Amadeo Carrizo : un maestro en avance sur son temps

Dans un article précédent, nous faisions le portrait d’Américo Tesoriere, premier grand gardien argentin et sudaméricain, à l’origine d’une florissante école argentine de gardiens de but pendant plusieurs décennies. À la sortie de l’âge d’or du football argentin des années 1940, ce fut Amadeo Carrizo qui s’imposa comme la nouvelle référence au poste, ses caractéristiques de jeu marquant un nouveau tournant, considéré comme le premier gardien moderne en Argentine. Bien que moins connu en Europe, il jouit d’une véritable aura en Amérique du Sud. Figure de River Plate sur trois décennies, ce gardien atypique et charismatique est devenu une idole dans le club milllonario. Sa longue carrière est pourtant faite de haut et de bas, jalonnée d’arrêts spectaculaires, de folies et de déboires.

Des débuts prestigieux

Amadeo voit le jour à Rufino, dans la province de Santa Fé en 1926. D’une famille modeste, avec un père qui travaille à la compagnie des chemins de fer Ferrocarril Pacífico, il aurait pu continuer à suivre la voie du paternel à ses 18 ans, mais il choisit le football. Tout jeune, ce fan du Club Atlético Independiente aime déjà jouer au poste de gardien de but. Grâce à des collègues de son père, dont un ancien joueur amateur de River Plate, il peut passer des tests dans la Capitale. C’est le mythique Carlos Peucelle, recruteur pour le club de River Plate et qui arpente les terrains pour dénicher les talents, qui le repéra, puis l’informa de dire à son père qu’il allait rester à Buenos Aires, alors tout juste âgé de 16 ans. Il débute en équipe première à 19 ans en 1945, au sein de la glorieuse Máquina1. Cependant, après ses débuts, il ne joue presque pas durant deux saisons. Dans les buts de River, c’est le fantasque et solide José Eusebio Soriano qui enchante les hinchas. Le Péruvien – malgré un court passage, a laissé une belle empreinte dans l’histoire du football argentin et de River Plate – est un gardien renommé de la décennie. Important de le souligner, Amadeo a aussi appris de son collègue péruvien, plusieurs éléments techniques dont on lui attribue la paternité ou la popularisation, Amadeo l’a vu et développé (à l’exemple de sortir de sa surface régulièrement, ou le fait de se mettre en mouvement et position de façon à réduire les angles et espaces face au joueur adverse).

Plus tard, Soriano est embarqué dans le projet fou du Club Atlético Atlanta en 19472 laissant la place vacante. Carrizo ne récupère le poste de titulaire véritablement qu’au cours de la saison 1948, avec déjà deux premiers titres de champion d’Argentine en tant que suppléant, en 1945 et 19473. La mythique équipe rioplatense prend fin à cette période, actée par l’exode de ses stars et la grève des joueurs professionnels argentins qui commence en 1948, scellant la fin de la période dorée du football argentin. Amadeo Carrizo devient le nouveau visage de ce River post-máquina. Le club domine la décennie des années 1950, en remportant cinq championnats avec un doublé et un triplé entre 1952 et 1957, seul Boca Juniors s’empare du titre de 1954 entre les deux. Dans les buts, Carrizo s’impose comme une référence au poste, démontrant toutes ses « innovations » et ses nombreuses facéties sur le terrain.

Carrizo au plongeon pour s’emparer de la balle

Le gardien moderne et précurseur

Populaire dans les tribunes, il est vu comme « révolutionnaire » à son poste, car l’ère moderne des gardiens commence avec lui pour les observateurs. Il apporte de nouvelles techniques, des façons de faire et d’être gardien. L’expression de « dernier défenseur, premier attaquant » lui sied à merveille. Carrizo se veut un acteur important de son équipe. Grâce à son jeu de pied de grande qualité et sa précision, il en fait une arme importante pour son équipe. Ses longues remises en jeu, ses dégagements au pied rasant à mi-hauteur, ses relances rapides, etc., font des merveilles. Son jeu au pied permet de lancer rapidement les contre-attaques, en projetant directement la balle dans le camp adverse, ce qui désoriente et déséquilibre les équipes rivales, cassent les lignes et avec nombre de buts à la clé. Doté de bonnes aptitudes athlétiques, d’une excellente détente, très habile dans les sorties aériennes et bien aidé par sa taille (1,88 m), Carrizo fait aussi du jeu aérien une de ses forces.

