Il était un stade, une fois (3/3) : La Wallonie

Un Roi, trois régions, trois communautés institutionnelles, six gouvernements, 10 provinces, 54 ministres et secrétaires d’Etat, 60 sénateurs, 300 fromages, 382 députés, 398 conseillers provinciaux, 541 jours sans gouvernement, 1 600 bières, 1 800 clubs de football, plus de 13 000 conseillers communaux, plus de 425 000 footballeurs officiellement référencés, 160 ans de football…

Et à raison de quelque 700 millions d’euros pour faire tourner chaque année cette démocratie boiteuse d’à peine 11 millions d’habitants, et de droits-tv annuels huit fois moindres qu’en France : évidemment bien peu dans les caisses des clubs ou de l’Etat pour subvenir aux structures stadiales du ci-devant Royaume de Belgique, conséquemment datées et d’autant singulièrement conservées dans leur jus (ou ce qu’il en reste), pour le plus grand bonheur des amateurs de football-vintage.

Tantôt bancal, anachronique, absurde, surréaliste… et quelques fois même tout simplement beau, aux antipodes des arènes post-modernes de la consommation : c’est ce paradis du groundhopping, car de la vétusté, de la résilience et du bricolage, que nous vous proposons cette fois de découvrir, du Nord au Sud et d’Ouest en Est. De Flandre en Wallonie et depuis la Mer du Nord jusqu’aux Ardennes belges.

Au menu aujourd’hui : la Wallonie.

1. Au pays des carriers

Vue sur les fours à chaux et le monument aux tailleurs de pierre, depuis le quartier des tanneurs.

C’est plein Ouest, à deux encablures de la frontière française, que débute ce périple stadial wallon : à Antoing, capitale du Pays Blanc car des carrières, et siège jadis de la célèbre bataille de Fontenoy où, à en croire Voltaire, les Anglais furent invités à tirer les premiers.

L’église Saint-Pierre.

Encombré par le voisinage de la superbe Tournai, et en dépit du travail bruyant et poussiéreux de la pierre, ce gros bourg inconnu de la plupart des Belges dépareillerait à peine dans un circuit consacré aux châteaux de la Loire, d’entre son bâtis certes anarchique mais lestement adossé à l’Escaut, son fleuve aux allures d’Indre et son château auquel, parmi quelques autres dont Ussé, est parfois prêté d’avoir inspiré Herbert Ryman pour celui de la Belle au bois dormant.

Antre dit-on d’un fantôme, assigné dans la haute tour surplombant les logis néo-gothiques qui, trois ans durant, abritèrent le jeune De Gaulle puis le tournage de l’horrifico-érotique « La plus longue nuit du diable », cette demeure de la branche cadette des Princes de Ligne domine aussi, à l’instar de l’imposante église Saint-Pierre, les plus chastes ébats de la Royale Association Sportive Pays Blanc Antoinien.

Car c’est donc là, implanté au creux d’une ancienne carrière, et susceptible de pardonner la modestie des joutes, que le stade Jean Huart déploie sur sa longueur Sud un panorama courant de la monumentale statue du tailleur de pierre au plus décousu tissu urbain du quartier dit des tanneurs, en bord d’Escaut. Le tout ponctué donc, et d’Est en Ouest, par les vestiges des anciens fours à chaux, par les trois tours de l’église Saint-Pierre, et par celle enfin du susmentionné château d’Antoing.

Et, le lecteur attentif l’aura compris : c’est donc au dénommé Jean Huart, mais aussi à l’Occupation de 40-44 durant laquelle il en présida vaille que vaille à la destinée, que cette commune de quelques milliers d’âmes devrait ce stade démesuré : de sorte de préserver les sans-emploi d’une possible déportation, cet habile et courageux bourgmestre les utiliserait en effet aux fins du comblement des lieux et de l’édification d’un espace sportif – un éléphant blanc de bon aloi en somme qui, à mesure que la guerre s’éternisait, deviendrait bien sûr gargantuesque.

Dominant la perspective Sud : le donjon du château des Princes de Ligne.

Désormais actif dans l’antichambre des divisions semi-professionnelles, son club-hôte du proverbial Pays Blanc poursuit depuis lors son petit bonhomme de chemin, gravissant patiemment les échelons depuis sa tardive création le 1er juillet 2001, et drainant désormais jusqu’à 1 000 spectateurs parmi ses gradins, soit près d’un habitant sur trois de l’entité.

Mais c’est surtout par son école des jeunes que ce club s’illustre singulièrement depuis plusieurs années, lui qui encadre désormais quelque 300 enfants, là où il n’en encadrait encore que quelques dizaines il y a sept ans à peine. Perpétuant de la sorte, et honorant même la mémoire de ce lieu voué jadis à l’écolage des tailleurs de pierre, le club vient d’ailleurs d’obtenir le label 1 étoile en matière de formation, tout en étant salué d’un autre label pour le comportement exemplaire de ses enfants, de ses entraîneurs et de ses supporters.

La statue du tailleur de pierres, devant les fours à chaux Ratiau.

Perspectives de survie : 5/5. Régulièrement rénové et amélioré, soutenu par de chroniques financements publics et, last but not least, marqué au fer rouge dans le cœur reconnaissant des Antoiniens et Antoiniennes : le stade Jean Huart figure assurément, et pour longtemps, parmi les moins menacés du pays.

