Ernst, Henk, Ben, Théo…et les autres (1/5) : Le formateur

« Les hommes sont trop occupés d’eux-mêmes

Pour avoir le loisir de pénétrer

Ou de discerner les autres.

De là vient qu’avec un grand mérite

Et une grande modestie

L’on peut être longtemps ignoré. »

(Jean de La Bruyère, Les Caractères, 1688)

Concept fondamental de l’art du récit, le pivot narratif est ce moment, cet incident bien souvent, à compter duquel émergent deux options : tantôt le statu-quo…et tantôt, fût-ce parfois sans le vouloir, l’embarquement pour une issue incertaine.

C’est donc sans surprise si, dans ses cupides introspections, le récit footballistique aime à procéder par là. Qui prêtera à telle ou telle autre figure d’avoir initié une rupture, depuis laquelle les choses du football ne furent, ne sont ni ne seront plus jamais tout à fait les mêmes.

En l’espèce et en matière de « football total », parangon s’il en est de la modernité mais plus encore de la tartufferie footballistiques, ce rôle se trouve de longue date dévolu au dénommé Rinus Michels, père très officiel d’une approche du jeu qui pourtant connaît une multitude de traditions, souvent plus suaves, et pour plupart antérieures à celles du très martial et opportuniste entraîneur néerlandais.

“Médaille. Petit disque de métal, donné en récompense pour des vertus, des talents ou des services plus ou moins authentiques.” (Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du Diable)

Et pour autant, laissons même de côté ces débats, qui mobiliseraient des techniciens de tous âges et de tous horizons… C’est qu’au fond, citer les « Tourbillon », « Maquina » ou « Passovotchka » des années 1940 n’est pas même requis, puisqu’en soi le cas néerlandais permet (et pour tout dire réclame), depuis les circonstances exactes de sa maturation et par lui seul, de purger l’histoire dudit « football total » de l’ombre égocentrique de « son » peu méritoire Rinus Michels.

Certes : l’Histoire derrière l’histoire qui sera ici racontée, bien entendu, est plus complexe encore que cela. Mais s’il fallait vraiment prêter, coûte que coûte et symboliquement, à un Néerlandais d’avoir dans son pays incarné cette rupture, c’est alors aux guère médiatisés Ben Peeters, Théo van Duivenbode voire Henk Groot qu’elle serait assurément plus inspirée de référer… Ou mieux encore, puisqu’en amont de tous et fondamentalement : au dernier des Danubiens – au ténébreux Autrichien Ernst Happel.

Le formateur

Le premier de ces acteurs émérites du football total néerlandais est aussi, et de loin, le plus méconnu et le plus humain d’entre tous : bien peu d’images, çà et là des bribes d’interviews… Un pur produit du football amateur auquel le prétentieux mais insignifiant Wikipédia, vaine matrice de la pensée unique, ne daigna jusqu’en mai 2023 consacrer la moindre ligne, pas même dans sa langue natale.

Et cependant fut-ce à cet immense formateur, entraîneur de Haarlem avant qu’il ne fût chargé de la section des jeunes de Feyenoord, que le manager Guus Brox confia en 1967, et à la stupéfaction générale, les rênes du grand club rotterdamois pour pallier le licenciement de l’Autrichien Willy Kment, coupable d’avoir secrètement négocié avec sa fédération.

De Tijd, 02/09/1967 : « Rester sobre. (…) Je suis optimiste… » Voilà comment, pour son quatrième match à la tête de Feyenoord, le débutant Ben Peeters décrivait la perspective de la réception d’Ajax (finalement défait), en dépit d’une préparation tronquée par la participation, jusque début juillet, de ses joueurs à la première Coupe Intertoto de l’Histoire.

Kment était alors le quatrième entraîneur consécutif, qui y fût issu du football danubien… Dans un football néerlandais d’inspiration résolument britannique, l’on pouvait d’ailleurs parler de tradition et de quasi-spécificité rotterdamoises, initiée à Feyenoord dès 1936 par le prestigieux entraîneur autrichien Dombi, et qui avait gagné au club hanséatique, à l’aune du moins des Pays-Bas, la réputation d’un jeu singulièrement cérébral, continental et construit.

