Hideomi Yamamoto – Touché par les Vents divins de la forêt

Dimanche dernier, Hideomi Yamamoto, capitaine de longue date du Ventforet Kôfu, soulevait le premier trophée majeur de l’histoire de son club : une Coupe de l’Empereur remportée aux Tirs aux buts face à Hiroshima. Une consécration inespérée pour ce défenseur fidèle, destiné à terminer une longue carrière dans l’anonymat du football japonais. Hommage.

Un petit club modeste…

Connaissez vous le club du Ventforet Kôfu ? Probablement pas. Et c’est normal. Ce petit club japonais n’a jamais rien fait dans son histoire pour que l’on parle de lui. Pas même au sein du Japon. Alors pour ce qui est d’au-delà de l’archipel…

D’ailleurs, le club de Kôfu, petite ville de 180 000 habitants nichée au centre de Honshû – la principale île du Japon – se fond même d’avantage dans la masse de part son identité. Il faut dire que les Japonais, que l’on assimile habituellement à la rigidité, ont fait preuve d’une créativité aussi étonnante que gargantuesque pour ce qui est de nommer leurs clubs de football : V-Varen Nagasaki ; Shimizu S-Pulse ; Machida Zelvia ; Mito HollyHock ;  Blaublitz Akita ; Fagiano Okayama ; Zweigen Kanazawa ; Givarantz Kitakyushu ; Tegevajaro Miyazaki ; Il y en a trop pour tous les citer. Et donc le Ventforet Kôfu. Oui oui. Comme « Vent-forêt ». En français dans le texte.

Bon, dans les faits, comme souvent lorsqu’il s’agit de symbolique au Japon, rien n’est fait au hasard : la contraction des mots « vent » et « forêt » est une référence à l’étendard de guerre affiché par Takeda Shingen, le Daimyo (« seigneur ») de la région de Tôfu qui s’est particulièrement illustré lors de la période de grande guerre civile du XVIe siècle, connue sous le nom d’ère Sengoku.

Cet étendard se nommait le Fûrinkazan. Ecrit en Japonais 風林火山, soit 風 (fû) qui est le caractère du vent, et 林 (rin) signifiant la forêt. Et c’est ainsi donc que l’on peut comprendre que le nombre porté par l’équipe de football de Kôfu, étroitement lié à l’histoire de la ville, n’est peut-être pas si aléatoire qu’on pourrait le croire au premier abord. Cela dit, l’histoire ne dit pas pourquoi le choix du français… Volonté d’esthétisme ? Ou facilité de prononciation ? Chacun aura son interprétation…

Le Fûrinkazan. Littéralement, l’expression signifie « Vent, Forêt, Feu, Montagne ». Une expression faisant référence directement à ce qui est inscrit sur l’étendard, extrait du Chapitre 7 de L’Art de la Guerre de Sun Tzu : « C’est pourquoi une armée doit être preste comme le vent, majestueuse comme la forêt, dévorante comme la flamme, inébranlable comme la montagne (…) »

Cependant, malgré son nom contenant beaucoup d’élégance, le Venforet Kôfu ne deviendra jamais un poids lourd du football japonais. Après l’intégration au football professionnel dans les années 1990, le club rejoint la nouvelle J. League 2 en 1999, un nouveau championnat pro de deuxième division. Mais les premières années sont difficiles, sur le plan financier notamment, ce qui l’empêche de devenir compétitif. Le club frôle même la faillite en 2000. S’en suit des résultats catastrophiques où durant ses trois premières saisons, Kôfu va finir lanterne rouge, et même connaitre un exercice de 2001 calamiteux ponctué par une nouvelle dernière place, un nombre de 98 buts encaissés (encore aujourd’hui un record en J2) et 31 matches perdus, dont une série impressionnante de 25 défaites consécutives !

Il faut savoir que dans le football japonais, il n’y a pas de lien de promotion-relégation entre les championnats amateurs et professionnels. Et à cette époque, la J. League 3 n’existe pas encore. L’accès et le maintien dans le monde professionnel se fait selon des critères financiers et d’affluence dans le stade. Ainsi, malgré ses premiers résultats désastreux sur le plan sportif, Kôfu est encore autorisé à se maintenir en J2, d’autant plus que durant la triste saison 2001, le club réalise son premier bénéfice annuel. Paradoxalement, le début de l’année 2002 est propice à un nouveau départ. Le Venforet gagne 17 matches dans l’année et ne termine pas lanterne rouge pour la première fois puisque c’est à la septième place place sur 12 qu’il finit.

… pour un joueur modèle.

C’est à l’hiver 2003 – au Japon, les saisons sont basées sur l’année civile – qu’un jeune défenseur de 22 ans rejoint le Venforet Kôfu : Hideomi Yamamoto. Né dans la préfecture de Chiba, à l’est de Tôkyô, c’est dans le grand club local qu’il est formé et dispute ses premières rencontres entre 1999 et 2002 : le JEF United Ichihara (aujourd’hui JEF United Chiba). Toutefois, il ne réussira jamais à percer dans son club formateur qu’il quitte en fin de contrat à la fin 2002 après n’avoir porté qu’à 11 reprises, dont seulement quatre en championnat, la tunique jaune et verte.