Carrizo règne dans les airs

Il anticipe dans les airs, n’hésite pas à sortir et couper les centres, avec un style inimitable à l’époque pour repousser la balle : boxer le ballon à une main ou s’en emparer sur les centres, toujours à une main. Les supporteurs sont ravis de ses arrêts spectaculaires, notamment, sa spéciale à main opposée qui le voit se déployer dans toute sa longueur. Il se remarque aussi par sa façon de se jeter dans les pieds adverses, de se mettre en mouvement rapidement et usant de tout son corps pour réduire au maximum les angles de tirs pour son adversaire.… Toute une palette de techniques et de malices apprises sur les terrains de quartier. Enfin, un des apports qu’on lui attribue également, c’est celui d’avoir popularisé l’idée de jouer avec des gants. De retour d’une tournée en Italie avec la sélection, Amadeo importe le concept en voyant les gardiens italiens les utiliser. Il en achète une demi-douzaine et popularise la mode dans toute l’Amérique du Sud.

Carrizo est un gardien qui sort autant de sa surface que des conventions de jeu de l’époque, avec sa façon propre de déstabiliser l’adversaire par ses locuras4 qui provoquent les joueurs adverses. D’autant que sur le terrain le gardien crie, harangue ses coéquipiers, fait passer des consignes, n’hésite pas à se plaindre à l’arbitre, ou chambre directement ses adversaires verbalement. Si à cette période, les gardiens sortent de plus en plus de leur surface, Carrizo le fait plus souvent et pousse le vice jusqu’à aller dribbler les adversaires. C’est sa marque de fabrique et ce qui attire les foudres sur lui. Comme lors de la saison 1954, face à l’éternel rival, il se risque à dribbler José Borrello l’avant-centre vedette des Xeneizes. Cette saison-là Boca Juniors finit champion, privant River d’un triplé. Mais avec l’orgueil pour Amadeo Carizzo que Boca ne lui a marqué aucun but lors de la double confrontation de la saison, les battant deux fois (0-1 à l’aller et une éclatante victoire 3-0 en phase retour), avec cette « coquetterie » du gardien lors du second match. Les joueurs adversaires ne se privent pas de se venger aux matchs suivants, quand ils lui mettent un but pour lui rendent la pareille. Comme ceux de Boca qui lui en passent quatre au match suivant lors de la saison 1955 (défaite 4-0 de River), célébrant chaque gol mis à Carrizo de manière ostentatoire. Sortir de sa surface de réparation pour se payer les attaquants en allant les dribbler, est à la fois une prise de risque et une pure folie pour l’époque. Carrizo y ajoute des mots, des gestes, des provocations… qui, c’est le jeu, lui retombent dessus à un moment ou l’autre. À chaque match à la Bombonera, l’atmosphère est bouillante, le public hostile envers Carrizo et les sifflets l’attendent pour lui rappeler que son style n’est pas du goût des supporteurs adverses qui y voient de la provocation et de l’humiliation, d’autant que Carrizo prend pour habitude de faire son show lors de superclásicos électriques. Il est au cœur de la rivalité et l’hostilité du public de Boca était grande à son encontre, à un point qu’il ne foulera plus jamais la pelouse de la Bombonera après le match tumultueux de 19655.

