Peut-on renoncer à son premier amour ?

Les Girondins de Bordeaux, un des plus grands clubs du football français, sont dans la tourmente. Résultats sportifs en berne, instabilité financière, début de guerre des supporters, le bleu marine, couleur emblématique du club, est en train de virer au très sombre. Par ce billet d’humeur, P2F vous propose le point de vue d’un simple supporter du club bordelais, constatant la dérive de son club, et lançant un cri de désespoir dans l’attente, sans doute vaine, que quelque chose change enfin.

Je ne sais pas si je dois être considéré comme un footix ou non, mais je fais partie de cette catégorie de gens qui a deux clubs de cœurs. En l’occurrence, comme le laisse supposer mon pseudo et mon avatar, il y a le Sporting de Gijón. Le club de ma famille, celui duquel j’ai reçu la passion par mon père originaire des Asturies. Et puis il y a les Girondins de Bordeaux. Le club de la ville où j’ai grandi. Mon club de toujours en fait. Ironiquement, mon premier match au stade ne fut pas un match de championnat, mais bien une rencontre d’exhibition jouée en novembre 2003 entre les Girondins et France 98. Une rencontre que les Marines et Blancs remportèrent 4 buts à 1. J’ai bien sûr peu de souvenirs de cette partie, si ce n’est ma première ola, le fait d’avoir aperçu Zidane ou Barthez joueur de champ, mais je surtout fut marqué par cet incroyable stade Lescure, dit aussi Jacques Chaban-Delmas. Ses arches, ses sièges resserrés, … Très vite, je pris gout à ce stade, et eu hâte de revenir.

Et j’y suis revenu. Souvent. Parfois sur le terrain même, à l’occasion des levées de rideau réservées aux équipes de jeunes de la région. Parfois en tant que ramasseur de balles. Mais si je n’ai jamais eu la chance de faire le fameux Challenge Orange de la mi-temps (m’épargnant sans doute le ridicule d’une gamelle face au gardien après une course de 40 mètres), c’est en tribunes que j’ai le plus de fois eu l’occasion de venir à Lescure. Ma première « vraie » fois, c’est à l’occasion d’un Bordeaux – Toulouse en 2004 (1-1). Ma première rencontre avec le Virage Sud. Bien assis en tribune d’honneur, j’observe d’avantage ces supporters qui font un bruit d’enfer. La puissance vocale de leurs chants m’émerveille autant qu’elle m’effraie. Ainsi, pendant longtemps, allant au stade accompagné par mon père, je lui disais que je ne voulais surtout pas aller au Virage Sud car « je ne voulais pas devenir sourd ! » J’ai donc de bons souvenirs dans les tribunes alentours ou au Virage Nord. Des matches de Ligue 1, une demi-finale de Coupe de la Ligue contre Nantes en 2007 (3-1), deux matches de Ligues des Champions contre Galatasaray (2007, 3-1) ou le CFR Cluj (2008, 1-0). Mais en grandissant, je ressens le besoin d’être un supporter actif…

Il avait quand même un certain charme ce Parc Lescure… non ?

Ce Virage Sud me fait de l’œil, il m’appelle… Alors en 2012, à l’âge de 16 ans, je saute le pas. C’est la première fois que je me rend au stade tout seul (enfin… accompagné d’un ami en fait. Sans mon père je veux dire). A l’occasion d’un match d’Europa League contre le Maritimo Funchal (1-0). Et je m’éclate. J’aime hurler les chants d’encouragement, sauter, claper dans les mains… Je vais de temps en temps au Virage Sud. Je ne m’abonnerai qu’à l’occasion de la saison 2017-2018. Mais à chaque fois, c’est un immense plaisir. Même si le Bordeaux de mon adolescence est loin du Bordeaux de mon enfance en terme de résultats et de niveau, il y a toujours cette petite adrénaline lorsque j’entre dans le stade, que je regarde l’échauffement, que je sens la pression du match monter et que les joueurs entrent sur le terrain accompagnés de la chanson Narcotic du groupe Liquido. Evidemment, comment ne pas parler de mon plus beau souvenir : la fête « Adieu Lescure », pour ce qui est jusqu’à aujourd’hui le dernier match des Girondins au stade Chaban-Delmas. J’ai des frissons rien que d’y repenser ! Le bruit, la ferveur, tout un stade à l’unisson… C’était magique. Ce n’est que quelques mois plus tard, à l’occasion du tour préliminaire d’Europa League contre les Chypriotes de Larnaca (3-0) que je découvre le nouveau stade. Contrairement à certains supporters historiques, moi je l’aime bien ce stade. Malgré ses défauts (tout blanc, difficile d’accès), on est très proches de la pelouse et il y a cette vraie sensation de « mur marine et blanc » quand le virage est plein.

