Ballade irlandaise (9)

De l’Irlande, on admire la beauté des paysages, la chaleur humaine des habitants, la richesse des traditions, la beauté des mélodies, et la magie des légendes. On est curieux devant ces sports centenaires que sont le foot gaélique et le hurling. On connaît même sa fête nationale, la Saint Patrick, que le monde entier aime célébrer. Mais que sait-on vraiment de son histoire ? L’Irlande porte en elle les traces d’un passé tourmenté, marqué par les batailles, les invasions, et les soulèvements. Mais l’histoire ne s’efface jamais vraiment. Elle survit dans les noms des villes, dans la ferveur de ses habitants et… dans les symboles des clubs de football.

Dans cette série, chaque club du championnat irlandais nous plongera au cœur d’un épisode de ce récit mouvementé. Et parce qu’en Irlande, la mémoire se transmet en musique, chaque étape sera accompagnée d’une mélodie, un écho aux joies et aux blessures d’un peuple qui n’a jamais cessé de chanter ni de se battre.

La guerre civile irlandaise

L’histoire de la guerre civile irlandaise est celle d’une victoire qui se change en déchirure. Quand l’Irlande signe enfin le traité de Londres en décembre 1921, après deux ans de guerre d’indépendance contre la Grande-Bretagne, la paix semble à portée de main. Mais le texte du traité, négocié par Michael Collins et Arthur Griffith, divise aussitôt ceux-là mêmes qui avaient combattu ensemble pour l’indépendance. Le traité anglo-irlandais créait un État libre irlandais, autonome dans ses affaires internes, doté de sa propre armée et de sa police, mais toujours rattaché à la Couronne britannique, comme le Canada ou l’Australie. Les membres du nouveau parlement de Dublin, le Dáil Éireann, devaient prêter serment de fidélité au roi George V.

Membres de la délégation irlandaise réunis lors de la signature du traité anglo-irlandais, Londres, 6 décembre 1921 :
assis (de gauche à droite) Arthur Griffith, Éamonn Duggan, Michael Collins et Robert Barton ;
debout (de gauche à droite) Robert Erskine Childers, George Gavan Duffy et John Chartres.

Pour beaucoup de républicains, c’était une insulte, une trahison du sacrifice de 1916 et de la République d’Irlande proclamée lors du soulèvement de Pâques. La question du serment, celle du maintien du roi et la partition de l’île – car les six comtés du nord restaient au Royaume-Uni sous le nom d’Irlande du Nord – fissurèrent le mouvement nationaliste. Collins, lucide mais pragmatique, défendit le compromis :

« Ce n’est pas la liberté ultime que tous les peuples espèrent, mais la liberté d’atteindre la liberté. »

À l’inverse, Éamon de Valera dénonça un recul historique, estimant que les signataires du traité avaient renié la République. Le Dáil approuva le traité de justesse, par 64 voix contre 57, en janvier 1922. De Valera démissionna aussitôt. Dans le pays, la fracture devint une plaie ouverte. Des frères d’armes, amis et camarades de tranchée de la guerre d’indépendance, se retrouvèrent ennemis. L’Armée républicaine irlandaise (IRA), forte de dizaines de milliers d’hommes, se scinda entre partisans du traité et opposants farouches. Les tensions éclatèrent au grand jour lorsque Rory O’Connor et 200 militants anti-traité occupèrent les Four Courts à Dublin en avril 1922, défiant le gouvernement provisoire dirigé par Collins et Griffith. Londres perdit patience. Lorsque le maréchal britannique Henry Wilson fut assassiné à Londres en juin — sur ordre secret de Collins, selon plusieurs sources —, Churchill menaça d’envoyer l’armée britannique reprendre Dublin si le gouvernement irlandais ne rétablissait pas l’ordre.

Le 28 juin 1922, Collins, acculé, ordonna le bombardement des Four Courts avec l’artillerie prêtée par les Britanniques. Les explosions qui s’ensuivirent détruisirent non seulement la garnison républicaine, mais aussi les archives nationales irlandaises. En quelques jours, Dublin se transforma en champ de bataille : les combats firent plus de 300 morts et des centaines de blessés. Quand le silence revint, le gouvernement libre tenait la capitale, mais la guerre civile venait de commencer. Les anti-traité se replièrent vers le sud, dans le Munster, proclamant une « République du Munster » centrée sur Cork, Limerick et Waterford. Collins lança alors une offensive foudroyante, par mer et par terre. En juillet et août 1922, ses troupes prirent Limerick, Waterford et Cork. Le nouvel État libre semblait triompher. Mais le 22 août, la tragédie frappa. En tournée d’inspection dans son comté natal de Cork, Collins tomba dans une embuscade à Béal na mBláth. Il fut abattu à 31 ans, par ceux qu’il avait hier encore appelés camarades, dans le pays même qu’il avait contribué à créer. Collins avait prophétisé sa mort dans une lettre le jour où il signa le traité.

« Quand on a sué, peiné, fait des rêves insensés, enduré des cauchemars sans espoir, on se retrouve dans les rues de Londres, froides et humides sous l’air de la nuit. Pensez-y : qu’ai-je obtenu pour l’Irlande ? Quelque chose qu’elle désirait depuis sept cents ans. Quelqu’un sera-t-il satisfait de ce marché ? Quelqu’un ? Je vous le dis : tôt ce matin, j’ai signé mon arrêt de mort. J’ai pensé à ce moment-là comme c’était étrange, comme c’était absurde ; une balle aurait tout aussi bien pu faire le travail il y a cinq ans. »

Les funérailles de Michael Collins

Sa disparition fit de lui une figure mythique, mais laissa aussi le jeune État sans son stratège le plus habile. Après sa mort et celle d’Arthur Griffith, survenue dix jours plus tôt, les combats changèrent alors de nature. L’armée régulière, forte de dizaines de milliers d’hommes et bien équipée grâce au matériel britannique, affronta désormais une guérilla épuisée, dirigée par Liam Lynch, le chef d’état-major de l’IRA anti-traité. Lynch, idéaliste et obstiné, refusait toute reddition. Ses partisans menèrent des embuscades, sabotèrent des lignes de chemin de fer, incendièrent les maisons des sénateurs du nouvel État libre. De petits groupes armés menaient une guerre de harcèlement contre des troupes mieux équipées. Les Free State soldiers, eux, répondaient par la dureté : exécutions sommaires, représailles, arrestations massives. C’est à cette époque que fut écrite la ballade « Take it Down from the Mast » qui incarne le sentiment de trahison ressenti par les opposants au traité anglo-irlandais, qui considéraient les partisans du traité comme des renégats ayant abandonné la lutte pour une république unifiée. Les paroles, appellent à retirer le drapeau tricolore des mâts, le qualifiant de symbole souillé par les « traîtres » de l’État libre. La chanson rend hommage aux martyrs républicains exécutés par les forces de l’État libre et dénonce la partition de l’Irlande.

