Un siècle de portiers : les années 1990 (1re partie)

Tenues flashy, coup du scorpion, Footix, FIFA ou ISS, vous avez entendu en boucle Santa Maradona, Football’s coming home et la Copa de la Vida : vous êtes bien dans les années 1990.

10. Cláudio Taffarel

17 juillet 1994 au Rose Bowl de Pasadena, sous un soleil tapant, Cláudio Taffarel, agenouillé, lève grand les bras au ciel. Roberto Baggio vient d’envoyer un ballon sur Mars. Le Brésil est à nouveau champion du Monde, 24 ans après sa troisième étoile et Pelé, en cabine journaliste, exulte avec sa cravate de commercial aux couleurs de la bannière étoilée. Taffarel avait été décisif quelques minutes auparavant, mettant le Brésil sur orbite, après avoir stoppé la tentative du quatrième tireur italien, Daniele Massaro.

La carrière de Taffarel décolle au milieu des années 1980 quand il rejoint l’Internacional. Le gardien est natif de l’État du Rio Grande do Sul, de Santa Rosa, région agricole largement dominée par l’agro-industrie du soja, où est implantée une solide communauté allemande dont Cláudio en est à moitié issu. Dans la capitale, à Porto Alegre, il sera auréolé du titre de meilleur joueur du championnat brésilien en 1988. Mais malgré plusieurs finales, il ne remporte aucun titre avec le Colorado, ni Championnat national, ni Campeonato Gaúcho. Titulaire avec la sélection pour le Mondial 1990, il rejoint l’Europe durant l’été après qu’on eut jugé bonnes ses prestations individuelles et malgré la défaite contre les Argentins dès les huitièmes. Il débarque à Parme, l’ambitieux promu, repris par Parmalat qui lorgne sur l’immense marché agricole brésilien. La limitation de joueurs étrangers, à trois sur le terrain, contraint l’utilisation de Taffarel. C’était assez rarissime qu’un club européen accorde ce « laissez-passer » à un gardien. L’exigeant et redoutable calcio est impitoyable, Taffarel peine à s’imposer et à convaincre. Après trois saisons, il file à la Reggiana, où il contribue à éviter la relégation au club d’Émilie-Romagne.

Malgré un titre de champion du monde, il se retrouve sans club quelques mois après le Mondial. Parme ne l’a pas conservé. Le tout jeune Gianluigi Buffon vient s’entraîner avec l’équipe première durant l’été 1994 et l’avenir lui appartient. Claudio ne perd pas la foi, puisqu’il trouve refuge dans l’équipe locale d’une paroisse, où il joue comme joueur de champ. Rien ne dit si le très croyant Taffarel était aussi gardien de l’église. Revenu du purgatoire, il rentre sur sa terre promise, à l’Atlético Mineiro après son échec italien.

Il faut dire que Taffarel a beaucoup plus fait l’unanimité chez lui et a bien plus brillé avec la Seleção. Il fut le portier indétrônable de la sélection brésilienne pendant dix ans, remportant les Copas América 1989 et 1997. Un Brésil mécanique, avec une défense bien en place que dirige Taffarel. Il se montrait décisif dans les matchs importants et se transformait en héros lors des séances de tirs au but. De nouveau, lors du Mondial français en 1998, il récidive contre les Pays-Bas en demi-finale dans une confrontation au sommet, la plus belle de ce Mondial. Auteur d’un excellent match, il est encore impérial lors des tirs au but pour doucher les espoirs néerlandais.

Centenaire avec la sélection brésilienne, il s’offre une pige réussie sur les rives du Bosphore au Galatasaray. Il remporte la finale de la Coupe de l’UEFA 2000 avec le club turc, une première pour le pays. Face à Arsenal, il sort une prestation grandiose, avec un arrêt de très grande classe sur une tête de Thierry Henry que tout les Gunners voyaient déjà comme but en or. Taffarel peut compter sur son poteau et sa barre lors des tirs aux buts pour remporter la C3.

