Un siècle de portiers : les années 1960 (première partie)

Après le succès international du top des défenseurs, P2F se lance dans un top des… gardiens de but ! Toutes les deux semaines, vous retrouverez les portraits des plus fameux derniers remparts classés des années 1920 aux années 2010. Une façon de mettre en lumière un poste trop souvent mal-aimé, trop souvent ringardisé dans les cours de récré. Bonne lecture !

10e – Viliam Schrojf

L’arrêt des fesses.

Né à Prague en 1931, Viliam Schrojf ne parvient pas à s’attirer les faveurs des grands clubs tchèques (il joue pour l’Admira Prague XIII). Sa carrière débute véritablement en 1952, à Olomouc, là où il effectue son service militaire. Avec le Krídel Vlasti Olomouc (ce qui signifie « Les Ailes de la patrie »), il est relégué en seconde division en 1954 mais ses prestations ne passent pas inaperçues. Il figure parmi les 22 sélectionnés pour la Coupe du monde en Suisse[1] et rejoint le Slovan Bratislava au cours de l’hiver suivant[2]. Schrojf remplace l’idole vieillissante du Tehelné pole, Dodo Reimann, et participe à la résurrection du Slovan. Rentrés dans le rang après leur triplé de 1949 à 1951, les Faucons sont à nouveau sacrés champions de Tchécoslovaquie en 1955 grâce à une défense de fer au sein de laquelle Vildo Schrojf constitue un très solide dernier rempart.

Avec ses cheveux déjà clairsemés, une taille modeste (1m75), il n’est pas le plus glamour des goalkeepers et le sait. Alors il compense cette relative insuffisance esthétique par une gestuelle extravagante, bien aidé par une silhouette caoutchouteuse. Il amplifie volontiers certains plongeons, ajoutant parfois une roulade dans le seul but de satisfaire le public. Son extrême souplesse et ses tenues sombres lui valent le titre de Chat noir, un fauve léger que plusieurs milliers de personnes viennent admirer à chaque entrainement du Slovan.

En sélection, Schrojf doit patienter de longues années avant d’écarter ses rivaux, le Slovaque Imrich Stacho et le Magyar Břetislav Dolejší. Auteur d’une parade sur un pénalty de Djalma Santos au Maracanã en 1956 (victoire tchécoslovaque 1-0) et buteur avec le Slavia durant une tournée en Angleterre[3], Dolejší jouit d’un grand prestige. Schrojf parvient malgré tout à surmonter la concurrence à partir de 1960. Les seules faiblesses qu’on lui connaisse alors concernent son jeu au pied et quelques brusques sautes de concentration.

Troisième de la Coupe d’Europe des nations 1960, Schrojf accède à la reconnaissance internationale lors de la Coupe du monde 1962. Protégé par Novak, Lala, Pluskal et Popluhar, il réalise les arrêts indispensables à la victoire des siens contre l’Espagne, même quand Eulogio Martínez le malmène physiquement. Ce match inaugural préfigure les suivants, jusqu’à son chef d’œuvre en quart de finale face à la Hongrie. Outrageusement dominée, la Tchécoslovaquie s’en remet à son portier. Il écœure à lui seul les attaquants magyars et la presse qualifie son action de miraculeuse ou surhumaine. Titus Buberník, remplaçant tchécoslovaque, raconte ce qu’il a vécu depuis le bord du terrain : « Par moments, c’était insupportable ! C’était un Verdun du football. Schrojf volait d’un coin à l’autre, protégeant le ballon sous son corps, le boxant loin du but (…). Je n’ai jamais rien vu de tel. Jamais en un seul match. » La Tchécoslovaquie s’impose 1-0 et Schrojf est porté en triomphe au retour au vestiaire.

Marilyn Monroe susurrant « Happy birthday Mister Schrojf ».

Fautif sur le but du Yougoslave Jerkovic, à moitié assommé par un ballon reçu en plein visage, il réalise malgré tout plusieurs sauvetages permettant aux siens de se qualifier pour le dernier round, 3-1. Désigné meilleur gardien de la compétition par un journal brésilien dans les instants précédant la finale, le Chat noir paraît déstabilisé par cet officieux trophée et l’histoire raconte que l’entraineur Rudolf Vytlačil hésite à le remplacer par Pavel Kouba. Le technicien renonce à ce qui aurait pu changer le cours de la finale car la responsabilité de Schrojf est manifeste sur deux des trois buts brésiliens (3-1 pour la Seleção).

Vildo poursuit sa carrière avec la sélection nationale et avec le Slovan jusqu’en 1965, année de l’éclosion de son successeur, Alexander Šaňo Vencel. Il évolue ensuite en Australie et en Autriche avant de couler une tranquille retraite dans la toute nouvelle Slovaquie. Trop slovaque pour les Tchèques, trop tchèque pour les Slovaques et héros d’une nation n’existant plus, il meurt dans l’anonymat à Bratislava en 2007.

9e – Antonio Roma 

« Penal bien pateado es gol « 

Dans El Gráfico, le grand chroniqueur Osvaldo Ardizzone décrit l’événement ayant décidé de l’issue du superclásico de décembre 1962 et par la même occasion, du championnat argentin de Primera División. Boca mène 1-0 mais l’arbitre Carlos Nai Foino vient de siffler un pénalty en faveur de River. « Delém va tirer. De profil comme se positionnent les droitiers. La logique voudrait qu’il choisisse le côté à la droite de Roma. Et Delém respecte la logique. Sans feinte. Sans aucune carte cachée, naïvement et franchement. Roma choisit le côté le plus logique, en avançant de plus d’un mètre. Infraction évidente. Et c’est bien là que la balle arrive. Elle rebondit contre les mains de Roma, à l’entrée de la surface. Roma dans un dernier effort la pousse en corner de la main. » L’élégant Delém se lamente déjà, les équipiers de Roma se précipitent pour le féliciter alors que des hinchas xeneizes envahissent la pelouse. Les Millonarios entourent l’arbitre : El Tano Roma a anticipé la frappe, le pénalty doit être retiré. Personnage haut en couleurs, Nai Foino leur répond : « je vous offre un pénalty à la Bombonera, vous le manquez et vous voulez que je le fasse retirer ? ». Et il ajoute une phrase entrée dans le langage du football argentin : « un pénalty bien tiré est un but ». Il ne reste que quatre minutes de jeu, Boca mène toujours 1-0, conserve cet avantage jusqu’au terme du match et s’offre le championnat, le premier depuis 1954.

