Un siècle de portiers : les années 1990 (2nde partie)

Première Ligue des Champions, Première Coupe du Monde, Premier titre du RC Lens, le football français était au sommet malgré France-Bulgarie, Bernard Tapie et Footix (encore lui !). Revenons à notre sujet : le football français s’était trouvé enfin des gardiens, malgré Lionel Letizi à Moscou. Ne quittez pas, vous êtes toujours dans les années 1990.

(Première partie disponible ici)

5. Fabien Barthez

Après Bernard Lama qui clôturait la première partie, la seconde s’ouvre comme en miroir par Fabien Barthez. Les années 1990 marquent un tournant pour le football français et au poste de gardien, elle a deux pointures internationales. Barthez vient du Sud-Ouest, d’une terre de rugby. Il s’essaie lui-même dans les deux sports dans son adolescence. Au poste de gardien, il trouvera un compromis entre les pieds et les mains.

Car Fabien Barthez c’est en grande partie les Bleus. Dans l’ombre de Bernard Lama jusqu’en 1997, il fait ses preuves sur et en dehors du terrain aux yeux d’Aimé Jacquet et de l’entraîneur des gardiens Philippe Bergeroo. Ces deux derniers finissent par faire leur choix : leur confiance se porte sur Barthez plutôt que Lama qui était plus expérimenté, mais moins souverain depuis un an. Entre 1998 et 2002 le « Divin Chauve » fait le bonheur du pays. Barthez c’était un gabarit réduit, moins d’1 mètre 80, mais rapide dans ses sorties et explosif sur sa ligne, un sens de l’anticipation et de bons réflexes. Un style agrémenté de sorties acrobatiques et d’une personnalité quelque peu excentrique. Il avait surtout un bon pied gauche, une excellente relance et pouvait lancer le jeu de son équipe rapidement. Enfin, son charisme et son âme de leader lui assuraient autorité sur sa défense et au sein du vestiaire.

Il rejoint le centre de formation de Toulouse avec lequel il débute en Première Division. Espoir au poste, il est recruté par l’Olympique de Marseille en 1992 à 21 ans. Malgré la présence de Pascal Olmeta, le jeune Barthez, qui avait encore des cheveux, s’impose au fur et à mesure, malgré quelques passages à vide où resurgit la menace du Corse. Une blessure d’Olmeta laisse définitivement le champ libre pour le jeune gardien. Une première saison de feu dans le club devenu la place forte du football hexagonal depuis quelques saisons. L’apothéose des années Tapie survient le 26 mai 1993, l’Ohème remporte la première C1 de France. Et c’est le jeune Barthez qui garde la cage olympienne pour la finale de la Ligue des champions face au Milan AC. Mais l’affaire VA-OM éclate et les magouilles de Bernard Tapie dévoilées noircissent les belles années du club et l’entraînent dans la tourmente. Barthez continue d’assurer dans les buts, même en D2 après la relégation administrative du club. En 1995, le gardien, qui a fêté sa première cape internationale un an après son sacre européen, reste sur les rivages méditerranéens et prend la direction du paradis fiscal monégasque. À l’AS Monaco, ses débuts sont compliqués par les blessures et un contrôle positif au cannabis qui entraîne une suspension. Mais ayant la confiance de Jean Tigana et de Jean-Luc Ettori, il revient en grâce et en grande forme avec Monaco. Il devient Champion de France en 1997 avec le brassard de capitaine. Avec le club du Rocher, il remporte un second titre national en 2000, mais sa relation avec l’entraîneur Claude Puel se dégrade sur la fin, et il file à Manchester United. A ce moment-là, Barthez est au sommet de sa carrière, parmi ce qui se fait de mieux à son poste. Avec Monaco, il conclut son cycle avec deux titres en D1 et de beaux parcours en Coupe d’Europe. Surtout, il est le gardien titulaire et imperturbable de la sélection championne du Monde et d’Europe en titre.

