le système brésilien constituait un défi collectif plus complexe et exigeant. Il permettait la mise en place d’une défense renforcée tout en ayant toujours au moins quatre joueurs offensifs prêts à attaquer. Pesser et Binder furent d’ailleurs si impressionnés qu’à l’aide du journaliste Rudolf Kastl, ils publièrent un opuscule sur le sujet à leur retour à Vienne. Il est possible que les techniciens viennois eurent des échanges avec des homologues locaux, mais on peut supposer qu’ils interprétèrent essentiellement le système brésilien avec leur regard viennois.

Dès le second match, les joueurs du Rapid adoptèrent donc une tactique similaire à celle des Brésiliens. Si cela leur permit de limiter les dégâts en achevant leur tournée sur un bilan de six défaites, deux nuls et trois victoires, il apparut clairement que le système brésilien fait de mouvements incessants nécessitait également une condition athlétique supérieure.

De retour en Autriche, Pesser et Binder se mirent à la tâche. L’un à perfectionner leur nouvelle conception collective du jeu et l’autre à poursuivre la reconstruction de l’effectif. Après tout, quel autre club en Europe était mieux placer que le Rapid pour relever ce défi ? « Gemeinsam kämpfen und siegen » (« Combattre et vaincre ensemble »), selon l’adage de Dionys Schönecker.

Il fallut encore une saison à Franz Binder pour achever un renouvellement de l’effectif commencé à la fin de la guerre. Aux joueurs formés au club (Leopold Gernhardt, Erich Müller, Robert et Alfred Körner, Ernst Happel ou Max Merkel) s’étaient déjà ajoutés les Walter Zeman, Franz Golobic, Johann Riegler et Robert Dienst. Les arrivées de Karl Giesser, Erich Probst et Gerhard Hanappi finissaient de constituer un groupe certes talentueux, mais surtout composé de joueurs choisis pour leur compatiblité avec l’esprit du Rapid.

Et en 1950/1951, ayant assimilé les principes de jeu de Hans Pesser, le Rapid déferla sur l’Autriche et la Zentropa-Cup. En 24 rencontres de championnat, les joueurs de Hütteldorf inscrivirent 133 buts (33 de plus que le second), et remportèrent 20 victoires pour une défaite. Des performances qui frappèrent les esprits en Autriche comme dans le reste de l’Europe, car personne n’avait encore vu une équipe jouer de cette manière.

Interrogé par des journalistes, Hans Pesser décrivit très simplement le jeu de son équipe : « notre objectif est d’attaquer avec neuf joueurs et de défendre avec neuf joueurs. » Seul le buteur était dispensé de défendre et seul le libéro ne participait pas à l’attaque. Au système brésilien, le technicien viennois avait notamment emprunté le Ausputzer (libéro) et la nouvelle articulation défensive au centre avec un Mittelläufer compensateur et un deuxième défenseur en charge de l’avant-centre adverse. Cette organisation défensive impliquait davantage de joueurs et de mobilité. Les domaines où Pesser et le Rapid innovèrent considérablement furent le hors-jeu, la zone, et le jeu avec et sans ballon. Attirer l’adversaire dans une zone densifiée pour ensuite exploser à la récupération de la balle. Inters et milieux devaient s’intégrer aux attaques pour apporter le surnombre. Ce que que proposait le Rapid nous apparaît d’une étonnante modernité. En développant une tactique impliquant presque tous les joueurs en défense comme en attaque, Pesser et le Rapid offraient une première version du football total.

Franz Binder

Le prodigue Hans Pesser

Lorsque le site clubelo.com proposa de noter les entraîneurs et les clubs sur le modèle des échecs, beaucoup eurent la surprise de découvrir que le coach le mieux noté du XXe siècle était un quasi inconnu du nom de Johann « Hans » Pesser.

Sans doute cela peut-il s’expliquer par la baisse de compétitivité du football autrichien à partir des années 1960 ou par le mode de fonctionnement du Rapid et la présence de personnalités marquantes comme Binder, Happel, Merkel ou Hanappi. Pourtant le palmarès d’entraîneur de Hans Pesser est remarquable. Avec le Rapid, il a remporté quatre championnats et une coupe. Il a mené le Wiener Sport-Club deux fois au titre national, en 1958 et en 1959, ne concédant qu’une seule défaite en championnat durant cette période. Enfin, il s’est adjugé un championnat et deux coupes avec l’Admira. Et ses équipes ont fini sur le podium avec une incroyable régularité.

Ernst Happel et Max Merkel ont connu de grands succès et une reconnaissance internationale. Il serait temps de faire à Hans Pesser toute la place que le football lui doit.