A la perplexité des journalistes, qui se demandaient quelle mouche avait piqué le board rotterdamois, et comment ce binoclard ennuyeux et effacé parviendrait à faire exister le Feyenoord face à l’appétit et aux transferts gargantuesques d’un Ajax dopé à l’argent sale, Ben Peeters répondrait, avec l’humilité et l’effacement qui toujours le desserviraient : « Devenir entraîneur de Feyenoord n’est réservé qu’à quelques-uns (…) ; travailler à Feyenoord est mon âme et mon bonheur. Je considère cela comme une promotion ».

Quant à sa méthode, au regard de la somptuaire entreprise, martiale et scientiste, qu’initiait à Ajax « le Général » Michels, elle prêtait surtout à sourire : « En tant que joueur, j’aimerais surtout être traité de manière humaine par mon entraîneur (…) ; bien sûr, tout le monde doit accepter mes règles, mais je ne laisse pas le football changer mon caractère. (…) J’ai toujours essayé d’être l’ami des garçons et de ne pas agir comme un dictateur. En donnant confiance, j’espère gagner la confiance. Le leadership n’est rien plus que cela. »

Peeters à l’entraînement individuel, avec une recrue qu’il s’efforce patiemment d’humaniser, en ce jour clément de Saint-Valentin 1968 : le binaire et brutal Theo Laseroms.

Pour la presse, l’affaire était entendue : ce provincial ne ferait pas long-feu… Et cependant, en dépit d’un premier mercato à l’image du personnage (pas le moindre florin dépensé, Peeters misant résolument sur des jeunes qu’il avait formés – plus de la moitié du noyau !), l’équipe resterait-elle invaincue lors des huit premiers matchs de la saison, avant de conclure à une inespérée seconde place, à trois points à peine du géant ajacide.

« Ce n’est bien sûr pas l’œuvre d’un seul homme », tempérerait Peeters dès qu’il fut reconduit dans ses fonctions, « Tout le monde est derrière moi depuis le début. Les joueurs également. Et le plus important était de convaincre les garçons qu’ils pouvaient bien jouer. »

Au-delà de ces remarquables apports sur le plan éducatif, c’est toutefois aussi au trop modeste Peeters que revenait d’avoir initié, et décisivement, le Feyenoord aux vertus du 4-3-3, alors que des Ajax ou PSV évoluaient toujours, et évolueraient encore pour quelques années, en 4-2-4 voire en WM. Certes, Ben Peeters n’était-il pas le premier à recourir à ce dispositif au sein du football néerlandais – honneur qui, depuis 1967, revenait au jeune et fougueux entraîneur autrichien de l’ADO La Haye. Mais ce-faisant, Peeters devenait le premier Néerlandais à avoir assimilé les dynamiques de ce système, puis à avoir prudemment emboîté le pas à Ernst Happel – de surcroît à la tête d’un grand club des Pays-Bas. En somme, et bien que nul ne le réalisât encore, pas même Michels qui en finale de la Coupe 1968 avait pourtant bu le bouillon face au 4-3-3 de l’ADO : la révolution happelienne était grâce à lui désormais en marche…

17/11/1968, Stade De Meer, à Amsterdam. D’autant plus perplexe que la pharmacopée de son Docteur Mabuse tourne déjà à plein régime, c’est avec embarras que Michels rentre au vestiaire, après avoir concédé une défaite de plus face aux joueurs du pourtant falot Ben Peeters. Pour Feyenoord bien au contraire, pour de bon lancé sur la route du doublé, cette victoire sera la première d’une série de sept rencontres sans défaite face au puissant rival amstellodamois.