Lors du Mondial 1998, Barthez est impeccable derrière une défense imperméable seulement trompée par la Croatie dans le jeu et auparavant sur un penalty des Danois au premier tour. Le gardien français se montre décisif en quart avec l’arrêt du tir au but d’Albertini, quelques parades spectaculaires pendant la compétition et une sortie kamikaze face à Ronaldo en finale. Champion du monde 1998, il est propulsé dans une nouvelle dimension. Avec son crâne embrassé par Laurent Blanc, qui devient l’une des images de cette France 98, il réhabilite les chauves et rend classe les « boules à Z ». Populaire et décontracté, il fait la une de la presse people et des pubs télé, une Barthez mania de quelques mois. Les Bleus enchaînent avec l’Euro 2000. Une nouvelle fois, Barthez répond présent dans les moments chauds et rend une copie parfaite contre le Portugal et l’Italie.

Alors que l’Equipe de France est grande favorite pour le Mondial asiatique, l’aventure tourne court. La Bérézina totale. Trop de confiance et une deuxième étoile fêtée et chantée trop vite par Johnny, ont masqué les véritables problèmes de fond d’une équipe qui s’essouffle et est au bord de la rupture après quatre ans de tournée mondiale. L’« EdF » s’écroule, même si le gardien des Bleus n’aura pas grand-chose à se reprocher sur le terrain, il maintient même la France « en vie » face à l’Uruguay au second match. Mais il n’y aura aucun miracle au troisième face au Danemark, malgré le retour tant espéré de Zizou.

Une saison auparavant, Barthez avait traversé la Manche pour devenir Fabulous Fab’. Mais son passage restera contrasté avec Manchester United. Le club mancunien cherchait le successeur de Peter Schmeichel, n’avait sous la main que Mark Bosnich et Raimond van der Gouw, et s’était fait arnaquer avec Massimo Taibi. Le recrutement de Barthez, considéré comme l’un des tous meilleurs gardiens du monde à ce moment-là, devait mettre fin à cette année d’errance au poste. Il se montre irrégulier et ne fait pas l’unanimité, ses bonnes performances sont trop aléatoires. Les critiques s’élèvent, Barthez est coupable de boulettes et d’erreurs évitables, indignes de son standing. Au point que Sir Alex Ferguson le met sur le banc à l’issue de la saison 2002-2003. Devenu remplaçant, il cherche une porte de sortie.

Il décide de rentrer à Marseille. Après des revirements administratifs de l’UEFA et plusieurs mois sans jouer, il renfile les gants avec le club phocéen. Sa demi-saison olympienne est marquée par le parcours de l’OM en Coupe de l’UEFA emmené par Didier Drogba. Mais Barthez craque en finale contre le FC Valence et se fera expulser par un compère chauve. Impulsif, il dérape quelques mois plus tard, en crachant sur un arbitre lors d’un amical contre le WAC Casablanca. Finalement, Barthez s’offre un dernier baroud chez les Bleus. Après sa suspension, il revient en équipe de France et supplante Gregory Coupet pour être titulaire au Mondial 2006. Il devient un pilier de la résurrection française entamée à Hanovre contre l’Espagne et qui s’achève quelques jours plus tard à Berlin conte l’Italie.

4. Michel Preud’homme

Quel goalkeeper fut élu « Meilleur gardien de la Coupe du Monde 1994 » ? Pagliuca, Taffarel, Ravelli, Illgner ou De Goey ? Eh bien non, aucun de ceux qui atteignirent à minima les quarts de finale. C’est le Belge Michel Preud’Homme qui remporta le premier « Trophée Lev Yachine ». Ce dernier avait déjà 35 ans et avait bien roulé sa bosse dans la décennie précédente.