La guerre prit alors un visage tragique. L’Irlande, tout juste née, semblait se consumer elle-même. Les prisonniers anti-traité furent fusillés par dizaines en 1923 ; en retour, les républicains exécutaient des officiers de l’armée libre. Dans les campagnes, la peur, la rancune et la misère s’enracinèrent, et peu à peu, la résistance s’effondre. Lynch, inflexible, refuse toute reddition ; il meurt lui aussi sous les balles en avril 1923, traqué dans les montagnes du Knockmealdown. Son successeur, Frank Aiken, comprit que le combat était perdu. Le 30 avril, il ordonna le cessez-le-feu. Le 24 mai, il demanda aux volontaires de l’IRA de « déposer les armes ». Éamon de Valera, toujours symbole des républicains, soutint la décision. Dans une dernière adresse à ses hommes, il déclara :

« La République ne peut plus être défendue par vos armes. Poursuivre le combat serait vain et contraire à l’intérêt national. »

Lorsque la paix revint, elle ne fut ni triomphale ni joyeuse. La guerre civile a coûté la vie à près de 4 000 Irlandais et environ 12 000 républicains furent emprisonnés, souvent sans jugement. Plusieurs milliers se lancèrent dans des grèves de la faim pour protester. Le pays, ravagé et endeuillé, sortit du conflit plus divisé que jamais. La guerre civile irlandaise a sans doute fait plus de morts que la guerre d’indépendance qui l’avait précédée. Elle laissa derrière elle deux héritages politiques rivaux : le Fianna Fáil, fondé par de Valera, et le Fine Gael, héritier du camp de Collins. Les deux partis domineraient la vie politique irlandaise pendant près d’un siècle, héritiers d’une fracture née de ce duel entre liberté et fidélité, entre rêve et compromis.

Ce fut une guerre où l’Irlande, pour la première fois, ne combattit pas un empire, mais son propre reflet. Une guerre où les héros de la cause nationale se tirèrent dessus au nom de deux visions différentes du même idéal. Une guerre, enfin, où l’État libre naquit au prix du sang de ses pères fondateurs. Arrivé au pouvoir par les urnes en 1932, Éamon de Valera accomplit enfin le rêve pour lequel tant d’Irlandais avaient combattu : rompre les derniers liens unissant l’île au Royaume-Uni. Par la Constitution de 1937, il remplace l’État libre par un nouvel État souverain, l’« Éire ». Ironie de l’histoire, ce faisant, il donne raison à son ancien rival Michael Collins, qui voyait dans le traité honni non pas une trahison, mais le premier pas vers l’indépendance totale de l’Irlande.

Shelbourne, aux sources du football irlandais

L’élément déclencheur de la guerre civile ayant été le bombardement des Four Courts à Dublin, c’est à Shelbourne que l’on va aujourd’hui poser nos valises, pour revivre les premiers pas d’un club qui va rapidement s’imposer dans le football irlandais, le Shelbourne FC.

En 1895, dans le quartier de Ringsend, un groupe d’hommes mené par James Rowan se réunit dans le quartier de Ringsend au pub du Shelbourne House pour donner naissance au Shelbourne Football Club. Le nom choisi vient tout droit de la Shelbourne Road toute proche, et les premiers maillots sont financés lors d’une collecte de fonds tenue au pub. Et si lors d’un séjour dans la capitale irlandaise, vous vient l’idée d’aller vous promener sur les traces du club, sachez que le pub existe toujours aujourd’hui, rebaptisé Slattery’s, il se situe juste au coin de la rue où se trouvait le cottage de James Rowan, sur Bath Avenue Place.

Le premier terrain du club se trouvait à Havelock Square, à l’ombre de l’actuel North Stand de l’Aviva Stadium. Très vite, le club déménage vers Bath Avenue, mais conserve la même ferveur, celle d’une communauté ouvrière de dockers qui va très vite s’identifier au club. Dès sa deuxième saison, Shelbourne peut célébrer : 25 victoires sur 28 matchs, 109 buts inscrits pour seulement 15 concédés. Les Shels remportent à la fois la Leinster Junior Cup et le Leinster Junior Championship. De là, tout s’enchaîne, à peine promu dans la catégorie supérieure, le club atteint dès 1898 la finale de la Leinster Senior Cup, battu d’un rien par Bohemians. Mais cette défaite n’est qu’un apprentissage. Les Shels vont finir par soulever la coupe en 1900, puis encore en 1901 et 1904, affirmant leur place parmi les meilleurs équipes de Dublin. C’est cette même année 1904 que le club va faire un pas décisif en rejoignant la prestigieuse Irish League, dominée jusqu’alors par les formations du Nord.

Le choc des footballs est immédiat face à des équipes de Belfast plus chevronnées, mais Shelbourne se fait une place. Le club termine cinquième dès sa première saison dans l’élite et atteint même la finale de l’IFA Cup avant de s’incliner contre Distillery. L’année suivante, la revanche est éclatante : Shelbourne bat Belfast Celtic 2-0 à Dalymount Park, devenant ainsi le premier club du Sud à remporter la Coupe d’Irlande ! Ce soir-là, Ringsend s’embrase. Les journaux racontent que des feux de joie sont élaborés de Ringsend à Sandymount, tandis que la coupe est promenée triomphalement dans les rues. Cette victoire a des allures de manifeste. Elle consacre aussi une génération de pionniers, dont un nom ressort bientôt : Val Harris. Enfant du quartier, né à Ringsend et fils de dockers, il possède l’ADN du club et incarne ce football d’effort et de loyauté. En 1906, il devient le premier joueur de Shelbourne à enfiler le maillot vert de l’Irlande. À ses côtés, Joseph Ledwidge, figure tout aussi singulière, inscrit une ligne unique dans l’histoire du sport irlandais : il est le premier homme à avoir remporté à la fois une médaille nationale en foot gaélique (All-Ireland GAA) et une Coupe d’Irlande de football !

Les gagnants de la coupe : Debout, de gauche à droite : Pat Kelly, Jack Heslin, William Rowe, McGrath, Joe Ledwidge, T. Monks (entraîneur).
Assis, de gauche à droite : John Owens, Gary Byrne, Val Harris, James Owens, John Clery.
Au premier rang, de gauche à droite : Alf Abbey et Wall.

Après la victoire en coupe, un autre futur géant rejoint les rangs : Bill Lacey, joueur au talent élégant et à la polyvalence rare. Ensemble, ils portent Shelbourne jusqu’à d’autres finales d’IFA Cup, en 1907 et 1908, perdues de peu après des matchs rejoués. Val Harris et Bill Lacey ne tardent pas à s’imposer comme deux des plus grandes figures du football irlandais et ne feront pas de vieux os à Shelbourne, s’envolant tout deux pour Everton. Harris, défenseur infatigable au caractère de meneur, reste à ce jour le joueur de Shelbourne le plus souvent appelé en sélection nationale. Il est aussi un capitaine de légende pour le onze irlandais, puisqu’il a mené le trèfle à la victoire face à l’Angleterre en 1913, pour la première fois de l’histoire. Lacey, quant à lui, fait briller son génie plus longtemps qu’Harris en Angleterre et devient une légende de Liverpool. Aussi respecté pour sa technique que pour sa longévité et sa grande polyvalence (durant sa carrière il jouera avec grand talent à toutes les positions). Il connaîtra aussi son heure de gloire avec l’Irlande. En 1914, il avait inscrit deux buts lors de la victoire historique de l’Irlande sur l’Angleterre, la première jamais obtenue sur le sol anglais. Quelques jours plus tard, face à l’Écosse, il endosse le rôle de gardien après la blessure du portier titulaire, et aide l’équipe à décrocher un nul héroïque 1-1. Ces deux résultats permettent à l’Irlande de remporter son tout premier titre dans le British Home Championship, un triomphe partagé avec Val Harris !