J’ai tout de même bien profité de ce nouveau stade, sautant le pas en 2017 et prenant enfin ma carte d’abonnement pour la saison. Au Virage Sud, évidemment. Bien que je ne me sois jamais encarté chez les Ultramarines, j’ai tout de même du respect pour ce groupe qui anime la tribune depuis si longtemps. Malheureusement, le temps passe, et mes études m’amènent à partir du côté de Toulouse. Je ne peux donc bien sûr plus aller voir les Girondins autant que je le souhaiterais, mais je me rends au stade dès que je peux, notamment durant les premiers matches de la saison, juste avant la rentrée universitaire. Mais c’est donc à distance que je vois le rachat par des fonds d’investissement américains. Le début de la dégénérescence du club des Girondins de Bordeaux. Joe Da Groza, Frédéric Longuépée, Antony Thiodet, … Je ne m’intéresse pas aux coulisses de base. Mais je vais petit à petit à apprendre à connaître ces noms, et à les haïr. Une affaire m’a particulièrement choqué : on est en 2019, début de saison, les Girondins doivent recevoir le FC Metz. Avant de repartir à Toulouse, je souhaite aller au stade. Sauf que sur la billetterie du site officiel, aucune place au Virage Sud n’est disponible à la vente. Sans vouloir manquer de respect aux Lorrains, le fait qu’un match contre le FC Metz soit déjà complet dans cette tribune à deux semaines de la rencontre m’a sur le coup énormément surpris. Puisque la seule alternative est de prendre un ticket aux autres tribunes (à 25-30 € contre 10 au Virage Sud normalement !), je renonce à aller voir les Girondins pour cette fois. Non sans tristesse.

A gauche, un logo élégant, reconnaissable et emblématique
A droite, une insulte de la direction du propriétaire américain

Sauf que l’on apprendra quelques mois plus tard que cette affaire de billetterie est de la responsabilité directe de Antony Thiodet, lequel a personnellement bloqué la possibilité d’acheter des billets au Virage Sud. Cela ne me surprend guère et renforce ma haine envers cette direction qui est en train de saboter et de détruire mon club de l’intérieur. Car non seulement ces gens manquent de respect à l’histoire et l’identité des Girondins de Bordeaux (on passera sur cet immense crachat aux supporters que fut ce nouveau logo imposé par Frédéric Longuépée), mais ils se révèlent en plus être de parfaits incompétents. Allant sur jusqu’à faire exploser le déficit d’un club qui en 2018 fut vendu sainement par le Groupe M6. Coté recrutement, ce n’est pas mieux. Les joueurs bidons défilent à la même allure que les résultats médiocres. Et pour la première fois depuis longtemps, les Girondins se retrouvent à jouer le maintien. Mais le pire est à venir puisque conscients de la situation financière dramatique du club, le fond américain King Street décide de lâcher l’affaire et annonce en pleine « saison covid » qu’il ne mettra plus un rond dans le club. Il ne s’agit plus alors de maintenir les Girondins en Ligue 1, mais de les maintenir en vie, car il est certain qu’une descente empêcherait toute revente et condamnerait le club à la liquidation. Ils se sauveront in-extremis lors d’un match mémorable contre Lens (3-0), mais se pose alors la question du rachat.

Plusieurs candidats toquent à la porte. Parmi lesquels Didier Quillot (le responsable du fiasco Mediapro). A écarter d’office. Il y a aussi un groupe d’entrepreneurs bordelais qui se déclarent intéressés. Mais aussi séduisant que soit le projet, ils n’ont pas la force financière suffisante pour un rachat. Et puis, au cours de l’été 2021, une rumeur circule. Des membres haut-placés des Ultramarines auraient convaincu Gérard Lopez de racheter le club. L’affaire se conclue et Lopez devient le nouveau propriétaire des Girondins de Bordeaux. Je connais la réputation de Gégé. Son passif n’est pour ainsi dire pas des plus glorieux. Je ne suis pas dupe. Je me dit qu’« un escroc remplace un autre escroc ». Néanmoins, si les difficultés financières des Girondins n’ont pas disparues et que beaucoup de gens extérieurs au contexte bordelais reprochent aux Ultramarines cette « alliance » pourrait-on dire avec le diable Gérard Lopez, je trouve ces gens là assez injustes. Aussi critiquable soit-il, Lopez a pour l’instant toujours réussi à nous faire passer la DNCG. Il n’y avait pas mieux que lui en 2021 pour racheter le club. A défaut d’être un bon choix, c’était soit lui, soit la liquidation. En tant que supporter, je pense que ça valait le coup d’essayer de survivre, même avec Gégé. Car le parcours du Racing Club de Strasbourg peut paraître séduisant. Mais pour un Strasbourg, combien de Sedan ? De Gueugnon ? Du Mans ? Du Tours FC ? Ce n’est peut-être que temporaire, mais au moins, avec Gégé, le respirateur artificiel qui maintien en vie mon club tourne toujours.