Preud’Homme est né sur les rives de la Meuse, dans la banlieue de la Cité Ardente. Tout naturellement, il fait ses débuts avec le Standard de Liège. Dans les buts liégeois, il prend la suite de l’emblématique Christian Piot. Le début de la décennie des années 1980 est marquée par des succès pour les Rouches, sous les ordres successifs de deux immenses entraîneurs, Ernst Happel et Raymond Goethals. Le club wallon gagne deux titres nationaux, mais perd douloureusement une finale de C2 contre le FC Barcelone en 1982. Mais les affaires rattrapent le club, le scandale « Standard-Waterschei » éclate. Preud’Homme fait partie des condamnés et doit purger une suspension. À son retour, il ne récupère pas sa place, se faisant déloger par Gilbert Bodart qui se montra tout autant décisif et plus sûr. Preud’Homme rejoint donc le FC Malines en 1986. Là-bas, il enchaîne trois premières saisons fastes autant pour lui que pour le Malinwa : une Coupe des vainqueurs de coupe (1988) en battant l’Ajax Amsterdam et un titre de Champion l’année suivante (1989) devant les habituels mastodontes du foot belge. Le club malinois n’avait plus été champion depuis plus de 40 ans et se paye même une Supercoupe d’Europe devant le PSV Eindhoven.

Une fin de décennie 1980 radieuse pour le portier qui s’affirme comme l’un des meilleurs gardiens de ces années-là et qui accumule les récompenses individuelles : plusieurs fois élu meilleur gardien de son pays, deux fois Soulier d’Or (1987 et 1989) et des nominations au Ballon d’Or. Sur le terrain, Preud’Homme est solide sur sa ligne, souvent bien placé et rapide dans ses mouvements pour réaliser des arrêts réflexes décisifs, et fait le spectacle avec des parades spectaculaires. Un de ces atouts était ses longs et puissants dégagements au pied qui pouvaient se transformer en passes décisives. Preud’Homme était aussi un redoutable compétiteur avec son tempérament de combattant et de gagneur. Sa personnalité fantasque et son style ne passaient pas inaperçu non plus, avec sa longue crinière chevelue, son sourire télégénique et ses tenues flashy.

Il avait débuté chez les Diables Rouges en 1979, mais était resté derrière Jean-Marie Pfaff une bonne partie de la décennie 1980. Devenu titulaire en équipe nationale au moment où il connaît la gloire au FC Malines, sa première compétition internationale en tant que numéro un avec la Belgique est la Coupe du Monde 1990. Mais c’est aux États-Unis qu’il réalise un tournoi mémorable pour de nombreux observateurs, primé par une récompense individuelle. Ce qui reste assez discutable. Non pas que Michel ait été mauvais, même très bon, mais il la doit surtout à un match : sa grande performance en poule contre les Pays-Bas. Preud’Homme réalise un festival d’arrêts, avec la chance de son côté, permettant aux Belges de l’emporter sur leur voisin 1-0. La Belgique s’arrêtera dès les huitièmes, battue par les Allemands (3-2), avec un bon match de Preud’Homme malgré l’élimination. Bien souvent, il suffit de claquer une performance mémorable pour obtenir un trophée individuel et on peut dire que le jury de P2F a lui aussi été un peu abusé par le Mondial 94 pour le hisser au pied du podium. Après ce Mondial, le gardien belge a poursuivi sa carrière au Portugal et réalisa cinq saisons au Benfica Lisbonne. Là-bas, il continua d’enchaîner les prouesses et devint pour les fidèles des Águias « Saint Michel ».

3. Bodo Illgner

La carrière de Bodo Illgner a commencé comme une success story. Grand espoir à son poste, il s’installe comme portier titulaire à 20 ans au FC Cologne en 1987. Il a la lourde mission d’assurer la succession du légendaire Harald Schumacher. Produit du centre de formation, il se montre fiable et performant dans les buts des Boucs. À la fin des années 1980, le club rhénan monte sur le podium trois fois de suite avec le jeune Illgner dans ses cages, 3e à l’issue de cette saison 1987-1988, et deux fois vice-champion d’Allemagne en 1989 et 1990, derrière l’ogre bavarois, le Bayern Munich. Ses bonnes performances avec Cologne amènent rapidement le tout jeune gardien en sélection nationale où il impressionne pour son âge. Il devient le numéro un de l’Allemagne réunifiée à l’entame du Mondial italien, à 23 ans et avec toute la confiance du Kaiser Franz Beckenbauer.