Sans ses deux stars, Shelbourne parviendra à décrocher une nouvelle IFA Cup en 1911 dans un duel 100% Dublinois face aux Bohémians (victoire 2-1 en replay). L’année 1913 verra l’équipe se trouver une nouvelle maison à Shelbourne Park. Ce stade, coincé entre le canal et les ruelles ouvrières, deviendra le refuge du club pour les trente-six années suivantes. Le retour de Val Harris en 1914 coïncidera avec de nouveaux succès au niveau local. Avec leur premier capitaine de légende, les Shels vont remporter une troisième IFA Cup en 1920. Cependant ce succès est nettement moins glorieux. Qualifiés pour la finale après une victoire 3-0 sur Glenavon, les Reds n’ont finalement personne à affronter. L’autre demi-finale, entre Glentoran et Belfast Celtic, tourne au chaos : des incidents éclatent dans les tribunes, les deux clubs sont exclus, et Shelbourne est déclaré vainqueur par défaut.

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La naissance d’un nouveau football irlandais

Cet incident en IFA Cup sera suivi par un autre, un an plus tard mais d’ordre politique cette fois. La guerre d’indépendance rend les déplacements périlleux, les compétitions désorganisées, et les tensions montent entre Dublin et Belfast. En 1921, Shelbourne se retrouve au cœur d’un différend avec l’Irish Football Association (IFA) : la fédération impose que la demi-finale rejouée de la Coupe se tienne à nouveau à Belfast, après y avoir déjà organisé le premier match. Un déplacement long, coûteux et injuste selon le club, qui refuse de céder. Soutenu par la Leinster Football Association, Shelbourne se retire de la compétition en signe de protestation. Ce retrait devient un acte fondateur. Quelques mois plus tard, les clubs du Sud décident de prendre leur destin en main et fondent leur propre fédération : la Football Association of Ireland (FAI). Huit clubs participent à cette nouvelle aventure : Shelbourne, Bohemians, Dublin United, Frankfort, Jacobs, Olympia, St. James’s Gate et YMCA. Ensemble, ils lancent le premier championnat de l’État libre d’Irlande, celui qui posera les bases du football national. Les débuts de Shelbourne dans cette nouvelle compétition sont encourageants mais frustrants. Le club est abonné aux places d’honneurs avec respectivement une troisième puis une deuxième place. Mais surtout, alors qu’il pense renouer avec son succès en coupe, Shelbourne s’incline en finale de FAI Cup 1923 face aux amateurs d’Alton United. Cette défaite en finale sera suivie d’une autre deux ans plus tard face au rivaux des Shamrock Rovers.

La saison 1925-1926 marque un tournant pour Shelbourne. Après des années de construction, le club décroche enfin son premier titre de champion, au terme d’un parcours impressionnant : 14 victoires en 18 matchs et une moyenne de 3,6 buts marqués par rencontre. L’équipe s’appuie alors sur une génération talentueuse menée par Val Harris, encore et toujours au centre de tout. Figure emblématique du club depuis deux décennies il sera également rejoint cette année-là par l’infatigable Bill Leacy, comme un symbole, le duo de légende devait forcément en être pour le premier titre de champion de l’histoire de Shelbourne ! Il ne fallut pas attendre longtemps avant que Shelbourne ne retrouve les sommets. En 1929, le club remporte un deuxième titre, avec une constance et une défense remarquable : une seule défaite et un match nul en 18 rencontres, pour 12 buts concédés uniquement. Harris a pris sa retraite, mais Billy Lacey, continue de briller accompagné cette fois de David ‘Babby’ Byrne meilleur buteur du club avec 15 réalisations. Shelbourne poursuit sa belle série en 1930-1931, avec un troisième titre de champion. Cette saison-là reste marquée par les exploits de l’Écossais, Alex Hair, auteur de 29 buts en championnat, un record du club encore inégalé. À lui seul, il inscrit plus de la moitié des buts de son équipe, avec une moyenne de plus d’un but par match.

William ‘Sacky’ Glen avec les Shamrock Rovers

Mais l’élan se brise au milieu des années trente. En désaccord avec la FAI, Shelbourne est suspendu du championnat pour deux saisons. Le club rebondit en intégrant la ligue locale de l’Athletic Union League, qu’il remporte, tout en affrontant pour la première fois le St. Patrick’s Athletic, un futur rival de prestige. Durant cette période, plusieurs joueurs du club créent une équipe alternative, Red United, qui dispute la Leinster Senior League, la Leinster Senior Cup et même la FAI Cup en 1934-1935, avant de terminer quatrième du championnat national l’année suivante. Lorsque Shelbourne est finalement réintégré en 1936, Red United se retire du championnat, bouclant ainsi cette parenthèse singulière de son histoire. En 1939, Shelbourne retrouve la finale de FAI Cup pour la troisième fois de son histoire. Cette édition est marquée par la présence de deux Billys aux destins croisés. D’un côté, la star anglaise Billy “Dixie” Dean, buteur légendaire d’Everton, qui vient renforcer Sligo Rovers. De l’autre, Billy “Sacky” Glen, légendaire joueur des Shamrock Rovers dans les années 20 est venu renforcer les rangs des Reds après un désaccord avec la nouvelle direction des Hoops. Lors de la première rencontre, Dean ouvre le score pour Sligo, mais Sammy Smyth égalise directement sur corner, forçant un match retour. Le replay tourne finalement à l’avantage des Shels grâce à un superbe coup franc de Glen qui décroche sa 8e victoire dans la compétition, un record, tandis que Shelbourne met enfin la main sur le trophée. Sur le banc, un visage familier observe la victoire : Val Harris, encore lui, désormais entraîneur du club, conclut ainsi une boucle entamée près de 40 ans plus tôt.

Entre gloire et errance – 1940/1960

Les années 1940 s’ouvrent sous le signe du renouveau pour Shelbourne. Malgré les vents contraires de l’époque, le club retrouve rapidement les sommets et s’adjuge deux nouveaux titres de champion, en 1944 et 1947. Le premier est conquis au terme d’un championnat haletant où ils resteront invaincus à domicile, bouclé par une victoire 5-3 face au rival éternel, Shamrock Rovers. Ce succès met fin à une disette de 13 ans en championnat ! Cette saison-là, les Shels frôlent même un triplé historique – championnat, Shield et Coupe – mais la chance leur tourne le dos en finale de FAI Cup, défaite 3-2 contre ces mêmes Rovers, après un penalty manqué et une décision arbitrale contestée. Trois ans plus tard, en 1947, l’ancien capitaine de la sélection irlandaise, Charlie Turner, prend les commandes de l’équipe et insuffle un esprit plus offensif et professionnel. Sous sa direction, le club attire un nom célèbre venu d’Angleterre, Alf Hanson, ailier gauche passé par Liverpool et Chelsea. Son arrivée fait grand bruit, et son influence sur le terrain se révèle immédiate. Joueur élégant et fin technicien, Hanson apporte l’expérience et la précision qui manquaient jusque-là aux Shels. Ses buts propulsent le club vers les sommets, victoire dans la Dublin City Cup, remportée d’un souffle devant Drumcondra. Mais c’est surtout en championnat que Shelbourne frappe un grand coup. La saison offre un duel passionnant entre les clubs dublinois, Shelbourne, Drumcondra et Shamrock Rovers qui occupent les trois premières places. Tout se joue lors de la dernière journée, dans une atmosphère électrique à Glenmalure Park. Les Shamrock Rovers, troisièmes, peuvent coiffer tout le monde en cas de victoire ; un match nul aurait même entraîné un improbable barrage à trois équipes. Mais Shelbourne, solide et inspiré, s’impose 2-1, décrochant ainsi un nouveau titre de champion. Mais la fin de la décennie marque la fin d’une époque : en avril 1949, après un match nul 2-2 contre Waterford, c’est la fin de l’aventure à Shelbourne Park, fief du club depuis plus de 30 ans. Le club envisage alors la construction d’un nouveau stade à Irishtown, un projet ambitieux qui restera inachevé.

