Le Golden boy et Frate by night

« Tout homme qui vole dans le monde est une fleur et un ver avec ses parfums et ses outrages » (Padre Eligio).

Gianni Brera l’avait surnommé Il Abatino, le Petit abbé, un terme que l’on utilisait autrefois pour qualifier les jeunes hommes coiffés à la Umberta[1], comme l’étaient ceux qui se destinaient à la prêtrise. Une saillie acerbe venant du chroniqueur le plus redouté des footballeurs italiens destinée à éreinter Gianni Rivera, « très doué sur le plan stylistique mais dénué de qualité athlétique », un pseudo milieu de terrain ayant grandi sous les auspices d’un patronage catholique, l’Oratoire Don Bosco d’Alessandria. Né en 1943, Rivera ne pouvait être qu’un produit de la politique sportive instaurée par l’Eglise et la Démocratie chrétienne dans l’après-guerre, quand les oratoires et les paroisses servaient à promouvoir un ordre social-chrétien en se substituant aux organisations et infrastructures civiles défaillantes.

Qui mieux que Gianni Rivera pour incarner l’efficacité de ce modèle éducatif et sportif ? En tant que footballeur, il avait porté le flambeau du renouveau italien au début des années 1960, n’en déplût à Brera qui, faut-il le rappeler, ne s’acharnait que sur ceux qu’il savait puissants. Bien plus tard, en 1985, il lui avait consacré un article plein de nostalgie intitulé « Rivera, rends-moi mon abatino » (La Repubblica) dans lequel il ne reniait rien de ses critiques sur le joueur tout en reconnaissant la cohérence et l’intelligence de l’homme. Rivera ne savait pas courir, ne portait pas le ballon mais il feintait et sentait le jeu mieux que quiconque. L’Italie pensait que le talent s’achetait en Amérique du Sud, en important sans compter des Oriundi élevés au fútbol de potrero, elle découvrait que des artistes pouvaient éclore dans l’austérité d’un oratoire piémontais, le Ballon d’or 1969 consacrant ce talent singulier, objet de fierté nationale en dépit de ses airs de diva.

Nereo Rocco, Gianni Rivera, Gianni Brera et du vin, toujours du vin.

Footballeur talentueux, Rivera était également un citoyen bien formé ayant épousé la doctrine sociale de l’Église catholique. Il avait matérialisé son engagement en adhérant sans réserve aux idéaux de la Démocratie chrétienne, un parti de centre droit terre à terre, aux thèses opportunément plastiques et tirant sa légitimité de son rejet du communisme. D’ailleurs, ne faut-il pas voir dans les textes cinglants de Brera une forme de renvoi aux fondements de la Baleine blanche[2], quand le parti ne s’imaginait pas tout-puissant et posait parmi ses principes directeurs de saintes références, dont le très bénédictin « ne te lève jamais, qui s’exalte sera puni » ? Démocrate-chrétien convaincu, Gianni Rivera n’hésitait pas à user de sa notoriété pour prendre position en amont des élections, toujours en faveur du parti des héritiers d’Alcide De Gasperi, quand il fallait lutter par tous les moyens contre l’ascension du PCI d’Enrico Berlinguer. Plus tard, il avait assumé ses convictions en étant élu aux Parlements italien et européen. Et quand l’Opération Mains propres[3] avait balayé la vieille classe dirigeante et fait disparaître la Démocratie chrétienne, il avait trouvé refuge dans de nouveaux cercles susceptibles de proposer d’honorables alternatives à Forza Italia de Berlusconi. Plus récemment, il n’était pas rare de le trouver au soutien du Centro Sportivo Italiano, une association promouvant la pratique du sport dans une conception très chrétienne, où les vertus divertissantes ne se substituent pas à l’objectif éducatif.