Bodo Illgner tiendra toutes ses promesses lors de ce Mondial. Bien aidé par une défense solide, il fait le job et se met en évidence notamment en demi-finale contre l’Angleterre. En sortant le tir au but de Stuart Peace, qui balança un parpaing plein centre sur Illgner, il donne l’avantage à son équipe, avant que Chris Waddle expédie le sien au-dessus du but, qualifiant l’Allemagne. Contre l’Argentine en finale, il passe une soirée assez tranquille, il est très peu inquiété. Le jeune Illgner a fait preuve d’une grande maturité à ce niveau, il a été impeccable tout au long du Mondial. Dans un tournoi défensif et fermé, où la moindre erreur était fatale, il ne fallait surtout pas faire de fautes, rester concentré et être maître de sa défense : alignement, placement et marquage, il commanda sa ligne défensive avec autorité. Pendant 10 ans, il va être le gardien de Cologne. Aucun trophée remporté malgré des places honorables en Bundesliga et une finale perdue en Coupe d’Allemagne en 1991 contre le Werder Brême. Reconnu comme le meilleur gardien allemand de sa génération et du championnat au tournant des décennies 1980-1990, il est élu 4 fois consécutivement meilleur gardien allemand de 1989 à 1992. Il est même nommé meilleur gardien européen en 1991. En sélection, l’Allemagne perd une finale contre toute attente à l’Euro 1992 face à la surprise danoise. Un nouvel échec lors du Mondial 1994 et l’élimination par la surprenante, et excellente, Bulgarie en quart de finale. A la suite de quoi, Bodo Illgner met un terme à sa carrière internationale à seulement 27 ans.

Après avoir joué le maintien avec Cologne, quelque peu critiqué et en perte de vitesse, il file en Espagne. Il rejoint le Real Madrid en 1997. Il s’y refait la cerise et est capital dans la Liga remportée en 1997 par le club merengue. Sa seconde saison est plus irrégulière et clairsemée, car il est mis en concurrence avec Santiago Cañizares et perd sa place une bonne partie de la saison. Mais Illgner retrouve un statut de titulaire pour la fin de saison et remporte la Ligue des champions 1998. Titulaire en finale contre la Juventus Turin, et sous les ordres de son compatriote Jupp Heynckes, le Real Madrid regagne la « Coupe aux grandes oreilles » plus de 30 ans après son dernier sacre. La saison suivante sera décevante pour Illgner ainsi que pour le club madrilène qui prend l’eau défensivement. C’est le jeune Iker Casillas qui le relègue définitivement sur le banc au passage du nouveau millénaire. D’autant que les blessures de Bodo le poussent vers la retraite. Après une dernière saison blanche, il ne se fait pas de vieux os et met un terme à sa carrière en 2001.

2. José Luis Chilavert

Sous un soleil de plomb ce dimanche 28 juin 1998, la France affronte le Paraguay au stade Félix Bollaert à Lens. En plein cagnard, la France étouffe et les Bleus se cassent les dents sur la défense paraguayenne et un véritable mur, José Luis Chilavert. Pendant 113 minutes, le gardien est impérial avec sa muraille Arce-Ayala-Gamarra dressée devant lui. Le Paraguay annihile l’équipe de France. Le match est suffocant et la France retient son souffle, la peur au ventre d’être éliminée prématurément de son Mondial. Chilavert repousse toutes les tentatives, lit bien toutes les trajectoires du ballon, concentré durant tout le match. Il réalisait un sans-faute qui mettait au supplice le supporter français. Il était en route pour endosser jusqu’au bout le rôle du bourreau, d’un joueur qui aurait été honni dans toute la France si le rêve des Bleus avait été brisé en ce dimanche. Bref, le 28 juin 1998 aurait pu devenir un nouveau jour terrible pour le football français.