Carrizo dans ses oeuvres

A la fois légendaire et coupable

Au sein du club de River Plate, il est néanmoins adulé et il y reste 24 années jusqu’en 1968, battant des records d’apparitions sous le maillot (552 matchs). Au total, il remporte sept titres de champion, inamovible dans les cages du River des années 50 qui écrase la concurrence nationale. Malgré diverses offres au cours de sa carrière, l’emblématique président Antonio Liberti ne veut pas le céder. Des opportunités au Brésil, au Mexique mais aussi en Europe, en Espagne à Las Palmas jusqu’au Real Madrid selon l’intéressé qui s’était renseigné sur lui après que River ait gagné 3 à 2 face au géant européen lors d’une tournée européenne en juin 1961, deux buts de son ancien coéquipier Alfredo Di Stefano et une belle performance du portier argentin. Cependant, après les succès des années 1950, la décennie suivante est vierge de tout titre.

Carrizo en pleine action

En 1966, c’est la première finale du club en Copa Libertadores. River Plate, qualifié en tant que vice-champion, fait face aux Uruguayens de Peñarol, qui est la référence du moment sur le continent, avec l’emblématique Ladislao Mazurkiewicz pour garder les cages adverses. River s’incline au troisième match, après avoir perdu l’aller à Montevideo (2-0), et remporté la seconde manche 3-2. Dans ce match d’appui – d’un scénario extraordinaire et passé à la légende – disputé à Santiago de Chile sur terrain neutre, River mène rapidement la rencontre et domine aisément son adversaire deux à zéro à la mi-temps, avant de se faire remonter et perdant finalement 4-2 après prolongations. À la fin du match, le président Liberti critique ouvertement Carrizo, lui fait porter la responsabilité de la défaite au même titre que l’entraîneur Renato Cesarini pour la suffisance qu’a démontré l’équipe en seconde mi-temps. Liberti accuse directement son emblématique gardien surtout pour un fait de jeu qui va passer pour « mythique » (à la suite de ce match, le terme gallina va être utilisé pour qualifier les joueurs de River Plate après qu’une poule ait été lâchée sur le terrain par les supporteurs de Banfield le match d’après pour se moquer de leur prestation en terre chilienne). La raison ? Une nouvelle fantaisie jugée provocante d’Amadeo. A 40 balais, le gardien se permet d’arrêter un tir (en l’occurrence une tête de Joya) avec sa poitrine, un geste réprouvé par les joueurs et le public, un pechito qui aurait énervé et réveillé les joueurs de Peñarol, et qui seraient devenus intenables après. Le tournant du match… La prolongation tourne au cauchemar pour River, qui finit abattu. La réalité est pourtant différente… River avait mille occasions de gagner et de tuer le match avant, ce geste fantaisiste ne servait que de prétexte à expliquer la défaite de l’équipe dans ce match passé à la légende. De plus, Carrizo avait été irréprochable dans le parcours et la finale avec des arrêts décisifs, même dans ce match dont on l’a jugé coupable.

Carrizo sonné après la défaite de 1966

Ce récit mythologique est amplifié par la presse s’empressant de relayer les propos de Liberti en colère contre ce geste qu’il voyait comme superflu et inutile, un manque de respect aux rivaux, alors que lui-même avait, de par ses déclarations, fait monter d’avant-match. Le président de River ajoutant même des questionnements sur son gardien, demandant « si un jour son gardien a fait gagner un titre à River en 20 ans. » Les provocations et fantaisies de Carrizo ne passent plus, l’idole intouchable ne l’est plus. Carrizo est sur la fin, malgré un record d’invincibilité (769 minutes) lors de sa dernière saison en 1968, son histoire d’amour avec River se termine et presque une décennie sans titre pour le club réveille les rancœurs. Son style de jeu agace maintenant plus qu’il enchante comme par le passé. Ses détracteurs soulignent ses excentricités plutôt que son efficacité. Les critiques selon lesquelles Carizzo passe à côté dans les grands matchs refont surface, comme lorsqu’il est défaillant à deux reprises contre Boca dans les années 60 lors de moments cruciaux dans la course au titre. Mais c’est le cauchemar de 1958 qui fait le plus écho à cet épisode.

Avec l’Albiceleste, le désastre de Suède

Carrizo sous le maillot argentin en « une ». La presse qui ne l’a souvent pas épargné quand elle en avait l’occasion, notamment lors du désastre de Suède 1958.