Sans être exceptionnel, Taffarel était reconnu pour ses qualités de travail, sa concentration, son sérieux et son professionnalisme. Il apportait calme, assurance et sérénité à sa défense et à son équipe. Un gardien de bon niveau, coupable quelquefois d’erreurs et au jeu aérien défaillant, mais qui pouvait se distinguer par son agilité et être décisif, notamment dans les matchs importants. Les tirs au but étaient devenus sa spécialité grâce à son placement et de bons réflexes avec ses bras à rallonge, bien aidé par une explosivité sur sa ligne, catapulté par ses jambes puissantes. Une force qu’il attribuait à sa jeunesse à jouer au Beach-volley.


9. Óscar Córdoba

On continue ce classement avec un deuxième gardien sudaméricain : le Colombien Oscar Córdoba. Dans le sillage d’un foot colombien en effervescence, Córdoba se révèle définitivement au cours de la saison 1993. Il brille aussi bien à l’América Cali, qu’il vient de rejoindre, après plusieurs saisons sans parvenir à s’imposer et à se stabiliser dans un club. En parallèle, il obtient le poste de numéro un en sélection.

C’est avec cette dernière qu’il se fait connaître internationalement. Il avait pris la suite de l’iconique René Higuita, bien plus célèbre pour son coup du Scorpion à Wembley, en tant que titulaire des Cafeteros. La sélection colombienne impressionnait le football mondial en 1993-1994. La Colombie survola les qualifications sudaméricaines pour le Mondial étasunien. Cordoba joue tous les matchs dans une équipe qui n’encaisse que deux buts. Mais c’est bien ce 5-0 infligé à l’Argentine qui marque la planète foot. Malgré le score fleuve, Córdoba avait sorti le grand jeu, auteur d’arrêts décisifs et écœurant Gabriel Batistuta à plusieurs reprises. Au point que la Colombie se présente à la Coupe du Monde parmi les favoris, mais le tournoi sera une immense désillusion pour la Tricolor qui était en pleine explosion interne.

Au poste de gardien, Córdoba transmettait confiance et sérénité à ses défenseurs. Malgré quelques légères erreurs et flottements durant sa carrière, c’était un gardien très complet. Solide sur sa ligne, avec de très bons réflexes, il avait un jeu au pied de qualité, participant aux phases de relance et de construction de son équipe depuis les bases arrières. Les penaltys et séances de tirs aux buts deviennent son domaine de prédilection, avec sa rapidité et son explosivité sur sa ligne au moment fatidique.

Fort de ses qualités et devenu une référence sur le continent après ses performances avec la Sélection et l’América Cali avec lequel il se hisse en finale de Copa Libertadores 1996, Oscar Córdoba arrive à Boca Juniors en 1997. Avec le club bostero, il enchaîne les succès et les titres, se montrant décisif dans les campagnes victorieuses en Copa Libertadores 2000 et 2001. Il se distingue particulièrement lors des séances de tirs au but, face à Palmeiras en 2000 et 2001 et contre Cruz Azul en 2001. Ses performances lui ouvrent les portes de la gloire à Boca Juniors. Le club argentin conclut son année 2000 au sommet en s’adjugeant la Coupe Intercontinentale. Face au Real Madrid, Córdoba répond présent en multipliant les arrêts. Une nouvelle performance de grande classe. Les deux dernières saisons avec Boca lui ont permis de retrouver sa place de numéro un avec la Sélection, après l’avoir perdue à la suite du Mondial 1994 et avoir passé le suivant en France sur le banc en regardant Faryd Mondragón tenir les buts colombiens.