Le Paraguay s’était qualifié au Mondial en finissant second de la zone sudaméricaine, en s’appuyant sur leur robuste défense et leur gardien star. Chilavert était l’un des meilleurs du monde, peut-être même le meilleur tout court. C’est en Argentine qu’il s’était fait connaître au début de sa carrière. D’abord à San Lorenzo dans les années 1980, avant de devenir une icône avec Vélez Sarsfield. Il avait rejoint le Fort de Liniers, après un passage plutôt réussi au Real Zaragoza en Espagne. C’est avec Vélez qu’il s’impose comme l’un des meilleurs gardiens du monde dans la décennie, en même temps que le club devient dominant en Argentine, champion à quatre reprises, et en Amérique du Sud avec la Libertadores 1994, puis la Coupe Intercontinentale la même année. Chilavert est couvert de récompenses individuelles, systématiquement élu gardien sudaméricain N°1 de 1994 à 1999 par le journal uruguayen El País, qui établissait un onze idéal du sous-continent chaque année, et qui faisait autorité dans le milieu. Dominant au poste de gardien, véritable mur et leader sur le terrain, le portier au mental d’acier était aussi bouillant et avait le sang chaud. Personnalité charismatique sur et en dehors du terrain, il multipliait provocations, déclarations fracassantes et altercations avec les joueurs adverses. Enfin, il se faisait aussi remarquer pour ses buts ! Le gardien buteur était un spécialiste des coups francs et pénaltys, ses buts alimentaient les images insolites de Téléfoot. Durant sa carrière, Chilavert est l’auteur de 67 buts.

La France tombait donc sur le meilleur gardien des dernières années. Le Paraguay s’était qualifié en se montrant solide au premier tour, mais sans vraiment briller offensivement et dans le jeu. Les Guaranis se reposaient sur leur défense fermée à double tour, deux 0-0 contre la Bulgarie et l’Espagne. Un exploit tout de même, car les deux équipes étaient favorites sur le papier face au Paraguay. L’Albirroja obtient sa qualification grâce à une victoire 3-1 contre le Nigéria. Les Super Eagles étaient déjà qualifiés et assurés de terminer premier. Dans ce huitième de finale, les Bleus, privés de Zidane, sont pris dans le piège paraguayen. La France domine mais se heurte à un mur. Et en contre, elle peut recevoir un coup de grâce fatal, à l’image de ce face-à-face gagné par Barthez sur l’avant-centre Cardozo. Les minutes défilent et les Paraguayens tiennent bon, les tirs au but se profilent et la France a peur de Chilavert. On imagine déjà le scénario final, le gardien paraguayen terrasse les tireurs français, et rideau, Footix peut rentrer chez lui. Finalement, le miracle se produit et Laurent Blanc délivre tout un peuple. Les Guaranis sont à terre et Chilavert relève ses valeureux guerriers tombés au combat.

Finalement n’étant pas devenu le cauchemar des Bleus, José Luis reviendra même en France à Strasbourg. Avec le club alsacien il remporte la Coupe de France 2001 face à Amiens, où il se charge de transformer le dernier tir au but qui donne la Coupe au club. Mais il n’a pu empêcher le Racing de descendre en Ligue 2 quelques jours avant. Chilavert reste le leader de sa sélection, avec plusieurs kilos en trop et en étant nettement moins dominant. Un dernier Mondial en 2002 de nouveau éliminé en huitième, cette fois-ci par l’Allemagne future finaliste. Il arrête peu de temps après sa carrière sportive, mais toujours aussi grande gueule et provocateur, il continue à faire parler de lui. Son après carrière football est pathétique, que ce soit en tant que commentateur foot ou aspirant homme politique … il va jusqu’à se présenter à l’élection présidentielle de son pays, ayant sombré totalement dans l’outrance et le caniveau politico-médiatique, comme quoi la muraille, une fois percée, s’effondre et laisse tout passer.

1. Peter Schmeichel

Le numéro un des années 1990 est donc le Danois Peter Schmeichel. Un nom de famille que beaucoup de commentateurs sportifs et d’écoliers des cours d’écoles ont eu du mal à prononcer. Son empreinte est intimement liée à l’exploit des vacanciers Danois en 1992 et au renouveau de Manchester United dans le football anglais et européen durant cette décennie.