Profondément religieux, Gianni Rivera n’en était pas moins homme, une âme pécheresse dont les égarements n’échappaient pas au public. Comment aurait-il pu en être autrement tant ses actes et ses paroles étaient scrutés par une presse avide de potins et de scandales ? Il faut reconnaître qu’il n’avait rien fait pour s’y soustraire. Le fameux entretien qu’il avait accordé à Rosanna Marani en novembre 1973 pour la Gazzetta dello Sport intitulé « Rivera et les femmes ? » avait confirmé ce que tout le monde savait déjà : il aimait les femmes sans beaucoup les aimer. « Je peux avoir envie d’être avec une femme dont je connais le nom, lui offrir de la douceur et des sentiments, ou lui demander ce qu’elle attend d’un homme comme moi, mais je peux aussi passer 15 jours sans la voir sans problème. Et ce n’est pas à cause de cette façon de vivre la relation que je rabaisse ou déprécie les qualités de cette personne (…). Ce n’est pas ma faute si l’amour ne m’a pas touché au plus profond de moi-même ». Fallait-il y voir un détachement coupable ou une admirable quête d’absolu ? Avec Elisabetta Viviani, une présentatrice télé, il avait eu une fille en dehors du cadre familial traditionnel et avait attendu 1987 pour convoler avec Laura Marconi, une union de laquelle étaient nés deux autres enfants.

Avec Elisabetta Viviani...
…et Laura Marconi.

Bien qu’il s’en défendît, le culte dont Rivera faisait l’objet autorisait ces écarts, de menus arrangements bien vite confessés ne pouvant à eux seuls justifier l’excommunication. La fédération s’y était pourtant essayé quand il avait dépassé les limites du tolérable en s’en prenant à la probité de ses pontes, dirigeants et arbitres, au premier rang desquels figurait le prince des hommes en noir, Concetto Lo Bello. Ses outrances, fruits de la répétition de faits de jeu favorables à la Juventus où sévissait alors l’infatigable picaro Italo Allodi, lui avaient valu de sévères suspensions en 1972 et en 1973.

Avec Concetto Lo Bello, dit le tyran de Syracuse.

Blessé dans son orgueil, Rivera avait imposé à la presse un long black-out avant de céder à l’appel de Rosanna Marani, première femme à pénétrer l’univers du journalisme sportif italien. Apprivoisé par la Marani, il s’était longuement livré et s’il ne s’était pas repenti, il avait paru assagi. « Je ne peux pas tendre l’autre joue comme un bon samaritain. Mais en bon chrétien, je peux éviter de marcher sur les pieds de l’autre. C’est la différence entre un homme et une charogne. Nous vivons si peu de temps, pourquoi nous empoisonner de grandes paroles, avec des querelles inutiles et de la méchanceté gratuite (…) ? Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas se défendre, mais seulement qu’il faut éviter d’en arriver là ». Dans les faits, le Golden boy n’avait pas renoncé à plaider sa cause face au corporatisme indigné des arbitres : florentin, il avait confié sa défense à un ministre de la Parole de Dieu, un étrange personnage appelé padre Eligio.

Le bon saint Eloi

Laissons Angelo Gelmini, dit padre Eligio ou Peligio pour les intimes, se présenter lui-même tant il s’agit d’une bouffée d’air frais. « Je suis né dans la campagne de Bisentrate (Lombardie) le 17 juillet 1931. Je me souviens du parfum des pâquerettes, des violettes, du foin. Des coquelicots rouges, du goût des orties. J’aime les vaches, les champs sous la rosée, le vent, les nuages, les nuits (…). Comme toutes les créatures des champs recherchant le soleil, moi Angiolino, j’ai cherché l’Amour. Et à sept ans, Dieu m’a appelé. Mais ce n’est qu’à dix ans, par la main de saint François, que j’ai pu commencer, comme un petit frère, mon aventure dans l’Église de Jésus.[4] » Au moment de la prise d’habit, il avait proposé de se faire appeler padre Eligio (père Eloi), le nom du saint patron des ouvriers qu’il fréquentait dans les banlieues milanaises des années 1950.