Le ridicule ne tue pas ! Avant de perdre 6-1 à Lyon, la pire défense de l’histoire de la Ligue 1 était allé s’enquiller près de 200 € de McDonald’s !

Cela dit, et c’est connu, Gérard Lopez est un assez mauvais gestionnaire de club de football. Les Girondins ne feront pas exception. Le recrutement est catastrophique, et les Marines et Blancs vont connaître une des pires saisons de leur histoire. Costil, Adli, Niang, Fransérgio, Mangas, Dilrosun, Mexer, Mensah, Onana… Je leur souhaite à tous une carrière footballistique emplie de malheurs. A jamais, ils seront à mes yeux marqués du sceau de l’infamie, poussant même le troll à finir à un point du barragiste après avoir enchaîné les humiliations tout au long de l’année. Mais voilà, je pensais que cela n’arrivait qu’aux autres, à Troyes, Metz, Caen, etc… Cela leur pendait au nez, mais les Girondins sont relégués en Ligue 2… Du moins a priori. Car la question du dépôt de bilan va se poser tout au long de la saison. Il est je pense difficile pour un supporter ne l’ayant pas vécu d’imaginer ce que cela fait de se dire que son club pourrait disparaître comme ça, du jour au lendemain. Ce fut un stress permanent. Mais lorsque que la bonne nouvelle tombe, à deux jours de l’ouverture du championnat de Ligue 2, c’est le grand soulagement, pour tout le monde. Dans l’incapacité de faire un recrutement ambitieux, le club se retrouve obligé à faire jouer pendant tout le début de saison un grand nombre de joueurs évoluant en National 3 jusqu’alors.

Pourtant, comme s’ils étaient portés par un élan de positivité, ces jeunes issus du centre de formation vont réaliser une saison remarquable. Bakwa, Mwanga, Bokélé, Delaurier-Chaubet, Sissokho, Johaneko, Dupussay, Pirringuel… Tous formés aux Girondins, parfois originaire de Bordeaux même ou de sa région. Le tout accompagnés par des gars d’expérience comme N’Simba, Lacoux, Poussin et surtout le capitaine Yoann Barbet, eux aussi formés au club. Il est facile de s’identifier à ces joueurs, de se prendre d’affection pour eux, qui se retrouvent propulsés du jour au lendemain dans une situation où ils doivent sauver le FCGB. Les bons résultats du débuts de saison amènent un engouement qu’on avait plus vu à Bordeaux depuis très longtemps ! On s’attendait à une saison galère, on se retrouve à jouer la montée. C’est d’autant plus inespéré que cette année là, seuls les deux premiers accéderont à la Ligue 1. Pas de barragiste cette fois. Cette équipe n’est pas parfaite, mais on l’aime, et je me mets à avoir de l’espoir. Ces jeunes joueurs étaient ils en surrégime ? Peut-être ? Il n’empêche que l’entraineur David Guion, de façon assez inexplicable, va petit à petit remplacer ces jeunes dans le 11 de départ par des joueurs plus âgés, soit disant plus expérimentés, mais qui peinent à faire leurs preuves : Michelin, Ignatenko, Fransérgio, Davitashivili, Pitu, Badji… On peine à comprendre les choix du coach. Et alors que les Girondins étaient très bien partis pour la montée, la deuxième partie de saison est de plus en plus laborieuse, tant dans le jeu qu’en termes de résultats.