Lors du Mondial 1958 en Suède, Amadeo Carrizo est le titulaire dans les buts. Pourtant, sa relation avec l’Albiceleste n’est pas la meilleure malgré la reconnaissance de son talent et la domination de River Plate sur la scène nationale. Il obtient ses premières capes en 1954, mais ne parvient pas à s’imposer comme le titulaire. C’est le gardien de Boca, Julio Musimessi qui tient les bois pour les Copa América 1955 (victoire argentine) et 1956. Et lors du succès des Carasucias6 en 1957, c’est Rogelio Domínguez qui est le gardien de but. Carrizo refait son apparition dans les buts de l’Argentine peu avant le Mondial, profitant du départ de Domínguez pour le Real Madrid qui le rend inéligible. Titulaire pour la Coupe du monde 1958, la compétition est un échec retentissant pour l’Argentine, qui se transforme en un traumatisme national. Après avoir décliné la compétition pendant plusieurs éditions : elle envoie une équipe amateur en 1934, boycotte en 1938, au point mort en 1950 après l’exode de ses joueurs, et l’autarcie péroniste la prive de la dernière édition. La sélection effectue donc son grand retour sur la scène mondiale pour se frotter aux meilleures équipes, autrement que par des matchs amicaux. Vainqueur en titre de la Copa América, l’Argentine avance avec des ambitions et des certitudes dans son jeu. Mais l’équipe entraînée depuis de trop longues années par Guillermo Stabíle est éliminée dès le premier tour, avec une très lourde défaite 6-1 face à la Tchécoslovaquie. Une déroute historique qui marque un certain déclin du football argentin. Un fiasco total, l’Argentine qui ne s’est pas jaugée à ses rivaux depuis trop longtemps est dépassée. La fin d’une domination désormais lointaine, le Brésil passe irrémédiablement devant, et c’était déjà visible et perceptible depuis plusieurs années. Le football argentin doit se réinventer. Pour en revenir à Carrizo, il est la cible de vives critiques pour ses prestations insuffisantes et ponctuées d’erreurs. L’idole applaudie sur les terrains de foot, est sifflée à son retour et pris à partie par la presse. Ce match le poursuit toute sa carrière, une blessure pour le gardien qui n’aime pas en reparler. Amer que lui seul ait été tenu responsable, il confesse des années plus tard « qu’on se souvient plus des buts que l’on m’a mis que les frappes j’ai arrêtées. »

En sélection, il est mis sur le côté pour un temps. En 1962, Toto Lorenzo souhaite qu’Amadeo vienne au Mondial, mais celui-ci encore affecté par le fiasco et ses conséquences, décline l’invitation. C’est Antonio Roma, le gardien de Boca Juniors qui est le nouvel homme fort des buts, et c’est son remplaçant de River Plate qui l’accompagne, un certain Rogelio Domínguez tout juste revenu en Argentine après son passage au Real Madrid. Il conserve toutefois la confiance des sélectionneurs et devient plus tard le héros de la Taça das Nações, un tournoi de prestige organisé au Brésil par la CBF en 1964. Dans cette Coupe des Nations, l’Argentine décroche le titre en terminant en tête d’un groupe de quatre après avoir battu le Portugal d’Eusebio (2-0), le Brésil champion du monde en titre de Pelé (3-0) et l’Angleterre future championne du monde (1-0). Le gardien argentin garde sa cage inviolée et réalise un match d’anthologie contre les champions du monde en titre, arrêtant notamment un penalty de Gérson.

Le fondateur d’un style sudaméricain

Les deux monuments qui posent ensemble

Il quitte River en 1968 à 42 ans. Un court passage à l’Alianza Lima pour trois matchs amicaux de gala payés en dollars, parmi lesquels une rencontre face au Dynamo Moscou du grand Lev Yachine en février 1969 (score final 2-2). Les deux hommes se saluent avec respect, ne cachant pas leur admiration l’un pour l’autre, chacun ayant donné, sur leurs continents respectifs, des lettres de noblesse au poste de gardien de but. Il finit sa carrière en Colombie aux Millonarios par l’entremise de son ex-coéquipier Adolfo Pedernera qui a illuminé le club de Bogota lors de l’époque d’El Dorado7. Là-bas, on le surnomme « Tarzan », il gratifie le football colombien de quelques derniers exploits et folies dont il a le secret. Il raccroche les gants en 1970, décennie qui voit l’émergence du nouveau gardien de référence : Ubaldo Fillol.