Il rejoint donc libre Kôfu début 2003 alors que le Ventforet a encore la réputation d’être l’une des équipes les plus faibles de la deuxième division. Bien qu’il commence remplaçant la plupart du temps, il joue beaucoup plus (34 apparitions en championnat à la fin de la saison) et inscrit même son premier but en professionnel le 5 mai 2003 contre le Motedio Yamagata. Son arrivée coïncide avec le début d’une stabilisation de son nouveau club dans la première partie de tableau. Après une saison 2003 très réussie, le Ventforet Kôfu termine à la cinquième place sur 12. Certes encore loin des deux places promotionnelles vers la J. League 1, mais les progrès se font ressentir.  

Présentation de Yamamoto en tant que nouveau joueur transféré dans le magazine officiel du Ventforet Kôfu.

Si la saison 2004 est plus décevante, Kôfu terminant à nouveau à la septième place, l’ère où ce petit club était destiné à jouer les faire-valoir semble désormais révolue. Petit à petit, Yamamoto s’affirme comme un élément important du groupe. Sa polyvalence lui permet d’évoluer aussi bien au milieu de terrain qu’en défense, et il s’avère ainsi être un élément précieux pour son équipe. Malheureusement, il se casse gravement la jambe en cours de saison et doit attendre le 18 juin 2005 pour pouvoir refouler les terrains.

Ce retour en 2005 va se révéler extrêmement important pour le Ventforet puisqu’au terme d’une saison remarquable, Kôfu grille la politesse au Vegalta Sendai pour la troisième place qui, en vue de l’extension du football professionnel japonais, donne désormais accès à un barrage de promotion pour la première division. Ce barrage est disputé contre le Kashiwa Reysol mené par Reinaldo, l’ancien attaquant brésilien du Paris SG. Après une victoire 2-1 à domicile, Kôfu va livrer un match retour spectaculaire chez son adversaire : une victoire 6 buts à 2 dans lequel son attaquant brésilien Baré va décider de bien porter son nom en inscrivant rien de moins qu’un sextuplé ! Oui ! 6 buts dans le même match ! Après avoir été cancre de la J2 trois fois de suite entre 1999 et 2001, le Ventforet Kôfu gagne sa place dans l’élite du football japonais pour la première fois de son histoire. Et Yamamoto, titulaire lors de ces deux matches historiques, s’affirme comme l’un des héros de cette progression spectaculaire.

Les joueurs de Kôfu célébrant la promotion en J1 après leur victoire 6-2 sur le terrain de Kashiwa Reysol. Baré, auteur de 6 buts, est au centre avec le numéro 16. Hideomi Yamamoto est lui tout à droite de l’image.

Bien entendu, l’apprentissage du très haut niveau est difficile pour le petit Venforet. Repositionné en défense centrale, Yamamoto, désormais titulaire indiscutable, ne peut empêcher son équipe d’encaisser près de 64 buts. Mais le club termine à la quinzième place sur 18, avec huit points d’avance sur le seizième et barragiste, et assure donc aisément son maintien. La saison suivant est encore plus compliquée et Kôfu termine avant dernier de J1, retournant donc en deuxième division.

Malgré cette relégation, et bien qu’il se soit affirmé comme un défenseur honnête du championnat japonais, Hideomi Yamamoto fait le choix de rester au Ventforet Kôfu, ce qui le rendra bien sûr extrêmement populaire auprès des supporters de cette petite équipe. La saison 2008 ne consacrera pas de remontée immédiate pour le club qui termine à la septième place, mais néanmoins dans la première partie de tableau. La montée sera en revanche manquée de peu en 2009 puisque Kôfu termine quatrième, à un petit point de la troisième place, cette année là directement promotionnelle en J1. C’est d’ailleurs au cours de cette année que Hideomi Yamamoto sera nommé capitaine de l’équipe, récompensant ainsi sa fidélité et sa fiabilité.

Hideomi Yamamoto, capitaine de Kôfu depuis un an, célébrant la nouvelle promotion du club en J. League 1 en 2010.

Les efforts et le bon travail du club de Kôfu seront en revanche récompensé en 2010 au terme d’une saison rondement menée. Le club termine à la deuxième place et retrouve la J1… qu’il quittera immédiatement l’année suivante… avant de remonter encore en 2012. Année durant laquelle le Venforet termine même à la première place de J2 et s’adjuge le premier trophée de son histoire ! Avant de redescendre encore l’année suivante. En fait, pendant presque une décennie, Kôfu enchaine les ascenseurs tel un ESTAC des Alpes japonaises.  

En 2013, le Venforet Kôfu réussit enfin à éviter la relégation en terminant à nouveau quinzième sur 18. S’il est chaque année un candidat annoncé à la lutte pour le maintien, il réussit à se stabiliser au dessus de la zone de relégation, réussissant à grapiller des points là où c’est nécessaire et pouvant s’appuyer sur son capitaine très professionnel et à la compétence certaine. Kôfu réussi donc à se maintenir en J. League pendant cinq saisons, avant de céder en 2017, terminant seizième sur 18 à un tout petit point du Sanfrecce Hiroshima. Souvent blessé, Yamamoto a manqué une bonne partie de la saison et n’a pu jouer que 14 matches dans l’année, assistant impuissant à la nouvelle relégation de son club.  

Hideomi Yamamoto se voyant remettre le trophée de champion de J. League 2, jusqu’alors le seul dans l’histoire du Venforet Kôfu.