Padre Eligio s’était fait connaître en 1964 en créant Telefono Amico, une version milanaise de SOS Amitié destinée à venir en aide aux personnes en situation de détresse psychologique. C’est à cette période que Gianni Rivera et le prêtre franciscain s’étaient rencontrés, réunis à l’occasion d’une initiative quelconque s’adressant à la jeunesse. Une révélation pour Rivera, alors âgé d’une vingtaine d’années. Dès 1965, padre Eligio devenait le conseiller spirituel du Milan, celui à qui les joueurs allaient confier leurs doutes et leurs espoirs, encouragés par Nereo Rocco quand leurs problèmes dépassaient ses compétences de patriarche. Parallèlement, Peligio fondait Mondo X, une communauté pour toxicomanes dite de réconciliation où il s’agissait, outre le sevrage, de redonner goût à la vie aux brebis égarés en promouvant les valeurs chrétiennes et les vertus du travail. Séduites par le concept, les confréries franciscaines avaient confié à padre Eligio plusieurs couvents afin qu’il multipliât les centres de régénération à travers le pays.

Au contact du prêtre et des confréries Mondo X, Gianni Rivera découvrait un univers différent du sien et s’ouvrait à l’autre. Et avec Rivera, padre Eligio accédait aux plateaux télévisés et aux salons milanais les plus courus. Il y avait pris goût, faisant écrire à Brera « allons, frère Eligio, arrête de nouer des nœuds ambigus sur le cordon franciscain ».

Ambigu, Peligio l’était incontestablement. Cheveux mi-longs, les yeux cachés derrière des lunettes noires, il en faisait trop. Avait-il besoin de révéler qu’il portait des sous-vêtements de soie rouge ? Lui fallait-il impérativement poser en compagnie de jolies femmes, dont des actrices de la commedia sexy all’italiana des années 1970 ? Était-il nécessaire de jeter le trouble sur la sincérité de son œuvre en inaugurant devant les caméras un luxueux restaurant dans le château de Cozzo Lomellina, là où il avait installé le siège de Mondo X [5]? Mais puisque les autorités ecclésiastiques n’y trouvaient rien à redire et qu’il bénéficiait de porte-paroles aussi fiables que Rocco et Rivera, rien ne s’opposait à ce qu’il entretînt le folklore entourant sa personne et le bien-fondé de son surnom de Frate by night.

Malisa Longo. Vous voulez la découvrir en tant qu’actrice ? Je vous conseille « Prenez la queue comme tout le monde », de Jean-François Davy, en 1973.

Quand Gianni Rivera avait attaqué frontalement le corps arbitral, padre Eligio avait accouru à son secours à deux reprises. D’abord dans un monologue diffusé à la télévision en février 1973, peu après le match nul entre Milan et la Juventus à San Siro (2-2) au cours duquel Concetto Lo Bello avait omis d’accorder un pénalty aux rossoneri, le juge reconnaissant son erreur a posteriori[6]. Puis dans une entrevue accordée au Milanese en mai, le franciscain avait parlé au nom de Rivera, « très irrité par la corruption qui règne dans le monde du football. Lorsqu’il effectue certaines déclarations sur les arbitres, sa cause est véritablement sainte et juste. Car vous savez qu’aujourd’hui, les arbitres sont soit conditionnés, soit corrompus. Il n’y a pas grand-chose à faire : un Agnelli peut conditionner les arbitres plus facilement que le président de Mantoue ou de Catanzaro. Aujourd’hui, Gianni, qui est un garçon intègre, se rebelle contre ces pratiques, car il a une grande soif de justice. »  

La réaction n’avait pas tardé : les 38 arbitres de Serie A et de Serie B avaient porté plainte et padre Eligio était redevenu Angelo Gelmini le temps de la confrontation avec la justice des hommes. Pour l’occasion, il avait renoncé à ses bottines à talons et ses pulls à col roulé au profit de la tenue des franciscains, le froc de laine brune à capuche et la ceinture de corde. Accusé de diffamation aggravée par voie de presse, il avait confirmé ses dires au juge de la première section pénale du tribunal de Milan. A l’issue des premières audiences, au cours desquelles on apprit la démission du prêtre de sa charge d’assistant spirituel du Milan, il avait été décidé de renvoyer le procès au mois d’octobre 1973.

Padre Eligio sort la sulfateuse.