Guybrush Threepwood (Polster) pour Pinte 2 Foot

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49 réflexions sur « Comment le football total fut découvert à Rio »

  1. Ah ! ah ! ah ! la crédibilité de cet article…

    L’auteur, dont le pseudo (Guybrush je-sais-pas-quoi) évoque plutôt une série TV américaine des années 80 que le doux pays de Heidi (je sais que Heidi se déroule en Suisse, mais c’est tout pareil…), veut se faire passer pour Autrichien.

    A cette fin, il n’hésite pas à multiplier – avec un pédantisme forcené – les expressions allemandes (qu’il a fallu que je traduise moi-même, lors de la relecture…). Mais personne n’est dupe !

    Un véritable escroc, un manipulateur. Pire qu’un Marseillais !

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  2. Merci de votre bienveillance. Quelques précisions.

    D’abord, craignant de faire trop long, j’ai sabré une partie du texte, notamment celle évoquant plus dans le détail le Rapid au cours de la décennie 50, qui remporte 6 titres et est a la lutte pour le titre en Coupe des Champions.

    Autre chose encore, il est donc souvent question du « système brésilien ». S’il est difficile de le décrire, il me faut quand même en dire un mot, essayer une explication. L’image que l’on peut utiliser est celle d’un filet avec un maillage en losange (en traçant les diagonales en fonction du placement des joueurs). L’efficacité du système réside dans la capacité des joueurs occupant l’axe du terrain notamment à s’adapter et compenser continuellement. Par rapport à un WW avec deux défenseurs à plat, un milieu central et deux inters, le système brésilien utilise les joueurs de l’axe dans des rôles différents. En position défensive, par exemple, on a donc un libéro. Devant lui évoluent au centre deux joueurs: le stoppeur qui s’occupe en général de l’avant-centre adverse et le milieu central, qui décroche. Et avec les deux latéraux, le système brésilien propose une défense renforcée. Mais le système offre aussi la possibilité de procéder à des transitions rapides vers l’avant, car l’un des deux inters adapte aussi son positionnement et recule sur le terrain. Le système brésilien nécessite de la polyvalence et une excellente condition physique. C’est une remarquable organisation collective et on peut comprendre la fascination des techniciens viennois à son endroit.

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    1. Souvenir que nous avons déjà échangé sur le Rapid des 50’s..quoique : toi surtout ;), qui à l’époque confortas et explicitas mon sentiment : une équipe qui avait largement l’étoffe d’un champion d’Europe, eût plus que d’autres mérité de figurer pour l’éternité au palmarès.. Bref : j’espère que tu ne laisseras en jachère ce que tu as coupé au montage?

      Le reste, que dire.. Voilà un clou au cercueil de la fable Michels..et autres techniciens/opportunistes, escrocs..voire tout bonnement salopards encensés par l’historiographie officielle du foot..

      Il y a beaucoup de clous encore à enfoncer, et je crains le combat inégal ; compliqué de soigner un cancer cognitif vieux d’un demi-siècle………………… mais c’est fondamental et je tiens à te remercier chaleureusement de cet apport d’une grande qualité, qui mérite incontestablement de faire un sacré bout de chemin sur la toile et parmi les consciences (même les mauvaises!, car honte éternelle sur les influents/nuisibles de toutes sortes qui, depuis des décennies, ne se sont guère employés qu’à pervertir l’Histoire fondamentalement passionnante de ce jeu).

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      1. C’est un message qui réchauffe le coeur! Je t’en remercie.

        Oui, il faudra que je revienne sur ce Rapid des années 50. Et sur quelques joueurs en particulier aussi. Hanappi notamment, Happel… mais le premier sera vraisemblablement Dienst.

        L’historiographie officielle est un peu fainéante. Victime aussi d’un biais d’existence ou du manque de modestie des techniciens hollandais.

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      2. Manque de modestie de l’un ou l’autre (pas tous!) entraîneurs NL, oh que oui : c’est l'(une des) explication(s).

        En l’espèce Michels fut, et resta!, un épouvantable sale type (doublé d’un abruti, je pèse mes mots, sur le plan purement tactique) – j’y reviens dans le détail courant février.

        Mais il y eut aussi un NL (à succès!), le seul d’ailleurs qui parvint à comprendre ce que Happel faisait à Den Haag..et cet NL-là, tout au contraire, pécha toute sa vie par une indépassable et coupable modestie, comme quoi..