La vie sportive d’El Tano Roma débute bien avant cet événement « historique » dans l’histoire de Boca. Gardien par vocation, porteur de gants quand les jeunes arqueros jouent encore mains nues, il se forme dans la rue puis au sein du club de Fortín la Loma dans son quartier de Villa Lugano. Découvert par le Club Ferro Carril Oeste alors qu’il n’a que 17 ans, il demeure de longues années dans l’ombre du gardien international d’El Verde Roque Marrapodi, le suppléant du mélomane Julio Musimessi lors de la Copa América 1955. Lancé dans le grand bain en juillet 1955 contre Lanús, El Tano saisit cette opportunité : malgré deux buts encaissés et une défaite, il stoppe un pénalty et démontre suffisamment de qualités pour pérenniser sa présence avec les professionnels, contraignant Marrapodi à un départ vers Vélez Sarsfield, le rival éternel de Ferro.

S’il ne dépoussière pas la fonction de gardien de but, à l’inverse de son rival Amadeo Carrizo, Antonio Roma se singularise par sa puissance physique. Sa silhouette constitue un obstacle massif réduisant les espaces et les angles pour les tireurs adverses. Peu enclin à s’aventurer loin de sa ligne, il mise sur d’excellents réflexes et des plongeons suffisamment grâcieux pour que la presse le surnomme Tarzán.

Six mois après ses débuts avec Ferro, Roma est appelé en sélection pour suppléer Rogelio Domínguez lors du championnat panaméricain organisé au Mexique. Vainqueur du Sudaméricano 1957 avec les Carasucias Sívori, Angelillo, Corbatta etc…, il ne dispute qu’une rencontre (perdue) contre le Pérou mais s’affirme comme le seul à pouvoir durablement concurrencer Carrizo quand Domínguez part pour le Real Madrid.

Qui est ce jeune gardien aux côtés de Roma ? A- Bernard Lama, B- Gigi Donnarumma, C- Hugo Gatti. Pour jouer, envoyez A, B ou C par SMS.

Avec Ferro, il connaît une saison au purgatoire, en 1958. Mais l’année suivante, après un début de championnat calamiteux, El Verde retrouve des couleurs, étire son invincibilité durant 17 rencontres et se classe quatrième de Primera División, son meilleur résultat jusqu’alors. Les performances de Ferro attisent les convoitises et Boca se livre à un véritable pillage en recrutant le tout jeune Silvio Marzolini, Antonio Garabal, Dante Lugo et Antonio Roma. Les deux premières saisons ne correspondent pas aux attentes du président Armando en dépit du recours à de nombreux Brésiliens, dont Orlando, Almir, Dino Sani ou Paulo Valentim. Il faut attendre 1962 pour que le titre tant espéré survienne enfin grâce à Roma et son arrêt sur ce fameux pénalty de Delém.

Selon les dires d’El Tano, il n’a pas anticipé le tir du Brésilien de River. Osvaldo Ardizzone se serait-il trompé dans son compte rendu ? On peut l’affirmer car les images prouvent que ce n’est pas un mètre, comme le mentionne le journaliste, mais deux ou trois que Roma a franchi de manière illicite. Qu’importe, à son retour au vestiaire, le président Armando l’accueille en héros et promet de l’honorer, « tu mérites une statue ». Ne dit-on pas que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ? L’érection de la statue demeure un serment de président habitué à fréquenter les hommes politiques…  A défaut de statue de pierre ou de bronze[4], il obtient un statut d’intouchable xeneize à 30 ans déjà. Classé 31e du Top 50 Boca Juniors réalisé par notre ami Ajde59, son histoire de Bostero est à lire ici.

8e – Jean Nicolay

Mbappé et son soulier d’or.

Avec Jean Nicolay, il s’agit d’une histoire de familles, celle à laquelle il appartient avec ses deux frères footballeurs et celle qu’il compose avec les générations de gardiens prestigieux jalonnant l’histoire du Standard de Liège durant la seconde moitié du 20e siècle.

Frère d’Adolphe, attaquant de 1941 à 1951, et de Toussaint, goalkeeper durant les années 1950, Jean prolonge la présence des Nicolay parmi les Rouches jusqu’en 1969. Un long fleuve tranquille ? Pas vraiment, les relations adelphiques ne sont pas exemptes de rivalité et se caractérisent par la concurrence que se livrent Toussaint et Jean pour le poste de gardien. Remplaçant à partir de 1955, Jean ne cache pas son ambition, « J’aurais tué père et mère pour être titulaire au Standard ». Dans les faits, Jean ne commet pas de parricide, cela n’aurait servi à rien, mais élimine son frère avec la complicité de l’entraîneur hongrois Géza Kalocsay. Le fratricide a lieu à Edimbourg en octobre 1958, à l’occasion d’un match retour de Coupe des clubs champions européens. Choisi pour sa robustesse, Jean ne se dérobe pas quand les Ecossais le malmènent physiquement et parvient à préserver la qualification des siens.

L’éviction de Toussaint provoque des remous et des clans au sein de l’effectif du Standard mais aussi parmi les Nicolay. Il faut plusieurs années pour que la réconciliation familiale ait lieu alors qu’il suffit de quelques matchs à Jean pour rallier ses équipiers à sa cause. Courageux et volontaire, il bénéficie d’entrainements spécifiques de la part de Kalocsay et travaille alternativement les prises de balle aériennes, le positionnement, les sorties au sol, les relances… Ces séances forgent un gardien intransigeant, moderne – il n’hésite pas à sortir de sa surface – sans véritable point faible, et l’installent dans le cœur du public ouvrier de Sclessin. Champion en tant que suppléant de Toussaint en 1958, il participe pleinement au sacre de 1961 puis à celui de 1963 en obtenant le Soulier d’or du Het Laatste Nieuws, la plus importante récompense individuelle belge. Une fierté : « J’ai été le premier joueur wallon à remporter le Soulier d’Or, organisé par un journal flamand. J’ai joué en équipe nationale. J’étais un pur Liégeois. J’avais beaucoup de cran et beaucoup de gueule. J’étais dur au mal. Pour mon club et pour ma passion. »

Aux côtés de joueurs tels que Paul Bonga Bonga, István Sztáni, Roger Claessen ou Denis Houf, Jean Nicolay participe à l’éclosion du Standard sur la scène internationale, avec en point d’orgue, la demi-finale de Coupe des clubs champions européens perdue contre le Real Madrid en 1962. Il est en outre le gardien des Diables rouges de 1959 à 1967 sans toutefois parvenir à participer à une phase finale de tournoi.