A ce stade cependant, l’humble formateur de Loosduinen n’avait toujours cure de ce genre de préoccupations, qui se satisfaisait tout au plus que ce dispositif ne fût pas pour rien dans le soudain rééquilibrage des débats – et même dans l’inversion du rapport de forces entre Feyenoord et Ajax : aux deux nuls à domicile et trois défaites (dont un cinglant 5-0) subies à Ajax au cours des deux années précédant son arrivée, le contrôle du jeu aussitôt induit par l’adoption de son très sobre 4-3-3 permettrait-il en définitive à Peeters, de l’automne 1967 au printemps 1969 et en dépit des millions dépensés par Ajax, de glaner dans ces affrontements trois victoires et un nul pour une seule défaite.

A l’aube de la saison 1968-1969, conforté par ces inespérés résultats, il était donc logique que Peeters reçût carte blanche pour constituer le noyau. Ce qui, avec le temps, s’avérerait avoir été le mercato le plus décisif de l’Histoire de la vieille institution rotterdamoise, qui verrait y débarquer coup sur coup l’extraordinaire Wim van Hanegem, le très bestial mais efficace Theo Laseroms, l’emblématique gardien Treijtel et, enfin, l’ailier droit international Henk Wery.

Feyenoord, champion national et vainqueur de la Coupe en 1969. De gauche à droite et de haut en bas : Guus Brox, Ben Peeters, Ruud Geels, Cor Veldhoen, Eddy Pieters Graafland, Piet Romeijn, Rinus Israel, Guus Haak, Eddy Treijtel, Gerard Meijer, Theo Laseroms, Henk Wery, Ove Kindvall, Wim van Hanegem, Wim Jansen, Coen Moulijn et Frans van der Heijden.

Au terme de la saison, le Feyenoord de Peeters réaliserait le doublé Coupe-Championnat, certes facilité à compter de l’hiver par le focus progressif des troupes de Michels sur leur parcours en Coupe des clubs champions européens, mais marqué surtout par la manière avec laquelle avaient été acquises les deux victoires rotterdamoises du 17 novembre 1968 en championnat puis du 9 mars 1969 en Coupe, Ajax arrachant péniblement le nul le 20 avril 1969, quand les carottes semblaient déjà cuites.

Trop modeste encore, décidément voire coupablement incapable de tirer à lui la couverture de ses succès, Peeters objecterait à une presse soudain flatteuse, et au cours de ce qui serait pourtant sa dernière interview à la tête du vieux club hanséatique : « Ce n’est pas l’œuvre d’un seul homme. La chose la plus importante dans une telle position est que vous vous inquiétiez chaque soir avant d’aller au lit, tandis que vos vêtements pendent au-dessus de la chaise. Si vous ne ressentez pas cette inquiétude, c’est qu’alors vous êtes déjà vieux. Mon seul mérite est de faire ce que j’ai toujours fait : travailler dur. »

D’une animation des plus classiques, le 4-3-3 qu’institua Peeters à Feyenoord s’appuyait sur une base défensive solide mais statique et basse, où seuls Israel et Romeijn étaient sporadiquement capables de très modestes initiatives vers l’avant. Procédant pour l’essentiel par des transitions rapides par les ailes, chargées d’alimenter en bons ballons un avant-centre qui ne décrochait pour ainsi dire jamais, mais que soutenait van Hanegem, son fonctionnalisme rigide entendait qu’à la perte du cuir le pressing restât focalisé sur son porteur, qu’à sa récupération les ailiers collassent à leur ligne, et qu’en sa possession les médians s’en tinssent chacun à son rôle très spécialisé : la récupération pour Haak, le relais pour Jansen, et l’orientation pour van Hanegem.

Toujours aussi déroutant dans ses décisions, motivées selon Peeters par « un dessein plus large dont il n’était qu’un engrenage », le board rotterdamois ne reconduirait en effet pas l’émérite provincial dans ses fonctions : négociée dès le printemps, l’arrivée de l’entraîneur de l’ADO Ernst Happel renverrait le laconique Ben Peeters à ses premières amours, à la tête de l’académie des jeunes. « Cela fait partie de notre travail », se bornerait d’abord à en dire Peeters, « Cela s’est passé lors d’une agréable consultation. Il suffit de voir cela comme une affaire commerciale. »