Les années 1950 débutent dans la frustration. En 1951, Shelbourne atteint une nouvelle finale de Coupe d’Irlande, mais s’incline encore, le club a maintenant perdu ses trois dernières finales. Tommy Carberry se distingue pourtant en inscrivant un but à chaque tour de la compétition. Autour de lui évoluent des figures marquantes : le défenseur Peter Keely, dont le fils, Dermot, dirigera plus tard l’équipe avec succès, l’attaquant international Gerry Malone, le capitaine Sean Haughey, frère du futur Taoiseach Charles Haughey, le gardien Norman Tapkin, et Eddie Gannon. L’année suivant, Rory Dwyer rejoint l’équipe et réalise un exploit monumental en inscrivant 40 buts toutes compétitions confondues — un record absolu dans l’histoire du club. Malgré cette prouesse individuelle, Shelbourne échoue de peu dans toutes les compétitions cette année-là, terminant deuxième du championnat, du Shield et de la Leinster Senior Cup. L’année suivante pour la saison 1952-53, Dwyer marque moins mais son duo avec Gerry Malone fonctionne à merveille et Shelbourne retrouve la couronne nationale, décrochant un sixième titre de champion grâce à un jeu offensif de qualité.

La seconde moitié de la décennie est marquée par une certaine instabilité. Après une brève parenthèse à Irishtown en 1955-56, dans un stade encore inachevé et dépourvu d’abris pour les supporters, Shelbourne s’installe à Tolka Park, qui deviendra son port d’attache durable. C’est là qu’un vent nouveau commence à souffler. En 1956, l’ancien joueur Gerry Doyle succède à Eddie Gannon sur le banc. Homme de caractère et fin tacticien, Doyle initie une refondation du club autour de la jeunesse.

Doyle’s Boys

Le début des années 1960 s’ouvre sous le signe de la renaissance pour Shelbourne. Portés par l’audace de Gerry Doyle, les Reds misent sur la jeunesse et la fraîcheur de leur effectif. Doyle reste fidèle à sa devise — « if they’re good enough, they’re old enough » — et la relève répond présent. Autour du gardien Finbarr Flood, futur président du club, se distinguent Tony Dunne, promis à Manchester United (futur champion d’Europe avec les Red Devils en 1968) , Freddie Strahan, Jackie Hennessy et le buteur Eric Barber. On peut compter aussi sur Joey Wilson, qui avait été recruté pour la modique somme de 200 livres et… une machine à laver, un cadeau qui fit le bonheur de sa mère. Doyle, possédait en effet un magasin de machine à laver Hoover à l’époque, il gérait ainsi les lessives des maillots grâce à sa machine personnelle.

Cette génération étincelante illumine la saison 1959–60. Après avoir éliminé successivement Bohemians, Shamrock Rovers et Dundalk, Shelbourne s’offre une finale de coupe mémorable face à Cork Hibernians. Devant un Dalymount Park en liesse, les buts d’Eric Barber et Joey Wilson offrent au club sa deuxième FAI Cup, vingt et un ans après la première. L’ère Doyle ne fait que commencer : deux ans plus tard, Shelbourne remporte le championnat, s’imposant face à Cork Celtic lors d’un match d’appui grâce à un but de Ben Hannigan. L’équipe passe tout près du doublé historique, freinée en finale de Coupe par une épidémie qui affaiblit trois titulaires majeurs à la suite d’une tournée en Italie. Mais les Reds ne tardent pas à se consoler. En 1963, ils remportent une nouvelle fois la FAI Cup, encore contre Cork Hibernians (2–0), confirmant leur suprématie nationale. Ce succès ouvre à Shelbourne les portes de l’Europe. Le club découvre le grand continent face au Sporting Clube de Portugal en Coupe des clubs champions. Devant 22 000 spectateurs à Dalymount Park, les Dublinois s’inclinent avec les honneurs avant de céder plus largement à Lisbonne.

L’année suivante, en Coupe des vainqueurs de coupe, l’adversaire est prestigieux, le FC Barcelone. L’annonce du tirage fit l’effet d’un petit séisme à Dublin : « Shelbourne draw Barcelona », titraient les journaux. Freddy Strahan apprit même la nouvelle en allant acheter son journal du matin! Le 24 septembre 1963, Dalymount Park vibra sous l’assaut catalan. Doyle, nerveux, attendait Hennessy, retenu au travail, et qui débarqua à la hâte trente minutes avant le coup d’envoi. Les portes furent défoncées par la foule tant la ferveur était grande. Shelbourne, héroïque, tint tête avant de s’incliner 2-0, Chus Pereda — futur héros du titre européen de l’Espagne en 1964 — scellant le score. Nous sommes maintenant trois semaines plus tard et Gerry Doyle fait quelques jongles sur la pelouse du Camp Nou. Lui et ses « Boys » sont les premiers Irlandais à fouler une pelouse qui deviendra mythique. À la 29e minute, Joe Wilson est fauché dans la surface. Le défenseur Paddy Bonham transforme le penalty, offrant à Shelbourne son tout premier but européen. Les Irlandais mènent 0-1 à la surprise générale. Les Catalans égalisèrent 8 minutes plus tard par Sandor Kocsis, légende des Mighty Magyars, puis l’emportèrent 3-1 grâce à deux buts en fin de partie. Les Irlandais, trop pauvres pour offrir leurs maillots en souvenir, serrèrent simplement les mains adverses avant de rentrer à Dublin.

L’aventure européenne se poursuit encore un peu plus loin en 1964, en Coupe des villes de foires. Opposés au club portugais de Belenenses, les Reds obtiennent un match nul 1–1 à Lisbonne grâce à Eric Barber, puis arrachent un 0–0 au retour. Un match d’appui est alors organisé à Dublin, que Shelbourne remporte 2–1 grâce à Ben Hannigan et Mick Conroy. C’est la première victoire européenne de l’histoire du club — et la deuxième jamais obtenue par une équipe irlandaise dans une compétition continentale. L’épopée prend fin au tour suivant contre l’Atlético Madrid, mais l’honneur est sauf : Shelbourne ne s’incline que par deux fois sur le plus petit des scores.