De retour en deuxième division, Kôfu se reconstruit et reprend son existence de club sans histoire mais solide prétendent à la montée. Malgré un exercice 2018 raté et ponctué par une neuvième place seulement, le Venforet est de retour dans le haut du classement l’année suivante et échoue lors du premier tour des play-offs de montée. Cependant, Yamamoto commence à être sur le déclin. Son âge avance et il joue de moins en moins (seulement une vingtaine de matches en 2018). Ainsi, à l’aube de la saison 2019, alors qu’il est âgé de 38 ans, et après 15 ans passés au club dont 10 en tant que capitaine, Hideomi Yamamoto est conscient qu’il ne peut plus apporter autant qu’avant et décide d’abandonner le brassard à son coéquipier Yûta Koide. Il est en revanche désigné vice-capitaine par respect pour ses bons et loyaux services.

Après une solide quatrième place en 2020, bien qu’en fait assez éloignée du podium, Kôfu termine troisième en 2021 à quatre points du deuxième. Sauf que cette fois, il n’y aura pas de montée : la J. League 1 repassant de 20 à 18 clubs pour la saison 2022, il n’y a que deux montées en deuxième division. Yamamoto, malgré une saison 2020 pleine de 34 matches de championnat à 40 ans, n’est plus aussi important qu’auparavant. Et s’il est grandement peiné de voir son club de toujours échouer à remonter en J1, il songe désormais tranquillement à sa fin de carrière. Désormais surnommé « Omi-san» (jeu de mot entre son prénom et le mot « Onii-san», signifiant «  Grand frère »), il est un capitaine respecté et apprécié aussi bien de ses supporters que de ses coéquipiers, travailleur et fiable aux divers postes auxquels il a évolué. En somme, une petite carrière honnête dans un petit club honnête pour lequel il aura, à ce jour, disputé par moins de 590 matches.

« Omi-san » Yamamto le 9 Septembre 2020, célébré à l’âge de 40 ans pour son 500e match de championnat disputé sous les couleurs de Kôfu

Parfum de Coupe, air du « vent frais »

Si Yamamoto aborde la saison 2022 avec l’esprit léger, se sachant désormais proche de la fin de carrière et assumant avec plaisir son rôle de remplaçant de devoir, son club est lui dans l’ambition de continuer sur sa lancée de l’année précédente et de rester parmi les prétendants à la montée. Arrivé en février Tatsuma Yoshida effectue son deuxième passage sur le banc de Kôfu après une première expérience entre 2017 et 2018. Mais si la première partie de saison est correcte, la deuxième est en revanche cataclysmique : depuis le 4 mai 2022, c’est 24 matches joués, 12 matches nuls, 10 défaites, et seulement deux victoire en championnat ! Avec en plus une série impressionnante de sept revers consécutifs sur les sept derniers matches ! Avec un tel effondrement, Kôfu pointe désormais à la dix-huitième place sur 22. Si le maintien est tout de même assuré à deux journées de la fin, l’avance sur les deux relégables étant suffisamment conséquente, c’est peu dire que le Ventforet a raté sa saison.

En revanche, de façon assez surprenante, l’équipe va complétement se libérer en Coupe de l’Empereur, l’équivalent japonais de notre Coupe de France. En tant que club de J2, le Ventforet entre en lice au deuxième tour de la compétition. Après une première victoire tranquille 5 buts à 1 contre l’Université Internationale du Pacifique, Kôfu ne va affronter que des équipes de première division… Et signer exploit sur exploit : Une victoire 2-1 sur Sapporo en seizième de finale, 3-1 sur le Sagan Tosu en huitième. Ce qui lui permet d’atteindre les quarts de finale pour la quatrième fois de son histoire, stade qu’il n’a alors jamais dépassé. Mais lors du déplacement sur le terrain de l’Avispa Fukuoka, Yoshiki Torikai inscrit le but du 2 à 1 en prolongation et envoie son équipe en demi-finale.

Demi-finale jouée à nouveau à l’extérieur sur le terrain du Kashima Antlers, poids lourd historique du championnat japonais et recordman de J. League remportées avec huit sacres. Mais le déséquilibre apparent n’impressionne par les joueurs de Kôfu qui ouvrent le score à la 37e minute par Junma Miyazaki. Malgré les assauts, les Antlers ne reviendront pas dans la partie et Kôfu se qualifie pour la première finale de son histoire ! C’est le premier club de J2 en finale depuis 2014.

Les joueurs du Ventforet Kôfu célébrant leur qualification en finale de la Coupe de l’Empereur après leur victoire 1-0 sur le terrain des Kashima Antlers.

Aux anges, Yamamoto assiste sur le banc aux exploits de ses coéquipiers. Il n’a pas joué une seule minute en Coupe cette année. Qu’importe. Il a confiance en ses partenaires, qu’il sent capables d’accomplir l’un plus grand exploit de l’histoire du football japonais. Dans une interview à la NHK, il explique être conscient que son rôle a changé avec le temps, mais que cela lui va très bien ainsi qu’il est certain que ses coéquipiers peuvent « rendre fiers tous les habitants de Kôfu et de la Préfecture de Yamagata ».

Des gens qui, conscients de l’événement, vont massivement se déplacer à près de 20 000 au Stade Nissan de Yokohama, lieu de la finale et théâtre des exploits de Ronaldo 20 ans plus tôt. Une finale que Kôfu devra aller chercher contre le Sanfrecce Hiroshima, un autre poids lourd de la J1, actuel troisième du championnat et qui aura longtemps été à la lutte pour le titre cette année. Un gros morceau donc… Mais paradoxalement, il pourrait s’agir du meilleure adversaire possible pour Kôfu, puisque Hiroshima a cette particularité que n’a plus le Stade Rennais de perdre systématiquement en finale : cinq finales de Coupe de l’Empereur, deux finales de Coupe de la Ligue, zéro victoire !