La carrière de Peter décolle quand il rejoint le nouveau club à la mode de son pays, le Brondby IF, en 1987, ce qui le lance définitivement dans le grand bain du football professionnel à 23 ans. Avec ce club, il remporte 4 championnats nationaux en 5 ans et se montre à son avantage, considéré comme le meilleur gardien de son pays. Il se fait remarquer au-delà des frontières danoises en réalisant une excellente campagne européenne en 1990-1991, atteignant les demi-finales de la Coupe de l’UEFA, éliminé par l’AS Roma. Le gardien danois a effectivement tapé dans l’œil de Manchester United, qui le recrute à l’été 1991. Acheté un demi-million de livres, avec le recul, Alex Ferguson et MU réalisent peut-être l’affaire du siècle pour le club mancunien. Mais avant de s’imposer comme le meilleur gardien de l’histoire du club anglais, Schmeichel va se faire connaître dans tout l’Eurofoot avec la sélection danoise. L’histoire est connue, le Danemark participe à la dernière minute à l’Euro 1992, repêché après l’exclusion de la Yougoslavie… Chez le voisin Suédois, sans préparation, la sélection danoise va réaliser l’exploit. Schmeichel multiplie les prouesses et les arrêts, écœurant notamment les Néerlandais et les Allemands dans le dernier carré, pour mener le Danemark à la victoire finale. Le grand gardien blond est définitivement entré dans le gotha des meilleurs gardiens européens et mondiaux.

Schmeichel va s’imposer comme une référence absolue à son poste durant ses 8 saisons chez les Red Devils. Indétrônable là-bas, il participe activement au retour au premier plan de Manchester United : 5 Premier League et 3 FA Cup, et surtout le triplé historique de 1999 avec la victoire incroyable contre le Bayern Munich en Ligue des Champions. Old Trafford ayant trouvé au cours de ces années un nouveau chouchou et le club son titulaire indiscutable dans les buts et artisan de nombreux succès. Physiquement imposant dans les cages (1m93 et 98 kg d’après sa carte découpée dans je-ne-sais-plus-quel-magazine), The Great Dane restait néanmoins très athlétique, vif et extrêmement mobile sur sa ligne et dans ses sorties. Il était l’auteur d’arrêts réflexes décisifs, notamment à la manière des gardiens de handball, une inspiration de nombreux gardiens nordiques qui usent de tout leur corps et de leurs pieds. À l’instar de son « star jump », son move typique en écartant bras et jambes pour couvrir au maximum les angles sur les tentatives adverses. Schmeichel c’était aussi un formidable compétiteur et une forte mentalité de gagneur, il pouvait prendre le dessus psychologiquement sur les attaquants adverses et les intimider par son physique, son regard, sa gestuelle et sa grande gueule sur le terrain. Et il aimait mettre la pression chez son collègue adverse avec son physique de viking quand il fallait arracher un but. Il n’hésitait pas à monter sur les corners de la dernière chance. Comme sur l’égalisation de Teddy Sheringham en 1999, il avait mis la pression sur la défense adverse ; ou même finir en but, comme en Coupe de l’UEFA contre le Rotor Volgograd en 1995, un match dans lequel Schmeichel est buteur de la tête.

Il choisit de partir en 1999 sur une victoire en Ligue des Champions, avec une prestation décisive au Camp Nou, bien aidé par ses montants, synonyme d’un triplé historique. Il part pour Lisbonne et remporte le Championnat avec le Sporting CP. Il finira par deux piges en Angleterre, l’une à Birmingham à Aston Villa et une autre beaucoup plus polémique chez les rivaux Skyblues, qui sera mal vécue par quelques uns de ses anciens coéquipiers. D’ailleurs son fils Kasper sera formé par City et commencera sa carrière avec le club de Maine Road. Incontournable et très complet, Peter Schmeichel a marqué sa décennie. Dans les années 1990, il a été couvert d’éloges et de récompenses individuelles à plusieurs reprises, que ce soit comme meilleur gardien du Danemark, de Premier League, d’Europe, du Monde.