Jean Nicolay était un géant. Ici, il s’accroche à la barre transversale de ses buts.

Jean Nicolay quitte le Standard en 1969, après le gain d’un nouveau championnat annonciateur d’une ère de domination des Rouches de René Hauss. Il n’a que 31 ans mais les entrainements qu’il s’inflige finissent par éprouver ses articulations. Et puis cela correspond à l’arrivée à maturité de Christian Piot, 21 ans. La relation entre Nicolay et Piot ne souffre d’aucune tension mais quand il est acquis que le plus jeune est prêt, l’ainé préfère s’effacer. Sans doute ne veut-il pas assister au sacre du dauphin en se trouvant à son tour dans l’humiliante position du roi déchu ? Il renonce alors au haut niveau et se satisfait d’évoluer pour le Daring en seconde division.

Nicolay, Piot, il s’agit du début d’une exceptionnelle famille de gardiens liégeois puisque viennent après eux Michel Preud’homme et Gilbert Bodart. Ce savoir-faire disparaît à la fin des années 1990, concomitamment à l’intrusion de l’affairiste – pour demeurer poli – Luciano D’Onofrio dans la sphère dirigeante du club. Quelques années plus tard, afin de tenter de restaurer la tradition liégeoise, Jean Nicolay, alors âgé de 70 ans, s’investit dans la formation des portiers du Standard et tient ce rôle jusqu’à son décès, en 2014. 

6e ex-aequo – José Ángel Iribar

Attentat basque à Madrid.

Avec José Ángel Iribar, les amoureux de grandes envolées, les pasionarias des paillettes ne peuvent trouver matière à s’enthousiasmer. Existe-t-il un gardien plus ascétique stylistiquement qu’Iribar ? La noblesse d’El Chopo réside dans l’extrême sobriété de son jeu, une approche épurée de la fonction, dénuée de tout artifice. Cette économie de geste s’accompagne d’une parole concise et rare. Iribar est un phare, inamovible et silencieux, efficace et sans états d’âme. De la trempe de Ricardo Zamora et Iker Casillas dans l’histoire des gardiens espagnols s’il accepte d’appartenir à cette famille au regard de son militantisme basque.

Formé au football de plage et repéré par le CD Basconia – un satellite irrésistiblement attiré par la force gravitationnelle de l’Athletic Bilbao – Iribar se fait connaître à l’occasion des 16e de finale de la Copa del Generalísimo 1962. A l’issue de trois matchs, Basconia élimine l’Atlético Madrid de Peiró et il le doit aux prestations de son jeune gardien que les témoins qualifient de « prodigieuses ». Cet exploit officialise l’intrusion d’El Chopo dans l’univers footballistique espagnol. Dès lors, tout s’accélère. L’Athletic dépense une petite fortune pour l’acquérir et le projette en première ligne dès octobre 1963 à la suite de la blessure de Carmelo Cedrún. Six mois plus tard, Iribar effectue ses débuts en sélection et conquiert l’Euro 1964 en battant en finale l’URSS du maître Yachine[5]. A 21 ans, El Chopo est au sommet et va y demeurer durant une quinzaine d’années.

Inamovible titulaire des Lions et de la Roja, impressionnant par sa régularité, Iribar affiche une étonnante fragilité au début de l’année 1973. Sujet à de sévères épisodes fiévreux, on diagnostique d’abord une bénigne amygdalite cryptique. Sa situation s’améliore suffisamment pour qu’il effectue un déplacement à Athènes à l’occasion d’un match qualificatif à la Coupe du monde. À son retour, son état se dégrade rapidement et il est hospitalisé. Dans tout Bilbao, des messes et des prières sont prononcées pour sa guérison tant l’inquiétude grandit. Des examens approfondis révèlent qu’il souffre de fièvres typhoïdes, comparables à celles qui coutèrent la vie au goleador de l’Athletic, Rafael Moreno, alias Pichichi. Indisponible durant trois mois, Iribar reprend la compétition au printemps et conquiert une seconde Copa del Generalísimo après celle de 1969[6].

En jurant fidélité à l’Athletic Bilbao, en repoussant les généreuses avances de l’Atlético ou du Barça, il se prive probablement d’un palmarès plus flatteur. Au contraire de son prédécesseur Carmelo Cedrún et de son successeur Andoni Zubizarreta, il échoue à conquérir la Liga, le printemps 1970 constituant un traumatisme tant le titre semblait promis aux Basques. Parmi les autres déceptions figure la finale de la Coupe de l’UEFA 1977 perdue contre la Juventus et un autre modèle de modération, Dino Zoff.

El Chopo raccroche les gants en décembre 1979 après une ultime rencontre à San Mamés contre Getxo. Son successeur Peio Aguirreoa raconte cette soirée : « Ce fut une sortie normale, comme tout ce qu’il faisait. Il nous a dit qu’il arrêtait et tout s’est déroulé normalement, sans ostentation », parfaitement conforme au personnage[7].

El Chopo et un vieil ami.