Padre Eligio et ses avocats avaient eu le loisir de soigner sa défense et avaient présenté un recueil d’articles de presse accablant, des comptes rendus de rencontres dans lesquels les plus fameux journalistes relevaient les erreurs arbitrales en ne cachant rien de la suspicion que leur inspirait ces fourvoiements. Souriant, calme, aimable, il séduisait l’auditoire et il apparut bien vite qu’il menait les débats. Le momentum tournant en faveur de l’accusé, le président de la Federcalcio Artemio Franchi était intervenu afin que les avocats engagent de discrets pourparlers et trouvent une issue honorable pour chacune des deux parties. Le 12 octobre 1973, les arbitres retiraient leur plainte et le prêtre publiait un communiqué dans lequel on pouvait lire que « les termes utilisés, à l’origine de l’action judiciaire, n’étaient pas destinés à mettre en cause l’honnêteté et l’indépendance des arbitres (…). L’interview, même si les termes dépassaient l’intention, voulait ouvrir, à travers une critique des habitudes, un discours plus large visant à faire progresser les différentes composantes du monde du football, auquel padre Eligio s’est toujours intéressé sous l’angle de l’implication sociale ». Ite missa est.

Prison et périphéries

Dans les années suivantes, Gianni Rivera s’était épuisé dans une querelle intestine avec le président du Milan, Albino Buticchi. Il était sorti vainqueur du duel mais n’était pas parvenu à faire triompher ses idées – un Milan ne reposant plus sur le mécénat de quelques chefs d’entreprise mais dont la gouvernance aurait ressemblé à celle des clubs espagnols, soumise au vote de socios actionnaires – et avait gâché sa fin de carrière. Il avait en outre dû à son tour voler au secours de Peligio, renversé de son piédestal par la révélation d’affaires financières à partir de mars 1976. On s’était alors souvenu que saint Eloi ne s’intéressait pas qu’aux chaudronniers, forgerons, maréchaux-ferrants… et assumait la fonction de grand argentier pour quelque « bon roi » mérovingien.

Padre Eligio avait chuté en même temps que Franco Ambrosio, un industriel céréalier surnommé le Roi du grain, et son frère Pierino, lui aussi entré dans les ordres, lui aussi fondateur d’un institut de bienfaisance et déjà condamné pour corruption. Parmi les griefs valant à Peligio l’incarcération figuraient la participation à un système d’importations frauduleuses de produits laitiers et la cession de postes consulaires fictifs à des individus crédules désirant bénéficier d’un passeport diplomatique[7]. La chute d’un personnage aussi médiatique avait bien évidemment mis en ébullition la presse. Dans la Domenica del Corriere, Gianni Brera avait fait le procès du prêtre et avait titré « Pelagio, je vous reverrai au purgatoire ». Les journaux politiques avaient élargi la réflexion et dans L’Unità, l’organe du PCI, Kino Marzullo écrivait : « les liens d’Angiolo Gelmini vont d’Anna Bonomi Bolchini à Carenini, de Gallarati-Scotti[8] aux députés et sénateurs démocrates-chrétiens : ils le servent et il les sert dans la mesure où la soutane couvre et purifie tant de choses ».

A sa libération sous caution après un mois d’enfermement, une luxueuse Mercedes avait happé le prêtre et l’avait dirigé jusqu’au château de Cozzo Lomellina où l’attendaient Nereo Rocco et Gianni Rivera pour une fête improvisée. Les procédures judiciaires avaient trainé en longueur et s’étaient achevées sur des non-lieux[9]. Dès lors, padre Eligio avait choisi la discrétion au contraire de son frère, affairiste irrécupérable s’étant positionné dans le sillage ascensionnel de Silvio Berlusconi[10].

Le frère d’Eligio, Padre Pierino, et une brebis égarée.

Gianni Rivera aura 82 ans dans quelques jours. Le Golden boy n’a jamais renié son amitié avec Pelagio, ni tenté de la minorer, même aux heures les plus embarrassantes, ni varié sur les raisons d’une si longue fidélité : « Il ne s’intéressait pas au football, il était attentif à l’Homme. Avec un grand H. »  Quant à padre Eligio, 94 ans, il a trouvé refuge depuis le début des années 1980 parmi une de ses plus luxueuses communautés, sur une île de l’archipel des Egadi, au large de Trapani, à l’extrême ouest de la Sicile. Une périphérie, chère au pape François, fût-elle géographique. Alors qu’il n’était encore que cardinal, Jorge Bergoglio avait fait basculer le conclave de 2013 en sa faveur en militant pour que le futur souverain pontife aide « l’Eglise à sortir de soi pour aller vers les périphéries existentielles ». Ce que padre Eligio a réalisé toute sa vie même si, comme il l’a écrit, « je n’ai pas été un fils tranquille ».