Malcom Bokélé, Logan Delaurier-Chaubet, Issouf Sissokho, Dilane Bakwa, Junior Mwanga
Tous formés au club, et tous auteur d’un formidable début de saison 2022-2023

Les événements de ma vie personnelle m’ont amené à passer un long séjour de quatre mois au Japon. C’est donc depuis le pays du Soleil levant que j’assiste à cette difficile fin de saison, où l’avance des Girondins au classement fond comme neige au soleil. On arrive à l’avant dernière journée. Bordeaux est deuxième au classement et se déplace à Annecy, et recevra Rodez au dernier match. Il y a un point d’avance sur Metz. La dynamique n’est pas favorable aux Marines et Blancs, mais gagner ces deux derniers matches n’a à priori rien d’insurmontable. Sauf que depuis ma petite chambre à Sendai, j’assiste à un véritable naufrage de mon équipe. Défaite 1-0. Après avoir passé quasiment toute la saison aux deux premières places, Bordeaux chute à la troisième place et n’a plus son destin en main pour la montée. Quelques semaines plus tôt, j’avais acheté un billet pour le dernier match de la saison, qui se déroulera le lendemain de mon retour du Japon. J’avais l’espoir à ce moment là de potentiellement fêter une montée. Sauf que plusieurs raisons m’ont poussé à revendre ce ticket le jour même du match : le résultat d’Annecy a été un coup de massue, évidement. Mais je venais de subir un long voyage de 36 heures depuis le Japon (avec escale), je suis absolument épuisé. Je n’ai pas non plus de téléphone portable… Bref, je ne suis pas dans de bonnes conditions pour aller au stade. Et puis de toute façon, ce match, je le sentais mal… Je ne croyais pas si bien dire.

Je regarde donc à la TV sur la chaîne L’Equipe. Les Girondins démarrent tambour battant, se créent de grosses occasions, font tout pour l’attaque (en raison d’un goal-average défavorable à rattraper sur Metz), et puis après 20 minutes, premier contre de Rodez. Long ballon à l’opposé pour Lucas Buades qui bat notre gardien. 0-1, c’est la douche froide. Et puis intervient l’incident. Celui dont tout le monde à entendu parlé : un pseudo-supporter descend de la tribune, arrive sur le terrain et bouscule le buteur ruthénois. Un geste qui n’apparaît pas très violent en soit, mais le joueur reste de très longues minutes au sol. Le match sera arrêté définitivement, puis la victoire sera accordé à Rodez sur tapis vert. On apprendra plus tard que l’individu d’une quarantaine d’années est un membre influent du groupe des Ultramarines. Ce qui explique je pense le fait qu’il ait pu aussi facilement accéder au terrain. Car cela peut paraître étonnant quand on est extérieur à Bordeaux, mais il y a toujours eu une relation de confiance saine entre les Ultramarines et la sécurité du stade. Depuis l’installation dans le nouveau stade, il n’est pas rare de voir des Ultramarines au niveau de la pelouse pour aménager les bâches et les tifos. Et cela n’a jamais posé de problème. Ainsi, je pense qu’on ne peut pas en vouloir à la sécurité de ne pas avoir pu anticiper un tel événement.

Donc ça serait pour ça ? Tout serait parti de là ? Eh ben…

Est-ce que Lucas Buades a provoqué le Virage Sud après son but ? Peut-être. En a-t-il rajouté en restant autant de temps au sol ? Cela paraît évident. Est-ce que le club de Rodez s’est comporté de manière fourbe en faisant tout pour entériner la victoire sur tapis vert ? Il n’y a aucun doute là-dessus. Mais peu importe. Rien, je dis bien RIEN, ne doit justifier qu’un supporter entre sur l’aire de jeu pour toucher un joueur adverse. C’est pour moi la ligne rouge sur laquelle je serai toujours intransigeant : pas touche aux arbitres, pas touche aux joueurs ! Et j’en veux énormément à cet homme. Car il n’a pas seulement enterré les derniers espoirs de montée. Il n’a pas seulement gâché la soirée de milliers de personnes. Il a jeté l’opprobe sur tous les supporters bordelais. Il nous a fait passé pour des violents, des irresponsables, des fous. Je pense qu’on peut reprocher beaucoup de choses aux supporters des Girondins, et en particulier aux Ultramarines. Mais je le soutiendrai toujours : ils ne sont pas des supporters violents. Quoi qu’on en dise, les incidents avec les supporters bordelais ont toujours été rares. Mais à cause de c’est homme, nous voilà tous maintenant dans le viseur médiatique et des pouvoirs publics, qui attendent la moindre occasion pour nous taper dessus. Cet homme a surement rompu pour longtemps des années et des années de confiance entre les Ultramarines et la sécurité du stade. A cause de lui, nous avons tous été montré du doigt. Je ne pourrai jamais le lui pardonner.