Des années plus tard, il concéderait toutefois avoir souffert de la situation : « Tous ceux qui me connaissent savent qu’ils m’ont fait du mal, mais même alors je ne voulais pas aller dans un autre club. » Avant de conclure ses confidences sur une note prophétique : « L’on met toujours en avant mes qualités humaines et ma méthode de travail, mais l’on ne parle jamais des succès que j’ai de la sorte conquis. Il y a trop rarement de reconnaissance pour les réalisations que j’ai faites. Ca me fatigue un peu que l’on parle toujours de moi comme d’une bonne personne… Ils finiront par oublier que j’ai aussi bien performé. »

Les joueurs, toutefois, ne furent jamais dupes ni ingrats de ce qu’ils devaient à l’humble et bienveillant Peeters, dont les leitmotivs étaient, aux antipodes de la méthode Michels, de ne « pas enlever le plaisir de leur travail aux joueurs avec une discipline trop stricte » ou, sur pelouse, de ne « pas rendre le football plus difficile qu’il n’est ».

Et ainsi des internationaux Boskamp et Veldhoen, des Jansen, Haak, van der Heijden, Theuns, van der Vall ou van Daele, des De Boom, Jacobs, Venneker et Reitsma… Autant d’aspirants-professionnels qu’il accompagna, couva avec amour puis lança, dans une approche respectueuse et maïeutique que Peeters résumerait un jour comme suit : « La liberté est la base de notre tactique ».

08/09/1968, De Kuip, Rotterdam. Toujours bienveillant…non moins qu’attaché, toujours, au moindre détail : c’est depuis le chevet de l’arbitre, l’infortuné Ton Bom auprès de qui il a délégué son physiothérapeute Gerard Meijer, que Ben Peeters surveille la tenue des siens, face à un AZ’67 bientôt défait sur le score de 2-0. A l’arrière-plan et sur le banc : le manager Guus Brox et les réservistes Eddy Treijtel et Ruud Geels.

Parmi ses garçons, l’un en particulier avait retenu son attention, qui deviendrait avec le temps l’expression parfaite et quasi-filiale des vertus du travail, de l’intelligence et du dévouement si chères à Peeters : Wim Jansen, âme et patron véritable du grand Feyenoord des années 1960 et 1970, et probable meilleur joueur néerlandais lors des tournois mondiaux de 1974 et 1978.

A deux joueurs près, le groupe bâti et confié par Peeters à Happel serait donc celui qui, bientôt, conquerrait les titres européen et mondial des clubs : quasi-exclusivement constitué de joueurs du cru, formés à Feyenoord ou débauchés chez le plus humble voisin du Xerxès, tout au plus mâtiné du goleador suédois Kindvall puis, bientôt, de l’Autrichien Hasil et de l’Ajacide van Duivenbode… Peeters pouvait se retirer dans l’ombre, avec le sentiment du travail accompli : « Je peux être satisfait. J’ai eu beaucoup de succès et je suis aussi toujours resté moi-même. Partout où je suis allé, j’ai pu montrer qui est le vrai Ben Peeters. »

Cadre de la Fédération à compter de 1975, Peeters deviendrait de mars 1977 à octobre 1978 le premier entraîneur national de football en salle de l’Histoire de son pays – ici dispensant ses conseils à l’ancien joueur des Go Ahead André van der Ley, lors de la truculente défaite inaugurale en Belgique.

« Peeters a fait du bon travail », se souviendrait d’ailleurs son back droit Piet Romeijn, plus d’un demi-siècle plus tard. « Mais à l’instar de l’entraîneur, l’individu n’a malheureusement pas reçu la reconnaissance qu’il méritait. Alors que c’est grâce à lui, si Happel bénéficia à son arrivée de toutes les cartes requises pour triompher. » Puis Romeijn concluait : « La clé du succès résidait dans la camaraderie. On discutait, on jouait aux cartes et on s’amusait. Certes il y aura eu deux étrangers, Hasil et Kindvall, mais à force de nous côtoyer, même eux avaient fini par parler notre langue. Aujourd’hui, les joueurs n’ont toutefois plus que faire de ça, et ne se parlent plus. C’était une époque tellement différente… »