Peu après cette rencontre, aura lieu à un transfert étonnant. Il semble hautement improbable voir impossible qu’un international d’une grande nation du football européen autre que l’Angleterre puisse évoluer en Irlande. C’est pourtant ce qu’il advint au milieu des années 1960, lorsque le défenseur espagnol Alvaro Ros Rodríguez, dit Alvarito, rejoignit Shelbourne. Né en 1936 à Ujo, dans les Asturies, il comptait deux sélections avec l’Espagne en 1960, aux côtés de géants tels que Di Stéfano et Luis Suárez. Passé par Oviedo puis par l’Atlético Madrid, Alvarito participa à l’une des victoires les plus marquante de l’Atlético dans le derby de Madrid, la victoire 3-1 sur le Real de Puskás et Di Stéfano en finale de la Copa del Generalisimo 1960. Il remporta aussi deux Coupes d’Espagne et surtout la Coupe des Coupes 1962 face à la Fiorentina. Malgré tous ces succès il ne jouissait pas d’un statut de titulaire indiscutable au sein de l’équipe, la faute à des blessures à répétition. Une terrible fracture de la jambe face à Valladolid, mettra fin à ses espoirs de mondial 1962. Après sa grave blessure, il quitta l’Espagne et son club de Murcie et arriva à Dublin en 1965 pour étudier l’anglais tout en devenant joueur-entraîneur de Shelbourne. Il fit ses débuts lors d’une victoire 2-1 contre Drumcondra et impressionna par sa technique et son calme, avant que les blessures et la barrière de la langue ne mettent fin prématurément à son aventure irlandaise. Après son passage à Shelbourne, il rejoignit son ami Ferenc Puskás à Vancouver, puis entama une longue carrière d’entraîneur dans les divisions inférieures espagnoles.

Gerry Doyle quitte le club en 1965, ne parvenant plus à trouver la recette pour gagner de nouveaux trophées. Mais il revient finalement chez son amour de toujours deux en plus tard. En 1967, pour fêter le retour de son entraineur, Jimmy O’Connor entre dans l’histoire du football mondial en inscrivant le triplé le plus rapide jamais enregistré en première division : trois buts en deux minutes et treize secondes contre Bohemians à Dalymount Park. Un record qui tient toujours. Sur son deuxième passage au club, Doyle ne remportera qu’une Leinster Cup en 1968, 1972 et un Shield en 1971, offrant une nouvelle aventure européenne en coupe de l’UEFA face aux Hongrois du Vasas SC (défaite 2-1 en cumulé).

La disette de trophée majeur pour le club dublinois correspond à la chute du football de club irlandais. Les retransmissions des matchs anglais envahissent les télévisions, les stades se vident, les finances s’assèchent. Comme tant d’autres, Shelbourne souffre. Les talents s’exilent, les tribunes se dégradent et la ferveur s’étiole. Gerry Doyle quitte le club en 1975 après une défaite en finale de FAI Cup face à Home Farm, un documentaire de la RTE retrace la semaine de préparation des Shels avant ce match, un véritable bonbon d’époque que je vous invite à regarder ici. Doyle fut tour à tour entraîneur, président, puis figure tutélaire du club. En 1990, il assista au quart de finale du mondial opposant l’Irlande à l’Italie au Stadio Olimpico — son dernier grand souvenir avant sa disparition quelques mois plus tard. Aujourd’hui, à Harold’s Cross, son héritage vit toujours. Son magasin Hoover est devenu un petit lieu de pèlerinage. Entre les souvenirs des titres et des soirées européennes mémorables, on parle encore du « man in the hat », ce manager visionnaire qui fit briller Shelbourne à une époque où les rêves européens étaient rares en Irlande.

Gerry Doyle et son chapeau

La disette puis la gloire

En 1975-76 après le départ de Doyle c’est l’ex joueur et international irlandais, Tommy Conroy, qui reprend les rênes de l’équipe. Mais il n’y aura rien à retenir de sa saison hormis un déménagement au Harold’s Cross Stadium et un match face au Cork Celtic de George Best. Best avait signé pour jouer uniquement les matchs à domicile, mais Shelbourne proposa de prendre en charge ses frais s’il jouait à Dublin contre eux. Cette initiative, motivée par l’envie d’attirer plus de spectateurs, s’avéra aussi astucieuse tactiquement : George ne s’impliqua que de manière superficielle dans le match et Shelbourne s’imposa finalement. La saison 1979-80 est une des pires de l’histoire du club. Il est éliminé dès le premier tour de toutes les compétitions de coupe et termine dernier du championnat, sur 16 équipes. Le bilan est sévère : 83 buts encaissés, 21 défaites et une humiliation historique, un 9-0 infligé par Dundalk, qui restera comme la plus lourde défaite des Shels.

Eric Barber, qui entraîne l’équipe pendant une partie de cette saison, démissionne en 1980, mettant un terme à une carrière exceptionnelle sous le maillot rouge. En 22 saisons, il aura inscrit 126 buts en championnat. À la même époque, Mick Gannon établissait lui, le record d’apparition sous les couleurs des Reds avec 257 apparitions en championnat. Ces années difficiles offrent peu de consolation aux quelques fidèles supporters restant au chevet du club. Leur soutien est pourtant soumis à rude épreuve lorsque Shelbourne évite la relégation lors du dernier match de la saison 1984-85, en remontant un retard de deux buts face à Galway. Relégation qui sera inévitable en 1986. Mais cela ne marque pas la fin de l’histoire : Shelbourne retrouve immédiatement la première division la saison suivante, amorçant lentement le redressement du club.

Renaissance et age d’ôr

Après plus de vingt ans dans l’ombre, les nuages commencent enfin à se dissiper. Les Reds quittent le dégradé Harold’s Cross Stadium pour s’installer définitivement à Tolka Park et sortent lentement de décennies d’errance sportive. Le tournant décisif survient en 1988 avec la nomination de Pat Byrne au poste d’entraîneur-joueur. L’ancien international irlandais insuffle une énergie nouvelle au club et pose, patiemment, les bases d’une équipe ambitieuse. Derrière lui, un homme de l’ombre mais déterminant, Tony Donnelly, nouveau propriétaire, commence à investir massivement dans les structures et le recrutement. Tolka Park devient peu à peu le symbole du renouveau des Shels. Quatre ans plus tard, le travail porte ses fruits : Shelbourne remporte le championnat 1991-92, son premier titre en 30 ans. La victoire 3-1 à Dundalk, sur un but de génie de Brian Flood – une frappe somptueuse de 35 mètres – entre dans la légende. Cette même saison, les Reds alignent un effectif solide, porté par Garry Haylock, meilleur buteur avec 13 réalisations. Ce titre ouvre à nouveau les portes de l’Europe à Shelbourne. L’été 1992, le club découvre la Coupe des clubs champions européens et affronte les Ukrainiens du Tavriya Simferopol. Un match nul à Dublin (0-0) puis une courte défaite 2-1 à l’extérieur, malgré un but de Dully, marquent le retour du club sur la scène européenne après 21 ans d’absence.

Dans la foulée, les Reds s’envolent pour une tournée historique en Australie, organisée pour célébrer le trentième anniversaire du titre de 1962. Parmi la délégation, un seul supporter avait fait le voyage : Paul Byrne. Pour le remercier de son dévouement il a été intégré au staff de l’équipe, il se souvient avec amusement de cette aventure improbable.
« On a joué à Canberra, puis à Sydney, avant de finir à Perth. Trois matchs, trois scores nuls », raconte-t-il en riant. « J’étais là en tant que supporter, mais comme je faisais partie du voyage officiel, je me suis retrouvé à filer un coup de main comme kitman. Je n’avais même pas de tenue avec moi ! C’était un sacré bon moment, une vraie belle virée. »

La saison suivante reste tout aussi mémorable. Le championnat s’achève sur une triple égalité entre Shelbourne, Cork City et Bohemians, forçant une série de barrages haletants. Finalement, Cork décroche le titre, mais Shelbourne se console en remportant la FAI Cup, là encore après trois décennies d’attente. En finale, une tête victorieuse de Greg Costello face à Dundalk offre aux supporters un nouveau trophée tant espéré. La progression se poursuit en Europe : en 1993, Shelbourne élimine le Karpaty Lviv (3-1 au retour à Tolka Park) grâce à Costello, Mooney et Izzi, avant de tomber avec les honneurs face au Panathinaïkos. Pourtant, la stabilité tant recherchée reste fragile. L’automne 1993 voit le renvoi inattendu de Byrne et de son adjoint Jim McLaughlin, remplacés par Eoin Hand, ancien sélectionneur national, puis par Eamonn Gregg, et enfin Colin Murphy. Ce dernier conduit le club jusqu’à la finale de la Coupe d’Irlande 1995, perdue 2-1 contre Derry City.