À nouveau incontournable avec la Colombie en 2000 et 2001, il délivre son ultime masterclass lors de la Copa América 2001. Le premier sacre du pays à domicile. Córdoba impérial termine le tournoi avec zéro but encaissé. Le gardien de but finira sa carrière à Pérouse et à Beşiktaş. Oscar Córdoba fut l’un des meilleurs gardiens mondiaux de sa génération, brillant avec sa sélection et devenu une légende dans un Boca Juniors sur le toit du monde.

8. Gianluca Pagliuca

Après Claudio Taffarel qui a ouvert ce top 10, place à Gianluca Pagliuca l’autre gardien de la première finale mondiale qui s’est terminée aux tirs au but. La Coupe du Monde 1994 avait également vu le portier italien être le premier de sa corporation expulsé dans un match du Mondial, c’était face à la Norvège en poule. Pagliuca avait regagné sa place pour les quarts de finale contre l’Espagne, au sein d’une Squadra Azzurra qui montait en puissance pour atteindre la finale. On aurait pu ne pas voir cette première historique d’une finale aux tirs au but, après que Pagliuca, jusque-là impeccable, a frôlé le pire avec une énorme bévue. Sur une frappe de Mauro Silva vraiment pas dangereuse, il se loupe et dévie le ballon qui tape finalement son poteau et revient dans ses mains. Malgré un arrêt de leur gardien sur la tentative de Márcio Santos, les Italiens s’inclinent finalement.

Pagliuca était à ce moment-là l’un des meilleurs gardiens du monde. Originaire de Bologne, il est formé dans le club Rossoblù, mais prend la direction de Gênes et de la Sampdoria où il débute professionnellement. Devenu titulaire lors de la saison 1988-1989, il participe activement aux plus belles années de l’histoire du club sous les ordres de Vujadin Boškov. Il enchaîne les excellentes performances et la Samp’ empoche les titres, à l’instar du premier, et unique à ce jour, Championnat d’Italie gagné par le club en 1991. Le gardien réalise l’une de ses meilleures saisons et se montre capital dans l’obtention du titre, ce qui sera le seul Scudetto de sa carrière. Pagliuca, qu’on renomme « The Wall », le Mur, est alors l’un des meilleurs gardiens du Calcio, considéré comme le meilleur championnat du monde, et le futur de l’Italie à ce poste. Le portier gagne également plusieurs Coupes d’Italie et une Coupe des vainqueurs de coupe acquise en 1990 face à Anderlecht. En 1992, la Sampdoria atteint la finale de la Coupe des clubs champions. Mais il ne peut empêcher la défaite des siens contre le FC Barcelone – qui avait déjà battu la Samp’ en finale de la C2 1989 –, impuissant face au coup franc victorieux de Ronald Koeman.

Maillot bariolé aux manches retroussées et parfois le col remonté, le style de Pagliuca tapait à l’oeil au moment où le football est devenu de plus en plus télévisuel et marketing. Au-delà de son look très années 1990, il était un gardien de but complet et moderne, notamment pour son jeu au pied de grande qualité, un véritable atout dans un football en transformation. En effet, après un Mondial italien 1990 un peu trop insipide et jugé défensif, le Board de la FIFA introduisit la règle de la passe en retrait. Les gardiens ne pouvaient plus se saisir du ballon avec les mains sur une passe volontaire de leurs coéquipiers. Un changement de règle qui favorisa le jeu au pied des gardiens, même si ce n’était pas nouveau pour eux. Des exemples de gardiens qui sortaient de leur surface et qui participaient à la relance et à la construction du jeu, nous en avons plusieurs exemples dans l’histoire du football, bien avant les années 1990. Mais cette remise au goût du jour du jeu au pied entraîna la diffusion de l’appellation « gardien libéro » pour les qualifier et Pagliuca fut parmi ceux-là, et fut considéré comme l’un des modernisateurs de sa génération. Au delà de ça, Pagliuca c’était aussi des arrêts et des parades spectaculaires, grâce à son agilité et une très bonne détente.