[1] Umberto 1er de Savoie portait une brosse assez longue, uniforme, et avait donné son nom à une coiffure.

[2] Surnom de la Démocratie chrétienne.

[3] Mains propres ou Tangentopoli, une série d’enquêtes judiciaires ayant révélé le système de corruption et de financement illicite des partis politiques traditionnels historiques au début des années 1990.

[4] Extrait de l’autobiographie Le vacche di padre Eligio (Vallecchi 1975).

[5] https://patrimonio.archivioluce.com/luce-web/detail/IL5000076243/2/cozzo-lomellina-iniziative-mondo-x.html?startPage=0 Film sur l’inauguration du siège de Mondo X. On y reconnaît Nereo Rocco.

[6] https://patrimonio.archivioluce.com/luce-web/detail/IL5000060735/2/milano-padre-eligio-del-milan.html?startPage=0 Le premier assaut de Padre Eligio contre les arbitres.

[7] Il aurait touché 50 millions de lires d’un fromager de Vercelli en lui promettant de le faire nommer consul de Somalie à Turin.

[8] Anna Bonomi Bolchini était une philanthrope à la tête d’un empire immobilier. Egidio Carenini était un homme politique de la DC, dont on apprendrait plus tard qu’il appartenait à la Loge P2. Les Gallarati-Scotti appartiennent à une famille de nobles milanais. Propriété de la famille, le château de Cozzo était revenu à Mondo X à dans le cadre d’une succession.

[9] La presse avait insinué que Franco Ambrosio avait bénéficié d’un non-lieu en raison de sa capacité à entrainer dans sa chute des pointures politiques. Ambrosio blanchi, les chefs d’accusation n’étaient plus assez solides pour que Padre Eligio et son frère soient condamnés. Probablement invérifiable.

[10] Accusé d’abus sexuels sur mineurs, il avait échappé à un procès en raison d’ennuis de santé puis de sa mort, en 2014.

22 réflexions sur « Le Golden boy et Frate by night »

  1. L’âme charitable que voilà, qui anticipe la curiosité de tout qu’intrigua la nature généreusement fournie de cette actrice, et voilà donc une bonne raison de plus de remercier l’auteur!

    Nonobstant des spécificités propres à chaque pays : une espèce de Père Gilbert à l’italienne? Peu importe : c’est curieux que leurs actions aient été concomitantes.

    Je n’aurais jamais soupçonné cette présence spirituelle dans les affaires de l’AC, moins encore la fidélité qu’y mit Rivera.

    Un consulat de Somalie à Turin? Ne pas rire : certes ça n’existe pas mais j’ai tout de même vérifié……..car ce n’est pas les consul(at)s bizarroïdes qui manquent! Mais au jour d’aujourd’hui, celui-là n’existe pas – peut-être rien qu’une question de temps.

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      1. Je ne l’avais meme pas reconnu!, c’est un collegue qui m’a dit que c’etait un ancien grand footballeur, et à dire vrai j’ai continué à regarder la vue 🙂

        Il y a 25 ans, j’etais tres loin d’avoir interet pour l’histoire du jeu, c’est en Afrique centrale que ça m’est venu, bref : pas echange un traitre mot avec lui, tout au plus le souvenir d’un vieux beau.

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    1. Comme Brera, je ne suis pas un admirateur de Rivera en tant que joueur (malgré un indéniable talent), et ses comportements de diva m’horripilent. Mais je dois reconnaître qu’il a dû surmonter de nombreux obstacles, notamment durant la 2e partie de sa carrière, et que sa force de caractère est digne de respect.