Dès la saison 1995-96, le vent tourne : Shelbourne décroche la Coupe de la Ligue, puis triomphe dans une FAI Cup restée dans toutes les mémoires. En finale contre St. Patrick’s Athletic, le gardien Alan Gough est expulsé, obligeant le milieu de terrain Brian Flood à finir le match dans les cages. Malgré l’infériorité numérique et un but concédé, Tony Sheridan égalise d’un lob magistral en fin de rencontre, forçant le replay. Au match retour, Gough arrête un penalty avant que Stephen Geoghegan n’inscrive le but du sacre. L’année suivante, les Reds confirment leur statut en conservant la FAI Cup, une première pour le club. Geoghegan et Dave Campbell marquent les buts d’une victoire maîtrisée contre Derry City.

En 1997-98, Shelbourne dispute pas moins de trois finales (FAI Cup, League Cup et championnat), sans en remporter une seule. L’élimination en Coupe des vainqueurs de coupe contre Kilmarnock (1-1 à Tolka Park après un but de Dessie Baker) scelle une saison cruelle (les images du match aller sont à voir dans ce documentaire sur la saison européenne de Kilie, goal de Shelbourne à 15min02). Pour la saison 1998-99, Dermot Keely, débarque comme entraineur avec un premier gros test dès l’été. Une affiche de Coupe de l’UEFA face aux Glasgow Rangers : menant 3-0 à Prenton Park (la rencontre ne peut se disputer à Dublin pour des raisons de sécurité), les Reds s’inclinent finalement 5-3 avant de perdre 2-0 à Ibrox. Kelly en garde toujours un souvenir amer.

« Si j’avais fait les choses autrement, je suis sûr qu’on n’aurait pas encaissé cinq buts contre les Rangers — mais ils nous ont simplement submergés. On venait de marquer notre troisième but quand on a concédé un penalty une minute plus tard, et tout a basculé en un instant. Les Rangers n’ont cessé d’attaquer, encore et encore, jusqu’à égaliser. À ce moment-là, on ne faisait plus que subir. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais les choses différemment — mais cela reste quand même un moment exceptionnel. Mener 3-0 face aux Rangers dans une rencontre européenne, c’était un moment historique pour le club et pour moi. J’ai du regarder le tableau d’affichage deux fois pour réaliser qu’on menait 3-0. Les Rangers alignaient une équipe pleine d’internationaux — Van Bronckhorst et bien d’autres. Nous, on était une formation semi-professionnelle, avec des gars qui travaillaient la journée comme tout le monde. Alors leur faire aussi peur, c’était déjà une sacrée performance. J’aurais aimé qu’on tienne bon, et je parie que Dick Advocaat a dû se dire, à 3-0 contre lui, que sa place était menacée ! Ce qui est étrange, c’est que si on n’avait mené que 1-0, je pense qu’on aurait pu décrocher un nul. Mais un tel score, aussi improbable, les a forcés à se surpasser, et on n’a pas tenu. Deux de leurs buts sont venus sur penalty. C’est frustrant, bien sûr, mais ça reste un souvenir inoubliable. »

Shelbourne a ensuite perdu le match retour à Ibrox 2-0, mais Dermot Keely garde un tout autre souvenir de ce voyage à Glasgow. « Les Rangers étaient une équipe de très haut niveau. Ils avaient fait quelques changements pour ce match, et Andrei Kanchelskis a débuté. Je n’avais jamais vu un joueur pareil — rapide comme une balle. Il nous a torturés sur l’aile droite, mais au final on s’en est pas trop mal sortis en ne perdant que de deux buts. Ce qui me fait toujours sourire, c’est notre séance d’entraînement la veille du match. Elle devait être à huis clos, mais il y avait quelques curieux dans les tribunes. Je me suis demandé s’ils n’étaient pas là pour espionner nos coups de pied arrêtés. Alors j’ai dit aux gars :

“Allez, on joue au football gaélique à la place.” Et c’est ce qu’on a fait ! Je parie qu’aucune autre équipe n’a jamais fait ça la veille d’un grand match européen à Ibrox ! »

Malgré l’élimination, Keely garde de très bons souvenirs de cette double confrontation avec les Rangers — à une exception près : ses échanges avec leur entraîneur. « J’ai rencontré beaucoup de Néerlandais au fil des années, et je les ai toujours trouvés charmants. Mais Advocaat, lui, c’était tout le contraire. Avec nous, il s’est montré d’une arrogance incroyable. » Et pour avoir connu brièvement le coach néerlandais à la tête de l’équipe nationale belge, je ne peux que donner raison à Keely.

Le nouveau millénaire commence de la meilleure des manières pour Shelbourne qui va vivre une saison 1999-2000 historique. Vingt matchs d’affilée sans défaite, un championnat dominé de bout en bout, avec à la clef le premier doublé FAI Cup – championnat de l’histoire du club. Pat Fenlon, milieu de terrain inspiré, en est le principal architecte, tandis que Stephen Geoghegan finit meilleur buteur. Voici une vidéo retraçant cette année légendaire à Tolka Park. L’année suivante, Shelbourne poursuit sur sa lancée. Sur la scène européenne, le club signe une première historique en remportant son tout premier match à l’extérieur, battant les Macédoniens du Sloga Jugomagnat 1–0 grâce à un coup franc de Richie Baker. À Dublin, Garry Haylock permit aux siens de confirmer la qualification (2–1 agg.), avant une élimination honorable face aux Norvégiens de Rosenborg. En championnat, la lutte resta vive jusqu’à la dernière journée, mais une défaite face à Cork City priva Shelbourne d’un nouveau titre. La saison d’après fut marquée par la controverse. Alors que Shelbourne bataillait pour le titre, le St Patrick’s Athletic fut pénalisé pour avoir aligné des joueurs non enregistrés. Après plusieurs décisions et appels, des points furent finalement retirés, offrant à Shelbourne son dixième titre de champion sur tapis vert. Le parcours européen, en revanche, s’arrêta dès le tour préliminaire de la Coupe de l’UEFA face aux Danois de Brøndby.