        On n’imagine évidemment à quel point il n’a pour ainsi dire laissé aucune trace dans la mémoire collective, pas même une page Wikipédia.. En matière de dynamique culturelle du jeu, l’Histoire officielle du foot aime toutefois à encenser les cuistres et les salauds – la plupart du temps du moins.

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  3. Que le football se calque et suive d’une trajectoire pratiquement parallèle l’actualité d’un pays (politique, économique, sociale etc), c’est assez évident, ne dit-on pas d’ailleurs qu’il est le reflet de la société ! Le déclin du football autrichien par conséquent, est alors étroitement lié à celui de l’Autriche. (principalement dans la période de l’après-guerre), jusqu’ici, la logique suit son chemin…

    Mais qu’en est-il de la ferveur, de la passion ou au moins, sans aller jusqu’à ces extrêmes, de l’intérêt du public autrichien pour ce sport ?

    Les pays européens ont connu de bien nombreuses mutations, crises, âge d’or… et pourtant, la culture foot est toujours resté présente dans les nations qui en avait une avant-guerre , plus que présente pourrions-nous insister ici: au premier plan et presque prioritaire, primordiale même pour la population (Ex Yougoslavie, ex URSS, ex Tchequoslovaquie etc Italie, Espagne et Portugal… Allemagne de l’Est et j’en passe)…

    Pour l’Autriche, j’ai l’impression que l’attrait pour ce sport s’est envolé, a totalement disparu ! Pour quelqu’un de ma génération par exemple (j’ai 33 ans), il est difficile de trouver une référence autrichienne dans le football de notre enfance, dans celui d’aujourd’hui c’est indubitable et j’ajouterais: hélas aussi dans celui des récits contés par nos ancêtres. Les seules anecdotes, références ou souvenirs que j’ai sont plutôt négatifs (le « match de la honte » de 82 ou encore la pétition des supporters (ironique certes mais néanmoins symbolique) au moment de l’Euro 2008 organisé à domicile (en collaboration la Suisse très exactement) où ceux-ci demandaient à ce que leur équipe ne participe pas au tournoi (plus que le maigre lien existant avec leur sélection, l’intérêt du peuple pour l’événement en lui-même, selon les sondages de l’époque, était au plus bas))… Enfin même mon idole, le « Trap », qui y est allé début 2000 pour soulever un titre de champion avec Salzburg, ne m’aura pas transporté et n’aura pas spécialement servit de fer de lance ou de publicité au championnat local…

    Seule l’Irlande, reine des ailiers et des dribbleurs déjantés dans les années 60, aujourd’hui oiseau vert battant de l’aile, me fait un peu penser à l’Autriche (surtout dans la déchéance de son championnat parce qu’ici, en revanche, la sélection est suivie, bénéficie incontestablement du soutien de la foule et offre le sourire de ses supporters à chaque fois qu’elle participe à une compétition).

    Alors, l’Autriche et le football: un avenir coloré ou au contraire, un album photo définitivement en noir et blanc et tristement enseveli sous la poussière du grenier ?

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    1. Au milieu des années 90, le Rapid et Salzburg sont allés en finale de CE, mais le foot autrichien a trop tardé à se lancer dans une véritable politique de formation.

      Le foot a été très populaire en Autriche. On peine à imaginer la star qu’a pu être un Pepi Uridil dans les années 20, par exemple. Il était facile aussi de trouver des joueurs de talent, parce que les gamins jouaient avec n’importe quoi sur n’importe quel terrain. Rues contre rues, quartiers contre quartiers… Pour se faire une idée, en 37 ou 38, lors d’une journée de détection, le Rapid a retenu 5 joueurs. 4 sont devenus internationaux par la suite.

      Le foot est encore populaire, mais les Autrichiens ont été quelque peu échaudés. Ajoutons qu’ils aiment se plaindre et se moquer. De façon plus générale, l’explication est aussi à chercher du côté de la faiblesse de la politique de l’Etat en matière sportive, qui n’a guère encourager le développement du sport pro.

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  4. Excellent, merci Guy Pol.

    La compo de Vasco face au Rapid:
    Barbosa, Augusto, Sampaio (Laerte), Eli, Danilo, Jorge (Tão), Nestor, Maneca, De Freitas, Ademir, Mário. Coach : Flávio Costa.

    Ce Vasco était surnommé l’Express de la Victoire, sacré en 1948 lors du championnat d’Amérique du Sud des clubs, ancêtre de la Libertadores. Barbosa, Augusto, Danilo, Ademir sont sur la pelouse du Maracanã en 1950 quand la seleção de Flávio Costa s’incline face à l’Uruguay.