      Avec le Milan, quand en effet le club perd de son influence en coulisses (le départ de Gipo Viani fut une grande perte sur ce plan) et subit la mainmise de l’Inter puis de la Juve où sévit Allodi. Les titres bianconeri du début des 70es sont associés à de sévères polémiques arbitrales… La présidence d’Albino Buticchi et la nomination du coach Giagnoni signifient également la fin de sa « dictature ». Il se heurte notamment à Romeo Benetti, capitaine durant l’absence prolongée de Rivera durant la phase de conflit avec Buticchi.

      Quand Rivera obtient la tête de Buticchi avec le soutien de la presse, il annonce son souhait de prendre la présidence et entamer une grande réforme. Mais pour cela, il faut d’abord acquérir les parts du Milan. Rivera n’a pas les moyens et se trouve alors dans la panade financièrement. C’est son ami Vittorio Duina qui vient à son secours puis Felice Colombo, enterrant le projet.

      Avec la Nazionale, où les techniciens sont bien ennuyés avec un joueur talentueux mais avare d’efforts, il est mis en minorité en 1970 quand son chien de garde Lodetti est contre toute attente non sélectionné pour le Mexique. La suite est connue avec la mise en concurrence avec Mazzola et les miettes accordées en finale au Golden boy, pourtant décisif lors de son entrée en jeu lors de la demi-finale contre la RFA.

      Je ne sais même plus pourquoi j’écris ça… Bref, selon qu’on l’admire, on le trouve doué mais fainéant, courageux ou casse-couilles !

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      1. C’est à Toulouse, donc? Et d’inspiration Jean Raspail (lequel ecrivain vaut selon moi mieux que ce pourquoi on l’ereinta)?

        Pendant des annees, un de mes contacts pros les plus frequents fut un diplomate (au sens strict) de..l’ordre des Hospitaliers, on trouve de tout, oui.

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      2. Tu connais l’histoire, je suppose ? J’en ai déjà parlé, je crois. De Tounens, un illuminé français, avait entrepris de défendre les Mapuches contre les Chiliens et les Argentins au 19e siècle. Il s’était autoproclamé roi de Patagonie et d’Araucanie et avait promis aux Indiens de leur livrer des armes en provenance de France pour se défendre. Evidemment, il n’y est pas parvenu et est mort dans la misère. Jean Raspail, l’écrivain vénéré par l’extrême droite, a raconté son histoire dans les années 1970 (un bon bouquin). De là est né une sorte de jeu consistant à obtenir la nationalité Patagonne en mémoire à de Tounens via une demande formulée à un pseudo consulat d’Araucanie et Patagonie à Paris.

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      3. Oui, juste à côté du Jardin des Plantes où nous allons souvent avec ma gamine. J’habite à 10 minutes à pied.

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      4. Il y a 5 trucs qui m’ont sauvé de la deshydratation/inanition dans ta belle ville : ce parc-là, les musees (Augustins + un truc voué à l’art contemporain en rive gauche), la grande piscine sur une île à côté du Stadium, le velo sous les ombrages du canal du Midi..et bien sûr la bibine (souvenir en particulier d’une rue, d’evidence estudiantine, quelque part entre Saint-Sernin et la Daurade).

        J’ecris de tête! Mais cette chaleur m’avait marqué, je dois etre dans le bon!

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      5. Je..croyais la connaitre, merci pour les details, Verano.

        Elles sont pas mal du tout, ces petites phrases de ton homme d’eglise, j’aime beaucoup.. Il vole incontestablement la vedette à Rivera ici, pour moi une tres belle decouverte.

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  2. La photo mise en avant : me suis d’abord demandé ce que tu allais faire d’une photo avec Philippe Gildas et Gilbert Montagné??

    Se pourrait-il que le dirigeant Rivera fût saboté dans son projet de socios à l’italienne? Ou ce projet mourut-il tout bêtement de sa belle mort?

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  3. Le seul prêtre espagnol que je connais est Juan Manuel Basurko, un basque, qui fit sensation avec Barcelona Guayaquil, en battant la grande équipe d’Estudiantes. Il était en mission en Amérique du Sud.
    La nuit où le père Basurko a touché le ciel https://www.mundodeportivo.com/futbol/20210429/493477049024/juan-manuel-basurco-bazurko-basurko-futbol-libertadores-estudiantes-de-la-plata-barcelona-guayaquil-ecuador-cura-padre-1971.html

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    1. Il n’y aurait pas eu tant de curés que ça, dans le foot de la tres sainte-Espagne?