Célébration du titre en 2000

Sous la direction de Pat Fenlon, nommé manager à l’intersaison 2002, le club entra dans une nouvelle ère. Après un exercice de transition, Shelbourne réalisa l’exploit de conserver son titre deux années de suite, en 2003 et 2004 — une première dans son histoire. Ces saisons coïncidèrent avec le passage du championnat irlandais au calendrier estival (la saison se déroule depuis sur une année civile de février à fin octobre), et les Reds s’y adaptèrent mieux que quiconque. L’Europe offrit alors à Shelbourne ses plus grandes soirées. En 2004, le club entra dans la Ligue des champions en battant les Islandais de KR Reykjavík, avant de créer la sensation contre l’Hajduk Split. Battus 3–2 à l’aller, les Dublinois s’imposèrent 2–0 à Tolka Park et devinrent ainsi le premier club irlandais à atteindre le troisième tour préliminaire de la Ligue des champions ou un adversaire de taille les attend, le Super Depor.

L’an dernier, pour célébrer les 20ans de la rencontre, un journaliste irlandais posa cette question à des fans du club espagnol : quel fut le dernier club contre lequel le Deportivo La Coruña a marqué en Ligue des Champions ? Personne ne se souvenait que ce but avait été inscrit contre une équipe venue d’Irlande, Shelbourne. Vingt ans après, la mémoire sélective des supporters de La Corogne semble avoir effacé cette confrontation que les amateurs de football irlandais, eux, n’ont jamais oubliée. En ce début de saison 2004, le Depor, encore auréolé de son épopée européenne et d’un incroyable match retour contre l’AC Milan quelques mois plus tôt, s’était imposé face à Shelbourne, mais sans éclat. Cette saison-là, les Galiciens allaient pourtant connaître la désillusion : aucune victoire et aucun but en phase de groupes.

Shelbourne players relax on the beach in La Coruna before the Champions League qualifier clash in August, 2004. Photograph: Morgan Treacy/Inpho
Les joueurs sur la plage avant la rencontre

Dans sa balade souvenir dans les rues de la ville espagnole, le journaliste irlandais rencontre Augusto César Lendoiro, président à la tête du Deportivo pendant un quart de siècle. Il avait mené le club au sommet tout en l’entraînant dans une spirale financière périlleuse. En 2004, déjà, les dettes pesaient lourdement sur le Depor. « Nous gagnions le salaire minimum, mais nous roulions en Mercedes », avait-il plaisanté plus tard. Pourtant, le nom d’Irlanda ralluma une lueur dans son regard : il se souvenait du déplacement à Dublin, même s’il le qualifia d’« amistoso », un simple match amical. Pourtant, rien n’avait d’amical dans cette double confrontation.

À Lansdowne Road, Pat Fenlon, l’entraîneur de Shelbourne, avait rétréci la pelouse à la largeur minimale pour étouffer les Espagnols. Résultat : un nul 0-0, où les Irlandais, valeureux, firent jeu égal avec les demi-finalistes de la dernière Ligue des Champions. Le journal galicien salua la prestation de Stuart Byrne, infatigable garde du corps de Valerón, et celle du jeune Wes Hoolahan, déjà irrésistible. À la veille du match retour, Shelbourne rêvait encore. Le Depor, lui, avançait sous une pression financière et sportive considérable. Dans son ouvrage Non Parece Mejor, l’écrivain galicien Nacho Carretero décrira cette période comme « les plus belles et les plus insoutenables années » du club. Une époque d’excès, où l’argent semblait couler à flots — un miroir de la frénésie économique du “Tigre celtique” en Irlande. Deux réalités parallèles, deux clubs vivant au-dessus de leurs moyens, avant la chute. Shelbourne, mené 1-0 à La Corogne, résista avec courage. Les Dublinois, amateurs pour la plupart, tinrent tête là où les géants de l’AC Milan s’étaient effondrés. L’espoir subsista jusqu’à un somptueux but de Víctor, salué comme le plus beau que Byrne ait vu de sa vie. Le 3-0 final ne reflète rien du courage irlandais. Cette épopée, prolongée en Coupe de l’UEFA contre Lille (2–4 agg.), reste l’une des plus belles pages européennes du football irlandais.

Shelbourne's Stuart Byrne was praised for his man marking job during the first leg on Juan Carlos Valeron of Deportivo La Coruna. Photograph: Morgan Treacy/Inpho
Stuart Byrne (droite) au duel avec Juan Carlos Valeron

Ô rage ! ô désespoir !

Mais derrière les succès s’accumulent les difficultés. Le modèle financier, fondé sur d’importants investissements, commence à montrer ses limites. Au terme de la saison 2006, marquée pourtant par un nouveau sacre, les problèmes économiques éclatent au grand jour. Pat Fenlon quitte le club, et la plupart des cadres prennent le large. Le cycle doré de Shelbourne vient de s’achever, laissant derrière lui un héritage de titres, de soirées européennes mémorables, et une empreinte durable sur le football irlandais. Shelbourne, frappé par la crise financière, disparaîtra presque du paysage européen; alors que son adversaire de prestige quelques saisons plus tôt, le Deportivo, lui, tombera jusqu’en troisième division espagnole. Deux trajectoires parallèles, marquées par la démesure et la nostalgie.

Des problèmes financiers chroniques, accumulés depuis plusieurs saisons, deviennent des véritables menaces. Les salaires ne sont plus payés régulièrement, et des dettes dépassant les 100 000 € mettent la direction sous pression. La situation atteint un point critique début 2007. Le président emblématique Ollie Byrne, pilier du club depuis des décennies, est hospitalisé à cause d’une tumeur cérébrale, probablement aggravée par le stress accumulé. En parallèle, le club n’a plus que deux joueurs seniors sous contrat, et la dette globale atteint des sommets. La Fédération irlandaise de football (FAI) retire à Shelbourne sa licence de Premier Division et le relègue en First Division. La nouvelle provoque un choc dans le football irlandais, tant elle révèle l’ampleur de la crise. Même le président de la commission des licences de la FAI démissionne. En quelques mois, Shelbourne passe du statut de club en pleine exposition européenne à celui d’équipe de deuxième division, avec un effectif décimé et une dette écrasante. Reparti de plus bas, Shelbourne entame une reconstruction longue et incertaine. Avec des moyens limités et un effectif souvent semi-professionnel, le club avance par étapes, sans garantie de résultat. Plusieurs saisons se soldent par des tentatives de remontée avortées, illustrant la difficulté de rebâtir un projet après une chute structurelle, plus que sportive.

Après des années d’incertitude et de reconstruction, 2011 marque un tournant pour le club. Le 25 octobre, le club assure son retour parmi l’élite grâce à une victoire éclatante 4-0 à domicile contre Finn Harps. Cette saison est également mémorable en Coupe. Après des victoires contre Limerick puis St Patrick’s Athletic, les Reds atteignent la finale de la FAI Cup. Malheureusement, la finale se termine par une défaite cruelle aux tirs au but contre Sligo Rovers (4-1). Mais l’ascension est fragile : en 2013, Shelbourne termine dernier du championnat et redescend en First Division. Les saisons suivantes oscillent entre espoir et déception, sans jamais parvenir à retrouver l’élite. L’arrivée de l’ancien du club, Owen Heary, ramène plus de stabilité à Shelbourne mais la Premier Division se refuse toujours aux Shels jusqu’à ce que la persévérance paie. En 2019, Shelbourne remporte enfin la First Division et retrouve la Premier Division pour la première fois depuis 2013. Cette saison voit également une augmentation de 45 % de la fréquentation à Tolka Park, un signe évident que le club regagne la confiance de ses supporters. Malheureusement, la lutte pour le maintient est trop difficile. L’équipe est une nouvelle fois reléguée, mais cette fois, la réaction ne se fait pas attendre : le 1er octobre 2021, Shelbourne remporte de nouveau la First Division et assure son retour immédiat dans l’élite.