(à suivre…)

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23 réflexions sur « Ernst, Henk, Ben, Théo…et les autres (1/5) : Le formateur »

    1. Sur le talent, Hasil était bien plus qu’un bon joueur. Avec Feyenoord et Happel, il était l’un des meilleurs milieux de l’époque. Le souci était plutôt entre ses deux oreilles. Un garçon avec un penchant naturel pour la facilité et les décisions stupides (lors de son mariage, le sélectionneur autrichien aurait prévenu l’épouse qu’avec un zozo pareil, elle allait en voir des vertes et des pas mûres). Un profil un peu à la Starek. Très doué, mais sans l’éthique du travail et l’intelligence de leurs prédécesseurs au Rapid. Des garçons nés pendant la guerre, ayant connu les conditions difficiles de l’après guerre. Gamin, Hasil pouvait jouer au foot six à sept heures par jour, le plus souvent pieds nus.
      Au Rapid, Hasil agissait plutôt sur le côté droit (inter ou ailier). Excellent technicien, dribbleur et passeur, doté d’une belle vision du jeu, le tout associé à une puissante frappe de balle. Le bémol était que le Franzl avait la réputation de jouer deux matchs à fond puis de se reposer le troisième.
      Son passage à Schalke (avec un gros transfert pour l’époque) a été plutôt un échec. Repositionné comme avant centre par son entraîneur, le Hasil n’était pas vraiment à l’aise avec son 1,74m.
      Lorsque Happel est venu le chercher, Hasil lui d’ailleurs dit qu’il ne voulait plus jamais jouer avant centre. Et le Ernstl lui a répondu de ne pas s’en faire, qu’il savait déjà comment le faire jouer. Les premiers mois ont été difficiles, mais une fois au niveau athlétique, Hasil a montré toute l’étendue de ses qualités.

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      1. Je ne vais pas trop anticiper le developpement de la serie, tout de ce qui est ici mis sur le tapis y sera abordé, developpé..et plus encore! Mais, oui, Hasil remplira un role fondamental dans le 4-3-3, pour le coup et a contrario de celui de Peeters absolulement total, de Happel.

        Regardez la place sur l’echiquier, ici sous Peeters, de Jansen : cette place sera plus tard devolue au plus creatif Hasil, tandis que le tres complet Jansen reprendrait à son compte la fonction premiere de recuperateur de Haak (à la base libero, et qui etait un median moins accompli que Jansen).

        Du reste, vous pourrez d’ailleurs observer plus tard que Jansen, quoique repositionné comme demi-defensif, conserva le plus souvent par la suite le numero de ses debuts.

        Khiadia l’evoque.. Des lors, ce que j’en pense (et je ne suis pas le seul..et surtout les matchs parlent pour lui) : le joueur-clé de ce grand Feyenoord, de Happel..et meme ma foi dudit foot-total NL et du Elftal durant toute la decennie : c’est pour ma part et incontestablement..Wim Jansen, pour le coup creature et fils spirituel de Peeters.. Ce n’aurait pas ete la meme chanson sans lui.

        Et Romeijn eut bien raison, pres de 60 ans apres les faits (!), de vouloir rendre enfin justice à Peeters : certes il n’y avait pas de foot-total dans son logiciel-jeu, pas meme des premisses palpables sinon l’imposition d’un dispositif le rendant possible, l’autorisant de maniere fonctionnelle ; il avait largement preparé le terrain pour Happel, qui gagna un temps fou grâce à lui..voire sans qui la revolution n’eût pas ete possible?? Allez savoir.

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    1. C’est d’autant plus regrettable, Khiadia, que leur prestation en 70 est tout bonnement formidable.

      Alors que celle d’Ajax en 71 est d’une tristesse…… Un but puis fermer la boutique, match affreux, à se demander quand j’en lis d’aucuns sous d’autres latitudes s’ils ont deja vu ne fut-ce qu’un match complet de cet Ajax?? Bref..