Pour beaucoup, Carrizo a imposé un nouveau style, propre à l’Amérique du Sud, comme le mentionne Eduardo Galeano dans son ouvrage El fútbol a sol y sombra. Après lui, les Gatti, Higuita ou Chilavert sont mis dans la même lignée que Carrizo. Ces locos qui refusent que le gardien soit cantonné à sa ligne et ne soit qu’une muraille, qui voient leur rôle comme celui d’un joueur à part entière, là pour faire le spectacle et participer au jeu de l’équipe. S’exprimant dans un reportage télé sur ses idées et sa manière de voir son rôle, Carrizo dira :« Je voulais que le gardien de but soit plus observé, qu’on voit qu’il est important, car c’est avec lui que commence la sécurité de l’équipe. Celui qui sait qu’il a un bon gardien joue de manière fiable. Avant moi, on disait toujours que le plus bête ou le plus gros était envoyé dans les buts. »

Carrizo qui surfa sur les vestiges du football argentin dominant des années 40, est resté une idole à River Plate, et a laissé une grande influence dans le football sudaméricain à tel point que l’IFFHS l’a élu meilleur gardien continental du XXe siècle et qu’en Argentine, à titre honorifique, le Sénat a fait de son jour de naissance, le 12 juin, día del Arquero8. Amadeo Carrizo s’en est allé à 93 ans en 2020.

Amadeo honoré par River Plate

1 La Máquina (« la Machine » en français) est le surnom donné à l’équipe de River Plate qui domine les années 1940 (entre 1941 et 1947 précisément) avec plusieurs titres remportés, et encensé pour son jeu pratiqué, qu’on qualifierait de « football total » de nos jours.

2 Le CA Atlanta monte une équipe à coup de pesos et de vedettes (dont Adolfo Pedernera), mais le projet se fracasse avec une descente dès la première saison.

3 José Soriano pour le premier et Hector Grisetti – qui avait la réputation d’un casse-cou et de sorties suicidaires – pour le second furent les titulaires lors de ces deux championnats.

4 folies

5 Dans les années 1960, les duels Boca-River prennent de l’ampleur et la rivalité monte d’un cran, car plusieurs titres se sont joués entre les deux clubs dans les dernières journées. En décembre 1965, alors qu’il reste deux journées, River en meilleure posture au classement, mène 1-0 contre son ennemi. Sur une sortie aérienne, Carrizo est percuté par Alfredo « Tanque » Rojas. Carrizo a du mal à s’en remettre, visiblement encore sonné, et sur le premier tir après ce choc il encaisse l’égalisation. Boca finit par remporter le match 2-1 et se dirige vers le titre. La presse ne manquant pas, une fois de plus, de critiquer Carrizo. Mais ce n’est pas tout. L’ambiance est encore chaude au coup de sifflet final, puisque suite à une énième provocation entre Ángel Clemente Rojas et Carrizo (l’année d’avant le jeune Rojas lui avait piqué sa casquette avant le match), une bagarre éclate dans le tunnel, Carrizo est accusé d’avoir frappé son ancien coéquipier Norberto Menéndez.

6 Surnom donné à l’équipe d’Argentine victorieuse de la Copa América 1957

7 El Dorado est le nom donné à la courte et faste période du championnat colombien qui voit affluer dans ses équipes de nombreux joueurs argentins, dont plusieurs grands noms du football suite à la grève des joueurs professionnels commencée en 1948.