2. Un train pour le paradis

Attention : coup de cœur garanti ! Car voici ni plus ni moins que le secret le mieux gardé de Wallonie : la commune ardennaise de Viroinval.

Ardennaise ? En rive gauche de la Meuse ? Eh bien oui, plupart des Belges eux-mêmes l’ignorent, mais au fin fond de la botte du Hainaut, et à quelques minutes à peine à vélo des charmantes villes françaises de Fumay ou Givet, se blottissent entre les basses montagnes huit villages aux charmes distincts mais complémentaires, dont six s’égrenant comme en un collier de perles, tout au long du Viroin sauvage.

Dépourvue de réelle activité économique, sinon forestière voire touristique, cette vallée oubliée de tous regorge de sites remarquables justifiant d’y passer une ou deux nuits, de sorte de pouvoir tirer le meilleur parti de ses vieux villages aux toits d’ardoises, de ses centaines de kilomètres de sentiers, de ses châteaux et de ses gorges, de sa faune et de sa flore atypiques, voire du kayak et de l’escalade à la belle saison.

Le château de Vierves-sur-Viroin, dominant la rivière éponyme. Et, derrière ces très vieilles montagnes : le département français de l’Ardenne.

Et parmi les moult merveilles de ce petit coin de paradis, il en est une qui ravira l’amateur de football, de nature et d’insolite : le stade de l’Union Sportive du Viroin-Treignes, sis au lieudit du Malgré-Tout.

Rien de prime abord ne distingue, de ses pairs non moins bucoliques, le stade champêtre de ladite localité de Treignes, avant-dernière du Royaume de Belgique avant que le cours de la rivière, fatalement, ne menât le voyageur jusqu’à la frontière française puis aux ruines du château de Hierges. Rien ? Vraiment rien ? Mais qu’est-ce alors, soudain, du côté de la rivière toute proche, que ces grincements et sifflements ? Qu’est-ce donc que cette machine énorme à la gueule enflammée, aux mobiles ressorts et à la longue traîne de fumée ?

La surprise passée, un autochtone bonhomme et secourable nous éclaire, une bière à la main : « Ah, ça ? C’est le train des Trois Vallées. Comme vous le voyez là, il vient de quitter son dépôt, et devrait arriver à Vierves dans 10 minutes. Vingt minutes de plus, et il sera déjà parvenu à Mariembourg. Ca vous intéresse vraiment ? Ben alors sachez qu’il longe aussi la pelouse de l’OC Nismes mais, je dis ça je dis rien : notre terrain est vachement plus beau, vous savez. »

Bienheureux celui qui ne mesure plus même sa chance ! Car perspectives de survie de cet extraordinaire écrin ? 5/5 : les abords de la rivière sont intégralement protégés.

3. Chlorophyllique

Nichée au fond de l’impressionnante vallée de la Haute-Meuse, dont procède son nom latin de « Profunda Villa », la cossue Profondeville abrite depuis le Néolithique une population qui, dans les grandes lignes, n’a jamais cessé de s’embourgeoiser, et qu’aux soirs d’été l’on retrouve attablée en terrasses autour de gibier et de poissons, dans la contemplation de ses falaises hautes de plus de cent mètres, de la Meuse rimbaldienne et de ses près de 650 hectares communaux, où se mêlent équitablement les forêts de feuillus et de résineux.

Parmi celles-ci figure un petit arboretum, conçu en 1917 et riche de 66 espèces dont quelques dizaines d’exotiques, qui bénéficient ici du climat particulier de la vallée mosane.

De relief inégal et sis à la pointe d’une boucle de la Meuse, ce jardin botanique tisse un réseau de chemins hagards dont l’un, fuyant plus que les autres la monotonie des lignes droites, s’aveugle un weekend sur deux d’un écran de lumière mate, guidant le visiteur vers quelque soleil bas, et donnant à ses divagations nocturnes des allures d’expérience de mort imminente.

Car c’est là, au cœur de ce poumon forestier et à quelques minutes à peine de la capitale wallonne, que se niche le stade en tous points bucolique de la Hulle, trahi donc par ses pylônes d’éclairage, parmi les essences et les chemins en désordre.

Si, en soi, les soirs de match lui confèrent déjà un joyeux caractère de camp scout, c’est pourtant plutôt aux lumières vacillantes de l’aube ou du crépuscule que gagne à être connu ce stade, aux détours duquel n’est alors pas rare de croiser la course d’un chevreuil voire d’un sanglier.

Et perspectives de survie, de ce beau stade sylvestre ? 5/5 : l’arboretum qui l’abrite est intégralement protégé.

4. Débordements de Lomme, au pays de la Trappiste

Sis en contrebas de la route menant plus au Sud vers le château comtal, il n’est pas désagréable d’accéder à ce stade par le pont piéton jeté sur la Lomme, dévoilant de la sorte et peu à peu les pignons arrières de la ville haute – ou plus encore, sur la droite : la spectaculaire église de la Visitation.

Certes ce stade n’a-t-il en soi rien de bien renversant, et cependant tout de son décorum (rivière, relief, église juchée sur un promontoire, et maisons de briques et de pierre sur deux niveaux) autorise à y voir quelque parangon du biotope stadial dominant en rive droite du sillon Sambre-et-Meuse, et à pouvoir d’autant s’imaginer, sans qu’il soit même besoin d’y mettre les pieds, ce que peuvent réserver les enceintes de Walcourt, Bas-Oha, ou autres Thuin et Limbourg-Dolhain.