      De maniere generale, le Feyenoord de Happel etait bien plus abouti, subtil, fluide et, qu’on m’objecte que c’est subjectif si on veut, pas de souci (mais alors priere de s’en enfiler quelques matchs avant!), plus..beau (mais oui!) à voir que l’Ajax de Michels….. Certes : pour les « noms » et la demonstration expansive de watts c’est à Ajax que ca se passait, football plus somptuaire et il en faut pour tout le monde, chacun son truc, c’est comme la techno de kermesse. Mais beau, hum….. Rien que ce concept etait etranger à la pensee de Michels : lui pensait rendement!

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  1. En découvrant la 1ere photo, j’ai cru qu’il s’agissait de Simenon !

    Je vais me faire l’avocat du diable… un avant-centre traditionnel, des défenseurs peu enclin ou autorisés à monter, d’où des latéraux qui ne dédoublent pas ou peu avec les ailiers, des milieux spécialisés, j’ai du mal à voir un football total ici. Est-ce via le pressing au milieu sur le porteur que tu considères qu’il s’agit des prémices du foot néerlandais à venir ? Ou l’instauration du 4-3-3 ?

    Je suppose que je vais trop vite, et que la succession de textes à venir est une construction habile, à travers plusieurs entraîneurs, menant au foot total.

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    1. Habile, boh.. on verra 😉 , je tenais juste à rendre à chacun ce qui lui appartint.

      Le 4-3-3 de Peeters n’est evidemment pas du foit total, bien vu et c’est à dessein que j’insiste sur le caractere compartimenté de son jeu.

      Mais sinon pour l’intensité physique (j’y reviens en mars), les NL n’ont pas été pour grand-chose dans le developpement de leur foot total. Et cependant Peeters y apporta sa pierre : le noyau du grand Feyenoord, c’est à deux details pres lui.. l’adoption d’un 4-3-3 plus equilibré, depuis lequel devenait enfin possible une animation plus ambitieuse et fluide (parametre qui echappa des annees durant au bovin Michels) : lui aussi.. et enfin l’inversion du rapport de forces sur la scene domestique, qui rouvrit les esprits à la possibilité d’un objectif superieur, voir plus loin : c’est à Peeters encore que le dut ce bouillonnant..Feyenoord, puis l’ensemble du football neerlandais..puis, il faut bien le dire, le football moderne.

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    2. Pour le reste : tout de tes questions trouvera reponse dans la suite.

      On est bien d’accord : le foot total est affaire de mouvements, une dynamique, un ensemble coordonné de permutations où chacun attaque et defend.

      Mais, et le cas Michels (il va etre developpé) en temoigne d’ailleurs : ce n’est pas donné à tout le monde! Dans ce foot total NL, où le mouvement perpetuel aura in fine cours dans l’horizontalité ET dans la verticalité, et ce dans toutes les strates du jeu : point de salut hors du 4-3-3, le 4-2-4 ne permettait pas d’equilibrer tel desequilibre permanent.

      Peeters envisageait-il d’aller plus loin dans son pattern? Pas que je sache. Sa vision etait tres traditionnelle..mais sa recherche de densité dans le coeur du jeu pour contrer la supremacie ajacide etait un pre-requis necessaire pour les developpements footballistiques à venir.

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    3. Ajoute une moustache à ce Ben Peeters : le portrait craché de mon pere. Qui manageait ses hommes de la meme facon, lesquels le lui rendirent bien..eux aussi.. Magnifique.

      Autant dire que cette figure et ces rapports mi-filiaux mi-maieutiques ne me laissent pas de marbre. Sa page-wiki, je l’aurais moi-meme ecrite si j’en avais trouvé le temps!

      Elle reste sacrement perfectible, remarque……et j’ai hate d’etre de retour au pays pour vous narrer ce fameux Belgique – Pays-Bas en minifoot? Histoire de fous..