8 Journée nationale des gardiens de buts

33 réflexions sur « Amadeo Carrizo : un maestro en avance sur son temps »

      1. Tu partages le point de vue de Verano sur le sujet. Cette Argentine 1957 reste malgré tout ma préférée. Elle aurait peut-être pas pris cette volée face aux Tchécoslovaques au complet! Hehe

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    1. J’ai lu également un texte ce matin qui parlait de Joya mais je suis persuadé d’avoir déjà vu un doc où Peñarol, mené à la mi-temps, essaie de bousculer un peu Spencer, qui était connu pour son flegme, en lui rappelant l’arrêt de Carrizo. Et ça marche puisqu’il met une tête dantesque en seconde période.

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      1. L’arrêt de Carrizo survient bien en seconde mi-temps, mais c’est sûr qu’à force de récits, ça devient déformé selon ce qu’on veut en dire.

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  1. Un Bostero qui rend hommage à un Millonario, les temps changent 😉
    Tu évoques la Taça das Nações 1964 qui est une fierté aujourd’hui encore en Argentine, un titre qui égaye les années 1960, le seul trophée notable entre la Copa 1959 et le Mundial 1978. Je me demande s’il n’a pas fait plus de mal que de bien en encourageant l’Albi à privilégier un jeu de contre et des durs de chez durs dans les phases défensives (il y avait de mémoire Simeone, Messiano à qui Pelé avait cassé le nez, Rattín bien sûr…). Et en choisissant à nouveau Lorenzo en 1966, le jeu ne pouvait pas être flamboyant, on connaît la résultat. Puis c’est l’époque où Zubeldía et Estudiantes gagnent tout en poussant à l’extrême ce jeu étouffant, ce qui n’a pas incité à changer de cap, menant au fiasco de 1970. Bref, peut être une victoire en trompe l’œil cette Taça.

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    1. Sur la portée de ce trophée prestigieux, il y avait tous les ingrédients pour parader: une victoire 3-0 sur le sol brésilien, Seleçao championne du monde en titre, Pelé malmené qui disjoncte*, …

      Sur la portée tactique, peut-être que ce tournoi conforta ce style de jeu, qui est en train d’être à l’oeuvre à ce moment-là avec l’avènement des Zubeldia, Lorenzo, etc. Même si je pense que ce style s’est forgé, avant tout, à partir des clubs, d’un changement de la fonction et posture des entraîneurs argentins, et développé sur les terrains de la Libertadores … ce qui indéniablement se refléta dans le jeu de l’albi.

      * Marquage individuel, jeu dur, O Rei étouffé… Tu l’évoque il pète le nez à Messiano qui le suivait comme une sangsue depuis une bonne 20aine de mn… Idem quelques années auparavant, en 1959, l’Argentine gagne la Copa América « en finale » contre le Brésil. Pelé fut là aussi contenu, cadenassé, il s’en plaigna (le jeu argentin et l’attitude du public argentin hostile, le laissez faire de l’arbitre, etc. A noter que la partie précédente, Brésil-Uruguay avait été houleuse aussi avec une bagarre générale), Pelé ne foutra plus jamais un pied en Copa, pour lui la Copa était tournoi indigne de son standard ! Et ce fut l’unique match de Pelé en Argentine avec le maillot auriverde (Copa América qui marque le début d’un énième contentieux entre CBF et AFA, CBF et Conmebol sur l’organisation des Copa, le Brésil n’envoya plus ses stars en Copa América, déclassant le tournoi pour de nombreuses années).

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  2. Que de grands gardiens argentins, hein ?!

    Encore un, qui peut entrer dans la catégorie « Bernabéu le voulait » après un match Espagne-Argentine à Madrid… (à chercher dans le début des années 50, vers les années 52-53-54)

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    1. Oui, tu as de quoi poursuivre ta série 😉
      Sur la photo d’en tête, c’est Abbadie qui trompe Carrizo. Julio Abbadie, une des idoles de Galeano, un ailier ayant fait la joie du Genoa et qui lors de cette finale de Libertadores approche 36 ans. Très très grand joueur !

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      1. C’est Khia qui a choisi la photo de garde, l’initiale passait pas ! Mais bon choix.
        Galeano qui était pour le rival decano …

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  3. Super, ajde, merci!