Bien qu’étant très loin d’être le club le plus soutenu du Japon, les supporters du Ventforet Kôfu ont été nombreux à faire le déplacement.

Quoiqu’il en soit, Kôfu a confiance en ses chances, et notamment Kazushi Mitsuhira, un attaquant arborant une étonnante coupe afro. Il déclare à la NHK avant le match « Plus aucun défi ne nous fait peur maintenant ! ». Il ne croit pas si bien dire ! La première mi-temps du petit Poucet de la finale est exemplaire. Regardant le favori Hiroshima droit dans les yeux, les joueurs de Kôfu sont solides, bien placés, appliqués, et s’offrent plusieurs bonnes séquences dans le camp de son adversaire. Parvenant même à se créer des occasion franches.

A la 25e minute, suite à une magnifique combinaison sur corner, Shô Araki centre en retrait sur « Afro-Mitsuhira » qui coupe au premier poteau et ouvre le score pour Kôfu. Et on ne peut pas dire que cela soit contre le jeu du jeu. Hiroshima tente timidement de réagir, mais les pensionnaires de J2 sont parfaitement en place et maîtrisent tranquillement la fin de la mi-temps.

Accolade entre « Afro-Mitsuhira » et Shô Araki après l’ouverture du score pour Kôfu.

En seconde période, Hiroshima se montre bien plus entreprenant et accentue la pression dans le camp de Kôfu. Mais les joueurs du Ventforet, porté par un courage inébranlable, résistent magnifiquement et manquent même de tuer le match à la 74e minute : entré à la place de Mitsuhira, le Brésilien Willian Lara est lancé en contre-attaque. Isolé sur le côté droit de la surface de réparation adverse, il attend vainement du soutien qui tarde à arriver. Alors quitte à perdre le ballon, autant tenter une frappe. Et il déclenche un tir puissant qui s’écrase sur la barre du gardien Keisuke Ôsako.

Ce n’est pas passé loin pour Kôfu, mais il faut encore tenir un quart d’heure. Les partenaires de Yamamoto s’accrochent bien, mais laissent un espace en trop à Takumu Kawamura qui d’une frappe lourde en angle fermé à l’entrée de la surface de réparation expédie le ballon sous la barre et égalise pour le Sanfrecce Hiroshima. Il restait cinq minutes à jouer et l’on se dit que le rêve vient sans doute de prendre fin pour les joueurs du Ventforet. Car c’est totalement exténués après beaucoup d’efforts qu’ils doivent désormais affronter un adversaire supérieur et revigoré pendant 30 minutes supplémentaires.

Les histoires d’amour ne finissent pas (toujours) mal

Le petit Poucet souffre en prolongation. C’est un véritable siège qui s’exerce sur le but de Kohei Kawata, le gardien du Ventforet. Hiroshima va même toucher la barre sur coup franc. Mais malgré la fatigue, malgré la force et la détermination de cet adversaire voulant briser la malédiction qui le frappe, Kôfu tient, héroïquement. Et c’est sans doute pour lui redonner du courage et soulager sa défense en souffrance que l’entraîneur Yoshida décide de lancer Yamamoto à la 112e minute du match. Comme un symbole, ses coéquipiers lui remettent le brassard de capitaine. « Son » brassard. Ce sont donc les premières minutes de « Omi-san » dans cette 102e édition de la Coupe de l’Empereur. Et peut-être les plus importantes de sa carrière.

Mais Yamamoto, qui s’imaginait poursuivre le rêve de son équipe, va tragiquement être celui qui va commettre l’irréparable. Cinq minutes après son entrée en jeu, il touche le ballon de la main dans sa surface de réparation. La sanction est implacable. C’est un pénalty en faveur de Hiroshima à deux minutes de la fin du temps réglementaire de la prolongation. « Omi-san » n’en revient pas… Lorsque l’arbitre siffle la sanction suprême, il ne conteste pas. Il sait qu’il a fait faute. Il s’effondre alors à genoux, le regard abattu. Se disant qu’il vient de mettre fin au rêve de ce club auquel il a été fidèle pendant 20 ans. Alors que Makoto Mitsuta prend son élan pour sceller le sort de cette finale, Yamamoto regarde et pense : « J’ai eu l’impression que ma vie était finie. J’ai même songé à prendre ma retraite ».

Bien placé, l’arbitre de la finale ne peut pas manquer la faute de Yamamoto. La main est indiscutable et le pénalty logique.

Mais comme si elle avait été touché par la grâce des nombreux Kami peuplant les cieux du Japon, il ne peut rien arriver à cette équipe de Kôfu. Kohei Kawata détourne superbement le pénalty et le score reste à 1-1. Bouleversé par l’ascenseur émotionnel qu’il vient de vivre, Yamamoto ne se précipite sur son gardien comme tous ses partenaires. Le gros plan de la retransmission sur son visage laisse transparaitre l’immense soulagement qu’il ressent, on distinguerait même quelques larmes dans son regard. Comme protégé par les Kami kaze, les « vents divins » qui protégèrent le Japon des invasions mongoles au XIIIe siècle, le Ventforet échappe miraculeusement à la défaite et s’avance plus confiant que jamais pour la séance des tirs au but.