Fondamentale de l’identité wallonne, l’eau n’est de fait jamais très loin dans cette région percluse de vallées… mais serait-elle trop près ici ? Rendu impraticable six mois durant par les inondations de juillet 2021, dans une région de surcroît exposée à une hausse constante des températures et de la pluviométrie, il est douteux que l’entité nouvellement créée de l’Union Rochefortoise poursuive à long terme ses activités sur ce terrain inondable, que les autorités publiques envisagent probablement déjà de transformer en parc et zone-tampon, de sorte d’y absorber et freiner l’eau des prochaines crues, et de contenir d’un peu les futures désolations de familles du jour au lendemain privées de logement.

Perspectives de survie : 2/5.

5. Entre croisades et Far West

Ah, le bien nommé Stade Roger Hardy !

Combien de stades de football, parmi la saturation urbaine propre à l’Europe du Nord-ouest, peuvent-ils se targuer d’être la porte d’entrée du plus beau parc national de leur pays ? Ou, inversement : d’en être le marqueur du plus abrupt des termes civilisationnels ?

Quand elle parvient à Bouillon pour s’y frotter au massif ardennais, à ses forêts impénétrables et à ses vieux marbres rouges, la douce mais étonnante Semois forme soudain un méandre très marqué, et longe alors les contreforts de la forteresse du conquérant de Jérusalem, avant de plonger enfin dans ce paradis vert peuplé de cervidés et de couleuvres, et de mouflons et de castors, que ne rompent qu’occasionnellement une poignée de chevaux et de kayakistes silencieux, parmi les 30 000 hectares de forêts et les 700 kilomètres de cours d’eau y radicalement sauvés de la modernité.

Plus que le football, la nature est le point fort de cette magnifique région, sauvage et parfois même vertigineuse, comme aux exceptionnels points de vue du Tombeau du Géant, de la Chaire du Diable ou de Rochehaut.

Dans le coin supérieur gauche : le petit pont de pierre…et le sentier depuis lequel l’on accède en aval, hébété par l’imposant château de Godefroid de Bouillon, au Stade Roger Hardy.

Le football a contrario y reste modique, où depuis la disparition en 1945 du cercle catholique du « Saint-Louis », trop ostensiblement attaché à la figure de l’extrémiste et collaborateur local Léon Degrelle, ne subsiste plus que le Royal Standard Football Club de Bouillon, sédentarisé depuis un siècle au lieu-dit « le Champs L’Evêque ».

C’est que ce lieu incongrument plat, point de départ désormais des paisibles kayaks descendant la Semois jusqu’à Poupehan voire Vresse, abrita en 1141 le camp du Prince de Liège Albéron II, venu reprendre par la force son château de Bouillon – ce qui serait fait au jour de la Saint-Lambert et en présence de ses miraculeuses reliques, rapatriées dare-dare à travers les Ardennes, de sorte de pouvoir mener un assaut enfin fructueux sous les bons auspices du fondateur et protecteur de la capitale mosane.

Exclusivement accessibles par barque, par kayak ou par un petit pont de pierre, bien que les chroniques rapportent que l’un ou l’autre arbitres dussent rentrer chez eux à la nage, les installations du Standard Bouillon n’ont plus changé depuis 1986, ne changeront plus, et se destinent tel un long fleuve tranquille à la formation des quelque 200 affiliés du club, ce qui témoigne d’une belle vitalité pour une localité d’à peine 3 000 âmes, qui dans les années 1970 parvint çà et là à attirer plus de 1 000 spectateurs sur les rives splendides de la Semois voisine.

Reste à savoir lequel d’entre eux, et quand, succèdera enfin à l’illustre enfant du pays Philippe Albert, seul footballeur ardennais à avoir jamais remporté la consécration individuelle suprême du Soulier d’Or et qui, ironie de l’Histoire, n’a jamais caché sa haine viscérale à l’encontre d’un autre Standard. Mais surtout y a-t-il sans doute lieu d’espérer, de sorte qu’il ne change pas trop, que ce club n’atteindra décidément jamais le stade des divisions nationales.

Perspectives de survie : zone inconstructible, parc national… et pas le moindre tissu urbain en aval, qui justifiât de transformer cette pelouse en zone-tampon ! Plus accessoirement : point même d’Albéron II pour le ravager, ni de Degrelle pour le saloper ; et c’est jusqu’aux braves chevaux ardennais, affectés tantôt à la guerre, ou tantôt au débardage, qui ont fini eux aussi par être détournés de leurs fonctions passées… Le miraculeux Stade Roger Hardy peut donc dormir sur ses deux oreilles : 5/5.

6. La fosse

Changement de décor ! Car quittons cet ancien fief principautaire pour rejoindre son ancienne capitale liégeoise, et plus particulièrement l’antre mélancolique de Tilleur Saint-Nicolas : grand classique du groundhopping européen, et accessoirement ce stade même qui, à l’embarras soudain de l’auteur de ces lignes, lui aura jadis mis le pied à l’étrier footballistique.

Photos de glorieux anciens, ornant l’accès au stade historique des « Métallos ».