      Y en a eu quelques-uns dans le foot belge, dont l’architecture et les problemes me paraissent au fond avoir été assez voisins de l’italien. J’ai jadis pas mal evoqué par exemple le chanoine Dessain, qui apres avoir ete international presida meme notre fede au mitan du XXeme siecle..mais il y en eut d’autres!, peut-etre brosserai-je un jour le portrait d’un footballeur-curé limbourgeois des annees 1970 ; comme dans le sujet present, il y a des choses à dire qui depassent le cadre du cabinet des curiosites.

      Au passage, question pour Verano : Padre Eligio tapait-il dans le ballon?

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      1. Certainement mais j’ignore tout de la relation entre eglise et foot espagnol…

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      2. Padre Eligio tapait plutôt dans la caisse.

        Pourquoi fut-il finalement blanchi ? Certains articles de presse prétendent qu’il a bénéficié d’un non-lieu grâce au Roi du grain, Ambrosio. Ce dernier aurait menacé de révéler les compromissions de politiciens et face à l’ampleur du scandale, les procédures se seraient opportunément éteintes, ce dont aurait profité Padre Eligio et son frère. Pas improbable tant les affaires sans suite furent nombreuses à l’époque.

        Pour la défense de Padre Eligio, il était à l’époque engagé dans une sorte de tourbillon et il imaginait créer des centres de désintoxication partout dans le monde. La folie des grandeurs l’avait atteint et il avait besoin de financements sans cesse plus importants. Rien ne prouve qu’il ait agi à des fins d’enrichissement personnel même s’il aimait vivre dans des cadres luxueux.

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  4. Un dernier mot sur l’homme politique. Appartenir à la DC dans les 70es et les 80es, c’était se ranger dans le camp des puissants mais comme je pense l’avoir expliqué, Rivera avait été éduqué dans la religion, le conformisme et cette inclination était presqu’inscrite dans ses gènes. A travers ses propos et certains de ses actes, il a promu les valeurs racines de la DC, notamment en refusant la dictature de l’argent facile. Cela peut prêter à sourire quand on connait le dévoiement de la DC au fil du temps mais son discours n’a jamais varié, même après la disparition de la Baleine blanche.
    Dans les faits, il s’est d’emblée opposé à Berlusconi, ce qui lui a valu de s’éloigner du Milan quand ce dernier a pris la présidence.

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  5. Rivera, en matant les matchs d’archives, ne m’a pas déçu, faut pas exagérer, mais ne m’a pas complètement épaté. Je n’ai peut-être pas regardé les bons matchs mais je l’imagine mal dominer dans une autre époque que la sienne. Alors que quand tu mates des Pele, Eusebio, même un Charlton, tu sens qu’ils ont de la marge. Avec un entraînement adéquat, Pele ou Eusebio auraient tout explosé dans les années 80, aucun doute. Pas le même poste evidemment…

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    1. Tu as raison : Rivera était lent, statique et ne défendait pas. Il comptait sur son œil et sa qualité de passe. Un meneur dont le jeu correspondait à ceux des Sud-américains désespérément lents (Maschio par ex). Un profil atypique pour l’Italie dont les milieux étaient plutôt physiques, coureurs et/ou combatifs. Tout ce que n’était pas Rivera et qui horripilait Gianni Brera. Dans la génération suivante, Antognoni avait réussi à conserver cette facilité à diriger le jeu mais avec une dimension un peu plus dynamique qui suffisait à ne pas le faire passer pour une diva attendant les ballons.

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      1. Et cependant : c’est par dizaines qu’il a tourné en bourriques des cyborgs anglo-saxons – ce que je trouve assez jouissif, malgré mon inclination pour le football anglais. A quoi bon avoir deux fois plus de muscle, si le type en face peut d’un coup d’oeil effacer ou prendre 2-3 joueurs à contre-pied?

        Sinon, oui : ses contemporains Charlton, Eusebio et Pelé appartiennent à une toute autre forme de modernité, c’est effectivement criant.

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