Une séance que les joueurs de J2 vont parfaitement gérer. Chacun leur tour, Willian Lira, Getúlio, Matsumoto et Ishikawa frappent leur tir au but avec beaucoup de maîtrise et de sang-froid. Il ne reste plus qu’à attendre que cela craque en face. Et à l’instar des Mongols, qui avaient échoué deux fois à envahir le Japon, Hiroshima va échouer une deuxième fois dans l’exercice du pénalty face à Kohei Yamata. Auteur de l’égalisation salvatrice, Takumu Kawamura voit sa tentative repoussée par le gardien de Kôfu. Il ne reste plus qu’un tir au but à marquer pour s’adjuger la Coupe.

Le pénalty de la victoire

Et qui d’autre que lui bien sûr ? Tel une évidence, Yamamoto s’avance. Il aurait pu être le fossoyeur, il sera le délivreur. C’est avec beaucoup de calme, d’application, de compétence et de fiabilité qu’il expédie le ballon dans la lucarne, à l’image de l’ensemble de sa vie passée dans ce club qui lui a donné une carrière professionnelle, qu’il a fini par aimer, qu’il a accepté de servir pendant 20 ans, et a qui il offre son premier trophée majeur. Quelques minutes plus tard, Hideomi Yamamoto reçoit le trophée des mains de la Princesse Hisako, Présidente honoraire de la Japan Football Association. Le Venforet a remporté la Coupe de l’Empereur. Il est le premier club de deuxième division à remporter cette compétition sans gagner son championnat. Par ailleurs, une victoire en Coupe de l’Empereur offre un ticket pour participer à la Ligue des Champions de l’AFC. Le Japon enverra donc dans l’élite du football asiatique un représentant de J. League 2 !

L’histoire n’a pas encore dit si « Omi-san » prendra tout de même sa retraite suite à ce succès. Même si les joueurs japonais ont tendance à arrêter plus tard que les autres, à 42 ans, il est probable qu’il commence à y réfléchir… Mais ce qui est certain, c’est que cette image de Hideomi Yamamoto soulevant la Coupe de l’Empereur a une saveur particulière. C’est la victoire d’un genre de footballeur que l’on aime tous au fond de nous. Nous en avons nous aussi en France : de Eric Sikora à Nicolas Seube, de Loïc Perrin à Marc Planus, de Vincent Demarconnay à Alexandre Bonnet. C’est la victoire d’un beau représentant de ces hommes fidèles à leur club et compétents à leur poste, qui ne connaitront sans doute jamais la lumière et les paillettes, mais qui à l’échelle locale, rendent heureux des milliers de personnes. Hideomi Yamamoto, c’est un joueur à l’esprit Pinte 2 Foot !

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Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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32 réflexions sur « Hideomi Yamamoto – Touché par les Vents divins de la forêt »

  1. Bon ben voilà ! Après 3 semaines à me régaler avec tous les articles publiés jusque là, c’est l’heure de ma première contribution pour P2F !
    Assez symboliquement, ça porte sur le Japon. Un football qui m’est très cher comme beaucoup le savent. Ca ne sera probablement pas le dernier.
    J’espère que ça vous plaira

    Je tiens aussi à dire que je n’avais jamais entendu parlé de Hideomi Yamamoto il y a encore une semaine. Je l’ai découvert dimanche dernier le jour de la finale. Par ailleurs, pour moi, le Ventforet Kôfu, c’était un petit club sans intérêt.
    Cependant, plus j’en apprenais lors de mes recherches pour cet article, plus je suis tombé sous le charme : un petit club modeste mais qui tente de grandir comme il peut.
    Dimanche, j’étais content de voir le petit poucet triompher. En écrivant cet article, je l’étais d’autant plus ! Et donc ils vont jouer l’AFC Champions League ! C’est comme si l’ESTAC jouait la LDC emmené par Benjamin Nivet ! Ca promet d’être difficile pour eux… Mais on y croit !

    En tout cas, je me dis que c’est pas impossible que je relate la suite de leurs aventures sur P2F.
    D’ailleurs, ils ont gagné hier en J2. Leur premier match de championnat depuis un moment donc. Avec un but de Willian Lara à la 95ème minute ! Quelle semaine pour Kôfu ! (et au passage, pour leur adversaire, le Machida Zelvia, le buteur était Jong Tae-se, aka « le Rooney Nord-coréen » qui avait fondu en larmes lors de son hymne face au Brésil en 2010)

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    1. « Et donc ils vont jouer l’AFC Champions League ! C’est comme si l’ESTAC jouait la LDC emmené par Benjamin Nivet ! Ca promet d’être difficile pour eux… Mais on y croit ! »

      Dans l’absolu, normalement : le football est le sport de tous les possibles, bref..

      Belgique, actualité..euh..actuelle : le club promu de l’Union St-Gilloise état promis l’an passé à un retour immédiat en D2..et rata finalement le titre de D1 pour trois fois rien, un péno raté lors du match décisif..

      Qualifié en C1, face aux Rangers après avoir dû vendre leur meilleur attaquant et leur patron du milieu? Rebelote, vont être ridicules..et en fait pas du tout, il leur manqua bien peu pour se qualifier là encore..

      Reversés en C3 : ils y sont formidables!

      Bref : à voir!

      Je lirai cela avec intérêt demain, bonne soirée.