Car qu’en dire sans trop verser dans l’anecdotisme familial, ou dans un sentimentalisme de mauvais aloi ? En confier tout de même, puisque voilà qui sera illustratif de la douceur populaire des lieux, que ce sont ici des centaines d’heures qui auront été compilées, en présence toujours du père pourtant plus épris du Standard voisin, et dans l’attente toujours de la mère et de l’épouse qu’affairait non loin, chaque mercredi et depuis l’une des maisons surplombant « la fosse », la fabrication de marionnettes du vénérable théâtre liégeois, qu’au ciseau à bois elle arrachait patiemment à leurs gangues de tilleul.

Ceci ayant été posé, et pour une fois pudique : ce chapitre eût pu être bouclé de la sorte avec deux-trois photographies nostalgiques de plus, ce brin toujours apprécié de perspective prolétarienne, l’un ou l’autre témoignages peut-être…et c’est alors que pût être tiré le rideau du légendaire Stade de Buraufosse, s’il n’y avait hélas eu cette nouvelle que nous étions beaucoup à redouter : Monsieur Jean-Paul Colonval, figure légendaire de feu le club-hôte du Royal Tilleur FC, et plus sage et plus avisé des observateurs du football belge, venait hélas de nous quitter, dans la matinée de ce vendredi 8 mars 2024.

Colonval félicité par des supporters durant la saison 1965-1966, après que Tilleur vint, pour la deuxième année consécutive, de battre Anderlecht sur un but de son équipier René Andries.

Oh, certes sa santé inquiétait désormais de longue date. Et certes ce gentleman aura atteint un bel âge, et semble-t-il gardé jusqu’au bout la superbe de son érudition et de son noble esprit. Mais l’annonce de sa mort, concomitante de la publication de ces pages, sera peut-être le trait le plus nostalgique parmi ces vieilles enceintes et ces vieilles figures, belles ou laides, car avec lui périssent plus que des pierres ou des institutions, mais jusqu’à l’idée même d’un football qui fût jadis plus éduqué, plus brave, et sans doute même plus chevaleresque. Alors laissons-lui de se raconter, fût-ce en désordre au gré des articles de presse occasionnés par sa disparition :

« J’accompagnais mon petit-fils à Liège, il y a trois à quatre ans de cela. Pour affaires. Pendant qu’il était occupé, j’avais du temps à perdre. Alors je suis monté dans ma voiture et je me suis rendu à Buraufosse. Là-bas, me promenant autour du stade de Tilleur, un homme âgé m’a interpellé. Et avec son inimitable accent liégeois, traînant et chantant, il m’a apostrophé : « Et alors, Monsieur Colonval, comment allez-vous ? J’étais là, le jour où vous avez battu Anderlecht. » Je me suis arrêté et nous avons discuté. J’étais au comble du bonheur. »

La butte.

Nous étions la veille de Noël, en 1964. Et il avait beaucoup neigé si bien que, malgré le travail ardu de dizaine de bénévoles, le terrain de Buraufosse était recouvert encore d’un épais manteau de neige. Longtemps d’ailleurs, le doute avait plané : jouerait-on, ou ne disputerait-on pas ce Tilleur FC – Sporting d’Anderlecht ? Buraufosse, nonobstant les caprices de la météo, était plein jusqu’à la gueule. Et Anderlecht, qui dominait alors le football belge, y serait finalement mangé par ces « Métallos », comme toujours habités par la rage au ventre.

« Je me rappelle avoir reçu le ballon dans la course. Face à la butte, face à ce grand pourtour copieusement garni. Je me souviens avoir frappé du droit, et que le ballon rentra au fond du but. Nous avons gagné 1-0. Et voilà quel fut le grand souvenir de ma carrière. »

Mars 1968, à San Siro. Manche-retour du quart de finale de la Coupe des Coupes. De gauche à droite : Roger Claessen, Roberto Rosato, Angelo Anquiletti, Jean-Paul Colonval (porteur du numéro 10) et Saul Malatrasi. Au terme de trois rencontres acharnées, mais en définitive surtout d’un arrangement chèrement payé par les richissimes dirigeants de l’AC Milan, le Standard serait finalement, quoique péniblement, éliminé.

Au match retour, c’est encore lui qui marquerait l’unique but des siens : une réalisation anecdotique au vu de la défaite 8-1, mais qui lui permettait de dépasser de justesse la star institutionnelle Paul Van Himst, et de décrocher sur le fil le titre de meilleur buteur du championnat.

Après un retour fugace parmi ses terres bruxelloises d’élection, Colonval serait transféré au Standard où, associé au mythique Roger Claessen, il disputerait 41 rencontres et deviendrait même champion de Belgique, avant de conclure prématurément sa carrière au Daring de Bruxelles, d’embrasser la fonction d’entraîneur puis de consultant, et même de créer les premières filières de sports-études de l’Histoire du pays.

Mais c’est décidément au micro de Canal+ que Jean-Paul Colonval marquerait le plus décisivement les esprits où, non content de présider aux premières rencontres diffusées en direct dans l’Histoire du football belge, il créerait aussi la fonction de consultant, avec une élégance et un à propos depuis lors restés inégalés.

Buraufosse avec, à l’arrière-plan, son iconique viaduc ferroviaire, qui jadis charria des mégatonnes de bobines d’acier laminé, destinées aux quatre coins du globe…et désormais autant de gadgets chinois, qui parviennent à Liège depuis les nouvelles Routes de la Soie.