Mais avant cela, alors que Franco vient de disparaître, il crée un séisme en Espagne, renforçant l’amour que lui porte le peuple basque et anéantissant son statut de héros espagnol. En 1976, Iribar accorde une interview à José María García sur la radio Cadena Ser. Rompant le pacte préalablement scellé, García demande au Basque s’il se sent Espagnol. La question intervient alors que les attentats de l’ETA s’intensifient et que le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Embarrassé, El Chopo se tait. Un moment marquant de la carrière de l’animateur de la future émission SuperGarcía : « Je me souviens seulement d’un silence qui m’a paru interminable. C’était une erreur, et je l’ai regrettée, car Iribar était mon ami, mais il était aussi le capitaine de l’équipe nationale espagnole de football. C’était une période difficile. » Le sélectionneur Kubala gère habilement l’affaire : il ne fait plus appel au Basque tout en parvenant à ne pas expliciter des motifs que personne n’ignore. En décembre de cette même année, accompagné d’Inaxio Kortebarria de la Real Sociedad, Iribar foule la pelouse d’Atotxa en exhibant fièrement l’ikurriña, le drapeau basque pourtant encore interdit. Son engagement devient tangible quand il participe à la fondation de Herri Batasuna, la branche politique de l’ETA. Pour de nombreux Espagnols, la révélation du militantisme d’Iribar provoque une blessure irréversible, une atteinte à leur amour-propre à la hauteur de l’estime qu’ils lui portaient jusqu’alors. 

6e ex aequo – Costa Pereira

Costa Pereira va au rebond.

En portugais, um frango est un poulet. Le langage du football contribuant à l’enrichissement polysémique, le mot désigne également une erreur de gardien de but. En la matière, Alberto da Costa Pereira est un cumulard et ses contempteurs, nombreux, l’appellent o frangueiro, le gardien de poulets. Sa réputation est telle que pour ses adieux à l’Estádio da Luz, en octobre 1967, son fils ne trouve rien de mieux à lui remettre qu’un gallinacé.

Né au Mozambique en 1929, Costa Pereira pratique de nombreux sports au sein de l’actuel Clube Ferroviário de Maputo (ex-CF de Lourenço Marques), son père travaillant pour la compagnie des chemins de fer. Grand et puissant attaquant, il attire l’œil du Sporting Clube de Lourenço Marques. Souhaitant poursuivre la pratique du basket, ce que lui refuse la branche locale du Sporting, il prolonge finalement son apprentissage avec le Clube Ferroviário où se dessine sa vocation de goleiro. Doté de mains immenses (« des tenailles » dit-on) et d’un physique avantageux (1m88), il rejoint le Benfica en 1954 alors que le club lisboète subit le joug du Sporting depuis plusieurs années.

L’arrivée de Costa Pereira coïncide avec celles de Mário Coluna, lui aussi issu de la filière mozambicaine, et du technicien brésilien Otto Glória, importateur d’une rigueur inédite et d’un 4-2-4 en diagonale conduisant Benfica au doublé coupe-championnat dès 1955. Titularisé d’emblée, Costa Pereira alterne les prouesses et les calamités. En dépit de réflexes étonnants et d’une envergure impressionnante, il ne maîtrise pas les fondamentaux du poste et ses prises de balle aériennes ressemblent à celles d’un basketteur au rebond. A cela s’ajoute une forme de présomption l’incitant à outrepasser la stricte fonction de gardien dans une version angoissante du jeu pratiqué par Gyula Grosics.

Son irrégularité lui coûte sa place au profit de José Bastos, le portier ayant conquis le premier titre européen du Benfica, la Coupe latine 1950. Costa Pereira s’impose enfin à partir de 1958 et participe à l’ère glorieuse des Aigles, s’élevant dans le sillage ascensionnel d’une génération talentueuse, dont un exceptionnel Mozambicain en devenir nommé Eusébio. Vainqueur de la Coupe des clubs champions européens en 1961 – avec la chance propre aux grands gardiens, dira-t-on – et en 1962 sous les ordres de Béla Guttmann, Costa Pereira éteint momentanément les critiques sur ses fautes de main et son positionnement aléatoire. On loue alors son élégance et son audace, certains le comparant sans sourciller à Amadeo Carrizo. Ses faiblesses demeurent pourtant bien présentes. Que dire de ses interventions, et notamment sur le cinquième but de Santos, lors du match retour de Coupe intercontinentale 1962 ?

La discontinuité des prestations de Costa Pereira le fragilise en équipe nationale. Appelé à partir de 1955, il obtient la pleine confiance d’Armando Ferreira au début des années 1960, à une période où le Portugal ne parvient toujours pas à se qualifier pour les phases finales des compétitions internationales. Il réalise quelques solides performances face au Brésil, à l’occasion d’une défaite au Maracanã et d’une victoire au stade Nacional do Jamor, sans que cela ne lève les soupçons le concernant. Il est d’ailleurs absent de la Coupe du monde 1966 en Angleterre.

L’herbe était mouillée, le ballon glissait, la frappe était cadrée, il faisait nuit, il y avait du bruit, il avait mal au dos. A quoi ça tient, une défaite…
Costa Pereira fait le pèlerinage de Fátima.

Avec Benfica, il ne parvient pas à réaliser le triplé en 1963 sans que rien ne puisse lui être reproché. Puis vient la finale de 1965 contre l’Inter. « Le ballon était lourd, glissant, j’étais trop confiant, je pensais que ce serait un arrêt facile et… je l’ai bien capté, mais dans ma hâte de me relever pour remettre le ballon en jeu, je l’ai laissé filer entre mes jambes. On a perdu le match à cause de ça, à cause de moi »[8]. Une erreur monumentale et un effondrement moral. Dix minutes après avoir encaissé ce but ridicule, il quitte l’aire de jeu. Faute de remplacement, Germano se dévoue pour occuper le poste vacant et Benfica évolue à 10. Officiellement, Costa Pereira souffre d’une hernie discale. Dans les faits, il est blessé dans son amour propre. Les images de son retour à Lisbonne dans un fauteuil roulant sont terribles. Ne visant qu’à adoucir la colère des supporters des Aigles, elles symbolisent un Benfica fragile sur ses fondations, un géant européen dont le frangueiro est le talon d’Achille.


[1] Sélectionné en 1954 et 1958, il ne dispute aucune rencontre de ces deux Coupes du monde.

[2] Le championnat tchécoslovaque se déroule alors sur une année civile et non à cheval sur deux exercices.

[3] Contre Grimsby Town, le Times qualifie l’action comme « l’un des buts les plus remarquables jamais réalisés dans le football de haut niveau ». Dolejší marque depuis l’entrée de sa propre surface, le ballon rebondissant au-dessus du gardien adverse avancé.

