Markus Piekarski, le premier joueur polonais à évoluer au Brésil

Mariusz Piekarski, dit Markus, naît le 22 mars 1975 à Białystok, une ville sinistre du nord-est de la Pologne. Il grandit dans un milieu modeste. Son enfance est marquée par la passion du football. Très jeune, il tape dans le ballon dans les rues de son quartier, puis rejoint l’école de football du Jagiellonia Białystok, le club local. À 17 ans, il fait ses débuts professionnels en Ekstraklasa, la première division polonaise, avec Jagiellonia. Il y joue sept matchs et marque un but. Son talent attire rapidement l’attention de clubs plus ambitieux. Il est très technique, très élégant et légèrement nonchalant.

Piekarski signe en 1993 au Polonia Gdańsk, club de division inférieure. Il s’y impose comme titulaire et contribue, deux ans plus tard, à la montée du club en seconde division. Remarqué pour sa technique et sa vision du jeu, il revient en première division en 1995 avec Zagłębie Lubin et fait ses débuts avec l’équipe nationale olympique de Pologne. Cela sera déterminant pour la suite.

En 1996, lors d’un tournoi olympique, il est repéré par l’agent sud-américain Juan Figer. Ce dernier organise son transfert, avec celui de son ami Krzysztof Nowak, au Clube Atlético Paranaense. Les deux deviennent ainsi les premiers joueurs polonais de l’histoire du championnat brésilien. Ce départ improbable change tout. Piekarski découvre un autre monde, un autre football… Il apprend le portugais et fait une rencontre qui va bouleverser sa vie, celle de Kelly Vieira, journaliste et Miss Brésil 1995. C’est le coup de foudre. Malgré le fait qu’il soit déjà marié en Pologne, il épouse Kelly au Brésil en 1997, sans avoir divorcé officiellement de sa première épouse. Ce mariage le mettra plus tard au cœur d’un scandale judiciaire. En 1997 Il est recruté par Flamengo, un des clubs les plus prestigieux du Brésil. Il joue brièvement avec Romário, légende du football brésilien, et évolue ensuite brièvement au Mogi Mirim, club plus modeste. Sur le plan personnel, il goûte à la célébrité locale grâce à son mariage avec Kelly, figure médiatique si l’en est. A l’été 1998, Il quitte néanmoins le Brésil pour tenter sa chance en Ligue 1 française, au SC Bastia. Le club corse est qualifié pour la Coupe Intertoto. Il dépense une somme record pour lui mais les blessures freinent le Polonais. 13 malheureuses apparitions, sans jamais s’imposer… Si il est un remarquable meneur de jeu, son physique n’est pas du tout opérationnel.

En 1999, il revient dans son pays natal et signe au Legia Varsovie, l’un des plus grands clubs polonais. Il y trouve enfin la stabilité et devient un joueur clé de l’effectif, remportant en 2002 le championnat et la Coupe de la Ligue. En parallèle, il obtient sa deuxième et dernière sélection en équipe nationale (la première avait eu lieu en 1998). ll rejoint par la suite le club chypriote de Anorthosis Famagouste à l’été 2002. Là-bas, il est victime d’une grave blessure à la cheville. Déjà opéré deux fois des ligaments croisés, il est contraint de mettre un terme à sa carrière en 2003, à 28 ans seulement.

De retour en Pologne, il fait la une des journaux. Non pour son football, mais pour sa vie privée. Un tribunal de Cracovie l’inculpe pour bigamie. Il avait en effet épousé Kelly Vieira sans avoir divorcé de sa première femme. Le scandale est retentissant. Il ne revoit plus sa femme brésilienne et finit par reprendre contact avec son ex-femme polonaise. Discret pendant un temps, il se reconvertit comme agent de joueurs en 2004 et utilise son réseau pour nouer des contacts au Brésil, en Pologne et en Corse et en France. Il crée sa propre société de représentation de joueurs en 2006, l’agence Unidos. Tout un programme… Il y développe des partenariats avec des clubs, détecte de nouveaux talents et facilite l’arrivée en Pologne du Brésilien Roger Guerreiro. Celui-ci obtiendra plus tard la nationalité polonaise et jouera pour la sélection nationale.