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      1. Je n’ai plus tous les détails en tête, et je ne retrouve pas l’archive NL qui développait cet épisode de sa vie, tant pis et dans les grandes lignes dès lors : le premier match internatonal officiel de l’Histoire du minifoot / foot en salle NL, sport en plein boom aux Pays-Bas dans la seconde moitié des 70’s (il passait régulièrement à la tv, un show pas possible), le fut contre les Belges, soldé par une défait 8-0, 9-1?? Je sais plus, un désastre de cet acabit en tout cas, bref………… Peeters était en charge du développement sportif, ab nihilo, de ce que certains milieux ne pouvaient s’empêcher de percevoir comme une future poule aux oeufs d’or (..qui fera toutefois psshiiiiiiiit assez vite), et donc chargé de driver une équipe nationale NL dénuées de moyens……. ==> Le déplacement en Belgique accoucha donc d’une défaite cuisante, mais alors, les conditions de ce match, mazette………

        Belges et NL ne le pratiquaient pas sur un terrain répondant aux mêmes dimensions.. Je ne sais plus quel pays (sûrement les Belges..) interdisait aux gardiens de se servir de leurs pieds ou de leurs mains.. Et initialement même pas d’accord sur le nombre de joueurs, et célerii et scélérat, bref : un bordel sans nom.. Finalement, histoire de mettre tout le monde d’accord, il fut décidé de faire à Rome comme chez les Romains : les règles belges lors de la rencontre livrée en Belgique (ce qui expliquait bcp de la débacle NL), et les règles NL pour la revanche aux Pays-Bas..

        Et c’est là que, dans la perspective du retour et soucieux de s’éviter une humiliation du même acabit que les NL à l’aller, l’entraîneur belge multiplia les missions de scouting voire pour tout dire d’..espionnage, en espérant de la sorte « apprivoiser » les spécificités du jeu NL : il lui arriva en effet de se grimer tel De Funès dans l’Aile ou la Cuisse, pour assister aux entraînements NL aussi inaperçu que possible.. Les NL ne furent pas dupes..mais n’en revinrent pas (ceci dit, dans la première moitié des 70’s : ce sont eux qui multipliaient les ruses en football pour essayer de battre les Belges).

        L’un ou l’autre détails croustilllants m’échappent, tant pis, mais en gros : ce fut un bazar/bordel comme ça.

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  2. En te lisant et en ayant un peu vu ses matchs, j’ai tendance à mettre Wim Jansen dans le même sac qu’un Herbert Wimmer. Indispensable aux succès de leurs équipes, pas forcément mis en avant, peut-être en raison de leur rôle et du fait qu’ils n’evoluaient ni à l’Ajax ni au Bayern. Mais peut-être que les similitudes au niveau du jeu sont tirés par les cheveux. Pas sur de moi sur ce coup…

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      1. Au niveau de leurs poids de leurs groupes, j’étais assez confiant en ma théorie mais Wimmer n’était-il pas légèrement plus offensif que Jansen ? C’était pas Garrincha, non plus ! Haha

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      2. Il y eut deux (voire?? j’ignore comment il joua aux Etats-Unis, ca ne m’a jamais interessé mais en te lisant ca m’intrigue) Wim Jansen : relayeur sous Peeters, et d’ailleurs pas moins bon dans ce rôle que le tres surfait (mais decisif pour Ajax) Neeskens..puis recuperateur et..cerveau à compter de Happel..mais surtout regardez-en les matchs: toujours (tres) bon, toujours utile, toujours juste……… ==> c’est pas les plus mediatisés Neeskens (toujours à fond mais limité) ni Cruyff qui pouvaient en dire autant…

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  3. Tonnerre de Brest, j’oubliais de preciser…. Les dates de parution n’auront rien de hasardeux! : les 33 ans pile-poil de la mort de Happel pour l’episode 2..mais surtout les 100 ans pile-poil de sa naissance pour l’episode 3, eh oui : bientot un siècle que naquit, ma foi, de loin l’entraineur le plus influent de la seconde moitie du XXeme siecle..

    Et ce premier episode matche, en termes de date, avec un episode bientôt abordé du foot neerlandais, qui eût dû mettre pour de bon la puce à l’oreille de Michels…….sauf que toujours pas, type decidement plus doué pour la politique que pour le foot, quant aux medias..

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