    Ton texte m’a fait me sentir super-intelligent (ce doit être un bon business d’ailleurs, ça.. : tu pourrais y penser), je m’explique : en deux occasions (évolution du jeu du gardien d’abord ; reconnaissance prêtée à ce poste ensuite), le flux de tes mots m’a suggéré des idées, des pensées..qu’en définitive tu ne tardais toi-même à coucher à l’écran, bref : tu cautionnais ce que tout cela m’inspirait, ça fait toujours plaisir.

    Le truc par contre c’est qu’en définitive je n’ai plus grand-chose à questionner ou ajouter.. Deux trucs tout de même! Sortir de sa zone, dans le chef d’un gardien, pour réduire l’espace vital prodigué à l’attaquant……. Voilà qui est logique, à quoi il fallait penser..et qui me fait évidemment penser à l’une ou l’autre calembredaines tissées pour alimenter le roman du football-total NL..

    ..et, deuxième truc : ledit football-total!

    En annotations, tu écris ceci : « La Máquina (« la Machine » en français) est le surnom donné à l’équipe de River Plate qui domine les années 1940 (entre 1941 et 1947 précisément) avec plusieurs titres remportés, et encensé pour son jeu pratiqué, qu’on qualifierait de « football total » de nos jours. »

    Je crois comprendre où tu veux en venir, pourquoi tu écris cela : le mouvement perpétuel, les permutations et dézonages permanents.. Certain « dépassement de fonction », comme on aime à dire aujourd’hui (et qui ne paraît guère extraordinaire que parce que l’on fait bien peu pour encourager lesdits « dépassements de fonction »)……mais pour moi, ce qu’on appela « football-total » à compter du début des 70’s recouvre plus que cela : pressing d’abord!..et puis aussi une mobilisation du moindre rouage off-ground qui pût servir le dessein poursuivi, comme la médecine à fins de transhumanisme (et quand je dis « médecine », je pense aussià la psychologie, mobilisée à Ajax à fins de gestion voire de reconditionnement des psychés), bref.

    J’ai vu très peu d’images de la « maquina », et de toute façon impossible de se faire vraiment une idée depuis ce que j’en ai vu. Quant à l’arrière-boutique, toutes les petites mains savantes (et déviantes) que l’on put voir à Ajax………. : Y avait-il aussi toute cette ingénérie dans le River des années 40???

    Je suis toujours très critique quand il est question de foot-total, j’aime à dire que l’accélération du jeu a causé son appauvrissement, et puis il y a toute la réécriture historique qui en fut faite, à pleurer ou à vomir….mais il y a un truc où l’appellation « foot-total » dit vrai, concept d’ailleurs popularisé par Michels : c’est dans l’analogie faite avec la guerre moderne (celle qui voit un Etat mobiliser la moindre de ses usines, le moindre de ses adultes, la moindre de ses ressources……à fins de victoire finale ; quand un système entier se voit de fond en comble transformé pour la guerre! – « le football, c’est comme la guerre », comme qui disait l’autre con)……

    ==> Y avait-il cette dimension à River? Ce caractère industriel? C’est vraiment la question du candide!

    NB : un petit jeu? Essayez de deviner qui a pondu l’expression « football-total »………..

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    1. Bon.. Concernant ma devinette, je crois qu’il faut vraiment être néerlandais (et encore….) pour penser à ce mec-là……….

      Si ça peut aider, je l’ai très certainement épinglé / « taggué » sur un des articles consacrés à van Beveren.

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    2. Si je peux t’aider à te conforter dans tes raisonnements et de te rendre intelligent, c’est très bien hehe.