Homme de culture et plus encore de parole, grand séducteur et seigneur qui, contrairement à tant de cuistres, ne joua jamais de son passé footballistique pour damer le pion de ses débatteurs, quels qu’ils fussent : Jean-Paul Colonval me laissera le souvenir d’un homme infiniment brillant et affable, qui plaça toujours la quête de sens, de justice et de vérité au-dessus de considérations plus personnelles, et tint jusqu’à son dernier souffle à honorer la mémoire de son maître spirituel, le stratège de Buraufosse Joseph Pannaye :

Jean-Paul Colonval (1940-2024), interview et images d’archives.

« C’est le plus grand entraîneur que j’aie rencontré dans toute ma carrière. Cet homme était un visionnaire. Le premier en Belgique à avoir instauré un libéro, à Tilleur donc, dès le début des années 1950. Grâce à lui au libéro, derrière la défense, et à François Daenen dans le but, il avait été impossible de prendre 10 points à cette équipe. Ce-faisant, Pannaye fut l’un des premiers à avoir inventé le Catenaccio. Je me souviens, à Verviers : il passait d’un 4-2-4 au 4-4-2, bien avant le Brésil ». Puis le natif de Tirlemont, toujours reconnaissant, de conclure imperturbablement : « J’ai eu énormément de plaisir de jouer à Buraufosse. On avait une belle équipe, et le contact avec les supporters y fut toujours très chaleureux. »

Perspectives de survie de Buraufosse : 3/5, et malheureusement pas davantage… du moins pas tant que peineront à se pérenniser les clubs de jeunes ou d’adultes qui s’essaient à y poser leurs pénates… 3/5, donc…mais l’éternité pour son gentleman Colonval, que sanctuarise l’affection de ses nombreux amis.

7. En l’enfer perdu des métallos

De « Métallos » à d’autres, mais au contact cette fois d’un endroit et de protagonistes que l’illustre Bill Shankly, pourtant peu impressionnable, qualifia respectivement de « terriblement intimidant » et de « joueurs les plus durs d’Europe ». Et que, plus d’un siècle plus tôt, Victor Hugo avait présentés comme suit, dans sa septième « Lettre à un ami » :

Le quartier de Sclessin, dans les années 1950. A gauche de l’énorme colonne de fumée s’élevant sur la droite, sur la rive opposée du fleuve et au pied d’un terril : le stade est à peine discernable parmi l’énormité des usines.

« Cependant le soir vient, le vent tombe, les prés, les buissons et les arbres se taisent, on n’entend plus que le bruit de l’eau. L’intérieur des maisons s’éclaire vaguement ; les objets s’effacent comme dans une fumée ; les voyageurs bâillent à qui mieux mieux dans la voiture en disant : Nous serons à Liège dans une heure. C’est dans ce moment-là que le paysage prend tout à coup un aspect extraordinaire. Là-bas, dans les futaies, au pied des collines brunes et velues de l’occident, deux rondes prunelles de feu éclatent et resplendissent comme des yeux de tigre. Ici, au bord de la route, voici un effrayant chandelier de quatre-vingts pieds de haut qui flambe dans le paysage et qui jette sur les rochers, les forêts et les ravins, des réverbérations sinistres. Plus loin, à l’entrée de cette vallée enfouie dans l’ombre, il y a une gueule pleine de braise qui s’ouvre et se ferme brusquement et d’où sort par instants avec d’affreux hoquets une langue de flamme. »

Le Stade Maurice Dufrasne, 1985.

« Ce sont les usines qui s’allument. »

« Quand on a passé le lieu appelé la Petite-Flémalle, la chose devient inexprimable et vraiment magnifique. Toute la vallée semble trouée de cratères en éruption. Quelques-uns dégorgent derrière les taillis des tourbillons de vapeur écarlate étoilée d’étincelles ; d’autres dessinent lugubrement sur un fond rouge la noire silhouette des villages ; ailleurs les flammes apparaissent à travers les crevasses d’un groupe d’édifices. On croirait qu’une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à sac vous offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les phases de l’incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants. »

Jean-Paul Colonval dans ses oeuvres, toujours aérien, en l’Enfer de Sclessin.

« Ce spectacle de guerre est donné par la paix ; cette copie effroyable de la dévastation est faite par l’industrie. Vous avez tout simplement là sous les yeux les hauts fourneaux de M. Cockerill. »

« Un bruit farouche et violent sort de ce chaos de travailleurs. J’ai eu la curiosité de mettre pied à terre et de m’approcher d’un de ces antres. Là, j’ai admiré véritablement l’industrie. C’est un beau et prodigieux spectacle, qui, la nuit, semble emprunter à la tristesse solennelle de l’heure quelque chose de surnaturel. Les roues, les scies, les chaudières, les laminoirs, les cylindres, les balanciers, tous ces monstres de cuivre, de tôle et d’airain que nous nommons des machines et que la vapeur fait vivre d’une vie effrayante et terrible, mugissent, sifflent, grincent, râlent, reniflent, aboient, glapissent, déchirent le bronze, tordent le fer, mâchent le granit, et, par moments, au milieu des ouvriers noirs et enfumés qui les harcèlent, hurlent avec douleur dans l’atmosphère ardente de l’usine, comme des hydres et des dragons tourmentés par des démons dans un enfer. »

Et un enfer donc, un de plus… Mais celui-là seul, cette fois, pour lequel se battrait le Bruxellois Raymond Goethals quand, fraîchement désigné à la tête des Diables Rouges à l’été 1966, il militerait aussitôt pour que les matchs-couperet de la Belgique soient disputés dans cet incandescent « Enfer de Sclessin »… et y parviendrait ! obtenant de l’Union belge que soit d’abord décentralisé, dans l’antre alors effroyable du Standard de Liège, le match décisif pour la Coupe du Monde 1970, face à l’Espagne.