Dans les années 2010, Il devient un agent influent sur la scène polonaise. Actif et respecté, il gère notamment les transferts de Kamil Grosicki, Ariel Borysiuk ou Maciej Iwański. Connu pour ses relations solides au Brésil et pour son rôle de mentor auprès des jeunes joueurs, il intervient également régulièrement comme consultant dans la presse polonaise. Markus Piekarski vit aujourd’hui entre la Pologne et l’étranger. Il est toujours à la tête de son agence. Son parcours atypique – premier joueur polonais au Brésil, football, saison au SC Bastia, blessures, scandale, reconversion – en fait une figure singulière du football polonais. Il reste marqué par ce que le Brésil lui a appris : la technique, l’improvisation et les leçons de la vie.

Robert le Bruce pour pinte2foot !

7 réflexions sur « Markus Piekarski, le premier joueur polonais à évoluer au Brésil »

    1. Pas mieux, jamais entendu parler. Et pourtant je vivais en Pologne et j’ai même dû le voir jouer régulièrement puisque j’avais mes habitudes au Legia. Et cependant voilà un nom qui ne me disait décidément (plus?) rien.

      Pour la bigamie, il est allé à bonne école au Brésil………….ou a fait des émules, car Ronaldinho ce fut quand même rigolo aussi. J’avais quitté le pays quand son affaire éclata en Pologne, mais je n’avais jamais vu un coin du monde où la religion gardât un tel pouvoir ; ils ont dû devenir fous sur Radio Maryja, crénom..

      Bialystok, sinistre? Je me rappelle y être passé deux fois, dont arrêt en allant voir les fameux bisons de la forêt de Bialowieza, et j’ai le souvenir d’un (très) petit centre non-dénué d’attraits, mais hormis cela c’était effectivement l’image d’Epinal hélas propre à tant de villes polonaises : des petites barres HLM moroses..mais beaucoup de parcs et de verdure aussi, comme souvent. La saison fait beaucoup dans ce genre de villes, aux beaux jours c’est plutôt agréable.

      C’est déjà une autre Europe, ce coin Nord-Est de la Pologne. Méprisé mais vraiment dépaysant. Il y a une grosse génération en tout cas, les grands espaces y restaient peu communément rois. Mais je ne doute pas que la région des lacs de Mazurie ait fort changé depuis, le tourisme doit y être beaucoup moins artisanal désormais. J’avais plutôt bien aimé Olsztyn aussi.

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    2. Pour avoir fait la mise en page du texte de Bob, je peux vous dire que les photos de Piekarski ne sont pas nombreuses. Mais son nom me disait quelque chose du temps de Bastia. Mais il n’est pas sur la photo.

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      1. T’aurais pu mettre une photo de Mrs Kelley Vieira tenant le micro, dis : y en a plein!

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  1. Robert parle de Roger Guerreiro qui jouera pour la Pologne mais je me souviens bien du Nigerian Emmanuel Olisadebe qui avait été décisif pour le retour de la Pologne au Mondial 2002, 16 ans après le Mexique. J’ignore si son intégration avait été bien accueillie…

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    1. En 2002 : pas souvenir qu’il s’en prenait encore plein la tronche, sa présence faisait débat sociétal mais le rejet qu’avait initialement manifesté une certaine frange des tribunes avait globalement pris fin.

      Pour tout dire, avec le sauteur à ski Adam je-sais-plus-comment : Olisadebe était même devenu LA grande figure du sport polonais ; y en avait globalement que pour ces deux-là.

      Avant cela : pas vécu live..mais il en avait bavé, ça c’est certain.

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