Après son mondial étasunien, il est transféré à l’Inter Milan pour un montant record pour un gardien. Avec le club nerazzurro, il remporte la Coupe de l’UEFA 1998 au Parc des Princes face à la Lazio. Une victoire 3-0 qui lave la défaite de l’année précédente dans la même compétition contre Schalke 04. Pagliuca, qui avait entre-temps regagné sa place en sélection, fut de nouveau le titulaire de la Nazionale pour la Coupe du Monde 1998. L’Italie s’arrête en quarts, éliminée par la France à la suite d’un match étouffant (0-0). Mais une nouvelle fois, la séance de tirs au but brise le rêve italien et Pagliuca n’aura pas réussi à se muer en héros. Il quitte l’Inter Milan lors de l’intersaison 1999, après cinq années et cette seule C3 comme trophée gagné malgré tout le fric injecté par son président Moratti. Le club ayant signé Angelo Peruzzi, son rival numéro un, venu de la Juventus Turin dans les bagages de Marcelo Lippi, nommé nouvel entraîneur du club. A 32 ans, Pagliuca rejoint son club de cœur, Bologne. Il y reste plusieurs saisons, mais finit par descendre. Il reste fidèle au club et joue une dernière saison en Serie B avec le club. Il termine définitivement avec une ultime pige en Serie A avec Ascoli pour conclure une carrière de près de 600 matchs dans l’élite italienne. 592 pour être exact, ce qui était le record pour l’époque, il avait dépassé la légende Dino Zoff.

7. Andreas Köpke

Longtemps cantonné à un rôle de doublure en sélection nationale, derrière son rival Bodo Illgner, Andreas Köpke connaît la consécration à 34 ans à l’Euro 1996. Titulaire pour la première fois dans un tournoi international, c’est avec lui dans ses cages que la National Manschaft remporte ce Championnat d’Europe des Nations. Auteur d’un très bon Euro, le gardien allemand est couvert de récompenses individuelles en cette année 1996.

La carrière de Köpke avait commencé plus de quinze ans auparavant. Originaire du Nord de l’Allemagne, de Kiel, il avait débuté en 1979 avec le club phare de la ville, l’Holstein Kiel. C’est au FC Nuremberg, qu’il a rejoint en 1985, qu’il passe une bonne partie de sa carrière. Il s’ancre solidement dans la première moitié des années 1990 comme l’un des gardiens références de la Bundesliga. Plusieurs fois primé individuellement dans le championnat allemand, il est même élu « footballeur allemand de l’année » en 1993. Mais il reste la doublure d’Illgner en sélection, avec laquelle il devient champion du Monde en 1990 et vice-champion d’Europe 1992.

Sur le terrain, Kopke dégageait une puissance, de par sa carrure robuste et un style un peu bourrin, pour celui qui aimait boxer le ballon avec ses poings et balancer la balle le plus loin possible. Son jeu au pied était très faiblard, voire inexistant, ce n’était assurément pas une qualité chez lui. Il brillait plus par sa présence sur sa ligne de but, ses arrêts réflexes et ses sorties jambes en avant. Dans son jeu et ses qualités, il y avait une grosse dimension athlétique, qui lui permettait de bondir et se détendre pour sortir des ballons aux quatre coins de son but.

A l’issue de la saison 1993-94, Nuremberg descend et Köpke rejoint l’Eintracht Francfort. Après son Euro victorieux, il signe à l’Olympique de Marseille. D’après les journaux bien informés, c’était le FC Barcelone qui était sur les rangs et qui voulait l’enrôler, mais le transfert sera annulé. Le club phocéen, fraîchement de retour en Division 1, en profite et accueille alors le proclamé « meilleur gardien européen ». À Marseille, dans un club qui se remet des affaires du mafieux Bernard Tapie, il passe deux saisons en demi-teinte : la première, le club joue le maintien et elle est poussive concernant ses prestations individuelles. Le gardien allemand encaisse même un 8-0 par l’Olympique Lyonnais lors de la dernière journée, pas du tout aidé par une défense qui l’abandonne totalement. L’essentiel, le maintien du club en D1, avait été assuré. La seconde est plus solide pour les deux parties, à l’image d’une victoire de l’OM (0-1) à Felix-Bollaert face au futur champion de France le RC Lens, où Köpke réalise un excellent match. Le club olympien finit 4e du Championnat et le portier allemand a retrouvé des couleurs. Dans la foulée, il garde les buts de son pays au Mondial français.