[4] Les statues dans le musée de Boca : Lorenzo, Bianchi, Rattín, Palermo, Marzolini, Maradona, Rojitas, Suñé, Riquelme, Schelotto.

[5] Il achève sa saison 1963-64 avec l’Athletic en stoppant quatre tirs au but du Deportivo La Corogne lors du tournoi Corpus Christi d’Orense, la cinquième frappe échouant sur le poteau.

[6] Iribar échoue à conquérir une 3e Copa contre le Betis en finale 1977, le gardien basque bético Esnaola stoppant son tir au but.

[7] Iribar consent à revenir à San Mamés en mai 1980 pour un match hommage. En tenue de ville, barbu, il prononce quelques mots : « ici, aujourd’hui, il n’y a que du basque ». Les recettes vont à la cause indépendantiste.

[8] L’Inter s’impose 1-0, but de Jair.

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60 réflexions sur « Un siècle de portiers : les années 1960 (première partie) »

  1. Je ne pensais pas voir Nicolay, et je ne pense pas avoir particulièrement contribué à sa présence ici? Je ne me rappelle même pas avoir voté pour cette décennie-là en fait, bref?? Par contre le dernier paragraphe n’est pas dénué d’accents personnels (« concomitamment », « affairiste »), marrant 🙂

    A la rigueur : j’ai bien dû affirmer (puisque je le pense) à un moment ou à un autre qu’il figure certainement parmi les trois meilleurs gardiens de notre Histoire, ça oui. Avec Piot et Courtois. Un monument au pays, sans strass aucun et en composant avec les handicaps structurels de son football. Un Preud’Homme est certes un nom plus ronflant, fut formidable (pas toujours toutefois..), mais en termes d’apports à son club et son pays toute sa carrière durant..et de « faire école » surtout! : Nicolay est juste incontournable dans notre Histoire.

    A noter : son frère Toussaint, ci-évoqué, était un excellent gardien lui aussi. Et c’est au souvenir de cette déchirure familiale que la direction du Standard opta, après le Waterscheigate, pour une tournante entre les beaux-frères Preud’Homme et Bodart – dont Bodart sortit vainqueur à la régulière et haut la main, contraignant Preud’Homme au départ pour un Malines heureusement pour lui plus fringuant.

    Nicolay fut régulièrement loué à l’international, joua un rôle décisif dans les remarquables parcours européens du Standard durant les 60’s.. Tirer vers le haut ou être tiré vers le haut.. Nicolay était incontestablement du premier bord!, un des trop rares Belges de classe internationale à l’époque.

    De ce que j’ai vu, je garde par contre et décidément l’impression que Costa Pereira était franchement du second tonneau. Gardien irrégulier et inabouti, il y a des matchs en coupes d’Europe où l’on pourrait croire à une blague et ce n’est pas qu’une question de style.

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    1. On attend Rui Costa, l’avocat des causes portugaises perdues. Je le savais moyen, j’ai découvert l’étendue du désastre en préparant ce papier. Costa Pereira au même niveau qu’Iribar, ça fait mal aux yeux !

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    1. Eh eh. Joueur issu de la filière paraguayenne, obtention de passeport espagnol rocambolesque ayant nécessité des échanges au plus haut niveau des deux dictatures, premier buteur du Camp Nou, des problèmes de surpoids chroniques, un déclin rapide, des drames familiaux et une mort accidentelle au bord d’une voie rapide à 50 ans.

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  2. La demi-finale 62, c’est également un duel entre Soskic et Schrojf justement. Elle est très disciplinée cette équipe tchecoslovaque. Pas de grandes envolées mais un bloc difficile à bouger.

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    1. Ah si! Et en depit de toute la sympathie que j’ai pour les Flamands (quoique : les Flamandes, surtout), il est un fait certain qu’ils n’ont pas ete des plus fairplay concernant ce trophee, Bodart tout particulierement en fut scandaleusement spolié et n’en aurait pas volé deux ou trois.

      L’annee m’echappe mais, avant Nicolay, son equipier Denis Houf avait ete victime de ce genre de petits arrangements intra-flamingands. Pour un SO qu’il aurait 100 fois merité.

      Pour sa carriere Anoul l’eut merité aussi, mais le SO est institué quand il arrive en fin de parcours….et en devant composer avec Coppens..

      Mais, oui : compliqué d’exister comme wallon dans le football belge, la demographie et les rapports de force sont contre eux……. Je ne me rappelle meme plus si Wilmots l’a recu, gros doute? Dans la negative, ce serait lamentable..

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      1. Je viens de regarder le palmarès, Wilmots ne l’a jamais obtenu.
        Sur les 10 dernières années, quelques noms surprenants, du moins inconnus me concernant : le gardien Sven Kums, le Colombien José Izquierdo, Ruud Vormer…
        Et 3 trophées pour le très bon et étonnamment fidèle Vanaken.

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      2. Eh ben……………. Certes, il jouait à l’étranger quand il devint le N°1 du foot belge, à Schalke c’est un patron de la Bundesliga. Et bien dommage d’ailleurs que Bordeaux (quel en était l’entraîneur??) le fît dans mes souvenirs un peu beaucoup déjouer comme..demi-défensif (ceci dit : je ne vois pas trop ce qu’il pouvait apporter en France ou Italie : joueur taillé pour les foots du Nord!)??

        Fin bref : pour remporter le SO, il faut jouer en Belgique, certes, certes..mais que des De Bilde (quasi one-shot), VanderElst ou Okon (qui usurpa surtout Bodart) lui soient passés devant, ou même Zetterberg en 93 (aka la belle histoire du gaillard, certes joueur formidable, dont Anderlecht n’avait plus voulu à cause de son diabète)………….. La première moitié des 90’s de Wilmots est extra en Belgique, son absence est une tache, homme qui fit énormément pour son football.