Nous sommes maintenant presque un an après les faits. Et je ne suis toujours pas retourné au stade depuis. Ce soir là, quelque chose s’est brisé en moi. Et rien de ce qui s’est passé depuis n’a pu commencé à recoller les moreaux. Je ne sais pas par où commencer. Cela peut paraître évident, mais il est clair que la situation sportive n’aide pas. Au-delà des résultats catastrophiques des Girondins cette saison, j’ai l’impression qu’on est passé en moins de deux à une équipe de jeunes pousses formés au club qui, pour le dire familièrement, en avaient quelque chose à faire des Girondins, à une équipe de mercenaires sans charisme, sans esprit de rébellion, mené par un entraîneur arrogant et déconnecté et par une direction incompétente ou aux abonnés absents (si quelqu’un a vu Gégé ?…). Mais plus que cela, c’est ce qui se passe en tribunes qui me dégoute. Commençons par le cas de la North Gate. Il s’agit d’un nouveau groupe de supporters fondé en fin de saison dernière et qui prend place au Virage Nord. Même si personne ne le reconnaîtra publiquement, tout le monde sait que les fondateurs de ce groupe viennent à la base des Ultramarines et qu’ils contestent la ligne politique, très orienté à gauche, d’un grand nombre des membres (cela a toujours été le cas dans ce groupe cela dit). Tandis qu’eux seraient plutôt de l’autre bord. Peu importe pour moi. Nous sommes au stade pour encourager les Girondins. Seulement… ce groupe a connu son premier match lors de l’avant dernière rencontre à domicile. Ce qui veut dire que le match contre Rodez n’était que le deuxième match à domicile dans l’histoire du groupe. Or, alors que le match était arrêté pour de bon et que les joueurs, déçus, faisaient malgré tout un tour d’honneur sous les applaudissements du stade, au moment où ils passent devant les 300 membres de la North Gate, ils se font conspués. Une image qui a surpris et choqué pas mal de supporters sur les réseaux sociaux, moi compris. Le groupe tentera de se justifier en disant qu’ils reprochent aux joueurs leur fin de saison manquée car « un club comme Bordeaux doit toujours être en Ligue 1 ». Un argumentaire incompréhensible pour ma part tant les Girondins partaient de loin et cette troisième place s’avère inespérée. Ce groupe n’existe depuis même pas deux matches complets, et il siffle déjà son équipe ? Je n’ai jamais été contre l’existence d’un groupe de supporters au Virage Nord, mais me concernant, la North Gate est déjà grillée.

La North Gate veut des droit ? Qu’elle les obtienne en faisant ses preuves ! Parce que pour l’instant…

Et que dire des Ultramarines. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour ce groupe bien que je n’en ai jamais été membre. Mais leur communiqué lunaire après l’incident de Rodez, où ils condamnent à peine leur pote, m’a mis hors de moi. Je ne pense pas que les principaux membres soient aussi proches de la direction que certains veulent bien le dire. Mais depuis longtemps, j’ai de toute façon l’impression de voir un groupe pour qui se considère plus important que le club qu’il est sensé supporter. Et l’incident de Rodez l’a bien montré. C’est un côté du mouvement ultra que je n’ai jamais compris et auquel je n’adhérerai jamais. Ces derniers temps, plusieurs incidents entre les Ultramarines et la North Gate ont éclaté. Les premiers dénonçant des agressions, vols de matériel, etc… Les seconds accusent leurs homologues de jouir de privilèges auprès de la direction, notamment pour les déplacements. Difficile de savoir qui dit vrai. Même si personnellement, j’aurais plus tendance à croire les Ultramarines. La North Gate, à mon sens, doit faire ses preuves (et ils m’ont jusque là donné l’impression de plus insulter l’équipe que de l’encourager) et réclame trop de choses par rapport à leur faible nombre. Mais peu importe, cette guéguerre ne m’intéresse pas. D’ailleurs, une guerre des supporters est sans doute la dernière chose dont avaient besoin les Girondins.