Le renouveau

Avant d’entamer son retour dans l’élite, Shelbourne décide de faire confiance à un novice au poste d’entraineur principal, mais à une des plus grandes star du foot irlandais, Damien Duff. Après 100 sélections avec la République d’Irlande et près de 400 matchs de Premier League avec Blackburn Rovers, Chelsea, Newcastle United et Fulham, Duff fait ses premiers pas de coach chez les jeunes des Shamrock et du Celtic. Des expériences qui l’ont finalement ramené au pays, auprès de sa famille, à Kilmacanogue. En 2020, il cumule deux rôles : adjoint avec l’Irlande de Stephen Kenny et coach des U17 de Shelbourne. Moins d’un an plus tard, il claque la porte de la FAI. Shelbourne veut alors sauter sur l’occasion et lui proposer le poste de T1, Andrew Doyle, alors président, manœuvre et le convainc. Joey O’Brien, pilier des Shamrock Rovers, le rejoint comme adjoint et l’histoire peut commencer.

La première saison est honorable, le club se maintient enfin dans l’élite et Shelbourne se qualifie pour la finale de la coupe, qu’il perd encore une fois, 4-0 face à Derry. En championnat, l’équipe progresse avec une belle quatrième place et un retour en coupe d’Europe. Le travail de Duff commence à payer et est saluer mais pourtant, la prolongation de contrat tarde à venir. La raison ?Shelbourne est repris par un investisseur, le magnat turc des médias Acun Ilicali, déjà propriétaire d’Hull City, qui compte bien tout changer. Finalement les investisseurs irlandais du club finissent par privilégier leur entraîneur plutôt que la perspective d’investissements massifs du milliardaire turc, lorsque Mickey O’Rourke, fondateur de Premier Sports, rachète la participation d’Ilicali.

Shelbourne peut souffler et Duff ne va pas tarder à montrer toute sa confiance à son nouveau propriétaire. Les Shels débutent la saison tambour battant, prenant 21 points sur 27 possibles et restant invaincu jusqu’à la dixième journée. Le club s’isole en tête, aidé par le départ poussif du mastodonte Shamrock Rovers, freiné par ses efforts en Conférence league. Duff et O’Brien ont passé deux ans à mettre en place un style compact et rigoureux, s’appuyant sur deux ailiers vrirevoltants, Will Jarvis et Liam Burt, pour dynamiser l’attaque. Cela paye jusqu’à une grosse baisse de régime. Fin de l’été, le leader commence à vaciller, particulièrement après le départ du défenseur central Gavin Molloy pour Aberdeen et de Will Jarvis à Hull. Duff est confronté à la dure réalité du championnat irlandais qui, se déroulant sur une année civile, peut voir ses meilleurs joueurs partir lors du mercato d’été alors que la saison bat son plein. L’ex de Chelsea est résigné mais pas vaincu « Si je pouvais, je garderais Gav à Tolka Park pour dix ans. Mais il y a une clause. Il part. Le club s’adaptera, comme toujours. »

Dans les faits, Shelbourne peine à s’adapter, ne prenant que huit points sur 30 possibles avant de se relever en octobre face à Waterford et Drogheda grâce à l’efficacité retrouvée de l’attaquant Sean Boyd. Entre temps les Rovers sont revenus à plein galop. Se joue alors la dernière journée du championnat. Shelbourne a son sort entre les mains, mais il est obligé de gagner sur le terrain de Derry au Brandywell. L’adversaire est coriace, les Reds sont à la peine, jusqu’à ce qu’ils obtiennent un coup franc à la 84e. Boyd le frappe et voir son tir dévié par le mur, le gardien doit se détendre et dévie le ballon dans les pieds d’Harry Wood. Monté au jeu quelques minutes plus tôt, Wood parvient à glisser le cuir au fond des filets. Le jeune buteur retire son maillot et entame alors une course folle vers ses fans. Au terme des sept longues minutes de temps additionnel, le score ne changera plus, Shelbourne est sacré champion, 18 ans plus tard, et Damien Duff a réussi son pari. Le multiplex de cette dernière journée a été le plus gros score d’audience jamais enregistré pour le championnat national.

Damien Duff avec le trophée

Bien qu’il ait déclaré apres le titre, ne pas vouloir partir et rester coacher en Irlande toute sa carrière, Damien Duff quitte Shelbourne à la surprise général en juin 2025, la faute à des résultats décevants en championnat. Bien que le board lui fasse totalement confiance, c’est Duff qui n’y croit plus , ne parvenant plus à motiver son groupe. Le divorce est acté le 22 juin et c’est un énorme choc dans la ligue. Les Shels vont retrouver la Champions league sans leur entraineur phare depuis trois ans. Sans surprise, c’est son adjoint, Joey O’Brien qui prend la relève et qui dirigera les troupes pour le premier tour et un duel fratricide contre les Nord-Irlandais de Linfield. Après une victoire 1-0 à Tolka Park, les Reds accompagnés de 1300 fiers supporters se déplacent à Windsor Park et décrochent un match nul 1-1, synonyme de qualification au prochain tour ! Malheureusement l’aventure en C1 s’arrêtera à cette étape face à Qarabag, mais le chemin se poursuit en Europa league. Opposés aux Croates de Rijeka, les Irlandais créent la surprise et s’imposent 1-2. Tolka Park est bouillant pour le retour et je suis devant ma télévision pour ne pas louper ce match historique, les Croates mènent rapidement 0-2 jusqu’à ce qu’Odubeko inscrive le but de la survie sur pénalty à cinq minutes du terme. Shelbourne revient à égalité sur l’ensemble des deux matchs , mais malheureusement le manque d’expérience se fait sentir et Rijeka inscrit un nouveau goal sur la mise en jeu, 1-3 score final, Shelbourne glisse en Conférence league. Le club n’est plus qu’à un match de la phase de groupe mais pour cela il faudra venir à bout de … Linfield ! Les frères irlandais se croisent à nouveau et Shelbourne reste au dessus, victoire 3-1 à domicile et 0-2 à Belfast. Autrefois le plus puissant de l’île, le football nord-irlandais est maintenant à la peine face à son voisin du Sud. Shelbourne devient le troisième club irlandais à atteindre la phase de groupe d’une compétition européenne !

Shelbourne reste l’un des noms majeurs du football irlandais. Après avoir traversé une crise profonde, le club s’est reconstruit, a retrouvé le haut de l’affiche et confirme désormais sa place parmi les équipes qui comptent. Cette saison, il n’a pas conservé son titre mais une troisième place valide son retour durable au premier plan. Rien n’est totalement acquis pour autant. Les pertes cumulées de 2,3 millions d’euros sur les exercices 2022 et 2023 rappellent que l’équilibre reste fragile, même avec des résultats sportifs solides. Dans ce contexte, les revenus de la Conférence League représenteront une bouffée d’oxygène indispensable pour consolider le projet. Shelbourne avance donc avec prudence mais ambition. Club historique, il a déjà prouvé comme beaucoup d’autres clubs du pays, qu’il savait tomber, se relever et se reconstruire. Aujourd’hui, il regarde vers l’avenir avec l’espoir de transformer son retour au sommet en stabilité durable — et continuer à compter dans le paysage du football irlandais.

Shelbourne survive dramatic All-Island derby to set up Champions League clash with Qarabağ

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