        Sven Kums tiens, rayon joueurs snobés par Anderlecht pour des questions de physique, du temps de leur « révolution power-football » (sic!) de mid-2000’s, lol………… J’en riais déjà à l’époque, tant ils multipliaient les anglicismes à la con issus du monde de l’entreprise pour mieux balancer leur poudre de perlimpimpin comme qui dirait l’autre……………….mais rétrospectivement ce fut encore pire que ça!, car il y eut de la sorte « quelques » sacrés bons joueurs élevés selon le logiciel ancien d’Anderlecht, que ce club jadis porté sur la technique jugea soudain trop frêles pour le plus haut niveau…………………. Et donc Kums que tu évoques (sorte de petit Pirlo belge, qui se mit régulièrement en évidence en LDC) en fut un, Mertens du Napoli aussi..

        Tout ça pour quoi?? Juste se renier……………………..

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      3. Dries Mertens nous a régalé au Napoli. Le meilleur buteur du club devant Hamsik. Avec les diables, je l’aimais bien en super sub.

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      4. On a un supporter du Napoli, c’est bon ça!…………mais je te croyais plutôt nordiste?? Bah : ça n’a rien d’inconciliable, pourquoi pas!

        Oui, Mertens comme supersub : rien à redire. Mais titulaire ce fut hélas toujours plus compliqué, sais pas pourquoi.. Pas très connu, mais le Standard l’a loupé d’un cheveu quand il essayait de se relancer en D2 ou D3 NL, après avoir été refoulé d’Anderlecht.

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    1. L’ex-agent véreux Luciano D’Onofrio. Qui s’employait alors à liquider tout le vieux logiciel liégeo-liégeois du club, professionnaliser/normaliser le club, le débarrasser de son armada de vieux bénévoles qui avaient tant fait pour sauver le club après le Waterscheigate, le sortir de sa vieille gangue artisanale (..dont concernant, précisément, le goalkeeping)………… Quoique, D’Onofrio.. La décision, c’était lui! Mais concrètement, le visage de ce très brutal aggiornamento fut confié à l’ex-arbitre Costantin, un type ridiculement autoritaire dont l’arbitrage reste critiqué par les supporters de Charleroi pour la finale de la Coupe de Belgique 1993.

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    2. Et après Bodart il y en avait même un cinquième, présenté à l’époque comme l’avenir du goakeeping belge, soudain remballé toutefois comme une merde, incompréhensiblement………mais qui fit tout de même une belle petite carrière dans le Calcio (D1 et D2) des années 2000’s-2010’s , de mémoire + de 500 matchs d’entre Bari, Torino voire Bologne, c’est pas mal vu la densité alors du championnat d’talie : Jean-François Gillet!

      Il avait été préparé pour succéder à Bodart…………………puis le club changea radicalement de cap avec la prise de pouvoir du mafieux D’Onofrio, de sorte de fondre ce vieux cercle au fonctionnement farouche dans l’économie/ »culture » mondialisée du foot……. ==> Gillet a mis un petit temps à s’en remettre mais y parvint, chapeau à lui.

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    1. La plus douee : epoque Galic. Cette equipe avait l’envergure d’un vainqueur de C1. Alors j’aime bien la figure de votre compatriote Hauss, de surcroit son fils me soigna une fracture enfant, d’un professionnalisme et d’une gentillesse remarquables, education palpable et j’aime ca.

      Mais son pere René gacha un peu le matos dont il disposait.. Fin communiquant, apporta des methodes modernes..mais tactiquement c’etait notoirement limité, dommage.

      Moins de talent intrinseque mais ce fut collectivement plus fort sous Goethals.

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  3. Roma en fond de top 10, oui c’est bien sa place. Comme je le mentionnais dans son portrait pour le top 50 CABJ, bien qu’il ait perduré plusieurs saisons à Boca, reconnu comme l’un des meilleurs gardiens du club (dans les 5 meilleurs gardiens du club facileemnt), et même du football argentin, il n’en fut pas un indéboulonnable dans les buts. Irrégulier et plusieurs fois mis sur le banc au détriment d’Errea son remplaçant à Boca. Son penalty arrêté face à River est son plus grand fait de gloire et contribue à sa légende à Boca évidemment. Très bon gardien, mais pas excellent gardien pour prétendre à mieux et monter de quelques places dans ce classement.

    Je crois même avoir placé Agustin Cejas du Racing devant lui. Gardien emblématique de la décennie 1960 du Racing, El Equipo de José et le doublé Libertadores 67 -Intercontinental. Il deviendra même le gardien de Santos, plusieurs saisons au début des années 70, et récompensé par un titre de meilleur joueur du championnat brésilien. Un style plus sobre, plus Iribar que Schrojf.

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  4. J’aime bien l’annonce pour son dernier match à Iribar. Voilà, c’est fini quoi, je range les gants hehe
    En ayant passé par Bilbao il y a 3 ans et quelques, il y a une statue de lui devant l’entrée San Mames (le nouveau donc).
    Iribar est représenté droit, debout, ballon bien entre les mains, juste écrit en capitale « IRIBAR ». Sobre, simple, en gardien-protecteur, à son image.

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      1. C’est également la génération d’Ángel María Villar. Qui eut une carrière très correcte. Une vingtaine de sélections.

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  5. Iribar a la malchance d’évoluer dans un Athletic moins fort que Cedrun ou Zubi. Même si la finale face à la Juve ne s’est jouée à rien. Il y a quand-même des noms importants. Txetxu Rojo, Fidel Uriarte, Irureta, les débuts de Dani et d’Alexanko.

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    1. Iribar aurait pu avoir une Liga au palmarès en 1969-70. A six journées de la fin du championnat, les Lions ont 3 points d’avance sur l’Atlético. Ils se font rattraper et dépasser par les Colchoneros en perdant pied à l’extérieur, notamment lors d’un derby houleux contre la Real au cours duquel ils manquent un pénalty et finissent la rencontre à 9. Brillant et insupportable, dans la lignée des grands ailiers gauches du club, Txetxu Rojo est suspendu plusieurs matchs, un coup dur. A deux journées de la fin, ils reprennent malgré tout la tête en battant l’Atlético mais tombent ensuite à Valence, ce qui les condamne. Une occasion en or qui ne se représentera plus pour Iribar.

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      1. C’est également la génération d’Ángel María Villar. Qui eut une carrière très correcte. Une vingtaine de sélections.