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    2. Hello Xixon, superbe découverte qui ne demande qu’à avoir une suite. Et dans quelques temps, un journaliste japonais pondra un article à propos de P2F et l’incroyable passion d’une communauté francophone pour un petit club japonais 😉

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      1. どういたしまして!^^

        Pour le partage des sinogrammes, en fait, ça dépend :
        En RP de Chine, on utilise les sinogrammes « simplifiés », qui diffèrent donc en partie de ceux utilisés à Taïwan… Et donc au Japon.
        Par exemple, le mot téléphone en Japonais / Chinois
        電話 / 电话
        On voit une ressemblance. Les deux caractères de chaque côté veulent dire la même chose, et je crois que même la prononciation se rapproche un peu.
        En revanche, il faut être préparé à ces différences.
        Ainsi, un Japonais est plus ou moins capable de lire et de comprendre le chinois de la même façon qu’un francophone peut lire et comprendre une autre langue latine. Dans le sens : « ça se comprend vite fait… Mais c’est chaud quand même. Et de toute façon, je suis incapable de parler »

        Et pour « Arigatô Gozaimasu » :
        Comme tu le sais peut-être, il y a trois systèmes pour écrire le Japonais : les sinogrammes (« Kanji ») et deux syllabaires (« Hiragana » et « Katakana »)
        Je ne rentre pas dans les détails, mais la grammaire du Japonais n’a absolument rien à voir avec celle des langues chinoises. Ainsi, il est obligatoire d’utiliser les Hiragana pour certaines choses, comme indiquer la fonction d’un mot (Thème, sujet, COD, …) ou pour conjuguer un verbe.
        Du coup, si tu veux écrire « Arigatô Gozaimasu » en Kanji, je crois que ça donnerait ceci : 有難う御座います.
        Tu peux voir qu’il y a des sinogrammes ET des Hiragana.

        Alors, certes, techniquement, tu pourrais écrire absolument TOUT en sinogramme, comme pour les textes les plus anciens de l’histoire japonaise. Mais ça t’obligerait à jouer sur les prononciations des caractères, d’utiliser certains caractères en fonction de leur lecture et pas en fonction de leur sens, … En bref ça rendrait le truc totalement illisible et incompréhensible.

        De plus, là je t’ai écris « Agrigatô gozaimasu » avec des Kanji… Mais je t’avoue que je suis aller vérifier. Car je n’ai jamais vu cette expression écrite comme ça. Comme tout le monde en fait ^^
        Pour les expressions figées et très courantes, en réalité, on utilise jamais les Kanji et on écrit toujours en Hiragana. Si tu utilises les Kanji pour ce genre de choses, tu passes pour quelqu’un de très cultivé, sans doute un peu trop littéraire, et souvent un peu pédant ^^

        J’espère avoir été compréhensible

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    1. Haha pas con comme idée…
      Sinon ton article est top j’ai adoré le parcourir, et jsuis scié que tu l’aies découvert il y a seulement une semaine, on dirait que t’as suivi ses exploits (relatifs) pendant des années !
      Je veux voir l’article sur Byron sortir, j’ai un pote à qui j’en ai parlé qui me dit que t’es probablement myope ou sud-coréen 🙄

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      1. Merci beaucoup !

        Haha !
        Attendez une semaine ! L’article sur Moreno arrivera bientôt
        Quant à ton pote, qu’il vienne ! Il sera la bienvenue parmi nous !
        Mais qu’il aille aussi revoir le match avant, parce que mon argumentaire est plutôt bien aiguisé ^^

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  2. Superbe portrait el Guaje. Le football japonais propose un football agréable à voir depuis plus de 20 ans. Technique et collectif. Qui a su inventer son propre style, sans devenir une maison de retraite pour vieilles gloires comme dans les 90′. Tu les vois aller loin à la prochaine coupe du Monde?

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    1. Merci beaucoup 🙂

      Bon, pour le « football agréable », en vrai, ça dépend depuis 4 ans ! ^^
      Mais je vois ce que tu veux dire : ce style très inspiré du Brésil des années 80 (c’est à cette période que le mouvement de professionnalisation à commencé au Japon) plait, et c’est normal.

      Après, pour la CDM… Comment être concis ?.. Parce que j’en ai des choses à dire ! xD

      Déjà, ce n’est plus du tout la même équipe qu’en Russie. L’effectif a été considérablement rajeuni, et a globalement très peu d’expérience.
      Dans le jeu, si le « style » a très peu changé, le Japon de Moriyasu, le sélectionneur, a eu beaucoup de mal dans le jeu depuis 4 ans. En revanche, il a gagné en solidité défensive. Ce qui s’est passé face à la Belgique a peu de chances de se reproduire je pense car maintenant, il sait faire le dos rond et tenir face à un adversaire qui a le ballon.

      Il y a quatre joueurs à surveiller : Wataru Endô, qui est LE joueur indispensable de cette sélection au milieu (et pour qui je tresse des louanges depuis 4 ans sur SoFoot ^^) ; Hidemasa Morita, qui forme avec Endô un milieu très complémentaire et performant pour maintenir le bloc haut ; Jun’ya Itô, que l’on commence à découvrir en France et que les Belges connaissent sûrement très bien ; et bien sûr, Kaoru Mitoma, pour qui je ne manque pas d’éloges non plus et que tous les fans des Samurai Blues veulent voir sur le terrain.

      Peut-être que Bota confirmera mes dires, mais franchement, Mitoma, c’est une pépite ! Chaque fois qu’il touche le ballon, il y a danger pour l’adversaire !
      Malheureusement, le sélectionneur semble vouloir le garder dans un rôle de joker de luxe et lui préférer cette ESCROQUERIE qu’est Takumi Minamino… Je suis dur avec lui, mais il est catastrophique avec la sélection depuis un bon moment et n’a absolument pas les épaules pour avoir les clés du jeu. Vous voyez ses (non)performances à Monaco ? Ben en sélection, c’est pareil. Et si j’ai longtemps été patient avec lui, depuis un an, je hurle à la fraude chaque fois que je le vois sur le terrain.