Ce 22 février 1969, de fait, serait une date historique pour les Diables… Blancs ! vainqueurs 2-1 au terme d’une rencontre d’anthologie, dans un climat d’émeute, et au cours de laquelle Goethals serait même victime d’une agression de l’Espagnol Amancio. Deux ans plus tard, le 3 février 1971 et cette fois à fins de qualification pour le championnat d’Europe, les Diables y écraseraient l’Écosse grâce à trois buts de Van Himst, lequel dira des années plus tard n’avoir « jamais connu un tel enthousiasme populaire. Je craignais les sarcasmes, mais bien au contraire : le stade entier scandait mon nom ! » Toujours sous Goethals, la Belgique y décrocherait face à la Hongrie la troisième place de l’Euro, le 17 juin 1972. Ce qui bien des années plus tard ferait dire à Goethals : « A Sclessin, je suis sûr qu’on aurait battu la Hollande en 1972 » – ce pour quoi il avait d’ailleurs âprement milité. Las : les matchs face aux Pays-Bas, alors, restaient la chasse-gardée des Anversois.

Mais aujourd’hui, que reste-t-il de tout cela ? A dire vrai plus grand-chose.

Certes le public de Sclessin garde-t-il pour réputation d’être le plus chaud du pays, et reste spectaculairement capable de faire péter les plombs au moindre joueur qui le trahisse. Et si le club existe encore à l’international, ce n’est pour l’heure guère plus que grâce à ses animations d’avant-match, tant sa gestion est désormais calamiteuse, et les trous dans sa comptabilité aussi insondables qu’inquiétants. Quant aux usines, qui jadis faisaient mugir leurs sirènes et brûler les torchères dans les moments de moins bien, elles ne sont plus même là pour faire office de treizième homme. Le stade Maurice Dufrasne, enfin, ne lui appartient même plus… Ce club et ce stade tiendront-ils un second siècle de rab’, complet encore et sans la moindre interruption, parmi les clubs de première division ? Dans la tumultueuse histoire de ce club d’une rare résilience, rien n’a jamais été moins sûr…

Perspectives de survie : 4/5.

Eussent pu, voire dû, être cités :

Walcourt.
Le peu glamour mais sans équivoque Stade du Pairay, à Seraing
Le Stade Vedette, Boussu. Antre desdits « Francs Borains », et dépositaire aussi d’une tribune « Elascon ».
Du même acabit et tout proche, immédiatement voisin d’un site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO : Hornu.
La Neuville, Charleroi. Malmené mais toujours debout, dans son jus.
Le beau cadre du célèbre FC Apicoles Tilffois, en banlieue liégeoise.

30 réflexions sur « Il était un stade, une fois (3/3) : La Wallonie »

  1. Merci pour cette promenade mi-bucolique, mi-industrielle (petite préférence pour le stade d’Antoing alors que celui de Lomme, du moins la 1ere photo, rappelle les vues du stade de rugby de Bath) . Et joli témoignage intime, réminiscence de tes souvenirs d’enfance, jamais facile à transcrire avec justesse.

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    1. Ben oui, « la plus longue nuit du diable », un film érotique.. Tu m’étonnes que t’aimes bien Antoing!

      Ca fait quand même bizarre de se dire qu’ils ont tourné leurs scènes de cul là où le jeune De Gaulle étudia et dormit pendant trois ans, pas le même genre le Grand Charles, lol..

      Ceci dit j’aime bien Antoing aussi. Le bled ne se justifie que par cela et le château, l’une ou l’autre rues à la rigueur..mais ce n’est pas désagréable, et la petite histoire derrière ce stade est touchante………… ==> que la guerre dura 20 ans de plus, et ils auraient comblé ce trou jusqu’à hauteur du clocher voisin, lol.. Un conseil pour tout qui passât dans le coin : Tournai, froid mais superbe.

      Le Stade de Rochefort n’a vraiment pas mes faveurs, dans le genre celui de Dolhain-Limbourg est mieux je trouve, région d’ailleurs qui a plus encore morflé (genre puissance 3, car en sus des précipitations ils durent y relâcher les eaux d’un barrage en amont)……mais un stade liégeois de plus??

      Viroinval, j’adore ce bled…….. Fait et refait à vélo quand j’étais encore fringuant, idem pour la vallée de la Semois juste en face. J’ai mis une photo et une vidéo d’un gouffre, le « Fondry des chiens »….. ==> J’ai cru y finir assassiné jadis, des oeuvres de l’un de nos plus grands naturalistes, une pointure mais infecté jadis par la maladie de Lyme, et qui m’emmena dans l’un des boyaux traversant ces roches, à bon 30 mètres de haut…….. : « avance j’te dis, avance!!!! »…..alors qu’il y avait 30 mètres de vide sous mes pieds, lol, j’avais déjà ramassé une grosse pierre pour le tabasser, au cas où 🙂 On aurait dit Rutger Hauer, même son prénom..et ma femme n’en menait pas large non plus : elle m’avoua aussitôt avor tenu pour acquis qu’elle se ferait violer après qu’il se soit débarrassé de moi, et, et…………….ben et finalement rien, ce Monsieur était juste devenu terriblement inquiétant malgré lui, pauvre homme. A part ça : très belle région.