Moi en tout cas, je ne veux plus supporter tout ça. Dans tous les sens du terme. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Bordeaux est une ville qui aime son club de foot. Ou du moins, qui a envie de l’aimer. 42 000 spectateurs contre Rodez, c’est quand même un bel argument pour le croire. Mais il se pourrait bien que ce club finisse par disparaître dans l’indifférence générale. Car il faut bien admettre que malgré tous les montages financiers réalisés par le propriétaire, les Girondins ne pourront pas survivre en Ligue 2 éternellement. Et là, ça sera la fin. La vraie fin. Après avoir incarné la sinistrose pendant les années 2010, ce club est désormais l’incarnation du Titanic depuis son rachat par les Américains (qui resteront quoi qu’il arrive les vrais assassins du FCGB). Sportivement, en interne, et maintenant en tribunes, tout est fait à l’envers. Et ma flamme s’étaient, par lassitude de voir tout dégénérer ainsi. Pour les lecteurs de P2F qui ne le sauraient pas encore, votre serviteur retournera au Japon en octobre. Et ça sera du très long terme à priori. Je ne sais pas encore si je retournerai voir mes Girondins avant de partir. Je ne sais pas si j’emporterai avec moi un maillot et une écharpe pour garder ce lien avec mon club de cœur. Je connais actuellement une peine de cœur immense. Est-ce qu’en football, il est bon de s’acharner dans une relation toxique ? Est-il bon de rester en contact avec son premier amour ? Dois-je déjà considérer le FCGB comme une ex ? Ces questions me taraudent, encore plus que le sombre avenir des Girondins de Bordeaux.

« Les histoires d’amour finissent mal… en général ». Est-ce pareil au football ?
Tout ça va me manquer en tout cas

Xixon

Même un Bordelais peut préférer la bière. Puxa Xixón, puxa Asturies, puta Oviedo ! 俺は日本サッカーサポーター ! (Rien à voir avec le judo) 

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19 réflexions sur « Peut-on renoncer à son premier amour ? »

  1. Ayant vécu ces derniers années à Bordeaux, je comprends la tristesse de Xixon. Les Girondins sont une part importante de l’identité bordelaise. Et parmi ceux qui ont eu la chance de voir les deux, le match face à la Juve en 85 l’emporte régulièrement sur le Milan de 96.

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  2. J’aime beaucoup Lescure. Son architecture, sa localisation dans la ville. C’est d’ailleurs là que j’ai vu mon premier match européen, Girondins face à Valence en 2004.

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  3. Évidemment que tout cela est un gâchis… On peut comprendre la déception des véritables supporters (ceux qui ne s’arrogent pas des droits qu’ils n’ont pas) mais quid des salariés ? Combien ont été licenciés ? Quand ce type d’investisseurs (fonds US ou margoulins comme Gégé) met la main sur un club, l’objectif public est « l’Europe dans 3 ans » (et parfois ça marche) et +5% de recettes annuelles, alors que l’objectif caché est -20% de frais de fonctionnement (recettes McKinsey et consorts). Bref, les supporters s’en remettront mais pour certains salariés, c’est leur vie qui est fragilisée.

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  4. Bonjour la communauté !
    Je vous lis depuis quelques temps déjà ( So foot puis Pinte 2 foot ) et j’ai décidé de faire le pas !
    Je le fais sur un article qui me touche beaucoup . Déjà , non , je ne crois pas que supporter 2 clubs c’est être footix . Je supporte l’ASSE et le Milan AC ( d’où le surnom très recherché … ) sans aucun problème , avec la même passion dans le Kop ou la Curva . Supporter le club tendance du moment en changeant régulièrement , ne connaissant ni l’histoire , ni la culture ni même le stade , oui ça c’est footix ! Je connais des pseudo supporters ( les plus virulents souvent ) qui avant de supporter le PSG , supportait l’OL et même l’OM avant !
    En ce qui concerne les girondins , oui ça fait mal au cul . J’ai un souvenir ému de l’accueil des Ultramarines dans le parcage de Gerland, c’est dire si ça date , durant un OL-Bordeaux se terminant par un 5 à 1 mais avec une ambiance de feu dans notre tribune ! Mon écharpe verte avait déclenché un hommage aux amis de Sainté de leur part et un flot de haine jouissif de la part de nos « amis » lyonnais … Après une énième chanson ironique sur Darcheville ( « il a tapé , à côté à côté, c’est lui qui l’a décidé » sur l’air de la Lambada ) nous avions terminé dans le noir absolu , bloqués dans le stade, en chantant « Brigitte Bardot » … oui c’est improbable mais c’est un souvenir incroyable .
    Donc oui , de la part d’un ami stéphanois, ça fait mal de voir ce club historique ( aaah ces souvenirs d’adolescence de Bordeaux en coupe d’Europe avec Gigi, Tigana…) , malmené par une direction d’escrocs ( et on connaît le problème à Sainté !) et supporter par un groupuscule de cons … Mais je pense que le cœur ne ment jamais , même en Nationale , même avec les plus grosses crapules aux commandes ( c’est le milaniste qui parle ) , même avec des chèvres sur le terrain , même avec un groupuscules de bas de plafond dans les tribunes , tu seras toujours girondins . C’est une part de toi que tu ne peux pas effacer .
    Emmène ton écharpe au Japon , ça ne prend pas de place et ça sera ta madeleine de Proust à l’autre bout du monde …
    Le foot moderne est une grosse catin mais il reste ce que ces maquereaux ne pourront jamais acheter , ces petits bouts de bonheur partagés avec parfois des inconnus ou des vrais frères de club dans des moments improbables . On appelle ça l’humanité …
    Bon courage