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    1. J’ai fait quelques recherches et les portugais ont bien introduit le basket en Angola pendant la colonisation mais c’est à l’independance que le sport va exploser. Car rapidement ils vont devenir le meilleur pays africain, faire les JO et c’est une sorte de cercle vertueux. Le basket devient le sport qui démarque l’Angola même si aucune des grandes stars issues d’Afrique en NBA ne vienne d’Angola! Mutombo, Olajuwon, Embiid, Ibaka voire Nash le canadien né en Afrique du sud!

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    1. J’avais abordé cet episode pour le portrait de Germano, vu le match aussi.. Pas assez mis à contribution sur des balles hautes, l’Inter ne joue plus beaucoup apres la floche ici evoquée……mais à cette reserve pres, Germano est meilleur dans le goal que Costa Pereira!

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      1. Je ne vais pas en rajouter à propos de Costa Pereira, je crois que le portrait est suffisant. J’éprouve pourtant de la compassion pour lui. Qu’est ce qui a pu lui passer par la tête après une telle erreur ? L’envie de fuir qui prend le dessus et une probable pseudo blessure ? Suivie de la honte d’avoir abandonné ses équipiers, à 10 contre 11 dans l’antre de l’Inter ? Puis la recherche d’une échappatoire, probablement avec la complicité du club, et l’idée de la chaise roulante pour tenter de duper le public et la presse. A t il fini par croire à sa blessure ? Il a dû vivre des heures et des jours difficiles.

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      2. C’est sur qu’à la lecture du portrait de Costa Pereira, dur de le voir dans un top 10, pas l’ombre d’un argument pour justifier une place dans ce valeureux classement qui fait référence internationale …. et oui ça arrive même au jury de p2f de se faire avoir en beauté et de s’égarer.

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      1. d’ailleurs entre Combi et Zoff, est ce qu’un gardien italien mérite un strapontin ? il me semble en avoir vu aucun passé, ni le moindre nom proposé ou défendu dans les commentaires.

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      2. Bacigalupo, mort jeune à Superga, et Sentimenti dans les années 40, Buffon et Ghezzi à la fin des 50es, Sarti dans les 60es. Pas forcément des cracks à l’échelle internationale même si Sarti réalise une super finale de C1 en 1967 (juste avant une énorme boulette à Montoue coûtant le titre à l’Inter, cf. article). Le meilleur gardien jusqu’à Zoff est probablement Albertosi. Ils ont à peu près le même âge mais Albertosi s’affirme plus vite. Pour certains, le méconnu Bepi Moro est le plus doué. Il a quelques sélections au début des années 50 mais il est soupçonné d’avoir truqué un grand nombre de rencontres. Sans doute pour ça qu’il est allé de club en club, laissant partout une impression de talent gâché par de grossières erreurs expliquées par sa facilité à se laisser corrompre.

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      3. T’as pas fait un texte sur la rivalité Ghezzi-Buffon ? Au sein de la sélection, de la ville de Milan. Au niveau sentimental…

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  6. Verano ne peut pas voir Costa Pereira mais il omet de dire qu’en 65 il a 36 ans, qu’il est en sérieuse pente descendante et que c’est pour cette raison qu’il ne joue pas le mondial en 66, il est cuit!
    Mais si il a été titulaire pendant plus d’une décennie dans un club tel que le Benfica ce n’est pas pour rien, si n’importe quel coach de Gloria à Guttmann en passant par Schwartz ou Riera l’a mis titulaire c’est qu’il devait être un peu plus que ‘nul à chier ».
    Sa taille et sa tonicité compensait ses prises de balles hasardeuses et son charisme restait important pour le Benfica.
    On n’a surtout vu de lui ses boulettes mais ses successeurs portugais en accumuleront tous autant. Baia souvent considéré comme le meilleur portier de tous les temps a pas mal de « frangos » dans son poulailler! Je pense qu’il paye un peu ce prix d’avoir quelques ratés très emblématiques qui vont le suivre, un peu comme Arconada en France ou Zubizarreta (qui lui en a pas mal).

    Je ne vais pas dire de lui que c’est un grand gardien, il est à sa place dans le top 10 de ce classement même si finalement il décline vite dans la décennie.

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    1. A sa place, franchement : c’est quand même vite dit. Il y a beaucoup plus de profils sympas qu’on ne pourrait croire, perso je regrette par exemple, surtout, de n’avoir contribué à mettre à l’honneur Szymkowiak, c’est un monstre absolu dans son pays, et surtout lui était estimé à l’étranger… ==> Vraiment pas l’impression que Costa Perreira pût un jour en dire autant??

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    2. Ah ah, le voilà le défenseur des causes perdues. Figure toi que je l’ai mis dans mon top 10 sans trop savoir. Une erreur, j’ai écarté Albertosi à tort. S’il n’y avait que la boulette de 1965… il bénéficie de l’absence de rivalité sur la scène portugaise, il est grand et il est là au bon moment, avec une génération exceptionnelle. Et le pire, sachant ses défauts, c’est sa prétention à vouloir jouer comme les grands gardiens modernes de son époque.

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      1. C’est fort probable! Et c’est peu dire qu’ils en commettaient beaucoup à l’aune du football contemporain, les prises de balle font rétrospectivement parfois mal à voir, ceci dit : qui a déjà essayé de jouer, par un froid de canard, mains nues ou avec des gants de laine? Bonne chance!

        A leur décharge : équipements spécifiques rares ou artisanaux.. pas d’entraînements spécifiques.. guère protégés par le corps arbitral..

        C’est pour ça que je suis circonspect quand j’entends parler de gardiens suprêmement/supérieurement bons à compter de / dans les 70’s : la donne n’était plus la même….et l’optique non plus! : le traitement médiatique change, star-systems tous azimuts….dont concernant les gardiens, dont le merchandising était alors en plein développement (ben oui, tant qu’à leur sortir de jolis gants et vu qu’il y a un marché : autant en faire commerce).

        Quand je considère des Yachine, Banks ou Beara (le peu que j’en ai vu m’a du moins épaté), je garde spontanément du mal à voir grand monde d’aussi intrinsèquement fort dans les 70’s – où le beau monde ne manque pourtant pas.