Le classement complet

  1. Peter Schmeichel

2. José Luis Chilavert

3. Bodo Illgner

4. Michel Preud’homme

5. Fabien Barthez

6. Bernard Lama

7. Andreas Köpke

8. Gianluca Pagliuca

9. Oscar Cordoba

10. Claudio Taffarel et Edwin Van der Sar

12. Vitor Baia

13. Thomas Ravelli

14. René Higuita

15. Sebastiano Rossi et Sergio Goycochea

17. Bogdan Stelea et Oliver Kahn

19. Dida et Jorge Campos

3 réflexions sur « Un siècle de portiers : les années 1990 (2nde partie) »

  1. Peu à redire sur le classement dans son ensemble. On espère tout de même voir van der Sar, qui mérite mieux sur l’ensemble de son œuvre, dans le Top des années 2000. En ce qui concerne Bodo Illgner, beaucoup de ses choix ont été influencés, voire davantage (je n’ai pas étudié la question de près), par sa femme Bianca qui gérait sa carrière avec un sens des affaires digne de J.R. Ewing.

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  2. Ah, malgré les réserves que j’ai déjà exprimées sur lui, je le trouve à sa place, Preud’Homme.

    C’est quand même un meilleur gardien qu’un Barthez ou qu’un Pagliuca. Mais, oui : bien que ce fût la grande promesse belge de son temps (bien plus qu’un Pfaff!!! et que dire de Bodart jusqu’à ce qu’il fût jeté dans le grand bain, il venait d’encore plus loin celui-là!), il aura mis dix ans à s’affirmer vraiment comme un grand, gommer certains points faibles, il fallut le temps..et surtout il aura bien été aidé par la défense de mammouth cornaquée devant lui par l’excellentissime libéro Clijsters (Emmers, Versavel quand il joua wing-back, Albert, Rutjes.. ==> Sur les qualités défensives pures, c’était du très très lourd).

    Oui, c’est sur ce match face aux Pays-Bas qu’il remporte ce prix à la con (je n’en reviens pas que Zenga l’ait si souvent remporté), alors que, regardez le match, la Belgique n’a pas moins d’occasions franches que les Pays-Bas, c’est vraiment de la narrative journalistique tout ça, avec des images d’Epinal [Belgique défensive] Vs [Pays-Bas offensifs] qui ce jour-là ne matchaient toutefois pas vraiment avec le réel : match ouvert des deux côtés, mais bon.. c’est plus vendeur de présenter ça comme un affrontement binaire Preud’Homme Vs Bergkamp, hein.

    Dans un coin de ma tête, je garderai toujours à l’esprit que ce prix fut aussi une façon d’éteindre la colère bien légitime (et officielle!!!, car la fédération belge déposa ses réserves..avant de les retirer curieusement) des Belges après l’entubage subi en 1/8èmes face à l’Allemagne : un but allemand entaché d’une faute grossière.. un rouge allemand non-sifflé.. un péno non-accordé aux Belges.. ==> Ca fait beaucoup dans une rencontre qui se termine sur le score de 3-2, et pour un arbitre……….suspendu à vie quelques années plus tard pour faits de corruption..

    Je n’aime vraiment pas Schmeichel mais, oui : très fort, rien à redire. Pas sûr d’avoir le tiercé dans le désordre, mais ces trois premiers (et je dirais même quatre) me paraissent difficilement contestables.

    Waddle vient de fêter ses 65 ans, l’occasion de se remémorer ce geste face à Illgner..dont le reste des interventions vaut plus encore le détour, sa réactivité (en particulier sur les balles basses) était quand même hors-normes.

    https://youtu.be/24nLYPJA6g0?t=70

    J’aime pas le style Van der Sar, je ne trouve pas le gardien aussi extraordinaire que certains classements ne l’affirment. Mais il était bon quand même, et alors ce morphotype, le jeu au pied aussi.. ==> Il avait a minima sa place comme jalon, non? Ceci dit : je crois bien ne pas lui avoir donné le moindre point.. 🙂

    Pas plus que parmi ceux des 80’s, il n’y a 4-5 gardiens des 90’s que j’aurais placés dans les 10 des années 1970, là-dessus je rejoins G-G-G. Mais perso, c’est les gardiens des années 60 qui m’intriguent, je vais essayer d’en voir davantage de ceux-là.

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