Köpke pouvait être à la fois excellent et irrégulier. Mais lors de la saison suivante 1998-99, la mode semble être aux gardiens chauves et l’inénarrable Rolland Courbis le met peu à peu sur le banc, des choix tactiques entre deux-trois combines, pour installer Stéphane Porato. Le vétéran allemand n’appréciant pas, vu sa stature et son pédigrée, d’être relégué comme numéro deux, il ne s’attarde pas à bronzer au bord de la Méditerranée. Marseille se mêle à la course au titre, mais sans Köpke qui retourne durant l’hiver à Nuremberg. Il y apporte son expérience et aide le club à remonter dans l’élite. Ce qui est chose faite en 2001, Nuremberg finit en tête et Köpke gagne son seul titre en club: un championnat de deuxième division allemande. Mission accomplie pour Andi, qui décide de ranger les gants dans la foulée, toujours avec le maillot bien rentré dans le short.

6. Bernard Lama

Les années 1990, la Division 1 de Guy Roux et Jean-Claude Suaudeau, les soirées européennes sur TF1 avec Roger Zabel et les Bleus qui remontent la pente au fil de la décennie, le football français vivait bien. Et côté gardiens, la France a, pour une fois, plusieurs portiers de haut niveau. Parmi eux, Bernard Lama et son style inimitable. « Le Chat » comme on le surnomme, pour son style aérien et souple, en un mot : félin. Une détente magnifique et des parades spectaculaires, des sorties aériennes tout en contrôle, fort dans les duels et à l’aise balle au pied, Lama a marqué les esprits au plus haut niveau. Il était imprégné des influences sudaméricaines depuis sa Guyane natale. Il a pu copier les gardiens latinos qu’il voyait à la télé brésilienne : dribbler, sortir de sa surface, participer au jeu, tirer les coups de pied arrêtés et les pénos – il en mettra quelques-uns dans sa carrière. Il avait aussi une technicité balle au pied bien au dessus de la moyenne pour son poste, une qualité qu’il avait développée sur les plages guyanaises après l’école.

Et pourtant au début, son père ne voulait pas entendre parler d’une carrière de footballeur pour son rejeton. Il le pousse à étudier. Une fois la majorité atteinte, Bernard peut voler de ses propres ailes et partir pour la Métropole. Le jeune espoir rejoint le Nord, sans les Tropiques, à Lille. Il doit patienter derrière Philippe Bergeoo, qu’il recroisera plusieurs fois dans sa carrière avec les Bleus et le PSG. Barré par son futur entraîneur, le LOSC le prête en Ligue 2 pour s’aguerrir à Abbeville et Besançon. Finalement, il passe pro à 22 ans et s’impose chez les Dogues pendant trois saisons. Non conservé, il fait une saison à Metz puis une autre à Brest. Le club armoricain fait faillite, mais Bernard Lama avait un ticket avec le PSG. Le gardien avait tapé dans l’œil des recruteurs pour remplacer Joël Bats. Il signe un pré-contrat et prend une nouvelle fois la direction du Nord-Pas de Calais, une terre accueillante pour lui. Une grande saison avec les Sang et Or et les portes de la Capitale s’ouvrent entièrement à lui.