      Et sur les espoirs ? Ben… Y’a un énorme potentiel dans cette sélection japonaise de 2022. C’est indéniable. Mais d’une, le sélectionneur Moriyasu semble clairement ne pas réussir à l’exploiter à son plein. Et de deux, le Japon est tombé dans le groupe de deux mastodontes.
      Peut-être qu’un exploit est possible contre l’Allemagne ? Mais contre l’Espagne (match qui sera d’ailleurs un crève-cœur pour moi :’) ), je pense qu’il va se passer la même chose que contre le Brésil en amical : le Japon va bien résister pendant 60-70 minutes et finir par craquer sur un pénalty.
      Et évidemment, il a les moyens et même le devoir de battre le Costa Rica. Mais s’il se repasse la même chose que contre la Grèce en 2014, alors le Japon n’a aucune de passer le premier tour. En somme, j’ai bien peur que l’objectif des quarts de finale ne sera pas pour cette année.

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      1. J’ai vu quelques matchs du Celtic avec pas mal de japonais dans l’équipe. Furuhashi, Maeda ou Hatate. Ils font partis du groupe pour le Mondial?

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  3. @Khia

    Oui, Maeda, Kyôgo Furuhashi et Hatate feront partie du groupe, aucun doute là dessus (à moins d’une blessure)

    Hatate fait partie de la « Génération dorée » du Kawasaki Frontale (Avec Mitoma, Tanaka, Itakura, Morita, etc…) qui a remporté 4 des 5 derniers championnats.
    Mais en sélection, il n’a pas encore trouvé sa place et ses premières apparitions ont été un peu décevantes… Pas grave. Il est jeune et c’est un joueur qui a beaucoup de potentiel.

    Quant à Kyôgo et Maeda, en réalité, ils symbolisent malgré eux la difficulté de trouver un remplaçant à Yûya Ôsako.
    Ce dernier avait un jeu très particulier et parfaitement adapté au style de jeu japonais, qui attaque avec un bloc très resserré. C’est un pivot très mobile et très efficace dos au but. En somme, le 9 idéal pour cette sélection.
    Mais son retour en J. League à Kôbe est très mitigé, pour ne pas dire mauvais. Pas aidé par les blessures, son niveau a considérablement chuté, et il a même perdu sa place dans la sélection.
    Le problème, c’est que ni Kyôgo, ni Maeda, ni Ayase Ueda (l’ancien buteur de Kashima, aujourd’hui au Cercle Bruges) n’a montré qu’il était prêt à prendre la relève.

    Sur l’année qui vient de s’écouler, peu importe l’attaquant qui était mis en pointe, il se passait la même chose : il traversait le match comme un fantôme et était très peu alimenté en ballons. Le poste d’attaquant sera le gros point d’interrogation pour la CDM.
    Y’a plus qu’à espérer que le sélectionneur Moriyasu trouvera une solution. Il est probable que Maeda soit titulaire dans un premier temps car il apporte plus dans le pressing. Cela dit, je trouve que Kyôgo est plus létal devant le but. Mais comme il a très peu de ballons à exploiter…..

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    1. Merci à toi !
      Je crois que c’est dans « Kagemusha » qu’il apparait… Mais je peux me tromper, je ne suis (encore) connaisseur de Kurosawa ^^

      L e « u » japonais se prononce plus ou moins comme en français. Jamais « ou »
      Attention en revanche, c’est très important de faire la distinction entre voyelle courte et voyelle longue. Pour « Kôfu », le « o » est allongé comme l’indique l’accent circonflexe. Donc la prononciation « correcte » serait « ko-o-fu ».

      Au passage, selon la méthode que tu utilises pour transcrire le japonais, tu as deux orthographes différentes :
      – « Kôfu » pour la méthode Hepburn, qui est celle que j’utilise et que les occidentaux privilégient car elle transcrit bien la phonétique de « notre » point de vue.
      – « Koufu » pour la méthode Kunrei (« méthode japonaise »), qui est celle que le gouvernement promeut officiellement. Mais elle très peu utilisée en dehors du Japon car elle retranscrit la phonétique d’un point de vue japonais

      Mais que ça soit « ô » ou « ou », dans les deux cas, ça signifie qu’il y a un allongement de la voyelle.

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  4. J’ai pris le temps, lire attentivement.. Un article vaut toujours qu’on y prête attention car respect pour l’investissement y-consacré, et de surcroît c’est long..et absolument inédit pour moi.

    Et je n’ai pas perdu mon temps! : sujet en or et article particulièrement fouillé, c’est gentil d’avoir pensé aux nippo-incultes dans mon genre.

    Je n’ai pas encore lu les commentaires, sorry donc s’il y aura redite mais, ce péno décisif, cette envergure d’inusable leader/sauveur.. : à un moment je me suis cru dans « Olive et Tom » que je connais très mal mais qui m’a toujours marqué par la dimension super-héros du joueur principal auquel semblait toujours revenir de faire la décision, de décanter les situations.. C’est vraiment troublant et je n’ose conséquemment imaginer la dimension de ce Yamamoto dans son pays – son club et sa région, au moins.

    Question : y a-t-il d’autres figures/destins à ce point « olive-et-tomesques »??