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      1. Ciao Khiadiatoulin ( quel joueur ! Un rude que l’on surnommait « pied de fonte » ) .
        Le Milan , tout comme l’Italie, m’est tombé dessus lors d’un échange scolaire au lycée . Coup de foudre . C’était l’année 1989 … si tu vois ce que je veux dire … Septembre 88 , dans les Marches, je rencontre les correspondants , tous milanistes , et je vois les drapeaux du Milan avec le diable en vente partout dans les kiosques à journaux . Je trouve des gens encore plus passionnés que moi qui fricotte dans le kop nord de GG ( mais je n’ai jamais eu ma carte au MF92 ou les Fighters avant ) . Je découvre la passion démesurée , excessive , méditerranéenne… Évidemment c’est plus facile avec une équipe d’extraterrestres, je l’accorde … Puis à la venue des correspondants en France, le soir du 19 avril 1989 , repas dans une pizzeria du coin : le serveur , italien , vient régulièrement nous tenir au courant du résultat de la demi finale retour contre le grand Réal Madrid ( je rappelle que le téléphone était filaire et à écouteur , pas de portable ) . 1…2…3…4…5 à 0 ! Festa ! Une ambiance de fou … Il m’a fallu 4 ans pour enfin pouvoir venir à San Siro avec un Milan club nouvellement créé : le Milan club Saint-Étienne ! La boucle est bouclée ! Et depuis le Milan et l’Italie sont ancrés en moi , j’ai souvent souri , un peu pleuré avec mes frères de club . Le tifo ne se commande pas , il te tombe dessus …
        Et toi , ton histoire ?

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      2. Re Karlo. Khiadiatoulin, c’est pour la ville où j’ai grandi, Toulouse, et mes premiers matchs dans un stade. Et sinon, je soutiens également le Betis, en souvenir de copains qui m’ont filé la fibre quand on se voyait chaque été en Andalousie. Enfin, l’Atletico, mon premier club en Espagne, et le RC Lens qui se battent pour la place sur le podium. Voilà mes 4 clubs.
        D’ailleurs, il m’a bien fait plaisir Depay hier soir!

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      3. Karlo. Ah, ce match face au Real, je l’ai bien en tête puisque mon père et mon frère sont fans du Real. Mon frangin est le fan du Real le plus fanatique que je connaisse. En Italie, j’ai eu du mal à me fixer, y a énormément de clubs qui m’ont intéressé, mais si je dois sortir mon préféré est la Viola, suivi de l’Inter! Hehe
        Voilà les deux clubs que j’apprécie le plus en Italie mais je ne revendique pas fan. Plus amateur…

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  5. Merci @Xixon pour cet article !
    Tu n’est pas du tout un footix.
    Giresse s’est penché sur mon berceau à Langoiran, sans me donner son talent l’enfoiré!
    Même si je suis psg jusqu’au bout des ongles , Bordeaux?
    C’est trop la classe comme club.
    Je ne sais pas si @seblescure de « préservons Lescure » nous lit mais je vais lui envoyer le lien, ça va lui faire plaisir!

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    1. L’ami Triple G est également un vieux fan des Girondins. Et sur Sofoot, le superbe Nederland, et ses magnifiques photos, également. Mon frangin adorait Bordeaux et après le Real, c’était clairement son équipe de cœur. Perso, avoir un peu traîné au Matmut m’a fait apprécier ce club. Et c’est le coin de naissance de ma gamine donc allez Bordeaux! On vous veut en d1!

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      1. Si elle est née à la clinique bordeaux nord nous sommes presque cousins!
        (Ça a peut être changé de nom)
        Et oui Bordeaux n’a rien à faire en L2 bordel!
        Un club historique , pour autant sobre et sympathique.
        Comment ne pas aimer les gigis?
        On a rappelera qu’ils ont tenu longtemps le record de matchs joués en coupe d’Europe !