    Dans cette équipe, se trouve donc le petit ailier Mário dont j’ai déjà parlé sur Sofoot. Il grandit dans un cirque où travaillent ses parents et développe lui aussi des dons d’artistes. Ailier magicien, il joue pour le jeu, comme s’il se désintéressait du résultat, préférant la beauté du geste à l’efficacité. Certains prétendent qu’il n’y a jamais eu plus grand dribbleur. Selon la légende, s’il rechigne à tirer au but, c’est en vertu d’une promesse faite à sa maman consistant à ne pas faire de peine aux gardiens adverses.

    Flávio Costa, à la tête de Vasco, est le successeur d’Ondino Viera, grand coach uruguayen, ayant instauré dès 1942 un 4-2-4, le système qu’évoque Polster quand il parle de « défense renforcée tout en ayant toujours au moins quatre joueurs offensifs prêts à attaquer ». Parmi ses trouvailles, l’usage d’un défenseur reculé qu’on appellera plus tard libero (terme dû au journaliste italien Gianni Brera). Dans les années 1940 et 50, les plus grands coaches, les plus créatifs, se trouvent alors au Brésil car outre Viera et Costa, on peut citer les frères Moreira, Feola, Francisco ou encore le méconnu Cambón.

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      1. Oui j’ai déjà lu çà, et même si ce n’était pas dans une défense à 4, ce devait être l’esprit du joueur libre couvrant les autres.

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    1. @Vera

      Il y a une chose que l’on semble deviner également avec ce système brésilien et les mouvements des joueurs, et que l’on verra en 58 (et qu’en Europe, un Maslov fera aussi), c’est le fait de faire reculer un ailier.

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      1. Tu as raison. En 1958, les protections de Zagallo quand Nilton Santos se retrouve ailier gauche sont essentielles. C’est sans doute une des raisons (une parmi d’autres) pour lesquelles Feola choisit Zagallo à la place de Canhoteiro, un profil trop proche de Garrincha à droite et pas assez travailleur.

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  5. Merci pour ce magnifique. Étant plutot novice sur la pensée tactique de ce jeu, j’ai appris énormément des choses.
    En mettant de côté la domination de la Wunderteam sur plusieurs saisons et en se focalisant uniquement sur le mondial, l’équipe autrichienne de 54 n’est elle pas meilleure que sa version 1934?
    En 54, le parcours est assez fantastique, mise à part la demi-finale, et la présence des sud-américains relèvent le niveau par rapport à 1934.

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    1. La véritable Wunderteam, c’est entre 31 et 33. En 34, l’équipe tourne déjà moins bien.

      Pour l’Autriche 54, on a tendance à retenir le quart contre la Suisse et la demi face à l’Allemagne avec ces avalanches de buts. Pourtant jusqu’au quart, l’Autriche a eu une excellente défense. En fait, si on prend les 5 matchs disputés par l’Autriche avant ce quart, on s’aperçoit que l’équipe n’a encaissé qu’un seul but. En amical face à la Hongrie au début de l’année 54. Le travail de Frühwirth a semblé porter ses fruits.

      C’est le quart contre la Suisse qui a semble t-il déréglé la machine. Les joueurs manquaient de fraîcheur. Le gardien Schmied n’était pas apte et Zeman a été titularisé alors qu’il n’était pas vraiment remis de sa blessure à la cuisse.

      Et Frühwirth a aussi tenté quelques paris contre l’Allemagne qui n’ont pas marché. Lorsqu’on regarde la compo du match, on est même frappé de constater qu’à part Happel, il n’y avait pas vraiment de pur défenseur.

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      1. C’est vrai qu’ils battent l’Uruguay et l’Ecosse et collent une danse aux tchécoslovaques. Mais quelles sont les raisons du naufrage en demi face à l’Allemagne?

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      2. Contre l’Allemagne tout est allé de travers. Après son insolation, Schmied était out. Frühwirth a pensé que Pelikan serait trop nerveux, et a lui a préfèré Zeman, qui était diminué. Il a aussi choisi de remplacer en défense Barschandt par Schleger, qui était un joueur offensif. Le trio derrière était donc Schleger-Happel-Hanappi. Combien d’équipes peuvent se vanter d’avoir aligné une défense avec 2 joueurs qui allaient marquer plus de 100 buts en carrière?! L’Autriche l’a fait. Et Frühwirth a aussi tenté un coup. Il a fait permuter les frères Körner sur les ailes.