    Sa longévité fait aussi penser à certains égards à Miura : le capitaine ne peut pas raccrocher, comme s’il était le destin de sa structure.

    Je ne connais pas le Japon, mais de prime abord c’est déroutant.. Je vais être d’autant plus caricatural (merci de nuancer voire corriger!, ce sera apprécié) que cette image d’Epinal a certainement évolué, mais : société fourmioïde, primat au collectif.. vouer sa vie à son pays, son employeur, son patron/Empereur..et cependant ce besoin manifeste de figures tutélaires, rassurantes, de leaders quasi-surnaturels.. Y a-t-il de cela, ou suis-je victime de mes lointaines et convenues impressions?

    Je suis adepte du diable dans les détails, seconde question donc : est-il concevable que le football japonais mette çà et là « en scène » ce type d’histoires, si « mangaesque »? En font-ils parfois des tonnes ou vivent-ils cela tranquillement, sans réel débordement des sens et émotions? Et ce type de profils y est-il vecteur d’un merchandising prononcé?

    Question plus générique enfin : si tu devais qualifier le football japonais en quelques mots, ce qui le différencie..

    Je réitère mes remerciements!

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    1. Merci à toi 🙂

      Alors, concernant Yamamoto, restons quand même dans des proportions raisonnables ^^
      S’il est un héros dans la ville de Kôfu, et à la rigueur dans la Préfecture de Yamagata, il reste un défenseur de petite échelle n’ayant jamais été internationale. D’autant que son cas n’est pas non plus si rare dans le football japonais. Les joueurs ayant dépassé la quarantaine sont significativement plus nombreux qu’ailleurs. Miura bien sûr (même si c’est limite caricatural ^^), Yasuhito Endô, Daisuke Matsui, Nakayama (premier buteur japonais de l’histoire en CDM) ou plus récemment, le grand Shunsuke Nakamura qui va s’arrêter à 44 ans.
      Leur longévité mériterait une étude approfondie, j’imagine qu’outre le professionnalisme, l’alimentation spécifique au Japon joue un rôle… Mais je m’égare ^^

      Concernant le « besoin manifeste de figures tutélaires », disons que c’est plutôt par rapport au respect de l’ancien, du « Senpai », que l’on retrouve dans toutes les cultures influencées par la pensée chinoise, et notamment le confucianisme. Le Japon étant avec la Corée un exemple particulièrement évocateur à ce sujet.
      Après, concernant la « mise en scène », la passion au Japon est réelle, mais sans les excès. Le Japon étant une société très « carrée ». Mais les sentiments sont sincères. Et dans le cas de Yamamoto, les supporters de Kôfu sont évidemment très touchés par le fait que ça soit lui qui soulève le trophée. En revanche, le supporter japonais est un très gros consommateur. Il n’hésite pas à dépenser beaucoup en produits dérivés. Ainsi, les figures de proue de chaque équipe sont exploitées dans toutes sortes de choses dans le marketing.

      Enfin, sur le « Football japonais en quelques mots » ?
      Hmm… Je dirais « à l’image de l’histoire moderne du pays ». Avant l’ouverture de l’archipel au monde au cours du XIXe siècle, le Japon n’était rien. Mais c’est une nation qui n’a pas hésité à faire appel au savoir faire étranger pour se construire et devenir la puissance que l’on a connu avant la Guerre, puis celle que l’on connait aujourd’hui.
      Le parallèle avec le football est très intéressant : Avant 1985, le football japonais était insignifiant. Mais c’est au cours de cette période que le Japon a commencé à importer le savoir faire étranger pour se construire. Brésilien pendant longtemps (facilité par le lien entre les deux pays), plutôt espagnol aujourd’hui.
      Ca se retrouve dans le style de jeu pratiquée par toutes les équipes japonaises, et notamment les sélections.
      Et à l’image de son rapide gain de puissance économique, le Japon est devenu en moins de 30 ans la nation majeur du football asiatique : record de victoires en Coupe d’Asie, record de présence en 8e de CDM, organisation d’une Coupe du Monde, son championnat local qui est le plus puissant financièrement, …

      Voilà, j’ai essayé d’être concis ^^

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      1. La fameuse ère Meiji. Abolition de la caste des samouraïs, envoie des cerveaux en Occident pour rattraper le retard au niveau industriel ou militaire. Qui aboutit à la victoire en 1905 face à la Russie tsariste. Sacrée capacité à se mettre au boulot et à aller de l’avant ce peuple.

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  5. @Khia
    « envoi des cerveaux en Occident »

    Exactement ! D’ailleurs, c’est sur cet aspect que je vois Kazuyoshi Miura
    C’est comme le pionner qui est allé cherché les connaissances dans le pays où le football se pratiquait le mieux, et a les rapporté sur le archipel
    En tout cas, hasard ou non, deux ans après son retour du Brésil, le Japon remportait son premier titre continental

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    1. J’ai commencé une maîtrise, que je n’ai pas finie, sur cette époque là. L’intitulé était Transformation socioéconomique de la caste samurai du début de la période Meiji jusqu’à la 1ere guerre mondiale. Que sont devenus les samouraïs apres l’abolition de la caste quoi!
      C’etait il y un peu plus de 20 ans. C’était intéressant mais les archives intéressantes etait en japonais pour la plupart. Que je ne maitrise pas. Donc j’ai jamais autant bossé à la fac pour un résultat aussi minime. Hehe
      Et j’ai lâché l’affaire au cours de l’année. Le prof m’avait dit que c’était un pari. Pari râté!

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