C’est donc au Paris SG, qu’il rejoint en 1992, que « Le Chat » prend son envol. Les tenues mythiques de Lama, les grandes années Canal+ et les exploits européens, le gardien s’affirme comme l’un des meilleurs d’Europe. Avec le PSG, il est champion de France 1994, titre obtenu haut la main, le dernier rempart d’une défense de fer. Il gagne également deux Coupes de France en 1993 et 1995. Sur la scène européenne, le club se hisse cinq fois d’affilée dans le dernier carré d’une Coupe d’Europe, avec en prime la victoire en Coupe des vainqueurs de Coupe 1996 contre le Rapid Vienne. Il passe au PSG ses plus belles années, aimé des supporteurs et idole du Parc des Princes. Sur le terrain, il aligne les performances de haut niveau, même s’il n’a jamais été à l’abri de sauts de concentration, de mauvaises relances, de prises de risque balle au pied qui donnaient des sueurs froides. Il a à son actif plusieurs boulettes par saisons qui lui ont coûté quelques buts. Malgré cela, Lama devient au fil des saisons une référence mondiale à son poste. Ses performances lui ouvrent les portes de la sélection. Une histoire qui débute mal avec le traumatisme bulgare en 1993. En 1996, Lama est titulaire lors de l’Euro et la France se refait la cerise en compétition internationale. L’équipe nationale est demi-finaliste, avec une très bonne performance de Bernard Lama, qui fut notamment décisif en quart de finale contre les Pays-Bas remporté aux tirs au but. A 33 ans, Lama fait partie du gotha mondial à son poste.

Cependant, tout va très vite dans le football. Lama dégringole et perd son modjo, après une blessure et un contrôle positif au cannabis. Au Camp des Loges, il devient persona non grata et perd sa place au profit de Christophe Revault. Fabien Barthez lui passe également devant chez les Bleus. Alors que la Coupe du monde se profile, Lama cherche un club et prend l’Eurostar pour Londres. Une pige compliquée à West Ham, mais il revient à temps pour être dans les 22. Cependant, Bergeroo lui annonce qu’il sera le numéro deux. Même s’il n’y avait pas eu vraiment de mise en concurrence entre les deux après l’Euro 96, Lama en voudra quand même à Aimé Jacquet de ne pas lui avoir dit en face. Lama encaisse et accepte son rôle avec sagesse et philosophie, il sera Champion du monde en doublure de Barthez. Bien qu’il fut au cœur d’une mini polémique – montée en épingles par les journalistes, parce qu’il ne voulait pas jouer « le match des coiffeurs » contre le Danemark, arguant que Fabien n’avait pas une grande expérience internationale et donc il valait mieux ne pas perturber la dynamique.

Laissant sa déception de côté, l’intérêt général passe donc d’abord. Avec son âme de leader et en taulier du vestiaire, Lama joue aussi son rôle de grand frère pour colmater les brèches, consoler quelques-uns des six recalés de Clairefontaine et calmer les égos des remplaçants qui se voyaient titulaires. Un rôle qui lui va bien et qu’il continuera à l’Euro 2000. Avec Henri « Riton » Émile, ils font les « monos ». Par contre, cette fois-ci, il accepte de jouer le troisième match contre les Pays-Bas, sachant que ce serait sans doute sa dernière opportunité avec l’Équipe de France. Au final le même résultat, la France remporte la compétition. Entre-temps, le gardien était rentré au PSG, de retour au bercail avec sa grande gueule, son charisme et sa sérénité, tout Bernard Lama qu’il était.

4 réflexions sur « Un siècle de portiers : les années 1990 (1re partie) »

  1. L’avantage des buveurs de pastis comme Courbis ce qu’il rabache. Sur Kopke Courbis, n’aimait pas sa façon de boxer les ballons. Du coup Porrato est arrivé. Il était au porte des bleus pour un poste de troisième roue de la moto. La légende sur la côte prétend qu’il était myope et que ne pouvant plus porter de lentilles il fit des boulettes dans certains matchs.

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