      Football-total.. tu me prends un peu à revers là …
      on m’a suggéré, à raison, en corrigeant mon texte, d’expliquer quelques termes… sur « la máquina » je me suis pas foulé et j’ai mis « football total » en me disant tous le monde va comprendre, en usant de ce terme un peu largement comme beaucoup font. C’est sûr que c’est pas l’expression la mieux appropriée, « le mouvement perpétuel, les permutations et dézonages permanents..  » oui, faut le comprendre ainsi.
      Pour détailler un peu donc, sur le terrain les joueurs permutaient et changer de position, avec cette impression générale d’une harmonie et d’une synchronisation dignes d’une précision d’orfèvre (des schémas de jeu qui se répétaient, mais parfaitement exécutés et qui surprenaient toujours l’adversaire qui ne savait pas quand ça allait arriver). Certains commentateurs de l’époque insistent sur le côté « mathématique », « mécanique » du jeu, mais ça ne fait pas consensus ; d’autres mettent en avant le côté plaisir que les joueurs avaient sur le terrain à jouer de cette manière (Galeano toujours lui, dans son célèbre livre, je viens de regarder dedans à l’instant, parle « d’éloge douteux » à propos de ce terme). En tous cas, leur force offensive impressionnait. Mais ça n’avait rien de vertical : le ballon circulait, le jeu de passes était parfaitement élaboré et exécuté (même un peu trop pour certains commentateurs de l’époque qui s’agaçaient que River fasse trop de passes avant de marquer un but, alors que dans la phase de jeu il avait la possibilité de le faire plus rapidement, ce qui donnait encore plus de stress à la défense, d’ailleurs un autre surnom apparu à peu près au même moment est caballeros de la angustia = les gentlemen de l’angoisse ). Une équipe de “todotiempo » comme disait Carlos Peucelle. « tout le monde attaquait, tout le monde défendait ». Mais cette manière de jouer de River, n’est pas arrivé là par magie. Ça vient de ses joueurs, dont la plupart viennent des catégories inférieures, des anciens grands fraîchement retraités : Carlos Peucelle et Renato Cesarini considérés un peu comme les cerveaux, des influences ici et là : Cesarini a joué en Italie dans les années 1930 (Juventus avec ses camarades Monti et Orsi), et il est certain qu’il a apporté des éléments tactiques, notamment du football danubien, tout comme le hongrois Imre Hirschl qui est passé par River juste avant (fin des années 30).. Même si plusieurs témoignages insistent sur un moment-clé, le replacement de Pedernera, de wing gauche à avant-centre qui marque le tournant dans le jeu de l’équipe. Bref, c’est un processus de quelques années qui a abouti à une manière de jouer différemment par rapport à l’époque, avec une volonté du club de le mettre en place, et ça a collé à l’identité du CARP. Donc pour en revenir à « football total », non à mon sens il y avait pas cette dimension « totale » appliquée en dehors du terrain et au sein du club.

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      1. Réponse limpide, merci ajde.

        J’en profite, la réponse à ma (très difficile) devinette : c’est Maarten de Vos qui lança et popularisa l’expression de « football total », en se faisant fort de l’accoler exclusivement à Ajax (point de Feyenoord happelien, donc)..et en se gardant bien évidemment d’en évoquer la dimension « totale » en coulisses..

        De Vos, pour rappel : journaliste-star et co-fondateur, avec le beau-père de Cruyff, de la société de management/marketing sportif Inter Football ; on n’est jamais si bien servis que par soi-même.

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  4. il me semblait bien que notre ami ajde59 était un bostero et pas un hincha du quartier de Nunez! j’allais dire que je quittais ce lieu et sa lecture devant une telle trahison mais c’est bien écris et c’est un bien bel hommage!!
    merci pour cet article… et quelle magnifique photo avec l’araignée noire! c’est « drôle » de remarquer que le grand voisin à mis du temps à sortir de grands gardiens alors que c’est presque une tradition en Argentine (un peu moins vrai depuis un certain temps)
    merci encore mais, chers contributeurs, je souhaiterais des articles sur boca sur Huracan ou les équipes de Rosario ha ha je plaisante j’ai rien à demander encore un joli taf

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  5. Un truc que j’ai pas mentionné, c’est pas essentiel, mais pour l’anecdote l’artilleur des années 30, Bernabé Ferreyra est lui aussi de Rufino, la ville de Carrizo donc. Et c’est suite à son transfert en provenance de Tigre, le plus cher à l’époque, qui vaudra le surnom millonario à River.

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