      La vallée de Semois, encore descendu la rivière en kayak avec les enfants et mon chien berger cet été : que du bonheur, c’est merveilleux.

      Tilleur, tu l’as compris : c’est mon enfance footballistique.. Rétrospectivement, j’ai eu beaucoup de chance.

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  2. Alexandre, meilleur ambassadeur du tourisme en Belgique !

    Tes articles m’ont donné envie de traverser le Plat Pays dans son intégralité tant ils ont été bien ciselés, entre histoire, géographie et football !

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    1. Merci mais c’est pas fini, y aura un bonus..avec dans le lot mon préféré (hélas disparu, quelle perte..) et, surtout, deux qui eurent une importance capitale dans l’Histoire du jeu!

      J’en profite, bouteille à la mer : je saurai gré à la bonne âme qui fera de même avec les stades de France et de Navarre..

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  3. Alex, tu cites les stades de Liége et sa banlieue comme chef-lieux du foot ouvrier wallon (avec Seraing ?), j’imagine qu’on peut ajouter Charleroi dans une autre partie de la région, mais y en a t il d’autres ?

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    1. Sclessin, Tilleur, Seraing……et même, tout un temps, l’ancien stade de Tilleur, dit « du pont de Sclessin »??? Plus de 20.000 places, abrita des matchs de l’équipe nationale, bref.. : tout cela tenait en un mouchoir de poche, des sauts de puce de 5-10 minutes à pied de l’un à l’autre… Il était d’ailleurs assez commun de suivre un match dans un stade..puis de se diriger vers le suivant, de sorte de prolonger la journée-football, horaires d’ailleurs parfois convenus en conséquence. Et, ça : ce n’est que pour la banlieue industrielle sud de Liège (à laquelle ajouter Montegnée par exemple)!, car au Nord aussi il y avait un second bassin industriel, avec leurs propres clubs prolos, Herstal etc.. Moins connus mais du même bois.

      Hors Liège, il y a tout ce qu’en Belgique l’on nomme « sillon Sambre-et-Meuse », en somme : une ligne tendue depuis Mons (à l’Est d’Antoing sur la carte) jusqu’à Liège……… Sinon l’oasis namurois, qui échappa jadis à la révolution industrielle : tout en est (ou plutôt fut..) industrialisé, parfois au dernier degré……… Jusqu’à 14-18, la..Wallonie (!) est la seconde région industriellement la plus développée..au monde, derrière l’Angleterre mais devant l’Allemagne, la France, les USA……..

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      1. « Le stade du Pont..d’Ougrée », voilà : ça me revient.

        Remember : Ougrée = lieu de naissance des cracks belges du goalkeeping Piot, Preud’Homme, Bodart.. C’est juste en face du Standard. Et ce stade-là était un peu plus loin en amont.

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    1. Merci, c’est sympa; )

      Travail, c’est vrai..mais surtout des souvenirs, et puis j’ai tout de même appris 2-3 trucs que j’ignorais à l’époque, ça vaut toujours le coup de gratter au-delà de ce qu’on croyait acquis.

      Je suis plutôt vin ;), grandi à l’ombre de la brasserie Jupiler, parmi les odeurs de houblon.. A un moment ça lasse 😉 Et rayon bières je suis surtout versé dans les gueuzes avec, sans originalité aucune, une faiblesse pour la Cantillon – Si tu ne connais pas : c’est à faire, absolument..quoique apparenté à ce que d’aucuns appellent des « bières de femmes » – pas grave, c’est une tuerie.

      Les Trappistes (dont celle issue de Rochefort) : j’ai du mal, j’en ai un chouia abusé 😉 Parmi les pils, je sais que la Bavik a une très belle réputation, mais?? Il y en a des centaines et j’en ai perdu le fil, compliqué.. A chacun de trouver celle(s) qui lui convient, les goûts.. C’est comme les gosses et leur doudou 😉

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      1. J’en suis content mais cela devait être prévu depuis bien longtemps déjà; feu le président Moretti avait réussi l’exploit d’envoyer le club des tréfonds de l’amateurisme à la D1 en 10 ans (avec titre de champion de D2, le seul titre de Courbis il me semble !).

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    1. Eh : je les connais, ça aide. En deux heures, tu as accès au moindre stade belge. Même en train c’est un jeu d’enfant.. Après, il suffit d’être curieux, ouvert.

      Sur le territoire de Vinroinval, je me rappelle avoir planté ma tente sur le rond central du terrain de football d’Olloy, un weekend fort arrosé de fête au village 😉 Lequel stade est aussi au bord de la rivière.

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  4. Philippe Albert, seul Ardennais à avoir eu le soulier d’or? Qui d’autre l’aurait mérité?
    J’aimais bien Albert. Dans la décennie 90 qui marquait un declin en terme dr qualité du foot belge, lui était top.

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    1. Renquin les yeux fermés. Mais c’est de la « politique » aussi…….. Ce sont les deux seuls que j’entrevoie.

      Albert et son aversion du Standard de Liège? Il s’en expliqua jadis : parce que le Waterscheigate, parce que Standard = corruption, lol………. Quand l’on connaît a contrario son amour du Sporting Anderlecht, club qui pourtant donna/impulsa le « la » de la corruption en Belgique puis en Europe, et ce de manière industrielle : c’est pour le moins rigolo.