        À ce qu’il semble, les Autrichiens pensaient avant le match qu’ils allaient avoir la balle et faire courir les Allemands. Mais assez vite, le plan a foiré. Alfred Körner s’est blessé et a repris sa place à gauche pour permettre à son frère de retrouver son poste. Toutefois, Alfred trop diminué était devenu inutile. Pour ne rien arranger, c’est Stojaspal, pas vraiment connu pour ses capacités athlétiques, qui évoluait en inter gauche. Bref, l’équipe s’est retrouvée fragilisée.

        Pendant 20 minutes, l’Autriche a semblé dominer, puis est venu le premier but allemand avec une défense autrichienne très passive. À la mi-temps, malgré le discours de Frühwirth, les joueurs semblaient abattus. Même Ocwirk s’est montré fébrile. Le second but dès le début de la seconde période a été un coup rude, mais l’équipe d’Autriche s’est lancée à l’attaque et est parvenue à réduire l’écart. Après ce but, les Allemands se sont resaisis et ont profité des faiblesses autrichiennes devenues de plus en plus évidentes (Hanappi et Schleger en difficulté face aux ailiers notamment). Les joueurs autrichiens ont lâché l’affaire auprès le 3ème but (3 buts encaissés en 10 minutes si je ne m’abuse).

        Plusieurs joueurs autrichiens se sont faits massacrer par la presse nationale, dont Happel. Turl Wagner a affirmé que derrière sa carapace, Happel était un grand sensible et que c’est aussi pour cela, qu’il avait préféré lancer véritablement sa carrière d’entraîneur à l’étranger.

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  6. Super à lire! Merci
    Bien sûr je découvre tout.

    En parallèle, la sélection a t elle bénéficié de ces avancées tactiques? (Je ne crois pas avoir vu ça dans l artcile)
    Je crois me souvenir que l Autriche etzit bien placée dans la course au ballon d’or (dans l artcile de RuiCosta de mémoire) quel déclassement! (Corrigez moi sibje me trompe)

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    1. Malheureusement, il a fallu que le sélectionneur tombe malade et qu’il soit suppléer notamment par Frühwirth pour que l’équipe nationale adopte le WM. Transition plutôt réussie jusqu’à ce quart de finale contre la Suisse joué par un temps caniculaire. On retient ensuite le naufrage face à l’Allemagne, mais à part ce match raté, l’Autriche fait une belle compétition.

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      1. Ahaha, c’est vrai? Je n’ai pas fait attention.
        Peut-on dire que tu es en quelque sorte mon nègre? Ou bien est-ce une expression à bannir?

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      2. Surtout au début, quelques phrases étaient un peu trop longues et/ou mal construites. J’ai remis ça d’équerre. Cependant, je ne me qualifierais pas de negre de l’auteur : simplement, le professeur a amendé la copie de son élève. C’est l’époque des conseils de classe : il est donc temps de l’encourager et d’espérer qu’il fera encore mieux au prochain trimestre.

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      3. « nègre », bien entendu. Le correcteur automatique du téléphone ne proposant pas cette orthographe, je suis repassé sur l’ordi. Saloperie d’informatique !

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    1. Eh!, c’est peut-être précisément parce que c’est l’oeuvre, non pas d’un pro qui a des comptes à rendre, mais d’un profane désintéressé mais passionné.. que la qualité est à ce point au rendez-vous!

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  7. Ce n’est pas un article mais du révisionnisme, tout le monde sait que le football total fut inventé par le glorieux Ajax mais, apparemment, il n’a pas suffi aux Autrichiens de Linz de vouloir transformer le pays le plus intelligent du monde en Gau, il faudrait en plus que ces complexés disent avoir inventé le football total.

    Les Autrichiens ah ah ah, vraiment une bande de malades…

    (NB : pas si facile à parodier, nondidju)

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      1. Polster,
        Comment doit-on prononcer Guy ?
        – à la franchouillarde comme dans Guy Roux, Guy Marchand le chanteur ou Guy Martin le chef ?
        – ou à l’amerloque comme dans bad guy, Guy Williams ou Guy Fawkes ?

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      2. Ahaha, ça se prononce comme Gaillebreuche, je pense.

        Guybrush Threepwood est le pseudo le plus bath du monde. Que tu ne connaisses pas, ça se conçoit, mais ce pauvre Bobby nous prouve encore une fois que c’est un ringard.

        Guybrush est le héros bien coiffé des célèbrissimes jeux Monkey Island signé par LucasArts.

        Allez, ça mérite un p’tit coup de theme
        https://youtu.be/i3dB0qEcG20

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      1. Tiens, j’ai récupéré sur SF quelques trucs que j’avais pondu. On pourra les replacer ici s’il y a besoin.

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