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  6. Après, on peut perdre la flamme. J’ai été pendant 20 ans un fan de United. De ma découverte du club lors de la finale de Cup en 90 face à Palace jusqu’à l’arrivée de Van Persie. Qui a cassé un truc sans que je sache réellement l’expliquer…
    Peut-être avais-je senti le tournant post-Fergusson. Ce club qui m’a fait vibrer pendant si longtemps ne me procure plus rien. Je ne m’intéresse presque plus aux résultats. Il accumule les mauvais choix, ce n’est pas le seul, mais sans gout ni panache. C’est triste de mal vieillir parfois…

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  7. Je n’avais même jamais entendu parler de cette North Gate, a priori rien de bien malin à en dire donc, mais, même pas peur, allez : un groupe dissident..qui, après deux matchs, chie déjà dans les bottes???…….. ==> Ca profite à qui, des zingues pareils?

    En Afrique, ce genre de trucs était toujours piloté, téléguidé.. Nuire mais de sorte de bénéficier à autrui….. ==> Possible qu’il en soit ici aussi ainsi?

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  8. Superbe article Xixon ! J’ai quelques années de plus et je n’arrête pas de me dire que supporter un club de foot est une relation toxique! Mais difficile de s’en détacher. La solution c’est de réussir à se détacher du résultat, après une énième frustration ne rien lire qui parle du match, s’isoler du foot le temps que ça passe!

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  9. J’ai toujours aimé les supporters bordelais, que je trouve plus mesurés, moins agressifs et plus imaginatifs que la plupart.

    Exemple : le fameux « on se fait chier » (qui date de 2011 ?) :
    https://m.youtube.com/watch?v=4UgeH9Ve_Kc&pp=ygUiQm9yZGVhdXggQm91bG9nbmUgb24gc2UgZmFpdCBjaGllcg%3D%3D

    Ou encore les supporters qui décident de tourner le dos à la pelouse pour ne pas voir le carnage (0-4 contre Sochaux ?).

    À côté, nous les lyonnais, apparaissons comme particulièrement stupides et violents (ex : l’engueulade du capo aux joueurs pas plus tard qu’en ce début de saison).

    Vraiment, il y a un je ne sais quoi qui me fait beaucoup apprécier les fans des Girondins.

    J’ai été quelque fois à Chaban à la fin des années 2000, époque Gourcuff, Cavenaghi etc. Dure période pour moi, que de voir mon club se faire doubler par ces girondins.

    Quant au nouveau stade, j’y avais été lors des 40 ans des Ultra Marines, superbe ambiance, en particulier la bronca quand Aulas est apparu sur l’écran géant. Quant au parcage visiteur, il s’était distingué par des doigts d’honneur adressé au public, au lieu de célébrer l’égalisation de Mammana.

    Ces nouveaux stades sont beaucoup trop loin en revanche : qui est le pire entre celui de Lyon et celui de Bordeaux…. ? Je pensais, naïf que je suis, que l’arrêt de tram portant son nom était juste à côté !

    En revanche, j’ai jamais compris pourquoi autant de haine envers Valbuena, le soi-disant traître.

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  10. super article vraiment bravo ça sent la nostalgie, même s’il est jeune notre ami Xixon^^ je vais pas à nouveau raconter comment je suis tombé amoureux de sainté en ce jour du 23 d’Août 85 contre Le Puy (en D2) mais ça ressemble à ta découverte du stade mes oncles remplaçants ton paternel!

    pour moi j’ai du mal avec le fait de supporter 2 clubs au même niveau mais chacun est libre de vivre sa (ses) passion(s) comme il l’entend!

    je crois qu’entre la ligue 1 et la l2 Bordeaux est le déplacement que j’ai le plus fais (je suis pas de la tribune des copains des UB^^) en plus ayant vécu à Niort j’avais des potes de boulot du côté de Bordeaux abonnés au sud (dans le lot un gars de la 1ere génération devil’s) j’étais en sud avec eux pendant le parcours en ldc bien sympa y’a qq chants en sud bien entrainant et les cris « debout les bourgeois » vers la présidentielle de temps en temps de bonne guerre^^

    tout ça pour dire que vraiment rien mais rien ne vaut les stades de centre ville Lescure (le dvd adieu Lescure est vraiment top beau travail des UB)c’était une tuerie avec ses baraques a frites sentant bon la bonne bouffe, les petites maisons typiquement Bordelaises autour
    bon le parcage était pas terrible faut avouer tu voyais pas grand chose en haut^^ mais vraiment j’ai de moins en moins envie de faire le déplacement en Gironde parce que ce stade au milieu de nul part ça me parle pas!

    faites gaffe avec la North Gate ça va créer pas mal d’embrouilles mais je crois qu’ils sont interdits de déplacement jusqu’a nouvel ordre!!

    20 Avril deux clubs malades vont s’affronter à GG ça va être triste

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