      Ce jour-là, il est passé pour un âne en voulant jouer les justiciers, mais bon!

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    1. Nous n’étions pas amis!, d’autres que moi ont eu ce bonheur. Mais il y avait une estime réciproque, de la sympathie même, assez tout du moins que pour s’échanger chaque année et de bon coeur nos meilleurs voeux de nouvel an et d’anniversaire (ce que, pour ma part, je ne fais normalement jamais..et dois-je ajouter que ne suis absolument pas idolâtre?….. 😉 ). Ce n’est pourtant pas faute que je ne l’aie jamais épargné dans nos échanges : je ne m’écrasai jamais de rien, ni lui ne me prit jamais de haut (ni quiconque, c’était vraiment une belle personne), sous prétexte de sa carrière……….et je ne suis pas peu fier qu’il m’ait souvent donné raison, même pas pour que je me taise 😉 Mais surtout je ne connais quiconque qui en disconviendrait : ce n’était que du bonheur d’échanger avec lui, son intellect et son humilité devant les faits étaient remarquables, trop rares..

      J’ai une coupure de presse sous les yeux, datée de janvier 1970, son titre : « Si tu veux, je témoignerai pour toi »…….. A la lutte pour le cuir, le Daringman (ex-club de Goethals) Colonval chute dans le grand rectangle, l’arbitre flamand signale aussitôt un penalty. L’équipe adverse est wallonne, les joueurs contestent (l’arbitre n’en est manifestement pas à son coup d’essai)… ==> L’arbitre flamand traite alors l’un d’eux de « sale Wallon », la provocation de trop : ce Wallon-là en particulier pète pour de bon une durite, expulsé……….. Après-match, le « flamand » Colonval (né en Flandre) tient à dire publiquement avoir été choqué par le déroulé de la rencontre, et l’expulsé wallon rapportera alors ceci : « Je ne sais pas si je devrai recourir à son témoignage, mais le geste est sympathique et je tiens à remercier Jean-Paul »…….car son adversaire du jour, l’éloquent Colonval, lui avait donc proposé après-match de prendre sa défense à la fédération.

      Des anecdotes? Je les apprends avec sa mort, les langues se délient 😉 (Colonval ne se mettait jamais en avant, et pourtant..) Allez, j’aime bien celle-ci :

      Après ce triple-affrontement (finalement arrangé, sans quoi..) contre le futur vainqueur de ladite C2, l’AC Milan donc, c’est lui qui hérita du maillot de Rivera, pas mal.. Qu’en fit-il? Il le vendit, et donna l’intégralité du produit de la vente à une société de défense du bien-être animal. Seuls ses intimes étaient au courant, ça colle avec le personnage.

      Et meilleur buteur de Belgique en jouant dans une équipe aussi défensive (car fauchée) que Tilleur, waouw……. Un tout bon.

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  5. Amancio, pas un tendre apparemment… Entre toi et Verano, je découvre mieux sa personnalité.
    Et le match face à l’Italie, pour l’Euro 72, le quart, où fut-il joué?
    Merci encore l’ami pour ce chouette voyage au ras des pâquerettes!

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    1. A Anderlecht, dans l’ancien stade Emile Versé, dans sa configuration d’avec cette invraisemblable tribune « Elascon » en équilibre, comme posée sur une dizaine de pilotis, remember photo en part 2…………..et qui tremblait!!!, c’était un peu merdique quand même, ce truc 🙂

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    2. Images disponibles par ici : https://www.rtbf.be/article/les-diables-a-l-euro-1972-la-belgique-s-invite-dans-le-gotha-europeen-9300573

      L’affrontement face à l’Italie, quelle histoire ça aussi………… Les Italiens devenaient dingues, c’est après ça que la Juve fit des pieds et des mains pour engager Goethals!

      Mais, surtout : c’est dans ce cadre qu’ils le prirent pour un fou, lol……….. Il était tellement survolté que, après s’être levé et rassis pour la 100ème fois, et alors que ça faisait bien une minute qu’il prenait tous ses voisins de petit banc à témoin, éh bien.. : s’étonnant quand même que personne ne lui répondit au moins par des « Ja ja ja », il finit tout de même par tourner la tête à gauche, à droite……….et réalise qu’il s’est en fait rassis sur le petit banc italien, à côté du coach adverse (Valcareggi, je présume??), qui le regarde comme s’il n’était qu’un pauvre fou, médusé……………… 🙂

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    3. De mémoire, Goethals s’était interposé pour protéger l’un de ses joueurs, blessé et malmené par Amancio, au gré d’une rencontre dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle fut très électrique..et Goethals se prit un coup.

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    1. Des vacances en Belgique?? Mais t’es malade, toi! 🙂 Bon, allez : y a de chouettes coins c’est vrai (l’une ou l’autre villes flamandes tapent même très, très haut)…. Mon épouse détestait la Belgique, mais en fait elle ne connaissait pas les bons spots ardennais – autre chanson maintenant..

      Ceci dit et par rapport à la France, hum….. ==> Faites-moi plutôt le plaisir d’un tour de France des stades, nondidjoss! (NB : à chaque fois que je traverse un bled par chez vous, je regarde à gauche et à droite en espérant apercevoir la gueule du stade, et alors qui sait, une pépite peut-être, éh..)

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