        Moins spectaculaires que les plus spectaculaires des 70’s : ça oui! Mais moins bons??, bof..

        Et d’ailleurs, ce n’est pas comme si les gardiens des 70’s ne commettaient pas d’erreurs non plus, loin s’en faut..

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  7. Tout relu. Et le peu que je puisse apporter de factuel et complémentaire le sera évidemment sur mon (voire..votre) compatriote. En vrac :

    D’origine germanique par la mère (une « Wery », comme le fameux ailier du grand Feyenoord), mais..méditerranéenne de France (!) par le père ; « Nicolay » est un nom de chez vous et la généalogie familiale fut retracée en ce sens, implacable, bref : il vous aurait possiblement fait du bien à l’époque!

    Le père fut déporté en Allemagne pour faits de résistance, et ne survécut à sa libération que deux ans. Livrés à eux-mêmes, les frères durent se débrouiller sur le marché noir. Une enfance particulièrement rude – d’autant que naître dans le lieu-dit de Bressoux, croyez-moi..

    Son modèle footballistique? Yachine! C’est en le découvrant qu’il se décida à devenir gardien…….et qu’il adopta sa tenue noire, mâtinée d’une casquette………….que fit plus tard sienne à son tour, par hommage, son successeur au Standard Christian Piot.

    Foot et histoires de famille, enfin et pour en finir : c’est plus ancien qu’à cette fratrie en fait! L’oncle, son parfait homonyme Jean Nicolay, joua en effet pour un club anglais durant la WW1 : le FC Portsmouth!

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      1. Oh, j’en ai encore!

        Il habitait non loin de là où j’ai grandi, sur la rue de Herve, un axe important de Liège. Et fut maître-nageur dans la piscine du quartier. Avant cela, durant sa carrière : il transportait du charbon, dans des sacs à main nue. C’est peu dire qu’à 40 ans il était déjà brisé de partout..mais c’était une force de la nature, qui reprit par exemple les entraînements au Standard deux semaines à peine après une..double-opération des ménisques, dans les années 60..

        A noter qu’il aura fini par apporter sa contribution au football de ses ancêtres : il fut à Metz le mentor de Bernard Lama, qui progressa dit-on de manière spectaculaire à son contact.

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    1. Je n’ai pas creusé le sujet mais il a fait partie du premier bureau de Herri Batasuna, en 1978, à l’époque où l’organisation légitime le recours à la violence de l’ETA. Il n’y est resté qu’un an, officiellement car cela s’avérait incompatible avec le football. Il ne l’exprime pas clairement sur le sujet mais on devine qu’il ne voulait pas que son image d’homme pondéré soit utilisé comme une sorte de caution.

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  8. Enfin, je connais un nom ! Nicolay évidemment… Joueur d’un standard de Liège chère au coté maternel de ma famille. J’espère que la culture des gardiens y reviendra un jour, elle est partie depuis lors, mais pas très loin, de l’autre coté de la frontière linguistique, à Genk. Cependant ce n’est pas prêt d’arriver, je ne suis pas convaincu par l’actuel gardien, je pense qu’il faut être supporter invétéré pour réussir à trouver quelques qualités à Epolo… Il y eut beaucoup d’espoirs sur Arnaud Bodart, qui eu la malchance d’arriver à un des pires moments de l’histoire du club, climat pas évident et beaucoup (trop ?) d’attentes sur lui. Cependant aussi sympathique et hautement supérieur à Epolo soit-il, il est loin du talent de ses illustres prédecesseurs mais a rendu de fier services au standard. Je l’ai apprécié à Metz, mais j’imagine qu’il à du convaincre à moitié, il n’est déja plus tout jeune. Triste première pour le LOSC il y a peu malheureusement… Les moments d’absences lui sont trop coutumiers pour qu’ils puissent aspirer à une meilleure carrière.

    Parmi tous les stades ou j’ai eu la chance d’aller, Sclessin est un de mes préférés, ça pue le foot comme nul part ailleurs en Belgique. Quand vous êtes assis en bas en tribune latérale, les 27000 places semblent être bien plus. Quand vous êtes tout en haut du stade, Bon Dieu que c’est raide, l’année du retour du titre en 2008, j’ai cru que j’allais tomber d’une rangé, poussé par les fans en liesse lors du but de la victoire face à Mouscron.

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    1. Le volume sonore y est en effet très impressionnant, je n’y vois d’équivalent ni en Belgique ni aux Pays-Bas.. Je crois même qu’il faut déjà aller très loinpour retrouver un truc pareil..et encore le stade n’est-il pas fermé!, y a pas mal de décibels qui se perdent dans la nature – d’ailleurs pas compliqué : j’habite à 8kms à vol d’oiseau, on voit très distinctement le stade au loin…………et j’en ai déjà entendu les clameurs en promenant mon clebs, pas sûr que ce soit si courant.

      Leur titre historique de 2008? Mon boulot ne me permettait pas d’arriver pour le début du match..que chacun savait devoir être historique : ce n’est qu’une fois sacré que cette très belle équipe-là lâcha enfin du lest ; jusqu’alors invaincus et pour tout dire absolument souverains et intouchables ; ça ne faisait pas un pli qu’ils seraient champions ce soir-là! Eh bien je travaillais à l’époque parmi les hauteurs boisées/huppées/universitaires sises au Sud, c’est à pied que je descendis retrouver mes camarades rouches aux abords du stade par le réseau de petites rues ouvrières parallèles à l’espèce de toboggan géant « autoroutier » qu’empruntait jadis Liège-Bastogne-Liège, et qui plonge de manière très spectaculaire droit sur ce stade………et j’ai encore très nettement en tête cette espèce de volcan (j’en ai vu un vrai : je pèse mes mots!) en contrebas, l’atmosphère saturée de blanc et de rouge qui vibrait, wouaw.. Ce club a des travers mais sous cet angle-là il est imbaisable…………………………et le très hargneux Nicolay aura énormément contribué à cela!!! ; pour les anciens c’est lui ou Piot avec des aaaaaaannééééééées-lumière d’avance ; Preud’Homme fut de classe mondiale mais y a pas photo!

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